Bienvenue dans l’Essentiel du Dessous des Cartes. Aujourd’hui, direction l’Inde et la vallée du Cachemire. Mardi, des terroristes y ont tué 26 touristes, avant de disparaître dans cette zone montagneuse à la frontière pakistanaise. Le Premier ministre indien Narendra Modi a aussitôt accusé le Pakistan, et promis de dures représailles. Islamabad nie. Une attaque qui rappelle que le Cachemire reste une zone stratégique, et explosive de la planète. Le Cachemire, majoritairement musulman, riche en agriculture et en eau, et que l’ultra-nationaliste Modi veut absolument contrôler. Le Cachemire, divisé entre les deux États ennemis, Inde et Pakistan. Et pour lequel ces deux puissances nucléaires se sont déjà fait la guerre 3 fois depuis 1947. Sortons nos cartes. Le Cachemire est un territoire au contact de trois grands ensembles : le sous-continent indien, la Chine et l’Asie Centrale. C’est une région de très hautes montagnes au croisement de l’Himalaya, de l’Hindu Kuch et du Karakoram. On y trouve plusieurs sommets de plus de 8000 mètres. Historiquement, le Jammu et Cachemire est un état princier aux frontières imprécises, dont les deux capitales sont Srinagar, dans la vallée du Cachemire, et Jammu. En août 1947, les Britanniques se retirent du sous-continent indien. Cela donne naissance à deux Etats, le Pakistan, à majorité musulmane, et l’Inde, à majorité hindoue. Le statut du Jammu et Cachemire reste incertain. La première guerre indo-pakistanaise se conclut en 1949 par une partition de l’ancienne principauté le long de la ligne de cessez-le-feu définie par les Nations-Unies. Un tiers du territoire passe sous contrôle pakistanais. L’Inde contrôle les deux tiers restants. En 1965, puis en 1999, les deux Etats s’affrontent à nouveau, notamment pour le contrôle du Cachemire. Depuis, des attentats soutenus par le Pakistan ont régulièrement secoué le Cachemire et l'Inde, dont les attaques contre les parlements de Shrinagar et New Delhi, en 2001, contre la base militaire d’Uri en 2016, ou contre les forces armées indiennes à Awantipora début 2019. Narendra Modi, Premier ministre de l’Inde depuis 2014 et défenseur d’une politique ultra nationaliste hindou, va invoquer ces différentes attaques pour étendre son emprise sur le Jammu-et-Cachemire, seul État indien à majorité musulmane. Le 5 août 2019, il met fin à l’autonomie de la région. Cette attaque marque “l’échec de la politique musclée de M. Modi au Cachemire”, titre le quotidien indien The Telegraph. En 2019, New Delhi avait fait arrêter des milliers d’opposants, et censuré la presse. Malgré 500 000 soldats sur place, et une forte résistance locale, Narendra Modi misait sur le tourisme pour normaliser le Cachemire. Suite à l’attaque, des diplomates pakistanais ont été renvoyés, et le seul poste-frontière entre les deux Etats a été fermé. Surtout, Modi a suspendu le traité de partage de l’eau qui règle depuis 1960 cet enjeu vital entre les deux nations ennemies. Via le Cachemire, l’Inde est en amont de l’Indus et a ainsi la main sur le fleuve qui irrigue tout le Pakistan. Islamabad accuse New Delhi d’utiliser “le terrorisme de l’eau”. Voilà, l’Essentiel du Dessous des cartes, c’est fini pour aujourd’hui. À bientôt.