Sur le rivage de la baie de Chesapeake aux Etats-Unis, des paléontologues cherchent des traces du plus gros et du plus terrifiant requin ayant jamais existé. Incroyable ! Le mégalodon. Pour moi, le mégalodon est l'équivalent du tyrannosaure.
L'une des créatures aquatiques les plus imposantes de tous les temps. Il mesurait 20 mètres. Sa mâchoire était dix fois plus puissante que celle du grand requin blanc. Le mégalodon était le roi des prédateurs marins. Le cauchemar des profondeurs.
Il provoquait en vous une peur primitive. Vous n'aviez aucune chance de lui échapper dans son environnement. Comment un requin a-t-il pu atteindre cette taille ? A quoi ressemblait vraiment ce monstre des mers ?
Et pourquoi a-t-il disparu des océans en laissant aussi peu de traces ? Il devait encore régner sur les océans. Alors pourquoi a-t-il disparu ?
Aujourd'hui, des scientifiques mènent l'enquête. Ils ratissent les plages en quête de fossiles impressionnants. Voilà une dent de belle taille. Et ils s'appuient sur des technologies innovantes pour reconstituer un puzzle titanesque.
Grâce à tous ces éléments, nous avons réussi à recréer le modèle le plus fidèle à ce jour de cet animal disparu. Résoudre l'énigme du mégalodon, c'est ressusciter le plus gros requin ayant jamais vécu sur Terre. Se jeter dans sa gueule acérée pour mieux saisir la nature terrifiante de cette machine à tuer préhistorique.
C'est accéder à un pan largement oublié de l'évolution animale. Les falaises de Calvert, sur la côte est des Etats-Unis, sont un paradis pour les chasseurs de fossiles. Elles se trouvent dans l'état du Maryland, sur le littoral accidenté de la baie de Chesapeake.
Les eaux y sont claires et profondes. Et le rivage, constellé de fossiles marins. Les vagues sont moins fortes par ici.
Le ramassage sera plus facile. Les paléontologues Stephen Godfrey et Victor Perez travaillent pour le musée océanographique de Calvert et sont spécialistes des requins préhistoriques. Une dent de raie. Oui, j'en ai trouvé un bout aussi. Pour eux, ces longues falaises sont un portail grand ouvert sur le passé.
Il y a 40 kilomètres de falaises dans lesquelles s'est figée une période allant d'il y a 20 millions à 8 millions d'années avant notre ère. En étudiant la diversité des fossiles ici, on peut dire beaucoup de choses sur l'écosystème de cette période. Qui vivait dans la... région et qui chassait quoi les falaises de calvert ont été le théâtre de nombreuses découvertes majeures mais aujourd'hui stephen et victor sont à la recherche des restes d'un des plus gros requins de tous les temps la marée remonte on dirait les couches de sédiments qui forment actuellement les falaises de calvert se trouvait jadis sur les fonds marins d'une baie peu profonde aujourd'hui disparu Parmi les créatures qui peuplaient ces eaux, on pouvait rencontrer l'un des poissons les plus imposants et les plus agressifs qui ait jamais frayé dans nos océans. Un requin géant aux proportions dignes d'un monstre légendaire, le mégalodon.
Il ne nous reste de ce colosse disparu que de rares fossiles, notamment des dents, aussi énormes que terrifiantes. Quelle était la nature exacte de ce prédateur gigantesque ? Et pourquoi ne hante-t-il plus les eaux locales ?
Les chercheurs savent curieusement assez peu de choses sur le mégalodon, y compris sur son apparence. Ici, la mer, à force d'éroder les falaises, met constamment au jour une grande variété de fossiles marins. C'est une aubaine pour des paléontologues comme Stephen et Victor.
Un bout de mâchoire inférieure de baleine. Mais les requins préhistoriques sont assez difficiles à dénicher. Les squales sont principalement constituées de tissus mous qui se décomposent rapidement.
Il n'y a guère que leurs dents qui leur survivent après plusieurs millions d'années. On dirait une petite dent de requin gris, on appelle aussi requin de récif. Seul un œil aguerri peut repérer des dents de requins fossilisés enfouies dans le sable. Voilà une qui est pas mal. De la mâchoire inférieure d'un requin fossile.
Super, magnifique. Elle est belle. Et grosse, bravo. Mais ils sont en quête de dents d'un tout autre calibre.
Ah ! Voilà une dent de belle taille. Sans doute un mégalodon. C'est génial. Elle a passé du temps dans l'eau.
Les mailles étaient caillées et c'est un peu décoloré. Mais ça reste une belle trouvaille. Fabuleux.
Les chercheurs pensent que la gueule du mégalodon était garnie de plus de 200 énormes dents. Ces dents n'étaient pas enracinées dans les os de ses mâchoires. Elles étaient mobiles grâce au tissu mou de ses gencives.
Elles étaient mouvantes, comme sur une sorte de tapis roulant. Sa dentition arrière se développait en permanence vers l'avant, poussant la rangée de devant... vers l'extérieur de sa gueule. Ses dents se renouvelant constamment, le mégalodon en perdait plusieurs dizaines de milliers au cours de sa vie. Une fois tombées sur les fonds marins, elles se sont conservées dans le sable pour finir par se transformer en fossiles.
