Bonjour, c'est Amélie de commentairecomposé.fr, bienvenue dans cette vidéo sur le classicisme. Le classicisme, c'est un mouvement littéraire du XVIIe siècle qui commence à se manifester dès 1634 avec la création de l'Académie française, mais qui va vraiment connaître son apogée de 1660 à 1715 durant le règne de Louis XIV. Alors le classicisme, c'est l'exact contraire du baroque. Vous vous rappelez que le baroque représente un monde changeant, chaotique, avec un vocabulaire surchargé et hyperbolique. Et bien le classicisme se caractérise par la recherche de l'ordre, de la clarté, de la mesure et de la retenue.
Très loin du foisonnement baroque, L'écriture classique est donc très maîtrisée et se plie à des règles exigeantes. Alors on peut se demander comment est né le classicisme et surtout pourquoi s'oppose-t-il à ce point au mouvement baroque qui le précède. Dans la vidéo précédente, je vous ai expliqué que le baroque reflétait l'instabilité du monde. Et en effet, le baroque naît pendant une période d'instabilité religieuse et politique. avec les guerres de religion qui ravagent la France durant toute la seconde moitié du XVIe siècle.
Or, à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, la France entre dans une période de stabilité. Tout d'abord une stabilité religieuse, car l'après-éminence du catholicisme a été réaffirmée, mais aussi une stabilité politique et économique qui est incarné par Louis XIV, le roi soleil. Rappelez-vous la devise de Louis XIV, une foi, une loi, un roi. C'est un roi qui va centraliser le pouvoir et qui va unifier le royaume de France.
Alors il va unifier le royaume de France en faisant la guerre, mais aussi par les arts, car Louis XIV va vraiment encourager la création artistique en littérature, mais aussi en... en peinture, en sculpture, en musique, en architecture. Et par ces arts, la France va rayonner sur toute l'Europe durant tout le règne de Louis XIV.
Donc ce règne de Louis XIV, c'est quand même pour la France une période de stabilité et de rayonnement. Et bien tout comme le baroque reflétait l'instabilité du monde, le classicisme est un mouvement qui va refléter cette nouvelle stabilité. Il va refléter l'ordre, la mesure qui prédomine sous le règne de Louis XIV. Vous avez donc bien compris le contexte historique dans lequel est né le classicisme.
On va regarder maintenant un petit peu quelles sont les caractéristiques du classicisme en littérature. Alors le classicisme est tout d'abord marqué par un souci de légiférer. la création littéraire.
C'est-à-dire qu'on voit l'émergence d'écrits théoriques qui fixent des règles strictes et rigoureuses à respecter en littérature. Alors vous avez tous entendu parler de certaines de ces règles. La règle de la vraisemblance, la règle de la bienséance, la règle des trois unités au théâtre, etc.
Ce qu'il est important de comprendre, c'est que ces règles ne sont pas fixées au hasard. Il y a toujours une raison, il y a une volonté derrière toutes ces règles. Et cette volonté, c'est le souci d'imiter la nature et les anciens.
Alors quand je dis les anciens, c'est-à-dire les latins et les grecs. Et c'est aussi le souci de se conformer à la raison. Alors, on regarde ça un petit peu plus en détail, vous allez comprendre. L'imitation de la nature, tout d'abord. Pour les auteurs classiques, la nature...
Et l'œuvre de Dieu, donc elle est parfaite. Une œuvre d'art réussie, c'est donc une œuvre d'art qui imite la nature. D'où certaines règles que vous connaissez. La règle de la vraisemblance.
Tout ce qui est raconté ou tout ce qui est représenté sur scène doit être vraisemblable. Au théâtre, la règle des trois unités. Tout doit se dérouler sur une seule journée, en un seul lieu, et il ne doit y avoir... qu'une seule action.
Le but de cette règle, c'est de donner l'impression au spectateur que ce qu'il voit sur scène auraient pu vraiment se dérouler sous ses yeux en temps réel. L'idée qui se cache derrière cette règle, c'est donc en fait l'imitation de la nature. Vous remarquez quand même que pour les auteurs classiques, imiter la nature ce n'est pas l'imiter servilement, mais c'est l'imiter en l'ordonnant, en y mettant de l'ordre. Vous pouvez penser par exemple au jardin de Versailles. Il ne s'agit pas d'imiter une nature sauvage ou exubérante.
mais au contraire d'ordonner et de maîtriser la nature. Ensuite, autre point très important, la plupart des règles classiques reposent sur la nécessité de se soumettre à la raison, c'est-à-dire à la mesure et à l'équilibre, et surtout pas à l'émotion et au chaos baroque. D'où là encore un certain nombre de règles, comme au théâtre la règle de la... bien séance.
Il ne faut pas montrer sur scène ce qui pourrait choquer le bon goût. Donc on ne va pas montrer par exemple de rapports charnels ou de morts sur scène, d'actes violents. Ensuite vous remarquerez qu'au théâtre les personnages excessifs qui n'arrivent pas à maîtriser leur passion, eh bien ont une fin tragique, finissent mal.
