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Charles Darwin et son voyage révolutionnaire

Le lendemain de Noël 1831, un brique de l'améroté britannique trouve enfin les vents favorables pour sortir du port de Plymouth en Angleterre. Le navire prend la mer pour un long et périlleux voyage autour du monde. Il a pour mission de cartographier les côtes de l'Amérique du Sud. A son bord se trouve un jeune homme qui peut s'estimer heureux d'être là, après avoir arraché à son père la permission d'embarquer. Au terme de l'aventure, son nom sera sur toutes les lèvres. Le nom de celui qui aura fait voler en éclats le dogme de la création divine, mis la science au centre de nos préoccupations et remis l'espèce humaine à sa place dans l'univers. Son nom est Charles Darwin. Il a 22 ans. Charles Darwin a publié en 1859 son œuvre majeure, De l'origine des espèces, une théorie de l'évolution qui a disqualifié le dogme chrétien. Elle démontre que toutes les espèces vivantes ont évolué au cours d'une très longue période à partir d'un ancêtre commun. C'est sur elle que la biologie moderne s'est fondée en redéfinissant notre conception du monde. Ses lecteurs, depuis 150 ans, admire l'élégance et l'audace de ces analyses critiques. Mais il faut savoir lire entre les lignes pour trouver la trace du combat sans merci que l'auteur a dû livrer avec lui-même pour formuler sa théorie. Le père de Darwin voyait mal l'intérêt du voyage sur le Beagle. Il le percevait comme une perte de temps doublée d'une aventure dangereuse. Il préférait voir son fils étudier la théologie afin de devenir pasteur, carrière naturelle dans une famille de la haute bourgeoisie du Théâtre. temps de la reine Victoria. Quand Darwin embarque, les sévères mises en garde de son père résonnent encore dans ses oreilles. Ce voyage sera une entreprise sans intérêt qui jettera une ombre sur ta réputation d'homme d'église. Tu ne pourras plus t'installer dans une vie paisible et tu devras changer de profession. C'est le capitaine de l'expédition, Robert Fitzroy, qui devait radicalement changer la vie du jeune dilettante. Le capitaine était lui-même un personnage fascinant et hors du commun. Quand le Beagle lève l'ancre, il compte 70 personnes à son bord. C'est une lourde responsabilité pour un jeune capitaine. Le capitaine Fitzroy avait déjà voyagé à bord du Beagle, mais ce voyage avait été interrompu. En faisant le relevé des côtes très découpées de la pointe de l'Amérique du Sud, le capitaine de l'un des vaisseaux de l'expédition s'était tiré une balle dans la tête. Pour éviter les problèmes de son prédécesseur qui s'était suicidé, le capitaine avait besoin d'un compagnon, d'un homme d'un certain statut social, avec une fortune personnelle, qui pouvait financer son propre voyage autour du monde. Tout naturellement, Fitzroy s'est rendu compte à l'université de cambridge pour trouver un tel homme il aurait été bien séant qu'il s'agisse d'un membre du clergé le bruit s'est ainsi répandu dans ces réseaux une ou deux personnes ont mentionné un jeune naturaliste du nom de charles darwin il venait de terminer ses études et souhaitait devenir pasteur de l'église anglicane il pouvait bien prendre une année sabbatique pour développer ses talents de naturaliste Avec le soutien de son oncle, Darwin parvient finalement à convaincre son père de financer le voyage. Le voyage du Beagle était une aventure rêvée pour un garçon, imaginé. Il y avait là tout ce qu'un jeune homme pouvait désirer, romantisme, voyage, exploration de lieux exotiques. Sous-titrage Il est surprenant de constater la jeunesse des hommes à bord. Fitzroy n'avait que 26 ans et c'était déjà son second commandement. Darwin avait 22 ans, la moyenne d'âge de l'équipage était inférieure à 30 ans. Il y avait des garçons de 14 ans sur le bateau. La mission officielle du Beagle consiste à dresser de nouvelles cartes des côtes sud-américaines. Fitzroy y a associé un objectif personnel. Cet aristocrate qui a un sens aigu de la prééminence britannique et de la hiérarchie entend apporter les lumières du christianisme aux populations primitives du Nouveau Monde. Fitzroy s'est engagé dans une expérience humaine extraordinaire. En 1829, il avait décidé d'emmener des indigènes de la Terre de Feu en Angleterre. Ils y ont vécu deux ans pendant que l'on préparait le deuxième voyage du Bigor. Fitzroy a payé l'éducation de ces jeunes personnes. Et ses amis aristocrates les ont inondés de cadeaux. Ils sont ainsi devenus de petites célébrités. Il y avait une jeune femme et trois jeunes hommes. L'un d'eux est décédé de la variole avant d'avoir pu être baptisé. Je suppose qu'il était en enfer. Mais pour les autres, cela semble s'être bien passé. Et ils se réjouissaient de rentrer chez eux. Darwin s'est esclaffé au spectacle de ces trois indigènes qui lui sont apparus avec leurs toilettes et services de table que des londoniens et des pardons. voici un bien intentionné, pensait indispensable à l'établissement d'une mission religieuse. Par cette expérience, Fitzroy a en partie dévoilé son caractère. Il croyait vraiment qu'il pourrait établir une petite communauté chrétienne. Cela soulignait son engagement moral et sa force de caractère. C'était un projet extrêmement difficile à réaliser. Et cela montrait aussi son aveuglement. Comment cela pouvait-il marcher ? Et pourtant, il y croyait dur comme fer. Plus tard, Darwin écrira au sujet de Fitzroy, Je n'avais jamais eu l'occasion de croiser la route d'un homme que je pouvais imaginer en Napoléon ou en Nelson. Son ascendant sur les autres était fascinant. En tant que compagnon, son plus grand défaut était son austère silence, produit d'une trop intense réflexion. C'est le caractère le plus marqué qu'il ne m'ait jamais été donné de rencontrer. Le Beagle vogue vers sa première escale, les îles du Cap Vert, où Darwin contemple pour la première fois une végétation tropicale. Tamarins, pananiers et palmiers poussaient à mes pieds. J'avais peur des déceptions, que de telles craintes sont vaines. Ce fut pour moi une glorieuse journée, comme un aveugle à qui on aurait donné la vue. Puis le Beagle traverse l'Atlantique. Darwin se met au travail dans un esprit de revanche. Il éprouve le besoin de faire ses preuves. Il a toujours eu le goût de la collection et il trouve là une opportunité exceptionnelle de s'y adonner. Darwin fait bien plus que de simplement décrire les créatures qu'il collecte. Quand il soupçonne qu'une espèce inconnue a été trouvée, il l'analyse, décrit le phénomène méticuleusement, tente de le classer et finalement le met dans l'alcool pour le conserver. À l'âge de 18 ou 19 ans, Darwin était à l'université où les opportunités d'étudier les sciences naturelles étaient très nombreuses. Mais à cette époque, elles étaient encore considérées comme une sorte de passe-temps. On n'était pas naturaliste de profession, il en allait de même pour la science elle-même à l'époque. Plus de 100 espèces différentes sont découvertes par les animaux. Darwin pendant son voyage. De nombreuses caisses d'échantillons encombrent bientôt le pont du navire et le capitaine Fitzroy offre généreusement de les envoyer en Angleterre à intervalles réguliers. Une partie importante de cette collection est conservée aujourd'hui au Muséum d'Histoire Naturelle de Londres. Voici l'un des échantillons collectés par Charles Darwin lors du voyage à bord du Beagle. Ces échantillons ne sont pas seulement conservés dans leur flacon, ils sont encore utilisés aujourd'hui. Des chercheurs viennent spécialement ici, du monde entier, pour étudier ces spécimens. Celui-ci est le représentant de son espèce. Autrement dit, c'est le spécimen type qui a été sélectionné pour représenter l'espèce. Il est important d'avoir ces représentants, car la nature est évidemment très diversifiée. Aujourd'hui, nous connaissons plus de 29 000 espèces de poissons, et de nouvelles sont