C'est la preuve qu'ils fréquentaient bien l'océan peu profond qui recouvrait cette région. Comme les requins modernes, ils perdaient leurs dents qui atterrissaient au fond de la mer. Ces dents fossilisées sont des éléments cruciaux pour ceux qui cherchent à percer le mystère qui entoure ces squales préhistoriques.
Leurs dimensions sont impressionnantes. Voici la dent d'un grand requin blanc actuel. Celle du mégalodon est environ 4 fois supérieure en termes de proportion par rapport au grand requin blanc. Et on sait tous que le grand requin blanc est déjà un prédateur redoutable.
Donc je ne sais pas trop quel terme conviendrait au mégalodon. Les énormes dents du mégalodon suggèrent qu'il s'agissait d'un requin de taille colossale, qui doit d'ailleurs son nom à sa dentition surdimensionnée. Mégalodon veut dire grosse dent, dent de géant.
Un nom qui convient parfaitement à cet animal. Mais quelle était la taille réelle de ce monstre ? Au sein du musée océanographique de Calvert, Victor et ses collègues ont entièrement reconstitué la mâchoire d'un mégalodon.
On a fabriqué des répliques de l'ensemble le plus complet de dents de mégalodon jamais découvertes. Ces dents ont été trouvées dans une mine de phosphate en Floride, dans ce qu'on surnomme la vallée aux ossements. Comme elles proviennent d'un même animal, on est plutôt sûr de leur positionnement au sein de sa mâchoire.
En comparant cette dentition à celle des requins actuels, les scientifiques ont pu estimer que la mâchoire du mégalodon pouvait atteindre 2 mètres de large. Il pouvait avaler tout cru un grand requin blanc. La taille des dents d'un mégalodon adulte pouvait varier en fonction de leur emplacement dans sa gueule. Les dents situées à l'avant de sa mâchoire sont les plus grosses jamais observées sur un requin. Victor se base sur les dents fossiles qu'il collecte et que d'autres ont collecté à travers le monde pour arriver à une nouvelle estimation de la taille des mégalodons.
Cette dent compte beaucoup pour moi parce que je l'ai ramassée moi-même. C'est la plus grosse dent de mégalodon que j'ai jamais trouvée sous les falaises de Calvert. Le mégalodon possédant les dents les plus grosses jamais découvertes, quelle taille ce requin pouvait-il exactement atteindre ? L'an dernier, j'ai publié un article où, plutôt que d'utiliser la hauteur de la dent, j'ai pris sa largeur. En comparant la largeur de l'ensemble des dents à celle du grand requin blanc actuel, on peut estimer sa taille.
Donc, pour cet individu, je suis arrivé à une estimation approchant les 16 mètres, une longueur totale située entre 15 et 16 mètres. Ce monstre des mers était plus long qu'un chalutier. Donc un requin assez gros, mais pas le plus gros mégalodon qu'on ait trouvé. La plus grosse dent de mégalodon découverte mesure pratiquement 19 cm de hauteur.
Si on suit la méthode de calcul de Victor, son propriétaire mesurait 19,80 m, soit quatre fois la taille moyenne d'un grand requin blanc. Grâce aux mensurations de ses dents, on sait que c'est le plus gros requin de tous les temps. Mais il reste encore beaucoup de questions sans réponse sur le mégalodon.
Le mégalodon dépassait en gabarit tous les requins connus. Mais à quoi ressemblait exactement ce colosse des profondeurs ? Contrairement à la plupart des vertébrés, le squelette d'un requin n'est pas constitué d'eau. La chair et la peau des requins entourent un tissu mou appelé cartilage, qui, à la différence des os, se désintègre quand l'animal meurt. Voilà pourquoi il est très difficile de savoir à quoi ressemblaient les requins préhistoriques.
Les chercheurs doivent se contenter des fossiles qu'ils trouvent et chercher des indices sur les espèces actuelles. En termes d'évolution, le mégalodon a disparu sans laisser de descendance. Aucun ancêtre direct permettant une comparaison.
Ses parents les plus proches appartiennent à l'ordre des laminiformes, qui englobent le requin-renard, le requin-grande-gueule, le requin-macot et le grand requin-blanc. Mais auquel de ces squales le mégalodon ressemblait-il le plus ? Joy Raidenberg est spécialiste en anatomie comparée et en biologie marine à l'école de médecine du Mont-Sinai à New York.
Elle est convaincue qu'il est possible d'extrapoler l'apparence probable du mégalodon en comparant ses dents fossilisées à celles de ses cousins modernes. Voici une dent de grand requin blanc, qui est très similaire à celle d'un mégalodon. Les deux sont triangulaires, elles sont dentelées, et ce sont des dents très larges.
Si elles sont similaires, c'est parce que ces deux requins font la même chose. Ils chassent le même type de proie et de la même manière. Bien que séparés par plusieurs millions d'années, les deux espèces se sont adaptées de la même façon à leur milieu.
Elles ont sans doute occupé des niches écologiques très similaires, voire identiques. Et cela permet aux scientifiques de considérer le grand requin blanc comme un alter ego du mégalodon. La plupart des reconstitutions de mégalodons, comme celles exposées au musée océanographique de Calvert, s'inspirent du grand requin blanc.
Il possède une énorme mâchoire, qui est en fait une version agrandie de celle qu'on trouve chez le grand requin blanc actuel. Le même principe a été appliqué à la structure cartilagineuse qui abrite les yeux du requin. Si on s'éloigne de son crâne, on remarque cet ensemble un peu anarchique.
