Au Bonheur des Dames partie 13 chapitre 13 un matin de novembre Denise donnait les premiers ordres à son rayon lorsque la bonne des beudus vint lui dire que mademoiselle jeuneviève avait passé une bien mauvaise nuit et qu'elle voulait voir sa cousine tout de suite depuis quelqu temps la jeune fille s'affaiblissait de jour en jour et elle avait dû saliter l'avant-veille es que je descends à l'instant répondit Denise très inquiète le coup qui achevait jeunevève était la disparition brusque de Colomban d'abord plaisanté par Clara il avait découché puis cédant à la folie de désir des garçons sournois et chastes devenu le chien obéissant de cette fille il n'était pas rentré un lundi il avait simplement écrit à son patron une lettre d'adieu faite avec des phrases soignées d'homme qui se suicid peut-être au fond de ce coup de passion aurait-on trouvé aussi le calcul rusé d'un garçon ravi de renoncer à un mariage désastreux la maison de draprie se portait aussi mal que sa futur l'heure était bonne de rompre par une sottise et tout le monde le citait comme une victime fatale de l'amour lorsque Denise arriva au vieil hBUF madame Baudu s'y trouva seule elle était immobile derrière la caisse avec sa petite figure blanche mangée d'anémie gardant le silence et le vide de la boutique il n'y avait plus de commis la bonne donnait un coup de plumeau au casier et encore était-il question de la remplacer par une femme de ménage un froid noir tombait du plafond des heures se passaient sans qu'une cliante vint déranger cette ombre et les marchandises qu'on ne remuait pas étaient de plus en plus gagné par le salpêtre des murs qu'y a-t-il demanda vivement Denise est-ce que jeuneviev est en danger madame Baudu ne répondit pas tout de suite ses yeux s'emplirent de larmes puis elle balbutia je ne sais rien on ne me dit rien ah c'est fini c'est fini et ses regards noyés faisaient le tour de la boutique sombre comme si elle e senti sa fille et la maison partirent ensemble les soixante mil francs produits par la vente de la propriété de Rambouillet s'étaaiit fondu en moins de deux ans dans le gouffre de la concurrence pour lutter contre le bonheur qui tenait à présent les DRP d'omme les velours de chasse les livrés le drapier avait fait des sacrifices considérables enfin il venait d'être définitivement écrasé sous les molletons et les flanelles de son rival un assortiment tel qu'il n'en existait pas encore sur la place peu à peu la dette avait grandi il s'était décidé comme ressource suprême à hypothéquer l'antique immeuble de la rue de la Michaudière où le vieux Finet l'ancêtre avait fondé la maison et ce n'était plus maintenant qu'une question de jours les miettement s'achevaient les plafonds eux-mêmes devaient s'écrouler et s'envoler en poussière ainsi qu'une construction barbare et vermoulue emportée par le vent le père est là-haut reprit madame Baudu de sa voix brisée nous y passons deux heures chacun il faut bien que quelqu'un garde ici oh seulement par précaution car en vérité son geste acheva la phrase ils auraient mis les volets sans leur vieil orgueil commercial qui les tenait encore debout devant le quartier alors je monte ma tante dit Denise dont le cœur se serrait dans ce désespoir résigné que les pièces de drap exhalaient elles-même oui monte monte vite ma fille elle t'attend elle t'a demandé toute la nuit c'est quelque chose qu'elle veut te dire mais juste à ce moment Baudu descendit laabile tourné verdissait son visage jaune où ses yeux se tachaient de sang il gardait le pas étouffé dont il venait de quitter la chambre il murmura comme si on avait pu l'entendre d'en haut elle dort et les jambes cassées il s'assit sur une chaise d'un geste machinal il s'essuyait le front avec l'essoufflement d'un homme qui sort d'une rude besogne un silence régna enfin il dit à Denise tu la verras tout à l'heure quand elle dort il nous semble qu'elle est guérie le silence recommença face à face le père et la mère se contemplaient puis à demi-voix il remâa ses douleurs ne nommant personne ne s'adressant à personne ma tête sous le couteau je ne l'aurais pas cru il était le dernier je l'avais élevé comme mon fils on serait venu me dire ils te le prendront aussi tu le verras faire la culbut j'aurais répondu alors c'est qu'il n'y aura plus de Bon Dieu et il l'a faite la culbute ah le malheureux qui était si bien au courant du vrai commerce qui avait toutes mes idées pour une guenuche pour un de ces mannequins qui paradent aux vitrines des maisons louches non voyez-vous c'est à confondre la raison il branlait la tête ses yeux vagues s'étaient baissés et regardaent les dalles humides usées par des générations de clientes voulez-vous savoir continua-t-il à voix plus basse et bien il y a des moments où je me sens le plus coupable dans notre malheur oui c'est ma faute si notre pauvre fille est là-haut dévorée de fièvre est-ce que je n'auris pas dû les marier tout de suite sans céder à mon bête d'orgueil à mon entêement de ne point leur laisser la maison moins prospère maintenant elle aurait celui qu'elle aime et peut-être leur jeunesse à tous deux accomplirait-elle ici le miracle que je n'ai pas su réaliser mais je suis un vieux fou je n'y rien compris je ne croyais pas qu'on tombaâ malade pour des choses pareilles vrai ce garçon était extraordinaire un don de la vente et une probité une simplicité de mœurs un ordre en toute sorte enfin mon élève il relevait la tête défendant encore ses idées dans ce commis qui le trahissait Denise ne put l'entendre s'accuser et elle lui dit tout emportée par son émotion à le voir si humble les yeux pleins de larmes lui qui autrefois régnait là en maître grondeur et absolu mon oncle ne l'excusez pas je vous en prie il n'a jamais aimé jeeevève il se serait enfui plusôt si vous aviez voulu hâter le mariage je lui en ai parlé moi-même il savait parfaitement que ma pauvre cousine souffrait à cause de lui et vous voyez bien que cela ne l'a pas empêché de partir demandez à ma tante sans ouvrir les lèvres madame Baudu confirma ses paroles d'un signe de tête alors le drapiier blémit davantage tandis que les larmes achevaient de l'aveugler il bégaya ça devait être dans le sang le père est mort l'été dernier d'avoir trop guuse et machinalement son regard fit le tour des coins obscurs passant des comptoirs nus au casier plein puis revint se fixer sur sa femme qui se tenait toujours droite à la caisse dans l'attente vaine de la clientèle disparue allons c'est la fin reprit-il ils nous ont tué notre commerce et voilà qu'une de leurs coquines nous tue notre fille personne ne parla plus le roulement des voitures qui ébranlait par instant les dalles passait comme une batterie funèbre de tambour dans l'air immobile étouffé sous le plafond bas et au milieu de cette morne tristesse des vieilles boutiques agonisantes on entendit des coups sourds frapper quelque part dans la maison c'était jeune viève qui venait de se réveiller et qui tapait avec un bâton laissé près d'elle montons vite dit Baudu se levant en sursaut tâche de rire il ne faut pas qu'elle sache lui-même dans l'escalier se frottait rudement les yeux pour effacer la trace de ses larmes dès qu'il eut ouvert la porte au premier étage on entendit une faible voix une voix éperdue criant oh je ne veux pas être seule oh ne me laissez pas seule oh j'ai