Vous ne vous en doutez peut-être pas, mais vous êtes absolument fascinant. Vous détenez, sans le savoir, une somme d'informations inimaginables. Le contenu d'une bibliothèque hors du commun. Qui que vous soyez, d'où que vous veniez, et quelle que soit votre apparence, vous possédez les secrets de notre origine sur cette planète.
Vous n'y croyez pas ? Eh bien eux, ils en sont persuadés. Les meilleurs généticiens et les archéologues les plus chevronnés vont vous raconter cette histoire, votre histoire, celle que l'on ne vous a pas apprise à l'école. Générique... Pourquoi la génétique permet-elle de retracer l'histoire de l'espèce humaine ?
Quand on regarde les Africains et les Européens, on les tentait de dire qu'ils ont l'air tellement différents qu'ils doivent appartenir à des groupes différents. Ce qui est marrant, c'est de se dire qu'on vient tous d'Afrique, il y a plus ou moins longtemps. Quelqu'un barbès, il vient peut-être il y a la semaine dernière, et nous c'est peut-être il y a 70 000 ans. Mais on vient tous d'Afrique, quoi ! Ou alors, il faudrait dire que certains d'entre nous ont un ADN qui vient de la planète Mars.
Quelle histoire ! Il était une fois, l'aventure d'hommes et de femmes en mouvement sur une petite planète. L'histoire de l'évolution sur cette planète est inscrite dans le code génétique. Tous les êtres vivants dérivent d'un premier être vivant qui est apparu sur Terre il y a 3,8 milliards d'années à peu près. S'il y a une seule origine de la vie, par conséquent tout ce qui est vivant aujourd'hui descend d'un premier ancêtre commun qui existait par le passé.
Ce premier organisme vivant s'est formé dans l'eau des océans, il y a près de 4 milliards d'années. Et c'est à partir de cette cellule originelle que s'est développée toute la biodiversité terrestre. Il y a donc bien une seule base génétique du vivant qui s'est complexifiée au cours du temps.
Et ce véritable code de la vie, les généticiens ont appris à le déchiffrer. Le code génétique est universel, c'est-à-dire la manière dont on lit les caractères. Elle a même pour le brin d'herbe, pour le colibacile, pour l'éléphant, le putois et l'homme. C'est universel. Le système de codage de l'ADN...
et donc rester inchangée pendant des milliards d'années. La conséquence est assez saisissante. En prenant deux espèces au hasard, la génétique nous montre qu'à une époque plus ou moins éloignée dans le temps, elle ne faisait qu'une. C'est donc à partir de cet ancêtre commun, et à un moment précis, que les deux espèces ont divergé. Entre l'homme et la levure, l'ancêtre commun, il y a eu un ancêtre commun, forcément.
Donc entre l'homme et la levure, l'ancêtre commun, il a vécu il y a, on va dire, 2 milliards 500 millions d'années. Et il y a 30 à 40% de ressemblance entre le génome d'un homme et le génome d'une levure. Et si vous vous pensiez différent en tout point de la manie de tumouche, vous serez désolé d'apprendre que le dernier ancêtre commun entre l'homme et le champignon existait il y a un peu moins de 700 millions d'années. A notre ADN, c'est pas que le nôtre.
De toute façon, on a plein de bouts d'ADN qui sont les mêmes qu'une souris, qu'une mouche, qu'une plante. Il y a très peu d'ADN qui n'est que chez l'homme et pas autre part. Et même quand on compare l'homme et le chimpanzé, on est à 99% notre ADN est identique. Il n'y a que 1% de différence avec le chimpanzé. Donc ça pose la vraie question de savoir comment avec un patrimoine génétique quasiment identique, on devient un homme d'un côté, on devient un chimpanzé de l'autre.
Cette identité, elle ne se joue pas sur quelques gènes de plus ou des gènes exclusifs que nous aurions. En fait, la signature de l'homme est plutôt dans la manière dont vont s'exprimer ces patrimoines génétiques communs d'abord et qui ont divergé. Nous possédons dans notre génome toute l'histoire évolutive de notre espèce.
Le code génétique renferme une somme d'informations d'une longueur extravagante. Déroulée et mise bout à bout, l'ADN de toutes les cellules d'un corps humain formerait un filament dont la longueur défie l'imagination. 12 milliards de kilomètres. C'est le diamètre du système solaire. Ce code est enfoui en chacun de nous.
Cette information, contenue dans toutes les cellules de notre corps, raconte notre histoire en tant qu'individu, mais aussi celle des ancêtres dont nous descendons. Tout cela est écrit dans notre génome. Nous, on porte la...
l'information qu'on transmet d'une génération à la suivante. Et on peut avoir une vision très réductionniste de l'homme, de dire qu'on est, comme tous les autres organismes, uniquement un avatar qui existe pour transmettre l'information qui est l'ADN. Parce que nous portons tous des gènes et de l'ADN hérités de nos parents, qui eux-mêmes l'avaient hérité de leurs parents, et ainsi de suite.
De telle sorte que nous portons tous une archive de notre passé en nous. Mais alors, comment décrypter cet archive généalogique qui se trouve dans notre ADN ? L'information est transmise d'une génération à la suivante quasiment à l'identique.
Il y a toujours des mutations, il y a toujours des nouveautés qui, à chaque génération, sont créées et sont transmises aux descendants. Mutation, c'est une minuscule erreur de copie qui se glisse au plus profond de nos cellules. Tout se passe au moment de la copie de l'ADN.
Ce mécanisme permet de transmettre les informations génétiques d'une cellule à une autre. Mais au fil des millions de réplications faites à chaque seconde, il n'est pas rare qu'une erreur de copie soit faite. Si elle n'est pas repérée, elle se fixe alors dans la suite de données génétiques. Le génome est modifié, Et cette mutation germinale pourra être transmise aux générations suivantes. C'est en traquant ces petites nouveautés dans les recoins de notre ADN que les scientifiques ont réussi à retracer l'aventure de la famille humaine.
En fait, dans l'ADN, ce qu'il y a d'inscrit, ce n'est pas l'histoire en tant que telle. Ce qu'il y a d'inscrit dans l'ADN, c'est les différences entre les individus. Les mutations apparaissent à un rythme régulier.
