Bonjour, voici une petite vidéo pour vous aider à préparer votre oral de français du baccalauréat. Le poème que nous allons étudier aujourd'hui s'intitule Marie, c'est un extrait d'alcool de Guillaume Apollinaire, une des œuvres qui est au programme dans le cadre de l'objet d'études poésie. Pour pouvoir suivre cette étude linéaire, il faut que vous ayez le texte sous les yeux et que vous l'ayez lu auparavant. La vie des poètes nourrit souvent leur création.
Guillaume Apollinaire, dans son recueil Alcool, une des œuvres qui pose les bases du surréalisme, puise dans sa vie et ses amours pour composer ses poèmes, qui dépassent pourtant le simple cadre autobiographique. Marie nous plonge dans un univers à la fois familier et fantaisiste, nourri de références poétiques. Apollinaire y évoque une fois encore la déception amoureuse, qui est un des fils conducteurs du recueil, et nous propose une réflexion sur l'amour et la fuite du temps. La première strophe présente la destinataire de tout le poème, Marie, dont le nom forme le titre du poème.
Ce nom apparaît également à la dernière place de la première strophe. Marie, c'est un nom assez... vague qui peut être en relation avec la biographie de Guillaume Apollinaire mais qui peut également être une référence littéraire à Ronsard par exemple ou une r éférence spirituelle.
C'est un nom commun, très fréquent qui peut permettre de placer derrière le personnage de Marie n'importe quelle femme. Le poète s'inscrit lui-même dans son poème qui est à la première personne du singulier. Il s'adresse directement à sa destinataire. « Vous y danciez, petite fille, y danserez-vous, grand-mère ? » Il vous voit, Marie, ce qui indique une absence d'intimité réelle entre eux, étant donné que dans d'autres poèmes, il tutoie les femmes qu'il a aimées.
Le cadre spatio-temporel est plutôt flou. On ne sait pas exactement où cela se passe. On peut avoir une indication dans la première strophe avec la danse, la maclotte, qui est une danse du nord de la France. Cela évoque à la fois le milieu populaire et l'environnement des marins, donc plutôt une fête de village.
L'idée de fête de village, de gaieté populaire, est soutenue aussi par l'hyperbole « Toutes les cloches sonneront » qui montre que les gens sont en train de se faire enlever. montre que le monde résonne au son de cette fête, au son de cette musique. La danse est très présente. Vous y dansez, petite fille, y danserez-vous, grand-mère ?
La danse est un topos chez Apollinaire, c'est un leitmotiv dans son œuvre. On la retrouve dans un très grand nombre de poèmes et cela permet d'associer la musique, le corps, la gaieté populaire, le divertissement et le monde de l'art. Il y a de forts liens entre la création poétique et la danse. en raison de cette dimension esthétique et amoureuse.
On ne connaît pas l'âge de cette jeune fille, mais les deux premiers vers nous permettent d'imaginer qu'elle est à un âge intermédiaire, qu'elle est plutôt une jeune fille. Vous identiez petite fille, identierez-vous mère grand. Le terme mère grand renvoie à l'idée que la femme est une femme, l'univers du conte.
On peut penser au Petit Chaperon Rouge. Ce conte fait glisser le poème du côté de la fantaisie plutôt que du réalisme et on voit qu'Apollinaire, à son habitude, va mêler le quotidien et un univers fait à la fois de références culturelles et de fantaisie. Le dernier vers de l'astrophe pose une question. Apollinaire a supprimé la ponctuation dans l'intégralité de son recueil, mais la forme de la syntaxe permet d'identifier la question. Quand donc reviendrez-vous ?
Ce qui apparaît ici, c'est l'angoisse du poète face à l'absence de la femme qu'il aime, l'angoisse de la séparation, et cela donne à l'astrophe une tonalité élégiaque. L'astrophe suivante. à une tonalité verlénienne.
Les masques sont silencieux et la musique est si lointaine qu'elle semble venir des cieux. La musique s'estompe et fait place au silence. Et on retrouve ici les thèmes que Verlaine avait développés dans Claire de Lune, un des poèmes des Fêtes Galantes. Là encore, Apollinaire mêle son imaginaire poétique fait de lecture, de culture et le quotidien qu'il est en train d'évoquer.
Oui, je veux vous aimer, mais vous aimer à peine. Le thème de l'amour est introduit ici de façon explicite à travers la répétition du verbe aimer. Et la littération en M associe l'amour, la souffrance et le plaisir. Cette association qui peut paraître étonnante est...
Pourtant, elle aussi traditionnelle, on la retrouve par exemple de façon extrêmement présente dans la poésie romantique. Par exemple, chez Musset, les plus désespérés sont les chants les plus beaux. L'amour est ici associé à la volonté.