peur d'être seule puis quand elle aperçut Denise jeuneviève se calma eut un sourire de joie vous voilà donc comme je vous ai attendu depuis hier je croyais déjà que vous m'abandonniez vous aussi c'était une pitié la chambre de la jeune fille donnait sur la cour une petite chambre où tombait une clarté livide d'abord les parents avaient couché la malade dans leur propre chambre sur la rue mais la vue du Bonheur des Dames en face la bouleversait et ils avaient dû la ramener chez elle là elle était allongée si fluette sous les couvertures qu'on ne sentait même plus la forme et l'existence d'un corps ses maigres bras brûlés de la fièvre ardente des physies avaient un perpétuel mouvement de recherche anxieus et inconscient tandis que ses cheveux noirs lourds de passion semblaent s'être encore épaissis et mangeait de leur vie vorace son pauvre visage où agonisait la dégénérescence dernière d'une longue famille poussée à l'ombre dans cette cave du vieux commerce parisien cependant Denise le cœur crevé de commisération la regardait elle ne parlait pas de peur de laisser couler ses larmes enfin elle murmura je suis venue tout de suite si je pouvais vous être utile vous me demandiez voulez-vous que je reste jeuneevève la laine courte les mains toujours errantes dans les plis de la couverture ne la quittait pas des yeux non merci je n'ai besoin de rien je voulais seulement vous embrasser des pleurs gonflèent ses paupières alors Denise vivement se pencha la baisa sur les joues toutes frissonnante de se sentir aux lèvres la flamme de ses joues creusant mais la malade l'avait prise et elle l'étraignait et elle la gardait dans un embrassement désespéré puis ses regards allairent vers son père voulez-vous que je reste répéta Denise si vous aviez quelque chose à faire non non les regards de jeev se tournait obstinément vers son père qui demeurait debout l'air ébéé la gorge étranglée il finit par comprendre il se retira sans prononcer un mot et l'on entendit son pas descendre pesamment les marches dites-moi il est avec cette femme demanda la malade tout de suite en saisissant la main de sa cousine qu'elle fit asseoir au bord de la couchette oui j'ai voulu vous voir il n'y a que vous pour me dire n'est-ce pas ils vivent ensemble Denise dans la surprise de ces questions balbutia dut avouer la vérité les bruits qui couraient au magasin Clara ennuyée de ce garçon qui lui tombait sur le dos lui avait déjà fermé sa porte et Colomban désolé la poursuivait partout tâchait d'OB ir d'elle une rencontre de temps à autre par une humilité de chien battu on assurait qu'il allait entrer au Louvre si vous l'aimez tant il peut vous revenir encore continua la jeune fille pour endormir la mourante dans ce dernier espoir guérissez vite il reconnaîtra ses fautes il vous épousera jeunevè l'interrompit elle avait écouté de tout son être avec une passion muette qui la redressait mais elle retomba aussitôt non laissez je sais bien que c'est fini je ne dis rien parce que j'entends papa pleurer et que je ne veux pas rendre maman plus malade seulement je m'en vais voyez-vous et si je vous appelais cette nuit c'était par crainte de m'en aller avant le jour mon Dieu quand on pense qu'il n'est pas même heureux et Denise sét récr en lui assurant que son état n'était pas si grave elle lui coupa une seconde fois la parole elle rejeta soudain la couverture d'un geste chaste de vierge qui n'a plus rien à cacher dans la mort découverte jusqu'au ventre elle murmura regardez-moi donc n'est-ce pas fini tremblante Denise quitta le bord de la couchette comme si d'un souffle elle eût craint de détruire cette nudité misérable c'était la fin de la chair un corps de fiancé usé dans la tente retourné à l'enfance grêle des premiers ans lentement jeunevève se recouvrit et elle répétait vous voyez bien je ne suis plus une femme ce serait mal de le vouloir encore toutes deux se turent elle se regardait de nouveau ne trouvant plus une phrase ce fut jeuneevève qui repr allons ne restez pas là vous avez vos affaires et merci j'étais tourmenté du besoin de savoir maintenant je suis contente si vous le revoyez dites-lui que je lui pardonne adieu ma bonne Denise embrassez-moi bien c'est la dernière fois la jeune fille l'embrassa en protestant non non ne vous frappez donc pas il vous faut des soins rien de plus mais la malade eut un hochement de tête obstiné elle souriait elle était sûre et comme sa cousine se dirigeait enfin vers la porte attendez tapez avec ce bâton pour que papa monte j'ai trop peur toute seule puis quand Baudu fut là dans cette petite chambre morne où il passait les heures sur une chaise elle prit un de gé elle cria à Denise ne venez pas demain c'est inutile mais dimanche je vous attends vous resterez l'après-midi avec moi le lendemain à 6h au petit jour jeuneviève expirait après 4 heures d'un Râ affreux ce fut un samedi que tombaa lenterrement par un temps noir un ciel de suie qui pesait sur la ville frissonnante le vieil abuf tendu de drap blanc éclairait la rue d'une tache blanche et les sierges brûlant dans le jour bas semblaient des étoiles noyées de crépuscules des couronnes de perles un gros bouquet de rose blanche couvrait le cercueil un cercueil étroit de fillette posé sur l'allée obscure de la maison au ras du trottoir si près du ruisseau que les voitures avaient déjà écl BS les draperies tout le vieux quartier suait l'humidité exhalait son odeur moisie de cave avec sa continuelle bousculade de passant sur le pavé boueux dès 9h Denise était venue pour rester auprès de sa tante mais comme le convoi allait partir celle-ci qui ne pleurait plus les yeux brûlés de larmes la pria de suivre le corps et de veiller sur l'oncle dont l'accablement muet la douleur imbécile inquiétait la famille en bas la jeune fille trouva la rue pleine de monde le petit commerce du quartier voulait donner au beauudu un témoignage de sympathie et il y avait aussi dans cet empressement comme une manifestation contre le bonheur des dames que l'on accusait de la lente agonie de jeuneevève toutes les victimes du monstre étaient là et sœur les bonnetiers de la rue Gaillon les fourreurs Vampouille frère et délignèrent le bainbelotier et Piot et rivoir les marchands de meubles même mademoiselle tatin la lingère et le gantier qui nette balayé depuis longtemps par la faillite s'était fait un devoir de venir l'une des bâtignoles l'autre de la bastile où ils avaient dû reprendre du travail chez les autres en attendant le corbillardun attardait ce monde vêtu de noir piétinant dans la boue levait des regards de haine sur le bonheur dont les vitrines clair les étalages éclatants de gaaieté leur semblaient une insulte en face du vieil elbuf qui attristait de son deuil l'autre côté de la rue quelques têtes de commis curieux se montraient derrière les glaces mais le colosse gardait son indifférence de machine lancée à toute vapeur inconsciente des morts qu'elle peut faire en chemin Denise cherchait des yeux son frère Jean elle finit par l'apercevoir devant la boutique de Bourras où elle le rejoignit pour lui recommander de marcher près de l'oncle et de le soutenir s'il avait de la peine à marcher depuis quelques semaines Jean était grave comme tourmenté d'une préoccupation ce jour-là serré dans une redingote noir l'homme fait à cette heure et gagnant des journées de V