Yo les amis, ça fait maintenant plus de 10 ans que j'enseigne la philo et je viens de mettre au point une méthode ultra efficace, testée et approuvée pour réviser le bac en moins de 3 minutes par notion. Au bac général, il y a 17 notions, ça fait 51 minutes et au bac techno, ça fera seulement 21 minutes pour 7 notions. Alors comment j'ai fait pour vous dire l'essentiel en 3 minutes alors que dans mes cours, je passe plus de 5 ou 6 heures par notion ?
Eh bien c'est très simple, voici la recette. Primo, je me focalise sur des références faciles à comprendre et facilement exploitables dans une dissertation. Parce que dans un cours de philo classique, Ah, il y a plein de choses intéressantes, mais pas toujours faciles à exploiter dans une disserte.
Dosio. Dans un cours de philo classique, on essaye de multiplier le nombre d'auteurs, et on a raison de le faire, pour ne pas lasser les élèves avec toujours les mêmes auteurs et leur donner à voir un maximum de paysages. Sauf que ça a deux inconvénients.
Les élèves ne maîtrisent aucun auteur parfaitement, et c'est extrêmement long à apprendre pendant les révisions. Donc du point de vue de l'efficacité, pour le bac, c'est pas terrible. Le correcteur se fiche pas mal que vous connaissiez 50 auteurs.
vu que vous n'allez pas pouvoir tous les citer dans votre disserte. Lui, il verra juste que vous en avez cité 3 ou 4 de manière très superficielle. Par contre, si vous maîtrisez 4 ou 5 auteurs majeurs, vous pouvez vous balader sur toutes les notions et le correcteur aura vraiment le sentiment que vous avez une connaissance approfondie de ces philosophes.
Et cerise sur le gâteau, vous gagnez un temps infini dans vos révisions. Alors voilà comment j'ai procédé. Je vous présente chaque notion en 3 minutes avec des définitions à retenir, une problématique et 2 ou 3 auteurs max par notion.
Vous allez voir que les mêmes auteurs vont revenir plusieurs fois sur des sujets différents, ce qui va vous permettre de vous imprégner de leur système de pensée et d'avoir une véritable maîtrise à votre niveau de ces auteurs. Deux ou trois auteurs par notion, c'est largement suffisant, parce que 90% des sujets mobilisent au moins deux ou trois notions, donc vous aurez à chaque fois entre quatre et six auteurs à citer, ce qui est beaucoup plus que 99% des copies que je corrige en terminale. Dernière chose, il faut absolument réviser les notions dans l'ordre que je vais vous indiquer de 1 à 17. puisque vous allez rencontrer Sartre dans la fiche 1, mais ensuite dans la 3, la 4 et ainsi de suite.
Donc au fur et à mesure des fiches, vous allez renforcer vos connaissances sur cet auteur, mieux le comprendre et du coup mieux le restituer à l'écrit. En prime, si vous vous abonnez et que vous likez et partagez mes vidéos, je répondrai à toutes vos questions pendant la révision, si jamais il y a un point que vous n'avez pas compris dans mes fiches. Le mot conscience peut avoir plusieurs sens. Le premier, c'est la conscience spontanée.
C'est le fait d'être présent, d'être en éveil. On dit de quelqu'un qui évanouit qu'il est... inconscient. En ce sens on peut dire que l'animal est conscient. Le chat a conscience qu'il a une souris en face de lui et c'est pour ça qu'il va essayer de l'attraper.
Mais il y a un deuxième sens auquel l'animal n'a pas accès. C'est ce qu'on appelle la conscience réflexive ou réfléchie. La personne a conscience d'elle-même, elle a conscience d'être consciente.
C'est ce niveau de conscience qui me permet de m'introspecter. Il faut entendre ici la réflexivité comme le fait de se voir soi-même comme dans un miroir qui réfléchit mon image. Pour me voir moi-même il faut que j'arrive à créer une certaine distance avec moi-même.
L'enfant en bas âge ou l'animal n'a pas cette distance avec lui-même, il obéit à ses pulsions de manière immédiate sans s'introspecter. C'est cette distance qui rend possible la liberté pour Sartre. Si j'obéis à tous mes instincts sans jamais m'introspecter, alors je ne suis pas vraiment libre, je suis un animal.
Dans la plupart des sujets, c'est ce niveau de conscience qui va être fondamental. Et en général, vous allez faire le lien entre conscience et liberté. Le troisième sens, c'est la conscience morale. Ce qui nous permet de juger le bien et le mal.
On comprend bien que chaque niveau suppose le précédent. Pour avoir une conscience réfléchie, il faut être en éveil. Et pour avoir une conscience morale, il faut disposer d'une conscience réflexive. La plupart des sujets qui parlent de la conscience vont vous interroger sur la valeur qu'il faut lui donner. Non seulement la valeur de vérité, la conscience permet-elle d'accéder à une véritable connaissance de soi, mais aussi à la valeur morale et existentielle.
La conscience nous permet-elle d'accéder au bonheur, à la morale ou à la liberté ? Des cartes pensées par exemple, que la conscience que j'ai de moi-même est la seule chose que je ne peux pas remettre en question. Peut-être que le monde entier autour de moi est une illusion, ou peut-être que je suis enfermé dans la matrice et que je suis en train de rêver. En revanche, la seule chose qui ne peut pas être une illusion, c'est précisément que je suis en train de ressentir cette illusion.
Ça, personne ne peut me l'enlever. C'est le fameux je pense, donc je suis La seule chose qui ne peut pas être une illusion, c'est que des idées traversent mon esprit à l'instant où je vous parle. Donc la conscience est la seule source de certitude absolue selon Descartes.
Par contre Freud va s'opposer à la fois à Descartes et à Sartre. Selon lui, le moi n'est pas maître dans la maison. Le moi ici c'est la conscience.
Pour Freud, la conscience elle-même n'est que la partie émergée de notre esprit. Ce n'est pas elle qui contrôle le game, car nous avons un inconscient qui possède ses propres désirs et qui parasite notre conscience en permanence. Donc la conscience n'est pas synonyme de liberté comme le croyait Sartre.
Et la conscience... n'est pas synonyme de certitude comme le croyait Descartes. Le premier sens du mot inconscient, c'est tout simplement ce qui se trouve dans votre corps ou dans votre esprit sans que vous en soyez conscient. Quand vous mangez, votre estomac digère sans que vous en ayez conscience.
Pareil pour les fonctions respiratoires, même quand vous dormez, vous continuez de respirer et de digérer. Le deuxième sens du mot inconscient est celui de Freud. Selon Freud, le mot n'est pas maître dans sa maison. Ça veut dire que notre conscience ne maîtrise pas tout ce qui se passe dans notre esprit. Car nous avons des désirs qui sont refoulés dans notre inconscient, et qui parfois ressurgissent.
Par exemple, dans nos rêves, ou dans des lapsus. Les heures supplémentaires qui sera normalement débattues d'ailleurs cet après-midi par les députés. Ou encore dans des symptômes. Selon Freud, il existe trois instances psychiques. Le ça correspondant à l'inconscient, le moi correspondant à la conscience, et le sur moi c'est cette instance qui censure vos désirs et vos traumatismes en les refoulant dans votre inconscient.
Prenons un exemple. Une jeune fille qui s'appelle Emma vient voir Freud. Elle se plaint d'une phobie des magasins. Si vous avez peur des serpents, c'est assez normal et ça se comprend. Un serpent, c'est très souvent dangereux.
Mais un magasin, c'est curieux quand même. En écoutant cette patiente, Freud se rend compte qu'elle a subi des attouchements dans son enfance, précisément dans un magasin. Et le traumatisme était si fort qu'elle avait complètement oublié cet épisode. Mais son cerveau, lui, n'a pas effacé cette histoire.
Il l'a simplement refoulée dans l'inconscient pour la protéger de ce souvenir douloureux. Mais en voulant nous protéger, Notre surmoi nous fait du mal, parce que le traumatisme se transforme alors en symptômes, c'est-à-dire en maladies, comme dans des phobies, des névroses ou des TOC si vous voulez. C'est la raison pour laquelle la thérapie psychanalytique propose de parler librement en s'allongeant sur un divan, pour se remémorer tous nos traumatismes et nos désirs refoulés, pour mieux les évacuer. Le plus souvent, nous, l'E-Freud, nous souffrons de nos propres systèmes de défense.
