bienvenue dans cette nouvelle vidéo sur le premier chapitre du thème 2 création rupture et continuité ce chapitre pose la question du positionnement de l'artiste qui crée par rapport à des modèles notamment des modèles hérités du passé créer consiste-t-il à rompre avec les modèles ou à les prolonger peut-on créer à la fois dans la rupture et dans la continuité comme ce chapitre est difficile il faut en passer par une phase un peu théorique avant de passer à des exemples littéraires artistiques commençons par un point historique un peu d'étymologie peut nous aider à y voir plus clair les mots artistes et artisans ont une même étymologie et pendant des millénaires il n'y a pas eu de distinction entre l'art et l'artisanat Ars en latin signifie habileté savoir-faire talent technique dextérité ARS voulait aussi dire métier profession l'artisan et l'artiste sont donc étymologiquement ceux qui mettent leur habileté et leur savoir-faire technique au service d'autrui on observe d'ailleurs le même phénomène pour le mot œuvre qui vient du latin opéra et qui signifie objet fabriqué ouvrage travail activité on a gardé par exemple les expressions main- d'œuvre littéralement les mains qui travaillent donc à l'origine l'art et la production manuelle d'objets fabriqués grâce à une compétence technique ce n'est qu'au 16e siècle que l'on va commencer à distinguer l'artiste de l'artisan à la différence de l'artisan qui reproduit en série des objets selon un savoir-faire traditionnel hérité du passé l'artiste devient celui qui crée des œuvres uniques inédites singulières sans fonction utilitaire autre que le plaisir esthétique et émotionnel qu'elle procure pourtant jusqu'au 17e siècle la capacité d'innovation des artistes n'est pas incompatible avec l'imitation ou pour le dire autrement la rupture se fait dans la continuité en effet les artistes de la Renaissance 16e siècle ou du classicisme 17e siècle aspiré à imiter les modèles antiques on parle d'imitation en latin on réécrit les mythes on reprend les intrigues du théâtre grec on imite le style des poètes latins par exemple le poète Ronsard s'inspire dans ses odes des poète antique Pindar Oras Virgile Molière réécrit la pièce de plotte la marmite dans sa comédie lavar la fontaine réécrit et versifie les fables desobes de Fèdre de Thérence Racine et Corneille reprennent dans leur tragédie les grandes figures de l'histoire gréco-romaine des mythes antiques voire des pièces antiques la peinture de la Renaissance et du classicisme elle aussi s'inspire des grands scèn biblique ou mythologique bref à cette époque imiter et réécrire des œuvres antérieures et respecter les modèles traditionnels ne pose aucun problème c'est même cette capacité de l'artiste à mettre au goût du jour par la forme à moderniser une œuvre déjà connue du public qui donne sa valeur à l'œuvre et témoigne du talent de l'artiste d'ailleurs ce n'est pas pour rien que dans la mythologie grecque les Muses DS des arts sont les fille de mnémosine la déesse de la mémoire on conçoit à cette époque l'art comme une continuité mémorielle avec avec les œuvres du passé et avec la tradition c'est justement à la fin du 17e siècle que cette pratique de l'imitatio va être remise en question avec la querelle des anciens et des modernes la querelle des anciens et des modernes correspond à une série de polémiques littéraires et idéologiques qui court tout au long du 17e siècle le camp des classiques mené par boilot défend l'héritage de l'antiquité selon les classique la valeur d'une œuvre se mesure à sa postérité les œuvres antiques ont traversé les siècles ce qui montre que ce sont des chef-dœuvres universelles et inégalables qu'il faut imiter humblement racine la fontaine Fenelon et la bruyère partagent cette position les modernes menés en particulier par Charles Perro soutiennent qu'il faut au contraire s'inspirer de l'époque contemporaine qui est tout aussi glorieuse voire davantage paradoxalement cette position est soutenue de manière assez opportuniste par la cour mais aussi plus surprenant par l'Église qui veut favoriser les représentations chrétiennes au détriment des valeurs païennes antiques jugé hérétique cette querelle va être le point de départ d'une nouvelle conception de la création artistique dont la valeur résidera dans l'innovation l'originalité la capacité à refléter l'air du temps et non plus dans l'imitation ou la réécriture des œuvres du passé or l'idée que la création artistique doit rompre avec les modèles du passé est finalement une vision moderne mais qu'est-ce que la modernité vaste question car le mot moderne et le mot modernité sont des concepts difficiles à cerner car il recoupe plusieurs significations d'abord l'adjectif moderne qu'on utilise depuis des siècles a un sens temporel quelque chose de moderne et ce qui appartient à l'époque actuelle au présent ce qui est récent actuel contemporain par exemple un poète du 16e siècle est moderne pour un lecteur du 16e siècle même s'il ne l'est plus pour nous le paradoxe c'est que le moderne est forcément éphémère puisque dès qu'une invention moderne s'installe elle devient ancienne dépassée démodée la locomotive était moderne au 19e siècle et elle est devenue des hues aujourd'hui quand le moderne devient la nouvelle norme il s'annule