Et en comptant le nombre de mutations différentes entre deux séquences génétiques, on peut établir à quelle date ces deux personnes ont eu un ancêtre commun. Donc c'est en utilisant ces différences entre les individus et ces proximités qu'on peut retracer des histoires et remonter dans le temps. Pour remonter jusqu'aux origines de notre espèce, les scientifiques ont essayé de comprendre pourquoi nous sommes ainsi répartis sur la planète. Et c'est à la recherche de ces précieuses différences dans nos ADN que les généticiens parcourent les quatre coins du monde.
Donc on a tous nos échantillons ici qu'on reçoit de nos collaborateurs. de différents endroits du monde, le Gabon, le Cameroun, le Pygmé, des Vanuatu, des îles Salomon. Avec ces 3-4 000 échantillons qu'on a ici, on a déjà probablement la plupart de la richesse génétique de notre espèce.
Résumé, en trois étages dans un laboratoire. Le but de ces prélèvements est d'observer les liens de parenté entre les populations actuelles, de retrouver les ancêtres communs entre les Papous et les Chinois, entre les Européens et les Africains, ou encore entre les Américains et les Inuits. Au même titre que des archéologues vont fouiller un endroit, nous on fait des fouilles biologiques, et on regarde l'ADN des gens actuels pour retracer l'histoire de notre espèce. En comparant les ADN de populations géographiquement éloignées, les scientifiques ont découvert que nous étions étonnamment semblables les uns aux autres.
Pour preuve, le génome de deux individus pris au hasard sur la planète est identique à 99,9%. Ce qui revient à dire qu'on est une petite famille, une petite famille de 6 milliards d'individus, mais que d'un point de vue biologique, elle reste petite, homogène, jeune. Pourquoi d'abord des gens qui ont des corps... si différents en apparence ?
Ont-ils les mêmes veines partout à travers le monde ? La réponse est extrêmement simple. Une seule population d'origine commune, et il n'y a pas très longtemps. Ce que la génétique peut affirmer aujourd'hui, c'est que la population mondiale descend directement d'un tout petit groupe d'individus.
On peut estimer le nombre d'individus qu'il fallait pour produire la génétique. génétique que l'on observe dans la population actuelle. On parle de peut-être 10 000 individus impliqués dans la reproduction qui va donner l'humanité actuelle en dehors d'Afrique.
C'est un chiffre incroyablement petit. Ça veut dire que grosso modo toute la diversité génétique que l'on a à l'heure actuelle sur notre espèce était contenue dans cette population initiale de 10 000 individus. Imaginez donc que tous les êtres humains descendent d'un petit groupe ancestral d'hommes et de femmes dont la population n'était pas plus grande que celle d'une petite ville, comme Foix, en Ariège, comme la station balnéaire de Westerland, en Allemagne, ou encore comme Gettysburg, aux Etats-Unis. Mais d'ailleurs, où se trouvait ce petit groupe à l'origine de l'humanité ?
Pour trouver le lieu où tout a commencé, il faut chercher le groupe d'individus qui a accumulé le plus de mutations génétiques au fil du temps. Et tous les indices nous ramènent à l'Afrique. L'Afrique est le berceau de l'humanité.
En fait, nous sommes tous africains, quel que soit le continent d'où l'on vient. L'Afrique a sans doute été, j'allais dire probablement de tout temps, le cœur démographique et le cœur évolutif de l'humanité. Pour comprendre pourquoi tout nous ramène à l'Afrique, il faut effectuer un formidable bond dans le temps. bien avant l'apparition de notre espèce. Et surtout, il nous faut accepter cette idée que nous sommes bel et bien des primates comme les autres.
Lorsque ma petite grand-mère maternelle bretonne m'a dit Un jour, si toi tu descends du singe, moi sûrement pas. Je me suis dit, bon, il faut que j'arrive à la convaincre. Je crois que je n'ai pas réussi d'ailleurs.
L'homme est un primate, dans la classification zoologique. Tous les primates sont d'origine tropicale, donc l'homme ne fait pas exception. Les primates que nous étions il y a plusieurs millions d'années ont dû s'adapter au changement climatique de l'Afrique tropicale, notamment ces grandes sécheresses.
Des mutations génétiques successives ont amené nos lointains ancêtres à se différencier des autres primates, en développant une caractéristique fondamentale. Le préhumain qui va s'adapter à ce milieu-là, il développe sa tête et le cerveau va atteindre un niveau de complication, de complexité, un seuil de complexité qui va faire que pour la première fois, au lieu de savoir des quantités de choses, il va savoir qu'il sait. Le miroir, comme dans un miroir, c'est-à-dire que ça s'appelle la réflexion. Cette nouveauté, directement liée au développement du cerveau, marque une étape cruciale dans l'évolution génétique des espèces antérieures à Homo sapiens. Nous n'avons d'ailleurs pas été les seuls à profiter de cette innovation.
En réalité, l'homo sapiens a été précédé d'autres types d'hommes. Et ces autres types d'hommes avaient déjà considérablement évolué leurs caractéristiques mentales, leurs habiletés. L'intelligence n'est donc pas propre à notre espèce, homo sapiens. Elle est propre au genre humain dans le sens large du terme.
En effet, plusieurs espèces d'hommes, issues d'un même ancêtre commun, foulaient le sol terrestre il y a encore quelques milliers d'années. Certaines ont même quitté l'Afrique et se sont différenciées génétiquement sur d'autres continents. C'est le cas de la lignée de l'homme de Néandertal en Europe.
Mais aussi d'autres espèces que les scientifiques commencent tout juste à découvrir. comme l'homme de Denisova en Sibérie, ou encore l'homme de Flores en Indonésie. Imaginez qu'il y avait sur l'Afrique, l'Europe et l'Asie, plusieurs espèces humaines, qui étaient la conséquence de ces séparations, dispersions, depuis ce tronc commun qui venait d'Afrique. Il y a une lignée qui s'est plus limitée dans son évolution sur l'Afrique et une partie du Proche-Orient, et c'est la nôtre.