Il s'agit en fait des épines branchiales du requin. Derrière, on peut voir la colonne vertébrale qui court jusqu'à l'extrémité de la queue. Cette réplique mesure à peu près 11,50 m de long.
Elle est bien plus grande qu'un grand requin blanc actuel, dont le record de taille se situe plutôt entre 6 et 7 m. Cette reconstitution est la représentation physique la plus fiable à ce jour du mégalodon. Pourtant, elle se base entièrement sur l'anatomie comparée et s'appuie sur une seule donnée objective. Des dents fossiles de cet animal. Comme on n'a jamais découvert aucun squelette fossilisé de mégalodon, en tout cas aucun qui soit complet, on est obligé de spéculer sur ses mensurations probables.
Une approche scientifique innovante pourrait toutefois aider les chercheurs à percer cet énigme et à reconstituer plus fidèlement ce monstre du fond des âges. J'ai toujours été fascinée par les requins, parce qu'ils jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes marins. Catalina Pimiento, paléobiologiste à l'université de Swansea au Royaume-Uni, fait partie d'une équipe internationale d'experts qui essaie d'éclaircir le mystère entourant l'anatomie du mégalodon. Ils ont recours à une nouvelle technologie pour réexaminer les rares fragments fossilisés de colonnes vertébrales découverts pour cette espèce.
J'ai dans les mains l'impression 3D d'un corps vertébral de mégalodon. Il est issu d'une colonne vertébrale découverte en Belgique, qui date d'il y a environ 15 millions d'années. Il s'agit d'une des deux seules colonnes vertébrales jamais mises au jour pour cette espèce disparue. Ces deux sections de vertèbres proviennent d'une découverte rarissime, une colonne vertébrale quasi complète. Les fossiles d'origine ont été trouvés en Belgique en 1860. où ils ont dormi dans un tiroir à Bruxelles jusque dans les années 1990. Ce n'est que récemment que des chercheurs ont pris conscience de l'importance de ce fossile.
Les colonnes vertébrales sont très rares. Et même si elles avaient déjà été étudiées jusqu'à un certain point, aujourd'hui on dispose d'une nouvelle technologie. Catalina et son équipe ont réussi à reconstituer la colonne vertébrale de ce requin préhistorique en numérisant en 3D chacune des vertèbres grâce à un nouveau procédé.
Puis ils ont combiné cette modélisation aux données issues d'une dentition complète de mégalodon. Pour finir, en s'appuyant sur le grand requin blanc comme équivalent contemporain, les chercheurs ont pu construire une réplique numérique à l'échelle. Pour eux, il s'agit de la représentation la plus fidèle à ce jour de l'apparence de cette espèce de requin géant, aujourd'hui éteinte.
D'après les calculs de Catalina, le mégalodon possédait une tête de la taille d'une camionnette. Et une colonne vertébrale plus longue qu'un quart scolaire. Avec ses parties charnues, on obtient un monstre de 48 tonnes, doté d'une nageoire caudale dont la taille excède la hauteur d'une girafe.
Le mégalodon était un prédateur à l'envergure digne des légendes antiques, qui aurait pu ne faire qu'une bouchée d'un grand requin blanc. Comment expliquer que cette créature disparue est atteinte de telles proportions ? Pour Victor Perez, les dents de juvénile fossilisées découvertes au pied des falaises de Calvert permettent de mieux comprendre pourquoi les mégalodons sont devenus de tels monstres. À ma droite, une dent de mégalodon juvénile.
À ma gauche, une dent de mégalodon adulte. Les deux ont été trouvés ici, le long des falaises de Calvert. Dans la partie nord des falaises, on trouve souvent des dents de mégalodon plus petites.
D'où cette théorie faisant de la région une possible nurserie pour mégalodon. Les nurseries de requins sont souvent situées sur des bandes côtières peu profondes, tout à fait comparables au paysage qui modelait jadis la baie de Chesapeake. Il s'agit de refuges marins où les bébés requins et les juvéniles se cantonnent avant d'atteindre l'âge adulte. Chez certaines espèces, cette période peut durer jusqu'à 20 ans. Il y a plusieurs facteurs expliquant que les requins fréquentent ce type de vie.
d'habitat. Il limite la concurrence entre adultes et jeunes requins. Les gros prédateurs accèdent plus difficilement aux lagons de faible profondeur.
Et on y trouve souvent une abondance de poissons et de proies qui convient parfaitement au développement des jeunes requins. Ces nurseries sont particulièrement importantes pour les espèces qui se reproduisent lentement et engendrent une progéniture limitée. Ce qui, d'après les experts, était le cas du mégalodon.
Il est probable que les mégalodons, à l'issue d'une gestation assez longue, ne donnaient naissance qu'à un ou deux petits, qui étaient aussitôt livrés à eux-mêmes. Au large, ils constituaient des proies faciles pour les grands prédateurs et leur chance de survie était sans doute assez mince. Le fait de se regrouper dans des baies peu profondes leur offrait la sécurité et toute la nourriture nécessaire pour assurer leur croissance.
