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Le Jardin à la Française et Versailles

Tu fais quoi, Jamy, là ? Ben, je taille des arbustes, pour faire un petit jardin. Et ça, là, c'est toi qui l'as taillé ? Ah non, ça, on me l'a donné, c'est la poule. Moi, je fais les oeufs. Ah, d'accord. Enfin, bref, tu fais un jardin à la française. À la française. Eh ben, moi, j'en connais un beaucoup plus grand et beaucoup... plus beau et il est où ce jardin ? A Versailles ! Et faisons de ce jardin le nôtre ! Ça y est, Jamy, nous y sommes à Versailles, le Versailles du grand roi Louis XIV avec son célèbre château, bien sûr, mais aussi son parc immense. Et c'est dans ce parc que ce qu'on appelle le Jardin à la Française a connu son apôtre. En fait, on devrait parler de jardin baroque à la française, puisque ce type de jardin avec un dessin bien particulier est apparu à l'époque baroque, c'est-à-dire au XVIIe siècle. Évidemment, le plus beau des jardins à la française, c'est celui de Versailles. Il a été conçu en même temps que le château pour créer un ensemble à la fois grandiose et harmonieux à la gloire du roi soleil. Les jardins de Versailles sont immenses car il y a aussi toute la forêt où chassait Louis XIV. Mais la partie la plus connue correspond au petit parc au pied du château. Il n'a de petit que le nom, c'est en fait 94 hectares de jardins soigneusement travaillés. Tout ici est démesuré, plus de 300 statues, des milliers d'arbres et arbustes. Près de 10 millions de personnes visitent ce site tous les ans, mais il n'était que quelques milliers de privilégiés au XVIIe siècle. Alors si aujourd'hui Versailles est complètement noyée dans l'agglomération parisienne, dans la banlieue ouest de Paris précisément, au XVIIe siècle au contraire, cette commune était totalement isolée. Louis XIV choisit d'y faire construire son château car il souhaitait se tenir à l'écart de la ville. En effet, il gardait un très mauvais souvenir de la Fronde, une révolte du temps où il était enfant et où il vivait aux Tuileries, un épisode d'ailleurs dont il avait bien failli ne pas réchapper. Et puis il fallait à Louis XIV un immense château. pour accueillir la cour en permanence non par générosité mais pour la contrôler et déjouer les intrigues pour toutes ces raisons louis xiv choisi de faire construire son château à versailles sur un site qui pourtant croyez moi n'était guère accueillant en effet le château est construit à l'emplacement d'un ancien marécage qui à l'époque était plein de maladies et de moustiques en 1661 c'est une histoire de jalousie qui va pousser louis xiv à imaginer versailles Fouquet, surintendant des finances du roi, est un passionné d'art Il se fait construire un château magnifique, Volvicomte Il y invite Louis XIV et sa cour pour une fête majestueuse Mais le roi soupçonne Fouquet de piller les caisses du royaume Cette fête déclenche une colère royale Son Altesse découvre à Volvicomte un lieu à la pointe de l'art et de la technique Beaucoup plus beau que tous ses châteaux Il fait emprisonner Fouquet, c'est la fin de Volvicomte Et le début de Versailles Louis XIV est un des plus grands artistes de la période réquisitionne l'équipe engagée par Fouquet. Il veut un château digne du plus grand roi de la Terre. Un chantier gigantesque débute. Il durera 53 ans. Jusqu'à 36 000 hommes y travaillent, beaucoup y mourront. Pour se montrer maître des hommes et de la nature, le roi fera arraser des collines, assécher des marécages, transporter des milliers d'arbres et de fleurs. Le tout pour une somme évaluée à 1,2 milliard d'euros. Il métamorphose le petit château déjà présent. Parmi les illustres artistes, Artiste engagé, il y a André Lenautre, peintre et jardinier. Il a déjà travaillé sur de nombreux chantiers dont Vaulevicomte. Mais Versailles lui permet d'avoir un budget illimité à la hauteur de son imagination. Il est véritablement le créateur des jardins de Versailles. Seulement attention, André Le Nôtre n'est pas l'inventeur des jardins baroques à la française, mais c'est vrai qu'il a imposé un style