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Le matriarcat comme solution au patriarcat ? Non : le modèle matri-linéaire

Imaginez un instant. Les hommes s'occupent des enfants et du ménage, tandis que les femmes sont à la tête des États, des entreprises et même du Vatican. Dans certaines religions, la jante masculine doit se voiler. Face aux femmes qui concentrent les pouvoirs politiques et financiers, le sexe faible, l'homme, n'a d'autre choix que de se soumettre. Bienvenue dans le matriarcat tel qu'on l'imagine, c'est-à-dire l'exact opposé du patriarcat. Mais est-ce la solution ? Le monde serait-il vraiment plus paisible si les femmes étaient aux commandes ? Quand on vous demande sur YouTube si une société matriarcale serait la solution, la majorité répond non, tandis que 20% environ répond par l'affirmative. Bon. Tout ceci n'est que pure spéculation. Car si l'histoire a été marquée par des femmes puissantes comme Mary Stewart, Ellen Johnson Sirleaf, Margaret Thatcher ou Angela Merkel... Force est de constater que les hommes dirigent encore le monde. Selon l'Union interparlementaire, les femmes représentaient au 1er février 2024 26,9% en moyenne des élus des parlements de la planète. Et seules 16 des 193 États membres de l'ONU avaient une femme à leur tête. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi les femmes sont-elles moins nombreuses à occuper des postes de pouvoir ? Avant de nous demander si le matriarcat est souhaitable, jetons un œil du côté de nos plus proches parents. Les bonobos et les chimpanzés. Nous partageons avec eux 98,7% de notre patrimoine génétique. Rien d'étonnant. étonnant à cela. Les chemins de l'humain et du singe ont divergé il y a seulement 5 à 7 millions d'années. Et ceux du chimpanzé et du bonobo, il y a environ 2 millions d'années. D'où leur ressemblance. Alors, qui a le dernier mot chez ces deux espèces ? Monsieur ou madame ? Pour le savoir, demandons à des femmes scientifiques quelle espèce elles préfèreraient être. Leur choix est unanime. Mais qu'est-ce qui attire tant chez les bonobos ? Ils sont moins agressifs aux étrangers. Certainement, les bonobos sont plus matriarcaux que les chimpanzés. Chez les chimpanzés, ce sont en effet les mâles qui ont le dernier mot. Ils résolvent les conflits par la violence et leur relation avec les femelles pourrait s'apparenter à du harcèlement sexuel. Les différences de comportement entre chimpanzés et bonobos restent à ce jour une énigme pour la science. En tout cas, nos plus proches parents en pratique pour les uns le patriarcat, pour les autres, le matriarcat. Bref, pas de quoi éclairer notre lanterne. Mais qu'en est-il pour le reste du monde animal ? Effectivement, les éléphants, les hyènes, les lions et les orques vivent dans des sociétés matriarcales, tout comme de nombreuses espèces d'insectes. Alors pourquoi les structures humaines sont-elles presque exclusivement patriarcales ? Est-ce parce que les femmes n'ont pas le sens du pouvoir ? Ou que les hommes sont moins inhibés que les mâles bonobos ? Après tout, le patriarcat puisse peut-être sa source dans la nature même des femmes et des hommes ? Et si ces derniers étaient naturellement prédisposés à dominer ? Vous savez, la fameuse loi du plus fort de Darwin. Car sur ce plan-là, les hommes l'emportent haut la main, non ? C'est le pouvoir de la création. Les femmes créent les humains, l'humanité. Et la plus grande pouvoir que une femme peut avoir dans une société patriarcale, c'est de refuser de reproduire. Dans la comédie Lysistrata, écrite par le dramaturge grec Aristophane, les femmes lancent une grève du sexe pour obliger leur mari à arrêter la guerre qui fait rage entre Sparte et Athènes. Ces messieurs ne se le font pas dire deux fois et décident alors de baisser les armes. Cela signifie que l'évolution veut, pour ainsi dire, que toutes les espèces produisent le plus possible de jeunes avec de bonnes chances de survie, pour qu'ils puissent se reproduire à leur tour. Mais comme la grossesse, l'accouchement et le maintien en vie de la progéniture rendent la reproduction plus risquée pour les femelles que pour les mâles, les femelles sont devenues de plus en plus sélectives au cours de l'évolution. Pour les mâles, l'accès aux femelles passe donc par la compétition. Ils doivent