Dans le premier épisode, on a décrit un modèle dans lequel le chômage ne pouvait être expliqué que par des salaires trop élevés. Aujourd'hui, dans une vidéo qu'on va décomposer en deux parties, on va s'attaquer à un modèle concurrent, peu utilisé car ne relevant pas de l'orthodoxie, qui préconise au contraire d'augmenter les salaires pour réduire le chômage. Bonjour, bonjour !
Allez, on s'assoit, on s'assoit ! Oui, oui, c'est vrai que mon cours magistral est celui qui a le plus de succès à l'université, absolument. Sur la gauche, là, il y a encore des places.
Tous les étudiants quittent peu à peu les filières classiques pour rejoindre ma classe. Ça les aide, hein ? Bien, sortez vos cahiers, on va pouvoir commencer notre cours.
Cours de chômage. Tout d'abord, la tenue. Au chômage, une règle d'or. Adieu, le costume.
Bonjour, le jogging. Vous notez ça d'ailleurs. Ah, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
Très délicate comme question. Alors, première carte. carte à abattre, l'année sabbatique. Bon, ça marche bien, mais attention parce qu'au bout de 5 ans au chômage, ça commence à devenir suspect.
Sinon, vous pouvez toujours dire que vous prenez des cours de théâtre pour devenir comédien, ça, croyez-moi, ça marche toujours. On peut aussi dire qu'on prend du temps pour nous, non ? Ah non, mais surtout pas, malheureux, surtout pas.
Parce que sinon, on vous collerait dans la catégorie des feignasses. Et ça, c'est très dur d'en sortir. Crois-moi, mon petit pote. On est des chômeurs ici, on n'est pas des feignasses.
Euh... Ok, alors avant que tu commences, moi j'ai direct une question là. Pourquoi un modèle qui préconise l'augmentation des salaires pour combattre le chômage ne pourrait-il pas faire partie des modèles orthodoxes ?
Pourquoi les modèles dominants sont-ils forcément de droite ? Alors, il faudrait pas mal nuancer ce propos. Les modèles dominants...
arrive quand même à être de gauche, en rajoutant une couche de complexité par-dessus ce qu'on a décrit dans la dernière vidéo. C'est notamment l'histoire des frictions dont je parle à la toute fin. Il y a même des modèles macroéconomiques orthodoxes qui, dans certaines conditions, recommandent de relancer...
l'économie via la dépense publique. Je pense notamment au modèle ISLM ou à ces variantes auxquelles on consacrera sûrement une vidéo. Cela dit, il est vrai que la pensée orthodoxe en économie est construite sur des bases qui incitent à penser que le marché résout les problèmes de lui-même et qu'aucune intervention de la part de l'État n'est nécessaire, ce qui est plutôt une vision de droite. Donc là si je traduis, ce que tu es en train de me dire c'est que les modèles orthodoxes sont de droite par construction, mais qu'à force de rajouter des couches de complexité par dessus on finit par réussir à les faire pencher un peu vers la gauche. C'est un peu C'est un peu ça oui, et cette base très conservatrice s'explique par la mise en place d'hypothèses, souvent irréalistes, qui permettent de modéliser un marché avec des courbes de l'offre et de la demande qui se croisent en un seul et unique point d'équilibre.
Tant que ces hypothèses ne seront pas remises en question, l'orthodoxie en économie aura toujours tendance à aboutir à la conclusion que le marché s'autorégule. Il y a donc une croyance en la stabilité du système économique incrustée dans les hypothèses qui fondent le modèle de l'orthodoxie. Alors, quel genre d'hypothèse ?
Eh bien premièrement, celle qui suppose que les travailleurs sont... sont de moins en moins productifs au fur et à mesure qu'on les emploie. Le problème est le suivant. Si chaque travailleur produit une richesse dont la valeur est de 15, mais que par son salaire il ne coûte que 10, qu'est-ce qui va t'empêcher d'embaucher dans une seule et unique entreprise tous les travailleurs de la planète ? Si le profit est de 5 pour chaque travailleur employé, pourquoi ne pas employer autant que possible pour faire le plus de profits possible ?
