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Caractéristiques du Second Empire français

Il est maintenant temps, dans cette dernière partie, de s'intéresser aux caractéristiques du Second Empire. C'est d'abord, premier sous-point, un empire qui accouche d'un coup d'État. Nous sommes en 1851. Certain Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, choisit le 2 décembre, anniversaire du sacre de son oncle, pour mener le coup d'État qui lui permet de passer de président à futur empereur. Les dernières années de la Deuxième République sont marquées par les tensions, la violence et les divisions. Et ces tensions, violences, divisions, sont le signe... que cette deuxième république était vouée à disparaître. Beaucoup d'hommes politiques songent alors à une restauration monarchique. Louis-Napoléon prépare son coup d'état depuis longtemps. Élu président, il sait qu'il ne pourra exercer un second mandat et c'est donc très tôt qu'il prépare le terrain de son arrivée définitive au pouvoir. Son projet de coup d'état n'est d'ailleurs pas très secret, le contexte de l'époque n'étant, on l'a vu, jamais fermé à toutes les surprises. Le 2 décembre au matin, les parisiens découvrent sur les murs des textes indiquant que l'Assemblée est dissoute, que le suffrage universel masculin qui avait été aboli par le parti de l'ordre est rétabli, que l'état d'urgence est activé et que de nouvelles institutions seront mises en place. L'armée quant à elle est déjà acquise à Louis-Napoléon Bonaparte et elle se charge de réprimer les soulèvements qui ont lieu ça et là. Certains députés de renom tels Victor Hugo ou Victor Schoelcher tentent en vain de mobiliser le peuple. Dans la capitale française, comme toujours, mais aussi dans la Nièvre, dans les Rots, dans le Var ou dans les Alpes, on constate des émeutes importantes en réaction au coup d'État du neveu de Napoléon. Les centaines de morts déplorées sont d'ailleurs un véritable fardeau pour Louis-Napoléon Bonaparte, lui qui avait souhaité que son accession au pouvoir se fasse de manière pacifique. Mais ce qui est fait est fait. Louis-Napoléon est donc maintenant au pouvoir, illégalement, et il doit faire valider ce coup d'État par le peuple. Il choisit donc de le consulter par un plébiscite. On rappelle qu'un plébiscite est un vote portant sur une simple question visant à faire approuver une décision. C'est ainsi que le 21 décembre 1851, avec plus de 7 millions de voix contre 646 000, un plébiscite accorde à Louis-Napoléon tout pouvoir pour établir une nouvelle constitution. Constitution qui voit le jour en janvier 1852. Louis-Napoléon ne s'arrête pas là. Et, profitant du fait que le nouveau régime est bien accepté par l'opinion publique, il songe très vite à abattre les apparences républicaines du nouveau régime et à restaurer une véritable monarchie. On a alors la décision de soumettre un plébiscite, le, je cite, « rétablissement de la dignité impériale » en la personne de Louis-Napoléon. Et, le 20 novembre 1852, le plébiscite restaure l'Empire par 7 390 000 voix. pour et 253 000 voix contre, restaurent donc cet empire. Nous sommes donc aux portes de la restauration d'un système monarchique en France. C'est ainsi que va naître le 2 décembre 1852 ce qu'on appelle le Second Empire. Quatre ans après sa naissance, la Deuxième République est donc enterrée et laisse place de nouveau à un système dans lequel un seul homme Celui qui va maintenant s'appeler Napoléon III, à tout pouvoir. Nous voici donc de nouveau en France, dans cette deuxième moitié du 19e siècle, en présence d'un empire. Et nous allons voir dans ce second sous-point que c'est un empire qui est... autoritaire, mais qui économiquement et culturellement est extrêmement dynamique. Rapidement, celui qu'on appelle donc depuis le 2 décembre 1852, Napoléon III, Napoléon II était le nom donné au fils de Napoléon, mais celui-ci n'a jamais régné puisqu'il est décédé, eh bien Napoléon III applique un pouvoir tout à fait personnel. Un an après son coup d'état de décembre 51, Napoléon III est devenu absolument tout puissant. Lui seul a l'initiative des lois, les députés doivent prêter serment à sa personne, c'est-à-dire à l'empereur, La presse est contrôlée par l'État, mais on doit quand même préciser que le peuple apprécie Napoléon III. D'une part, Napoléon III rétablit le suffrage universel masculin qui avait été supprimé par le parti de l'ordre. D'autre part, Napoléon III voyage au cœur du territoire afin de légitimer ses politiques et ses choix, et puis de se faire connaître. Le régime n'en reste pas moins, malgré ce vernis tout à fait autoritaire. Malgré cela, c'est sous le Second Empire que la société française se transforme le plus de son histoire. C'est l'empereur lui-même... qui va impulser la révolution industrielle française. Il soutient ainsi la création du Crédit Foncier, qui a pour mission d'aider à investir dans des terrains. Il soutient la création de deux banques qui existent encore de nos jours, le Crédit Lyonnais et la Société Générale. Sa politique économique conduit à la naissance de grandes usines, comme l'usine métallurgique Le Creusot. Elle conduit aussi cette politique au financement d'un immense réseau de voies ferrées qui passe de 3 000 km à 20 000 km sous le Second Empire. Les grands magasins tels le Bon Marché naissent aussi sous le Second Empire. instauré par Napoléon III. Bref, la croissance économique est, à cette période de l'histoire de France, à son apogée. Cette croissance mène aussi à des concessions sociales qui sont réalisées par l'empereur. On peut citer notamment une loi permettant aux ouvriers de se mettre en grève à partir de 1864. Sur le plan de l'éducation, Napoléon III est aussi extrêmement en