francs il semblait si digne et si triste que sa sœur en fut frappée car elle ne le soupçonnait pas d'aimer à ce point leur cousine désireuse d'éviter à pépé des tristesses inutiles elle l'avait laissé chez Madame gras en se promettant d'aller li chercher l'après-midi pour lui faire embrasser son oncle et sa tante cependant le corps billard n'arrivait toujours pas et Denise très ému regardait brûler les cerges lorsqu'elle tressaillit au son connu d'une voix qui parlait derrière elle c'était Bourras il avait appelé d'un signe un marchand de marron installé en face dans une étroite guérite prise sur la boutique d'un marchand de vin et il lui disait hein vigourou rendez-moi ce service vous voyez je retire le bouton si quelqu'un venait vous diriez de repasser mais que ça ne vous dérange pas il ne viendra personne puis il resta debout au bord du trot attendant comme les autres Denise gênée avait jeté un coup d'œil sur la boutique maintenant il l'abandonnait on ne voyait plus à l'étalage qu'une débandade pitoyable de parapluies mangé par l'air et de Cannes noires de gaz les embellissements qu'il y avait fait les peintures vert tendres les glaces l'enseigne dorée tout craquait se salissait déjà offrait cette décrépitude rapide et lamentable du faux luxe badigonné sur des ruines pourtant si les anciennes crevasses reparaissaient si les taches d'humidité avaient repoussé sous les dorures la maison tenait toujours entêté collé au flanc du Bonheur des Dames comme une verrue déshonorante qui bien que gererscé et pourri refusaiit d'en tomber ah les misérables gronda Bourras ils ne veulent même pas qu'on l' le corbillard qui arrivait enfin venait d'être accroché par une voiture du bonheur dont les panneaux vernis filaient jetant dans la brume leur rayonnement d'astre au trop rapide de deux chevaux superbes et le vieux marchand lançait vers Denise un coup d'oeil oblique allumé sous la broussaille de ses sourcils lentement le convoi s'ébranla pthogeant au milieu des flaques dans le silence des fiacres et des omnibus brusquement arrêtés lorsque le corps drapé de blanc traversa la place Gaillon les regards sombres du cortège plongèrent une fois encore derrière les glaces du grand magasin où seules deux vendeuses accouru regardait heureuse de cette distraction Baudu suivait le corbillard d'un pas lourd et machinal et il avait refusé d'unsigne le bras de Jean qui marchait près de lui puis après la queue du monde venaient trois voitures de deuil comme on coupait la rue Neuve des Petits Champs Robinot accouru se joindre au cortège très pâle l'air vieilli à saintroc beaucoup de femmes attendaient les petites commerçantes du quartier qui avaient redouté l'encombrement de la maison mortuaire la manifestation tournait à l'émeute et lorsque après le service le convoi se remit en marche tous les hommes suivirent de nouveau bien qu'il y eut une longue course de la rue Saint-Honoré au cimetière Montmartre on dut remonter la rue saint-roc et passer une seconde fois devant le bonheur des dames c'était une obsession ce pauvre corps de jeune fille était promené autour du grand magasin comme la première victime tombée sous les balles en tant de révolution à la porte des flanelles rouges claquaient au vent ainsi que des drapeaux étalage de tapis éclatait en une floraison saignante d'énormes roses et de pivoine épanouies Denise cependant était monté dans une voiture agité de doutes si cuisants la poitrine serrée d'une telle tristesse qu'elle n'avait plus la force de marcher il y eut justement un arrêt rue du 10 décembre devant les échafaudages de la nouvelle façade qui gênait toujours la circulation et la jeune fille remarqua le vieux resté en arrière traînant la jambe dans les roues même de la voiture où elle se trouvait seule jamais il n'arriverait au cimetière il avait levé la tête il la regardait puis il monta ce sont mes sacrés genoux murmurait-il ne vous reculez donc pas est-ce que c'est vous qu'on déteste elle le sentit amical et furieux comme autrefois il grondait déclarait ce de Baudu joliment solide pour aller quand même après de tels coups sur le crâne le convoi avait repris sa marche lente et en se penchant elle voyait en effet l'oncle s'entêé derrière le corbillard de son pas alourdi qui semblait régler le train sourd et pénible du cortège alors elle s'abandonna dans son coin elle écouta les paroles sans fin du vieux marchand de parapluie au long bercement mélancolique de la voiture si la police ne devrait pas débarrasser la voie publique il y a plus de 18 mois qu'il nous encombr avec leur façade où un homme s'est encore tué l'autre jour n'importe lorsqu'ils voudront s'agrandir désormais il leur faudra jeter des ponts par-dessus les rues on dit que vous êtes 2700 employés et que le chiffre d'affaires atteindra C millions cette année 100 millions mon Dieu 100 millions de n'avait rien à répondre le convoi venait de s'engager dans la rue de la Chaussée d'Antin où des embarras de voiture l'attardaient Bourras continua les yeux vagues comme s'il eût maintenant rêvé tout haut il ne comprenait toujours pas le triomphe du Bonheur des Dames mais il avouait la défaite de l'ancien commerce ce pauvre Robinot est fichu il a une figure d'homme qui se noie et les baai doré et les vampouilles ça ne tient plus debout c'est comme moi les jambes cassées des Linières crèveras d'un coup de sang Piot et rivoir ont eu la jaunicee ah nous sommes tous jolis un beau cortège de carcasse que nous faisons à la chère enfant ça doit être drôle pour les gens qui regardent défiler cette queue de faillite d'ailleurs il paraît que les nettoyage va continuer les coquins créent des rayons de fleurs de mode de parfumerie de cordonnerie que sais-je encore grogniet le parfumeur de la rue de Gramont peut déménager et je donnerai pas 10 francs de la cordonnerie n rue Dantin le coléra souffle jusqu'à la rue Saint-Anne ou la Cassagne qui tient les plumes et les fleurs et Madame chadeuil dont les chapeaux sont pourtant connus seront balayés avant 2 ans après cela d'autres et toujours d'autres tous les commerces du quartier y passeront quand des calicos se mettent à vendre des savons et des galoches ils peuvent bien avoir l'ambition de vendre des pommes de terre frites ma parole la terre se détraque le corbillard traversait alors la place de la Trinité et du coin de la sombre voiture où Denise écoutait la plainte continue du vieux marchand bercé au train funèbre du convoi elle put voir en débouchant de la rue de la Chaussée d'Antin le corps qui montaitjà à la pente de la rue Blanche derrière l'oncle à la marche aveugle et muette de beuf assommé il lui semblait entendre le piétinement d'un troupeau conduit à l'abattoir toute la déconfiture des boutiques d'un quartier le petit commerce traînant sa ruine avec un bruit mouillé de savat dans la boue noire de Paris cependant Bourras parlait d'une voix plus sourde comme ralentie par la montée rude de la rue Blanche moi j'ai mon compte mais je le tiens tout de même et je ne le lâche pas il a encore perdu en appel ah ça m'a coûté bon près de 2 ans de procès et les avoués et les avocats n'importe il ne passera pas sous ma boutique les juges ont décidé qu'un tel travail n'avait point le caractère d'une réparation motivée quand on pense qu'il parlait de créer làdessous un salon de lumière pour juger la couleur