Salut, c'est Anguille de la boîte à bac. Aujourd'hui on continue de travailler sur le thème des nouveaux espaces de conquête. Cette fois, on s'intéresse aux enjeux diplomatiques liés à la coopération par rapport à un cas très intéressant, la Station Spatiale Internationale. L'ISS est... est-elle le symbole d'une coopération internationale réussie en matière spatiale ?
Tu en sauras un peu plus à la fin de cette vidéo. Nous verrons, dans un premier temps, comment a débuté la coopération internationale autour de l'ISS, avant de nous pencher sur les enjeux contemporains, puis de finir sur les limites de cette collaboration mondiale. Comme tu le sais maintenant, puisque tu as déjà regardé les deux premières vidéos, cette vidéo fait partie d'une série de 5 vidéos consacrées aux nouveaux espaces de conquête. Tu as déjà vu les deux premières, la quatrième sera également sur YouTube et la cinquième, l'objet conclusif, se trouve sur notre application La Boîte à Bac. D'ailleurs, sur l'application, tu pourras trouver plein d'autres éléments pour réussir ton année.
pour pouvoir tester et te faire ton propre avis. Alors, qu'est-ce que tu attends ? Viens télécharger ! Maintenant que tu as eu le droit à ta petite publicité, passons au cours. La construction de la coopération spatiale internationale A l'origine, la station spatiale était un projet unilatéral des États-Unis.
En effet, dès les années 60, la NASA voulait mettre une station en orbite terrestre qui allait servir à deux choses. D'une part, un laboratoire scientifique. D'autre part, un observatoire astronomique. Ce n'était donc pas du tout un projet de coopération, mais un projet purement américain, dans le but de rattraper l'avance qu'avaient les soviétiques en ce domaine.
En effet, on était en pleine course à l'espace entre les États-Unis et l'URSS. Le projet de station spatiale internationale vu comme une vraie coopération internationale remonte au début des années 80. Pour rappel, ces années 80 sont une période de guerre fraîche, avec d'une part l'arrivée de Ronald Reagan, le cow-boy, aux Etats-Unis, et d'autre part l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS. Comme quoi... Les grandes puissances ont toujours adoré l'Afghanistan.
C'est donc une période d'aggravation des tensions entre les deux grands, d'autant plus qu'il y a même des tensions nucléaires en Europe, mais je ne vais pas développer ici. Mais Ronald Reagan est bien embêté. La NASA coûte extrêmement cher et il faut baisser son budget, alors que, dans le même temps, les soviétiques parviennent à de nouvelles prouesses. Il décide alors d'engager une coopération avec de nombreux autres pays pour créer cette fameuse station spatiale.
Je te traduis un petit extrait de son discours. Une station spatiale permettra des avancées considérables dans nos recherches en sciences, en communication, en métaux et en médicaments qui pourraient être fabriqués uniquement dans l'espace. Nous voulons que nos amis nous aident à relever ces défis et à partager leurs avantages.
La NASA invitera d'autres pays à participer afin que nous puissions renforcer la... la paix, bâtir la prospérité et élargir la liberté pour tous ceux qui partagent nos objectifs. Ainsi, il pose bien les bases d'une collaboration mondiale.
Note cependant que les États-Unis ont un rôle prépondérant. C'est eux qui invitent leurs amis à coopérer. Mais également, ces amis pourront bien sûr bénéficier des avantages de ces recherches.
D'autres éléments du contexte sont à prendre en compte. D'une part, tu as vu dans la vidéo précédente qu'il y avait déjà des coopérations entre les deux grandes puissances, que ce soit les missions Apollo-Soyuz ou encore les différents traités visant à réduire la prolifération nucléaire. A cela s'ajoute le traité de l'ONU sur la non-appropriation de l'espace en 1967. Ce traité signé par les deux grands interdit la militarisation de la Lune et des corps célestes ainsi que la mise en orbite d'armes nucléaires.
Le traité sur la Lune de 1979 réaffirme d'ailleurs la neutralité de la Lune et en fait un patrimoine commun de l'humanité. Ce qui est d'ailleurs un peu dommage car j'aurais adoré y installer mon pays. Salut, c'est Tanguy de la boîte à vagues. Le projet est lancé officiellement en 1985, mais tu vas voir qu'il va prendre énormément de temps. Au départ, il réunit quatre acteurs.