ajoutées en permanence. Globalement, il est important que ceux qui travaillent dans le domaine de la science comprennent tous de quels organismes il s'agit. Il fallait donc trouver un langage commun. Carl von Linné a mis au point le premier système de nomenclature comportant le nom du genre et de l'espèce, ou les noms latins comme on les appelle. Darwin a pu travailler avec ce système. Il n'a pas été le premier à collectionner des spécimens d'histoire naturelle, mais il était aux avant-postes de cette initiative et il cherchait constamment de nouveaux organismes. Il a d'ailleurs découvert de nombreuses nouvelles espèces. La cabine de Darwin est exiguë et il doit la partager avec le cartographe de l'expédition, mais il y règne un bon esprit industrieux. La table sert à dessiner les cartes et l'artiste de l'expédition, Augustus Earle, n'est pas le dernier à s'y installer. Darwin est fasciné par l'extraordinaire diversité que l'on peut trouver dans la nature. Il a consigné des centaines de pages de notes dans ses petits carnets. Il travaillait en indépendant. Il a commencé à collectionner des éléments importants dans les océans, sur terre et dans les airs. Des échantillons de... pierres et de minéraux, de tout à vrai dire. C'était une activité importante. Cela permettait aux naturalistes européens d'accéder à des connaissances et de découvrir les choses. à quoi ressemblaient les régions et d'explorer de la terre l'amérique du sud était un vaste chantier d'exploration des allemands des français et des anglais s'y faisait concurrence des équipes étaient déjà sur place à l'arrivée de darwin il espérait atteindre certaines régions avant les autres car il régnait en effet une certaine compétition A cause du mauvais temps, il a fallu trois semaines pour traverser l'Atlantique. Le Beagle entre finalement dans la baie de Rio le 2 avril 1832. Pendant que Fitzroy dresse ses cartes des côtes, Darwin engage un guide et part explorer l'intérieur des terres. Il a affreusement souffert du mal de mer pendant la première partie du voyage. Mais heureusement pour sa santé, les deux tiers du temps passé avec l'expédition du Beagle le seront de fait à terre. Darwin a été l'un des derniers généralistes. Il avait acquis ses premières compétences en géologie. Il avait également été inspiré par Alexander von Humboldt et n'a jamais oublié sa vision d'une histoire totale et universelle. celle des cieux et de la terre, et sa façon de voir des totalités, des ensembles au lieu d'éléments séparés. Je suppose que c'était un mode de réflexion très allemand pour quelqu'un appartenant au monde anglophone. Pourtant, après avoir lu Alexander von Humboldt, Darwin n'a jamais oublié cette interconnection des choses. L'explorateur et botaniste allemand Alexander von Humboldt avait précédé Darwin de quelques trente ans dans son exploration de l'Amérique du Sud. Humboldt était un homme du XVIIIe siècle. Son travail était universellement connu et son influence restait considérable. Il avait décrit un monde ordonné où chaque élément trouvait sa place. place darwin voyait les choses autrement darwin a été très influencé par des images qu'il a vu en préparant son voyage dans la forêt tropicale il a étudié les nombreuses estampes d'un artiste allemand johann moritz rohgendass qui avait déjà exploré ces régions avant lui Pour Darwin, elle montrait clairement le système chaotique de la forêt tropicale. Humboldt et Darwin avaient des visions très différentes de la forêt tropicale. Humboldt la considérait comme un jardin d'Éden, magnifique et luxuriant. Tandis que Darwin se concentrait sur les éléments morts, comme des troncs d'arbres pourris et sur les insectes qui grouillaient. ou sur les organismes qui poussaient sur des éléments morts. Il s'intéressait à ces cycles de décomposition et de vie. L'expérience de la forêt tropicale devait laisser une profonde empreinte sur Darwin. Le jeune homme qui avait été révulsé par la mort et la maladie à l'université est soudain confronté à la pourriture. Quelqu'un qui aurait mieux supporté que lui la brutalité naturelle n'aurait sans doute pas eu la même sensibilité pour l'observer. C'est le grouillement. de cette forêt tropicale qui le fascine, des milliers d'espèces icôabites qu'il collectionne et classifie inlassablement. Il veut la comprendre et l'expliquer. Bien plus tard, il aura sa célèbre formule qui a pu germer à ce moment-là dans cette forêt. Je ne vois aucune limite au nombre de changements, à la beauté et à l'infinie complexité des adaptations des êtres vivants les uns avec les autres et liés à leurs conditions de vie. Conditions soumises sur la longue durée au pouvoir de sélection de la nature ou la survie du plus apte. Un naturaliste qui tentait d'expliquer le pourquoi des choses était un naturaliste philosophe. Il s'intéressait aux causes. Il ne se contentait pas de rassembler ou de classifier. Il voulait savoir pourquoi. tel organisme avait tel ou tel aspect et pourquoi on les trouvait à tel ou tel endroit pourquoi certains animaux étaient si différents alors que leur environnement était le même ? Ou pourquoi certains animaux se ressemblaient beaucoup, alors que leur environnement était totalement différent ? Voilà les incongruités qui déconcertaient Darwin, surtout quand il était en Amérique du Sud. La forêt tropicale n'est pas le paradis. C'est un monde où règne une compétition acharnée, une lutte pour la vie permanente. Inspiré par ses semaines passées dans la forêt brésilienne, Darwin éprouvera plus tard l'angoisse existentielle de décrire un monde où la nature change sans relâche, où la mort, la pourriture et le renouveau bafouent à chaque minute l'idée même de providence divine. Quel livre l'aumônier du diable a écrit sur cette œuvre inepte, dispendieuse, bancale et cruelle qu'est la nature, illustrée par l'atroce, quoique silencieuse, guerre à laquelle se livrent tous les organismes vivants dans les paisibles bois et les rillants pâturages. Quand Darwin remonte à bord du Beagle, il est terrassé pendant de longs jours par une inexplicable fièvre. La maladie le suivra pendant la majeure partie de sa vie adulte. Il avait peut-être contracté une infection pendant le voyage à bord du Beagle. Il aurait également pu avoir une malformation héréditaire, un lupus ou une autre maladie. De nombreuses raisons physiques pourraient expliquer sa mauvaise santé. D'autres indices suggèrent qu'il pourrait facilement avoir eu des problèmes psychologiques concernant son travail. Ses intestins reflétaient en quelque sorte ce qui se passait dans sa tête. Il avait du mal à surmonter le stress. Il n'était ni un hypochondriaque, ni un malade imaginaire. Le stress lié à son travail sur les espèces, ses relations avec les autres, une dispute, une conversation intense, tout cela affectait son système digestif. Mais son état s'est considérablement amélioré après la publication de son livre sur l'évolution. A bord, le capitaine Fitzroy est le représentant de l'État et de l'Église, une dignité à laquelle il tient tout particulièrement. Il rassemble régulièrement les membres de l'équipage pour leur dire une messe ou lire des passages de la Bible. À bord du Beagle, je me comportais de manière tout à fait orthodoxe, citant la Bible comme référence absolue pour certains points de morale. Petit à petit, je me suis rendu compte que l'on ne se fierait pas plus au Vieux Testament et à sa vision tronquée de l'histoire du monde qu'aux livres sacrés des hindous ou aux croyances de n'importe quel barbare. En septembre 1832, après avoir passé près de neuf mois en mer, le Beagle atteint l'Argentine et mouille au large des côtes de Bahia Blanc. Au cours d'une première excursion, Darwin avait repéré une petite falaise qui offrait à ses yeux un terrain d'expérimentation parfait pour une exploration géologique. Revenu quelques jours plus tard au pied de la flèche, Darwin a été