La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges est une œuvre d'une grande richesse, d'un point de vue politique, philosophique, mais aussi stylistique, c'est-à-dire du point de vue du style d'écriture d'Olympe de Gouges. Je te propose donc de découvrir toutes les clés de lecture de cette œuvre pour l'aborder efficacement au bac de français. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est donc un texte d'Olympe de Gouges qui date de 1791. On est donc juste après la Révolution et ce texte s'inscrit dans la continuité des Lumières.
Et pour le bac de français, on vous propose d'étudier cette œuvre avec le parcours Écrire et combattre pour l'égalité. Il est essentiel de dire d'abord quelques mots sur Olympe de Gouges. Olympe de Gouges, c'est le pseudonyme de Marie Gouze. Elle naît en 1748 en Occitanie dans un milieu modeste.
Elle est mariée à la... âge de 16 ans, à un homme beaucoup plus âgé qu'elle, et elle trouve, quelques années plus tard, grâce au veuvage, une liberté inattendue. Elle prend alors le nom d'Olympe de Gouges et monte à Paris pour suivre une carrière littéraire en publiant essentiellement des pièces de théâtre. Elle milite pour la condition de la femme, mais aussi pour l'abolition de l'esclavage.
Son écrit le plus célèbre, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, est une réécriture parodique de La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Olympe de Gouges est guillotinée en 1793 pour un manifeste jugé antirévolutionnaire dans lequel elle dénonçait les crimes de la terreur. Alors, il faut bien comprendre que la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte qui n'a eu quasiment aucun retentissement en 1791. On est à une époque où la supériorité masculine est si ancrée dans la société que ce texte est passé inaperçu et Olympe de Gouges est rapidement tombé dans l'oubli. En fait, ce sont les mouvements féministes du XXe siècle qui lui ont redonné de la visibilité. En racontant l'histoire d'Olympe de Gouges, en republiant ce texte, et Olympe de Gouges est aujourd'hui considéré comme une des figures précurseurs du féminisme. Au bac de français, on vous fait étudier trois parties.
Le préambule, la déclaration elle-même et le postambule. Dans le préambule, Olympe de Gouges demande que les femmes soient constituées en assemblée nationale. Ce petit texte introduit les articles qui vont suivre.
La déclaration elle-même est composée de 17 articles qui adoptent la même structure syntaxique que les articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, que j'appellerai DDHC dans la suite de la vidéo. Donc retiens bien cela, la DDHC c'est la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. La déclaration d'Olympe de Gouges est en effet un texte miroir, voire un pastiche de la DDHC. Un pastiche, c'est une imitation parodique.
Évidemment, s'agissant du pastiche d'un texte juridique, c'est assez difficile à résumer. Donc j'ai analysé linéairement sur commentairecomposé.fr chacun des 17 articles de la déclaration d'Olympe de Gouges. conseil après cette vidéo d'aller lire mes analyses de chaque article pour mieux comprendre en détail les droits qui sont proclamés et puis surtout ce qui est vraiment intéressant c'est de voir la façon dont Olympe de Gouges remanie chaque article de la DDHC pour y inscrire l'égalité entre les sexes.
D'ailleurs, pour comprendre les apports d'Olympe de Gouges, il faut comparer son texte avec celui de la DDHC de 1789. C'est d'ailleurs pourquoi, dans cette édition pour le bac, le Biblio-lycée, vous trouverez la DDHC aux pages 53 à 55, ce qui permet de comparer les deux textes. Le postambule, lui, est un texte plus rhétorique où Olympe de Gouges fait valoir ses capacités oratoires. Et elle commence par un appel à la lutte pour l'égalité.
Femme, réveille-toi ! Dans ce postambule, Olympe de Gouges constate que malgré la Révolution, les femmes sont toujours méprisées et dédaignées. Elle propose donc de sécuriser leur situation juridique par le partage des fortunes entre les hommes et les femmes et de l'administration publique. Elle s'insurge également contre l'institution du mariage qu'elle nomme le tombeau de la confiance et de l'amour. Quels sont les thèmes importants dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ?
Déjà, bien sûr, l'égalité. Olympe de Gouges estime que l'égalité entre la femme et l'homme est inscrite dans la nature. ce qui lui donne un caractère inaliénable.
