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Analyse critique de *Fight Club*

Bonjour à tous, aujourd'hui on va briser les deux premières règles de Fight Club. Le bonheur est mort. L'humanité a plongé dans le capitalisme et le consumérisme. Les gens ne sont plus que des copies. Alors que faire lorsque l'on est pris dans cette spirale ? Et comment est-ce que le réalisateur David Fincher utilise la mise en scène pour accentuer ses propos ? Et bien c'est ce qu'on va voir dans cette année. Fight Club est un film profondément anticapitaliste. Le film porte un regard très négatif sur cette société de consommation. Au début du film, le personnage principal est esclave du système. Il effectue un travail qui ne lui plaît pas. Sa personnalité est définie par ce qu'il possède. Mais malgré toute cette consommation, le protagoniste du film ressent un profond mal-être. Mais sa tristesse est ignorée. Il est intéressant de noter que le prénom du personnage principal n'est jamais dévoilé tout au long du film. En fait, il est qu'une simple copie. Un monsieur tout le monde. Donc pour le reste de l'analyse, je l'appellerais le narrateur. Isolé, frustré, le narrateur va créer une seconde personnalité. Une personnalité qui va incarner tous ses désirs. Tyler Dorden. Il explique des phrases de pornographie dans un film familial. D'ailleurs, le fait que Tyler ne soit qu'une création du narrateur va nous être montré à plusieurs reprises dans le film, de manière plus ou moins subtile. On le voit notamment avec des flashs très rapides qui annoncent l'arrivée de Tyler. On le voit également apparaître à la télévision dans la chambre d'hôtel. Et on a des détails un peu plus subtils, comme par exemple lorsque Tyler se bat avec le gérant du local. Regardez bien, à chaque fois que Tyler prend un coup, le narrateur ressent l'impact. Et des détails comme ça, on en a tout au long du film. Tyler accuse donc le système capitaliste d'être le responsable des problèmes de la société. Mais le réalisateur David Fincher joue avec nous. Alors que le film est un pamphlet anticapitaliste, nous assistons tout au long du film à une multitude de placements de produits. Que ce soit Starbucks, Budweiser ou encore Crispy Dog. le film nous bombarde de publicité. Et le pire, c'est qu'on s'en rend même pas compte. Cela montre à quel point nous les avons acceptés comme part de notre vie. Un des moments les plus marquants est lorsque Tyler critique une pub pour Gucci. Et littéralement la scène qui suit, on retrouve Tyler avec un physique identique à celui qu'il dénonce. Il y a une dissonance entre ce que le film nous dit et ce qu'il nous montre. Mais le spectateur est aveugle, puisqu'il est lui aussi ancré dans le système. Et David Fincher va nous le faire savoir en brisant le quatrième mur et en s'adressant directement à nous, spectateurs. Vous êtes des fous de caciques. Vous êtes les tous-sanglants, les tous-dans de la merde du monde. Le double du narrateur cherche donc à faire effondrer le système à tout prix. Mais le problème c'est que Tyler ne propose pas de réelle solution. Il veut détruire le système pour pouvoir vivre dans les ruines de celui-ci. Dans le monde que j'ai vu, vous vous êtes déchiré par la force du canyon, par les ruines de l'acathèlophe. Tu vas porter des vêtements qui vont durer le reste de ta vie. Cette absence de douleur rend les hommes plus faibles. Le film va même jusqu'à dire que l'homme est émasculé. Il a perdu sa virilité. Et cette idée nous est montrée de manière récurrente tout au long du film. Premièrement avec le narrateur, qui se rend à un groupe de soutien pour les personnes ayant eu un cancer des testicules. Donc des personnes qui ont eu un cancer des testicules. qui sont émasculés au sens propre. Cette absence de masculinité réconforte le narrateur. Mais sans plus. Cela ne lui donne pas la force d'aborder Marla, ce que fera Tyler. En fait, Tyler... Tyler est le stéréotype de l'homme, dont l'esprit du narrateur. C'est un leader charismatique, sûr de lui, séducteur, qui affiche, sans pudeur, sa masculinité. Et ce n'est pas par hasard si Tyler gagne. contre son adversaire à l'aide de gros coups de poing dans les testicules. Tyler montre sa supériorité masculine. Selon Tyler c'est cette absence de douleur qui affaiblit l'homme. La souffrance est nécessaire pour savoir ce que l'on est et ce que l'on veut. C'est par la souffrance que l'on parvient à se libérer. Cette idée de libération par la douleur est un concept philosophique très Nietzschean. Et c'est ce que propose le Fight Club, un endroit où les hommes peuvent venir pour souffrir et se libérer. Bob ne s'est jamais senti aussi bien qu'après avoir rejoint le Fight Club. C'est une échappatoire. Les membres du Fight Club se démarquent du reste de la société, ne serait-ce que physiquement. Et encore une fois cette idée démasculation refait surface, puisque les membres du Fight souhaitent castrer toutes les personnes qui s'opposent à leur projet. Mais ironiquement, en voulant se libérer, les membres du Fight Club se laissent endoctriner. Si auparavant c'était la société qui prenait l'identité des individus, à présent, c'était au tour de Tyler. Selon Tyler, Tyler, si on veut une libération totale, il faut affronter sa mortalité. Tyler va donc pousser le narrateur à bout. Mais ce n'est qu'à la fin du film où le narrateur touche réellement le fond. Lorsqu'il se bat contre Tyler. Après cet événement, le narrateur gagnera son prochain duel contre Tyler. Et cela signifiera aussi la fin de son émasculation, comme nous le montre le réalisateur. Le narrateur a retrouvé sa virilité. Mais alors, qu'a-t-il appris ? On l'a vu, le système capitaliste et l'absence de douleur sont des causes de mal-être chez le narrateur. Mais alors qu'il vit à l'écart du système et qu'il procède à une libération par la douleur, le narrateur n'est toujours pas heureux. Pourquoi ? Parce que le problème n'a toujours pas été traité. Le vrai problème du narrateur, bah, c'est sa solitude. C'est la raison pour laquelle le narrateur consomme en excès, pour combler un vide. ses relations sociales sont fausses puisqu'elles sont basées sur un mensonge. Et la seconde, c'est que le narrateur est incapable de tisser une vraie relation, ce qu'il souhaiterait faire avec Marla. Le narrateur désespéré crée donc Tyler Dorden pour se sortir de cette solitude. Mais là encore ce n'est pas une vraie relation, puisqu'elle est avec lui-même. Arrive ensuite la création du Fight Club, un autre groupe social qui permet aux narrateurs de se sentir inclus et utile, jusqu'à ce qu'ils prennent une tournure politique. Le narrateur passe l'intégralité du film à repousser Marla. Pourtant, elle est la seule personne avec qui il peut échanger. Et c'est également la seule personne qui se soucie de lui et de sa santé. C'est pas la même chose du tout. C'est totalement différent de nous. Nous ? Qu'est-ce que tu veux dire par nous ? Je suis désolé, vous entendez ça ? Marla est une personne qui a une vision similaire au narrateur, et surtout un besoin identique, le besoin d'une relation sociale. Après avoir tout perdu, le narrateur se libère enfin de ses peurs. Il élimine son double et ose enfin prendre la main de Marla.