en train de se faire un petit tour. de la falaise en compagnie du capitaine Fitz Roy et de plusieurs membres de l'équipage, il va y faire une découverte exceptionnelle, s'avançant un peu plus dans les territoires encore interdits de la connaissance. À l'époque de Darwin, on pouvait connaître ou étudier certains domaines, mais on estimait que d'autres étaient en dehors du savoir légitime. Autrement dit, Dieu, le début de la vie sur Terre, l'origine des espèces, la fin du monde. Ces questions, en dehors du savoir légitime, appartenaient à la révélation divine. Nous savons que les humains ont une âme, car les saintes d'écriture l'affirment. Nous savons que la Terre a été créée, car au début il y avait Dieu. Et nous savons qu'à la fin, Dieu est réélu. Dieu prévaudra pour ces mêmes raisons. Toutes nos connaissances se situent entre ces extrêmes. Mais lorsqu'on s'aventurait dans ces extrêmes au nom de la science, on créait ce que j'appelle un dangereux savoir. La découverte de restes d'animaux inconnus n'est pas nouvelle en soi. Depuis l'Antiquité, d'anciens squelettes avaient inspiré des créatures mythiques, chevaux ailés, êtres humains aux têtes de taureaux, dragons... Mais Darwin a une approche scientifique. Les restes du squelette sont fermement logés dans différentes couches de la Terre. La falaise semble avoir été soulevée du sol. Cette magnifique mâchoire inférieure que j'ai plaisir à vous montrer a été trouvée par Darwin en personne à Bahia Blanca en Argentine. Qu'a-t-il bien pu penser en la trouvant ? Ici, j'ai un magnifique spécimen d'une mâchoire de paresseux de notre ère. Si on les compare, on voit bien une différence de taille. Ceci leur est stupéfait. Même si Darwin n'a que des notions rudimentaires d'anatomie, il reconnaît immédiatement l'importance de sa découverte. Ce sont les restes fossilisés d'un énorme mammifère, aujourd'hui disparu. Voici le fémur et le tibia d'un macro-kénien. C'est à l'évidence ceux d'un mammifère. Quand l'articulation du genou est apparue dans l'évolution des mammifères, on pouvait voir jusqu'à quel point l'animal pouvait plier son corps. genoux grâce à la taille des articulations. Les animaux qui se tiennent debout possèdent de telles articulations. C'est une structure typique de mammifère et elle indique immédiatement que cet animal, bien qu'inhabituel, était bien un mammifère. Darwin emballe soigneusement les ossements dans une caisse spéciale qu'il envoie à Richard Owen, à Londres. Il était tout naturel d'expédier les ossements ici à Richard Owen, le grand biologiste anglais, qui pouvait avec certitude analyser cette découverte. Ils n'ont pas été envoyés à n'importe qui, mais à une célébrité, à un grand spécialiste dans ce domaine. C'est du matériel très précieux. Owen avait été formé à Paris par Georges Cuvier, qui avait commencé à recomposer des fossiles géants mis au jour et qui suggérait que des espèces animales entières avaient disparu de la surface du globe. Les théologiens s'étaient empressés d'expliquer que la mort de ces animaux était simplement due au fait qu'étant trop gros, ils n'avaient pu embarquer sur l'arche de Noé. Dieu aurait-il choisi de créer une espèce pour permettre ensuite qu'elle se noie ? Ou bien était-ce la nature elle-même à l'œuvre ? La nouvelle science, l'anatomie comparée fondée par Cuvier, allait lui fournir un élément de réponse. L'anatomie comparée est une science qui va permettre de comparer la forme des différents organismes. Et toute la profusion de squelettes qui sont présentées ici est destinée à montrer que derrière cette très grande diversité se cachent... un plan d'organisation profond et unique pour tous ces organismes alors on le voit bien quand on regarde une baleine la dageoire antérieure ressemble pas particulièrement à un bras humain par exemple mais quand on regarde le squelette et bien on va voir que des derrière l'homoplate ressemble à un autre, et qu'il y a les mêmes os au même endroit. C'est-à-dire qu'accroché à l'homoplate se trouve un os unique, et puis ensuite les deux os, le radius et le cubitus, comme les deux os que nous avons à l'avant-bas. et ensuite une main avec des doigts constitués comme les nôtres. Comparer l'anatomie de différents squelettes d'animaux était une approche radicalement nouvelle pour déterminer qui était apparenté à qui. Des os semblables occupent des positions similaires. Cuvier était convaincu que les organes et les membres de divers organismes devaient être apparentés les uns aux autres. Existe-t-il un plan d'ensemble ? C'est-à-dire qu'on va trouver derrière la diversité de tous les êtres vivants un espèce de plan d'organisation qui va faire que certains organismes sont proches parce qu'ils ont non seulement les mêmes organes, les organes... qu'on va appeler homologues, donc cet os est l'homologue de celui-là, chez la baleine et chez moi, et puis d'autres vont être plus ou moins transformés, voire même disparaître ou se modifier, quand on est plus loin dans la classification. devient naturel et cette classification les cette idée de classification naturelle va être fondamentale aussi pour darwin quelle était la signification de ces similarités d'un squelette à l'autre cela signifie est il que les animaux disparus étaient apparentés à des animaux toujours vivants peut-être n'avait-il pas disparu mais avait simplement évolué Au fur et à mesure du voyage, les collections de Darwin prennent de l'ampleur. Chaque nouvelle trouvaille apporte avec elle son lot de nouvelles questions. Une expérience peu ordinaire de Fitzroy allait apporter de nouveaux doutes. Après six mois d'un méticuleux relevé des mesures des côtes, le Beagle met le cap sur l'extrémité sud de l'Amérique du Sud, la Terre de Feu. C'est dans cette partie désolée du monde que le capitaine Fitzroy envisage de tenter son expérience civilisatrice, établir une mission chrétienne. Pour le capitaine, christianisme était synonyme de civilisation. Le moment anxieusement attendu est arrivé. Une nouvelle étape dans l'inconnu. Les fuégiens qui s'étaient frottés à la vie londonienne huppée, allaient-ils être bien accueillis par les lois ? Le jeune missionnaire saura-t-il se faire accepter ? Le récit qu'on lui fit de cette rencontre avec les fuégiens primitifs, fut un choc pour Darwin. Darwin fut consterné par cette première rencontre avec des peuples primitifs de terre de feu. Comment ils luttaient contre leur environnement et se battaient entre eux. Après leur rencontre avec les fuégiens primitifs, les marins inquiets décidèrent de dresser leur propre camp à distance et de le faire bien garder, de peur d'être attaqué et pillé. Je crois que dans cette pointe extrême de l'Amérique du Sud, l'homme s'améliore plus lentement que dans n'importe quelle autre partie du globe. Dans son environnement naturel, un fouégien est semblable à un animal sauvage, quelque chose que l'on doit craindre. C'était mon tour de garde jusqu'à une heure du matin. Il y a quelque chose de solennel dans ces scènes, et une pensée me traversa soudain l'esprit. Nos ancêtres devaient vivre ainsi. La division entre animaux et humains ne semblait plus aussi absolue que des générations. La création de théologiens et de philosophes l'avait prétendu. L'homme était une créature façonnée par son environnement. Les fuégiens de Fitzroy avaient été invités à prendre le thé par la reine Victoria. Ici, dans leur tribu, ils vivaient comme des sauvages. Après plusieurs mois de travaux géographiques, Fitzroy et le Beagle retournent en terre de feu voir les progrès de la mission. Bonne nuit, compas ! Quand ils sont retournés en terre de feu, de nombreux projets semblaient avoir échoué. D'abord, les indigènes anglicisés étaient mal à l'aise vis-à-vis des membres de leur famille. La mission avait été totalement détruite. Le missionnaire pleurait. Il voulait retourner à bord du bateau. Il lui était impossible de rester plus