étoffes au gaz une pièce souterraine qui aurait relié la bonnetterie à la draperie et il ne dérage plus il ne peut avaler qu'un vieux démoli de mon espèce lui barre la route quand tout le monde est à genoux devant son argent jamais je ne veux pas c'est bien entendu possible que je reste sur le carreau depuis que j'ai à me battre contre les huissiers je sais que le gredin recherche mes créances histoire sans doute de me jouer un vilain tour ça ne fait rien il dit oui je dis non et je dirais non toujours tonner de Dieu même lorsque je seraiis cloué entre quatre planches comme la petite qui s'en va là-bas quand on arriva au boulevard de Clichy la voiture roula plus vite on entendit l'essoufflement du monde la hâte inconsciente du cortège pressé d'en finir ce que Bourras ne disait pas nettement c'était la misère noire où il était tombé la tête perdu dans les tracas du petit boutiquier qui sombre et qui s'entête pour durer sous la grêle des protas Denise au courant de sa situation rompit enfin le silence en murmurant d'une voix de prière monsieur Bouras ne faites pas le méchant davantage laissez-moi arranger les choses ilinterrompit d'un geste violent taisez-vous ça ne regarde personne vous êtes une bonne petite fille je sais que vous lu rendz la vie dure à cet homme qui vous croyait à vendre comme ma maison mais que répondriez-vous si je vous conseillais de dire oui hein vous m'en verriez coucher eh bien lorsque je dis non ne mettez pas votre nez là-dedans et la voiture s'étant arrêtée à la route du cimetière il descendit avec la jeune fille le caveau des Baudus se trouvait dans la première allée à gauche en quelques minutes la cérémonie fut terminée Jean avait écarté l'oncle qui regardait le trou d'un abéant la queue du cortège se répandait parmi les tombes voisines tous les visages de ces boutiquiers appauvris de sang au fond de leur rez-de-chaussé malsin prenaient une laideur souffrante sous le ciel couleur Debou quand le cercueil coula doucement des joues éraflés de coupe roses pâlirent desaînés s'abaissèrent pincés d'anémie des paupières jaunes de Bill meurtries par les chiffres se détournèrent nous devrions tous nous coller dans ce trou dit Bourras à Denise qui était resté près de lui cette petite c'est le quartier qu'on enterre oh je me comprends l'ancien commerce peut aller rejoindre ces roses blanches qu'on jette avec elle Denise ramena son oncle et son frère dans une voiture de deuil la journée fut pour elle d'une tristesse noire d'abord elle commençait à s'inquiéter de la pâur de et quand elle eut compris qu'il s'agissait d'une nouvelle histoire de femme elle voulut le faire taire en lui ouvrant sa bourse mais il secouait la tête il refusait c'était sérieux cette fois la nièce d'un pâtissier très riche qui n'acceptait pas même des bouquets de violette ensuite l'après-midi lorsque Denise alla chercher pépé chez Madame gras celle-ci lui déclara qu'il devenait trop grand pour qu'elle le gardât davantage encore un tracas il faudrait trouver un collège éloigner l'enfant peut-être et elle eut enfin en menant pépé embrasser les Baudus l'âme déchirée par la douleur morne du vieil hBUF la boutique était fermée l'oncle et la tante se tenaient au fond de la petite salle dont ils oubliaient d'allumer le gaz malgré l'obscurité complète de cette journée d'hiver il n'y avait plus queeux il demeurait face à face dans la maison vidée lentement par la ruine et la mort de leur fille creusait davantage les coins de ténèbres était comme le craquement suprême qui allait faire se rompre les vieilles poutres mangées d'humidité sous cet écrasement l'oncle sans pouvoir s'arrêter marchait toujours autour de la table de son pas du convoi aveugle et muet tandis que la tante ne disait rien non plus tombé sur une chaise avec la face blanche d'une blessée dont le sang s'épuisait goutte à goutte ils ne pleurèrent même pas lorsque pépé mit de gros baisés sur leurs joues froides Denise éou fait de larmes le soir justement mouray fit demander la jeune fille pour causer d'un vêtement d'enfant qu'il voulait lancer un mélange d'écosset et de zoive et toute frémissante de pitié révoltée de tant de souffrance elle ne put se contenir elle osa d'abord parler de Bourras de ce pauvre terre qu'on allait égorger mais au nom du marchand de parapluie Mouret s'emporta le vieux toqué comme il l'appelait désolait sa vie gâtait son triomphe par son entêement idiot à ne pas céder sa maison cet ignoble masure dont les plâtres salissaient le bonheur des dames le seul petit coin du vaste pâté échappé à la conquête l'affaire tournait au cauchemar tout autre que la jeune fille parlant en faveur de Bourras aurait risqué d'être jeté dehors tellement mourit était torturé du besoin maladif d'abattre la masure à coup de pied enfin que voulait-on qu'il fit pouvait-il laisser ce tas de décombre au flanc du bonheur il fallait bien qu'il disparu le magasin devait passer tant pis pour le vieux fou et il rappelait ses offres il lui avait proposé jusqu'à 100000 francs n'était-ce pas raisonnable certes il ne marchandait pas il donnait l'argent qu'on exigeait mais au moins qu'on eû un peu d'intelligence qu'on le laissa finir son œuvre est-ce qu'on se mêlait d'arrêter les locomotives sur les chemins de fer elle écoutait les yeux baissés ne trouvant que des raisons de sentiment le bonhomme était si vieux on aurait pu attendre sa mort une faillite le tuerait alors il déclara qu'il n'était même plus le maître d'empêcher les choses Bourdoncle s'en occupait car le Conseil avait résolu d'en finir elle n'eut rien à ajouter malgré l'apitoiement douloureux de ces tendresse après un silence pénible ce fut Mouret lui-même qui parla des Baudu il commença par les plaindre beaucoup de la perte de leurs filles c'était de très bonnes gens très honnêtes et sur lesquels la mauvaise chance s'acharnait puis il reprit ses arguments au fond ils avaient voulu leur malheur on ne s'obstinait pas de la sorte dans la baraque vertmoulue de l'ancien commerce rien d'étonnant à ce que la maison leur tombât sur la tête vingt fois il l'avait prédit même elle devait se souvenir qu'il l'avait chargé d'avertir son oncle d'un désastre fatal si ce dernier s'attardait dans des vieilleries ridicules et la catastrophe était venue personne au monde ne l'empêcherait maintenant on ne pouvait raisonablement exiger qu'il se ruinaât afin d'épargner le quartier du reste s'il avait eu la folie de fermer le bonheur un autre grand magasin aurait poussé de lui-même à côté car l'idée soufflait des quatre points du ciel le triomphe des cités ouvrières et industrielles était semé par le coup de vent du siècle qui emportait l'édifice croulant des vieux âgees peu à peu Mouret s'échauffait trouvait une émotion éloquente pour se défendre contre la haine de ses victimes involontaires la clameur des petites boutiques moribondes qu'il entendait monter autour de lui on ne gardait pas ses morts il fallait bien les enterrer et d'un geste il envoyait dans la terre il balayait et jetait à la fausse commune le cadavre de l'antique négos dont les restes verd et empesté devenaient la honte des rues ensoleillées du nouveau Paris non non il n'avait aucun remord il faisait simplement la besogne de son âge et elle le savait bien elle qui aimait la vie qui avait la passion des affaires larges conclue au plein jour de la