Les falaises de Calvert appartiennent à un ensemble de sites répartis à travers le monde où un grand nombre de dents fossiles de mégalodons juvéniles a été découvert. Ces zones ont tout un point commun. Jadis, leurs eaux chaudes et peu profondes devaient regorger de petits poissons. Ces écosystèmes augmentaient sensiblement les chances des jeunes mégalodons de survivre et de devenir des adultes imposants. En définitive, ils ont permis à l'espèce de régner sur les océans pendant des millions d'années.
Des preuves de cette suprématie évolutive sont identifiables sur les rares fossiles de mégalodons. La majorité de nos fossiles de requins sont des dents, des dents comme celle-ci. Mais l'étude majeure qui a permis de décrire les mégalodons juvéniles ne s'appuie pas sur leurs dents, mais sur l'analyse de leurs vertèbres. C'est au cœur de ces précieux fossiles de vertèbres que se cachent les données aidant à cerner la taille insensée du mégalodon. Une vertèbre de requin comporte des anneaux de croissance similaires à ceux d'un arbre.
Un chercheur de l'université d'Eapol à Chicago s'est appuyé sur ces anneaux pour déterminer la taille d'un bébé mégalodon à la naissance. Ce chercheur a étudié l'anneau central des vertèbres du mégalodon, autrement dit sa croissance à la naissance. Il a pu estimer la taille de ce requin d'après le cœur.
de ses vertèbres. Pour lui, à la naissance, un mégalodon mesurait environ 2 mètres, entre 1,80 m et 2,10 m. L'équivalent d'un humain adulte de grande taille. En comparaison, les petits requins actuels sont des nains.
Les jeunes mégalodons étaient des géants en puissance. Demetre, c'est un beau bébé. Comment se fait-il que les mégalodons aient été si gros à la naissance ? La réponse est peut-être liée à une caractéristique assez perturbante de ses cousins contemporains. Le mégalodon appartient à un groupe de requins appelés les laminiformes, dont les représentants actuels accouchent de petits déjà viables.
Mais avant que les bébés ne sortent, ils mangent souvent les œufs non fertilisés ou les autres embryons dans l'utérus de leur mère. Donc, on en déduit que le mégalodon expulsait probablement aussi des petits déjà viables qui pratiquaient ce cannibalisme intra-utérin. Le mégalodon était un tueur né au sens propre. Un cannibale qui dévorait les siens avant même d'être mis au monde. Sa taille hors norme à la naissance, couplée à son taux élevé de survie grâce aux nurseries, conférait à ce méga-prédateur un avantage décisif sur les autres poissons dès le début de son existence.
Mais si le gigantisme était dans son ADN, quels autres traits ont fait du mégalodon adulte, une fois lâché en pleine mer, le plus redoutable requin-prédateur de tous les temps ? La reconstitution en 3D de Catalina Pimientto peut nous éclairer là-dessus, car elle ne se contente pas de nous montrer à quoi ressemblait le mégalodon. Grâce à ces données, les chercheurs ont aussi pu estimer la masse corporelle impressionnante de l'animal.
48 tonnes. Sa masse est un trait crucial parce qu'elle permet de déduire ses autres caractéristiques écologiques, comme sa consommation de proie, sa vitesse de nage ou ses besoins métaboliques. Sa masse est un indicateur de son mode de vie. D'après ses caractéristiques, l'équipe a calculé que cet individu se déplaçait à une vitesse de croisière de 10,50 mètres par seconde. Mais le mégalodon devait dépenser une grande quantité d'énergie pour nager à une telle vitesse.
Seul un système corporel sophistiqué pouvait lui permettre d'en produire autant. Les animaux à sang froid tels que les reptiles ou les poissons tirent parti de leur environnement pour réchauffer leur corps. D'où leur prédilection pour les climats chauds. A l'inverse, les animaux à sang chaud, comme les mammifères, qui maintiennent une température corporelle constante, fréquentent plus facilement les régions froides. Le mégalodon était un animal à sang froid, mais avait la capacité d'utiliser la chaleur de ses muscles pour protéger du froid ses organes stratégiques, notamment son cerveau et ses yeux.
Plusieurs éléments suggèrent que le mégalodon était capable de réguler la température de ses organes les plus importants. Les scientifiques ont baptisé cette faculté cruciale la mésothermie. La mésothermie permettait sans doute au mégalodon de s'aventurer dans les eaux froides.
Il ne cherchait pas sa nourriture que dans les eaux chaudes, mais aussi dans des habitats plus frais. Cette remarquable capacité d'adaptation faisait du mégalodon un prédateur transocéanique. Un chasseur qui pouvait se nourrir de tout ce qu'il voulait et n'importe où, et devenir ainsi de plus en plus gros.
Mais ce n'était pas le seul avantage que lui conférait le pouvoir de réguler sa température corporelle. En étant mésotherme, le mégalodon pouvait aussi chasser plus efficacement. Ça lui permettait de déclencher des pointes de vitesse. qui sont nécessaires pour traquer et attraper des proies.
Ils pouvaient attaquer des proies plus rapides. des chercheurs ont estimé que le mégalodon pouvait effectuer des pointes de vitesse jusqu'à 38 km heure comme un phoque actuellement une vivacité qui en faisait un tueur ultra efficace qui frappait comme la foudre c'est cet avantage physiologique qui a ouvert des opportunités incroyables au mégalodon et en a fait un géant des mers Nos recherches précédentes suggèrent que la mésothermie est le trait déterminant qui a entraîné un gigantisme évolutif chez les requins. Un enjeu insatiable que rien ne pouvait arrêter. Mais pourquoi d'autres espèces de requins mésothermes, comme le grand requin blanc, n'ont-elles jamais atteint le gabarit du mégalodon ?