avance, si on peut dire, puisqu'avec son ami Victor Durui, il prépare un projet d'enseignement laïque gratuit. et obligatoire, qui serait en outre aussi ouvert aux filles. Enfin, Napoléon III offre à Paris un nouveau visage. Pour cela, il travaille avec le baron Georges Eugène Haussmann, le baron Haussmann, qui a pour mission de réaliser les idées de l'empereur sur le terrain de leur donner vie. C'est ainsi que Paris se voit doté de larges avenues aérées, bordées d'immeubles de pierres, qui font aujourd'hui la caractéristique de l'urbanisme parisien. Ainsi, dans le cadre de cette grande restauration parisienne, 25 000 maisons qui sont détruites tandis que 75 000 vont voir le jour. N'est aussi sous l'impulsion de l'alliance Napoléon III-Haussmann, le bois de Vincennes et le bois de Boulogne, vont aussi être mis en place 600 km d'égout. Bref, Napoléon III est celui qui va donner un nouveau visage à Paris. On a donc bien un empire qui, dans son mode de fonctionnement, est autoritaire mais qui, dans les domaines économiques et culturels, est exceptionnellement dynamique. Enfin, et c'est le dernier sous-point de cette partie, cet empire autoritaire va de fait devenir libéral. Le dynamisme économique et culturel que connaît la France entre 1851 et 1870 ne doit absolument pas faire oublier que le second empire est un régime qui est longtemps répressif. Pendant toute sa durée, des milliers de personnes, souvent opposants politiques, sont envoyées au bas en Algérie ou en Guyane. En 1858, un attentat a lieu contre l'empereur. Il est perpétré par un homme qui porte le nom d'Orsini. Cet attentat est important puisqu'il provoque un durcissement de la répression politique impulsée par Napoléon III à l'encontre de tous ses opposants. La presse, quant à elle, est solidement muselée. Le système de l'avertissement permet la suspension quasi-immédiate des journaux. Toute critique du pouvoir est donc interdite. Ainsi, une presse contestataire est diffusée secrètement. comme d'ailleurs dans tous les endroits où la censure existe. Comment ne pas citer alors le célèbre pamphlet de Victor Hugo, qui porte le nom de Napoléon le Petit et dans lequel le poète dénonce l'autoritarisme de l'empereur ? Alors, il faut attendre les années 1860 pour que les mécontentements et les critiques vis-à-vis du régime commencent à s'intensifier après une décennie de calme imposé. Napoléon III est un dirigeant intelligent qui comprend la nécessité de libéraliser le régime. Et pour cela, il lâche peu à peu du lest sur divers points. Il supprime par exemple le système d'avertissement, il autorise les réunions publiques à partir de 1868, il lance aussi une évolution parlementaire. C'est ainsi que son empire extrêmement autoritaire devient progressivement libéral. Qui dirait alors que la fin de cet empire est proche ? Il faut s'attarder quelques minutes sur des questions diplomatiques qui permettent de comprendre comment le Second Empire, qui semblait avoir de solides bases, s'effondre si rapidement. Le 19 juillet 1870, de façon maladroite et précipitée, l'Empereur avait déclaré la guerre à l'Allemagne. Les armées françaises, qui manquent de soutien et sont en sous-nombre, sont vite mises en difficulté par la coalition allemande. Un mois... après le début de la guerre, il ne reste que la moitié de l'armée française. Il faut aussi noter que Napoléon III est malade à cause d'un caillot dans la vessie et fortement affaibli à cette période de son règne. Les Français sont finalement pris en étau par les armées ennemies à Sedan. Le 2 septembre, les Français se rendent et l'empereur est emprisonné. L'armée est vaincue et captive, moi-même suis prisonnier, écrit Napoléon III à son épouse. La défaite française de Sedan entraîne la déchéance de l'empereur et la proclamation surprise de la Troisième République, le 4 septembre 1870. Le Second Empire prend donc aussi fin, aussi vite, qu'il avait été installé, laissant place à la République après lui-même l'avoir remplacé. On a donc un empire autoritaire qui va disparaître rapidement, mais qui, sur le plan économique et culturel, a fait preuve d'un dynamisme extrêmement rare. On s'était donc demandé dans ce chapitre pourquoi la Deuxième République avait-elle échoué à rendre durable l'expérience démocratique. Les trois parties nous ont permis de sortir plusieurs points principaux que voici et qui sont à retenir. D'abord, les idéaux démocratiques hérités de la Révolution française sont ceux qui ont permis les avancées démocratiques de l'année 48 en termes de liberté, d'égalité et de fraternité. Deuxième point à retenir, la Deuxième République est une république qui est sociale et qui connaît de grandes avancées démocratiques. Pourtant, elle ne vit que... 4 ans. Et si elle disparaît rapidement, c'est à cause de tensions politiques entre conservateurs et républicains, à cause de divisions entre villes et campagnes, à cause de ruptures sociales entre bourgeois et ouvriers. Ensuite, troisième point, le Second Empire, qui prend donc la place de la Deuxième République, n'a rien à voir avec le Premier Empire. C'est un régime, certes autoritaire, mais qui s'appuie sur des idéaux issus de la Révolution, comme le suffrage universel masculin, et qui va se développer grâce à la prospérité économique liée à la Révolution industrielle. Enfin, dernier point, ce même Second Empire doit petit à petit s'ouvrir et se libéraliser, même si finalement, il n'aura pas de pouvoir. pas le temps de faire aboutir cette tendance de libéralisation, puisque en six semaines à peine, l'Empire s'effondre, et la boucle étant bouclée de cette manière, cet Empire, en s'effondrant, laissera place à la Troisième République, après avoir lui-même remplacé la Seconde République.