publicité réduite au silence elle écouta longtemps elle se retira l'âme pleine de trouble cette nuit-là Denise ne dormit guère une insomnie traversée de cauchemar la retournait sous la couverture il lui semblait qu'elle était toute petite et elle éclatait en larmes au fond de leur jardin de Valogne en voyant les fauvit manger les araignées qui elle-même mangeait les mouches était-ce donc vrai cette nécessité de la mort engraissant le monde cette lutte pour la vie qui faisait pousser les êtres sur le charnier de l'éternelle destruction ensuite elle se revoyait devant le caveau où l'on descendait jeune viève elle apercevait son oncle et sa tante seul au fond de leur salle à manger obscure dans le profond silence un bruit sourd d'écroulement traversait l'air mort c'était la maison de Bourras qui s'effondrait comme miné par les grandes eaux le silence recommençait plus sinistre et un nouvel écroulement retentissait puis un autre puis un autre les robinots les bédorés et sœurs les vampouill craquaient et s'écrasaient chacun à son tour le petit commerce du quartier saint-roc s'en allait sous une pioche invisible avec de brusques tonner de charrettes qu'on décharge alors un chagrin immense l'éveillait en sursaut mon Dieu que de torture des familles qui pleurent des vieillards jetés au pavé tous les drames poignants de la ruine et elle ne pouvait sauver personne et elle avait conscience que cela était bon qu'il fallait se fumier de misère à la santé du Paris de demain au jour elle se calma une grande tristesse résignée la tenait les yeux ouverts tourné vers la fenêtre dont les vitres s'éclairaient oui c'était la part du sang toute révolution voulait des martyre on ne marchait en avant que sur des morts sa peur d'être une âme mauvaise d'avoir travaillé au meurtres de ses proches se fondait à présent dans une pitié navrée en face de ses irrédiaable qui sont l'enfantement douloureux de chaque génération elle finit par chercher les soulagements possible sa bonté rêva longtemps au moyens à prendre pour sauver au moins les siens de l'écrasement final Mouret maintenant se dressait devant elle avec sa tête passionnée aux yeux caressants certes il ne lui refusait rien elle était sûre qu'il accorderait tous les dédommagements raisonnables et sa pensée s'égarait tâchait de le juger elle connaissait sa vie n'ignorait pas le calcul ancien de ces tendresse sa continuelle exploitation de la femme des maîtresses prises pour faire son chemin et sa liaison avec madme d'forges dans l'unique but de tenir le baron Hartmann et toutes les autres les claras de rencontres le plaisir acheté payé rejeté au trottoir seulement ces débuts d'un aventurier l'amour dont le magasin plaisantait finissait par se perdre dans le coup de génie de cet homme dans sa grâce victorieuse il était la séduction ce qu'elle ne lui aurait jamais pardonné c'était son mensonge d'autrefois sa froideur d'amant sous la comédie galante de ses prévenances mais elle se sentait sans rancune aujourd'hui qu'il souffrait par elle cette souffrance l'avait grandi quand elle le voyait torturé expiant si son dédain de la femme il lui semblait racheté de ses fautes dès ce matin-là Denise obtint de Mouret les compensations qu'elle jugerait légitimes le jour où les beudu et le vieux Bourras succomberaient les semaines se passèrent elle allait voir son oncle presque tous les après-midis s'échappant quelques minutes apportant son rire son courage de braves filles pour égayer la sombre boutique sa tante surtout l'inquiétait elle était restée dans une stupeur blême depuis la mort de jeune viève il semblait que sa vie s'en alla un peu à chaque heure et lorsqu'on l'interrogeait elle répondait d'un air étonné qu'elle ne souffrait pas qu'elle était comme prise de sommeil simplement dans le quartier on hochait la tête la pauvre dame ne s'ennuierait pas longtemps de sa fille un jour Denise sortait de chez les Baudus lorsque au détour de la place Gaillon elle entendit un grand cri la foule se précipitait un coup de panique soufflait ce vent de peur et de pitié qui amameute brusquement une rue c'était un omnibus à caisse brune une des voitures faisant le trajet de la Bastille au baâtignol dont les roues passaient sur le corps d'un homme au débouché de la rue Neuve Saint-Augustin devant la fontaine debout sur son siège dans un mouvement furieux le cocher retenait deux chevaux noirs qui se cabraient et il jurait il s'emportait en gros mots nom de Dieu nom de Dieu faites donc attention sacré maladroit maintenant l'omnibus était arrêté la foule entourait le blessé un sergent de ville se trouvait là par hasard toujours debout appelant en témoignage les voyageurs de l'Impérial qui s'étaaient levé eux aussi pour se pencher et voir le sang le cocher s'explique avec des gestes exaspérés la gorge étranglée d'une colère croissante on n' pas idée qui est-ce qui m'a fichu un particulier pareil il était là comme chez lui j'ai crié et le voilà qui se fout sous les roues alors un ouvrier un peintre en bâtiment accourut avec son pinceau d'une deventure voisine dit d'une voix aigu au milieu des clameurs ne te fais donc pas de bile je l'ai vu il s'est collé dessous par bleu tiens il a piqué une tête comme ça encore un qui s'embêtait faut croire d'autres voix s'élevèrent on tombait d'accord sur l'idée d'un suicide pendant que le sergent de ville verbalisait des dames toutes pâles descendaient vivement emportaiit sans se retourner l'horreur de la secousse molle dont l'omnibus leur avait remué les entrailles en passant sur le corps cependant Denise s'approcha attiré par la pitié active qui la faisait se mêler de tous les accidents des chiens écrasés des chevaux abattus des couvreurs tombés des toits et sur le pavé elle reconnut le malheureux évanoui la redingote souillée debout c'est Monsieur Robinot cria-t-elle dans son douloureux étonnement tout de suite le sergent de ville interrogea cette jeune fille elle donna le nom la profession l'adresse grâce à l'énergie du cocher l'omnibus avait fait un crochet et les jambes seules de Robinot s'étaient trouvé engagé sous les roues seulement il y avait à craindre qu'elles ne fussent rompu l'une et l'autre quatre hommes de bonne volonté transportèrent le blessé chez un pharmacien de la rue Gaillon pendant que l'omnibus reprenait lentement sa marche nom de Dieu dit le cocher en enveloppant ses chevaux d'un coup de fouet j'ai fait ma journée Denise avait suivi Robino chez le pharmacien celui-ci dans l'attente d'un médecin qu'on ne pouvait trouver déclarait qu'il n'y avait aucun danger immédiat et que le mieux était de porter le blessé à son domicile puisqu'il habitait le voisinage un homme était allé au poste de police demander un brancard alors la jeune fille conçut la bonne pensée de partir en avant afin de préparer madame Robinot à ce coup affreux mais elle eut toutes les peines du monde à gagner la rue au travers de la foule qui s'écrasait devant la porte cette foule à vide de mort augmentait de minutes en minutes des enfants des femmes se haussaient tenaient bon dans les poussées brutales et chaque nouveau venu inventait son accident c'était à cette heure un mari que l'amant de sa femme avait jeté par la fenêtre rue neu des Petits Champs Denise aperçut de loin madame Robinot sur la porte de la spécialité de cela lui donna un prétexte pour s'arrêter