Et enfin une règle importante dont vous avez souvent entendu parler Les œuvres classiques doivent plaire et instruire. Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Eh bien l'œuvre littéraire, elle doit être plaisante, elle doit nous distraire, mais elle doit aussi être utile. Par exemple, les comédies de Molière.
Molière est un auteur classique. Eh bien ils ont pour but de corriger les mœurs, de corriger les défauts de caractère. Donc ces comédies ne sont pas vues... comme de simples divertissements. Elles ont aussi une utilité.
Vous pouvez aussi penser à des moralistes comme La Fontaine qui écrivent des textes très plaisants mais qui toujours ont une fonction morale, didactique. Ce culte de la raison et de la mesure s'incarne dans l'idéal de l'honnête homme. Alors l'honnête homme, c'est une expression au XVIIe siècle pour désigner l'homme élégant, mesuré, discret.
L'homme qui a intégré toutes les règles de la civilité et de la politesse. Alors faites bien attention parce qu'on vous piège parfois à l'oral de français là-dessus en vous demandant qu'est-ce qu'un honnête homme. L'adjectif honnête au XVIIe siècle veut dire mesuré.
Donc l'honnête homme au XVIIe siècle, ce n'est pas simplement un homme honnête. C'est un homme qui incarne la mesure, la politesse, le bon goût. Vous l'avez compris, le classicisme recherche l'ordre, la mesure.
Comment tout cela s'exprime-t-il dans l'écriture classique ? C'est très simple. Vous allez observer dans les textes classiques des figures de style de symétrie.
Comme par exemple le parallélisme. Dans Fèdre de Racine, présente, je vous fuis, Absente, je vous trouve. Ou une figure de style comme le chiasme, vous savez, cette structure A-B-B-A.
Par exemple, dans l'Avare de Molière, Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. Vous voyez, il s'agit de figures de style qui incarnent l'équilibre, l'ordre, la mesure, car elles sont symétriques. Vous allez aussi trouver l'emploi d'un alexandrin très équilibré. Un alexandrin, c'est un vers en douze syllabes.
Et alors pour les classiques, la césure doit être à l'hémistiche, c'est-à-dire au milieu du vers après la sixième syllabe. Et en effet, un alexandrin équilibré avec la césure à l'hémistiche, eh bien donne une impression d'ordre et d'équilibre. Et enfin, très important, les écrivains classiques recherchent la concision, la clarté. Leur style est simple, clair, net, le vocabulaire est précis. On est très très loin du vocabulaire très chargé, hyperbolique du baroque.
Les auteurs classiques essaient plutôt de trouver des formules qui sont brèves, qui sont claires, qui sont nettes, qui sont précises, qui vont droit au but. On ne fait pas de digression, on ne fait pas d'enjolivement inutile. Alors par exemple, il vous suffit de penser au moral de La Fontaine.
Dans Le Loup et la Nuit, La raison du plus fort est toujours la meilleure, nous l'allons montrer tout à l'heure. Ou bien les animaux malades de la peste, selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir. Vous avez des morales qui sont directes, qui vont droit au but, qui sont précises et nettes. Alors vous en avez déjà appris pas mal sur le classicisme et ce qui va être vraiment intéressant c'est de regarder ensemble quelques oeuvres très représentatives du classicisme.
Alors je commence par le théâtre parce que le théâtre c'est un genre prédominant durant le classicisme au XVIIe siècle. Vous pouvez penser aux tragédies de Racine, par exemple à la tragédie Phèdre qui évoque la passion incestueuse de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte. Alors pourquoi cette pièce est-elle si représentative du classicisme ? Déjà, Racine reprend la pièce d'un auteur grec, Euripide.
Comme je vous l'ai dit, les classiques veulent imiter les anciens, c'est-à-dire les grecs et les latins. Le fait de reprendre une pièce antique s'inscrit donc parfaitement dans l'esprit du classicisme. Ensuite, cette pièce est classique d'un point de vue formel.
Puisqu'elle respecte la règle des trois unités, elle se déroule en 24 heures dans un seul lieu autour d'une seule intrigue. Et elle respecte aussi la règle de la bienséance. Par exemple, à la fin de la pièce, la mort d'Hippolyte n'est pas représentée sur scène, mais elle est racontée par un messager. Ce qui est un procédé très utilisé pour éviter de montrer sur scène des actes violents.
Et puis l'écriture de Racine est extrêmement bien maîtrisée puisque toute la pièce est réellement représentée. est écrite en alexandrin, le ver noble par excellence. Enfin, cette pièce a pour but de montrer les désordres qu'entraîne la passion. Parce que Phèdre se laisse emporter par sa passion amoureuse, elle crée autour d'elle un chaos qui mène à la mort de presque tous les personnages. Donc vous voyez, cette représentation négative de la passion est complètement dans l'esprit du classicisme.