convaincre que leur matériel génétique est au top et peut produire une progéniture apte à survivre. Mais si les femmes occupent le poste le plus important de la conservation de l'espèce, pourquoi ne sont-elles pas en position dominante ? Et si le patriarcat était apparu justement parce qu'elles assurent cette fonction essentielle et que les hommes voulaient s'assurer le contrôle de leurs femmes et de leur progéniture ? Mais comment s'y prennent-ils ? Car il est bien connu que les hommes en sont beaucoup plus pourvus et qu'elles riment potentiellement avec agressivité. D'ailleurs, les garçons y sont exposés dès le ventre de leur mère. Cela expliquerait-il leur centre d'intérêt, ainsi que la propension des petites filles à s'occuper davantage des autres ? Si vous regardez les niveaux de testostérone dans les parents de bébés de nouveau-mères, qui sont les soigneurs primaires de ces bébés, le niveau de testostérone est beaucoup plus bas que dans les parents de bébés de nouveau-mères qui ne sont pas les soigneurs primaires. Et cela démontre que les hormones ne sont pas aussi puissantes comme les forces qui les conduisent dans la race humaine. Si les hormones ne sont pas la clé des disparités entre hommes et femmes, l'origine est peut-être à chercher dans le cerveau lui-même. On dit souvent que les hommes ont une pensée plus structurée et plus logique, avec une meilleure capacité d'abstraction que les femmes, qui, elles, seraient trop empathiques pour pouvoir commander. Leurs cerveaux sont-ils vraiment différents ? Les scientifiques, essentiellement des hommes, ont essayé pendant des siècles d'en faire la preuve, histoire de démontrer que le matriarcat n'était pas dans la nature humaine. Les hommes étaient censés être plus intelligents car dotés d'un cerveau plus gros. On sait désormais qu'il n'en est rien. Mais peut-être existe-t-il dans le cerveau masculin un centre du pouvoir qui serait absent du cerveau féminin. Attendez, vous voulez dire qu'on ne peut pas déterminer si ce cerveau est celui d'un homme ou d'une femme ? Allons bon, cerveau masculin ou féminin ? Le cerveau genre le cerveau est composé de différentes structures et de différentes fonctions. C'est ce que la science montre. La science montre qu'il n'y a pas de chose comme un cerveau masculin ou un cerveau féminin. Conclusion, ni les hormones ni l'anatomie du cerveau ne permettent de prouver que les hommes sont naturellement plus aptes que les femmes à commander. Mais comment expliquer alors que les garçons ont tendance à être plus entreprenants et plus autoritaires que les filles ? Nous savons que les différences se trouvent très tôt, et peu après cela... Ils seront capables de constater que les valeurs différentes sont liées à ces différences. Et cela commence à informer les choix qu'ils font. Nous oublions cela quand nous commençons à dire Oh, n'est-ce pas incroyable que les petites filles jouent avec des doigts et les petits garçons jouent avec des Lego ? Parce que, au moment où cette différence émerge, à environ deux ans, ces enfants ont été exposés à deux ans de socialisation de genre. Cela signifie que les garçons perçoivent leur environnement à travers les valeurs et latitudes prétendument masculines qui leur sont transmises, consciemment ou non, et qu'ils expriment ensuite eux-mêmes, idem avec les filles. Si à l'inverse, les garçons et les filles sont exposés aux mêmes valeurs et aux mêmes comportements, il est probable qu'ils se comporteront de façon similaire. Le cerveau se forme en fonction de l'utilisation que nous en faisons. Il est particulièrement plastique et reflète notre vécu, une malléabilité qui perdure tout au long de la vie. Chaque compétence que nous développons, chaque règle apprise, chaque souvenir en question, granger modifie notre cerveau. La question du patriarcat se heurte à un problème fondamental qui nourrit un cercle vicieux. Dans une société qui croient fermement que les femmes ne savent pas commander ou mal les filles sont moins encouragés que les garçons à suivre cette voie elle n'entraîne pas les structures cérébrales nécessaires et n'ont pas confiance en elle d'où une faible proportion de femmes au poste de pouvoir ce qui confirme alors l'hypothèse selon laquelle elles ne sont pas faites pour ça c'est ainsi que les stéréotypes