Le surmoi est un système de défense qui nous protège contre nos pulsions sexuelles ou violentes, qui pourraient être asociales. Il nous protège aussi... contre les traumatismes en les refoulant. Mais c'est précisément cette protection qui nous rend malades en créant des névroses.
En résumé, il vaut mieux affronter nos monstres en face et dialoguer avec eux au lieu de les refouler et créer de la névrose. Évidemment, cela ne veut pas dire qu'il faut assouvir tous nos désirs. Heureusement que le surmoi est là pour que nous gardions une certaine morale.
Les sujets sur l'inconscient vous interrogent en général sur la morale ou la liberté. D'un côté, notre inconscient nous détermine, ce qui s'est passé dans notre enfance par exemple. Mais d'un autre côté, nous pouvons nous libérer du passé en libérant notre parole. Le terme devoir peut avoir deux sens. D'abord la nécessité de faire quelque chose, par exemple.
Si je veux faire une omelette, je dois d'abord casser des oeufs, j'ai pas le choix. Mais l'autre sens va être bien plus important pour nous. C'est l'obligation. Là c'est très différent, car je suis libre de faire un choix.
Les élèves ne doivent pas tricher au bac, mais ils sont libres d'obéir ou non à cette règle morale et juridique. C'est toute la différence entre une obligation et une contrainte. Dans une obligation morale, j'ai toujours le choix.
C'est la raison pour laquelle la morale est proprement humaine. Seul l'humain dispose d'une conscience morale qui lui permet librement de choisir entre le bien et le mal. Une des principales questions qui va se poser est la suivante. La morale est-elle relative ? Sartre, que nous avons rencontré dans le cours sur la conscience, pense que chaque individu est fondamentalement libre.
Et c'est la raison pour laquelle aucune morale ne saurait s'imposer à moi de l'extérieur. Même quand je me soumets à une loi religieuse, c'est toujours moi qui décide de me soumettre à telle ou telle religion. Donc je ne peux jamais me libérer de ma liberté. Sartre prend un exemple tiré de la Bible. Même quand Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac, il est encore libre de refuser, car il peut se dire qu'il entend des voix, qu'il est fou, ou peut-être que c'est le diable qui lui parle et qui se fait passer pour Dieu.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de morale chez Sartre, mais la morale consiste précisément à assumer cette liberté et ne pas se raconter d'histoire. Le soldat qui a torturé en Algérie est un salaud quand il dit qu'il était obligé de le faire. Il nie sa propre liberté d'agir et de penser.
Oui, vous pouvez tout à fait écrire salaud dans la copie, c'est un concept sartrien. Pour Kant, il y a des impératifs catégoriques qui s'imposent à moi et qui sont universels. Selon Kant, la morale est universelle car elle est rationnelle.
2 plus 2 égale 4, c'est rationnel, donc c'est universel. C'est valable quelle que soit ta religion, ton ethnie ou ton orientation sexuelle. La morale pour Kant, c'est pareil, parce que la morale, ça consiste toujours, selon lui, à mettre ses pulsions et ses affects de côté, ce qu'il appelle les inclinations, pour se soumettre à la raison. Et comme la raison est universelle, alors la morale également.
En gros, si tu sauves la jeune fille en détresse dans l'espoir de la pécho, Pour Kant, c'est pas vraiment moral. Donc le devoir moral pour Kant, c'est tout simplement rester dans la rationalité universelle. Agir de telle sorte que je peux vouloir que mon action devienne une loi universelle. Quand je mens à ma copine parce que j'étais avec Vanessa hier soir, je m'autorise moi-même un mensonge. Mais à aucun moment je n'ai envie de vivre dans un monde où tout le monde se met à mentir.
Parce que si tout le monde mentait... Toutes les relations de confiance entre les individus disparaîtraient. Et d'ailleurs, même le menteur tient à la vérité, puisqu'il a envie qu'on le croit. Et si tout le monde mentait en permanence, personne ne le croirait. Freud, que nous avons rencontré dans l'affiche sur l'inconscient, va critiquer cette vision du devoir moral.
Car rappelez-vous, selon lui, il faut toujours se méfier un petit peu de notre surmoi, qui a tendance à nous censurer en permanence. Selon Freud, le projet de Kant de rendre la morale entièrement rationnelle n'est pas souhaitable, parce que cela revient à mettre de côté nos sentiments, ce que Kant appelait les inclinations. Freud explique que nous n'aimons pas les gens de manière universelle. On fait des préférences en fonction de ses sentiments, on privilégie nos amis, notre famille... Ça n'a rien d'universel.
Donc pour Freud, une morale universelle comme celle de Kant, qui consisterait à mettre ses sentiments de côté, ben ça serait une morale inhumaine. La liberté, c'est un peu la suite de ma fiche sur le devoir. Parce qu'une bonne partie des sujets consiste à se poser la question de savoir si le devoir moral s'oppose à la liberté. Spontanément, on a envie de dire que se soumettre à la morale, ben c'est une entrave à notre liberté et à nos désirs. Et ce sera peut-être la première partie de votre disserve.
Mais pour le philosophe Kant, que nous avons découvert dans la notion précédente, c'est exactement le contraire. Pour Kant, satisfaire nos désirs, c'est justement être esclave de nos pulsions. Et il faut au contraire exercer notre volonté qui, elle, est plus rationnelle et qui nous permet d'agir librement. On peut dire que Don Juan, par exemple, qui ment pour séduire toutes les femmes, est esclave de ses pulsions, il n'est pas libre. Mais la question de la liberté n'est pas qu'un problème moral, c'est aussi un problème métaphysique.
La métaphysique, en gros, c'est quand on s'interroge sur les causes profondes de ce qui existe. Les questions sur Dieu, sur l'âme, ou sur la liberté en l'occurrence. La question qui se pose alors est la suivante.
Quand j'agis, est-ce que c'est moi qui suis à l'origine de mes décisions, ou suis-je déterminé par des causes extérieures à ma volonté ? Rappelez-vous ce que disait Sartre dans notre fiche sur la conscience. Il affirmait que la conscience humaine nous permet de nous introspecter, et du coup d'agir et de penser librement, contrairement aux animaux qui, eux, sont prisonniers de leurs instincts. C'est ce que Sartre appelle l'existentialisme. L'existentialisme, c'est cette idée selon laquelle l'homme est une créature à part dans l'univers, une créature qui est capable de prendre conscience d'elle-même et du coup de se libérer de ses déterminismes.
Contrairement à la fourmi ouvrière par exemple, qui elle est programmée dans une certaine fonction et qui ne pourra jamais y échapper. L'homme n'est programmé dans aucune fonction. C'est à lui de choisir librement ce qu'il veut devenir. Nous sommes condamnés à être libres, dira Sartre. Ça veut dire que nous devons faire des choix en permanence, et ça peut être angoissant au point que, quelquefois, on laisse les autres décider à notre place.
On laisse la société penser à notre place, BFMTV, ou les textes religieux. Sartre dira qu'on est alors de mauvaise foi parce qu'on n'assume pas notre liberté. Mais Spinoza n'est pas d'accord avec Sartre. Car selon lui, l'homme est déterminé par des lois de la nature, comme n'importe quel objet sur Terre.
Tout ce qui existe est déterminé par une cause. Si je vous dis que la caméra en train de me filmer s'est créée toute seule dans le vide, vous n'allez pas me croire. C'est exactement la même chose pour notre volonté et nos désirs. Quand vous décidez de faire des études de médecine au lieu de partir en voyage à l'autre bout du monde, il y a des causes qui sont liées à votre éducation, à votre génétique, à l'environnement social dans lequel vous êtes né.