C'est donc sur le continent africain que sont apparus les hommes modernes que nous sommes. Et c'est encore ici que nous nous sommes différenciés des autres espèces humaines, en trouvant au fil du temps notre rythme de croissance idéal. On sait que les hommes modernes, quand on les compare à d'autres espaces de primates, ce sont des êtres qui se développent très lentement. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose dans notre génome, quelque part, qui fait qu'on a, au fur et à mesure de notre évolution, ralenti notre développement.
La raison de ce ralentissement est liée à la bipédie. A long terme, la station debout a eu pour effet de diminuer la taille du bassin des femmes. Et la boîte crânienne des nouveaux-nés devait être plus réduite pour permettre l'accouchement. C'est pour cette raison que le cerveau humain se développe surtout après la naissance, et pendant un temps très long. Ça nous donne beaucoup de temps pour fabriquer un cerveau très complexe.
Comme on développe une grande partie du cerveau après la naissance, ce cerveau va être soumis à tout ce processus de maturation, de complexification. Le bénéfice, c'est qu'on a du temps pour apprendre beaucoup de choses, et pour apprendre des choses très compliquées. Il y a donc à peine 200 000 ans, notre espèce est formée. Homo sapiens. Une espèce, une seule race, un petit groupe ancestral.
Quelques milliers d'hommes et de femmes foulent le sol d'Afrique il y a 200 000 ans. Il s'agit bien là de nos ancêtres directs. de ceux qui nous ont légué leur patrimoine génétique.
Étonnamment, dans ce petit groupe à l'origine de l'humanité, les différences génétiques entre les individus étaient alors bien plus grandes qu'elles ne le sont aujourd'hui. Et cela nous a bien servi. La diversité génétique est très importante parce qu'elle permet à une espèce de résister aux épidémies.
C'est grâce à cette diversité qu'une partie de la population survit. Si tout le monde est pareil, une simple maladie peut faire disparaître une population entière. Pour mesurer la diversité, on compte le nombre de différences génétiques dans le génome de deux individus.
Plus ce nombre est grand, et plus la diversité est importante. Ainsi, à la naissance de l'espèce humaine, la diversité génétique était la plus grande possible afin d'assurer une descendance. Plus la diversité est grande, plus on se rapproche de l'origine d'une espèce.
C'est parce qu'il veut remonter à la source même de l'espèce humaine que Stéphane Schuster parcourt le continent africain à la recherche des peuples les plus anciens de la planète. Direction la Namibie, un des pays les plus arides et les moins peuplés du monde. La Namibie est un pays fascinant. Avec une population d'à peine 2 millions d'habitants, le pays compte pas moins de 28 groupes ethniques. C'est donc une petite population avec une très grande diversité génétique.
On trouve aussi en Namibie des sites d'habitation continu datant de plus de 1,9 million d'années. Les premiers habitants étaient bien sûr des espèces antérieures à Homo sapiens. Mais il y a 200 000 ans, les hommes modernes ont à leur tour investi les lieux. Il s'agit probablement du plus ancien site peuplé par un même groupe d'individus.
Nous avons cherché des populations de chasseurs-cueilleurs koi-san car nous pensions que leur lignage génétique pouvait remonter très loin dans le temps. Leur mode de vie est très ancien. De plus... Il parle une langue aclique, considérée comme l'un des plus anciens dialectes connus à ce jour. Nous avons rencontré les plus anciens membres des populations khaïsan.
Certains d'entre eux étaient nés juste avant les premiers contacts avec les Européens. Beaucoup de gens pensent que les populations Khoisan font partie des peuples les plus anciens. Quant à eux-mêmes, ils en sont convaincus.
Et comme notre but est de retrouver les traces du peuple à l'origine des hommes modernes, ils ont bien évidemment attisé notre curiosité. Nous avons eu de la chance car ma collaboratrice, Vanessa Hayes, vient de Cape Town. Et comme les Bushmen, elle...
parle la lingua franca du sud de l'Afrique, l'Afrikaans. Les kohissans sont habitués à lire les empreintes laissées par les animaux dans le sable. Ils peuvent ainsi distinguer une gazelle d'un springbok ou d'un koudou.
Ils peuvent savoir où l'animal se trouve. ou encore s'il est blessé. Je lui expliquais que l'analyse de l'ADN fonctionne de la même manière. Nous pouvons lire l'information qui se trouve à l'intérieur de son corps.
Les résultats de prélèvements d'ADN de Bushmen vont dépasser les espérances les plus folles de l'équipe de Stefan Schuster. A notre grande surprise, notre étude a révélé que les Bushmen font effectivement partie du plus ancien lignage humain connu à ce jour. Mais nous avons aussi compris que leur génome est très moderne, parce que pendant 150 000 ans, ils ont fait des adaptations essentielles à leur environnement. Ils peuvent stocker des lipides et calibrer leur masse corporelle en fonction des ressources alimentaires à leur disposition. Ces adaptations sont spécifiques aux populations de chasseurs-cueilleurs que l'on trouve encore aujourd'hui dans le sud de l'Afrique.
Nous sommes les hommes et les femmes, nous avons gagné. Au terme de son étude, Stefan Schuster a convié le révérend Desmond Tutu à la présentation des résultats. Prix Nobel pour son opposition à l'apartheid en Afrique du Sud, Desmond Tutu tenait à s'associer à un projet scientifique qui met enfin l'Afrique au cœur de l'aventure humaine.
C'est la maison pour tous les gens du monde. C'est ce que l'Église a essayé de nous enseigner, Adam et Ève. C'est une histoire qui essaie de dire que nous venons vraiment d'un seul stock.
Maintenant, la science dit que... Oui. Pouvez-vous vous imaginer ce que notre monde serait devenu ?
Si nous acceptions que nous sommes une famille, c'est une chose fantastique. Nous sommes tous africains. Et merci pour être mes proches.
La population qui est restée au plus proche du lieu de l'origine a conservé cette diversité nécessaire à la survie de notre espèce. Sur ce graphique, vous pouvez voir la diversité génétique chez les Européens cette fois. On trouve une moyenne de 20 différences dans le génome mitochondrial de deux Européens.
Mais quand on compare deux Bushmen entre eux, on trouve une moyenne de 85 différences. Les Européens ont une plus faible diversité que les Bushmen. La grande diversité génétique des Bushmen tient au fait qu'ils sont au plus proche de l'origine et qu'ils y sont restés pendant toute l'histoire de notre espèce.