Alors ensuite, un autre dramaturge classique que vous connaissez tous, c'est Molière, les comédies de Molière. Par exemple, le misanthrope. Dans cette pièce, on a deux personnages complètement opposés. On a Alceste, qui est le misanthrope, un personnage qui n'aime pas la compagnie des autres hommes, qu'il juge trop hypocrite. Et puis on a son ami Philinte, qui est un homme sociable, courtois.
qui a conscience de l'hypocrisie sociale, mais qui l'accepte dans une attitude de sagesse. Ce qu'on voit dans cette pièce, c'est que Philinte incarne l'honnête homme. Philinte a le sens de la politesse, il a le sens de la bienséance, le sens de la mesure aussi dans son rapport avec les autres hommes. C'est vraiment l'homme du juste milieu.
Alceste, en revanche, est un homme excessif qui se rend malheureux et ridicules par ses excès de colère. Et Molière se moque d'Alceste, il se moque de ce type de caractère. Et il nous montre, avec le personnage de Philinte, ce que doit être un honatome.
Donc on a fait un petit tour de quelques œuvres théâtrales. On va regarder maintenant qu'est-ce qui se passe en poésie durant le classicisme. Alors un des grands auteurs classiques que vous connaissez, c'est La Fontaine. Les fables de La Fontaine sont représentatives du classicisme. Déjà, les fables de La Fontaine sont une réécriture de fables qui sont écrites par des auteurs grecs comme Aesop ou bien des auteurs latins comme Phèdre ou Horace.
Comme on l'a vu tout à l'heure, une des règles du classicisme c'est d'imiter les anciens, d'imiter les grecs et les latins. Le fait de réécrire les textes anciens est donc caractéristique du classicisme. Alors ensuite, La Fontaine met en œuvre un des principes essentiels du classicisme, plaire et instruire.
Il réécrit les textes anciens, mais il les réécrit de façon beaucoup plus plaisante, en les transposant en vers. Et puis La Fontaine a un coup de pinceau extraordinaire pour croquer les personnages. Mais ce plaisir du conte ne perd jamais.
de vue son objectif. Instruire, délivrer une morale. Et comme nous l'avons vu tout à l'heure, une morale, c'est une morale incisive, épurée, qui va droit au but et qui est facile à retenir. D'ailleurs, le XVIIe siècle, c'est le siècle des moralistes.
Alors un moraliste, c'est pas quelqu'un qui fait la morale, c'est un écrivain qui réfléchit sur la psychologie des hommes, sur la nature humaine. Comme moraliste très connu, vous avez Laroche Foucault, qui a écrit les Maximes, et vous avez aussi La bruyère avec les caractères. Dans les caractères, la bruyère brosse des portraits satiriques en s'attachant dans chaque portrait à dénoncer un défaut humain.
Et comme la fontaine, la bruyère répond toujours à cette exigence de plaire et instruire. Ces portraits sont très vifs, ils sont très amusants à lire, mais ils dénoncent à chaque fois un défaut humain. Ils ont donc toujours une visée, une morale. Et puis on retrouve dans ces portraits l'art de la formule propre au classique, une formule brève, incisive, avec souvent des effets de parallélisme.
Par exemple, une formule de Labrouillère, l'on veut faire tout le bonheur ou si cela ne se peut, tout le malheur de ce qu'on aime. Et puis pour que ce cours soit vraiment complet, je fais un bref passage par le roman La princesse de Clèves de Madame de Lafayette. Alors La princesse de Clèves, c'est un roman important dans l'histoire de la littérature française parce qu'on considère que c'est le premier roman moderne français. Et c'est un roman classique. Il est classique parce qu'il respecte à sa manière les règles du classicisme.
L'unité de temps, alors là ce n'est pas comme au théâtre, ça ne se déroule pas sur une journée, mais l'histoire ne se déroule que sur une année. On a une unité d'action car le récit est très bref, il est centré autour d'une seule action, une seule intrigue. La règle de la vraisemblance, car Madame de Lafayette Prends soin de faire en sorte qu'il y ait une véritable vraisemblance historique et psychologique par rapport à ces personnages.
Et puis, la retenue. La passion amoureuse est relatée de façon très retenue. On va trouver beaucoup de figures de style d'atténuation, comme les litotes ou l'euphémisme. Et enfin, ce roman narre la façon dont la princesse de Clèves va lutter contre l'amour qu'elle éprouve pour le duc de Nemours.
Et la princesse de Clèves va dominer sa passion. Elle choisit la mesure, elle fait le choix de la raison et non celui de la passion. Et en cela, elle incarne aussi l'idéal classique de mesure et de raison.
Nous sommes arrivés à la fin de ce cours sur le classicisme, donc j'espère qu'il vous a plu. S'il vous a plu, eh bien partagez-le. Et puis je vous dis à bientôt sur commentairecomposé.fr dans de nouvelles vidéos.