Musique Je me retrouve aujourd'hui pour l'étude du poème Roman d'Arthur Rimbaud. C'est un poème qui est un peu long, qui est plus long que ce que vous avez peut-être vu jusqu'à présent. C'est 8-4-1 en alexandrin. C'est peut-être un poème sur lequel vous ne serez pas interrogé sur l'intégralité. Il est possible que le correcteur...
vous demande d'étudier seulement par exemple les quatre premiers quatrains. Il ne faut pas être déstabilisé, il faut essayer de s'adapter à cette demande. Je vous rappelle que vous faites une explication linéaire, donc normalement ça ne change rien à ce que vous avez à dire.
Donc on y va pour ce poème. Alors on étudiera la problématique suivante, en quoi est-il un exemple d'émancipation créatrice ? J'essaye de faire le lien ici avec le parcours associé qui est donc l'émancipation créatrice.
Et on y va avec l'introduction, toujours nos cinq éléments d'introduction. Je vous rappelle l'auteur, l'œuvre intégrale, le texte étudié, la problématique, les mouvements. Et on insère au milieu de tout ça la lecture du poème. Donc pour l'auteur ici, Rimbaud, toujours le même, ce jeune poète du 19e, qui est donc très inspiré par la vie de Bohème et qui va se lancer dans la rédaction de divers poèmes lors de ses fugues. en 1870. Ces poèmes seront ensuite rassemblés dans l'oeuvre Cahiers de Douai, donc 22 poèmes qui sont rassemblés dans Cahiers de Douai.
Et suivant les éditions, les 22 poèmes ne sont pas forcément agencés de la même manière. On retrouve à travers ces poèmes le véritable génie littéraire de Rimbaud et on voit donc son envie de s'émanciper des codes traditionnels. Et le poème que nous allons étudier aujourd'hui en est un bel exemple car c'est quand même un poème qui s'intitule roman.
Donc clairement on voit qu'il y a une envie de jouer avec les codes de la littérature en appelant un poème roman. Ce poème se compose donc de 8 quatrains en alexandrin, donc un long poème qui s'étend avec des vers assez larges. L'alexandrin permet de dire beaucoup de choses.
Et dans ce poème, Rimbaud va nous raconter une histoire d'amour adolescente et on va voir qu'on va suivre les étapes classiques du schéma narratif. Donc avec la situation initiale, l'élément perturbateur, les péripéties, l'élément de résolution et la situation finale. Et c'est ainsi d'ailleurs que vous verrez, j'ai découpé mes mouvements. Divisé, donc le poème d'ailleurs est divisé en quatre chapitres. On le voit physiquement dans le poème, vous pouvez voir les chiffres romains qui s'installent entre les strophes, donc toutes les deux strophes.
Donc on a vraiment l'envie de la part de Rimbaud de ressembler à un roman. Et il va donc s'émanciper également des codes du lyrisme traditionnel. Normalement, le lyrisme, c'est le jeu, une première personne du singulier, l'expression des sentiments personnels.
Et là, il y a une forme de distance qui est utilisée parce que jamais il n'utilisera le jeu, mais un vous qui peut être lui, qui peut être nous. Donc voilà, quelque chose d'assez distancié. Alors, on y va pour la lecture. Donc clairement, le jour de l'oral, vous ne lirez certainement pas tout.
Vous lirez peut-être que les quatre premières strophes, normalement on ne vous demandera pas de tout étudier car le poème est assez long. Moi je vais tout vous lire ici. Je vous rappelle que chez Rimbaud, il faut faire très attention aux enjambements parce que clairement, il y en a beaucoup.
Et il faut que vous montriez lors de la lecture que vous êtes capable de faire ressentir et les émotions qui transparaissent dans l'œuvre, mais aussi... que vous avez compris l'oeuvre. Donc on y va ! Roman. On n'est pas sérieux quand on a 17 ans.
Un beau soir, foin des bocs et de la limonade, des cafés tapageurs aux lustres éclatants. On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin.
L'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière. Le vent chargé de bruit, la ville n'est pas loin. A des parfums de vignes et des parfums de bière.
Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon d'azur sombre encadré d'une petite branche piquée d'une mauvaise étoile qui se fond avec de doux frissons, petites et toutes blanches. Nuit de juin, 17 ans, on se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête.