Cette population de chasseurs-cueilleurs Khoisan, longtemps mise à l'écart de la société moderne, est donc la population qui a le mieux conservé la richesse génétique du groupe humain d'origine. Les Européens, quant à eux, ont une plus faible diversité génétique. Et ils ne sont pas les seuls.
C'est le cas de la plus grande partie de la population mondiale. Mais comment expliquer cela ? Il y a 70 000 ans, un petit groupe de la population humaine d'origine a quitté l'Afrique pour coloniser l'Europe et l'Asie.
Ils n'ont emporté avec eux qu'une fraction de la diversité génétique d'origine. Le premier effet fondateur de l'histoire de l'homme a été la sortie de l'Afrique. Ce que les scientifiques appellent l'effet fondateur, c'est quand un petit groupe se sépare d'un grand ensemble pour former une nouvelle population.
C'est précisément ce que ce petit groupe qui a quitté l'Afrique a fait, en n'emportant avec lui qu'une poignée du stock de gènes d'origine. Cette variation génétique qu'on observe hors d'Afrique nous apparaît comme un espèce d'échantillonnage de ce qu'on a en Afrique. Donc en gros, les non-africains apparaissent comme un espèce de sous-ensemble d'un grand groupe. ensemble africain qui est beaucoup plus varié. On est une grande famille en Afrique, beaucoup de diversité.
Une partie de la diversité africaine sort d'Afrique. Donc un peu moins de diversité parce que ce n'est pas tous les Africains qui sortent. Donc de proche en proche, de sous-groupe en sous-groupe, vous perdez de la variabilité génétique plus vous vous éloignez de l'Afrique. Et effectivement c'est ce qu'on retrouve dans les données génétiques actuelles. Ce sont ces données qui permettent de retracer les premières migrations de nos ancêtres.
Ainsi, les descendants de ce petit groupe vont coloniser tous les continents du globe. Quand on imagine ces migrations humaines, il faut voir qu'elles se font quand même à l'échelle de milliers ou de dizaines de milliers d'années. Et donc en fait, ce qui se passe vraisemblablement, ce sont des migrations où la population se déplace de quelques kilomètres par génération. Le processus de colonisation de la Terre est une série de tout petits pas. En Afrique, dès qu'une personne voyait de la fumée s'échapper du campement voisin, elle pensait qu'il était temps de bouger.
Et en se déplaçant juste d'un kilomètre par an, on fait le tour de la Terre en quelques milliers d'années. Première étape en sortant d'Afrique, le Moyen-Orient. C'est sur le chemin de cette expansion-là que ces groupes d'hommes modernes, à un moment donné, ont interagi avec des populations locales.
Et là, on a la rencontre entre l'homme moderne qui sort d'Afrique et l'homme de Neandertal. Néandertal est intelligent aussi. Ça fait des centaines de milliers d'années qu'il survit en Europe. Il a développé des techniques absolument extraordinaires de chasse. Il a une vie sociale confirmée.
Donc ce n'est pas une rencontre entre l'homme et la bête. C'est une rencontre entre deux hommes un peu différents. Il y a 70 000 ans, l'homme de Néandertal est présent sur tout le continent européen, et aussi au Moyen-Orient.
Et lorsqu'Homo sapiens sort d'Afrique, il se retrouve face à face avec cet autre représentant de l'humanité. On a longtemps pensé que ces deux espèces différentes d'hommes n'étaient pas interfécondes. Grâce à la génétique, on sait depuis peu que ces deux espèces se sont en fait mélangées. Après une longue coexistence, l'homme de Néandertal a disparu et Homo sapiens s'est répandu sur toute la surface de la Terre. Les généticiens peuvent aujourd'hui retrouver les traces de cette rencontre dans notre génome.
Dans les populations modernes, d'hommes modernes non africaines, on a probablement quelque chose comme de 1 à 4% de matériel génétique qui résulte d'échanges avec les populations. local de néandertaliens. Donc ça veut dire que si vous aviez je sais pas, mille hommes modernes qui arrivaient, il y en a 40 qui ont eu des relations avec les hommes de Néandertal. Enfin, hommes avec un grand H, parce que c'était des relations qui ont donné des descendants jusqu'à nos jours.
Cette goutte de lait néandertal dans un bol de café noir n'a pas été C'est quelque chose qui s'est produit uniquement pour les populations sorties d'Afrique, parce qu'en Afrique, il n'y a jamais eu d'hommes de Néandertal. Cette découverte est saisissante. Cela veut dire que toutes les populations hors d'Afrique ont hérité d'une petite partie de l'ADN d'un autre homme.
Mais concrètement, qu'est-ce que cela change ? Il faut bien se rappeler que dans l'ADN, 95% de l'ADN, on dit, est non codant. C'est-à-dire que c'est de l'ADN qui ne se traduit pas dans ce qu'on voit, dans ce qu'on appelle le phénotype. C'est de l'ADN clandestin, dans l'état actuel des choses.
Donc il est la marque des amours tolérés, peut-être cachés, on n'en saura jamais rien, entre les non d'Artagnan, non d'Artagnan et les Cro-Magnon et les Cro-Magnon. Le matériel génétique de Néandertal présent dans l'ADN des humains actuels ne s'exprime donc pas. Il n'implique aucune différence biologique entre les populations. Mais cette découverte permet d'affirmer que nos ancêtres directs s'installaient déjà au Moyen-Orient il y a 70 000 ans. Dès lors, la réussite de notre espèce va tenir dans cette capacité à investir tous les territoires, cette remarquable spécificité humaine qu'est la migration.
Pour retracer le parcours migratoire d'Homo sapiens, les scientifiques recherchent des indices concrets de leur passage. Et la meilleure preuve de présence humaine se trouve le plus souvent quelques mètres sous terre. Imaginez-vous que j'ai passé dix ans à fouiller, à ne trouver que des dents isolées, et là, retrouver ces six, sept fragments d'un même individu, du crâne d'un même individu, crâne complet au trois quarts, c'est formidable, c'est inespéré. Fabrice Demeter est archéologue. Il cherche à reconstituer les premières migrations de notre espèce.