qui ensuite s'est répandu dans toute l'Europe. Alors à l'origine, ce qui caractérise le jardin à la française, c'est la géométrie de son dessin. Avec des allées bien droites, de grandes perspectives et la rigueur des formes, avec par exemple des arbres parfaitement taillés. Ici on veut montrer que la nature est maîtrisée. Mais dis donc Jamy, on parle aussi de jardin à l'anglaise, mais c'est quoi la différence ? La mode est au jardin à la française ? D'abord, c'est une histoire d'époque. Au XVIIe siècle, la mode est au jardin à la française. Au XVIIIe siècle, la mode est au jardin à l'anglaise. Impossible de les confondre. Dans la forme, ces jardins sont des jardins de la mode. sont diamétralement opposés. Les jardins à l'anglaise sont caractérisés par l'utilisation de formes géométriques. Les parterres, les bassins, les bosquets dessinent des ronds, des carrés, des triangles disposés de façon symétrique de part et d'autre d'un axe central. Dans les jardins à l'anglaise, ces compositions ont totalement disparu et il n'y a pas de symétrie. Les jardiniers ont tout fait pour que le promeneur ait l'illusion que la nature a ét�� le seul maître d'œuvre. Et pourtant, tout a été coupé. conçus et dessinés par l'homme depuis la courbe du ruisseau jusqu'aux herbes folles qui n'ont de sauvage que leur apparence. Les jardins baroques à la française sont les héritiers directs des jardins italiens de la fin du XVIe siècle. Tous les grands seigneurs s'en font bâtir, comme ici, à Saint-Germain-en-Laye. Pendant près d'un siècle, les jardins à la française sont un signe de réussite et de puissance. Les créateurs de Versailles ont été influencés par le modèle italien, c'est vrai, mais aussi par les disciplines scientifiques. qui au XVIIe siècle prennent un essor considérable. Tout ce que l'on voit ici est une combinaison à la fois scientifique et artistique. Et à ce petit jeu-là, André le Nôtre a probablement été le plus habile. Venez avec moi, je vais vous en donner la preuve. Voici le spectacle que pouvait admirer le grand roi soleil depuis le balcon de la galerie des glaces. Regardez, c'est magnifique. Au premier plan, deux grands bassins qu'on appelle des miroirs d'eau entourés de statues. Chaque statue symbolisant ou bien un fleuve ou bien une rivière de France. Bref. Louis XIV avait son royaume à ses pieds. Et ce n'est pas tout. En face du roi, une perspective d'une dizaine de kilomètres de long semblant embrasser l'horizon avec le Grand Canal. Et regardez-le bien ce Grand Canal. Il est ponctué de trois bassins qui semblent semblent de dimensions identiques. Mais ça, c'est un effet d'optique. Eh oui, parce que vu d'en haut, le premier bassin est beaucoup plus petit que le deuxième, qui est plus petit que le troisième. Explique-nous, Jamy, s'il te plaît. Petite expérience. Lorsque vous êtes sur une route parfaitement rectiligne et que vous regardez l'horizon, eh bien, au loin, la route semble plus étroite qu'à l'endroit où vous vous trouvez. C'est une illusion d'optique, en effet. Lorsque l'on fixe l'horizon, eh bien, toutes les lignes convergent en un point. Voilà. Du coup, si à Versailles, les bassins avaient tous fait la même taille, comme ici, et bien à cause de la perspective, plus les bassins auraient été éloignés, plus ils auraient semblé petits. Parfaitement conscient de ce phénomène, le nôtre a donc dessiné des bassins de taille différente. Et grâce à la perspective, et bien ils semblent parfaitement identiques. Et ce n'est pas fini ! Approchez ! Vu d'ici... tout près du château. On a l'impression que le Grand Canal est tout proche, qu'il démarre au pied de la terrasse. Mais en allant encore plus près, venez, venez, approchez-vous, on découvre, surprise, une nouvelle terrasse dominée par le bassin de Latone. Ah bah ça alors, quelle farceur, c'est André le Nôtre quand même. Je dirais même mieux, un magicien, un illusionniste, car l'impression de proximité naît de la disposition des jardins en terrasse. En effet. lorsque le promeneur se trouve au centre de la terrasse supérieure, là où se trouvait