Les Etats-Unis, l'Europe, plus spécifiquement l'Agence Spatiale Européenne, le Japon et le Canada. Le RSS, dans un premier temps, reste à l'écart. D'une part, car les relations avec les Etats-Unis, on l'a vu, sont compliquées.
D'autre part, parce qu'ils sont concentrés sur leur... propre programme, la station Mir, mise en orbite de 1986 à 2001. Donc elle est arrivée dans l'espace bien plus tôt que l'ISS, mais elle ne va durer que 15 ans. Comme le projet ISS rencontre des difficultés budgétaires, le congrès américain décide de le bloquer.
Et ce n'est qu'en 1993, sous Bill Clinton, que le projet va être repris. Comme quoi, sur toute cette période, ce projet international dépend en réalité de décisions états-uniennes. Un des éléments qui va permettre de reprendre le projet, c'est que la Russie le rejoint cette année-là.
Cette entrée de la Russie a trois avantages. D'une part, elle permet de donner du travail à des spécialistes du nucléaire russe et ainsi ils vont travailler avec les États-Unis plutôt que travailler avec des pays dangereux comme l'Iran ou Hazard. D'autre part, ça va permettre de normaliser les relations entre les États-Unis et la Russie.
Et enfin... le programme va pouvoir bénéficier du savoir-faire des Russes en la matière. C'est d'ailleurs cette même année que les Russes vont autoriser des longs séjours d'astronautes états-uniens dans la station Mir.
D'ailleurs, à propos de la station Mir, retient qu'elle a accueilli plus de 137 astronautes du monde entier entre 1986 et 2001. Et donc, d'une certaine façon, c'est déjà la première station spatiale internationale. La construction de l'ISS est une des premières opérations de la station. est entamée en 1998, donc 13 ans après la décision officielle d'entamer le projet, et rassemble 15 nations, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, ainsi qu'11 Etats européens, dont la France.
L'assemblage de l'ISS dure 12 ans, et il va falloir une quarantaine de missions spatiales pour l'assembler entre 1998 et 2011. Cela est rendu possible par l'utilisation de navettes américaines et russes. Les premiers occupants sont envoyés en 2000. A partir de 2008, ce ne sont plus uniquement la Russie et les Etats-Unis qui ravitaillent la station, mais également de nouveaux acteurs. D'ailleurs, ça fait écho avec ce qu'on a vu dans la première vidéo, avec l'arrivée de nouveaux acteurs, les Etats européens et les entreprises privées. Aujourd'hui, l'Europe, le Japon ou encore l'entreprise privée SpaceX d'Elon Musk contribuent également au ravitaillement de l'ISS. Aujourd'hui, La Station Spatiale Internationale accueille 6 astronautes de manière permanente, notamment afin de réaliser des expériences scientifiques en apesanteur, c'est-à-dire sans gravité.
Ils sont là, en train de flotter. D'ailleurs, je pense que tu l'as déjà vu aux infos. C'est aussi un moyen de comprendre les effets de l'espace sur le corps humain, et ce, afin de pouvoir préparer d'autres missions à plus long terme, comme, on ne sait jamais, la conquête de Mars.
Et au passage, ça veut dire que le corps des spationautes sert de cobaye. Donc en clair, tu étudies une dizaine d'années pour servir à des expériences. Pas ouf.
Cependant, le coût très élevé de l'ISS, surtout compte tenu des résultats assez faibles au niveau scientifique, a conduit la NASA à retirer son financement à partir de 2024. Je te rassure, finalement, ils ont prolongé jusqu'à 2025. Peut-être qu'ils vont prolonger encore. Mais clairement... il y a de l'eau dans le gaz.
Et d'une certaine façon, ça peut se comprendre. La NASA finance à plus de 70% l'ISS. Et donc, quand c'est autant financé par les États-Unis, peut-on vraiment considérer que c'est un projet international ? Les enjeux de la coopération internationale Au cours de sa construction et aujourd'hui encore, l'ISS a été vu comme le symbole de la coopération internationale en matière de recherche scientifique.