Cela fait des années qu'il parcourt les grottes d'Asie du Sud-Est pour retrouver les traces de pionniers humains dans cette région. Il y a trois ans, il fouille un site au fin fond du Laos. Cela fait déjà plusieurs semaines qu'il gratte la terre avec son équipe. C'est le dernier jour de mission.
Le sédimentologue prospecte. On trouve cette grotte. Il revient de prospection, fin de journée.
On partait le lendemain pour la capitale. Fabrice, c'est le moment où tu vois cette grotte. On le suit. On arrive devant cette grotte qui est monumentale.
Elle fait 50 mètres de large, 40 mètres de haut, 40 mètres de profondeur. Elle a 40 puissages d'argile, magnifiques. Le lendemain matin, on ouvre un sondage, 2,50 mètres par 1,50 mètre, et on creuse, on creuse, on descend jusqu'à 3,50 mètres.
On a trouvé énormément de charbon de bois qu'on a prélevé. Et de retour à Paris, on les a fait dater, ces charbons de bois. On a eu comme datation 45 000 et 49 000 ans.
L'année suivante, on retourne sur le site, bien décidé à ouvrir une fouille, cette fois-ci plus généreuse. A 2,5 mètres de profondeur, dans ces niveaux qu'on savait être de 50 000 ans, on trouve des restes humains, un fragment de crâne. Ce crâne qu'on a trouvé dans la grotte de Tampani, dans le nord-est du Laos, a des traits tout à fait modernes, des caractères qu'on appelle caractères morphologiques tout à fait modernes.
C'est un homme indiscutablement moderne, en l'occurrence c'est une femme. On a fait réaliser une datation directe sur l'os et on a obtenu 63 000 ans. 63 000 ans.
Ce crâne serait donc l'un des plus anciens restes d'hommes modernes découverts à ce jour hors d'Afrique. Mais surtout, il atteste de la présence de nos ancêtres directs sur le continent asiatique peu de temps après la sortie du berceau de l'humanité. Et il permet de dessiner les contours de cette forme de crâne. Formidable expansion vers l'Est, entreprise par nos aïeux. Cette région se trouve vraiment au carrefour de voies migratoires, entre l'Eurasie et l'Australie.
Trouver un fossile qui a 63 000 ans en Asie du sud-est continental, on est certain qu'il est les ancêtres des premiers Australiens que l'on trouve en Australie il y a 40 000 ans. C'est en ce sens que notre fossile est très important pour notre discipline. Après la sortie d'Afrique, ces petits groupes d'hommes et de femmes se déplacent donc vers l'Asie, probablement en suivant les côtes. La découverte au Laos nous fournit donc un jalon précieux, à mi-chemin de cette expansion vers l'Orient.
En effet, il y a 40 000 ans, l'homme moderne met les pieds en Australie. Mais ce n'est bien évidemment pas tout. Une deuxième vague fait route vers l'Occident. et nos lointains ancêtres pénètrent en terre européenne il y a 40 000 ans.
Enfin, une troisième vague migratoire part vers le nord-est du continent asiatique et pousse jusqu'à la Sibérie. Arrivé devant le détroit de Béring, les pionniers de notre espèce profitent d'une glaciation pour poser le pied sur un nouveau continent. La découverte de l'Amérique a donc eu lieu il y a 20 000 ans. Au fil d'une incroyable migration, une poignée d'êtres humains portant les gènes d'un petit groupe sorti d'Afrique il y a 70 000 ans arrivent en terre de feu. Sans le savoir, ce dernier maillon d'une chaîne de génération vient d'emmener l'espèce humaine à l'autre bout de notre planète.
Ce sont les colons fondateurs de toutes les populations qui existent aujourd'hui. Ils ont fait toutes les adaptations nécessaires pour vivre dans des climats chauds et humides autour de l'équateur, et aussi celles nécessaires à la survie dans les régions polaires, qui étaient habitées il y a déjà 20 000 ans. L'extraordinaire mobilité de notre espèce tient à une faculté d'adaptation hors du commun. La séparation de ces groupes de pionniers par des distances de plus en plus grandes va avoir un impact sur leur génome. Leurs corps vont peu à peu se différencier.
Et en génétique, une toute petite modification peut avoir de grandes conséquences dans l'apparence des êtres humains. Et c'est d'ailleurs de là que vient la différence la plus visible d'entre toutes. La différence qui saute aux yeux, c'est la couleur de peau, qui varie d'un noir profond à un blanc laiteux.
Si on prend une carte du monde et on fait une carte de l'insolation et de la quantité d'ultraviolets, et qu'on superpose là-dessus une carte des couleurs de peau, en gros c'est la même carte. Ça montre que la couleur de la peau s'est adaptée aux variations de l'ensoleillement. Et ce sont bien évidemment les premiers européens qui ont subi les transformations les plus dramatiques au cours des millénaires. Je suis bien persuadé que nos ancêtres directs, nous les européens qui vivons aujourd'hui en France, en Allemagne ou ailleurs, quand ils sont arrivés en Eurasie à partir d'Afrique, c'était des gens qui avaient une couleur de peau foncée. Ça donne la idée de la vie.
à la limite que bon il y a pas beaucoup de soleil on éclaircit la peau on sait pas comme ça que ça fonctionne le fait d'avoir la peau blanche c'est le résultat de mutations qui sont apparues dans une population qui à l'origine était noire quand elle a émigré en europe s'est retrouvé dans des conditions de faible éclairement et que pour éviter le rachitisme, elle avait besoin de fabriquer de la vitamine D qui se fabrique au niveau de la peau et qui se fabrique difficilement sur une peau noire dans des conditions de faible éclairement. Donc les individus portant une mutation qui leur donnait une peau plus claire étaient favorisés, vivaient mieux, avaient une descendance plus nombreuse et cette mutation s'est généralisée au sein de la population. Cette mutation, qui au départ n'est apparue que chez quelques individus, s'est donc étendue à l'ensemble d'une population, devenue blanche en l'espace de quelques dizaines de milliers d'années. Nous sommes les descendants de mutants qui sont apparus il y a 20 ou 30 000 ans en Europe.