Sabine il y a quelques instants. Eh bien, voyez-vous même, une partie des jardins n'entre pas dans son champ de vision. Le regard du promeneur bute contre l'extrémité de la terrasse. S'il en croit ses yeux, ce promeneur a l'impression d'être à deux pas du Grand Canal. Grossière erreur. Car en avançant un peu, eh bien, une nouvelle partie des jardins entre désormais dans son champ de vision. Ils découvrent des bosquets, des parcs. par terre qu'il ne soupçonnait pas. Au fait, vous savez ce que disait André le Nôtre ? L'œil crée la perspective, la marche la fait vivre. Enfin, Jamy, l'autre avantage des terrasses, c'est que vu depuis le fond du jardin, le château semble poser sur un piédestal. Il domine l'ensemble du paysage, comme il se doit pour la demeure d'un roi absolu. Les jeux d'optique sont omniprésents à Versailles. Pour les palissades bordant les allées, Le nôtre a calculé leur hauteur de façon à ce que les ombres accentuent les perspectives. Ce lien art et science est très important au XVIIe siècle. Descartes, qui a écrit un traité d'optique, est un ami de le nôtre. L'intervessance scientifique est en partie due au mécénat des dirigeants, comme Louis XIV, qui fonda l'Académie des sciences. Comme autres figures mythiques de ce siècle, il y a Galilée pour l'astronomie, ou Pascal en mathématiques. Sabine, t'es où ? Je suis là ! En haut de l'allée du roi ! Rejoignez-moi ! Et nous allons visiter les bosquets. En plus des très grandes perspectives et des terrasses en trompe-l'œil, l'autre spécialité de le nôtre, c'est la conception du bosquet. Alors regardez de l'extérieur, on ne voit rien d'autre qu'un alignement d'arbres et de haies. Mais à l'intérieur, il y a toujours une surprise. Allez, on y va ! Première surprise, le cœur du bosquet ! est toujours masqué ici par un dédale dallé d'un pass de recoins, un petit peu à la manière d'un labyrinthe. Ouh la lame, alors moi, comment je sors d'ici ? Essais sur la droite, là, sur la droite. Alors, tu la trouves cette surprise ? Sublime, la fontaine de la Girandole. Alors la cour venait ici prendre l'air, se reposer, mais aussi écouter, et bien par exemple, des... sables de la sigale ayant chanté tout l'été se trouva fort de courbure et oui chacun des 14 bosquet de louis xiv était conçu comme un théâtre de verdure allez venez on va en visiter un autre chaque bosquet avait sa particularité son ambiance comme les différentes pièces d'une maison ici par exemple c'est le bosquet de la salle de bâle la dernière création de le nôtre à versailles les musiciens regarder s'installer au dessus des cascades et les danseurs évoluaient sur une petite île située au centre de l'arène. Bref, vous le voyez, le nôtre adorait mélanger d'un côté la rigueur de la géométrie avec de l'autre la fantaisie des décorations. Un vrai metteur en scène ce jardinier ! Et pour sa majesté qui raffolait des fruits, les jardiniers ont aussi créé la plus grande orangerie du monde. Elle comptait environ 3000 arbres qui poussaient dans des caisses, ce qui permettait de les rentrer lors des grands froids pour les protéger. Les successeurs de Louis XIV... ont ajouté d'autres variétés à l'orangerie, des ananas, des kiwis ou encore des citronniers. Actuellement, il n'y a plus que 1300 arbres que les jardiniers doivent sortir et rentrer régulièrement. Aujourd'hui, on est une cinquantaine de jardiniers qui travaillent en fixe. Après, évidemment, on a des entreprises pour nous complémenter sur les travaux d'élagage, par exemple. Et à l'époque, on dit 2000 à 3000 jardiniers. Mais à l'époque, c'était un chantier perpétuel. Donc, ce n'était pas aujourd'hui comme nous, on a aujourd'hui à faire une mission d'entreprise. A l'époque, on construisait. Dans les années 90, deux tempêtes ont abattu de nombreux arbres, principalement les plus grands. Malgré les dégâts, cet élagage forcé a redonné au parc de Versailles une partie de son allure du XVIIe siècle. Car à cette époque, les arbres étaient beaucoup moins hauts. On en a profité pour déclencher une grande campagne de restauration. Le parti qui a été