un 1er mai c'est l'occasion de réfléchir au travail de réfléchir à ceux qui ont réfléchi au travail bonjour Périne Simon naou bonjour vous êtes philosophe on vous doit notamment la nouvelle causalité diabolique publiée aux éditions de l'Observatoire un livre où vous évoquez notamment l'antisémitisme et la manière dont celui-ci raisonne avec la démocratie et ses formes contemporaines c'est un sujet qu'à évoqué ça n'est pas seul mais c'est un sujet qu'à évoqué bien sûr Anna rent j'ai voulu vous inviter parce que je me dis qu'aujourd'hui s'il y a une philosophe qui raisonne tous les jours avec l'actualité c'est Anna Ren peut-être quelques mots tout d'abord pour la présenter à ceux qui ne la connaîtraient pas pine Simon naou oui Anna arent fait partie de cette génération de philosoph qui entre en philosophie dans les années 1920 autour d'un M qui est Heidegger très vite elle va se heurter à l'antisémitisme en Allemagne donc elle naît à kenigberg en 1906 et elle sera amenée à quitter l'Allemagne parce que juive en 1933 elle vient à Paris en 1933 elle est arrêtée en 1939 et internée au camp de Gurs et elle arrivera à quitter la France pour rejoindre les États-Unis en 1941 ensuite elle va passer donc la suite de sa carrière aux États-Unis et de là elle va réfléchir à la refondation d'une philosophie politique dans la ligne d'une pensée sur son livre majeur intitulé Les origines du totalitarisme qui paraît en 1951 il sera publié beaucoup plus tard en France et à partir du phénomène du totalitarisme Anna arent va repenser l'ensemble des phénomène de la société moderne dont le travail vous en avez parlé mais aussi la communauté mais aussi la génération finalement elle va chercher à établir ce qu'on pourrait appeler une philosophie de la relation en montrant que l'homme n'est jamais isolé dans le monde mais que il doit parvenir donc à trouver sa place dans le monde en construisant une communauté et en faisant politique je vous propose justement d'entendre la voix d'An à reent où elle évoque la question du travail la question du travail comme vous allez l'entendre en lien avec la consommation parce que pour elle le travail était en quelque sorte l'envers le corollaire de la société de consommation c'était en 1964 vous voyez pour moi le travail et la consommation ne sont que les deux faces d'un même phénomène c'est-à-dire ce cy où osile la vie oscile toute vie c'est pourquoi c'est si important et me semble-t-il si malsin parce qu'il s'agit d'une manifestation de l'absence de monde le monde paraît ne plus avoir d'importance le monde compris comme lieu d'émergence du politique je l'entends maintenant dans un sens plus large comme l'espace dans lequel les choses deviennent publ comme l'espace dans lequel on vit et dans lequel on doit paraître présentable dans lequel l'art apparaît bien sûr mais dans le travail et la consommation l'homme est totalement replié sur lui-même et Simon na on vient d'entendre la voix d'Anna arent philosophe qui a pensé le travail et qui l'a pensé notamment dans un livre extrêmement important la condition de l'homme moderne paru en 1958 donc elle pense le travail comme l'envers de la consommation qu'est-ce que ça signifie pour elle alors ce qui est intéressant c'est que Anna arent a défini le travail comme elle le dit dans cet extrait quelque chose qui est une activité liée à la vie biologique maintenant il faut faire très attention et ne pas se méprendre sur cette définition c'est-à-dire que en réalité on pourrait penser qu'elle traite le travail en mauvaise part c'est-à-dire que elle montre finalement que le travail c'est l'activité qui nous permet de survivre à savoir trivialement de nous nourrir c'est-à-dire que nous métabolisons et nous consommons finalement tout ce qui nous permet de survivre mais c'est aussi pour mieux préciser et elle le fait tout de suite dans cet extrait que le travail doit être pensé en complément de deux autres notions qu'elle appelle l'œuvre et l'action et l'œuvre et l'action sont deux notions par lesquelles l'homme d'une part trouve un prolongement à travers l'œuvre on pourrait dire que euh c'est quelque chose par exemple l'œuvre est artisanale l'œuvre ce serait une table et la table nous survit et l'action l'action qui débouche sur la liberté qui débouche sur la relation à l'autre donc en réalité euh Anana le le la notion de travail chez arent doit toujours être pensée comme euh amenant vers une ouverture sur l'autre une ouverture sur le monde et finalement comme elle le dit elle-même une ouverture sur le politique qui est la nature de toute société et oui parce qu'en fait elle revient aux origines en quelque sorte de la philosophie pine Simon Naoum pour elle est le zone politione l'homme comme animal politique et au fondement en quelque sorte absolument ce qui est très frappant chez arent c'est la manière dont elle développe une pensée qui est je dirais faussement facile et sa démarche est toujours la même c'est c'est-à-dire que elle consiste d'abord à faire une étude étymologique et historique mais