Même votre capacité de travail est déterminée par des causes psychologiques et génétiques. C'est d'ailleurs là où Freud, que nous avons rencontré dans l'affiche sur l'inconscient, seraient d'accord avec Spinoza. Notre conscience est déterminée par notre inconscient. Et du coup, Sartre avait tort d'affirmer que notre conscience nous permettrait de faire des choix libres. Donc selon Spinoza, la liberté n'est que l'ignorance des causes qui nous déterminent.
On croit qu'on est libre tout simplement parce qu'on ne connaît pas toujours les causes qui nous ont amené à penser ou à agir de telle ou telle manière. Mais si on connaissait toutes ces causes, nous ne saurions que nous ne sommes pas libres. Le bonheur doit être distingué du plaisir ou de la joie.
Car le plaisir ou la joie, c'est toujours très éphémère. On a un pic de plaisir et puis ça redescend. Au contraire, le bonheur est un état de satisfaction durable où toutes nos aspirations les plus importantes sont réalisées.
Donc faut-il rechercher le plaisir à tout prix ? Le philosophe Épicure préconise une vie mesurée pour parvenir au bonheur du corps et de l'âme. Épicure distingue donc les plaisirs cinétiques ou en mouvement des plaisirs catastrophatiques, c'est-à-dire les plaisirs stables.
Les plaisirs en mouvement... sont liés à une certaine forme d'excitation, qui ne nous apporte pas de véritable apaisement. Ils nous éloignent de la plénitude. La drogue, par exemple, nous donne du plaisir pendant un moment, mais ensuite, il y a la descente, qui s'accompagne toujours de souffrances, et qui nous pousse à en reprendre. Il faut donc se focaliser sur les plaisirs stables, qui apportent le bonheur véritable.
Pour cela, il faut trier entre nos désirs. Tout d'abord, certains désirs ne sont pas naturels. Il faut donc s'en débarrasser.
Désirer une gloire éternelle, un amour illimité. Ce serait vivre dans l'illusion et finalement la frustration et la souffrance. Donc on se focalise sur les désirs naturels, comme boire ou manger. Mais même parmi ces désirs naturels, il faut se focaliser sur ceux qui sont nécessaires, et apprendre à se passer le plus possible de ceux qui sont superflus.
Pas besoin de caviar pour être renouillis et piqûres. En résumé, il faut viser la tranquillité du corps, ce qu'il appelle l'aponie, en se focalisant sur les désirs naturels et nécessaires. Mais il ne faut pas oublier le bonheur de l'âme, ce qu'il appelle la tharaxie. qu'on obtient avec des plaisirs stables comme l'amitié.
Mais pas avec l'amour qui nous excite pendant un moment, mais qui va nécessairement retomber et nous faire du mal un jour. La question qu'on peut se poser maintenant, c'est de savoir si le bonheur est bien le but de la vie. Aristote affirme que oui, car c'est la finalité de toutes nos actions.
On passe le bac pour faire des études, on fait des études pour faire un métier sympa, et pourquoi on veut faire un métier sympa ? Pour être heureux. Et pourquoi on veut être heureux ? Pour être heureux.
Donc c'est la finalité ultime de toutes nos actions. Le philosophe Kant, dont on a parlé dans la notion de devoir, n'est pas d'accord. Selon lui, il existe un impératif moral qui est parfois contradictoire avec le bonheur.
Si je vois une grand-mère en train de se faire agresser, je vais aller la défendre au risque de ma propre vie. Donc c'est pas le bonheur que je vise. Rappelez-vous, le devoir moral n'est pas soumis à nos inclinations personnelles, mais à notre raison.
La morale pour Kant doit être indépendante de la recherche du bonheur. Quelqu'un qui fait le bien uniquement parce que ça lui apporte de la satisfaction personnelle n'est pas vraiment moral pour Kant. Terminons par une petite critique d'Épicure.
Épicure pense que nous devons limiter nos désirs parce que le désir est toujours un manque de quelque chose. Et le manque est une frustration, une souffrance. Rousseau va affirmer exactement l'inverse dans la nouvelle Héloïse.
Il va dire la chose suivante. Malheur à qui n'a plus rien à désirer. Il perd, pour ainsi dire, tout ce qu'il possède. Rousseau explique ici que si la satisfaction met fin au désir, elle ne nous apporte pas pour autant le bonheur, puisque, paradoxalement, nous sommes heureux de désirer.
Car nous espérons quelque chose de la vie dans le désir. Certes le désir nous fait souffrir car on est dans le manque, mais c'est ce manque qui nous donne envie de vivre des expériences. Sans ce manque, nous sommes morts. Le mot religion vient du latin religare qui désigne le lien.
Ce lien est à la fois transcendant et immanent. Je m'explique. La transcendance c'est ce qui est extérieur et supérieur à moi. C'est le lien avec Dieu. C'est un lien vertical.
Imanent ici c'est le lien horizontal qui relie les hommes entre eux à travers une pratique et des croyances communes. Dans la religion il ne s'agit pas simplement de se relier à Dieu. de manière individuelle, mais aussi de se relier aux autres hommes à travers des rites. Quand vous fêtez Noël en famille, il y a un lien qui vous unit à travers cette pratique. Maintenant, le problème qui se pose dans la plupart des sujets de bac, c'est le suivant.
La religion est-elle nécessaire ? Quelle est la fonction de la religion dans la société ? Il y a donc deux aspects.
D'un côté, la religion répond à un besoin social, mais d'un autre côté, elle répond aussi à un besoin individuel sur le plan existentiel. Sur le plan social, la religion permet de produire une loi que le sujet va intérioriser et qui va renforcer sa morale. Rappelez-vous du philosophe Kant dans notre fiche sur le devoir.
Selon Kant, nous n'avons pas besoin de la religion pour fonder une morale, car la morale est rationnelle. Il suffit de suivre sa raison au lieu de succomber à nos pulsions. Selon Kant, il faut également préciser qu'il est impossible de démontrer l'existence de Dieu. Alors vous allez me dire, à quoi la religion peut-elle servir pour lui ?
Eh bien la religion peut tout d'abord renforcer notre morale en admettant l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme et la liberté humaine. Mais du coup, elle donne aussi un sens à notre vie, puisqu'elle nous donne l'espoir qu'en obéissant à cette morale, nous puissions accéder un jour au bonheur véritable que Kant appelle le souverain bien, non pas dans ce monde-ci, mais dans l'au-delà. Mais cet espoir n'est-il pas une illusion ?
C'est exactement la question que Freud va se poser, et qui va le conduire à une critique radicale de la religion. Selon lui, la religion a eu pour fonction d'intérioriser une certaine forme de censure dans notre esprit, et nous conduire à respecter des interdits sociaux. Au temps préhistorique, il n'y avait pas d'État, il n'y avait pas de police, il n'y avait pas de tribunal. Comment faisions-nous pour vivre plus ou moins en harmonie dans des sociétés humaines ? Il a fallu que nous intériorisons la loi, c'est-à-dire que le flic soit à l'intérieur de notre esprit.
Ce flic, nous l'avons vu dans la fiche sur l'inconscient, s'appelle le surmoi. Et le surmoi est né en grande partie grâce à la religion. Si vous ne respectez pas la loi du groupe, Dieu va vous punir. Si on arrive à vous faire croire à cette idée, même en l'absence de flic, vous pouvez me croire que vous allez vous plier à la loi du groupe et que vous ressentirez de la culpabilité. à chaque fois que vous déviez du troupeau.
Il ne s'agit pas pour Freud de vouloir supprimer le surmoi, qui est trop utile à la vie en société. Quelqu'un qui n'aurait pas de surmoi n'éprouverait aucune culpabilité en commettant des crimes. Ce serait terrible pour l'ensemble de la collectivité. Par contre Freud remarque que la religion renforce parfois de manière excessive ce sentiment de culpabilité à chaque fois que l'individu va éprouver un désir, et notamment à l'endroit de nos désirs sexuels.
En effet, dans toutes les religions, il existe des lois particulièrement répressives à l'égard d'une sexualité libre. Parce que du point de vue de la société, il faut que la sexualité soit au service de la reproduction et de la famille, et non pas au service du plaisir de l'individu. Freud remarque ainsi que la religion favorise les maladies mentales, comme la névrose obsessionnelle, que l'on appelle aujourd'hui des TOC.