repris a été de dire, revenons à l'état XVIIe. Et pour ça, on a mis en œuvre un programme d'abattage qui a été mis en œuvre à la suite des... des tempêtes et de replantation de l'architecture végétale du parc dans les dispositions qu'avait conçues le nôtre. Donc une architecture végétale très géométrique, très taillée, très rigoureuse et qui dégage des perspectives très construites et très élaborées. Et pour tout reconstituer dans les règles de l'art, les restaurateurs ont fait une véritable enquête de détectives. Dans les archives, ils ont retrouvé certains plans des bosquets et des allées d'origine. Ça par exemple, ce sont des taupières. A partir de ces gravures, ils ont créé des gabarits pour tailler ces formes fantaisistes, typiques de le nôtre. Ils ont aussi pu vérifier qu'ils utilisaient les bonnes plantes, comme les ifs pour les taupières ou les lui pour les parterres de broderie. Mais Jamy, il sert à quoi ton Inde-Jardin ? Bah, il sert à faire joli pour un vieux château, c'est un imparfait. Ah mais attention Jamy, à Versailles, les statues n'ont pas qu'un rôle purement décoratif, elles ont un message à délivrer. Versailles... C'est avant tout un outil de propagande à la gloire du grand roi. Ben oui, regarde ici par exemple. Nous avons Apollon, dieu grec des arts et de la beauté. Il émerge de l'horizon sur un char tiré par les chevaux du soleil. En fait, nous avons ici le symbole de la course du soleil dans le ciel. Et le soleil c'est qui ? Ben c'est Louis XIV bien sûr. Ben oui. Ici, encore un personnage de la mythologie, Encelade, un géant en guerre contre les dieux, qui s'est retrouvé écrasé sous les rochers qu'il avait accumulés les uns sur les autres pour atteindre l'Olympe, le séjour des dieux. Une histoire qui nous rappelle celle du surintendant Fouquet, rappelez-vous, emprisonné pour avoir voulu rivaliser avec Louis XIV. Eh oui, amis aristocrates, le message est clair. Un autre avertissement se cache dans le bassin de l'Aton. L'Aton, en haut de la sculpture, est la mère d'Apollon. Elle fuit des paysans qui la maltraitent. Ces paysans, rebelles, sont punis par Zeus qui les transforme en grenouilles ou tortues. Sous-entendu, gare à ceux qui voudraient se révolter, comme ce fut le cas lors de la Fronde. Tous les membres de la cour doivent savoir décrypter ces messages cachés dans les statues. Ici, à la cour, il faut se faire bien voir du roi pour obtenir un soutien politique ou financier. Il faut briller en société. Tout un code de cour. conduite s'instaure, c'est ce qu'on appelle l'étiquette. Comme il veut maintenir la noblesse sous pression, le roi n'a de cesse d'affirmer son autorité. C'est pourquoi les jardins peuvent se lire de multiples façons, avec entre autres de nombreux rappels à l'ordre. Depuis trois siècles, ces symboles inspirent de nombreux visiteurs qui cherchent à percer les secrets de Versailles. Bon, cette fois, ça y est, je crois qu'on a fait le tour. Sabine, je crois que tu as oublié quelque chose. Ben non, quoi ? Tu vas voir. A voir quoi ? Regarde ! Ah les fontaines ! Mais oui les fontaines ! Versailles ne serait pas Versailles sans ces fontaines ! Louis XIV adorait organiser dans son parc de très grandes réceptions au cours desquelles toutes les fontaines donnaient en même temps. A l'époque, on en comptait plus de 2000 en activité, contre 700 seulement aujourd'hui. Mais le grand spectacle était plutôt rare. En général, il fallait faire des économies. Alimenter en eau tous les bassins de Versailles a toujours représenté une énorme difficulté. A l'époque déjà, pour ne pas gâcher, les fontainiers étaient équipés de sifflets. Ils se prévenaient les uns les autres pour activer les jets d'eau au moment du passage du roi. Et ensuite, dès qu'ils s'éloignaient, ils coupaient les fontaines. Cela étant dit, pour alimenter tous ces bassins, toutes ces fontaines, il faut des réservoirs. Et le plus proche se trouve, devinez où ? Sur le toit du château ! Rejoignez-moi ! Il y a ici, dans ces deux bassins, des milliers de mètres cubes d'eau. C'est ce qu'on appelle le réservoir de