Dans son adresse aux hommes qui précède le préambule, elle invite d'ailleurs à observer la coopération naturelle des animaux dans la nature. Cherche, fouille et distingue si tu le peux les sexes dans l'administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus.
Partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d'œuvre immortel. Dans l'article 5 de sa déclaration, elle évoque les lois de la nature et de la raison, alors que cette mention n'existe pas dans la DDHC. De même, elle considère que les propriétés sont comme vrais patrimoines de la nature, c'est son article 17, et doivent à ce titre être partagées entre l'homme et la femme. Ce qui est intéressant, c'est qu'au XVIIIe siècle, on considérait que la nature créait justement des différences entre les deux sexes, en fonction de critères comme la force physique. Or, pour Olympe de Gouges, la nature est au contraire placée sous une autorité rationnelle et juste, et surtout soucieuse de l'égalité.
entre l'homme et la femme. Elle nomme cette autorité l'être suprême dans son préambule. Ainsi, les hommes, en oppressant les femmes, se sont éloignés de l'égalité naturelle.
Autre thème clé, la justice. Alors la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, c'est un texte juridique, donc son objet est forcément la justice. Et Olympe de Gouges a une conception distributive de la justice.
C'est-à-dire que pour elle, la justice consiste à répartir les biens, les dignités, les emplois, les récompenses, en fonction de la valeur et du mérite de chacun. Donc les distinctions ne doivent plus reposer sur le sexe, mais uniquement sur le mérite et les talents de chacun, hommes et femmes confondus. Elle insiste aussi sur le principe de responsabilité qui est indissociable de la justice. Elle affirme ainsi que la loi doit s'appliquer avec la même rigueur aux femmes et aux hommes.
Et elle va même jusqu'à revendiquer un droit à l'échafaud. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même fondamentales. La femme a le droit de monter sur l'échafaud. Évidemment, si Olympe de Gouges revendique un droit à l'échafaud, c'est pour mieux justifier celui de monter à la tribune, car elle revendique pour les femmes des libertés politiques et économiques.
Elle réclame ainsi dans l'article 10 la liberté d'expression pour les femmes. Elle souhaite également que les femmes soient intégrées à l'administration et aux charges publiques importantes. Qu'elles participent aux décisions quant à la répartition de l'impôt. Elle va même plus loin dans l'article 16 puisqu'elle demande à ce que les femmes participent à la rédaction de la Constitution.
Autre thème clé, la Révolution. On est en 1791, donc pendant la Révolution française, juste après la fin de l'Ancien Régime en 1789. Or, réécrire la DDHC à la DDC, alors qu'on est encore en pleine révolution et hautement symbolique. La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, c'est le texte clé de la révolution, celui qui fixe les nouveaux droits hérités du combat des Lumières.
L'égalité, la liberté, la propriété et la souveraineté de la nation. C'est un texte fondateur qui, je vous le rappelle, fait toujours partie de notre constitution actuelle. Or, en réécrivant ce texte, Olympe de Gouges fait comprendre que la révolution est incomplète.
que ce grand texte juridique n'incarne pas l'égalité des droits qu'il est censé prôner. Donc cette réécriture, pour Olympe de Gouges, c'est l'occasion de faire une révolution dans la révolution. Et il est important de constater qu'Olympe de Gouges se considère comme une révolutionnaire intègre. Elle n'est pas contre la révolution, bien au contraire, elle veut aller au bout du processus révolutionnaire en accordant aux femmes l'égalité face aux hommes. Voyons maintenant ensemble ce que signifie le parcours écrire et combattre pour l'égalité Dans sa déclaration, Olympe de Gouges écrit et combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
Mais tu dois remarquer que le parcours écrire et combattre pour l'égalité que le parcours au bac ne mentionne pas le combat pour l'égalité homme-femme, il évoque simplement l'égalité. Donc tu peux explorer pour la dissertation d'autres combats, par exemple celui pour l'abolition de l'esclavage ou pour l'égalité politique entre tous les hommes. Sur commentairecomposé.fr, tu retrouveras des idées de textes et d'auteurs que tu peux utiliser pour élargir ce parcours. Maintenant, si on revient au texte d'Olympe de Gouges, ce qui est frappant, c'est l'incroyable variété des procédés, des tonalités auxquelles elle a recours. La déclaration d'Olympe de Gouges est en effet un pastiche de la DDHC de 1789, c'est-à-dire une imitation parodique de la DDHC.