L'individu se punit lui-même par des comportements étrangers obsessionnels qui rappellent des rituels religieux. Selon Freud, la religion est une illusion réconfortante, mais qui finit par produire de la névrose. Le langage, c'est un système de signes qui est utilisé pour établir une communication. Mais le problème... c'est que les animaux aussi communiquent entre eux et de manière très efficace.
Les abeilles par exemple exécutent une danse pour indiquer où se situe le champ de pollen. Peut-on dès lors affirmer que les animaux possèdent un langage au même titre que nous ? Descartes affirme qu'il y a une différence fondamentale.
Le langage animal n'est que l'expression de ses besoins corporels. Il ne parle que pour satisfaire son corps, la faim, la soif, éviter un danger ou se reproduire. D'ailleurs pour dresser un animal à communiquer avec les hommes, on y arrive toujours grâce à des friandises.
Certes, on a réussi à apprendre au bonobo Kanzi plus de 1000 signes, Mais c'est toujours pour exprimer des besoins corporels finalement. Le philosophe Dominique Lestel affirme Les animaux peuvent parler, mais ils n'ont rien à dire. Ils expriment des besoins corporels, mais ils ne racontent pas d'histoire, et encore moins pour parler de choses abstraites comme on peut le faire en philo ou en science. Ce que nous pouvons rajouter à l'analyse de Descartes, c'est que lorsqu'un animal s'exprime, il s'agit plutôt d'un signal qui déclenche une action. Mais cela ne déclenche pas un dialogue.
Le singe vervé par exemple possède un cri spécifique pour dire que le danger vient du ciel. Ses congénères s'enfuient quand ils entendent le cri. Mais cela ne crée pas une discussion.
En résumé, pour Descartes, le langage humain est l'expression de notre esprit, alors que le langage animal est tout simplement l'expression du corps. Une nouvelle question se pose alors. Si le langage est l'expression de l'esprit, cela veut-il dire que nous ne pouvons pas penser sans le langage ? Puis-je avoir une réflexion qui ne s'extérioriserait pas dans aucun langage ? En d'autres termes, si le langage n'existait pas, est-ce qu'on arriverait à développer une pensée ?
Le philosophe Hegel pense que non, puisqu'une pensée sans langage serait une pensée obscure. Une pensée qui serait prisonnière de notre subjectivité. Ce qui est subjectif, c'est nos sentiments, nos émotions, c'est-à-dire ce qu'on ressent en première personne, mais qu'on n'arrive pas forcément à communiquer aux autres. Le langage nous permet au contraire de rendre notre pensée objective, on peut l'exposer aux autres, elle devient réelle, alors que notre ressenti subjectif, tant qu'on n'arrive pas à le mettre en mots, est quelque chose de flou, qui représente le degré le plus bas de la pensée.
Les pensées que nous n'arrivons pas à mettre en mots, c'est ce qu'on appelle en français l'ineffable. La plupart du temps, lorsque nous éprouvons quelque chose d'ineffable, nous pensons qu'il s'agit là de quelque chose de tellement important que le langage ne parvient pas à l'exprimer. Mais pour Hegel, c'est exactement l'inverse.
L'ineffable est le degré le plus obscur de la pensée. Enfin, terminons avec Freud, que nous avons rencontré dans le cours sur l'inconscient. Le langage, pour lui, n'est pas seulement un moyen de communication, c'est aussi un moyen d'exprimer notre inconscient.
La plupart du temps, nous refoulons nos désirs inavouables ou nos traumatismes, mais sur le divan du psychanalyste, on peut parler sans aucune censure. Et cela permet la thérapie. Car rappelez-vous, ce n'est pas en censurant nos démons que nous sommes heureux, mais au contraire, en les affrontant grâce au langage qui nous permet de les exprimer.
Je suis sûr que vous avez déjà testé cette fonction presque magique du langage. Vous parlez de vos angoisses à un ami ou une amie, et elles semblent déjà bien plus légères à porter. L'art au sens large, c'est ce qu'on appelle la techné en grec.
C'est-à-dire un savoir-faire, une maîtrise technique. Mais est-ce qu'on appelle l'art dans le langage courant ? C'est l'ensemble des activités visant à la création d'une œuvre esthétique. C'est ce qu'on appelle les beaux-arts.
L'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la littérature, les arts de la scène et le cinéma. Alors certes, il y a un point commun entre l'art et la technique. Car dans les deux cas, il s'agit de maîtriser un savoir-faire.
Le menuisier ou le sculpteur ont dû s'exercer pendant longtemps pour développer leur talent. Mais il existe néanmoins certaines différences essentielles. Selon Kant, il existe au moins deux critères qui permettent de distinguer l'art de la technique. Le premier, c'est que l'œuvre d'art n'est pas directement fonctionnelle. Alors qu'un objet technique a une fonction.
Le canapé de Dali en forme de bouche n'est pas fait pour s'asseoir dessus, il est fait pour être contemplé. C'est la différence nous dit Kant entre le beau et l'agréable. Le canapé Ikea doit avant tout être agréable, alors que le canapé de Dali n'est pas destiné à entrer en contact avec votre corps. Il reste à distance, on le contemple pour sa beauté.
Petite précision avant d'avancer plus loin, un objet technique peut être soit industriel s'il est fabriqué en série, c'est le canapé Ikea, soit artisanal s'il est fait à la main. Mais dans les deux cas, il faut le distinguer de l'œuvre d'art. Deuxième critère qui permet de distinguer l'objet technique de l'œuvre d'art, c'est le génie créatif.
L'artisan ne va pas chercher à produire une œuvre particulièrement originale et créative, il va respecter des règles bien déterminées à l'avance. L'artiste au contraire va bouleverser les règles. Pensez au cubisme de Picasso par exemple.
La question qui se pose maintenant c'est qu'est ce que l'artiste cherche à exprimer dans son œuvre ? Selon Bergson, l'art permet d'exprimer l'ineffable, c'est à dire ce que le langage ordinaire ne parvient pas à exprimer. Rappelez-vous Hegel dans l'affiche sur le langage Pensez que l'ineffable est une pensée brute, obscure.
Bergson pense au contraire que c'est une pensée tellement profonde qu'aucun mot ne parvient à l'exprimer. Car le problème avec le langage, c'est qu'il n'exprime que des généralités. On dit par exemple qu'on est amoureux. Mais en réalité, aucun amour n'est comparable, et chacun ressent l'amour à sa manière. C'est pareil pour la tristesse et pour tout ce que nous pensons ou éprouvons.
Le langage nous pousse à faire des généralités. L'amour, la tristesse, la joie. Mais l'art, c'est différent. Car une œuvre d'art n'est jamais une généralité.
C'est toujours l'expression de quelque chose de très singulier. Prenons un exemple. Dans le langage, il existe quelques mots pour dire que je suis triste ou mélancolique.
Mais l'art permet d'exprimer une infinité de mélancolies différentes qui n'ont rien à voir entre elles. Entre la mélancolie bipolaire qui se dégage de smells like teen spirit de Nirvana et la mélancolie dansante qui se dégage de papa outé de Stromae, il n'y a aucune commune mesure. Le langage va tout ramener sous la généralité mélancolie Alors que ces mélancolies n'ont rien à voir entre elles. Ici, l'œuvre d'art est plus fine, plus subtile que le langage ordinaire.
L'œuvre d'art nous permet d'accéder à une infinité de mélancolies toutes différentes les unes des autres. Selon Freud, l'art va même permettre d'exprimer nos désirs refoulés et nos traumatismes inconscients. C'est ce qu'il appelle la sublimation. Cette sublimation est une forme de thérapie pour l'artiste. Lorsque Kurt Cobain exprime ses troubles bipolaires dans Smells Like Teen Spirit, grâce au rythme bipolaire de cette chanson, il parvient à exorciser sa maladie.