forcément mais les mots modernes et modernité ont aussi un sens philosophique et historique et c'est là que ça se complique un peu pour les historiens les temps modernes désignent une nouvelle ère historique qui commence avec l'humanisme du 16e siècle avec les temps modernes naissent de nouvelles valeurs dont les principales sont la raison le progrès et l'individualisme c'est-à-dire l'autonomie de l'individu à ne pas confondre avec l'égoïsme cependant pour les philosophes et les historiens de l'art le mot modernité est associé à une période historique plus restreinte qui commence avec les Lumières et la Révolution française c'est à ce moment que les valeurs des temps modernes s'affirment avec l'essort du rationalisme des démocraties de l'individualisme et de la foi dans le progrès or c'est à cette époque que l'on qualifie alors de moderne qui se caractérise par un nouveau rapport à l'histoire fondé justement sur l'idée de progrès c'est notamment le point de vue desgel qui considère que le mouvement de l'histoire est celui du progrès de l'humanité dans cette conception égélienne l'histoire est une courbe linéaire qui va vers plus de progrès plus de progrès techniques avec des innovations techniques et scientifiques plus de progrès social avec plus d'égalité de démocratie de tolérance plus de progrès économique plus de richesse de confort de meilleures conditions de vie et cetera cette vision progressiste est aussi liée à l'idée de révolution c'est par les révolutions que les humains font progresser leurs conditions le mot révolution se retrouve donc à partir du 19e siècle dans tous les domaines révolution industrielle révolution scientifique révolution agricole et cetera quel rapport me direz-vous avec notre chapitre sur la création artistique et bien dans cette nouvelle vision du monde moderne c'est-à-dire à partir du 19e siècle on considère aussi que l'art progresse et s'améliore que l'art du présent est un progrès par rapport à l'art du passé il en résulte que les artistes considèrent que pour améliorer l'art il faut rompre avec les modèles du passé sur le modèle de la Révolution proposer des formes nouvelles originales inédites le mot moderne prend donc un troisième sens plus moral ce qui est moderne est meilleur plus évolué et le contraire du moderne devient péjoratif archaïque démodé arriéré obsolète périmé cela signifie qu'à partir du 19e siècle on considère que la véritable création artistique est forcément une rupture avec les modèles du passé que l'innovation est positive et même indispensable qu'il n'y a pas de création véritable sans innovation et que c'est justement cette recherche d'innovation qui permettra à l'art moderne de rester dans l'histoire c'est ce que dit baudler dans sa série d'essais le peintre de la vie moderne en 1863 la modernité c'est le transitoire le fugitif le contingent la moitié de l'art dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable c'est aussi le crédau de rimbaau qui dit à la fin de son recueil une saison en enfer en 1873 il faut être absolument moderne ainsi à partir de la moitié du 19e siècle naît le concept d'avant-garde ce mot est empreuné au lexique militaire et désigne à la base la partie d'un bataillon placé à l'avant de la troupe en art le terme a conservé un peu de sa connotation épique et militaire les avant-gardistes sont ceux qui ont assez de courage pour être à l'avant-poste ceux qui prennent des risques pour combattre les anciens modèles les avant-gardistes sont en somme les nouveaux révolutionnaires qui combattent contre l'ordre bourgeois se rassemblent en groupes et en c et produisent des manifestes une avant-garde désigne donc un courant artistique qui cherche l'innovation l'expérimentation et qui donne le sentiment d'être en avance sur son temps c'est surtout au début du 20e siècle qu'explose dans toute l'Europe de très nombreuses très nombreuses avant-gardes artistiques qui concernne d'ailleurs tous les arts le cinéma la peinture la littérature et qui se succèd à un rythme très rapide il suffit de regarder en 30 ans le nombre de mouvements d'avant-garde qui sont nés à la même période le fauisme l'expression le cubisme le futurisme le dadaïme le Bos le suprématisme le constructivisme le surréalisme tous ces mouvements artistiques qui naissent entre la fin du 19e et les années 1920- 1930 revendique le la rupture avec l'art traditionnel notamment avec le réalisme formel de l'art académique du 19e siècle rejet qui va jusqu'à l'abstraction en littérature c'est surtout en poésie que naissent des expérimentations avant-gardistes au début du 20e siècle les fondateurs de cet esprit d'avant-garde sont Apollinaire et sandrar dont la poésie exalte la vie urbaine contemporaine et renouvelle la forme poétique respectivement dans leur recueil majeur que sont alcool et la prose du transibérien tous deux de 1913 mais on peut aussi penser aux poèmes dadaïes ou aux œuvres des surréalistes comme celles de Desnos et Luard breton qui ont cherché à introduire les forces de l'inconscient et du rêve dans la représentation fantasmée du réel cette veine on que se retrouve aussi un peu plus tard chez Boris Vian par exemple dans l'écume des jours l'histoire d'amour de Colin et Chloé qui se déroule dans un monde fantaisiste et un peu déroutant