Par exemple, quand Olympe de Gouges remplace le terme homme de la DDHC par celui de femme il s'agit d'un détournement ironique de la DDHC. En effet, dans la DDHC de 1789, le mot homme avec une majuscule signifie être humain C'est un mot qui a une valeur universelle. Or, Olympe de Gouges restreint le mot homme à son sens masculin et souligne par là que la DDHC n'incarne pas l'égalité qu'elle est censée prôner.
Olympe de Gouges fait aussi preuve parfois d'une ironie grinçante comme dans l'article 4 où elle définit la liberté de la femme. L'exercice des droits naturels de la femme n'a de borne que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose. On voit bien ici qu'elle détourne la définition de la liberté pour dénoncer la condition des femmes et la violence des hommes.
Donc vous voyez là qu'on est vraiment dans une parodie de texte juridique. L'article 9 également est assez amusant. Dans la DDHC de 1789, l'article 9 évoque la présomption d'innocence.
Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, etc. Mais dans sa déclaration, Olympe de Gouges opère un détournement ironique en écrivant Toute femme étant déclarée coupable, toute rigueur est exercée par la loi Elle détourne ici complètement le sens originel de l'article 9 de la DDHC en appliquant aux femmes une présomption de culpabilité. C'est une parodie assez audacieuse. Olympe de Gouges souligne de façon assez comique la différence de traitement entre les hommes présumés innocents et les femmes présumées coupables. Dans sa déclaration, Olympe de Gouges n'hésite pas non plus à utiliser un ton polémique.
C'est surtout dans le postambule qu'elle s'exprime de manière plus énergique et vigoureuse. Elle sort du cadre juridique et se fait plus rhétorique. Femme, réveille-toi, reconnais tes droits Tu vois ici que l'apostrophe à la femme, ainsi que le tutoiement, adoptent le style emphatique des révolutionnaires qui employaient des formules identiques à l'époque. On est là dans un texte qui est proche du pamphlet, c'est-à-dire un texte court, violent, polémique, qui attaque les institutions.
Olympe de Gouges tente d'insuffler aux femmes la colère contre l'ingratitude des hommes et l'énergie pour mener un combat exigeant pour l'égalité. Ô femmes, femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Elle emploie les figures de l'antithèse et du chiasme pour créer des images mémorables. Par exemple cette phrase Tout a été soumis à l'ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté et depuis la Révolution, respectable et méprisé.
Olympe de Gouges adopte aussi un style romanesque, c'est-à-dire propre au roman avec une narration, des personnages, les vocations de sentiments. On le voit particulièrement dans le postambule, lorsqu'Olympe de Gouges décrit la situation d'une jeune femme, séduite puis abandonnée par un homme. D'autres exemples encore plus touchants s'offrent à la raison.
Une jeune personne sans expérience, séduite par un homme qu'elle aime, abandonnera ses parents pour le suivre, lingera, la laissera après quelques années, etc. Cette petite histoire rappelle des destins romanesques comme celui de Manon Lescaut, l'héroïne du roman de l'abbé Prévost. Ou l'histoire de Polly Backer dans Supplément au voyage de Bougainville de Diderot que je t'invite à lire sur commentairecomposé.fr.
Même dans l'article 11 de sa déclaration, Olympe de Gouges donne la parole aux femmes abusées, au style direct. Toute citoyenne peut donc dire librement je suis la mère d'un enfant qui vous appartient Le style romanesque est intéressant parce qu'il permet de faire appel aux émotions des lecteurs. Il rend l'argumentation plus concrète grâce à des exemples et des images visuelles.
On voit donc que l'écriture est un combat. et Colin de Gouges a recours à une large palette de procédés et de tonalités pour mener ce combat, pour tenter à la fois de convaincre, donc par la raison, mais aussi de persuader par les sentiments. J'espère que cette vidéo t'a plu.
Tu peux aller plus loin avec mon livre Réussis ton bac de français aux éditions Hachette mais aussi sur mon site commentairecomposé.fr où je te propose un large choix de lectures linéaires et d'analyses en lien avec ce parcours. À bientôt !