La technique, c'est un ensemble de moyens qui permet de réaliser un but. La technique peut être celle de l'artisan qui fabrique des meubles, mais elle peut aussi se combiner à la science. Et dans ces cas-là, on parle plutôt de technologie. Donc a priori, la technique, c'est ce qui permet d'améliorer tout ce que vous faites dans la vie. Alors souvent, les sujets sur la technique sont combinés avec le travail, parce que le travail sans la technique, c'est du labeur à l'état pur, de la souffrance.
Grâce aux outils, puis aux machines, non seulement on s'est facilité la vie, mais en plus, on a rendu le travail plus intéressant. L'homme n'est plus utilisé pour sa force brute, mais pour son intelligence et son habileté. Dans votre disserte, vous allez être amené le plus souvent à valoriser la technique dans un premier temps, et vous allez même montrer quelle est l'expression de l'intelligence humaine. En effet, nous dit Aristote, l'homme n'est pas né avec la plus grande force ou avec le cuir le plus épais, mais il a des mains, et les mains, c'est la combinaison de l'intelligence et de la technique.
En effet, être intelligent, c'est notre capacité à résoudre des problèmes nouveaux. Il faut donc une grande polyvalence. Si je veux tuer un mammouth qui fait 30 fois mon poids, il va falloir être très intelligent, sinon ça ne va pas bien se passer. La main humaine n'est pas très puissante comparée à une patte d'ours, mais elle est polyvalente, tout comme notre intelligence. Aristote nous dit que la main est cet outil qui nous permet de fabriquer de nouveaux outils.
Si j'arrive à envoyer une pointe de silex avec une vitesse suffisamment grande, je peux tuer le mammouth d'une tonne et demie. L'animal, au contraire, n'a pas vraiment de technique, au sens où il ne peut pas en inventer de nouvelles. Il n'a presque aucune polyvalence. Il est prisonnier de son instinct.
C'est pas pour rien que le singe, qui a aussi des mains, arrive en deuxième position des animaux intelligents, juste derrière l'homme. L'animal sait pratiquement tout faire dès la naissance. L'iguane, dès qu'il sort la tête de l'œuf, sait que le serpent est dangereux et qu'il va le détecter s'il bouge.
Il n'a pas besoin d'aller à la fac pour apprendre tout ça. C'est intégré dès la naissance. Mais en contrepartie, l'animal a très peu de polyvalence.
Il ne peut pas inventer de nouvelles techniques. Elles sont déjà intégrées à son logiciel. Si vous voulez, l'animal est une console de jeux avec tous les jeux intégrés.
Sur le court terme, c'est mieux, mais à long terme, ça va vite être dépassé. Et c'est pour ça que l'homme domine, il peut télécharger en permanence de nouveaux logiciels. Karl Marx dira ainsi que ce qui distingue le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.
Ça veut dire que la technique humaine n'est pas comparable avec celle de l'animal, au sens où elle fait appel à l'intelligence, c'est-à-dire à envisager plusieurs possibles. La ruche d'abeille est très belle, mais c'est toujours la même. Maintenant, il faut dire en quoi la technique peut être dangereuse.
Le philosophe Heidegger affirme que la technique moderne a tendance à considérer la nature comme un stock de ressources disponibles. On va emmurer un fleuve dans du béton pour s'en servir comme stock d'énergie grâce à un barrage hydroélectrique. C'est ce que Heidegger appelle l'arraisonnement de la nature.
L'homme veut soumettre la nature à sa raison en voulant extraire toute son énergie disponible. En conclusion, la technique est la marque de l'intelligence humaine et en cela elle doit être valorisée, mais cette intelligence peut devenir un outil de domination dévastateur pour la nature et finalement pour l'humanité elle-même. Le mot travail peut désigner plusieurs choses très différentes. Il peut désigner une activité professionnelle, un métier, mais pas seulement. Le travail peut alors désigner toute activité de transformation d'un matériau brut.
Et en ce sens, la femme au foyer travaille tout autant. Non seulement en cuisinant, elle transforme des matériaux bruts pour en faire des plats, mais elle transforme aussi des enfants à l'état brut en les éduquant et en leur donnant de l'affection. Le travail est donc une activité nécessaire de l'homme.
Non seulement il faut transformer la nature qui ne donne pas assez de fruits spontanément, Mais il faut également se travailler soi-même. Il faut transformer sa nature animale pour devenir un homme. Cette activité est souvent pénible. C'est la raison pour laquelle le travail est associé depuis toujours à la souffrance. Mais vous allez devoir montrer aussi que le travail n'est pas qu'une source de souffrance.
Il est aussi une source d'épanouissement qui nous humanise. Le travail, nous dit Hegel, c'est ce qui permet de dépasser l'animal, car l'animal vit dans un rapport immédiat à la nature. Il est en symbiose avec elle.
La vache mange directement de l'herbe. Elle n'a pas besoin de transformer la nature. Alors que l'homme, au contraire, va devoir transformer cette nature au style labourer, semer, récolter, moudre les grains de blé, faire de la pâte, la cuire.
Autant de processus de transformation des matériaux bruts naturels. L'homme dépasse la nature en la transformant. Son esprit est plus fort que la nature, car à partir d'une idée qu'il forge dans son esprit, il peut dominer la nature et la transformer. Je suis sûr que vous avez déjà ressenti du plaisir à faire de la cuisine. Prenez de la farine, des œufs, du chocolat, vous en faites un gâteau.
Si ça se trouve, le gâteau est moins bon que celui de la pâtisserie. Mais c'est vous qui l'avez fait. Vous pouvez reconnaître dans cet objet le projet que vous aviez dans votre esprit. C'est comme si votre esprit s'était extériorisé dans la matière. Si vous n'aimez pas faire la cuisine, prenez un autre exemple.
Tailler un morceau de bois ou construire une maquette. Bref, pour Hegel, le travail, c'est alors la possibilité pour l'homme. de dominer la nature en la transformant grâce à notre esprit. Quand je contemple l'objet que je viens de fabriquer, je peux y voir mon propre esprit. Je reconnais mon esprit dans cet objet, c'est ce que Hegel appelle dans son jargon l'objectivation de mon esprit dans la matière.
Mais alors pourquoi le travail peut devenir horrible pour certaines personnes ? Eh bien justement, quand on ne peut plus se reconnaître dans le produit de son travail. Prenons un exemple. La technique moderne augmente la productivité, c'est vrai.
Mais elle crée aussi une forme de travail abrutissante pour l'ouvrier. qui doit faire le même geste à la chaîne du matin au soir en produisant des objets qu'il n'a pas conçu lui-même et dont il se fiche pas mal. C'est ce que Karl Marx appelle l'aliénation de l'ouvrier. Vous êtes aliéné quand vous n'êtes plus libre.
Quelque chose a pris le contrôle sur vous et ça vous a fait vivre. cette chose, c'est la machine. Le travail est alors au contraire une déshumanisation de l'homme. Cette aliénation est double, nous dit Marx, car le patron exproprie également l'ouvrier de la valeur qu'il crée. Car c'est lui qui empoche tous les bénéfices.
Ce que Marx appelle l'expropriation de la plus-value. L'ouvrier est payé juste de quoi survivre, et la valeur qu'il crée par son travail est empochée par le patron capitaliste. La notion de justice peut avoir plusieurs sens. Le premier, c'est ce qu'on appelle le droit positif. Attention, ici, positif ne veut pas dire bon, au sens de positiver.
Le mot positif, Le mot positif veut dire le droit tel qu'il a été posé par des codes de loi. Le code pénal, le code civil, etc. En d'autres termes, c'est la justice au sens de la légalité, c'est-à-dire ce qui est conforme à la loi.
Prenons un exemple. Les lois antisémites de Nuremberg étaient légales sous le régime nazi, mais pourtant elles ne sont pas légitimes d'un point de vue moral. Le légal, c'est ce qui est conforme au droit positif, et le légitime, c'est ce qui est conforme à la morale.
On voit bien que le droit positif n'est pas suffisant pour déterminer si une action est juste ou pas, car en Allemagne nazie, le droit positif était profondément raciste. Donc il faut trouver une autre forme de justice, qui serait supérieur au droit positif. Les philosophes appellent ça le droit naturel. C'est un droit qui n'écrit nulle part, mais qui serait au-dessus du droit positif.
