Aujourd'hui, lumière sur Manon Lescaut, un roman de l'abbé Prévost au programme du bac de français. Alors dans cette vidéo, je vais t'expliquer tout ce que tu dois retenir de cette oeuvre pour le bac. Ses thèmes clés, les caractéristiques de l'écriture de l'abbé Prévost et bien sûr, ce que signifie le parcours, personnages en marge, plaisir du romanesque.
Histoire du chevalier d'Aigrieux et de Manon Lescaut est en réalité le septième tome d'une œuvre romanesque plus large intitulée Mémoire et aventure d'un homme de qualité Son auteur, c'est Antoine-François Prévost, dit l'abbé Prévost. Et ce roman a été publié en 1731. Il est très difficile de classer Manon Lescaut dans un mouvement littéraire unique. C'est une œuvre qui est influencée par le classicisme du XVIIe siècle.
Ce qui est classique dans ce roman, c'est la vision pessimiste que l'abbé Prévost nous donne de la passion amoureuse. Mais c'est aussi un roman qui explore les sentiments et qui préfigure à cet égard les héros romantiques du XIXe siècle. Et nous allons étudier cette œuvre selon le parcours Personnages en marge, plaisir du romanesque.
On va détailler tout ça, mais sache que tu peux retrouver le contenu de cette vidéo par écrit de façon plus approfondie dans mon livre Réussis ton bac de français aux éditions Hachette. Il y a une version de ce livre pour la série générale et une version pour les séries technologiques. Tu trouveras également sur commentairecomposé.fr de nombreuses analyses linéaires pour l'oral issues de ce roman. Alors comment résumer Manon Lescaut ? Le chevalier dégrilleux narre au marquis de Renoncourt le récit de sa passion amoureuse pour Manon Lescaut.
Il raconte qu'à 17 ans, il s'éprend de Manon, une jeune femme qui était destinée par ses parents au couvent. Il devient son amant et fuit la maison familiale. Mais rapidement, Manon le trompe, lui causant une déception immense. C'est alors qu'intervient le père de Dégrieux, qui fait enlever son fils pour le soustraire à l'influence néfaste de Manon.
Le chevalier reprend ainsi des études brillantes et devient l'abbé Dégrieux. Néanmoins, il succombe à nouveau au charme de Manon venu lui rendre visite et part s'installer avec elle à Paris. Là, les péripéties s'enchaînent à un rythme effréné.
Le frère de Manon, un brigand, vient s'installer avec eux et convainc Manon de jouer de ses charmes pour obtenir de l'argent. Il pousse aussi le chevalier des grilleux au jeu, à la tricherie et au vol. Pris en flagrant délit, les deux amants sont emprisonnés mais parviennent à se libérer, tuant un garde au passage.
Les deux jeunes gens s'installent à Chaillot, mais Manon continue d'être attirée par l'argent et le luxe. Et elle conduit des grilleux à manigancer un plan avec elle pour tirer profit de riches prétendants qui tentent de la séduire. Leur plan échoue et ils sont arrêtés.
Manon est déportée en Louisiane, ce qui se faisait à l'époque notamment pour les prostituées. Le chevalier des Grilleux, rond avec son père, suit Manon en Amérique, se bat en duel contre le fils du gouverneur qui veut épouser Manon et fuit avec elle la Nouvelle-Orléans. Mais la jeune femme meurt d'épuisement dans le désert.
Dégrius est inconsolable. Il est rejoint par son ami Tiberge et retourne en France où il apprend la mort de son père. Quels sont les thèmes importants dans ce roman ?
Bien évidemment, la passion amoureuse. La passion amoureuse, c'est vraiment la force qui domine le chevalier Dégrius durant tout le roman. Mais l'amour dans ce roman est ambivalent, il est double. D'un côté, il est assimilé au bonheur, comme en témoigne le champ lexical de la tendresse, omniprésent dans le récit. Mais l'amour est aussi placé sous le signe de la destruction et de la tragédie.