longtemps. Il avait peur. Fitz Roy était bouleversé. Il avait eu des doutes, certes, mais il ne les a exprimés que lorsqu'il s'était concrétisé. Devant l'échec, il a eu du mal à faire face. Il était très déprimé. Darwin aussi était déprimé. Tout le monde était déprimé. Vous avez eu tant d'espoir. L'expérience fut un échec complet. Mais le récit de cette rencontre avec une population de plus de 100 000 personnes primitive marquera profondément darwin des années plus tard il écrira dans son arrogance l'homme se voit lui même comme une merveilleuse création digne de l'intervention divine il semblerait plus modeste et à mon sens plus proche de la vérité s'il se voyait lui même comme descendant d'un animal La nouvelle science, l'anatomie comparée, était largement nourrie par l'exploration coloniale. Des centaines de crânes avaient été rapportés. Ces collections mêlaient des restes d'humains et de grands singes. Ces crânes étaient remarquablement similaires et posaient la question de la place de l'homme sur l'arbre de la vie. Ce n'est pas du tout la même chose que dire que l'homme est une branche parmi, je ne sais pas, plusieurs millions ou dizaines de millions, le bourgeon terminal d'une branche, ou de dire que c'est le dernier barreau de l'échelle de Jacob avant d'arriver aux anges et à Dieu. Alors certains contemporains de Darwin ont tourné cette vision en dérision en disant l'homme descend du singe Bon, Darwin n'a jamais dit l'homme descend du singe Il a simplement dit que l'homme était un primate parmi d'autres. Pour la plupart des sujets de la Reine Victoria, il était tout à fait impossible de classer l'homme parmi les primates, en l'apparentant au grand singe. L'homme s'est toujours situé lui-même au sommet de la création. Que devenait alors la position exacte de l'homme dans cette nouvelle perspective évolutionniste ? Au département d'anthropologie du Max Planck Institute de Leipzig, des recherches approfondies sur l'ADN ont été conduites durant plusieurs années pour établir la relation exacte entre humain et grand singe. La vision de Darwin, telle que je la comprends, serait celle d'un ancêtre unique et commun à tout organisme vivant aujourd'hui. Depuis cette époque, les scientifiques ont essayé de combler les vides. À quoi ressemblent ces branches ? Sur quelles branches se trouve l'homme et combien d'entre elles sont allouées à différentes formes de vie sur cette planète ? Tout évolue. Nous avons encore beaucoup à apprendre. Il y a un grand nombre de... Il y a une foule de choses sur lesquelles nous ne savons rien. Aujourd'hui, cette image a été considérablement revue. La nouvelle image, basée grâce à l'ADN sur des analyses génétiques, place l'homme parmi les autres primates. L'homme et les grands singes ne sont que des cousins éloignés, avec un ancêtre commun. Le nombre généalogique de l'homme peut être retracé jusqu'à l'homme moderne. On peut affirmer aujourd'hui que, à l'instar de l'homme de Néandertal, des espèces plus anciennes d'Hominidae ont existé et ont peuplé simultanément la Terre, même si aucune n'a survécu jusqu'à nos jours. Il y a environ 7 millions d'années, nous trouvons l'ancêtre commun le plus ancien de l'homme, du chimpanzé et du cyprès. Les embranchements des gorilles et des orangs-outans sont venus plus tôt. L'homme ne peut plus désormais prétendre représenter le sommet de la création. Depuis l'époque de Darwin, il y a un intérêt croissant pour les races humaines. Peut-on classer les êtres humains en races ? Et si oui, comment sont-elles liées entre elles et comment se sont-elles développées ? Nous savons aujourd'hui grâce à la génétique que cela confirme en partie la réflexion de Darwin. Autrement dit, même s'il existe des différences parmi les humains, ou ce qui semble être des différences à nos yeux, hormis les disparités physiques que l'on voit, On peut voir qu'il n'existe pas de différence entre les êtres humains. Nous savons en termes d'ADN par exemple que les hommes et les chimpanzés sont identiques à 99%. Deux humains différents sont à 99,9% identiques. Seule une infime partie de l'ADN diffère d'un individu à l'autre. Tard dans sa vie, Darwin était intransigeant sur ce point. Le processus de l'évolution n'est pas un processus de progrès. Il n'y a pas une forme haute et une forme basse de l'adn. de vie, l'évolution est un processus en continuité. Dans ses longs têtes à tête avec Fitzroy, Darwin évitait désormais d'évoquer ces sujets délicats. Ne dis jamais plus haut ou plus bas. Après une longue réflexion, je ne peux éviter de penser qu'aucune tendance innée vers le progrès n'existe. Pour Darwin, l'essence de la science consiste à chercher des réponses dans le monde concret et tangible et de ne pas en appeler au divin. La position de l'homme sur l'arbre de vie est maintenant claire. Il est la seule espèce rescapée d'un embranchement qui fut autrefois plus diversifié. Le Beagle poursuit son voyage et sa mission de cartographie des côtes sud-américaines. En février 1835, le navire mouille à Valdivia, sur la côte sud du Chili. Darwin rejoint aussitôt la rive pour l'une de ses habituelles excursions à l'intérieur des terres. Sur les hauteurs des Andes, Darwin trouve des coquillages fossilisés. Comment des coquillages avaient-ils atteint de telles altitudes ? Darwin se refusait à croire que Dieu les avait placés là pour troubler les scientifiques. Au lieu de cela, il les regarde. comme un signe irréfutable que les montagnes devaient avoir été plus basse des siècles plus tôt qu'elle avait été soulevée ou forcée vers le haut la terre semblait en mouvement constant certaines parties soulevées d'autres abaissé C'est surtout le relief de l'Amérique du Sud qui le laissait perplexe. Petit à petit, il a étudié tout le continent sud-américain, cherchant à expliquer les raisons de ce relief. Darwin et son assistant Sims Covington passent quelques temps aérés dans la forêt en collectant des spécimens. La collection restait la grande passion de Darwin. Darwin collectionnait tout ce qu'il pouvait. Il s'intéressait surtout à l'entomologie, aux papillons, aux coléoptères et aux petits invertébrés. Il a aussi réussi à réunir une remarquable collection de mammifères plus grands. Et il a tenté de collecter des mammifères plus grands. un maximum de plantes. Il a également inclus de nombreux spécimens géologiques, des pierres et des minéraux afin de confirmer les théories géologiques qu'il soutenait. Sa collection était très vaste et éclectique. Ce fut à ce moment qu'un événement survint qui allait secouer ses certitudes les plus enracinées. Il a été profondément frappé de constater que ce que nous considérons comme le symbole même de la stabilité, ne dit-on pas qu'on a les pieds sur terre, ne parle-t-on pas de terre ferme, était une notion illusoire. temporaire. Rien n'était stable dans la vie. Le monde, l'emblème même de tout ce qui est ferme, bouge sous nos pieds comme une mince croûte au dessus d'un fluide. Une seconde, l'esprit est submergé par une étrange idée d'insécurité que des heures de réflexion ne parviendraient jamais à créer. Le pouvoir de la nature, c'est ce qui l'impressionnait. Et d'autant plus en tant que géologue. Il se sentait conforté dans certaines de ses théories sur les mouvements de la croûte terrestre par rapport au niveau de la mer. Et que la plupart des reliefs étaient le résultat de mouvements de la croûte terrestre. Le tremblement de terre qui a soulevé chaque maison de Concepcion plus au nord sur la côte a été ressenti sur le pont du Beagle. Cela donne une toute nouvelle dimension à son expérience de l'histoire des hommes. Nous marchons sur une écorce fragile au-dessus de feux ardents et pensons pouvoir apaiser la nature ou le dieu. de la nature. Nous sommes piégés dans quelque chose de bien plus grand. Darwin l'a compris avant même de quitter l'Amérique du Sud. Il y a peut-être même quelque chose de