Bah, parce que le problème c'est pas de fabriquer des richesses qui valent 15, le problème c'est de réussir à les vendre. A quoi bon produire 100 milliards de radioréveil si c'est pour en vendre que 73 ? Sauf que pour les néoclassiques, il existe une loi qu'on appelle la loi de Say qui dit que l'offre crée sa propre demande. Autrement dit, s'il est possible de fabriquer 100 milliards de radioréveil qui valent 15 euros, c'est parce qu'il y a une demande équivalente pour ce produit.
Le marché ne permet à personne de produire plus que ce qui est demandé. Mais n'importe quoi, ça arrive à toutes les entreprises d'avoir un stock d'un vendu. Oui, mais les modèles, tous les modèles, pas seulement ceux de l'orthodoxie, ne définissent pas tous les aspects de l'économie, ils sont obligés de simplifier. Or, si on modélise l'économie sans monnaie, ce que font les néoclassiques, on peut facilement passer à côté du problème de l'existence d'inégalités entre offre et demande.
Ok, je vois pas. pas du tout de quoi tu parles. Je te renvoie à l'épisode qu'on a fait avec Edouard sur les modèles monétaires et non monétaires pour plus de détails. Mais imagine trois entreprises détenues par trois actionnaires différents qui produisent respectivement des patates, des navets et des carottes. Dans un modèle néoclassique, les entreprises n'ont pas besoin de vendre leurs productions pour récupérer les euros qui permettent ensuite de payer les travailleurs puis les actionnaires.
Ceux-ci sont directement rémunérés en patates, carottes ou navets. Suite à ce paiement, toute la population s'échange les différents légumes entre eux par le biais d'un certain nombre de produits. système de troc. Pour ce faire, on dresse un tableau de correspondance qui permet à tout un chacun de savoir qu'une patate s'échange contre la moitié d'un navet ou contre deux carottes, qu'un navet s'échange contre deux patates ou quatre carottes, et qu'une carotte s'échange contre la moitié d'une patate et qu'un quart de navet.
Ok bon si on met des prix c'est plus facile non ? 1€ la patate, 2€ le navet, 50 centimes la carotte, comme ça c'est quand même vachement plus pratique de retrouver les correspondances. Et c'est exactement ce que sont les prix pour les... classique des unités de mesure qui permettent de savoir combien de patates s'échangent contre un ave une carotte un téléviseur une voiture ou une semaine de vacances au maldive il ya bien un prix pour savoir combien chaque bien et services vaut par rapport aux autres mais il n'y a pas besoin de monnaie pour se les échanger donc si je bosse dans une ferme je suis payé en patates mais si je bosse dans un hôpital je suis payé en quoi en bon pour une heure de traitement d'urgence que tu peux échanger avec ceux qui sont payés en patates en téléviseur et en bon pour une heure de séjour au maldive Ah ouais, c'est bizarre. Raisonner sans monnaie permet de grandement simplifier les maths du modèle, mais cela permet aussi de déduire la loi de Say.
Celle-ci dit que l'offre, la production, produit sa propre demande, sa propre consommation. Voyons voir comment ça se démontre. Dans le modèle de troc, tous les légumes produits permettent de rémunérer les travailleurs et les actionnaires.
Il ne peut pas y avoir de stock d'invendus, puisqu'il n'y a pas de processus de vente. Donc production égale rémunération. Or, la rémunération fait apparaître la demande.
car les revenus permettent la consommation. Mais tout le monde ne dépense pas 100% de ses revenus dans la consommation. Certaines personnes choisissent d'épargner.
Alors attends, parce que là c'est pas clair. Si je viens d'être rémunéré en carottes, qu'est-ce qu'on entend par dépenser ses revenus ? Ou consommer ou épargner même.