l'aile. Il est situé suffisamment haut pour que l'eau s'écoule tout naturellement vers les fontaines situées plus bas. Mais alors après, jamais une fois arrivé en bas, comment fait-elle l'eau pour jaillir vers le ciel ? Il y a une machine ? Pas du tout ! Entre les réservoirs et les fontaines, il n'y a pas la moindre pompe. L'eau s'écoule par gravité dans des conduites qui la cheminent jusqu'aux fontaines d'où elle jaillit sous pression en formant de puits sanguins. En fait, c'est la hauteur de la colonne d'eau qui est à l'origine de la pression. Cette pression se mesure normalement en hectopascal. Mais beaucoup d'hydrolysiens utilisent encore l'ancienne unité de mesure, le bar. Alors on va faire comme eux. La règle est très simple. Tous les 10 mètres, la pression augmente d'un bar. Ici, la colonne d'eau mesure 25 mètres. Par conséquent, la pression au niveau des fontaines est de 2,5 bar. Or, 2,5 bar, ce n'est pas énorme. C'est à peu près la pression à laquelle l'eau du robinet sort à la maison. Or, nous n'avons pas tous les fontaines de Versailles dans notre salle de bain. C'est donc qu'à Versailles, il n'y a pas que la pression. En fait, pour obtenir de puits sangers, il faut... augmenter la vitesse d'écoulement de l'eau. Et pour cela, on peut aussi réduire la section des tuyaux au niveau de la sortie. Et bien c'est exactement ce qui se passe à Versailles. Le diamètre de cette section passe de 30 cm au niveau du réservoir à 4 cm au niveau des fontaines. Ah d'accord ! C'est pratique la gravité ! Mais alors dis-moi Jamy, l'eau de ce bassin, elle vient d'où ? Elle est montée comment jusqu'ici ? Elle est quand même pas... Non, c'est pas possible. Non, non, non. Eh bien, au départ, l'eau était pompée dans les étangs de Clagny, grâce à des moulins à vent et à des pompes actionnées par une force animale. Malheureusement, très vite, cette unique source s'est révélée insuffisante. On a donc construit un barrage sur la Bièvre, ce qui a permis de créer de nouveaux étangs et de pomper davantage d'eau. Le problème, Jamy, c'est que deux étangs et quelques moulins n'ont pas suffi. Les ingénieurs de... Versailles ont dû trouver d'autres solutions, ce que certains historiens ont appelé la bataille de l'eau. Et ça, c'est une sacrée histoire. Tu parles des projets complètement délirants ont vu le jour. Tenez, c'est l'époque où dans le sud de la France, on creuse le canal du Midi. Et bien de la même manière, certains vont proposer de creuser un canal entre la Loire et Versailles. Heureusement, une seconde étude va mettre en évidence des erreurs dans les calculs de dénivellation et ce projet disons déraillé. raisonnable ne verra jamais le jour. Mais qu'à cela ne tienne, le roi ne désarme pas si l'eau ne vient pas de la Loire qu'elle vienne d'ailleurs. Eh bien elle va venir des environs de Versailles. Tout autour de Versailles un vaste Ce réseau de drainage va être mis en place. Des étangs vont voir le jour, des étangs qui se trouvent tous au-dessus du château et par conséquent, l'eau va pouvoir y descendre par gravité. Alors là, Jamy, avec les étangs gravitaires, c'est mieux, mais c'est toujours pas suffisant. Non, mais les ingénieurs de Louis XIV n'ont pas dit leur dernier mot. Ils se repenchent sur les cartes et là, ils décident de détourner l'heure. L'heure, Jamy ? Mais tu n'as pas l'heure ! Oh bah mince ! Non mais... Sur ta carte ! L'heure n'est pas figurée sur ta carte ! Ah, la rivière, ce n'est pas sur cette carte, c'est sur celle-ci, ici. C'est un chantier gigantesque. 