C'est une norme morale qui serait indépendante des textes de loi, comme le fait de ne pas tuer, de ne pas voler, etc. Le droit positif n'est pas toujours légitime, et d'ailleurs, selon le philosophe Pascal, il est même relatif à chaque pays et à chaque époque. Plaisante justice qu'une rivière borne, vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.
Pascal veut dire par là que la justice au sens des lois humaines n'est pas quelque chose de sérieux, elle est plaisante, parce qu'elle change en fonction des frontières. En deçà des Pyrénées, c'est-à-dire en France, le cannabis est prohibé par exemple. Mais vous traversez les Pyrénées, vous allez en Espagne, et la consommation est autorisée. Donc il ne suffit pas de regarder dans les codes de loi pour trouver la véritable justice, non seulement parce que la loi peut être injuste, illégitime, mais aussi parce que les lois de chaque pays et de chaque époque sont différentes.
Mais alors quels sont les véritables critères de la justice ? Pour Karl Marx, le véritable critère, c'est l'égalité entre les hommes. Marx explique dans le Manifeste du Parti Communiste que toute la violence de l'histoire est la conséquence des rapports de domination entre les classes sociales. Après la Révolution française, la classe dominante est représentée par la bourgeoisie, et la classe exploitée est représentée par le prolétariat. Le prolétariat, ce sont les ouvriers qui n'ont pas d'autre choix que de vendre leurs forces de travail pour subsister, alors que la bourgeoisie détient le capital, c'est-à-dire les moyens de production, comme les usines par exemple.
Le capitaliste exploite le prolétaire en le payant juste de quoi survivre. Et les bénéfices générés par son travail vont aller dans la poche du capitaliste. Donc selon Marx, il faut faire la révolution pour mettre fin au rapport de domination entre les hommes dans une société sans classe.
Mais au contraire, pour un philosophe libertarien comme Robert Nozick, ce qui compte le plus, c'est la liberté individuelle de chacun. Tant que l'ouvrier a signé librement un contrat, même s'il est exploité par le capitaliste, on ne peut rien y changer. Selon Nozick, il est donc inconcevable de répartir les richesses, parce que chacun est libre de s'enrichir autant qu'il le souhaite, tant qu'il ne force personne à travailler pour lui. Si Mbappé gagne 3 millions par mois, on ne peut pas lui prendre la moitié de cette somme pour la donner à l'État, car ce serait porter atteinte à sa liberté. C'est comme si on l'obligeait à travailler la moitié de son temps pour l'État.
Ce serait, pour Nozick, du travail forcé. L'État au sens large, c'est l'ensemble des éléments qui organisent la société. Il se caractérise par des administrations politiques, juridiques, administratives, qui exercent une autorité sur les individus.
La plupart des questions sur l'État vont vous interroger sur la nécessité de l'État, ou sur la question de savoir si l'État fait le bonheur des citoyens. En effet, la question est légitime. Pourquoi avons-nous renoncé à nos libertés individuelles pour nous soumettre à un État tout puissant ? C'est la question que le philosophe Hobbes se pose Et voici sa réponse.
Au départ, les hommes vivent dans un état de nature. L'état de nature, c'est quand les hommes vivent en dehors de toute autorité politique. Selon Hobbes, dans ces conditions, ce sera la confrontation perpétuelle et le déchaînement de toutes les violences. American Nightmare. L'état est donc nécessaire pour permettre la vie en société, car il met fin à la guerre de tous contre tous.
Ainsi, les individus vont conclure un contrat pour éviter le déchaînement de violences. Dans ce contrat, les individus transfèrent leurs droits et leurs pouvoirs à un souverain, qui peut être par exemple un roi, On est alors dans une monarchie. Le roi détient tous les pouvoirs, le pouvoir absolu. Mais le problème qui se pose alors, c'est que si l'État possède un pouvoir absolu sur la société, dans ce cas-là, l'État n'est plus au service du peuple, mais c'est le peuple qui devient alors le serviteur de l'État.
C'est exactement ce que dira Rousseau au XVIIIe siècle, un petit peu avant la Révolution française. L'homme est né libre et partout il est dans les fers. Dans les fers, ça veut dire qu'il est enchaîné.
En effet, au XVIIIe siècle, les hommes vivent dans des régimes politiques où ils ne sont pas libres. Il faut donc... Il faut réinventer le contrat social, nous dit Rousseau, pour éviter le rapport de domination entre l'État et le peuple. Il faut donc rejeter le contrat de soumission préconisé par Hobbes.
Dans le contrat social de Rousseau, ce n'est plus le roi qui est souverain, c'est-à-dire celui qui détient le pouvoir politique, mais le peuple lui-même. Pour Rousseau, le peuple doit se soumettre non pas à un roi, mais à la volonté générale, c'est-à-dire au bien commun. Donc Rousseau nous dit que lorsque je me soumets à la volonté générale, je ne perds pas ma liberté, bien au contraire. Puisque je me soumets à la raison.
Et non plus à mes pulsions. L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. Si je respecte une loi que ma raison m'impose, alors je ne suis pas soumis, au contraire, je suis libre. Faites les liens ici avec la fiche sur la liberté et celle sur le devoir. Allons voir maintenant du côté des sociétés sans état comment ça se passe.
L'ethnologue Pierre Clastre est allé vivre avec les indiens Guayaki et Guarani dans la forêt. Ce sont des sociétés où le chef n'a aucun pouvoir. Le chef est là comme un médiateur pour faire la paix en cas de conflit, ou raconter les histoires de la tribu, et il n'a pas vraiment de privilèges.
puisqu'il est obligé d'être généreux avec tout ce qu'il possède. À l'inverse de nos sociétés où les dirigeants possèdent beaucoup de pouvoir et d'argent. Dans ces sociétés sans état, il n'y a pas d'inégalité sociale.
Tout le monde partage et mange à sa faim. Personne ne cherche à faire du profit sur le dos de son copain. Mais Pierre Clastres n'idéalise pas non plus ces sociétés, où certes, il n'y a pas besoin de police, mais c'est parce que la loi est inscrite dans le corps des adolescents par des rites initiatiques qui sont de véritables séances de torture. Le concept de nature désigne plusieurs choses.
Tout d'abord, c'est l'ensemble des choses physiques et vivantes qui existent indépendamment de l'homme, c'est-à-dire non fabriquées par l'homme. Mais la nature, dans son sens étymologique, natura, c'est aussi la naissance. La nature est alors cette puissance créatrice qui produit la vie. On a tendance spontanément à valoriser tout ce qui est naturel par opposition à l'artificiel. On a l'impression que ce qui est naturel est meilleur pour la santé, que la nature fait bien les choses.
C'est l'idée de cosmos dans la Grèce antique. Le monde est une totalité bien ordonnée. On a parfois l'impression que l'humain vient dérégler quelque chose dans cet ordre cosmique, mais la force et la valeur de l'être humain ne vient-elle pas justement de sa capacité à dépasser la nature en la transformant et en l'améliorant ? N'est-ce pas en dominant la nature que l'homme a réussi à échapper à la loi de la jungle ?
Non seulement en transformant la nature à l'extérieur de lui, mais aussi en se transformant lui-même, c'est-à-dire en se civilisant. Comment l'être humain a-t-il réussi ce tour de force ? C'est grâce à la culture.
Ce qui est naturel dans la vie de l'homme, c'est ce qui est inné. Par exemple, le fait de savoir s'alimenter, digérer ou se reproduire. La culture, au contraire, c'est ce qui a été acquis par la transmission d'un savoir.
La langue que nous parlons, la technique, le travail, l'art ou la religion, l'homme est un être de culture au sens où il ne se contente pas de son instinct, mais il est capable d'évoluer par la transmission d'un savoir. Les animaux peuvent parfois transmettre un savoir. Les macaques japonais de l'île de Koshima, par exemple, ont transmis la technique du lavage des patates douces dans l'eau salée, sur plusieurs générations. Mais le psychologue Michael Tomasello nous explique que ce n'est jamais un savoir cumulatif.