On divague. On se sent aux lèvres un baiser qui palpite là comme une petite bête. Le cœur fou Robinson à travers les romans, lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, passe une demoiselle aux petits airs charmants, sous l'ombre du focaule effrayant de son père. Et comme elle vous trouve immensément naïf, tout en faisant trotter ses petites bottines, elle se tourne, alerte, et d'un mouvement vif, sur vos lèvres alors, meurt une.
Vous êtes amoureux, loués jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux, vos sonnets la font rire. Tous vos amis sont bons, vous êtes au mauvais goût. Puis, l'adorer un soir, à daigner vous écrire. Ce soir-là, vous rentrez aux cafés éclatants, vous demandez des bocs et de la limonade.
On n'est pas sérieux quand on a 17 ans et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade. 29 septembre 1811 Donc vous l'avez vu, un poème long. que je vais diviser en trois mouvements, donc du vers 1 au vers 8, donc les deux premiers quatrains, la situation initiale avec l'élément perturbateur, du vers 9 au vers 28, une grande partie avec les péripéties de l'histoire d'amour, et puis finalement du vers 29 à 32, donc vraiment la toute fin, le dernier quatrain, la situation finale.
Alors c'est parti pour ce poème. Premier mouvement, donc les deux premiers quatrains qui vont constituer... La situation initiale et l'élément perturbateur. Alors, on commence avec le cadre spatio-temporel précis qui nous rappelle bien celui du roman, du roman d'amour en l'occurrence ici, avec 17 ans, un beau soir, les cafés tapageurs, les tilleuls verts de la promenade et on sait que la ville n'est pas loin.
Donc tout ça nous place bien dans un cadre spatio-temporel fidèle au roman et une situation initiale qui s'oppose à nous. Avec le lien de cause à effet que l'on a entre eux, on n'est pas sérieux quand on a 17 ans, donc l'adjectif sérieux et l'âge 17 ans. L'adjectif sérieux il est mis en évidence avec la diérèse, on dit bien on n'est pas sérieux quand on a 17 ans, on doit bien détailler les choses pour avoir les 12 syllabes.
Ce lien de cause à effet il permet de poser les bases de la scène amoureuse, c'est à dire on sait que le jeune homme est prompt à la rencontre, il est prêt. à vivre quelque chose. C'est d'ailleurs ce qui va permettre de déclencher l'élément perturbateur que l'on a ensuite avec un beau soir, foin des bocs et de la limonade.
Donc un beau soir, on envoie tout balader, cet adverbe foin là, c'est vraiment ce qui va déclencher l'histoire. C'est je jette, je quitte cet endroit et je sors du café et je vais me promener sous un jeu. On va se promener sous les tilleuls verts de la promenade.
C'est vraiment ce qui va déclencher l'histoire. Ensuite, on va avoir le champ lexical de l'alcool que l'on va retrouver dans les mouvements suivants. Ce champ lexical de l'alcool montre que le personnage est désinhibé.
Il est prêt à vivre quelque chose grâce à cet alcool. Il est grisé avec café, boc, vignes, bière. On est bien dans un endroit où le jeune homme est prêt.
Il est prêt à l'aventure. On a donc ici l'usage massif des cinq sens, on va vraiment vivre pleinement l'expérience avec lui. On retrouve le goût avec les bocs et la limonade. Louis, les cafés sont à pageurs, on nous dit que le vent est chargé de bruit, que la ville n'est pas loin. On a bien sûr la vue avec les lustres éclatants, le tilleul vert et on nous parle de fermer la paupière.
Il y a l'odorat avec sang de bon, parfum de vigne, parfum de bière et enfin le toucher, soir de juin, si doux et le vent. Donc on est vraiment dans une expérience totale grâce à l'usage des cinq sens. On peut vraiment, nous lecteurs, se matérialiser dans cet univers de la promenade. De plus, la répétition de bons et le chiasme et le parallélisme que l'on va retrouver dans les tilleuls sans de bons dans les bons soirs de juin. Vous voyez ici le chiasme avec bons et bons qui se répètent.
Et un peu plus loin, le parallélisme à des parfums de vignes. à des parfums de pierre, nous permettent de vivre davantage encore la douceur estivale et de nous plonger un peu plus dans ces festivités. Donc ça c'était le premier mouvement, on est bien dans un mouvement qui nous place dans la situation initiale et dans l'élément perturbateur qui va donner naissance à cette histoire d'amour.