Enfin je veux dire concrètement, qu'est-ce que je fais de mes carottes ? Eh bien consommer correspond à l'action de manger tes carottes, dépenser correspond à celle de les échanger contre d'autres légumes, et épargner correspond à celle de les garder dans le frigo pour les dépenser ou les consommer plus tard. D'accord, donc si je comprends bien, tout le monde ne va pas choisir de conserver ou de dépenser son revenu dans le but de consommer immédiatement.
Enfin, je veux dire, même après qu'il y ait eu des échanges, il y a quand même de grandes chances pour qu'une partie des légumes finissent au frigo. Enfin, soient épargnés, quoi. Et du coup, si les gens décident d'épargner, tu ne vas pas avoir production égale consommation.
C'est ça. La question que se posent alors les néoclassiques, c'est pourquoi est-ce que les gens décideraient de choisir d'épargner plutôt que de consommer ? Je ne sais pas, parce qu'ils préfèrent économiser leurs légumes, ils en gardent pour plus tard, ils ont peur que... les revenus de demain ne soient pas suffisants pour les nourrir, ils ont peur de l'avenir. Ils savent pas ce qui les attend donc ils gardent un petit pactole au chaud, au cas où.
Enfin, au froid là en l'occurrence. Voilà un raisonnement très keynésien. Les gens épargneraient pour se prémunir contre d'éventuels obstacles que l'avenir pourrait leur réserver.
La théorie néoclassique ne tient pas compte de ce genre de possibilités. Les personnes qui épargnent sont rationnelles et savent parfaitement anticiper l'avenir. Si elles se privent de consommation, c'est pour obtenir quelque chose en échange, une rémunération, un intérêt. Or, cet intérêt ne peut être payé que par d'autres personnes qui elles aussi obtiennent quelque chose en échange de ce paiement. En gros, si certaines personnes épargnent, c'est parce que d'autres personnes ont besoin de cette épargne pour consommer ou investir.
Si épargner 100 carottes t'en rapporte une par an d'intérêt, c'est parce qu'il existe quelqu'un qui a besoin de tes 100 carottes, maintenant, et qui est prêt à te verser une carotte d'intérêt. Si personne n'est prêt à payer cet intérêt, alors ton épargne ne sera pas rémunérée, et si elle n'est pas rémunérée, alors tu ne prendras jamais la décision d'épargner. tu consommeras tes 100 carottes.
Mais c'est n'importe quoi ! L'argent que je dépose sur mon compte courant, il n'est pas rémunéré. Et pourtant je n'utilise pas tout l'argent qui est dessus.
Plein de gens choisissent d'épargner sans forcément attendre quoi que ce soit de cette épargne. Ils gardent juste de l'argent de côté au cas où. Je vais te faire encore la même réponse.
Aucun modèle ne peut tenir compte de toute la complexité du monde. Il faut faire des choix, il faut simplifier. Pour les néoclassiques, l'épargne n'est jamais qu'un transfert. Les gens qui veulent consommer plus que ce que leur rémunération leur permet proposent un taux d'intérêt à ceux qui veulent potentiellement consommer moins.
que ce que leur rémunération leur permet. Parmi ces consommateurs, on retrouve les entreprises qui investissent et les personnes qui consomment à crédit. Or, l'investissement et la consommation par le crédit, c'est de la consommation.
De la consommation indirectement liée aux revenus de la population, mais de la consommation quand même. Oula, alors, attends un instant. La consommation par le crédit fait partie de la consommation. Ok, mais l'investissement des entreprises ?
Eh ben oui. Les entreprises qui investissent achètent des bâtiments, des bureaux, des ordinateurs, des usines, etc. Or, toutes ces marchandises, il faut bien les produire.
Une bonne partie de la production est en fait destinée à être consommée par des entreprises. Cette consommation spécifique, dont le but est de permettre à l'entreprise concernée de générer de futurs bénéfices, s'appelle investissement. Ah oui, ok, l'investissement fait partie de la consommation, et si si, en fait c'est logique.