22 000 soldats sont mobilisés pour creuser un canal de 80 km de long. Après un an de travaux, 50 km sont déjà parcourus. Mais à l'est, la guerre éclate. Les soldats ouvriers quittent le chantier pour rejoindre le champ de bataille. Ils n'y reviendront jamais et le canal ne sera jamais terminé. Hé, Jamy, tu peux te pousser ? à la maquette ? Ah bah oui, c'est bien la Seine que je vois là. Bah alors, pourquoi ils n'ont pas détourné la Seine ? C'est vrai que la Seine ne se trouve qu'à 7 km de Versailles. C'est beaucoup plus proche que l'Eure ou la Loire. Cela dit, la Seine se trouve aussi 162 mètres plus bas que Versailles. Or, à l'époque, il est beaucoup plus facile de creuser des canaux même longs et de laisser l'eau s'écouler par gravité que de remonter l'eau de 162 mètres. Et pourtant, c'est bien cette deuxième solution qui va être retenue. En effet, après qu'un appel eût été lancé dans tout le royaume, un ingénieur et un avocat vont proposer une machine capable de remonter l'eau de la Seine de 162 mètres. Cette machine sera construite et restera dans l'histoire sous le nom de machine de Marly. Cette machine est faite d'immenses roues à aubes qui vont utiliser la force de la Seine pour actionner des pompes à piston. 14 roues actionnent des dizaines de pompes. C'est une machine énorme composée de centaines de tonnes de métal et de bois. Les premiers mois, le système fonctionne bien. Il fournit assez d'eau pour que Versailles tourne à plein régime. Le roi est ravi, mais pas pour longtemps. L'entretien de cette machine est très compliqué. En quelques mois, elle perd tout son rendement. Au final, elle ne servira plus pour Versailles, mais pour le château voisin de Marly, d'où son nom, machine de Marly. Malgré tous les dispositifs mis en place, il n'y a jamais eu suffisamment d'eau à Versailles. Voilà pourquoi on a fini par acheter des sifflets au fond de la machine. fontainier du roi et maintenant on va les visiter les fontaines côté coulisses en sous sol allez venez avec moi Cette salle immense est en fait un autre réservoir. Nous sommes ici sous la terrasse, mais au-dessus du niveau du Grand Canal. L'eau qui sort d'ici alimente par gravité les fontaines situées en contrebas. Allez, on continue la balade. Normalement, ici, il y a 175 cm d'eau. Oh là là, je n'aurai plus pied ! Là, regardez ces tuyaux ! Il y a sous le parc de Versailles 30 km de canalisation chargées d'amener l'eau jusqu'aux différentes fontaines. Et attention, la plupart sont d'époque du XVIIe siècle. Alors elles sont soit en plomb, soit en fonte, comme ici, et les joints. sont en cuir et en plomb et des joints il y en a beaucoup regardez puisqu'à l'époque on ne savait pas fabriquer des tuyaux de plus d'un mètre de long bon allez on continue la descente ici les tuyaux sont en plomb et en Et regardez, on peut encore admirer la fleur de lys, symbole de la royauté française. Alors cette installation a l'air plutôt archaïque, c'est ce qu'on appelle l'araignée. Et pourtant à l'époque, il s'agissait de très hautes technologies. Et surtout aujourd'hui, ça fonctionne toujours juste au-dessus. L'araignée alimente les différents jets du bassin de la Tôte. Et le spectacle doit être magnifique. Bah ouais, c'est pas mal, c'est Versailles. De nos jours, les fontaines ne sont plus approvisionnées. par les étangs environnants et non, les fontainiers doivent se contenter de l'eau drainée localement. Le risque de pénurie est omniprésent. Une fois écoulée dans les fontaines, l'eau se retrouve tout en bas dans le grand canal. D'ici, elle est repompée vers les réservoirs. 8 fontainiers ont à charge l'entretien et le déclenchement des fontaines. La moindre feuille peut boucher un jet et ruiner un jardin. effet d'eau. En cas de fuite, il faut réparer soigneusement les canalisations tout en respectant les anciennes méthodes. Les fontainiers ont dû inventer leurs propres techniques afin de concilier matériel moderne et tuyauterie du 17e siècle. Un vrai travail d'orfèvre. Et aujourd'hui, ces fontaines s'ouvrent encore comme sous Louis XIV avec des clés. Seules quelques-unes sont automatiques. Chaque été, Versailles revit la gloire des grandes eaux. Toutes les fontaines jouent ensemble comme le roi soleil aimait les voir lors de ses grandes fêtes. De jour comme de nuit. Jamy, il faut absolument voir ça ! Régulièrement à Versailles, on recrée l'ambiance des grandes fêtes royales avec grandes eaux, feux d'artifice... Mais bon, l'éclairage, lui, il est pas d'époque. Allez, je vous laisse profiter du spectacle ! Marcel, la petite voix au jardin ! Oh là là, mais t'as encore grossi Jamy ! Générique