L'alimentation de cette espèce a-t-elle pu contribuer à ces dimensions spectaculaires ? Si l'on résume, on sait d'après ces restes fossiles que le mégalodon était imposant dès la naissance et qu'il grandissait probablement dans des nurseries qui aidaient ses petits à atteindre l'âge adulte. On pense qu'il pouvait réguler sa température corporelle.
lui permettait de couvrir de longues distances dans des eaux froides ou plus chaudes et faciliter son accès à une nourriture abondante sans parler de sa faculté d'accélération foudroyante lui permettant de fondre sur ses proies la physiologie hors normes du mégalodon faisait de lui un prédateur infatigable Mais les fossiles peuvent-ils nous en apprendre encore davantage sur lui ? Peuvent-ils nous révéler ce que mangeait le mégalodon ? Et si son régime alimentaire a contribué à le sacré roi des océans ?
Le professeur Stephen Godfrey du musée océanographique de Calvert pense qu'une des pièces rarissimes de sa collection de fossiles recèle peut-être un indice. Une inspection minutieuse permet d'identifier un élément crucial à sa surface. On sait par sa taille et sa forme qu'il s'agit d'une vertèbre de dauphin fossilisée.
Et qu'elle était située près de l'extrémité de la queue, parmi les vertèbres précédant la nageoire caudale qui propulse le dauphin dans l'eau. Stephen a remarqué une série d'entailles de part et d'autre de ce fossile, qui n'ont a priori rien à faire là. La seule façon d'expliquer ce genre de marque des deux côtés et selon le même angle, c'est que cette vertèbre, à un moment de la vie de ce dauphin, a été prise en tenaille entre des dents de mégalodon. Et donc, qu'un mégalodon a mordu le bout de la queue de ce dauphin.
Cela ne fait aucun doute, les mégalodons chassaient les dauphins. Mais ce fossile nous apprend aussi autre chose. Il n'a pas mordu qu'une fois.
Chacune de ses entailles signale une puissante fermeture de mâchoire. Le bord tranchant et dentelé de ses dents est venu cisailler plusieurs fois la vertèbre. Une façon pour le mégalodon de dire au dauphin, tu ne t'en sortiras pas vivant.
Cette trouvaille inespérée nous révèle non seulement ce que chassait le mégalodon, mais aussi comment il tuait ses proies. On voit bien qu'il portait des attaques violentes au niveau de la queue. Et en fait, ça n'a rien de surprenant, puisque le grand requin blanc actuel attaque les dauphins de la même manière. Le dauphin est une grosse proie. En lui arrachant ainsi la queue, les requins immobilisent leur victime, qui finit par mourir en se vidant lentement de son sang.
Il est clair que ce dauphin a passé un sale quart d'heure. Mais le mégalodon était ainsi. C'était un macro-prédateur. On appelle macro-prédateurs les animaux qui s'en prennent à des proies plus grosses qu'eux. Un fossile encore plus rare nous renseigne sur les colosses auxquels le mégalodon était capable de s'attaquer.
A son époque, le mégalodon côtoyait dans les océans plusieurs espèces de baleines. Les ancêtres de géants actuels tels que la baleine bleue, le plus gros animal qui ait jamais vécu sur Terre. Voici une vertèbre fossile de baleine qui a été trouvée dans les falaises de Calvert.
Si on la retourne, on voit que ce côté-là est très différent de l'autre. L'avant est là et il est très endommagé. On voit qu'à un moment de sa vie, cette baleine a subi un traumatisme important qui a violemment arraché la tête de la baleine. toute la partie inférieure de cette vertèbre du reste de la colonne les blessures sur l'os de cette baleine sont considérables stephen est convaincu qu'elles ne sont pas accidentelles il y a plusieurs explications possibles à un tel traumatisme mais l'hypothèse la plus vraisemblable c'est que cette baleine a sans doute croisé la route d'un mégalodon le mégalodon est probablement arrivé par en dessous pour l'attaquer par surprise Le tueur de baleines a peut-être même laissé une preuve accablante de son forfait.
Ce qui est intéressant concernant cette vertèbre, c'est que juste à côté, dans les... On a trouvé cette dent de mégalodon. Elle comporte une petite fracture qui indique qu'à un moment donné, cette dent a heurté un objet dur, comme un os de baleine.
La morsure a été tellement puissante que la pointe de la dent n'a pas résisté. et s'est cassée. Ce n'est bien sûr qu'une preuve indirecte.
Il n'est pas certain qu'elle soit liée à cette blessure. Mais les deux ont été trouvés ensemble. Cette preuve fossilisée donne une idée de la taille massive des proies que le mégalodon était capable de chasser.
La reconstitution 3D de Catalina Pimiento donne même des informations sur le type de proies que mangeait le mégalodon. Sa masse corporelle nous permet d'inférer ses capacités de consommation alimentaire de deux façons. D'abord, en évaluant le volume de son estomac.