Alors en réalité, on dit plutôt que l'investissement fait partie de la demande, mais admettons. Puisque le modèle n'est pas monétaire, le financement de l'investissement et de la consommation à crédit par la création monétaire, qui est en fait une réalité dans le monde réel, est ici passé sous silence. Donc...
On reboucle sur la consommation. L'argent épargné est utilisé par les entreprises et les ménages pour consommer. Si je reprends mes équations de tout à l'heure, puisque l'épargne correspond à la somme de la consommation par le crédit plus l'investissement, alors la rémunération permet la consommation directe, les gens touchent des revenus et consomment, mais aussi la consommation indirecte. Les ménages et les entreprises empruntent pile poil le montant épargné par d'autres pour consommer.
Or, consommation directe plus consommation indirecte égale consommation totale égale demande. On retombe sur nos pieds. La production permet la rémunération qui elle-même permet la consommation directe et indirecte qui correspondent à la demande. Voilà, l'offre provoque toujours sa propre demande.
Les entreprises peuvent bien produire autant de marchandises qu'elles le souhaitent, il y aura toujours une demande pour ces marchandises. Soit elles seront consommées directement, soit elles seront épargnées et donc serviront à la consommation indirecte, à savoir l'investissement et la consommation par le crédit. Ok, effectivement, c'est...
c'est plutôt joli. Et c'est pour ça que c'est très attrayant. Mais ça ne marche que si certaines hypothèses, au mieux incomplètes, au pire complètement irréalistes, sont posées. Et notamment celle de l'absence totale de monnaie.
Encore une fois, on explique pourquoi dans cette vidéo. Donc, revenons-en à notre entreprise qui constate qu'un travailleur, coûtant via son salaire 10 euros, peut produire un morceau de marchandise qui vaut 15 euros. Puisque grâce à la loi de Say, on peut affirmer que l'entreprise peut produire autant de marchandises qu'elle le souhaite.
Comment justifier le fait qu'en réalité, les entreprises ne cherchent pas à produire une infinité de marchandises ? Pourquoi constate-t-on que la production des entreprises est bornée, limitée ? Bah ouais, d'accord, je vois.
Si on suppose que l'offre trouve toujours une demande, alors on est obligé de supposer que la productivité des travailleurs n'est pas constante, qu'elle est décroissante. Parce que comme ça, on peut montrer qu'il viendra un moment où embaucher un travailleur supplémentaire coûtera plus cher que la valeur du morceau de marchandise qu'il est capable de fabriquer. Et comme ça, on arrive à expliquer pourquoi les entreprises arrêtent d'embaucher et donc de produire. Tout juste. Les néoclassiques utilisent la décroissance de la productivité des travailleurs parce que sans cette hypothèse, à cause de la loi de Say qui dit que l'offre trouve toujours sa demande, Il n'arriverait pas à expliquer pourquoi les entreprises ne produisent pas une infinité de marchandises.
Est-ce qu'on pourrait pas dire que si t'es obligé de poser une hypothèse aussi irréaliste que ça pour que ton modèle décrive à peu près le réel, c'est que t'as merdé quelque part ailleurs dans les hypothèses précédentes ? C'est l'avis des post-kénésiens pour qui le réalisme, ou plutôt la plausibilité des hypothèses, est une notion centrale dans la construction des modèles. Mais encore une fois, les néoclassiques s'appuient sur l'argument de Friedman selon lequel On ne juge pas une théorie sur la réalité de ses hypothèses, mais sur la qualité de ses prédictions par rapport à son domaine cible, ok. Bon, moi je suis désolé, mais je ne suis pas d'accord avec cet argument, mais enfin bon, j'imagine qu'il faudrait demander à un philosophe.
Avec leur modèle monétaire, les post-kénésiens ne peuvent pas démontrer la loi de Say. Pour eux, s'il y a nécessairement une dynamique qui pousse l'offre à tendre vers la demande, il n'y a aucune raison que chaque situation implique une égalité entre les deux. L'offre cherche à être égale à la demande, mais... Parfois, elle est au-dessus ou en dessous.