de genre deviennent des prophéties auto réalisatrice L'évolution humaine ne s'agit pas de des états de nature qui ne changent pas et qui sont fixés pour toujours. L'évolution humaine est aussi une évolution culturelle. Et notre biologie, notre culture, nos écologies sont complètement interconnectées et co-évoluent. Donc nous ne pouvons pas attribuer les systèmes patriarcaux à un seul élément de ces choses. Nous ne pouvons certainement pas les attribuer simplement à la biologie. La société et la culture, qui laissent de larges espaces de liberté, jouent par conséquent un rôle central. Alors y a-t-il déjà eu des matriarcas dans la longue histoire de l'humanité ? En tout cas, pas à l'âge de Pierre, du moins si l'on en croit la famille Pierre à feu. Les hommes chassent ou se chargent des tâches techniques, tandis que Vilma et les autres femmes s'occupent des repas, des enfants et du ménage. Le chef de la maisonnée, c'est bien sûr Fred. How many times have I told you a woman's place is in my... Évidemment, cette série ne donne pas une image réaliste de la préhistoire. Elle reflète plutôt les rapports entre les genres dans les années 1960 et l'idée dominante à l'époque selon laquelle l'humanité a toujours vécu dans le patriarcat. Entre les débuts de l'humanité il y a environ 2,8 millions d'années et l'invention de l'écriture, les sources à ce propos ne sont guère nombreuses. Que sait-on au juste des rapports entre les genres au cours de la préhistoire ? Nous pouvons donc conclure que dans la période de l'Ancien Testament, les hommes et les femmes ont fait la même chose, probablement ont donc tous l'aider. C'est une reconnaissance très importante, car avec cette idée ancienne, que les hommes qui étaient les nourriciers de la famille, qui ont été en charge et les femmes qui étaient à la maison, qui ont brûlé le feu et les enfants, soient simplement défendus. Autre lieu, autre époque, la tombe médiévale de Birka, sur l'île suédoise de Björk. Les chercheurs ont longtemps pensé que cette sépulture, richement ornée, était celle d'un guerrier viking de haut rang. Le corps avait été inhumé avec une épée, une hache de combat, une lance, des flèches, des armes, des armes de guerre. Deux boucliers ainsi que deux chevaux. Et puis une analyse ADN des ossements a été effectuée. On ne peut toutefois pas parler de matriarcat pour la période du Moyen-Âge. Mais qu'en est-il des temps plus reculés ? A-t-il existé des matriarcat que nous n'aurions pas encore mis au jour ? Nous avons obtenu le résultat que l'on ne peut pas prouver le matriarchat avec tous les prouves. Nous parlons de sociétés qui n'ont pas laissé de prouves écrivaines. C'est-à-dire que nous n'avons que la culture matérielle. Et la culture matérielle est toujours très claire. En tant qu'archéologues, je peux dire que la culture matérielle est très claire. Les suppositions qu'il y ait eu un matriarchat dans la histoire de la humainité n'ont pas été réalisées. Hommes et femmes y étaient enterrés de la même manière et occupaient donc probablement des positions sociales identiques. Pas de quoi pour autant faire table rase de notre représentation des sociétés humaines au cours des millénaires passés. Car rien ne prouve l'existence d'une période où les femmes auraient dominé de manière absolue. La fiction permet en revanche de se faire une idée de ce à quoi aurait pu ressembler une société matriarcale. C'est le cas avec le blockbuster hollywoodien Wonder Woman, sorti en 2017. Les Amazones sont souvent représentées comme une société idéale. Depuis des millénaires, ces femmes puissantes inspirent en effet nos imaginaires et alimentent les mythes. Quelle est la raison d'un tel succès ? Leur vision était marquée par les grands voyages d'exploration, au cours desquels les Européens avaient rencontré d'autres cultures qui, à leurs yeux, étaient primitives et inférieures à la leur. des sociétés non européennes, qui n'étaient pas aussi patriarcales que celles européennes, parce que d'une part, on le trouvait fascinant, en le sens de ça peut être autrement mais en même temps, Dans l'imaginaire collectif, le matriarcat a toujours fait l'objet d'une fascination en même temps que d'un dénigrement. Beaucoup de ces sociétés alternatives n'ont d'ailleurs pas survécu à l'histoire. Ce qui s'est