et elle causa un instant en cherchant une façon d'amortir la terrible nouvelle le magasin sentait le désordre et l'abandon des luttes dernières dans un commerce qui se meurt c'était le dénouement prévu de la grande bataille des deux soie rivales le Paris bonheur avait écrasé la concurrence à la suite d'une nouvelle baisse de cinq centimes il ne se vendait plus que quatre francs qu la soie de Goan trouvé son Waterloo depuis deux mois Robinot réduit aux expédients menait une vie d'enfer pour empêcher une déclaration de faillite j'ai vu passer votre mari sur la place Gaillon murmura Denise qui avait fini par entrer dans la boutique madame Robinot dont une sourde inquiétude semblait ramener continuellement les regards vers la rue dit vivement ah tout à l'heure n'est-ce pas je l'attends il devrait être ici ce matin M Goan est venu et ils sont sortis ensemble elle était toujours charmante délicate et gaie mais une grossesse avancée déjà la fatiguait elle restait plus effarée plus dépayaysé que jamais dans ses affaires auxquelles sa nature tendre ne mordait pas et qui tournait mal comme elle le répétait souvent pourquoi donc tout ça ne serait-ce pas plus gentil de vivre tranquille au fond d'un petit logement où l'on ne mangerait que du pain ma chère enfant reprit-elle avec un sourire qui s'attristait nous n'avons rien à vous cacher ça ne va pas bien mon pauvre chéri n'en dort plus aujourd'hui encore ce Goan l'a tourmenté à propos de billets en retard je me sentais mourir d'inquiétude à être là toute seule et elle retournait sur la porte lorsque Denise l'arrêta au loin celle-ci venait d'entendre une MEUR de foule elle devina le brancard qu'on apportait le flot de curieux qui n'avait pas lâché l'accident alors la gorge sèche ne trouvant pas les mots consolateurs qu'elle aurait voulu elle dû parler ne vous inquiétez pas il n'y a pas de danger immédiat oui j'ai vu monsieur Robinot il lui est arrivé un malheur on la porte ne vous inquiétez pas je vous en prie la jeune femme l'écoutait toute blanche sans comprendre nettement encore la rue s'était emplie de monde les fiacres arrêtés juraient des hommes avait posé le brancard devant la porte du magasin pour ouvrir les deux battantes vitré c'est un accident continuait Denise résolu à cacher la tentative de suicide il était sur le trottoir et il a glissé sous les roues d'un omnibus oh les pieds seulement on cherche un médecin ne vous inquiétez pas un grand frisson secouait madame Robinot elle eut deux ou trois cris inarticulés puis elle ne parla plus elle s'abattit près du brancard dont elle écarta les toiles de ses mains tremblantes les hommes qui venaient de le porter attendaient devant la maison pour le remporter lorsqu'on aurait enfin trouvé un médecin on n'osait plus toucher à Robinot qui avait repris connaissance et dont les souffrances devenaient atroces au moindre mouvement quand il vit sa femme de grosses larmes coulèrent sur ses joues elle l'avait embrassé et elle pleurait en le regardant de ses yeux fixes dans la rue la cohue continuait les visages s'entassaient comme au spectacle avec des yeux luisants des ouvrières échappées d'un atelier menaçait d'enfoncer les glaces des vitrines pour mieux voir afin d'échapper à cette fièvre de curiosité et jugeant d'ailleurs qu'il n'était pas convenable de laisser le magasin ouvert Denise eut l'idée de baisser le rideau métallique elle-même alla tourner la manivelle l'engrenage avait un cri plaintif les feuilles de tôle descendaient avec lenteur ainsi qu'une draperie lourde tombant sur le dénouement d'un cinquième acte et lorsqu'elle rentra et qu'elle eû fermé derrière elle la petite porte ronde elle retrouva madame Robinot serrant toujours son mari entre ses bras éperdus sous le demi-jour louche qui venait des deux étoiles découpées dans la tôle la Bouti ruiné semblait glisser au néant seul les deux étoiles luisaient sur cette catastrophe rapide et brutale du pavé parisien enfin Madame Robinot recouvra la parole oh mon chéri oh mon chéri oh mon chéri elle ne trouvait que ses mots et lui suffoqua se confessa dans une crise de remord en la voyant ainsi agenouillé renversé avec son ventre de mer qui s'écrasait contre le brancard lorsqu'il ne bougeait pas il ne sentait que le plomb brûlant de ses jambes pardonne-moi j'ai dû être fou quand l'avoué m'a dit devant gojean que les affiches seraient posées demain il m'a semblé que des flammes dansaient comme si les murs avaent brûlé et puis je ne me souviens plus je descendais la rue de la Michaudière j'ai cru que les gens du bonheur se fichait de moi cette grande gueuse de maison m'écrasait alors quand l'omnibusour j'ai songé à l'homme et à son bras je me suis jetée dessous lentement madame Robinot tomba assise sur le parquet dans l'horreur de ses aveux mon dieu il avait voulu mourir elle saisit la main de Denise qui s'était penchée vers elle toute retournée par cette scène le blessé que son émotion épuisait venait encore de perdre connaissance et ce médecin qui n'arrivait pas deux hommes avaient déjà battu le quartier le concierge de la maison s'était mis en campagne à son tour ne vous inquiétez pas répétait Denise machinalement sanglotant elle aussi alors madame Robinot assise par terre la tête à la hauteur du brancard la joue contre la sangle où gisait son mari soulagea son cœur oh si je vous racontais c'est pour moi qu'il a voulu mourir il me disait je t'ai volé l'argent venait de toi et la nuit il rêvait de ses 60000 francs il se réveillait en sueur se traitait d'incapable quand on avait pas plus de tête on ne risquait pas la fortune des autres vous savez qu'il a toujours été nerveux l'esprit tourmenté il finissait par voir des choses qui me faisaient peur il m'apercevait dans la rue en guenille mendiant moi qui l'aimait si fort qu'il désirait riche heureuse mais en tournant la tête elle le retrouva les yeux ouverts et elle continua de sa voix bégayante oh mon chéri pourquoi as-tu fait cela tu me crois donc bien vilaine va ça m'est égal que nous soyons ruinés pourvu qu'on soit ensemble on n'est pas malheureux laisse-les donc tout prendre allons-nous en quelque part où tu n'entendras plus parler d'eux tu travailleras quand même tu verras comme ce sera bon encore son front était tombé près du visage pâle de son mari tous deux se taisaient maintenant dans l'attendrissement de leur angoisse il y eut un silence la boutique semblait dormir engourdie par le crépuscule blafard qui la noyait tandis qu'on entendait derrière la tôle mince de la fermeture le fracas de la rue la vie du plein jour passant avec le grondement des voitures et la bousculade des trottoirs en Denise qui allait à chaque minute jeter un coup d'œil par la petite porte ouvrant sur le vestibule de la maison revint en criant le médecin c'était un jeune homme aux yeux vifs que le concierge ramenait il préféra visiter le blessé avant qu'on le couchât une seule des jambes la gauche se trouvait cassée au-dessus de la cheville la rupture était simple aucune complication ne semblait à craindre et l'on se disposait à porter le c au fond dans la chambre lorsque gojan se présenta il venait rendre compte d'une dernière démarche dans laquelle du reste il avait échoué la déclaration de faillite était définitive quoi donc murmura-t-il qu'est-il arrivé d'un mot Denise le renseigna alors il resta gêné Robino