En effet, bien que l'ISS, on l'a vu, soit grandement financée par les Etats-Unis, les autres pays contribuent bien également au projet. Il intègre la plupart des grandes puissances spatiales, que ce soit l'Europe, le Japon, le Canada, la Russie et même d'autres Etats. Je pense par exemple à Mongolie.
ou à l'Afrique du Sud. Il y a cependant un absent majeur. La Chine. En effet, les États-Unis refusent encore aujourd'hui que la Chine participe à l'ISS.
Et ça a des conséquences, on va le voir plus tard. L'ISS est donc avant tout un support pour la recherche scientifique mondiale en apesanteur. Le résultat des travaux de cosmonautes est le fruit d'une collaboration mondiale et sert à faire avancer l'état de connaissance du monde entier.
L'ISS offre par exemple un environnement de microgravité qui permet aux chercheurs du monde entier d'étudier les effets de l'apesanteur sur les organismes vivants, les matériaux et les processus physiques. De nombreuses expériences menées à bord de l'ISS ont des implications directes pour la vie sur Terre. Par exemple, des recherches sur la croissance des plantes en apesanteur peuvent aider à améliorer l'agriculture sur Terre. Et l'étude des effets de l'apesanteur sur les os et les muscles peut avoir des applications médicales pour des patients atteint de certains types de maladies musculaires.
Cette carte te montre le nombre de personnes venant de chaque pays qui sont allées sur la Station Spatiale Internationale. Les États-Unis arrivent bien sûr en tête, devant la Russie, le Canada, le Japon et l'Europe. Aujourd'hui, 4 Français sont allés sur l'ISS.
Claudien Guéret, Léopold Erhards, Philippe Perrin et le fameux Thomas Pesquet, notre héros à tous. Intéressons-nous d'ailleurs un instant à Thomas Pesquet et à toute la symbolique qui... entoure ce personnage.
Thomas Pesquet est le dixième astronaute français à être allé dans l'espace et le quatrième à être allé dans la station spatiale internationale. Et ça ne t'a sûrement pas échappé, l'astronaute est extrêmement médiatisé et ce à tous les niveaux. Il a été reçu sur la plupart des plateaux télé à son retour sur terre et il compte 2,5 millions d'abonnés sur Instagram. Il est également très présent sur YouTube.
Interview par une côté crypte avec 1,5 millions de vues. ou concours d'anecdotes avec McFly et Carlito. Bref, il est partout et je suis un peu jaloux. Lors de ses six mois de mission, on l'a beaucoup filmé pour suivre son quotidien en train de jongler avec des macarons ou de chanter.
Ses vidéos sont ensuite largement diffusées par les équipes de l'ESA, l'Agence Spatiale Européenne, sur les réseaux. Mais cette forte médiatisation de Thomas Pesquet n'est ni anodine, ni le fruit du hasard. En effet... il découle bien d'une stratégie, car c'est un véritable enjeu de puissance pour la France.
C'est d'une part un moyen de mettre en avant la présence française dans l'ISS, car il faut bien savoir que la France est la première contributrice à l'agence spatiale européenne. Et c'est aussi un moyen d'inspirer les jeunes français, de leur donner envie de devenir astronautes, de faire carrière dans les sciences, dans la technologie. Et d'ailleurs, ça marche très bien. J'ai même un de mes neveux qui est fan de Thomas Pesquet.
et qui veut faire des études dans la généorie en partie pour cela. D'ailleurs, Donatien, je te fais une petite dédicace. Enfin, c'est un moyen de sensibiliser le public de façon générale sur l'importance de l'exploration spatiale et des missions habitées, ce qui permet également de justifier les financements dans ce domaine. De manière générale, la participation d'un État à l'ISS est un moyen d'affirmer sa puissance et sa supériorité en matière spatiale.
Pendant longtemps, cette station était le reflet de la domination internationale des États-Unis. En effet, nous l'avons vu, les États-Unis sont à la fois ceux qui sont à l'origine du projet, en sont les principaux financeurs, et c'est également eux qui envoient le plus d'astronautes sur l'ISS. Cependant, à partir de 2011, après le retrait de la navette spatiale américaine, les États-Unis ne disposent plus d'un mode de transport pour acheminer les astronautes sur l'ISS.