Leur raisonnement est le suivant. Dans une économie monétaire, les entreprises doivent se financer via l'épargne ou via la création monétaire pour rémunérer les travailleurs, ce qui permet à certaines richesses d'être fabriquées. La rémunération des travailleurs permet en partie la consommation et en partie l'épargne.
Et attention, je le répète, ici, il n'y a pas de loi de cèdre. L'argent épargné n'est pas forcément investi ou emprunté pour la consommation. Par défaut, parce que la rémunération des travailleurs est inférieure à la valeur des richesses produite, sans quoi l'entreprise ne pourrait pas espérer faire de bénéfices, et aussi parce que les travailleurs ont tendance à épargner, l'économie capitaliste produit trop de richesses par rapport à ce qui est demandé.
La consommation de l'excédent de richesses restant peut venir de trois sources différentes. La première correspond à la rémunération des actionnaires qui elle-même provient des bénéfices de l'année précédente. Les bénéfices de quoi ?
Attends, j'ai pas compris là, d'où elle vient la rémunération des actionnaires ? Dans un modèle monétaire, quand une entreprise fait des bénéfices en 2019, elle distribue à ses actionnaires les dividendes correspondants en début d'année 2020. Donc le pouvoir d'achat des actionnaires en 2020 dépend des bénéfices de 2019. A noter que cette hypothèse fait débat, car en réalité, parce que les entreprises clôturent leurs exercices comptables à des dates différentes, il y a des dividendes versés tous les trimestres, et pas seulement à la fin de l'année. Donc l'hypothèse des passes keynesiennes est ici plausible, mais c'est une simplification.
Ok, donc dans notre exemple, la consommation des actionnaires maintenant provient des bénéfices de l'année d'avant. Exactement. Bénéfices de l'année d'avant, moins ce que les actionnaires ont décidé d'épargner.
La deuxième source de consommation alternative vient de l'investissement et de la consommation par le crédit. Une forme de consommation qui peut être financée soit par la création monétaire, soit par l'épargne. La dernière source de consommation alternative vient directement de l'épargne. Certaines personnes qui ont épargné les années précédentes décident d'utiliser cette épargne pour consommer maintenant. Si par chance les planètes sont alignées, alors toute la production est écoulée et l'entreprise peut utiliser son chiffre d'affaires pour rembourser sa dette et rémunérer ses actionnaires.
On voit bien dans ce modèle que consommation et production n'ont pas de raison d'être égaux. La demande, la consommation, a de fortes chances d'être trop faible ou trop forte par rapport à l'offre, par rapport à la production. Et si c'est le cas, les entreprises prendront des mesures pour essayer de s'aligner avec ce qu'elles viennent de constater.
La demande est trop faible, je réduis mes effectifs. La demande est trop forte, j'investis. Également dans ce modèle, la population n'épargne pas uniquement pour obtenir un revenu, pour toucher des intérêts, mais aussi pour avoir un filet de sécurité parce que l'avenir est incertain.
On ne fait pas l'hypothèse d'une épargne qui correspondrait exactement à une demande de financement pour le crédit à la consommation ou pour l'investissement. Enfin, les flux monétaires orientés vers le remboursement de la dette et vers l'épargne retirent de la monnaie du circuit économique, tandis que ceux qui viennent de l'épargne et de la création monétaire en ajoutent. Et les deux flux n'ont absolument aucune... une raison de se compenser parfaitement.
Ok, donc forcément, si l'offre n'est pas nécessairement égale à la demande, on n'a pas besoin d'utiliser l'histoire des travailleurs qui sont de moins en moins productifs. C'est ça. À la question Pourquoi est-ce que les entreprises ne produisent pas une infinité de marchandises ? les postes keynesiens répondent Les entreprises commencent par estimer, avec plus ou moins de succès et principalement en utilisant le remplissage de leur carnet de commandes, combien de marchandises elles pensent pouvoir écouler cette année.