sacré, hors du réel, dans ce monde que nous habitons. malgré la sensation de terreur il n'a jamais perdu cette notion d'émerveillement que l'homme soit sur terre et que les plantes et les animaux et ses formes c'était avant de mettre au point sa première théorie scientifique c'est un moment très important et c'est un moment Darwin confia à son journal ses pensées sur la géologie, le mouvement de la Terre. Peut-être aura-t-il pris conscience dès ce moment-là de l'instabilité du monde naturel, qu'un constant changement était la base du monde observable. Après l'Amérique du Sud, le Beagle reprend la mer pour gagner les îles Galapagos, un archipel volcanique désertique célèbre pour son étrange apparence. Le capitaine Fitzroy, au premier regard, décrit ces îles comme un lieu infernal. Darwin lui est fasciné il y a là des créatures qu'on ne peut trouver nulle part ailleurs c'est là précisément que Darwin va être mis accidentellement en présence d'éléments qui lui permettront quelques vingt ans plus tard de franchir une étape décisive en direction de sa théorie de l'évolution. C'est la formation de l'archipel lui-même, l'isolement des îles, séparées parfois d'une soixantaine de kilomètres, qui en était la cause. Sur les îles Galapagos, Darwin collecte intensément, amassant sans répit d'improbables trouvailles. Il éprouve la capacité de résistance d'un iguane dans l'eau en le précipitant à plusieurs reprises dans la mer et en notant à chaque fois en combien de l'eau il y avait. de temps, il réémerge. Mais sans se laisser aveugler par l'exotisme de la faune exceptionnelle de l'archipel, il capture et naturalise d'une île à l'autre les modestes pincons, sans toutefois prendre conscience de la place de choix que ces petits oiseaux prendront bien plus tard dans sa théorie. On les désigne aujourd'hui comme les pincons de Darwin. Ce qu'il réalisera plus tard, c'est le fait que chaque île produisait une espèce subtilement différente. La dimension et la forme les becs variaient en fonction de l'île sur laquelle chaque oiseau avait été trouvé. La prise de conscience de variation au sein d'une même espèce allait représenter une percée majeure dans le développement de la théorie de l'évolution. Elle prouvait que les espèces n'étaient pas immuables. C'était une pensée hérétique. Chaque année depuis 35 ans, les professeurs Rosemary et Peter Grant ont compté, mesuré et bagué à peu près tous les pinceaux de l'île d'Afne, documentant l'évolution au jour le jour. Quand Darwin est venu ici, avec le capitaine Fitzroy du Beagle et deux assistants, ils ont rassemblé de nombreux spécimens de pinceaux. Darwin les a décrits sans avoir une idée très précise. précises à l'époque quant au nombre d'espèces. Aujourd'hui, nous savons, grâce à d'autres collections, qu'il en existe au moins une douzaine. Certaines classifications en comptent même 14, et d'autres 13. Était-il réellement possible que chacune des îles ait produit une espèce individualisée, idéalement adaptée aux conditions de vie spécifiques de chacune d'elles ? Si c'était le cas, comment fonctionnait le processus d'adaptation ? Darwin comprendra ce phénomène longtemps après son retour en Angleterre, réalisant que de nouvelles espèces pouvaient évoluer sur des îles isolées, perçant ainsi le monde. Le mystère de la variabilité des espèces. La sélection naturelle se produit quand l'environnement change. Nous avons connu deux ou trois magnifiques exemples depuis 35 ans. Le premier remonte à 1977, lors d'une importante sécheresse. La population de géospies à bec moyen a été réduite à moins de 200 oiseaux. Quand nous avons mesuré les survivants et les avons comparés à ceux qui n'avaient pas survécu, la différence était importante. impressionnante. Les survivants avaient un bec plus gros et plus fort. C'était dû à l'approvisionnement en nourriture. Leur alimentation se compose d'une grande variété de graines. Ils ont tous mangé des petites graines, mais six mois plus tard, il ne restait qu'une quantité raisonnable de graines plus grosses et plus dures. Seuls les oiseaux au plus gros bec pouvaient casser ces graines pour en extraire la même. nourriture. Les oiseaux, aux becs moins forts, sont morts de faim. Les mesures régulières des becs de pinceau sur l'île d'Affnay ont montré une variation au cours des 35 dernières années. Les oiseaux de nos jours ont des becs sensiblement plus petits que ceux de leur congénère de 1973, année où les grandes ont commencé leurs mesures. La taille des becs montre que seuls les individus d'une génération donnée et munis d'un bec plus court ont survécu, étant mieux adaptés à un milieu différent. Comme Darwin le comprendra plus tard, la mixité sexuelle produit des variantes plus ou moins importantes qui aident les espèces dans leur ensemble à affronter, le cas échéant, des conditions d'existence nouvelles. Quand par exemple le climat se modifie sensiblement, seuls les individus au sein de cette espèce, adaptés par chance aux nouvelles conditions, survivent. Ceux qui ne peuvent s'adapter meurent. La sélection naturelle est à l'œuvre. La sélection naturelle peut entraîner une population sur une voie nouvelle. Et le processus que l'on a observé chez les pincons de Darwin n'est pas unique chez cette espèce. On a observé la même chose chez les plantes. Durant les premières étapes d'espéciation, ce phénomène se produit chez les plantes. On le voit aussi chez les bactéries. avec un échange de gènes d'une souche à l'autre, augmentant la variété sur laquelle la sélection peut ensuite agir. C'est aussi frappant chez les poissons, les reptiles, et même chez les primates. Quelle est l'origine des espèces ? Cette question restait fondamentale pour Darwin. La grande question à laquelle il a essayé de répondre concernait l'origine des espèces. Pourquoi le monde est-il si riche en espèces ? Il en a déduit que l'évolution était un phénomène général, que la sélection naturelle était le mécanisme. et qu'en divisant des populations en deux ou plus, on obtenait deux ou plusieurs espèces. Il faudra à Darwin de nombreuses années d'analyse et de travail pour formuler sa proposition. Mais il possédait déjà les deux principales clés. Variabilité comme phénomène, sélection naturelle comme mécanisme. L'expérience de Darwin l'avait encouragé à penser en termes très larges. Il était également extrêmement prudent et très autocritique. Il a été capable de faire une série d'observations et de les trier. Par la suite, il a été si exalté par la question du grand nombre des espèces qu'il y a consacré toute son attention, sa vie entière. Le 20 octobre 1835, le Beagle quitte les îles Galapagos et met le cap sur l'Australie, avec 18 tortues géantes à son bord. Non pas pour les étudier, mais pour fournir de la viande fraîche à l'équipage pour les semaines à venir. Dans les alizés du Pacifique, sous les tropiques, le navire file 150 km. 20 000 par jour. Lors des longues traversées, Darwin ne se détourne pas de ses études. A son retour en Angleterre, son journal comptera 770 pages, écrites dans l'idée d'une publication. Son principal catalogue devait décrire quelques 1500 pages. 