pour autant arent ne doit pas être lu comme une historienne elle doit vraiment être lu comme une philosophe et donc qu'est-ce qu'elle va montrer elle va montrer finalement que le travail a pris une place prédominante et c'est ce qu'elle critique dans l'expression de la société moderne ça s'est fait en plusieurs étapes ça s'est fait d'une part au début des temps modernes avec la transformation le passage de ce qu'elle appelle la vita contemplativa qui était la vie finalement contemplative la vie des moines on pourrait dire dans les monastères qui passaient leur temps dans la spiritualité vers une vita activa d'engagement dans le monde et un deuxè renversement qu'elle va attribuer à Marx dans sa critique de Marx et elle travaille beaucoup sur Marx dans les années 1950 elle avait même le projet d'écrire une biographie de Marx projet qu'elle va abandonner elle critique Marx finalement pour la prédominance qu'il donne au travail chez elle le travail doit toujours trouver effectivement son complément dans le dans l'œuvre et l'action et c'est la critique qu'elle formule à l'égard de la modernité finalement de cette cette forme d'appauvrissement qui est de réduire l'homme au travail et dit-elle ce qui sera encore plus horrible et d'une certaine façon elle se rappelle de la crise de 29 de réduire l'homme au travail un homme qui n'a plus de travail mais alors est-ce qu'on ne pourrait pas l'accuser an narent d'avoir une pensée très aristocratique du travail ou alors antimoderne pine Simon naou non je ne crois pas elle voit parfaitement les dévoiements que la société moderne et la société capitaliste fait subir au fait subir au travail et d'une certaine façon je dirais qu'elle ne se berce pas des illusions de Marx qui pensaent que le travail serait amené à dépérir dans une société communiste ce qu'elle conteste elle avant même Marx ce sont les économistes libéraux comme adame Smith dont elle dit que finalement c'est eux qui ont avant Marx lui-même avant Marx et Engels amener la fonction communiste et elle parle de fonction communiste en mettant l'utilité au-dessus de la beauté et finalement en réduisant notre existence au monde au fait de consommer aussi rapidement des produits que nous avons fabriqués mais alors pourtant dans la tradition philosophique et beaucoup de philosophe considèent qu'on se réalise au travers du travail si on prend par exemple gle il y a là chez lui une pensée extrêmement positive du du travail est-ce que il y a une inflexion une rupture entre ce que disait egle par exemple et ce que dit Anna rent pine simonou Anna harent appartient au courant de la phénoménologie c'est-à-dire que elle pense contrairement à Hegel non pas l'homme en surplan du monde mais l'homme toujours en relation avec le monde et c'est en ce sens qu'il faut comprendre C définition du travail c'est-à-dire que celui-ci ne se pense pas seulement finalement comme le moyen d'assurer notre survie biologique c'est-à-dire qu'il ne faut pas tout ramener au vital mais il faut aussi comprendre que notre relation au monde et bien c'est une façon de donner un sens à notre existence et que ça passe je dirais au-delà de la fabrication des objets par le sens que nous y mettons et la possibilité finalement de surmonter la finitude qui est la nôtre puisque ces objets qui apparaissent au terme de l'œuvre et ces communautés finalement politiques qui apparaissent dans l'action et dans la liberté et bien nous espérons qu'elles vont nous survivre bon mais hélas il est il est compliqué de donner complètement tort à à naren puisque on voit bien qu'aujourd'hui la politique est un mot de plus en plus céder de son importance au contraire de la consommation et effectivement de cette relation au travail qui est de plus en plus absorbante et probablement de moins en moins émancipatrice mais je crois que c'est là où justement elle est d'une brûlante actualité c'est-à-dire que d'une part elle ne pense jamais et ça lui sera reproché en économiste c'est-à-dire que elle ne réduit jamais l'activité de l'homme à la simple production et elle attire notre attention en permanence sur la nécessité pour nous de d'entretenir des relations avec les autres et avec le monde le travail en est une partie ça n'est pas le tout et donc on peut on peut s'inquiéter des des des usages qui sont fait d'arent ou des mésusages qui sont fait d'arent appliqué par exemple au néoanag non arent ne donne pas une recette pour mieux manager les travailleurs au sein des au sein des sociétés elle montre justement que le monde au-delà de la subsistence du vital est construit de beaucoup d'autres éléments c'est d'ailleurs un thème que nous allons aborder dans quelques minutes avec vous Périne Simon naou puisque l'autre usage qui est dans l'actualité c'est évidemment la pensée cararent a consacré à la barbarie à notamment la question du mal avec un terme qui vient d'arrête mais qui a été très galvodé la banalité du mal je rappelle le titre de votre dernier ouvrage la nouvelle causalité diabolique c'est aux éditions de l'Observatoire