Les dimensions, les formes et les pigmentations du corps peuvent varier très rapidement. En moins de 20 000 ans, on change de couleur de peau, on change de taille, on change de forme du thorax. Si on vit en altitude, comme par exemple les Andes d'Himalaya ou les Andes des Andes, si on vit à 4000 mètres d'altitude, on acquiert une grande cage thoracique qui permet des échanges respiratoires supérieurs, on change de physiologie.
Le corps humain... s'adapte en particulier ce qui constitue sa carrosserie à changer très rapidement au cours du temps. Dans un climat froid, on a intérêt plutôt à être petit et de forme la plus ronde possible alors que dans un climat chaud et sec, on a plutôt intérêt à pouvoir faire sortir facilement la chaleur du corps, donc on a intérêt entre guillemets à être long et fin. Alors quand je dis intérêt, c'est-à-dire que L'individu qui a une forme du corps le mieux adaptée à son environnement survit mieux, se reproduit mieux.
Donc les variants génétiques qu'il porte sont mieux transmis à la génération suivante. Et donc au fil du temps, cette forme entre guillemets augmente en fréquence dans la population. La plasticité du corps humain est stupéfiante. Nos couleurs de peau et nos morphologies sont en fait des réponses biologiques et adaptatives aux différents climats traversés par nos ancêtres. Mais si ces mutations ont considérablement modifié notre apparence, elles n'expliquent pas tout.
Darwin avait déjà compris qu'on ne peut pas expliquer la diversité des différentes populations humaines sur la Terre que par des aspects d'adaptation locale liés à la sélection naturelle, cette fois. Donc par exemple la couleur de la peau, la morphologie, etc. Il voit bien que ça ne colle pas.
Un autre facteur très important chez les humains est ce que l'on appelle la sélection sexuelle. Certains traits ont tendance à attirer le sexe opposé. Qu'est-ce que c'est que la sélection sexuelle ?
C'est dû au fait que tous les gens n'ont pas la même probabilité de se reproduire. Il y a des gens qui sont plus choisis que d'autres. On en a des exemples très clairs chez l'animal. Les queues du pan, qui les rendent incapables de voler et donc vulnérables aux prédateurs. Mais en fait, il y a une espèce de cercle vicieux de sélection sexuelle qui s'est enclenché où les femelles choisissent les pans qui ont une grande queue.
Et donc, du coup, elles ont des petits pans qui ont... une encore plus grande peu, qui eux-mêmes sont choisis, et ainsi de suite, et ça dérape complètement. La population elle-même peut choisir de privilégier certains caractères, par exemple on peut apprécier une peau d'un beau noir profond, ou apprécier des cheveux blonds.
Le blondisme, par exemple. On trouve des cheveux blonds surtout chez les Européens. On pourrait penser que ce trait particulier donne un avantage sélectif par rapport au climat par exemple.
Mais on voit mal ce que la blondeur apporte dans ce cas-là. Du coup, la meilleure explication pour le grand nombre de blonds qu'on trouve chez les Européens, c'est que cela a toujours été vu comme étant attirant sexuellement. Ça va être différent d'une culture à une autre.
Et ça, ça renforce des différences entre les groupes humains. La barbe, on ne voit pas très bien quel serait un avantage à être barbu par rapport au fait d'être non barbu. Pourtant... On trouve de la barbe essentiellement dans les populations européennes, très peu dans les populations asiatiques, rarement dans les populations africaines, sauf quelques exceptions. Donc ça c'est par exemple peut-être un choix sexuel, c'est-à-dire que les femmes préféraient les hommes barbus, et donc ils se seraient mieux reproduits, et ça aurait augmenté en fréquence le pourcentage de barbus.
Difficile de connaître le pourcentage exact de barbus en Europe. En revanche, il est un trait qui s'est visiblement imposé dans certaines régions du monde. Le fait que les orientaux aient les yeux en amande, on voit assez mal comment ça pourrait être un effet de la sélection.
On ne voit pas quel avantage sélectif procure le fait d'avoir les yeux en amande. Par contre, on peut penser que ça a été considéré comme un critère de beauté dans le groupe qui est parti vers l'Est et qui a eu comme descendance les Orientaux et que le chef avait comme concubine des femmes aux yeux en amande et comme les enfants du chef sont en général plus nombreux et mieux nourris. De nouveau, cette version de gêne s'est généralisée dans la population au fil des générations.
Au fil du temps et au gré des rencontres, les corps se différencient de plus en plus, entre des populations pourtant très proches génétiquement. Mais parallèlement à ces différences liées à la séparation géographique de ces peuples, on assiste à un phénomène curieux. D'un continent à l'autre, les archéologues retrouvent des productions artistiques qui, malgré les distances, se ressemblent étrangement. Comme si le fait de raconter le monde qui nous entoure sur les parois d'une grotte était aussi inscrit quelque part dans nos gènes.
A la suite de ses découvertes au Laos, Fabrice Demeter poursuit ses recherches en Asie du Sud-Est. Mais cette fois-ci, ce n'est pas pour retrouver des fossiles qu'il organise cette expédition au Cambodge. Accompagné de Soka, un archéologue cambodgien et de son équipe, Fabrice va tenter de retrouver une de ces grottes ornées par nos ancêtres.
On est pique-niqué dans les cardamomes. Les montagnes des cardamomes abritent la plus grande réserve naturelle d'Asie du Sud-Est. C'est au cœur de cette jungle que se trouverait un abri sous roche, décoré de peintures rupestres. Problème ?
Personne ne sait exactement où il se trouve, ni ne connaît l'âge exact de ses représentations. La mission de Fabrice est donc de localiser ce site inédit et de le dater. Il s'agit pour lui de mieux comprendre le mode de vie de nos ancêtres dans ces contrées reculées. On y va là ? Ready ?
Là ça va être peut-être 3 heures de mobilette sur cette piste pour rejoindre les cardamomes et ensuite une heure de marche à peu près pour arriver au site. A priori si tout va bien. Musique Ouais ! C'est la risque du métier. Courément qu'on se dépêche.
C'est la course contre la monde parce que le but du jeu c'est d'arriver sur le site, d'en partir et de repartir avant la tombée de la nuit. Et bien la nuit c'est quand même les cartes d'amombre, c'est la jungle. Donc il y a un peu de monde. les animaux sauvages, les tigres, les serpents, les araignées, les petites faunes sympathiques.
