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Analyse du tableau Le Minotaure

Le tableau Le Minotaur a été peint par Georges Frédéric Watts en 1885 et il est conservé à la Tate Britain à Londres. Avant de passer à l'analyse du tableau, on va faire un petit rappel mythologique. Minos, le roi de Crète, considère que les Athéniens sont responsables de la mort de son fils Androgé.

Pour se venger, il leur déclare la guerre et finit vainqueur. Il soumet alors les Athéniens à deux exigences. La première est qu'ils doivent instituer des fêtes en mémoire de la mort de son fils.

La deuxième consiste à envoyer chaque année 7 jeunes garçons et 7 jeunes filles en Crète pour qu'ils soient livrés au Minotaur, donc à ce monstre mi-homme mi-taureau qui est emprisonné dans un labyrinthe. Le tableau de Frédéric Watts fait référence à cette dernière exigence. Le Minotaur occupe la majorité de la toile et il est représenté de trois quarts de dos, c'est ce qu'on appelle un profil perdu.

L'arrière-plan brumeux crée un contraste de couleurs et de netteté, ce qui le met encore plus en évidence. Quand on le regarde, on ressent tout de suite la puissance et la violence qu'il dégage. Sa puissance se manifeste par les muscles de son bras et de sa poitrine, mais surtout par l'incroyable musculature de son dos qui est mise en évidence.

Sa violence est aussi mise en avant par le contraste entre cet énorme monstre et le petit oiseau qui l'écrase. On peut même parler de cruauté, vu qu'il le tue sans vraiment y penser. Et au bout d'un moment, on se rend compte que la tête du Minotaur est gigantesque. Les murs montrent que le Minotaur se trouve dans le labyrinthe, construit par des dalles.

Ce labyrinthe a été construit pour servir de prison à ce monstre pour qu'il ne puisse pas s'échapper. Mais là, le Minotaur est clairement au-dessus du mur, donc s'il voulait, il pourrait facilement sortir en passant par-dessus. Donc, il domine même le labyrinthe par sa taille.

Puis, le Minotaur a une posture inhabituelle. La cambrure de son dos fait comprendre qu'il se déplace à quatre pattes, comme un centaure. Si le Minotaur avait été debout avec les bras vents sur le mur, sa posture aurait évoqué l'attente. Mais en étant à quatre pattes, avec les pattes avant sur le mur, le Minotaure montre son impatience.

Sa position fait un peu penser à un chien excité qui attend l'arrivée de son maître. Mais là, il s'agit d'un monstre qui attend les enfants qui lui serviront de proie. Le regard du Minotaure et l'angle du mur dirigent notre regard vers le bateau qui approche.

On n'en voit encore que les contours. Cette représentation est due à la distance, mais elle peut aussi symboliser la faiblesse des enfants qui sont à bord, en contraste avec la force qui se dégage du Minotaure. Le Minotaure regarde ce bateau en tirant la langue et en ayant les yeux grands ouverts. Il est excité à l'idée qu'il se rapproche.

Il est excité en pensant à ce qu'il va se passer une fois que les enfants seront dans le labyrinthe. Pour l'instant, l'oiseau a servi de substitut. Comme il n'avait pas encore ses proies préférées, il en a tué une autre en attendant.

En écrasant cet oiseau tout en regardant le bateau, on comprend que les enfants subiront le même sort. Mais le but de George Frederick Watts n'était pas de représenter une scène mythologique. La vraie raison...

rendent ce tableau beaucoup plus violent. Pour peindre ce tableau, George Frederick Watts s'est inspiré des articles de W. T. Steed qui ont été publiés dans le Palma-le-Gazette en juillet 1885 sous le titre The maiden tribute of modern Babylon Ces articles avaient pour but de dénoncer la prostitution enfantine et le mythe du Minotaure a été utilisé comme métaphore.

Le labyrinthe correspond au réseau de prostitution, car une fois que les enfants ont eu leur première expérience, qui est généralement non consentante, ils n'en ressortent jamais. Le bateau qui approche correspond aux jeunes filles qui ont été trompées ou kidnappées pour satisfaire le client. Le minotaure, lui, correspond aux hommes riches qui ont payé pour coucher avec une jeune fille encore vierge. En connaissant cet article, on comprend mieux l'étrange représentation du minotaure.

En effet, pourquoi représenter le minotaure avec de si petites cornes ? S'il voulait en faire un monstre terrifiant, le peintre aurait pu les faire beaucoup plus impressionnantes. Et pourquoi représenter le Minotaure avec une tête ridée alors que son corps est jeune et musclé ?

Maintenant, on comprend que les marques de vieillesse font référence aux vieux qui abusent des jeunes filles. On comprend aussi que l'opposition entre la tête et le corps sert à montrer que ce n'est pas toujours ceux auxquels on pense qui font des actes horribles. Du bateau, le Minotaure semble inoffensif avec sa tête de chien âgé et ses cornes de brebis. Mais une fois devant lui, on réalise que c'est un monstre. Ses yeux exorbités, sa langue qui sort, ne montre pas son impatience, mais sa lubricité.

Il est dominé par ses pulsions sexuelles et il a hâte de les satisfaire. Le Minotaur devient l'incarnation de la bestialité. Le fait qu'il écrase un oiseau, ça a montré sa puissance et sa violence.

Mais ce geste cache une symbolique plus horrible. En peinture, lorsque l'oiseau est associé à une jeune fille, il sert à symboliser sa sexualité. Si elle protège l'oiseau, c'est qu'elle est encore pure et innocente. Si l'oiseau s'est envolé, c'est que la jeune fille a perdu sa virginité.

Et des peintres, comme Greuze, ont associé un oiseau mort à une jeune fille pour symboliser la défloration. Mais là, l'oiseau se fait écraser par un monstre. Cet acte devient le symbole du viol. Merci d'avoir été avec moi jusqu'au bout.

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