À partir de ce volume, on a pu estimer la taille des espèces consommées par le mégalodon. Cet individu de 16 mètres de long était capable de manger des proies mesurant jusqu'à 8 mètres, potentiellement en 5 bouchées. Le mégalodon n'était pas fait pour se nourrir de menus frottins.
On a aussi pu estimer ses besoins énergétiques, la dépense calorique nécessaire à la survie de cet individu. Nos calculs montrent qu'un mégalodon avait besoin de 98 000 kcal par jour. Un seul animal pouvait fournir autant d'énergie à un mégalodon infamé.
Notre requin géant était un tueur de baleines. Et plus il grossissait, plus il avait besoin de nourriture pour subsister. Chasser des proies aussi grasses et caloriques que les baleines n'était pas un choix de sa part, mais une nécessité.
Pour Joy Raidenberg, ses dents fossilisées sont tout à fait compatibles avec cette théorie. En comparant une dent de requin macko à celle d'un mégalodon, on remarque plusieurs différences. Le requin macko est une espèce moderne qui fait environ les deux tiers de la taille d'un grand requin blanc.
D'abord, oui, elle est plus grosse. C'est un requin plus gros. Mais regardons leur forme. Les dents du macko sont très longues et pointues, avec des bords très lisses.
Ce type de dent est idéal pour harponner des poissons rapides. que le macko peut ensuite avaler entier. Les dents du mégalodon ont des bords dentelés. Elles fonctionnent plutôt comme des scies et permettent de cisailler des proies très grosses. La farme de ces dents laisse penser que le mégalodon chassait de grands animaux qu'il lui fallait découper et manger par morceaux.
Doté d'une mâchoire dix fois plus puissante que celle du grand requin blanc, le mégalodon a spécifiquement évolué pour s'attaquer à des proies imposantes. Il est probable que son impressionnante mâchoire n'était pas fixée à son crâne, comme chez les requins actuels. Donc, quand il mordait, il pouvait la projeter vers l'avant et l'ouvrir en grand avant de planter ses dents dans sa victime.
Puis en secouant la tête latéralement, ses dents cisaillaient la chair pour arracher de gros morceaux de viande. Avec une telle mâchoire, le mégalodon était le super prédateur incontesté des océans. Au point qu'on se demande s'il existait des créatures marines capables de lui échapper. Certains fossiles suggèrent que ce requin n'était même pas à l'abri de ses propres congénères.
Stephen a trouvé un fossile de dents de mégalodon qui porte des marques intrigantes à sa surface. Mais ses traces sont ténues et il lui faut un petit peu de temps. Il faut traiter le fossile pour faire ressortir les possibles séquelles d'un affrontement hors norme. Je vais blanchir ce fossile. Et pour ce faire, je vais chauffer du cloveur d'ammonium à l'aide d'un bec benzen.
Une fois chauffé, le chlorure d'ammonium solide devient un gaz poudreux dont Stephen va temporairement recouvrir le fossile Ce procédé de blanchiment est la meilleure façon de souligner et de révéler chaque détail et chaque information sur un fossile Et ce n'est qu'une technique parmi d'autres pour y parvenir Ça fait ressortir la moindre aspérité à la surface de l'objet et on devrait pouvoir en déduire ce qui est arrivé à cette dent Musique Cette technique est suffisamment efficace pour permettre d'interpréter le fossile. On voit clairement que cette face, située du côté langue, Cette surface intérieure de la dent d'un mégalodon a subi une abrasion, car elle a été raclée par la dent d'un autre mégalodon. C'est incroyable d'avoir toutes ces stris, là où une dent de mégalodon a croqué une autre dent de mégalodon. Un second mégalodon a laissé en quelque sorte sa carte de visite, sa marque sur la dent du premier mégalodon.
Vous imaginez ? Deux mégalodons géants qui s'affrontent, qui se sautent à la gorge en même temps. Le combat improbable d'un super-prédateur avec un autre super-prédateur.
Ça devait être spectaculaire. Le mégalodon était un redoutable prédateur. Un monstre qui sillonnait les océans pour traquer et dépecer en quelques morsures des proies plus grosses que lui. Et même des rivaux de sa propre espèce. Il a dominé les mers sans partage pendant des millions d'années.
Alors comment se fait-il qu'il n'y fasse plus régner la terreur de nos jours ? On sait, d'après la datation des fossiles découverts, que le mégalodon a disparu il y a 2 à 3 millions d'années. Contrairement aux dinosaures, éradiqués à la suite de l'impact d'une météorite il y a 66 millions d'années, l'extinction de ce puissant requin n'est pas due à une catastrophe soudaine.
Elle est intervenue lentement, avec le temps. Comment t'expliquer que ce super prédateur ait fini par se volatiliser ? Où est-il passé ? Pourquoi s'est-il éteint comme ça ?
Ça paraît incroyable pour un animal qui a été le prédateur marin ultime pendant sûrement 20 millions d'années. C'était le plus gros, le plus féroce, le meilleur, et il s'est évaporé. Y aurait-il un lien avec la montée en puissance d'un autre poisson toujours craint aujourd'hui ?
Le grand requin blanc. Si on en croit les dents fossiles retrouvées à travers le monde, le mégalodon a régné sur les mers pendant plus de 13 millions d'années. Il a colonisé presque tous les océans de la planète.