Et ils doivent donc s'en remettre à contre-cœur à l'usage des vaisseaux de transport russes, les Soyuz, avec toute l'image négative que cela peut avoir, tant au niveau de la technologie états-unienne qu'au niveau géopolitique, car actuellement, collaborer avec la Russie, surtout. pour les États-Unis, ça ne passe pas très bien. À cela s'ajoutent les difficultés financières de la NASA, qui a envisagé même de faire payer des virées touristiques à bord de l'ISS, afin de financer les missions Artemis sur la Lune en 2025, et même les expéditions sur Mars. Les limites de la coopération internationale L'ISS est donc un véritable projet multilatéral qui soutient la recherche scientifique, associant la majorité des puissances spatiales.
Cependant, il y a plusieurs limites à cette coopération internationale. Dans un premier temps, et je t'en ai déjà parlé, l'ISS n'inclut pas certains acteurs majeurs du domaine spatial, et notamment des puissances comme la Chine et l'Inde, alors même que leur rôle devient de plus en plus important. Pourquoi ?
Tout simplement car les États-Unis ne veulent pas que ces pays, en particulier la Chine, aient accès à des technologies et des informations sensibles. Il y a même une réglementation américaine qui interdit la coopération bilatérale entre la NASA et la Chine. Les États-Unis découragent d'ailleurs leurs partenaires internationaux de collaborer avec la Chine dans ce domaine.
Mais tout cela a conduit la Chine à chercher à bâtir sa propre station spatiale, la station Tiangong, qui a pour ambition... de remplacer l'ISS sur le long terme. Une autre limite de la coopération réside dans la tendance à la privatisation de l'espace.
Nous avons déjà évoqué le fait que de nouveaux acteurs, en particulier des entreprises privées, se lancent dans la course à l'espace. C'est ce qu'on appelle le new space Or, ces entreprises privées doivent générer des profits. Et pour cela, ils ont entre autres l'ambition d'extraire et de vendre des ressources naturelles Et les États-Unis souhaitent de plus en plus que ce soit ces entreprises privées qui prennent la suite de la NASA afin que ce soit des ressources des entreprises qui financent la conquête de l'espace plutôt que des ressources étatiques.
Et si les entreprises privées deviennent les acteurs majeurs de l'espace, alors nous allons rentrer davantage dans le domaine de la concurrence que de la coopération, qui s'en retrouvera du coup forcément fragilisée. Enfin, un autre frein à la coopération, c'est le fait que les États veulent garder le contrôle de leurs données sensibles. C'est bien sûr le cas de la Chine, puisque les États-Unis et la Chine ne veulent pas que leurs données et leurs technologies soient partagées dans ce domaine, mais même au niveau européen, avec l'Agence spatiale européenne, On voit que certaines données ne peuvent pas être partagées avec les États-Unis et réciproquement. Car beaucoup de données qui peuvent être collectées et traitées depuis l'espace touchent à la sécurité nationale.
Cela inclut la détection d'objets spatiaux, de débris spatiaux, ou encore la détection de lancements de missiles ou la surveillance de zones à risque. En résumé, l'ISS était à la base un projet unilatéral des États-Unis, mais il s'est ouvert aux autres pays, notamment... à la Russie.
Aujourd'hui, la station symbolise la collaboration entre les principales puissances spatiales et sert de véritable plateforme pour la recherche scientifique en apesanteur. La participation à ce projet est un marqueur de puissance majeure pour les pays, comme le montre la forte médiatisation de l'astronaute français Thomas Pesquet. Cependant, cette coopération est surtout limitée par la tension entre son origine unilatérale et son ambition multilatérale. On l'a vu, les États-Unis y sont omniprésents. présent et cherche à tout contrôler, notamment les données sensibles.
A cela s'ajoutent les difficultés budgétaires, l'absence d'acteurs majeurs du domaine spatial tels que la Chine et l'Inde ou encore la tendance à la privatisation de l'espace. Et voilà, c'est tout pour cette vidéo, j'espère qu'elle t'a plu et surtout qu'elle t'a aider à comprendre les enjeux de la coopération en matière spatiale. Dans la prochaine vidéo, nous allons découvrir les enjeux de coopération et les rivalités sur les mers et les océans.
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