lui dit faiblement je ne vous en veux pas mais tout cela est un peu de votre faute dame mon cher répondit gojan il fallait avoir des reins plus solides que les nôtres vous savez que je ne suis guère mieux portant que vous on soulevait le brancard le blessé trouva encore la force de dire NON NON des reins plus solides auraient plié tout de même je comprends que les vieux entêtés comme Bourras et Baudu y restent mais nous autres qui étions jeunes qui acceptions le nouveau train des choses non voyez-vous gogean c'est la fin d'un monde on l'emporta Mame Robinot embrassa Denise dans un élan où il y avait presque de la joie à être enfin débarrassé du tracas des affaires et comme gojan se retirait avec la jeune fille il lui confessa que ce pauvre diable de Robinot avait raison c'était imbécile de vouloir lutter contre le bonheur des dames lui personnellement perdu s'il ne rentrait pas en grâce déjà la veille il avait fait une démarche secrète auprès de Hutin qui justement allait partir pour Lyon mais il désespérait et il tâcha d'intéresser Denise au courant sans doute de sa puissance ma foi répétait-il tant pis pour la fabrication on se moquerait de moi si je me ruinait en bataillant davantage dans l'intérêt des autres lorsque les gaillards se disputent à quiif briquera le moins cher mon Dieu comme vous le disiez autrefois la fabrication n'a qu'à suivre le progrès par une meilleure organisation et des procédés nouveaux tout s'arrangera il suffit que le public soit content Denise souriait elle répondit allez donc dire cela à Monsieur MAEt lui-même votre visite lui fera plaisir et il n'est pas homme à vous tenir rancune si vous lui offrez seulement un bénéfice d'un centime par Maître ce fut en janvier que Madame Baudu expira par un clair après-midi de soleil depuis 15 jours elle ne pouvait plus descendre à la boutique qu'une femme de journée gardait elle était assise au milieu de son lit les reins soutenus par des oreillers seul dans son visage blanc les yeux vivaient encore et la tête droite elle les tournait obstinément vers le bonheur des dames en face à travers les petits rideaux des fenêtres Baudu souffrant lui-même de cette obsession de la fixité désespérée de ses regards voulait parfois tirer les grands rideaux mais d'un geste suppliant elle l'arrêtait elle s'entêtait à voir jusqu'à son dernier souffle maintenant le monstre lui avait tout pris sa maison sa fille elle-même s'en était allé peu à peu avec le vieil abuf perdant de sa vie à mesure qu'il perdait de sa cliente le jour où il râlait elle n'avait plus d'haleine quand elle se sentit mourir elle eut encore la force d'exiger de son mari qu'il ouvrit les deux fenêtres il faisait doux une nappe de GIS soleil dorait le bonheur tandis que la chambre de l'antique logie frissonnait dans l'ombre madame Baudu demeurait les regards fixes empli de cette vision de monument triomphal de ces glaces limpides derrière lesquelles passait de million lentement ses yeux pâlissaient envahis de ténèbres et lorsqu'ils s'éteignirent dans la mort ils restèrent grands ouverts regardant toujours noyés de grosses larmes une fois encore tout le petit commerce ruiné du quartier défila au convi on y vit les frères vampouilles blêmes de leurs échéances de décembre payé par un suprême effort qu'il ne pourraient recommencer bédoré et sœur s'appuyaient sur une canne travailler de tels soucis que sa maladie d'estomas s'aggravait deslgères avait eu une attaque Piot et rivoir marchaient en silence le nez à terre en homme fini et l'on osait s'interroger sur les disparus quiinette mademoiselle tatin d'autres qui du matin au soir sombrai roulent emporté dans le flot des désastres sans compter Robinot allongé sur son lit avec sa jambe cassée mais on se montrait surtout d'un air d'intérêt les nouveaux commerçants atteints par la peste le parfumeur Grognet la modiste madame chadeuil et la Cassagne le fleuriste et no le cordonnier encore debout pris seulement de l'anxiété du mal qui devait les balayer à leur tour derrière le corbillard Baudu marchait du même pas de bœuf assommé dont il avait accompagné sa fille tandis que au fond de la première voiture de deuil on apercevait les yeux étincelants de Bourras sous les broussailles de ses sourcils et de ses cheveux d'un blanc de neige Denise eut un grand chagrin depuis 15 jours elle était brisée de soucis et de fatigue il lui avait fallu mettre pépé au collège et Jean la faisait courir tellement amoureux de la nièce du pâtissier qu'il avait supplié sa sœur de la demander en mariage ensuite la mort de la tante ces catastrophes répétées venaient d'accabler la jeune fille mouray s'était de nouveau mis à sa disposition ce qu'elle ferait pour son oncle et les autres serait bien fait un matin encore elle eut un entretien avec lui à la nouvelle que Bourras était jeté sur le pavé et que Baudu allait fermer boutique puis elle sortit après le déjeuner avec l'espoir de soulager au moins cela dans la rue de la Michaudière Bourras était debout planté sur le trottoir en face de sa maison dont on l'avait expulsé la veille à la suite d'un joli tour une trouvaille de l'avoué comme Mouret possédait des créances il venait d'obtenir aisément la mise en faillite du marchand de parapluie puis il avait acheté cinq cents francs le droit au bail dans la vente faite par le syndique de sorte que le vieillard entêté s'était laissé prendre pour cinq cents francs ce qu'il n'avait pas voulu lâcher pour cent d'ailleurs l'architecte qui arrivait avec sa bande de démolisseurs avait dû requérir le commissaire pour le mettre dehors les marchandises étaient vendues les chambres déménagées lui s'obstinait dans le coin où il couchait et dont on osait le chasser par une pitié dernière même les démolisseurs attaquèrent la toiture sur sa tête on avait retiré les ardoises pourries les plafonds s'effondraient les murs craquaient et il là sous les vieilles charpentes à nu au milieu des décombres enfin devant la police il était parti mais dès le lendemain matin il avait reparu sur le trottoir d'en face après avoir passé la nuit dans un hôtel meublé du voisinage monsieur Bourras dit doucement Denise il ne l'entendait pas ses yeux de flamme dévoraient les démolisseurs dont la pioche entamait la façade de la masure maintenant par les fenêtres vides on voyait l'intérieur les chambres misérables l'escalier noir où le soleil n'avait pas pénétré depuis deux cents ans ah c'est vous répondit-il enfin quand il eeut reconnu hein ils en font une besogne ces voleurs elle n'osait plus parler remuée par la tristesse lamentable de la vieille demeure ne pouvant elle-même détacher les yeux des pierres moisies qui tombaient en haut dans un coin du plafond de son ancienne chambre elle apercevait encore le nom en lettr noir et tremblée Ernestine écrit avec la flamme d'une chandelle et le souvenir des jours de misère lui revenait plein d'un attendrissement pour toutes les douleurs mais les ouvriers afin d'abattre d'un coup un pan de muraille avaient eu l'idée de l'attaquer à la base il chancelait s'il pouvait les écraser tous murmurait Bourras d'une voix sauvage on entendit un craquement terrible les ouvriers épouvantés se sauvèrent dans la rue en s'abattant la muraille ébranlait et emportait toute la ruine sans doute la masure ne tenait plus au milieu des tassements et des gersures une