529 espèces conservées dans l'alcool et 3907 spécimens secs. Le travail de Darwin n'est pas terminé. Le voyage allait encore se poursuivre une année entière, pendant laquelle il complétera inlassablement sa collection. Ce matériau lui permettra d'élaborer sa grande théorie, dont la maturation sera très lente et douloureuse, et qu'il ne publiera que 24 ans plus tard. Avait-il déjà en tête cette pensée qu'il ne couchera sur le papier que bien plus tard ? Ma théorie ne tend résolument pas vers la progression. L'évolution ne tend pas vers un but élevé. Elle ne sous-tend pas l'idée d'une force interne faisant effort vers la perfection. Après deux mois et demi en mer, le 12 janvier 1836, le Beagle mouille dans la baie de Sydney. Sydney était une jeune colonie dont la population de 23 000 Blancs gonflait à une rapidité extraordinaire et avec elle le prix de la terre cultivable. Les Bagnards, qui constituaient une large part de la classe laborieuse, étaient maintenant de jeunes entrepreneurs. Seuls les aborigènes ne participaient pas à l'essor démographique et leur nombre diminuait rapidement. Comme à son habitude, Darwin met pied à terre le jour même. Il engage un guide et quitte la zone côtière pour s'aventurer à l'intérieur des terres. On lui a la chance de voir le monde. Il avait parlé d'immenses vallées qu'il fallait voir à plusieurs jours de marche de l'océan. Aujourd'hui, le professeur Frank Nicholas, auteur de Darwin en Australie, nous guide à notre tour sur les traces de Darwin. Quand il a vu ces incroyables vallées, il s'est immédiatement demandé comment elles avaient été créées. Il a d'abord pensé que c'était le résultat de l'érosion. Par la suite, il a eu un doute, n'était pas écoulée assez de temps pour l'érosion de tel relief. On lui avait également dit que chaque vallée se terminait par une gorge étroite. En l'absence de suffisamment de temps, c'était impossible. Il a écrit dans son journal qu'à cause du facteur temps, cette notion d'érosion était grotesque. Il a ensuite tenté de trouver une autre explication. Il savait que le grès avait dû, pendant une période donnée, séjourner sous la mer. Il s'est alors dit que l'action sous-marine des vagues avait créé les vallées, et que la terre avait ensuite été soulevée. Il a même publié ses conclusions, dont... Mais il n'était toujours pas sûr de son fait. Les montagnes bleues avaient-elles été créées par l'érosion ou par un formidable soulèvement tellurique ? Darwin se posait la question. Il était certain qu'un temps immense avait été nécessaire pour créer ces vallées, sans doute des centaines de milliers d'années. La Terre était plus vieille que ne l'avaient calculé les théologiens, qui en étaient arrivés à 4 004 années avant la naissance du Christ. Finalement, Darwin a eu l'idée de créer des vallées. Darwin est revenu à cette idée que partagent la plupart des géologues actuels et qui veut qu'en fait, ces vallées avaient bien été formées par l'érosion au bout d'une longue période de temps. Le fait que Darwin devienne conscient de la durée du temps géologique était également très important pour son idée sur l'évolution des espèces qui exigeait également la longue durée de temps. Ce n'est pas seulement la géologie qui retient l'attention de Darwin en Australie. Pour dépiter qu'il ait de ne pas apercevoir de kangourous, la faune le fascine également. Et le sort réservé aux aborigènes assombrit tout ce qui est de l'histoire. en séjour. Leur annihilation soulignait l'affreuse évidence. L'expansion coloniale apportait avec elle la destruction. C'était une lutte sans merci que rien ne justifiait. Quel genre d'animal est-elle homme ? En Australie, derrière la façade civilisée se cachait une lutte impitoyable, en tout point semblable à la loi de la jungle. Mange ou sois mangé. Darwin écrit dans son carnet Les aborigènes australiens semblent ne plus avoir le droit d'exister dans ce pays. Il écrit dans ce passage du journal de recherche Les différentes espèces humaines semblent agir l'une envers l'autre de la même façon que le font différentes espèces animales. Le plus fort élimine, tue, éradique le plus faible. Darwin ne crie pas victoire. Il dit simplement que c'est ainsi qu'agit la nature. Il était contre l'esclavage, sans ambiguïté. Mais en dépit de ses positions politiques claires, ses théories furent plus tard détournées par des mouvements politiques extrêmes pour étayer leurs théories racistes. Quant à l'origine des races humaines, Darwin avait une théorie très originale pour l'époque et qui a repris de l'actualité récemment, mais qui demeure tellement extrême que je crois qu'il a bien été le seul. à jamais la défendre sous cette forme radicale. Darwin soutenait qu'il y avait une unité de l'espèce humaine, unité d'origine, unité aussi du point de vue des facultés physiques, et puis aussi d'ailleurs une grande unité du point de vue des capacités intellectuelles. Les rencontres de Darwin avec les indigènes d'Amérique du Sud et en Australie influencèrent sa vision du monde. Je ne pense pas qu'il soit possible de décrire ou de dépeindre la différence entre homme sauvage et homme civilisé. C'est la différence entre un animal sauvage et un animal domestiqué. Le 14 mars 1836, le Beagle s'éloigne des côtes d'Australie. L'une des étapes les plus importantes du voyage est encore devant lui. Après deux semaines de navigation, le Beagle atteint les îles Coco, ou îles Killing, le 2 avril 1836. Dans les eaux chaudes de l'océan Indien qui baigne l'archipel, Darwin découvre une faune et une flore d'une étonnante diversité. La beauté du monde sous-marin s'imprime fortement dans sa mémoire. Pendant que Fitzroy cartographie le lagon, Darwin explore les atolls, composés d'une infinie variété de coraux. Aujourd'hui Scott Smithers étudie ces coraux, riche source d'informations sur les fluctuations du niveau de la mer et sur la qualité des eaux. Le début du 19e siècle a été une période d'exploration enthousiaste, y compris dans les nombreuses régions du monde où l'on trouve les coraux. De nombreux naturalistes de l'époque se sont intéressés au problème des coraux. récifs de corail. Ils savaient et comprenaient que les coraux se formaient le plus souvent près de la surface de l'eau, à environ 50 mètres de profondeur. Mais ils ont aussi noté que ces récifs de corail, en forme d'anneau, semblaient remonter du sol. fin fond de l'océan cela leur posait un problème comment ces récifs était il remonté des grandes profondeurs de l'océan jusqu'à la surface darwin se convainc que ces îles s'affaissent lentement et que les coraux pousse d'autant en compensation il va mesurer la profondeur de l'océan pour prouver sa théorie Quand Darwin était en Amérique du Sud, il avait observé un tremblement de terre et remarqué qu'une position entre la plage et la côte pouvait bouger, voire être soulevée. Il avait déjà repéré des coquillages marins en altitude sur les collines. comment avait-il pu atteindre cette hauteur une fois encore le soulèvement ou l'affaissement était la réponse plausible une idée germait dans son esprit qui voulait que les causes qui avait créé l'élévation pouvait avoir provoqué un affaissement il se demandait si ces processus pouvait être à l'origine de la création des atolls La théorie de Darwin sur l'affaissement du sol était largement intuitive, basée sur le mouvement constant de la croûte terrestre qu'il avait observée pendant son voyage. Cette intuition se voit confirmée aujourd'hui par les scientifiques. Si nous dessinons un modèle assez simple de la théorie d'Heroïne, cette ligne est le niveau de la mer. Et voici le fond de l'océan. On a un point chaud. Au-dessus duquel se formera un volcan, qui pourrait éventuellement émerger de l'océan. Il en résultera un substrat, un récif frangent qui s'attache au coteau du volcan. Nous savons que le corail aime se former et prospérer sur ces récifs. À mesure que la plaque sur laquelle le volcan s'est formé glisse, selon les règles de la tectonique, elle s'est refroidie et affaissée. Le volcan se retrouve donc plus bas. Pendant l'affaissement, un récif de corail a poussé et formé une barrière qui encercle par la suite un lagon. Finalement, le volcan s'affaisse. en dessous du niveau de la mer et seule la barrière de corail reste émergée. Le volcan s'est lentement affaissé et le récif a lentement poussé. Reste un atoll circulaire. Chez Darwin, l'affaissement sous-marin qui stimule la formation d'atolls est un long processus géologique. Et naturellement, la notion qui voulait qu'un long processus géologique ait été le responsable ou le mécanisme derrière sa théorie, ne l'a pas découragé. Il savait et défendait clairement que de très