On peut traverser ça en pleine nuit, je ne me vois pas le faire non plus. Après quatre heures de moto, Fabrice et son équipe pensent être près du but, mais n'arrivent toujours pas à localiser le site précisément. Soka va donc enquêter auprès des rares habitants de la forêt. Là on a un villageois qui connaît le site, qui va nous accompagner. On est proche du site, on sera à une centaine de mètres du site maintenant.
Donc comme le chemin est assez escarpé, on est obligé de continuer à pied. On touche au but. Ah ! J'y vois là. C'est aussi là, il y a beaucoup ici, des animaux.
C'est aussi là. Oui, oui, partout. Là, partout. Les enfants ont......
un bras ici, un bras ici. Le petit, il a un bras ici. Visiblement des anciennes représentations qui ont été surlignées, dont certaines ont été surlignées récemment. Et ça on le sait parce que les contours blancs sont d'aspect très récent.
Par contre, le schéma qui est en dessous, il paraît assez ancien quand même. Ces peintures témoignent de la domestication du plus gros mammifère terrestre. L'éléphant d'Asie domestiqué permettait de se déplacer dans la forêt, de chasser ou encore de transporter des marchandises. Il est ici le symbole d'une nouvelle étape. dans l'utilisation que nos ancêtres faisaient de leur environnement.
Il y a encore un autre personnage ici, un autre animal, mais un éléphant non ? Je n'ai pas l'impression que ce soit un éléphant cette fois-ci. On dirait un cervidé, deux cornes comme ça. Peut-être un bœuf. C'est vraiment un site inédit ici.
Il n'y a aucun autre élément de comparaison au Cambodge. Au Cambodge ni dans la région d'ailleurs. Donc ça, ça en fait un site unique. On trouve des représentations similaires sur tous les continents de la planète. Mais c'est la première fois qu'on en découvre dans cette région du monde.
Et ce n'est pas pour déplaire à Soka. Oh, ça sent bon ! Et j'ai hâte de voir les gens, et je suis hâte de voir les gens qui créent cette art. Peut-être que c'est dans ce lieu-là. Et ça semble comme un lieu saint.
Peut-être qu'ils ont fait une cérémonie ici et ils ont peint sur ça pour se rappeler de leur vie. C'est une génération. L'heure tourne et il va bientôt être temps pour Fabrice et son équipe de rentrer avant la tombée de la nuit. C'est alors que Fabrice remarque une forme inattendue dans l'obscurité de l'abri sous roche. C'est intéressant ça.
Une charrue. Une charrue ? Ouais.
Tu vois ici ? Ah oui, oui, oui. T'as le bras là, comme ça ? T'as la lame, le socle de la charrue. Alors qu'il doit être en bas, là, ici.
Ça donne déjà une indication de cette représentation. Là on est déjà dans des paroles post-néolithiques, c'est-à-dire vers 3000 ans, parce qu'on sait que les premiers signes d'agriculture apparaissent au Cambodge vers 4000-3000 ans. Fabrice parle ici de 4000 ans avant notre ère. Ces représentations auraient donc pu être peintes il y a plus de 6000 ans.
La représentation artistique d'outils... qui ont permis à nos ancêtres de travailler la terre soulignent l'importance de l'agriculture. Une invention qui a bouleversé l'histoire de l'humanité.
J'en prends un maximum parce qu'on ne va pas revenir tous les jours. Ces peintures retrouvées au fin fond de la jungle cambodgienne nous concernent donc tous. Elle témoigne en effet d'un moment charnière de l'aventure humaine. Il y a environ 12 000 ans, la dernière glaciation s'arrête. Donc on entre dans une grande période d'intérêt glaciaire.
Et là, dans différentes régions du monde, vont être inventées les agricultures. Quand on était faisseur-cueilleur, on ne pouvait pas faire de la glace. ne pouvait pas être très nombreux, parce que les ressources de fasse et de pêche permettent très rarement de faire vivre plus d'un individu par kilomètre carré. Alors que quand on est agriculteur, on peut faire vivre 25 à 50 fois plus de monde.
Première grande révolution humaine, l'agriculture qui apparaît progressivement sur tous les continents permet à nos ancêtres de maîtriser leur environnement. Pendant les 190 000 ans de l'histoire que nous venons de parcourir, la population humaine n'avait jamais dépassé les 200 000 individus, disséminés en petits groupes autour de la planète. 10 000 ans après l'invention de l'agriculture, nous étions déjà 200 millions, soit mille fois plus nombreux.
C'est un événement unique dans l'évolution de notre espèce. Dès lors, l'histoire de l'humanité allait connaître une formidable accélération. La civilisation Khmer en est le parfait exemple.
Grâce à un système d'irrigation adapté à la culture du riz, la cité d'Angkor au Cambodge règne sur l'Asie du Sud-Est entre le IXe et le XVe siècle. Un tel succès suppose un nouvel ordre social, fondé sur une hiérarchie entre les hommes. Au fait de sa puissance, la cité d'Ancor pouvait alors héberger une population de plus d'un million d'habitants. A la même époque, Londres comptait à peine 50 000 âmes. Alors qu'à la fin du XVe siècle, l'Empire Khmer entame son déclin, les puissances européennes sont en pleine expansion culturelle et économique.
Ce contexte favorable amène des hommes à s'embarquer vers des contrées inconnues. Pour la première fois dans l'histoire, des peuples séparés depuis des millénaires vont se rencontrer. En débarquant sur ces nouvelles terres, les chrétiens d'Europe se demandent alors s'ils ont bien affaire à des hommes.
Ironie de l'histoire, les Indiens sont pourtant les descendants des premiers colons d'Amérique. Les explorateurs européens ne se doutent pas alors qu'ils viennent de retrouver une autre partie de la famille humaine. La découverte de nouveaux peuples dans ce continent, ça a été assez bien résumé, je trouve, par une phrase de Lévi-Strauss.