Je m'explique. Chez l'humain, le savoir s'accumule et progresse à tel point qu'aucun individu au monde ne serait capable de réinventer le moindre objet technique que nous utilisons chaque jour. Votre smartphone est le résultat de millions d'inventions qui se sont accumulées au fil des générations pour arriver jusqu'à vous. Vous utilisez chaque jour un savoir qui vous dépasse complètement et que vous ne maîtrisez pas.
Mais le lavage des patates douces n'est pas un savoir cumulé qui dépasse les capacités intellectuelles de n'importe quel macaque. Mais non seulement l'être humain transforme la nature grâce à la culture, c'est-à-dire la transmission d'un savoir, mais il modifie également sa propre nature, nous dit Freud, en maîtrisant ses pulsions animales grâce à son surmoi. Je vous renvoie ici à la fiche sur l'inconscient.
Devenir un être civilisé, c'est apprendre à maîtriser ses instincts naturels. Mais ce que nous dit Freud dans Le malaise dans la culture, c'est que lorsque l'être humain censure de manière... excessives ces pulsions naturelles, il y a toujours un risque pour notre civilisation.
Selon lui, si la première guerre mondiale a eu lieu en Allemagne, au cœur d'une civilisation extrêmement développée, c'est pas pour rien. À force de censurer et réprimer tous nos désirs naturels, la société a emmagasiné de la violence, qui a fini par exploser et produire un déferlement de violences meurtrières. Il y a donc un certain équilibre à trouver entre nature et culture. Si l'homme domine excessivement la nature extérieure, alors cela aboutit aux catastrophes écologiques que nous connaissons.
Voir la fiche sur la technique. Et si l'homme censure de manière excessive ses désirs naturels comme la sexualité par exemple, alors il risque de produire une explosion de violence. Au sens large, la raison c'est le principe explicatif.
Si je me demande pour quelle raison un volcan entre en éruption, j'attends une explication. Je peux donner une explication qui fait appel à l'imagination, en évoquant par exemple la colère d'un dieu de la montagne, alors on dira que cette raison n'est pas rationnelle. Mais la raison a un sens plus précis, qui s'oppose justement à l'imagination. C'est la rationalité.
C'est-à-dire qu'on fait appel à un raisonnement logique. Si le volcan entre en éruption, c'est parce que le magma remonte et exerce une pression sur la montagne. Mais la raison, c'est aussi ce qui s'oppose à d'autres parties de notre esprit. Nos désirs, par exemple.
Il peut y avoir un conflit entre mon désir d'aller au McDo et ma volonté de perdre du poids. La raison s'oppose ici à un désir. On dira alors de quelqu'un qu'il est raisonnable s'il ne succombe pas à tous ses désirs.
Avons-nous raison d'accorder autant d'importance à notre rationalité ? Au XVIIIe siècle, il y a eu un mouvement intellectuel qu'on a appelé les Lumières. C'est un mouvement qui a combattu l'irrationalité et l'obscurantisme.
Le philosophe Kant va écrire un ouvrage dans lequel il défend ce courant en montrant que l'homme des Lumières est celui qui parvient à sortir de l'enfance, s'apérer à ouder, ose penser par toi-même. Kant constate que les gens autour de lui, par paresse ou par lâcheté, ont rarement ce courage. Ils préfèrent se soumettre à des autorités intellectuelles, morales ou religieuses, qui pensent à leur place.
Par contre, Lorsqu'on a le courage de suivre sa raison, c'est là qu'on devient vraiment libre. Il faut entendre la raison ici dans les deux sens que nous avons évoqués. La rationalité logique, mais aussi la raison morale qui nous éloigne de nos affects et de nos pulsions.
Pour être libre, il faut être à la fois rationnel et raisonnable. Une question se pose à présent. Certes, il faut suivre la raison pour être libre, mais la raison est-elle infaillible ? Ne rencontre-t-elle pas certaines limites ? Certains philosophes ont eu tellement confiance en leurs raisons qu'ils ont envisagé la possibilité de démontrer l'existence de Dieu par un raisonnement.
Descartes pensait pouvoir le démontrer. Voici son raisonnement qu'on appelle l'argument ontologique. J'ai l'idée de Dieu en tête, et Dieu est un être parfait, or un être parfait qui n'existe pas ne serait pas parfait. Donc Dieu existe nécessairement. Kant n'est pas d'accord.
Il va montrer que c'est un sophisme, c'est-à-dire une arnaque. Aucun raisonnement logique ne peut démontrer l'existence d'une chose. Pour savoir qu'une chose existe, il faut en faire l'expérience avec mes cinq sens. Et comme je ne pourrai jamais faire l'expérience de Dieu avec mes cinq sens, par définition, je ne pourrai jamais démontrer son existence.
C'est la raison pour laquelle, selon Kant, la métaphysique, cette discipline qui parle de Dieu, la cause de toutes les causes, ne pourra jamais rien démontrer, puisque lorsque la raison se détache de l'expérience, elle est condamnée à produire des êtres imaginaires. Lorsqu'on réfléchit sur Dieu, on aboutit à des contradictions que Kant appelle des antinomies. Si je m'interroge sur la cause de l'univers, on arrive au Big Bang, mais qui a causé le Big Bang ? Il faut bien un Dieu qui soit la cause de toutes les causes.
Mais si Dieu est la cause de toutes les causes, qui a créé Dieu ? On voit bien ici que la raison est en échec, car on essaye de réfléchir au-delà de notre expérience. On touche ici les limites de la raison.
Le concept de science a beaucoup évolué au fil du temps. Dans l'Antiquité, la science est un savoir démonstratif qui se distingue d'une simple opinion, d'une doxa en grec. L'opinion, c'est quand on dit moi je pense que sans aucun argument. Tout ce que vous devez pas faire dans votre disserte. Mais en général, lorsqu'on vous interroge sur la science dans une disserte, c'est dans un sens beaucoup plus restreint.
La science moderne. Pour un grec de l'Antiquité comme Aristote, par exemple, la science consiste surtout à faire des raisonnements. Et si par un raisonnement logique il en conclut qu'il existe un Dieu, une cause première de l'univers, alors pour lui c'est de la science. La science moderne, au contraire, est focalisée sur l'expérience. Il ne suffit pas de faire des déductions logiques, mais encore faut-il pouvoir faire des expériences.
Et nous avons vu dans la fiche précédente que nous n'avons aucune expérience de Dieu. A partir de Galilée au XVIIe siècle, non seulement l'expérimentation devient systématique, mais elle est couplée avec la technique. C'est ce qu'on appelle les technosciences.
Un exemple célèbre est la lunette astronomique de Galilée, qui lui permet de démontrer l'héliocentrisme. Contrairement aux apparences, nous dit Galilée, c'est la Terre qui tourne autour du Soleil. Mais ce qui est fondamental dans la science moderne, c'est également la mathématisation de la réalité. Ce qui compte, ce n'est pas tant la gravitation en elle-même, mais l'équation qui va permettre de la mesurer.
Donc en résumé, on a trois choses qui font exploser le progrès scientifique en Europe. L'expérience, le couplage science et technique et enfin la mathématisation du réel. Ce progrès va nous permettre non seulement de mieux comprendre le monde qui nous entoure, mais également nous améliorer la vie grâce à la technologie. La question est maintenant de savoir si les technosciences représentent un danger pour l'humanité. Dans un premier temps, on peut dire que la science moderne est neutre.
C'est un moyen qui peut servir pour le meilleur comme pour le pire. Un remède contre le cancer ou une bombe atomique. Tout dépend de la finalité recherchée.
C'est la distinction entre le moyen et la fin. Mais Heidegger dira au contraire que les technosciences ne sont pas neutres. Elles ont tendance à produire une nouvelle vision du monde. La science moderne nous permettrait finalement, comme le dit Descartes, de devenir...
maître et possesseur de la nature. Une fois qu'on a réduit la nature à quelques équations, c'est facile de la transformer, de l'exploiter, et même parfois de la détruire. L'agriculture moderne se distingue de l'élevage traditionnel, au sens où les animaux sont perçus comme de purs produits de consommation. On a tous vu ces images de millions de poussins broyés vivants, ou ces vaches qui ne verront jamais un pâturage.