passé, de la même manière que vous avez eu une biosphère vraiment diverse, un endroit d'incroyable génétique et de diversité écologique, et puis vous coupez tout ça et vous plantez juste du soie. Parce que le soie vous fera de l'argent et vous fera un groupe de personnes, ou un groupe très petit de personnes, la plupart du temps, très riche. Une société matrilineuse signifie que la descente est passée de la grand-mère à la mère, aux enfants de la fille. Et que c'est les petits-enfants qui se marient dans d'autres tribus matrilineuses. Et où trouve-t-on de telles sociétés ? Il y a une chose appelée l'atlas ethnographique. Classe recense quelques 160 sociétés réparties dans le monde entier au sein desquelles la filiation s'établit ou s'établissait par la mère. Les Khazis par exemple existent encore. Au sein de ce peuple du nord-est de l'Inde, ce sont les femmes qui transmettent leur nom, assurant ainsi la continuité du clan. Et c'est la plus jeune des filles qui hérite des biens de la famille. Chez les briberies du Costa Rica, la succession passe aussi par les femmes. Et chez les Minangkabau, dans la province indonésienne du Sumatra occidental, les couples vivent avec la famille de la femme et non du mari. Autre exemple avec les mots de la famille. Suo, une communauté bouddhiste tibétaine de Chine. Chez eux, ce sont les grands-mères et les mères qui dirigent. Les familles sont constituées de fratries au sein desquelles l'homme élève les enfants de sa sœur et non ses enfants biologiques. Le mariage n'existe pas et chaque chacun est libre d'avoir autant de partenaires qu'il le désire. La recherche s'intéresse de plus en plus C'est le cas en ce qui concerne la pression artérielle et les biomarqueurs d'inflammation des femmes Mosuo. Les normes et les structures sociales influencent les parties opprimées de la société. Elles ont littéralement des effets de santé. Des études montrent régulièrement que la position sociale a une influence sur la santé. En revanche, on ignore si les résultats concernant les mots sous-hauts s'appliquent également à d'autres sociétés matrilinéaires. Les chercheurs ont aussi montré que les femmes pouvaient être plus compétitives, et donc plus performantes dans les sociétés matrilinéaires, notamment sur le marché du travail. et qu'elles créent plus souvent des entreprises que dans les structures patriarcales. Elles ont un plus grand contrôle sur leurs revenus et disposent globalement de plus d'autonomie. Ce qui peut conduire à ce qu'elles soient moins coopératives avec leurs conjoints dans la vie au quotidien. Pour les femmes, les sociétés matrilinéaires semblent donc être plus bénéfiques à de nombreux égards. Mais pour les hommes... Si les sociétés matrilinéaires favorisent le partage, y aurait-il moins de guerre si les femmes avaient plus de pouvoir ? L'une des rares études sur le sujet a été réalisée par une équipe de l'université de Binghamton. Résultat, si deux États comptent au moins 20% de femmes au sein de leur parlement respectif, le risque de conflit armé entre ces pays diminue. significativement. Eric Melander, chercheur à l'université d'Uppsala, a étudié l'impact d'un pourcentage élevé de parlementaires femmes sur le risque de conflits internes. Ces résultats montrent que plus une assemblée législative compte de femmes, moins il y a de guerres civiles. Et selon l'International Peace Institute, la probabilité d'un retour à la paix après 15 ans de conflits est plus élevée de 35% lorsque des femmes sont impliquées dans les négociations. Autant de résultats qui suggèrent que les sociétés humaines se portent mieux lorsque les rapports sont plus égalitaires. Il serait donc peut-être temps de se demander... Et du point de vue de l'évolution, un autre élément est déterminant, la coopération. Alors, serions-nous mieux lotis avec des femmes en poste de pouvoir ? La solution ne consiste donc pas à remplacer au poste de pouvoir des hommes par des femmes, mais plutôt à s'inspirer des sociétés matrilinéaires. Si l'on considère l'histoire de l'humanité dans son ensemble, Les sociétés patriarcales sont, somme toute, relativement récentes et finissent toujours par susciter des protestations. Les formes d'un vivre-ensemble plus égalitaire sont multiples. À nous d'être inventifs pour imaginer le monde de demain.