L'amour agit en effet comme une fatalité, un destin funeste, dont Dégrieux ne parvient pas à se défaire. Ainsi, tu peux remarquer qu'à chaque fois qu'un événement le sépare de Manon, par exemple les différentes tromperies de Manon avec des amants différents, ou la prison, le désir finit toujours par les unir de nouveau. Ce que nous montre aussi l'abbé Prévost, c'est que la passion est dangereuse, car elle est pourvoyeuse d'illusions. Des grilleux aiment, c'est certain, mais son amour l'aveugle.
Il ne voit plus le libertinage, l'immoralité de Manon. Par exemple, quand Manon lui écrit dans une lettre qu'elle est partie jouer de ses charmes pour gagner de l'argent, donc tout bonnement qu'elle part se prostituer, eh bien dégrieux et dévasté. Mais il écrit au sujet de ses sentiments. Il est certain qu'il devait y entrer de la douleur, du dépit, de la jalousie et de la honte. Heureux s'il n'y fut pas entré encore plus d'amour.
On voit bien ici que l'amour, la passion est mêlée à la souffrance. Elle en est indissociable. Autre thème clé, le tiraillement de l'âme humaine.
L'A.B. Prévost analyse dans ce roman les paradoxes de l'âme humaine. Dégrieux est en effet un homme tiraillé.
Il est tiraillé entre l'idéal religieux et moral et l'attraction vers le plaisir. Évidemment, on retrouve ce même déchirement dans la vie de l'abbé Prévost qui est tiraillé entre la quête de vérité et de sincérité, c'était un abbé, et la soif d'aventure et de plaisir. Ce tiraillement intérieur propre à tous les hommes est également symbolisé par les personnages de Dégriyeux et Tiberge, qui, nous allons le voir, est une sorte de double vertueux de Dégriyeux.
Ainsi, Tiberge incarne la vertu, tandis que Dégriyeux symbolise l'attrait pour la luxure. À eux deux, ils symbolisent ce déchirement intérieur propre à l'homme, propre à chacun. Autre thème clé, le libertinage. Ce roman met en scène le libertinage des mœurs et la corruption qui règne en France au début du XVIIIe siècle. Manon, c'est la femme fatale qui incarne le libertinage.
La jeune femme se plaît à élaborer des stratégies de tromperie pour dépouiller ses soupirants. Elle n'est d'ailleurs pas touchée par les vertus de la religion. Contrairement à Dégrieux qui tout au long du roman est tiraillé entre vice et vertu.
Finalement Dégrieux est entraîné par Manon. Il ne cherche qu'à satisfaire ses plaisirs matériels, son goût pour l'opéra, pour les divertissements, sa recherche du confort. Autre clé de lecture, celle du bonheur. La question du bonheur, c'est une question qui va devenir centrale dans les écrits du XVIIIe siècle et qui est déjà présente dans Manon Lescaut. Ce qui est certain, c'est que le bonheur est impossible à Paris, où la menace et la corruption règnent constamment.
Paris incarne le lieu de la tromperie et du libertinage. Le bonheur semble en revanche accessible dans le nouveau monde, l'Amérique, qui offre la promesse d'une vie simple, d'une vie purifiée des tentations libertines. C'est ainsi que Dégrieux relate L'innocence de nos occupations et la tranquillité où nous étions continuellement servirent à nous faire rappeler insensiblement des idées de religion.
À la fin du roman, Même Manon se laisse gagner par la conception chrétienne du bonheur, comme le suggère sa joie face à la perspective du mariage. Enfin, il convient de dire quelques mots sur l'amitié, qui n'est peut-être pas le thème central, mais qui est un thème important car il revient régulièrement dans le roman à travers la figure de Tiberge. Tiberge, c'est l'ami fidèle du chevalier des Grieux. Alors on peut même dire que son amitié est héroïque tant elle résiste aux très nombreuses déceptions occasionnées par les déviances et les mensonges de son ami.
Finalement, on peut voir Tiberge comme un miroir de dégrieux, un double vertueux et chrétien. Il est celui qui lui montre la voie morale. Il lui sert en quelque sorte de boussole dans ce roman. Et ce n'est donc pas un hasard si c'est lui qui vient le retrouver en Amérique pour le ramener en France. Penchons-nous maintenant sur les caractéristiques de l'écriture de l'abbé Prévost.