Malgré la concurrence d'un cousin plus modeste, le grand requin blanc. Pourtant, on n'a trouvé aucun fossile de mégalodon datant de moins de 2 600 000 ans, alors même que le grand requin blanc vit encore de nos jours. Comment expliquer que le plus petit des deux ait gagné ce duel évolutif ?
Le mégalodon a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre ? L'extinction progressive d'une espèce est généralement liée à un enchaînement de circonstances. Cette règle s'est probablement appliquée au mégalodon. Stephen Godfrey pense qu'un changement climatique a pu être un facteur clé.
Il est en quête d'indices sur les falaises de Calvert. Si on regarde cette portion de roche sédimentaire, on pourrait penser qu'elle est totalement uniforme. Mais ce n'est pas le cas. Les géologues qui ont étudié la composition de ces sédiments se sont aperçus qu'ils contenaient des particules de différentes tailles, avec divers mélanges de sable, de limon et d'argile, ce qui indique que ces différents types de sédiments ont été déposés par des eaux de profondeur variable. Ces différentes couches montrent que la modification de la température de la planète a eu un impact direct sur le niveau des océans.
Il y a 20 millions d'années, le climat sur Terre était plus chaud et le niveau des mers plus élevé qu'aujourd'hui. Le mégalodon prospérait dans des habitats côtiers peu profonds à travers le monde entier. Mais il y a 5 millions d'années, la Terre est entrée dans une période glaciaire.
Le niveau des océans a baissé de façon considérable et détruit ce type d'habitat sur toute la planète. La mer peu profonde, qui recouvrait ce qu'on appelle aujourd'hui la baie de Chesapeake, s'est évaporée. Les nurseries de requins se trouvent généralement dans ces zones littorales peu profondes.
Or, une théorie suggère que la baisse du niveau des eaux a totalement chamboulé ce type d'habitat, dont les mégalodons dépendaient probablement pour protéger leurs petits. Si les mégalodons avaient besoin de ces nurseries pour que leurs petits survivent, ils ont eu moins d'options. Donc on pense que ça pourrait être une des raisons expliquant l'extinction du mégalodon, puisqu'il n'avait plus accès à ces environnements en eau peu profonde où ses petits étaient en sécurité. Malgré tout, un mystère demeure. Certaines espèces de mégalodons sont en train de se débrouiller.
Les classes de requins contemporaines du mégalodon, et qui existent encore aujourd'hui, ont aussi recours à ce genre de nurseries. Comment ont-elles survécu malgré la disparition de ces habitats ? Pour Joy Reidenberg, le changement climatique a doublement affecté le mégalodon, en altérant à la fois son habitat et les sources d'alimentation sur lesquelles l'animal avait basé son évolution. La grande taille du mégalodon a probablement causé sa perte. Un gros prédateur est obligé de chasser de grosses proies.
Donc si les espèces qu'il cible se raréfient, il aura moins de ressources pour se nourrir. Ou si un changement climatique pousse ses proies à déserter les régions fréquentées par le mégalodon, il aura aussi moins d'opportunités pour s'alimenter. La période glaciaire du Pliocène a eu des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins. Une étude estime que plus d'un tiers de tous les grands animaux marins s'est éteint à cette époque.
Et notamment, un pourcentage élevé parmi les espèces de baleines, des proies d'envergure, riches en calories, et essentielles au mégalodon pour alimenter son énorme métabolisme. Le mégalodon a peut-être eu le tort d'être trop spécialisé. Cette hypothèse semble être confirmée par la composition des dents du mégalodon par rapport à celle du grand requin blanc.
Le régime alimentaire des requins est identifiable par leurs dents. Leur composition chimique est le reflet de ce qu'ils mangent. La dentition des herbivores, située bas dans la chaîne alimentaire, contient beaucoup de zinc. Celle des grands prédateurs, très peu.
Cet indice révélateur sur les dents fossilisées est une donnée cruciale pour les chercheurs qui veulent comprendre le mode de vie des animaux préhistoriques. Le grand requin blanc et le mégalodon avaient tous les deux une faible teneur en zinc. Mais l'analyse des fossiles plus récents montre que le mégalodon a commencé à avoir des taux de zinc plus élevés que le grand requin blanc.
Cette présence accrue de zinc dans les dents plus récentes de mégalodon est le signe d'un changement radical de son comportement. Il s'est mis à consommer des proies plus petites, situées plus bas dans la chaîne alimentaire. Dans le même temps, rien n'a changé pour son concurrent, le grand requin blanc. Le mégalodon a progressivement perdu sa place de superprédateur absolu, régnant sur les océans. Lequel des deux était un chasseur spécialisé et lequel a su s'adapter au...
changement le mégalodon ne pouvait manger que de très grosses proies pour maintenir sa masse corporelle le grand requin blanc pouvait manger de grosses proies mais aussi de plus petites il avait une grande variété de choix c'était un requin plus généraliste est capable de s'adapter aux changements d'environnement et c'est probablement pour ça qu'il a survécu jusqu'à nous contrairement au mégalodon c'est sans doute cette rivalité entre le grand requin blanc et le mégalodon qui a porté le coup de grâce à notre titan des mers Lorsque le mégalodon a disparu il y a 2 ou 3 millions d'années, c'est le grand requin blanc qui a logiquement pris sa place. Il est encore aujourd'hui l'un des prédateurs les plus craints dans le monde. L'extinction du mégalodon a pu se jouer sur 3 facteurs principaux. Le changement climatique, l'extinction des proies dont il se nourrissait, et l'évolution de ses concurrents.