poussée avait suffi pour la fendre du haut en bas ce fut un éboulement pitoyable l'aplatissement d'une maison de fange détrempée par les pluies pas une ison ne resta debout il n'y eut plus par terre qu'un amas de débris le fumier du passé tombé à la borne mon Dieu avait crié le vieillard comme si le cou lui eû retenti dans les entrailles il demeurait béant jamais il n'aurait cru que ce serait fini si vite et il regardait l'entaille ouverte le creux libre enfin dans le flan du Bonheur des Dames débarrassé de la verrue qui le déshonorait c'était le mou écrasé le dernier triomphe sur l'obstination cuisante de l'infiniment petit toute l'île envahie et conquises des passants attroupés causaient très haut avec les démolisseurs qui se fâchaient contre ces vieilles bâtises bonne à tuer le monde monsieur Bourras répéta Denise en tâchant de l'emmener à l'écart vous savez qu'on ne vous abandonnera pas il sera pourvu à tous vos besoins il se redressa je n'ai pas de besoin ce sont eux qui vous envoient n'est-ce pas et bien dites-leur que le père Bourras sait encore travailler et qu'il trouvera de l'ouvrage où il voudra vrai ce serait trop commode de faire la charité aux gens qu'on assassine alors elle le supplia je vous en prie acceptez ne me laissez pas ce chagrin mais il secouait sa tête chevelue non non c'est fini bonsoir vivez donc heureuse vous qui êtes jeune et n'empêchez pas les vieux de partir avec leurs idées il jeta un dernier coup d'œil sur le tas des décombres puis s'en alla péniblement elle suivit son dos au milieu des bousculades du trottoir le dos tourna l'angle de la place Gaillon et ce fut tout un instant Denise resta immobile les yeux perdus enfin elle entra chez son oncle le drapier était seul dans la boutique sombre du vieillebuf la femme de ménage ne venait que le matin et le soir pour faire un peu de cuisine et pour l'aider à ôter et à mettre les volet il passait les heures au fond de cette solitude sans que personne souvent le dérangeât de la journée effaré et ne trouvant plus les marchandises lorsqu'une cliente se risquait encore et là dans le silence dans le demi-jour il marchait continuellement il gardait le pas alourdi de ses deuils à un besoin maladif à de véritables crises de marche forcé comme s'il avait voulu bercer et endormir sa douleur allez-vous mieux mon oncle demanda Denise il ne s'arrêta qu'une seconde il repartit allant de la caisse à un angle obscur oui oui très bien merci elle cherchait un sujet consolant des paroles gaaies et n'en trouvait point vous avez entendu ce bruit la mais mais est par terre tiens c'est vrai murmura-t-il d'un air étonné ce devait être la maison j'ai senti le sol trembler moi ce matin en les voyant sur le toit j'avais fermé ma porte et il eut un geste vague pour dire que ces choses ne l'intéressaient plus chaque fois qu'il revenait devant la caisse il regardait la banquette vide cette banquette de velours usé où sa femme et sa fille avaient grandi puis lorsque son perpétuel piétinement le ramenait à l'autre bout il regardait les casiers noyés d'ombre dans lesquels achevaient de moisir quelques pièces de drap c'était la maison Veuve ceux qui l'aimaient partit son commerce tombait à une fin honteuse lui seul promenant son cœur mort et son orgueil abattu au milieu de ses catastrophes il levait les yeux vers le plafond noir il écoutait le silence sortait des ténèbres de la petite salle à manger le coin familial dont il aimait autrefois jusqu'à l'odeur enfermée plus un souffle dans l'antique logie son pas régulier et pesant faisait sonner les vieux murs comme s'il avait marché sur la tombe de ses tendresse enfin Denise aborda le sujet qu' l'amenait mon oncle vous ne pouvez rester ainsi il faudrait prendre une détermination il répondit sans s'arrêter sans doute mais que veux-tu que je fasse j'ai tâché de vendre personne n'est venu mon Dieu un matin je fermerai la boutique et je m'en irai elle savait qu'une faillite n'était plus à craindre les créanciers avaient préféré s'entendre devant un pareil acharnement du sort tout payé l'oncle allait simplement se trouver à la rue mais que ferez-vous ensuite murmurat-elle cherchant une transition pour arriver à l'offre qu'elle n'osait formuler je ne sais pas répondit-il on me ramassera bien il avait changé son trajet il marchait de la salle à manger aux vitrines de la deventure et maintenant il considéraent chaque fois d'un regard morne ces vitrines lamentables avec leur étalage oubliés ses yeux ne se levaient même pas sur la façade triomphante du Bonheur des Dames dont les Lig architecturale se perdait à droite et à gauche aux debout de la rue c'était un anéantissement il ne trouvait plus la force de se fâcher écoutez mon oncle finit par dire Denise embarrassée il y aurait peut-être une place pour vous elle se reprit elle bégaya oui je suis chargée de vous offrir une place d'inspecteur où donc demanda Baudu mon Dieu là en face chez nous 6000 francs un travail sans fatigue brusquement il s'était arrêté devant elle mais au lieu de s'emporter comme elle le craignait il devenait très pâle il succombait sous une émotion douloureuse d'une amère résignation en face en face balbucia-t-il à plusieurs reprises tu veux que j'entre en face Denise elle-même était gagnée par cette émotion elle revoyait la longue lutte des deux boutiques elle assistait au convoi de jeuneviève et de Madame Baudu elle avait sous les yeux le vieil abuf renversé égorgé à terre par le bonheur des dames et l'idée de son oncle entrant en face se promenant là en cravate blanche lui faisait sauter le cœur de pitié et de révolte voyons den ma fille est-ce possible dit-il simplement tandis qu'il croisait ses pauvres mains tremblantes non non mon oncle cria-t-elle dans un élan de tout son être juste et bon ce serait mal pardonnez-moi je vous en supplie il avait repris sa marche son pas ébranlait de nouveau le vide sépulcral de la maison et quand elle le quitta il allait il allait toujours dans dans cette locomotion entêtée des grands désespoirs qui tournent sur eux-mêmes sans pouvoir en sortir jamais Denise cette nuit-là eut encore une insomnie elle venait de toucher le fond de son impuissance même en faveur des sien elle ne trouvait pas un soulagement jusqu'au bout il lui fallut assister à l'œeuvre invincible de la vie qui veut la mort pour continuelle semence elle ne se débattait plus elle acceptait loi de la lutte mais son âme de femme s'emplissait d'une bonté en pleur d'une tendresse fraternelle à l'idée de l'humanité souffrante depuis des années elle-même était prise entre les rouages de la machine n'y avait-elle pas saigné ne l'avait-on pas meurtrie chassé traîné dans l'injure aujourd'hui encore elle s'épouvantait parfois lorsqu'elle se sentait choisie par la logique des faits pourquoi elle si chétive pourquoi sa petite main pesant tout d'un coup si lourd au milieu de la besogne du monstre et la force qui balayait tout l'emportait à son tour elle dont la venue devait être une revanche may avait inventé cette mécanique à écraser le monde dont le fonctionnement brutal l'indignait il avait semé le quartier de ruine dépouillé les uns tué les autres et elle l'aimait quand même pour la grandeur de son œuvre elle l'aimait davantage à chacun des excès de son pouvoir malgré le flot de larmes qui la soulevait devant la misère sacrée des vaincus