Le succès immense de ce roman tient en partie au mélange des genres et des tonalités. C'est un roman très riche et finalement assez difficile à définir. Déjà c'est un roman mémoire. Alors qu'est-ce que ça veut dire ?
Eh bien c'est un roman, c'est-à-dire un récit fictif, mais il est présenté sous forme de mémoire, comme s'il s'agissait des mémoires d'une personne réelle. L'abbé Prévost emprunte ensuite aux techniques du roman d'aventure. On trouve dans ce roman des fugues, des tromperies, des vols, des meurtres, des incarcérations, des évasions.
C'est un roman plein de péripéties, placé sous le signe du rebondissement et du coup de théâtre. Malgré tout ça, le lyrisme demeure le registre dominant. C'est un roman d'amour, le chevalier des grilleux évoque son désir Fou pour Manon !
Son esprit, son cœur, sa douceur et sa beauté formaient une chaîne si forte et si charmante que j'aurais mis tout mon bonheur à n'en sortir jamais. Mais il ne faut pas oublier non plus la visée morale de ce roman. L'auteur affiche dès le départ la dimension morale de son roman qui met en garde contre les passions. C'est un roman qui est là pour instruire le lecteur en le divertissant.
Donc tu vois, c'est finalement un roman très riche, inclassable, qui emprunte à de nombreux genres, ce qui peut expliquer en partie son succès. Penchons-nous maintenant sur le parcours proposé au bac de français. Personnage, En marge, plaisir du romanesque. C'est un parcours dont l'intitulé peut sembler un peu complexe, donc on va essayer de comprendre ce qu'il peut signifier.
Alors déjà, pourquoi peut-on parler de personnages en marge ? Eh bien tout simplement parce que dans ce roman, l'abbé Prévost ne s'intéresse pas à des figures héroïques, comme on peut s'y attendre traditionnellement, des héros aux actions sublimes, mais il s'intéresse à des personnages en marge, c'est-à-dire des personnages qui ne... correspondent pas à la norme, qui ne correspondent pas à ce que la société attend d'eux. Ce sont donc des personnages qui se retrouvent en marge de la société. Manon Lescaut tout d'abord, c'est une jeune fille en marge en raison de son libertinage et de son immoralité.
Son attrait pour le plaisir et le luxe l'empêche de se conformer. à la docilité et à la pudeur attendue d'une jeune fille à cette époque. Dégrieux maintenant !
Alors lui, c'est un chevalier. Il appartient donc à une lignée noble, héroïque, morale, chrétienne. Or, l'amour qu'il éprouve pour Manon va le marginaliser.
Au départ, cette marginalisation, Marginalité est intérieure. Dégrieux est incapable d'être un bon chrétien. Il ne peut lutter contre la tentation du péché et des plaisirs.
Puis cette marginalité devient sociale. Il passe d'un statut noble à celui d'un déclassé, désargenté et renié par son père. Maintenant, si on revient à l'intitulé du parcours, on se rend compte que la marginalité des deux héros amène un plaisir romanesque.
C'est le plaisir du lecteur qui est tenu en haleine par la descente aux enfers des personnages. Sans cesse, le suspense est relancé. Le lecteur s'interroge. Le noble dégrilleux va-t-il se laisser entraîner dans cette chute ?
Va-t-il se ressaisir ? Va-t-il renoncer à son amour pour Manon ? Le roman nous entraîne également vers un univers social marginal, notamment à travers le frère de Manon, un brigand qui vit de l'arsen et de tromperie. Or, cet univers suscite un plaisir romanesque, c'est celui de la curiosité du lecteur pour un milieu éloigné du sien et qui intrigue. Tu peux noter toutefois que cette marginalisation est suivie à la fin du roman d'une sorte de normalisation.
En effet, tu peux remarquer qu'une fois en Amérique, les deux personnages reviennent à une vie plus vertueuse, comme le suggère leur souhait de se marier. Paradoxalement, l'exil, l'éloignement géographique mène donc à un apaisement intérieur qui permet au personnage de se retrouver. J'espère que cette vidéo t'a plu.
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À bientôt !