L'inconscient. On commence par une définition de la notion. On va tout de suite, tout de suite, noter que la notion d'inconscient, elle a deux sens. Souvent, spontanément, quand on pense à l'inconscient, on pense à l'inconscient au sens de Freud, mais il faut garder en tête que l'on peut parler de l'inconscient dans un tout autre sens également. C'est pourquoi je distingue le sens de l'inconscient comme ce qui est inconscient et l'inconscient au sens de Freud.
Qu'est-ce que ce qui est inconscient ? Ce qui est inconscient, c'est simplement tout ce dont je... ne m'aperçois pas.
Il y a plein de choses qui peuvent être inconscientes en ce sens. Par exemple, quand on agit mécaniquement, machinalement, par habitude. On peut penser également aux distinctions qu'on fait dans le langage courant entre écouter et entendre. Ainsi l'élève qui est en classe et qui écoute le professeur peut entendre le bruit des oiseaux dehors en même temps sans l'écouter.
Donc plusieurs choses qui sont inconscientes ainsi le fonctionnement des organes du corps qui ne se fait pas nécessairement consciemment etc. et qui relève plutôt de ce qui est inconscient, et non pas de l'inconscient au sens de Freud, sur lequel on va revenir après, mais qui désigne une réalité psychique qui possède un mode de fonctionnement et des caractéristiques propres. Ce n'est pas du tout le même sens. Alors, trois auteurs absolument importants, alors quatre plutôt importants, Leibniz, Freud, Karl Popper et Sartre. On va commencer par rappeler la thèse de Leibniz. Pourquoi Leibniz ? Parce qu'on considère généralement que c'est Leibniz qui le premier a introduit en philosophie le thème de l'inconscient.
Qu'est-ce que l'inconscient pour Leibniz ? L'inconscient pour Leibniz, c'est ce qu'il appelle les petites perceptions, des petites perceptions trop ténues pour être conscientes, mais qui, si elles sont produites en grand nombre, contribuent à former une impression consciente. Pourquoi ?
Parce que ces petites perceptions, la conscience va les agréger, les additionner, et c'est en les additionnant qu'elles vont produire, ces petites perceptions, une conscience. L'exemple que vous pouvez... pouvez retenir qui est un exemple de Leibniz pour expliquer cette thèse, c'est l'exemple du bruit de la mer.
Quand j'entends le bruit de la mer, dit Leibniz, je n'aperçois pas le bruit que font chacune des vagues qui pourtant contribuent aux murmures que j'entends. On peut ainsi dire que chacune des vagues produit une petite perception inconsciente et c'est en s'agrégeant que le bruit de chacune des vagues va produire une impression consciente au delà d'un certain seuil critique. Donc toute perception pour Leibniz est une perception qui est très importante.
Le Leibniz est toujours composé d'une myriade de petites perceptions inconscientes qui s'agrègent, qui s'additionnent pour produire la conscience. Il faut donc bien connaître la distinction leibnizienne entre percevoir et apercevoir. Percevoir, c'est simplement recevoir un ensemble d'informations sensibles.
Apercevoir, c'est recevoir un ensemble d'informations sensibles tout en en ayant conscience. On a ainsi l'idée chez le Leibniz que l'inconscient peut être défini comme une conscience moindre. Une conscience moindre.
moindre mais qui est condition de possibilité de la conscience réelle et effective. Ainsi, entre l'inconscient et le conscient chez Leibniz, il y a moins une différence de nature comme ce sera le cas chez Freud qu'une différence de degré. Voilà pour la première conception de l'inconscient à bien connaître chez Leibniz, l'inconscient comme petite perception.
On passe tout de suite maintenant à une autre conception d'inconscient assez différente qui est celle de Freud. Alors pour plus de détails sur la conception freudienne de l'inconscient, je vous renvoie à une vidéo qui a été faite. sur la citation de Freud, le moi n'est pas maître dans sa propre maison.
Là ce qui va nous intéresser simplement c'est de questionner la légitimité théorique de la conception freudienne de l'inconscient. On rappelle simplement que pour Freud l'inconscient est constitué de l'ensemble des désirs qui sont refoulés, refoulés parce qu'ils sont jugés incompatibles avec les exigences morales de l'individu. Cependant on sait aussi que ces désirs qui sont refoulés ne vont pas en rester là, qu'ils vont tout faire pour franchir la barrière de la conscience. c'est qu'ils vont ressurgir, c'est le retour du refoulé, ils vont ressurgir sous différentes formes, de la névrose au rêve, en passant par le lapsus et les actes manqués, etc. Ce qui nous intéresse donc, c'est ce que dit Freud sur la légitimité de sa théorie psychanalytique.
Le fondateur de la psychanalyse dit que son hypothèse sur la psychanalyse doit être admise, car elle comporte une légitimité théorique, mais aussi une légitimité pratique. Freud prétend que son hypothèse même possède un caractère scientifique, puisque... est scientifique aux yeux de Freud, une hypothèse qui permet d'expliquer des phénomènes qui sans cette hypothèse resteraient mystérieux, inexplicables.
Or, l'hypothèse psychanalytique permet d'expliquer par exemple les rêves, les lapsus, les névroses et les actes manqués qui sans cette hypothèse demeurent inexplicables. Là, on peut les expliquer rationnellement. Donc, légitimité théorique de l'hypothèse freudienne.
Mais il y a également une légitimité pratique, dit Freud, puisqu'à ses yeux, une hypothèse est scientifique à partir du moment... où elle permet de fonder une technique qui permet d'agir sur les phénomènes qu'elle explique. Or, on sait que, dans l'optique de Freud, la cure psychanalytique permettra de guérir les névroses. Donc il y a aussi une légitimité pratique, ce qui conduit à Freud à dire que l'hypothèse de l'inconscient doit être admise et qu'elle possède un caractère scientifique.