Et cette histoire d'amour, elle commence au deuxième chapitre de ce roman. Rimbaud va ici poser un cadre propice à la rencontre amoureuse avec tout d'abord dans le troisième quatrain une périphrase du ciel étoilé que l'on voit entre les feuillages. Cependant on va remarquer que cette périphrase elle annonce déjà un avenir un peu fâcheux car elle n'est pas tout à fait méliorative. Elle pourrait être un petit peu la métaphore de l'histoire d'amour à naître. Le ciel il est qualifié ici de petit chiffon, on nous parle de l'azur qui est sombre, il est encadré d'une petite branche, il est piqué d'une mauvaise étoile.
On nous parle de frissons, petites toutes blanches, enfin bref, on a une périphrase ici qui est dépréciative. Clairement, on n'est pas dans un cadre qui pourrait être tout à fait idyllique. Cependant, le cadre est aussi celui du jeune poète, avec les exclamations et le chant lexical de l'alcool. Nuit de juin, 17 ans, on est vraiment dans le jeune homme qui se laisse emporter comme ça par sa jeunesse. Et on retrouve le champ léthical de l'alcool avec griser, champagne, monte à la tête et divaguer.
Clairement, le jeune homme est certainement plus entreprenant grâce à la présence de l'alcool et puis aussi peut-être davantage prêt à la rencontre. Le jeune homme va se laisser aller, on sent qu'il abaisse les barrières de la raison pour se laisser aller un peu plus à ses instincts. D'ailleurs, il dit un on se laisse grisé donc le verbe se laisser montre bien qu'il y a une sorte de passivité dans l'action ça monte à la tête donc là encore on n'est pas forcément le jeune homme ne semble pas tout à fait maître de lui même ici cela permet donc à l'envi de naître ici l'envi c'est on se sent aux lèvres un baiser mais cette envie encore une fois elle est dépréciative car elle est comparée à une petite bête alors ça palpite donc il y a quelque chose d'assez charmant et en même temps c'est une petite bête, donc un petit insecte.
Encore une fois, on est dans un entre-deux, c'est un peu mi-fille mi-raisin, on ne sait pas trop ce qui va se passer. Continuons avec le chapitre 3, toujours dans nos péripéties, on est toujours dans le mouvement 2. Et ici, on va assister à la rencontre entre l'adolescent et la jeune femme. Et ce quatrain s'ouvre sur l'aventure amoureuse avec l'expression cœur flou. Et le verbe Robinsonner, cependant cette aventure amoureuse elle est fictive.
Pour l'instant on sent bien que le jeune homme ne sait pas trop où il met les pieds, il en a beaucoup lu dans les romans, mais en vérité il ne sait pas trop comment ça se passe. Donc on est vraiment dans l'idée de l'aventure avec mon coeur fou, et puis le verbe Robinsonner qui fait référence à Robinson Crusoe, donc clairement ici l'envie d'aventure et d'exotisme. Cette aventure elle va se manifester... grâce à la rupture et la conjonction Lorsque qui va nous montrer qu'on passe à autre chose et ce Lorsque va créer la rencontre lorsque dans la clarté d'un pâle réverbère passe une demoiselle au petit air charmant sous l'ombre effrayante du faux col effrayant de son père donc ici on a la rupture avec Lorsque et en plus ensuite vont s'enchaîner deux antithèses et un jeu de lumière les antithèses elles sont d'abord sur clarté d'un pâle réverbère...
Du coup on est dans une semi pénombre ou dans une semi lumière et on nous dit que la jeune femme elle a des petits airs charmants par contre son père lui a un faux col effrayant. Donc une rencontre qui est là encore qui est énigmatique du fait du jeu de lumière mais aussi de l'attitude du père et de la jeune fille on ne sait pas trop ce qui va en découler. On retrouve cependant les classiques du roman d'amour avec la jeune femme délicate, les petits airs charmants, elle trouve le jeune homme immensément naïf donc avec l'hyperbole ici, immensément. On a aussi la littération hantée tout en faisant trotter ses petites bottines qui nous renvoient là aussi à la délicatesse de la jeune fille. Le côté aussi amour au premier regard où elle se tourne D'un coup, elle se tourne et là, il se voit et l'amour se fait tout de suite.