Peut-être aucun des trois. Peut-être la combinaison de l'un et l'autre. Pour l'instant, on n'en sait rien. Et quelque part, ça rend l'étude du mégalodon encore plus passionnante. C'est un mystère fascinant.
D'ailleurs, la disparition énigmatique du mégalodon excite les imaginations. Certains se demandent même si ce poisson préhistorique ne hante pas encore les abysses de nos océans. C'est une interrogation que les chercheurs comme Stephen Godfrey entendent fréquemment. Je crois que les gens ont du mal à faire le deuil du mégalodon parce que c'était un prédateur absolument incroyable, qui a parfaitement su s'adapter et qui s'est imposé pendant des millions d'années. C'était le roi des mers.
On a vraiment du mal à comprendre comment cet animal, qui trônait au sommet de la chaîne alimentaire, a pu s'éteindre comme ça. Les océans couvrent plus de 70% de la surface de la Terre. Pourtant, plus de 80% de ce vaste habitat marin n'ont jamais été explorés, cartographiés ou même observés. La fosse marine la plus profonde de la planète plonge à pratiquement 11 000 mètres sous la surface. Il est tout à fait plausible pour certains que cet animal soit toujours vivant.
Parce qu'on ignore ce qu'il y a dans l'océan. On n'a pas vu tout ce qu'il recèle. C'est une zone inexplorée, un territoire inconnu. Et si le mégalodon était encore là, au fond des mers ?
Le mégalodon a rodé dans les océans pendant des millions d'années. Il a sillonné toutes les régions du monde. Il était capable de couvrir des distances énormes, quelle que soit la température des eaux.
Au point de pouvoir descendre dans les profondeurs glaciales de l'océan et d'alimenter toutes les spéculations quant à sa présence actuelle dans les abysses. En 1989, un requin gigantesque a été filmé par un navire de recherche sous-marine au large du Japon. D'après la taille de la cage à Appa, des chercheurs ont estimé que ce monstre mesurait entre 9 et 15 mètres de long.
Internet s'est enflammé et tout le monde a crié au mégalodon. Alors qu'en réalité, ce titan des profondeurs était probablement un spécimen exceptionnel d'une autre race, le requin dormeur du Pacifique, un squale qui mesure habituellement dans les 5 mètres. Il s'agissait bien d'un monstre, mais pas d'un mégalodon.
Tout le monde a envie de voir le plus gros requin possible. Quand vous regardez les dents de la mer et qu'on vous dit qu'un requin a des dents de cette taille, évidemment, ça fait fantasmer. Sur ces autres images datées de 2021, un groupe de passagers croise la route d'un gigantesque requin dans l'océan Atlantique.
Oh punaise ! On y voit un énorme poisson. Mais des experts ont confirmé qu'il s'agissait d'un requin pèlerin inoffensif. Je ne pense pas que le mégalodon soit encore là de nos jours.
Il n'existe absolument aucune preuve de vie de cette espèce. Aucune dent récente rejetée par la mer. On ne trouve que des dents fossiles.
Les fossiles découverts montrent que le mégalodon a été largement répandu dans le monde pendant presque 20 millions d'années. Mais on n'a jamais trouvé le moindre fossile remontant à moins de 2 millions d'années. Les spécialistes sont formels.
Le mégalodon n'est plus de ce monde. On sait que c'était un très gros requin, donc les chances qu'on ne puisse pas le repérer sont très minces. Même s'il vivait dans des zones très isolées... Il faudrait que sa population soit assez importante pour qu'il trouve des partenaires, se reproduise et survive.
Comment sait-on que le mégalodon s'est vraiment éteint ? Si le mégalodon qu'on connaît à travers les fossiles retrouvés, ce requin géant qui dévore des baleines, était encore vivant, on n'aurait pas à se demander s'il était vivant. On saurait avec certitude qu'il est encore vivant. Si le mégalodon était encore vivant aujourd'hui, les pêcheurs en croiseraient régulièrement.
Le mégalodon vivait dans des zones qui bordaient les côtes, exactement les mêmes zones que fréquentent les pêcheurs au quotidien à bord de leurs chalutiers. Ils en verraient forcément. À force d'étudier le mégalodon, on devrait finir par mieux comprendre pourquoi cet incroyable macro-prédateur, qui a su si bien s'adapter, a quand même disparu.
Aucune espèce n'a la garantie de vivre éternellement si les conditions changent. La sélection naturelle n'est pas là pour sauver les organismes. Si les conditions changent trop vite ou si le changement est trop brutal pour qu'un animal s'adapte, il est condamné à s'éteindre.
Le mégalodon était un prédateur impressionnant qui a régné durant des millions d'années sur les océans. Le requin le plus démesuré qui ait jamais vécu. Et dont les mâchoires surpuissantes pouvaient venir à bout de certaines des espèces les plus imposantes vivant sur Terre. Et pourtant, il a été victime de son propre succès.
Celui d'un monstre devenu trop gros, qui n'a pas été capable de s'adapter à un monde qui changeait. Le mégalodon a fini par disparaître des profondeurs de l'océan. Et avec lui, un titan qui aura longtemps régné sur notre planète. Et qui mérite sans doute le titre de prédateur le plus terrifiant de tous les temps.