Oui, je veux vous aimer. Alors que d'ordinaire, l'amour est associé à la passion, donc à quelque chose que l'on subit. Le poète est dans l'acceptation. Il introduit ici sa volonté. et il décide d'accepter cet amour même s'il doit en souffrir.
Mais vous aimez à peine. Le à peine est ambigu, il a un double sens. On peut le comprendre comme vous aimez un peu, et à ce moment-là c'est très verlénien. et ça renvoie à l'esthétique de l'atténuation, l'esthétique de la légèreté que l'on trouve chez ce poète, avec les masques silencieux, la musique qui est lointaine et que donc on entend assez peu.
Mais l'expression peut aussi signifier « en souffrant » . « Je veux vous aimer pour souffrir, je veux vous aimer avec douleur » . Et à ce moment-là, elle appelle le dernier vers de l'astrophe « Et mon mal est délicieux » , la diérèse qui...
allonge l'adjectif délicieux et qui impose une prononciation artificielle, pas du tout conforme à la prononciation courante, cette diérèse insiste sur cette association entre la douleur et le plaisir. Les brebis s'en vont dans la neige, flocons de laine et ceux d'argent des soldats passent. La troisième strophe introduit une rupture. Le cadre spatio-temporel change, les phrases s'allongent. Dans les premiers quintiles, puisque le poème est un poème avec une structure versifiée, les premiers quintiles présentaient des vers-phrases.
Chaque vers constituait une phrase à lui seul. Le deuxième avait commencé à voir les phrases s'allonger et le troisième va s'appuyer sur un très grand nombre d'enjambements qui va séparer la structure syntaxique de la versification. Le rythme change et le cadre change également.
On n'est plus dans cette fête de village. Les personnages changent, sont introduits des brebis et des soldats. C'est quelque chose d'un petit peu étonnant.
On se rappelle qu'Apollinaire est un précurseur du surréalisme et qu'il affectionne ces images surprenantes. Les brebis vont faire naître l'image de l'agneau. C'est la version féminine de l'agneau avec la fécondité en plus. Elles sont associées ici à un réel... réseau métaphorique qui allie la neige et la laine.
Le fil conducteur de ce réseau métaphorique, c'est la blancheur qui connote traditionnellement la pureté. On voit qu'il s'agit ici d'un amour qui n'est pas un amour érotisé mais que le poète présente comme un amour un peu éthéré, un amour très pur. Ces métaphores ne sont pas évidentes, elles sont très synthétiques et la première métaphore, celle des brebis, va appeler le... l'image des soldats.
On voit ici une antithèse entre les brebis et les soldats. Les brebis, si on reprend l'image de l'agneau, appelant l'idée de paix, d'innocence, alors que les soldats sont du côté de la violence et de la guerre. Donc cette image des soldats est associée à celle des brebis par le thème de la blancheur. Cette blancheur, on la retrouve dans le mot argent.
L'argent, au sens premier du terme, peut renvoyer au métal et à la couleur grise des... décoration des uniformes des soldats, mais en héraldique, et on sait qu'Apollinaire est un poète érudit qui aime jouer avec les éléments culturels, en héraldique, l'argent renvoie à la couleur blanche. Donc on retrouve ce fil conducteur de la blancheur. « S'en vont et passent » indique un mouvement. Ce mouvement introduit le thème qui va être le thème de la fin du poème, le thème du temps qui passe et donc de cette fuite du temps qui n'apaise pas la souffrance amoureuse.
C'est aussi le thème du départ qui est introduit, départ que suggérait déjà la fin de la première strophe, « Quand donc reviendrez-vous Marie ? » « Et que n'ai-je un cœur à moi, ce cœur changeant, changeant, et puis encore que sais-je ? » La fin de la strophe est très disloquée, elle introduit un certain nombre de questions, et Apollinaire évoque ici de façon extrêmement délicate le mal d'amour. Cette dislocation de la syntaxe, les répétitions, La dislocation de la syntaxe et les répétitions peuvent mimer le trouble intérieur du poète, le trouble intérieur de l'homme amoureux qui souffre de cet amour sans retour.
« Sais-je où s'en iront tes cheveux ? » La quatrième strophe est baudelairienne dans sa tonalité et s'appuie sur une reprise d'un poème très célèbre de Baudelaire, « La chevelure » . C'est ce poème qui suggère à Apollinaire la métaphore alliant les cheveux à la mère et à un troupeau de moutons. Tes cheveux crépus comme mère qui moutonne.