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif. Donc on retrouve là aussi des éléments classiques du roman d'amour. Le père protecteur, bien évidemment.
Et puis le jeune homme qui va la courtiser avec les cavatines et les sonner un peu plus loin. Donc on est bien et puis finalement la fuite des amis parce que trop amoureux, on les oublie. Donc on a vraiment tous les éléments traditionnels du roman d'amour classique. Cependant, si on lit un peu entre les lignes, on va se rendre compte que tout ça est teinté d'ironie et qu'en fait on a presque un regard adulte. de Rimbaud sur lui-même, un regard en tout cas plein de recul sur ce qu'est cette histoire d'amour.
Donc par exemple, l'hyperbole immensément naïf nous montre aussi le regard du jeune homme sur lui-même et qui dit bah oui c'est vrai qu'à 17 ans on est très naïf et on se laisse un petit peu comme ça emporter partout. Le son des bottines, avec le trottin, ces petites bottines, ce son... Et presque un cliché, la jeune fille apparaît presque comme précieuse, donc elle perd un peu de sa superbe.
La répétition au quatrain suivant, Vous êtes amoureux, vous êtes amoureux là encore, s'apparente à une sorte d'envolée lyrique, d'amour extraordinaire, mais cet amour en fait, il a une date de fin, c'est loué jusqu'au mois d'août, le verbe loué prouve bien que c'est éphémère, et puis il y a la date de péremption, si je puis dire. Avec le mois d'août, c'est vraiment l'amour d'été qui s'arrêtera là et qui n'ira pas plus loin. Le poète ne semble pas dupe d'ailleurs de cela.
Et puis vient l'élément de résolution, ici en vert. L'élément de résolution, c'est la rupture, la rupture par lettres. Cette lettre qui semble-t-il a été longuement attendue par le poète, parce qu'il dit puis donc ce puis qui marque un tournant.
et le un soir finalement elle a dénié le verbe dénier, dit ah bah oui vous avez vous ne méritiez pas et puis elle a quand même consenti à envoyer une lettre et les points de suspension montrent bien que cette lettre n'est pas positive et que ici la rupture est consommée entre la jeune femme et le poète. On peut donc passer au troisième mouvement qui est la situation finale le retour ou à la case départ en fait si vous regardez la strophe La première strophe et la dernière strophe, elles sont quasiment identiques. Le jeune homme revient au café tapageur.
Rimbaud nous le montre en utilisant cette strophe une légèrement modifiée. Il y a quelques nuances qui montrent un peu le dépit, cependant. On nous dit ce soir-là, on avait un beau soir, et là on est à ce soir-là. Ce sont les cafés qui sont éclatants, ils n'ont plus les lustres.
Et puis... Là où on rejetait les bocs et la limonade, cette fois on les demande, on les commande à la serveuse. Donc il y a une sorte de confusion et puis surtout une sorte de dépit de la part du jeune homme.
Et puis enfin, on a une réponse directe à la première strophe. On n'est pas sérieux quand on a 17 ans et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade, c'est-à-dire qu'on est appelé par l'aventure amoureuse. Donc ce poème nous montre bien ici une forme d'émancipation créatrice.
Rimbaud va mêler le genre du roman avec le genre de la poésie. Il va vraiment faire de cette poésie un mini-roman, un petit roman condensé, très fort parce qu'on va tout vivre en très peu de temps. Mais cependant, on va bien retrouver toutes les étapes du schéma narratif et les éléments du roman d'amour traditionnel.
Donc on a une volonté ici de dépasser les codes de la poésie et de proposer sa propre vision de la poésie de la part de Rimbaud. Pour l'ouverture, je vous ai proposé Ophélie, qui est un autre poème du recueil Les Cahiers de Douai, dans lequel Rimbaud va là aussi jouer avec les codes du roman, on retrouve un peu le côté avec les chapitres. Cependant, vous pouvez ouvrir aussi sur la musique, par exemple, parce qu'on va mêler un autre art à la poésie, qui est ici la musique.
Donc c'est tout à fait possible également. Je vous rappelle cependant, et c'est très important, que toute ouverture doit être justifiée. et qu'on ne fait pas une ouverture inutile.
Vous devez systématiquement préciser pourquoi vous mettez les textes en lien les uns avec les autres. Voilà, sur ce, je vous laisse et je vous souhaite une bonne fin de journée.