où Colin le matin par exemple se taille les paupières en biseau au coupongle et où Chloé est malade parce qu'elle a un énuphar qui pousse dans ses poumons après la Seconde Guerre mondiale les avant-gardes se poursuivent sur un mode peut-être un peu plus pessimiste car les avant-gardes sont paradoxalement prisonnières de leur fonctionnement révolutionnaire s'il faut perpétuellement et expérimenter les artistes doivent aller toujours plus loin dans la déconstruction des modèles il en résulte des œuvres qui vont à rebour de leur code générique traditionnel par exemple le nouveau roman représenté par Butor robgriet sarot rejette tous les codes traditionnels du roman et déclare la mort du personnage c'est le début de l'airre du soupçon du nom d'un essai de Nathalie sarot de 1956 l'intrigue est décousue et fragmentée les personnages sont présentés comme des créatures artificielles le narrateur n'est plus fiable et peut mentir ou manipuler l'illusion et l'identification du lecteur deviennent impossiblebles comme le dit Ricardou le récit n'est plus l'écriture d'une aventure mais l'aventure d'une écriture par exemple l'emploi du temps de Butor est une sorte de parodie de roman policier écrit sous la forme du journal intime rétrospectif de Jacques Revel qui enquête sur un meurtre dont on n'est pas sûr qu'il ait eu lieu et qui entraîne le lecteur dans des strates brouillé ont finit par remettre en doute la fiabilité du narrateur dont d'ailleurs on ne sait pas grand-chose les choix d'écriture du Nouveau Roman peuvent donc dérouter surprendre brouiller la compréhension comme par exemple les nouvelles de tropisme de Nathalie sarot écrit selon la technique du flux de conscience qui apparaît au début du 20e siècle dans les romans de Wolf ou de Joyce c'est aussi le cas au théâtre avec le théâtre de l'absurde de bequet et yonesco qui mett en scène des personnages étranges grotesques souvent assez mécanisé par exemple dans la pièce de bquet en attendant Godo les deux anti-héros Vladimir et Estragon ne font qu'attendre en vain la venue d'un mystérieux Godo qui ne vient jamais cette volonté avant-gardiste de rompre avec les code peut aller jusqu'à la remise en question de l'art lui-même tel le morceau de John Cage 4 minutes 33 qui est en réalité 4 minutes 33 de silence on peut penser aussi au monochrome par exemple chez yclin qui créit le fameux bleu clin et qui s'intéresse à la pure sensorialité de la couleur ainsi l'expérimentation peut parfois pousser l'art jusqu'à des limites au-delà desquelles il risque de s'aniler cependant parallèlement la création artistique se renouvelle aussi par la modernisation des codes traditionnel la rupture peut donc aussi se jouer dans la continuité comme le dit Valéri rien de plus original rien de plus soit que de se nourrir des autres mais il faut les digérer le lion est fait de moutons assimilés au début du 20e siècle on voit par exemple s'épanouir un théâtre tragique qui renouvelle la tragédie antique et classique et qui reprend les mythes de l'antiquité permettant d'interroger des questions contemporaines comme la montée des totalitarismes ou la Seconde Guerre mondiale giraudou reprend les mythes d'Électre ou d'amphitrion et dans la guerre de tro n'aura pas lieu il reprend les personnages de la guerre de TR qui cherchent à éviter la guerre mais sans succès anouille avec sa pièce Antigone coctto avec ses pièces Orphé ou la machine infernale Sartre avec Les Troyennes montre bien la vitalité des mythes qui ont encore des leçons à donner aux spectateurs du 20e siècle le roman lui aussi se renouvelle s'ans rompre totalement avec la tradition le cycle de prou à la recherche du temps perdu innove en s'intéressant davantage à la vie intérieure du narrateur personnage qu'à l'action mais sa peinture satirique de la société bourgeoise et aristocratique peut rappeler la Comédie humaine de Balzac tandis que les thèmes récurrents de l'amour et de la jalousie sont des topoils universels autre exemple le roman Le Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand séine raconte les voyages et les rances d'un ancien soldat de la Première Guerre mondiale ce qui peut rappeler le roman picaresque du 18e siècle et cependant il innove dans son style et sa langue parlée et très argotique certaines grandes œuvres du passé sont perpétuellement réécrites et ont créé des mythes modernes comme Robinson crusoué de Daniel deau par exemple qui a produit le genre de la robinsonade de Michel Tournier dans vendredi où les limbes du Pacifique à l'ost ou seul au monde en passant par Sa Majesté des mouches de Golding ou l'empreinte à crusoué de Patrick chamooiseau on peut aussi penser au personnage de donongjan qui a été rendu célèbre par Molière et qui a inspiré de nombreux artistes peintres poètes dramaturg bref la littérature peut apparaître comme une perpétuelle réécriture c'est pourquoi jeunette un théortien qui développe l'idée de transtexualité utilise la métaphore du palimpsest ce parchemin m dont l'on gratte l'ancien texte pour en récrire un nouveau finalement la création se joue sur tout un continuum depuis la continuité jusqu'à la rupture sans être exclusivement dans l'expérimentation radicale ou dans la tradition servile voilà je vous dis à bientôt pour le chapitre 2 histoire et violence