On peut donc imaginer que cet élément matériel, descriptif, l'adjectif crépu, qui permettait d'établir un semblant de portrait de Marie, de cette femme qui est au cœur de tout le poème, mais que cet adjectif n'est pas réaliste. mais est un simple jeu littéraire, une simple référence littéraire qui permet de tisser des liens avec l'univers baudelairien. La métonymie, sais-je où s'en iront tes cheveux, dit le départ de la femme, l'absence de la femme, et fait comprendre les raisons de cette souffrance amoureuse et introduit aussi du pathétique dans ce poème mélancolique. Une nouvelle image.
est ajoutée ensuite. « Et tes mains, feuilles de l'automne, que jonchent aussi nos aveux. » Cette image est tout à fait surprenante, celle qui associe les mains à des feuilles d'arbres tombées à l'automne, et c'est une image que Apollinaire reprend dans un autre poème intitulé tu les signes, mon automne éternel, ô ma saison mentale, les mains des amantes d'antan jonchent ton sol, une épouse me suit, c'est mon ombre fatale.
L'automne, c'est une saison mélancolique, c'est la saison romantique par excellence, la saison de la paix. perte, la saison qui s'oppose à l'amour par le refroidissement. On avait déjà la neige dans la strophe précédente et c'est une image très pathétique, très mélancolique que le poète propose ici au lecteur à travers cette évocation des mains feuilles de l'automne. Je passais au bord de la scène.
La dernière strophe du poème introduit un nouveau cadre. Le retour à Paris s'effectue. Les bords de Seine peuvent être identifiés comme des quais parisiens par l'accessoire qu'est le livre ancien que le personnage, le jeu du poème, porte sous son bras. On sait qu'Apollinaire aimait particulièrement fréquenter les bouquinistes des bords de Seine.
Et cette dernière strophe peut être mise en relation avec le pont Mirabeau. Apollinaire se citant ici lui-même après avoir évoqué évoqué Verlaine et avoir évoqué Baudelaire, il s'introduit lui-même comme référent et, à travers le premier rabot, apporte une réponse aux questions qu'il pose, quand donc finira la semaine, et à la question qu'il avait posée à la fin de l'astrophe 1, quand donc reviendrez-vous, Marie ? Eh bien, ces deux questions trouvent leur réponse dans le refrain. du pont Mirambeau, passent les jours, passent les semaines, ni temps passé, ni les amours reviennent. Marie ne reviendra donc pas, la semaine ne finit pas, puisque le temps, le fleuve est pareil à ma peine, il s'écoule et ne tarit pas, le temps, comme la douleur, son compagnie, paré à cette eau qui s'écoule sans cesse.
Et dans cette strophe extrêmement mélancolique, Apollinaire reprend un topos qu'on peut trouver dans le lac de la Maritime, ce topos métaphorique associant l'eau au temps qui passe et à l'amour qui s'enfuit et que l'on perd. Donc ici, le poète s'appuie à la fois sur un réseau réaliste, peut-être un événement, une anecdote de sa propre vie, mais il... il l'enrichit d'éléments culturels qui font de cette aventure une petite capsule poétique dans laquelle on retrouve un certain nombre de lieux communs poétiques autour de la fuite du temps et de la souffrance amoureuse.
Apollinia nous propose donc ici une réflexion mélancolique sur la souffrance d'amour, sur le mal d'amour qui blesse le cœur des poètes. Et Louis Aragon fera la même chose de façon plus générale dans son poème. pas d'amour heureux, joliment chanté par Brassens et repris par de nombreux chanteurs en développant ce thème de l'amour malheureux qui enrichit tout en le blessant le cœur du poète et lui permet de créer Donc voilà quelques indications vous permettant d'analyser ce texte.
Vous voyez là, j'ai fait un petit peu plus long parce que je ne peux pas m'empêcher d'être un professeur et donc parfois de vouloir expliquer ce que je dis, ce que l'on ne vous demande pas le jour de l'oral. pouvez affirmer du moment que vous démontrez vos affirmations. Vous n'avez pas besoin de les expliquer à votre examinateur.
Moi, j'ai un petit mauvaise habitude d'enseignante, donc je ne peux pas m'empêcher d'ajouter des petits commentaires. Voilà à peu près la forme que peut prendre une étude linéaire. Donc vous voyez, vous suivez le fil du texte.
Dans le même temps, vous pouvez faire des parallèles et des allusions à la construction d'ensemble du poème. Et vous devez aussi, comme c'est un poème que vous étudiez au sein d'une œuvre intégrale, œuvre intégrale qui est au programme, vous devez aussi faire des liens autant que vous pouvez avec le reste de l'œuvre. Voilà, j'espère que ça vous est utile, que ça vous aide à réviser. Merci et...
Et je vous dis à bientôt pour une nouvelle vidéo.