longues périodes de temps étaient nécessaires. Ces périodes étaient bien plus longues que celles acceptées par les érudits bibliques et qui correspondaient à leur vision de la création du monde. Cet affaissement très lent n'était qu'une preuve de plus soutenant l'autre célèbre théorie en germe de Darwin, la théorie de l'évolution. Darwin a collectionné différents échantillons de coraux. Si les barrières de corail ont inspiré à Darwin sa théorie de l'affaissement, un autre corail le fascine également. Comme il étudie et dessine son échantillon, on peut imaginer que c'est dès cette époque qu'une idée germe dans son esprit. Idée qui allait souder entre elle toutes celles qu'il avait collectées pendant son voyage. L'arbre de vie devrait peut-être être nommé le corail de vie. Les croquis de Darwin reflètent la lente maturation de ses idées, chaque esquisse avançant d'un pas vers sa fameuse théorie de l'évolution. Darwin avait conscience qu'il dessinait mal, mais il estimait que ses dessins représentant des détails étaient extrêmement importants, s'étant convaincu assez tôt que la nature ne pouvait pas être reconnue en tant qu'ensemble. et qu'elle ne pouvait donc être décrite en tant que telle. Le corail avec ses pousses chaotiques devint pour Darwin le symbole du processus de l'évolution. Dans la représentation traditionnelle de l'arbre, l'homme était placé au sommet de la création. Le corail de la vie propose un concept différent. Ses développements deviennent possibles dans toutes les directions. Il n'y a plus de destination unique, pas de finalité. L'évolution n'a pas de but. Darwin a choisi les coraux comme symbole de l'ensemble de la nature pour trois raisons. Premièrement, il voyait dans les embranchements du corail mourant le symbole parfait des espèces en voie de disparition. La deuxième raison de son choix, c'est que dans la croissance de sa structure, il n'y a pas de direction unique. La structure ressemble plus à un buisson qu'à un arbre. Et troisièmement, c'est pour la forme de ce qu'il produit, le récif de corail. Quand le Beagle laisse derrière lui les îles Killing, les carnets de notes de Darwin sont remplis de nouvelles idées. En juin 1836, le Beagle franchit le Cap de Bonne-Espérance à la pointe sud de l'Afrique. Mais au lieu de prendre la route la plus directe, il s'est mis à la route de l'Inde. Pour ramener l'équipage dans ses foyers, le capitaine Fitzroy décide de traverser une fois de plus l'Atlantique pour vérifier certaines mesures sur les côtes sud-américaines. L'équipage devra traîner son mal du pays pendant encore quatre mois avant de voir le navire mettre le cap sur l'Angleterre. Darwin avait promis à son père d'accepter à son retour un poste de pasteur rural. Le voyage du Beagle avait rendu évident dans son esprit que sa vraie inclination professionnelle était de mener des recherches en sciences naturelles. Après plusieurs mois en mer, le courrier parvient à nouveau au Beagle, apportant à Darwin une lettre de sa sœur. Je dois te dire que ta gloire s'est propagée. Le jour de Noël, père a reçu une lettre du professeur Henslow dans laquelle il avait écrit sur toi dans des termes les plus élogieux et exprimant sa joie à l'idée que tu rentrais bientôt à la maison afin de prendre la place qui était la tienne parmi les grands scientifiques de notre temps. Père n'a pas bougé de sa chaise avant d'avoir lu la lettre jusqu'à son dernier mot. Darwin lui-même était fou de joie d'entendre cela. Il était confiant de pouvoir réintégrer le monde anglais de l'histoire naturelle, fort de son nouveau savoir. Il avait accumulé de nombreuses connaissances durant ce voyage, et ces connaissances devraient lui ouvrir les portes du nouveau monde de l'histoire naturelle qu'il voulait intégrer en tant qu'expert. Le Beagle rejoint finalement l'Angleterre le 2 octobre 1836, après avoir passé 4 ans et 280 jours autour du monde. Darwin se met immédiatement au travail, pour faire l'inventaire de ses collections, pour les faire expertiser par les meilleurs scientifiques de Londres, pour rejoindre la Société Royale de Géographie, pour rencontrer des gens comme le géologue Lyell, qui deviendra son ami la vie durant, et pour se marier. En 1843, Darwin épouse sa cousine, Emma Wedgwood. Le couple emménage rapidement à Down House, à quelques heures de Calais, du sud de Londres. Charles prend la décision rationnelle de se marier, mais il ne réussit pas à faire sa demande dans les formes. Il la refera quelques mois plus tard. Entre temps, il avait mis au point sa théorie de la sélection naturelle ou de la survie par la reproduction. Il était conscient d'être un organisme de reproduction. destiné à la survie de son espèce dans ses rapports avec emma il se voyait semblable à un animal il ne faisait pas la différence ils auraient des descendants il analyse ce que ses enfants pourraient bien hériter soit de leur mère soit de leur père Pendant qu'il lui faisait la cour, il notait ses réactions sexuelles. Lorsqu'elle rougissait, il se disait que c'était l'équivalent d'une érection chez un homme. Il examine ses propres réactions et les compare à celles d'un animal. On comprend pourquoi la couverture de son journal intime portait la mention privée Ces deux organismes s'apprêtaient à copuler et à se reproduire. Pourtant, il les aimait profondément. Ce furent des années d'un travail intensif et très créatif. Darwin a mis en route une série de journaux secrets pour suivre le fil de la progression de sa pensée. Ses journaux privés et sa correspondance personnelle révèlent ses pensées les plus importantes. Il appelait ça une révolte mentale ou laisser l'esprit se lâcher. C'était peu orthodoxe et irrespectueux à l'époque de Darwin. Il était convenable d'être un naturaliste philosophe. Non seulement d'écrire, mais aussi d'expliquer le pourquoi des choses. Mais il fallait de l'expérience, et il fallait avoir mérité le droit de spéculer. Quant à Darwin, il a spéculé avant d'avoir le droit aux yeux de ses contemporains de s'engager dans cette activité émue. dangereuse certaines idées écrites dans ses cahiers n'ont jamais vu le jour il a même écrit quelque part si je faisais un jour publié des extraits de ses cahiers je serai crucifié vivant dans une lettre à son ami henslow darwin écrivit En parfaite opposition avec les idées que j'avais au départ, je suis maintenant convaincu que les espèces ne sont pas immuables. C'est comme confesser un crime. À l'époque, il a commencé à avoir des pensées de traître, déshonorantes, et peut-être même athées. Et il était de plus en plus malade. Quand il s'est marié, il était déjà malade. Et à cette époque, cela ne pouvait qu'entraîner la mort. Il s'est marié sachant qu'il pouvait mourir à tout moment. Et la grossesse de sa femme était inévitable. Elle est d'ailleurs tombée enceinte quelques mois après l'enquête. leur mariage et la mort survenait souvent lors d'une grossesse ces deux organismes vivait au bord de l'extinction personnel en même temps il donnait vie à une autre génération c'était une responsabilité étonnante l'état de santé de darwin ne s'améliorera pas et il a finalement conclu qu'il s'agissait d'un problème héréditaire Darwin quitte rarement Down House. Il n'est vraiment heureux que quand il fait ses expériences à la maison, travaillant dans sa serre et son jardin, souvent accompagné de ses enfants. Plus tard dans sa vie, il a fondé une famille et a eu des enfants, dont plusieurs sont décédés. Darwin a été profondément ému par chaque décès. La mort de l'un de ses enfants l'a particulièrement ému. affecté à tel point qu'il ne s'en est jamais vraiment remis il s'agit de la mort d'un ni sa fille de 10 ans elle s'est éteinte suite à une horrible maladie en seulement dix jours durant Dans cette période, Darwin était seul avec sa fille et ne l'a jamais quittée. Annie a été le sujet d'un affectueux mémoire que Darwin a écrit après