L'Occident, les hommes d'Occident, les hommes d'Europe et d'Asie, ont dû admettre que de l'humanité, ils ne formaient que la moitié. Ça c'est une découverte unique dans l'histoire du monde. On arrive là et on voit des gens pour qui le nom de Jésus est inconnu. Pour les esprits les plus, on dirait aujourd'hui conservateurs, les plus intégristes du monde.
du point de vue chrétien, ce ne sont pas des hommes. Aller et enseigner à tous les hommes, à toutes les nations, Dieu n'a pas voulu d'eux dans son royaume, parce que ce ne sont pas des hommes dignes de recevoir sa parole. Vous comprenez ? Ça, ça a été la première réaction des envahisseurs. Et c'est pour cela qu'on se donne le droit de les asservir, de les exploiter, voire de les tuer, et même de les massacrer.
Ces massacres vont néanmoins susciter de vifs échanges entre intellectuels et religieux du vieux continent. En 1550, ils se réunissent donc en Espagne, pour un débat unique en son genre, la controverse de Valladolid. Elle porte sur un point précis, la controverse. Toute la question est de savoir, non pas s'ils ont une âme, comme on l'a dit, on est sûr qu'ils ont une âme, mais quel est le niveau de cette âme ? A quel niveau s'est élevée leur âme ?
Car le fait qu'ils pratiquent des sacrifices humains, qu'ils ont été comme tenus à l'écart du christianisme par la volonté de Dieu, permet de douter de leur qualité, nous dirions aujourd'hui, d'homme à part entière. Encore un grand point de différence, les Indiens mâles de toute l'Amérique n'ont pas de poils. Donc ça, qu'est-ce que ça veut dire ?
On a été chercher dans la Bible pour savoir si le fait de ne pas avoir de poils sur le corps voulait dire qu'on n'appartenait pas à l'humanité, ou ce qu'on appelait le genre humain. Je crois que jusque là, on ne s'était jamais vraiment interrogé sur cette question, quel est, qui est l'autre ? Qui est, qu'est-ce que c'est qu'un individu ?
Et qu'est-ce que c'est qu'un individu qui ne me ressemble pas, qui n'est pas comme moi, et physiquement, et mentalement ? Question tout à fait nouvelle. Face à l'ampleur d'une telle question, la controverse de Valladolid n'a pas accouché d'un verdict final. Les autorités religieuses avaient quelques scrupules à réduire en esclavage les Indiens d'Amérique.
Par contre, les chrétiens s'accordaient sur le fait que les Africains, eux, appartenaient à un niveau inférieur du genre humain. Ils avaient déjà été mis en esclavage par les populations arabes pendant plusieurs siècles. Les Européens décidèrent alors d'envoyer les Africains sur les terres du Nouveau Monde.
L'esclavage qui existe depuis l'Antiquité va se noircir en quelque sorte. Autrement dit, l'esclavage va être de plus en plus lié au monde noir, à celui des Africains emmenés en particulier dans les... plantations des Caraïbes. Donc la race noire va faire l'objet d'une attention particulière et va être inventée et dotée de caractéristiques qui la rendent particulièrement apte à la suggestion à l'esclavage.
L'invention de la race noire est donc l'aboutissement funeste de notre incroyable aventure migratoire. Les Européens, pourtant eux-mêmes originaires d'Afrique, venaient réduire en esclavage des populations qu'ils considéraient comme un intermédiaire entre l'animal et l'homme. Ultime ironie de l'histoire, ils sanctionnaient ainsi l'apparence d'hommes et de femmes qui pourtant ressemblaient le plus aux fondateurs de l'humanité tout entière. La notion moderne de race qui apparaît relativement tard dans l'histoire des hommes.
Elle se solidifie au cours du XVIIIe siècle en lien bien entendu avec le grand processus de colonisation. Elle sert en quelque sorte à justifier idéologiquement l'immense violence déployée pour coloniser. le monde, en drainer les richesses vers le continent européen.
Les théories racistes jusqu'au milieu du XXe siècle étaient des théories assises sur des arguments qui étaient des arguments anthropologiques et biologiques. On expliquait que les races existaient parce que les hommes étaient fondamentalement différents d'un point de vue physique, anatomique, que leurs gènes étaient différents. En donnant une crédibilité aux thèses raciales, la science a contribué à faire accepter l'idée de races séparées, ayant des origines biologiques différentes.
Ces contre-vérités ont durablement marqué les sociétés humaines. Pendant la guerre de 14, des gens sont morts à côté de donneurs de sang potentiels du même groupe sanguin, parce qu'à cette époque-là, on n'imaginait pas que l'on puisse faire des transfusions sanguines. des races différentes, des orientaux et des européens ou des africains et des gens sont morts à cause de ça.
Bien sûr maintenant on sait que les groupes sanguins sont les mêmes partout à travers le monde et qu'il peut y avoir plusieurs groupes sanguins. plus de différence pour les groupes sanguins entre deux béarnais, contre un béarnais et un papou. La science, la génétique a montré que les races comme entités génétiques indépendantes n'existent pas. Or, en même temps, je tiens beaucoup à ne pas faire la langue de bois, comme on dit, et dire ah oui, oui, on est tous pareils, il n'y a pas de différence entre nous Je trouve très dangereux faire ça.
Des fois, j'entends des gens qui disent, et des politiques, ça m'est arrivé plusieurs fois, Le racisme n'a aucun sens puisque la science démontre qu'il n'y a pas de race. Oui, et le jour où on va démontrer qu'il y a des races, ça justifie le racisme ? On confond le discours scientifique et le discours sur les valeurs.
La science n'a rien à faire là-dedans. L'évolution et la biologie nous racontent ce qui est arrivé par le passé. Les valeurs morales, c'est une autre histoire.
C'est à nous de décider comment on se comporte les uns envers les autres. Tous les êtres humains sont différents d'un point de vue génétique les uns des autres. Bientôt on va pouvoir tous avoir notre séquençage complet de notre génome et on va voir qu'on est tous différents les uns des autres. Qu'on est aussi tous parents, mais qu'on est aussi tous différents.
Et le fait d'associer de la différence à de la hiérarchie, ça c'est du racisme. Mais le fait de dire il y a des différences, ça c'est pas du racisme. Si nous acceptions que nous sommes une famille, quelle chose fantastique !
Nous sommes tous africains !