Voilà pour Freud. Dans un troisième temps, on va rappeler quels sont du coup les critiques qui sont adressées à cette hypothèse de l'inconscient et qui visent... à en souligner les limites.
Alors là, il y a deux auteurs à bien connaître. Karl Popper, c'est un épistémologue du XXe siècle, et Jean-Paul Sartre. Karl Popper, lui, il va critiquer la dimension scientifique de la psychanalyse. Aux yeux de Karl Popper, on ne peut pas dire que la psychanalyse est scientifique. Pour bien comprendre l'objection de Karl Popper, il faut expliquer ce qui, aux yeux de celui-ci, constitue la scientificité d'une hypothèse.
Pourquoi peut-on dire qu'une hypothèse est scientifique ? Pour Karl Popper, une hypothèse est scientifique si elle est falsifiable, dit-il. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire qu'une hypothèse est scientifique si on peut imaginer une expérience qui contraigne celui qui a formulé l'hypothèse à reconnaître qu'elle est fausse. Ça veut dire qu'il faut imaginer une expérience qui puisse venir tester l'hypothèse. Ça ne veut pas dire que l'hypothèse se révélera fausse. Ça veut dire qu'il faut toujours réaliser un protocole expérimental qui permette de dire, ben voilà, là, il se peut que mon expérience soit fausse. Or, dit Karl Popper, c'est impossible en psychanalyse.
Pourquoi ? Eh bien parce que, quelle que soit l'expérience, l'hypothèse du psychanalyste n'est jamais contredite. Je prends un exemple simple, mais si le psychanalyste vous dit, eh bien voilà, la cause de votre névrose, c'est tel désir refoulé.
Eh bien, il y a deux options. Soit vous dites Ah mais oui, c'est vrai, je l'ai toujours su et dans ce cas-là, vous validez son hypothèse. Mais vous pouvez également dire Non, c'est pas vrai, vous vous trompez complètement, vous êtes dans l'erreur, etc. Eh bien, aux yeux du psychanalyste, si vous niez son hypothèse, vous renforcez en réalité son hypothèse, puisque dans le cadre de la psychanalyse, quand on nie l'hypothèse du psychanalytique, c'est le signe que cette hypothèse peut être vraie. Ça veut dire qu'on résiste, ça veut dire qu'on s'approche de la vérité.
Et plus on s'approche de la vérité... plus longtemps à la nier. Donc, que l'on dise que c'est vrai ou que l'on dise que ce n'est pas vrai, on ne peut pas réfuter l'hypothèse de la psychanalyse.
C'est pourquoi, chez Karl Popper, la théorie psychanalytique n'est pas scientifique car elle n'est pas falsifiable. Aucune expérience ne viendra jamais la contredire. C'est un petit peu le cas, si vous voulez, dans l'astrologie. L'astrologie n'est pas scientifique, puisque, quels que soient finalement les événements de la journée, il n'y a jamais un événement qui va venir véritablement contredire le pronostic de l'astrologie. qui est suffisamment vaste et générale pour pouvoir coïncider avec ce qui va se passer.
Deuxième objection qu'il faut connaître sur l'inconscience, c'est l'objection que formule Jean-Paul Sartre, et c'est la thèse selon laquelle la notion d'inconscient psychique est contradictoire. Alors l'objection de Sartre, elle se concentre surtout autour de la notion de censure. Je rappelle que la censure, dans l'optique de Freud, c'est une espèce de douane située à la frontière de la conscience et qui va faire le tri entre les désirs qu'elle juge illicites et qui peuvent donc devenir conscients, par exemple les désirs de soif, de nourriture, de sommeil, etc., et les désirs qu'elle juge illicites, car incompatibles avec la morale, et qu'elle va rejeter dans l'inconscient.
On voit donc que l'instance de censure, c'est une instance de choix. Or, dit Sartre, quand je choisis, il est impossible de ne pas avoir conscience que je choisis. Il est impossible de faire le tri sans avoir conscience de ce que l'on fait. C'est contradictoire.
Savoir, dit Sartre, en reprenant une citation d'Alain, c'est savoir qu'on sait. Je ne peux pas juger sans avoir conscience de juger. Plutôt que d'inconscient, dit Sartre, il faut donc admettre l'idée que la conscience se ment à elle-même, qu'elle se dissimule ses propres désirs. Une conscience qui se ment à elle-même, c'est ce que Sartre appelle la mauvaise foi.
Je vous renvoie ici à une vidéo qui a été faite sur la citation de Sartre, Nous sommes condamnés à être libres La mauvaise foi qui est une attitude typique de l'homme et qui consiste... à refuser sa liberté, à se mentir à soi-même pour se déresponsabiliser. Donc, pour conclure, on retient ici Leibniz'conception de l'inconscient, qui n'est pas la conception freudienne, l'inconscient c'est ce qui est trop petit pour être perçu consciemment. Chez Freud, on retient donc sa théorie de l'inconscient comme ensemble de désirs refoulés, mais également la légitimité qu'il y a à ses yeux de défendre cette théorie en raison de sa validité.
théorique et pratique. Et enfin, les critiques qui sont adressées à Freud. Karl Popper, l'inconscient n'est pas scientifique parce qu'il n'est pas falsifiable.
Et enfin, chez Sartre, l'inconscient, la théorie de l'inconscient est contradictoire puisqu'on ne peut pas penser à une conscience qui refoule sans avoir conscience de refouler.