sa mort, où il semble penser comment un dieu pourrait-il créer une enfant si merveilleuse, si innocente, pour ensuite la faire autant souffrir. Darwin s'immerge plus encore dans le travail. Il est, comme il dit, millionnaire en fait. Consultant des anatomistes, botanistes, géologues, éleveurs locaux, un large cercle d'amis et connaissances lui envoie des informations de tous les coins du monde. monde il travaille à son grand livre et sa théorie couvre de vastes territoires elle doit être étayée par des faits il se lance dans toutes sortes d'expériences comme par exemple tester la manière dont les canards ou les oies transportait des graines accrochées à leurs pattes On a souvent dit que s'il avait publié sa théorie plus tôt, il serait devenu célèbre. Il aurait pu la publier. Dans les milieux d'historiens, il y a un important débat sur les raisons pour lesquelles il ne l'a pas fait. L'une des raisons avancées, c'est qu'il voulait qu'elle soit parfaite. C'était le genre d'homme qui pensait qu'il y aurait toujours une donnée supplémentaire au coin de la rue. Il voulait que... l'annonce de cette théorie soit absolument exemplaire il lui fallait donc le plus de données possibles car il savait que sa théorie était dangereuse après des années de travail et des centaines de pages de notes darwin est finalement forcé de sortir de son isolement et de publier sa théorie un jeune scientifique appelé alfred russell wallace est parvenu à des conclusions similaires aux siennes et a fait parvenir à darwin sont maniocres manuscrit pour approbation. Il a été vraiment choqué. Il s'était isolé des courants d'histoire naturelle à tel point que cela peut expliquer sa surprise. De fait, l'essai de Wallace reprend exactement les éléments sur lesquels Darwin écrivait. Darwin a d'abord pensé qu'il devait abandonner toute revendication par rapport à son propre travail. car Wallace avait écrit un essai et s'apprêtait sans doute à le publier. Les amis de Darwin ne veulent pas entendre parler d'une quelconque renonciation en faveur de Wallace. Ses recherches lui ont coûté quelques quinze années de sa vie. Darwin avait une décision à prendre. Il s'en est remis à Lyell et à son meilleur ami, le chercheur Joseph Hooker. ont conclu un accord garantissant la priorité à darwin et un auditoire à wallace les deux théories ont été lus publiquement à londres devant la société des sciences d'abord celle de darwin car il avait formulé en premier puis celle que Wallace lui avait envoyée par courrier. De l'origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle fut publié en novembre 1859. Il rencontra un très large écho et fut discuté autant dans les cercles scientifiques que privés. Ce qui arriva est très inhabituel pour un livre scientifique. Il est devenu le sujet d'un débat public à cause de ce qui n'y était pas mentionné. L'origine des espèces de Darwin. Le livre de Darwin ne mentionne pas Dieu et le livre ne parle pas des hommes, les deux domaines sur lesquels tout le monde voulait en savoir plus. On voulait savoir ce qu'il proposait. Proposait-il vraiment une théorie athée de la nature ? Proposait-il vraiment que tous les humains descendent des singes ? Darwin proposait un ancêtre commun à toutes les espèces vivantes. Dire que les plantes, les animaux, les humains et tout organisme pourraient avoir naturellement évolué du mouvement de la matière au fil du temps est une spéculation assez injustifiée. C'était considéré comme dangereux car... Dangereux savoir et dangereuse politique allaient de pair. La science était effectivement politique quand on s'aventurait dans ces domaines. La transmutation, à savoir que les animaux et les plantes pouvaient évoluer naturellement l'un de l'autre sur une période de temps, de temps tout cela était effectivement un crime politique car elle niait implicitement l'existence de dieu ou la révélation de dieu et avec la disparition de dieu ou de la révélation de dieu quelle sanction restait il pour maintenir en place la société De l'origine des espèces, avec sa théorie de l'évolution, fut bientôt sous les feux croisés de l'Église. Un an après sa publication, Samuel Wilberforce, évêque d'Oxford, invita Darwin à prendre part à un débat, annonçant qu'il allait déchiqueter sa théorie. Darwin était malade et incapable d'y assister. Il demanda donc à son ami Thomas Henry Huxley de le remplacer. Ces deux individus représentaient l'église et la science. Ces représentants de deux camps se sont symboliquement battus. Il s'en est suivi un débat très intéressant car nous ignorons quel camp pensait... avoir gagné. Les défenseurs de Darwin pensaient-ils l'avoir emporté après que Thomas Huxley ait, par ses mots, totalement détruit l'évêque ? En revanche, des documents indiquent que les défenseurs de l'évêque Wilberforce pensaient que celui-ci avait remporté le débat. C'est un grand moment de l'histoire de la science ou de l'histoire avec un grand H où le symbolisme a pris le dessus. On s'en souvient comme d'un tout figé, d'un grand moment où l'Église a affronté la science sur la question de l'origine des espèces. La polémique s'amplifia et elle devait accompagner Darwin tout au long de ses vieux jours. Un débat public fut lancé dans la presse populaire. Des dessins satiriques présentèrent la théorie au grand public sous une forme ultra simplifiée. De nombreuses illustrations ont été publiées. L'une d'elles est très célèbre. Elle montre un gorille avec une pancarte autour du cou où l'on peut lire Suis-je un homme et un frère ? se demandant s'il fait partie de la famille. ou non de notre famille. Ce qui était perturbant, c'est que le public a eu l'impression que la théorie sur l'évolution rabaissait l'homme au niveau de l'animal. C'est intéressant, car c'est précisément ce que Darwin ne disait pas. Darwin proposait qu'il n'y ait pas de hiérarchie. L'homme n'était ni supérieur ni inférieur aux autres créatures. Ces dessins satiriques ont probablement fortement influencé la circulation de l'information sur la théorie de Darwin. Si tout sujet de la reine Victoria n'était pas conscient de ce qu'impliquait la théorie de l'évolution par la sélection naturelle, en revanche, il voyait bien ce qui était suggéré dans ces illustrations. La dernière phrase du grand livre de Darwin est sans doute la plus célèbre. La voici. N'y a-t-il pas une véritable grandeur dans cette manière d'envisager la vie ? Quelle vision de la vie ? La grandeur est émotive. Ce n'est pas un mot très scientifique, grandeur. Avec ces puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule, or, tandis que notre planète, obéissant à la loi fixe de la gravitation, continue à tourner dans son orbite, une quantité infinie de belles et admirables formes, sorties d'un commencement si simple, n'ont pas cessé de se développer et se développent encore. De l'origine des espèces ne peut pas être compris sauf en tant que dialogue avec les visions traditionnelles de la création. C'est la dernière œuvre majeure dans l'histoire de la science à être si fortement dédiée à son argumentaire face à la théologie. La vie de Darwin fut intensément dédiée au travail. En dépit d'une santé très précaire, il fut un écrivain prolifique et à succès. Il voyageait rarement, il n'aimait pas les événements mondains. Il passait des heures à mettre au point ses expériences dans son jardin et son laboratoire installé chez lui. Darwin resta presque complètement étranger au débat suscité par son œuvre. Il ne s'est jamais exprimé publiquement sur sa foi ou sur son absence de foi. L'œuvre de Darwin était indéniablement révolutionnaire. Darwin lui-même n'était pas un révolutionnaire. Peut-être était-ce la raison pour laquelle finalement l'Église elle-même lui pardonna. Sans plus jamais quitter l'Angleterre, Charles Darwin mourut le 19 avril 1882, à l'âge de 73 ans, dans sa maison de Down. Il fut enterré à l'abbaye de Westminster de Londres.