Une fois cet objectif de vente fixé, elles recrutent le nombre de travailleurs adéquat. Cette hypothèse... réaliste car c'est effectivement comme ça que les entreprises se comportent, permet de déduire que si les commandes de marchandises ont tendance à diminuer, alors les entreprises auront tendance à réduire leurs objectifs de production et donc à licencier.
A l'inverse, si le carnet de commandes est plein à craquer, les entreprises auront tendance à investir et à recruter afin d'augmenter la production. Donc pour les postes keynésiens, c'est le carnet de commandes des entreprises qui drive la production. Il faut une forte demande pour que les entreprises investissent, recrutent et donc augmentent l'offre. Exactement.
Maintenant que toutes ces bases sont posées, je vais enfin pouvoir te décrire le modèle qui conseille d'augmenter les salaires pour diminuer le chômage. Ah ouais, non mais là on avait pas commencé à décrire le modèle ? Allez, fais pas ton offusqué, c'est pas comme si t'avais rien appris jusque là.
C'est pas faux. Petit résumé intermédiaire. Parce que les néoclassiques utilisent des modèles de troc sans monnaie, donc sans création monétaire et sans processus de vente, et parce qu'ils considèrent que le choix d'épargner n'est motivé que par la rémunération de cette épargne, soit je mets de l'argent de côté parce que quelqu'un est prêt à me payer pour l'utiliser, soit je n'épargne rien et je consomme tout, les modèles orthodoxes aboutissent à la conclusion que l'offre crée toujours sa propre demande.
C'est ce qu'on appelle la loi de Say. Tout ce que les entreprises produisent sert de revenu. Ce revenu est soit directement consommé, soit épargné.
Le marché de l'épargne s'équilibre automatiquement, donc tout ce qui est épargné est forcément emprunté par quelqu'un, puis consommé. Donc quoi qu'il arrive, tout ce qui est produit est toujours consommé. L'offre produit toujours sa propre demande. Il ne sert à rien de s'intéresser à une éventuelle faiblesse de cette dernière.
Cela dit, si cette loi de Say est vraie, la question se pose. Pourquoi les entreprises ne produisent-elles pas une infinité de marchandises ? Pour répondre à cette question, tout en maintenant la cohérence de ce qui précède, il faut supposer que la productivité des travailleurs diminue au fur et à mesure qu'on les embauche. Ainsi, quand la productivité du dernier travailleur embauché correspond à son salaire, l'entreprise arrête d'embaucher et donc de produire.
La conclusion, c'est que si on veut faire augmenter la production de richesses, il faut soit améliorer la productivité des travailleurs, soit réduire les salaires. Dans les modèles monétaires utilisés par les postes keynésiens, la loi de Seine n'a pas de raison d'être systématiquement vérifiée. Selon eux, la production des entreprises est avant tout déterminée par la demande, car les entreprises ajustent leur production en fonction du remplissage du carnet de commandes. Or, cette demande dépend de plusieurs variables.
Les revenus des actionnaires issus des bénéfices de l'année précédente, les dépenses de consommation ou d'investissement issues de la création monétaire, celles issues de l'utilisation de l'épargne, et enfin celles permises par le salaire qui dépend du nombre de travailleurs employés et du niveau des salaires. Ainsi, s'il est vrai que la production des entreprises, l'offre, tend à s'ajuster sur la demande, parce que les entreprises ne veulent produire ni plus ni moins que ce qu'elles réussiront à vendre, c'est uniquement la hausse de la demande qui peut provoquer une hausse de l'offre. Les carnets de commandes doivent être pleins à craquer pour déclencher embauche de travailleurs et investissement. Ainsi, dans les modèles post-kenésiens, résoudre le problème du chômage passe par l'augmentation des différents paramètres qui forment la demande. Et on verra à quoi ressemble le modèle qu'ils utilisent dans la prochaine vidéo.
Merci à tous d'avoir regardé cette première partie. N'oubliez pas de liker, partager, commenter. Toujours un grand merci à tous les tipeurs qui financent ces épisodes. Et rendez-vous dans pas longtemps pour la suite.