Un monde dominé par les technosciences modernes est un monde qui risquerait de se transformer en une immense usine de production de marchandises et de déchets. C'est la raison pour laquelle Heidegger insiste sur le rôle de l'artiste, qui nous réapprend à contempler la nature pour ce qu'elle est. Lorsque Van Gogh peint le champ de Blé au Corbeau, il n'y voit pas un stock de ressources alimentaires. Il restitue plutôt la poésie que ce paysage lui inspire.
L'artiste nous donne alors à voir une autre vérité que celle des technosciences. Cette vérité se dit en grec alétheia c'est un dévoilement. Là où l'homme moderne est obnubilé par la transformation de la nature et sa décomposition, L'artiste nous la donne à contempler, il la dévoile.
La première définition de la vérité, c'est la vérité cohérence, ou la vérité formelle. Un discours est vrai s'il ne se contredit pas, s'il est cohérent. C'est le cas des vérités logiques et mathématiques. Mais cette définition ne suffit pas, car c'est pas parce qu'un discours est cohérent qu'il correspond à la réalité.
Je peux parfaitement faire des raisonnements mathématiques sur l'infini, ces raisonnements sont cohérents, mais est-ce que ça veut dire que l'infini existe ? On n'en sait rien, puisque par définition on ne peut pas en faire l'expérience. Donc il faut une autre définition de la vérité. C'est ce qu'on appelle la vérité adéquation.
Un énoncé est vrai s'il correspond à la réalité. Si je dis qu'il y a actuellement une caméra en face de moi, c'est vrai, car mon énoncé correspond au réel. Mais il y a également une troisième définition que nous utilisons en science, c'est la vérité évidence. Je vous donne un exemple.
Pour démontrer un théorème en maths, on s'appuie sur un autre théorème qui s'appuie lui-même sur un autre théorème, etc. Mais il faut bien s'arrêter un jour et on s'arrête lorsqu'on remonte à des principes extrêmement simples qu'on appelle des axiomes. On ne peut pas les démontrer, ils sont évidents. Le premier à avoir tenté de formuler ces axiomes, c'est Euclide en Grèce antique. Il dira par exemple qu'il existe toujours une droite qui passe par deux points du plan.
C'est une vérité évidence, ça ne se démontre pas. La science est une combinaison de ces trois formes de vérité. Si on ne garde que les vérités évidences ou les vérités cohérentes, on ne risque pas d'aller très loin dans notre connaissance du monde.
On se contentera de faire des maths, et avec les maths seules, on ne peut pas découvrir des vérités sur la physique par exemple, ou la biologie. Prenons un exemple. Quand Galilée découvre l'héliocentrisme, ce n'est pas seulement en faisant un raisonnement logique, il a fallu aussi faire des observations grâce à un instrument technique, la lunette astronomique.
Il reste une dernière question à nous poser. La science prétend accéder à une vérité sur le monde, mais pourtant il lui arrive de se tromper. Comment distinguer dès lors les sciences des pseudosciences ?
Une pseudoscience, c'est une discipline qui prétend être scientifique, alors qu'elle ne l'est pas, comme l'astrologie par exemple. Le philosophe Karl Popper nous explique que le discours scientifique se remarque par son courage, car il s'expose à une réfutation. Quand la science nous dit qu'il y aura une éclipse demain, c'est réfutable. Si jamais il n'y a pas d'éclipse, je peux affirmer qu'elle s'est trompée, et il faudra revoir les calculs. En revanche, quand votre astrologue vous dit que la semaine prochaine vous aurez une belle opportunité, il ne s'expose à aucun risque.
Aucune réfutation possible, car il pourra toujours dire que cette opportunité a eu lieu, mais vous n'avez pas su la saisir. Pareil pour la religion. Il est écrit dans la Bible qu'un déluge a eu lieu il y a plus de 4000 ans. Pourtant, d'un point de vue scientifique, nous n'en avons aucune trace.
Un croyant au texte biblique n'acceptera jamais d'être réfuté. Il trouvera toujours des réponses en vous disant, par exemple, que Dieu peut faire un miracle, de sorte que ça laisse aucune trace. Seule la science accepte d'être réfutée quand elle se trompe. Et c'est pour ça qu'elle progresse vers la vérité, contrairement aux pseudosciences et à la religion. On appelle cette idée de Popper la réfutabilité ou la falsifiabilité.
Saint Augustin disait Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne m'interroge, je le sais. Si je veux répondre à cette demande, je l'ignore.
Essayez un peu de définir le temps sans utiliser le mot temps C'est impossible. Mais il y a une autre question assez angoissante. Si le passé n'existe plus, que le futur n'existe pas encore, qu'est-ce qui existe vraiment ? Le présent ? Peut-être faudrait-il alors vivre seulement au présent, sans se soucier du passé ou du futur.
Car celui qui reste prisonnier du passé ne peut pas être heureux, il est rongé par les remords. ou par la nostalgie. Et celui qui est angoissé par l'avenir ne parviendra jamais à prendre du plaisir dans ce qu'il fait.
Le philosophe Marc Aurel propose une solution. Il faut vivre l'instant présent et ne jamais se laisser déborder par le passé et le futur. Le présent est en effet la seule chose dont on peut être privé, puisque c'est la seule qu'on possède et que l'on ne perd pas ce que l'on n'a pas. Marc Aurel.
La seule chose que nous possédons, c'est l'instant présent. Et c'est la raison pour laquelle je ne dois pas craindre la mort, puisque le futur ne m'attaque pas, il n'existe pas tout simplement. Et la crainte de perdre mon passé est tout aussi vide de sens, puisque je ne le possède pas.
La seule chose que je possède... c'est cet instant où je suis en train de vous parler de philosophie. Quand vous êtes angoissé ou plein de regrets, pensez à ça, c'est un remède assez génial. Mais n'est-ce pas renoncer à notre humanité finalement ?
Le propre de l'homme n'est-il pas justement de se laisser déborder par le passé et le futur ? Ne faut-il pas être un animal pour vivre seulement l'instant présent ? Alors certes, l'animal a l'air heureux, il n'est pas angoissé par la mort, puisqu'il vit dans l'instant présent. Il n'y a pas de projet à très long terme.
Il se contente de satisfaire ses besoins présents. Mais l'homme n'est pas un animal justement. Et c'est aussi ce qui fait sa force et son intelligence.
Jean-Paul Sartre en fera même la définition de l'être humain. La liberté pour Sartre, c'est précisément notre capacité à nous projeter dans le futur. Prenons un exemple.
La fourmi ouvrière n'a pas de projet. Elle réalise son essence de fourmi ouvrière. L'essence, c'est ce qui définit une chose, c'est ce qui fait sa fonction, si vous voulez.
Mais l'être humain, nous dit Sartre, n'a pas d'essence déterminée. C'est à lui de s'inventer une fonction dans l'existence. Il peut s'inventer ouvrier, soldat, professeur ou astronaute. Rien n'est déterminé.
Sartre dira que pour l'humain, l'existence précède l'essence. Il faut comprendre ici que l'être humain est d'abord jeté dans l'existence, et ensuite il va s'inventer librement une fonction. Celle-ci ne lui est pas attribuée dès la naissance.
Du coup, l'être humain n'a pas d'identité déterminée. Prenons un exemple. Si je me définis seulement au présent, bah je suis prof de philo.
Mais est-ce que c'est vraiment mon identité ? Si je reste figé dans le présent, c'est mon identité. Mais justement, l'être humain est toujours en projet.
Et si ça se trouve en même temps que j'enseigne la philo, j'ai le projet secret de partir apprendre le yoga en Inde. Donc vous voyez que le fait de pouvoir me projeter dans quelque chose que je ne suis pas me rend libre de toute identité déterminée. Exister vient du mot existere en latin, qui signifie se tenir en dehors de soi-même L'être humain n'est jamais figé dans une identité au présent, car il se projette dans quelque chose qu'il n'est pas, dans un futur imaginaire. Et c'est précisément ce qui fait sa liberté.