Mark Zuckerberg n'est pas uniquement le controversé détenteur de Facebook, WhatsApp et Instagram. Avec sa femme, la pédiatre Priscilla Chan, le magnat des réseaux sociaux a créé une fondation destinée à révolutionner le domaine de la santé. Sur la chaîne américaine CBS, Mme Zuckerberg dévoile sa vision extrême pour l'avenir de la médecine.
Les objectifs de la fondation sont ambitieux, s'attaquer à la santé mondiale et tenter de guérir et d'éliminer toutes les maladies d'ici la fin du siècle. Vous voulez éliminer toutes les maladies ? Oui.
Il y a 80 ans, la pénicilline n'existait pas. Le progrès n'est pas linéaire. Le microscope a changé le monde. La possibilité de séquencer l'ADN a changé le monde.
Notre fondation ne dirige pas les recherches. Elle donne aux scientifiques les moyens d'être à l'avant-garde et de faire ces découvertes. Le très ambitieux couple Zuckerberg finance déjà l'hôpital public de San Francisco qui porte leur nom.
Mais ils ne sont pas les seuls. Google, Amazon et Apple sont eux aussi en train de bouleverser le secteur de la santé. A grand renfort de technologie et grâce à leurs moyens financiers quasiment illimités, ces géants du numérique investissent depuis plusieurs années dans l'univers de la médecine.
Jusqu'où iront leurs ambitions ? Finiront-ils par guérir toutes les maladies et nous offrir un monde idéal ? Peut-on aller jusqu'à leur confier notre bien le plus précieux, notre santé ? Il y a encore peu de temps, Google n'était qu'un moteur de recherche.
Apple fabriquait des ordinateurs et des téléphones. Facebook agrégeait des amis. Et Amazon livrait des paquets.
Mais aujourd'hui, ils investissent tous dans le monde de la santé. À commencer par Google, qui nous connaît particulièrement bien, car consulter son moteur de recherche est devenu notre premier réflexe quand nous avons un problème médical. Levez la main si vous êtes allé sur Google au cours des 60 derniers jours pour faire une recherche sur un médicament, un symptôme, un diagnostic. 80% des gens, avant d'aller aux urgences, font une recherche Google dans les 24 heures qui précèdent. Google est ainsi devenue une sorte d'encyclopédie médicale 2.0 qui nous libère de nos angoisses dès que nous avons la moindre question sur notre santé.
De son côté, Apple développe des objets connectés pour surveiller notre corps au quotidien. Rythme cardiaque, pression artérielle, nombre de pas effectués, taux d'oxygène dans le sang, etc. Tim Cook, le président d'Apple, livre les ambitions grandioses de sa firme aux journalistes stars de la chaîne CNBC.
Nous avons beaucoup d'affaires en santé, à travers la watch et les autres choses que nous avons créées, et en mettant nos records médicaux sur l'iPhone. C'est un énorme délai. Si vous zoomez dans le futur, vous regardez en arrière et vous vous demandez Quelle était la meilleure contribution de l'Apple à la humainité ?
Il s'agit de la santé. Apple se donne donc carrément pour mission de protéger le genre humain. De son côté, Amazon a racheté une entreprise appelée PillPack, sorte de pharmacie en ligne qui vous envoie vos médicaments dans un pilulier personnalisé.
L'aide domestique Alexa, créée par Amazon, peut aussi vous rappeler à quelle heure prendre vos médicaments et si nécessaire vous met directement en contact avec un médecin. Pour des millions d'Américains, faire face à la maladie est un des moyens les plus importants. Face aux dépenses médicales est un défi quotidien.
La médecine est majoritairement privée, avec des tarifs exorbitants. Les populations les plus vulnérables n'ont pratiquement pas accès aux soins. Face à ces situations, que proposent les GAFA ? Une santé gratuite pour tout le monde ?
Peu probable, ils ne sont ni mécènes ni altruistes. Les entreprises de la Silicon Valley ont eu tellement de succès en disruptant d'autres industries qu'aujourd'hui certains entrepreneurs qui ont gagné beaucoup d'argent et ont eu beaucoup de succès sont décédés. Nous devons impliquer ce mode de pensée audacieux à ce système de santé défaillant qui a besoin d'innovation. Depuis la pandémie de Covid-19, les GAFA sont sortis au grand jour. Mais derrière leur beau discours, que proposent-ils réellement ?
Les GAFA sont là pour gagner de l'argent, ce n'est pas sujet à controverse, c'est un fait. Ce qui les intéresse surtout, c'est le profit, parce que la santé représente beaucoup d'argent. Mais je m'interroge, quelles sont leurs véritables compétences ? Quelles sont leurs références dans ce domaine ? Apple ou Google ou d'autres ont plus d'informations santé des Français que notre propre système de santé en France.
La domination des GAFA tient aujourd'hui en un mot, le cloud. Ce nuage métaphorique est un espace de stockage qui nous permet de conserver et consulter à distance toute notre activité en ligne. Grâce à une puissance de calcul inégalée et Internet, les géants du web assimilent en permanence nos informations, données de santé incluses. Aujourd'hui, la guerre des GAFA est autour des clouds. Pourquoi est-ce que des données vont plutôt être hébergées sur Google Cloud, sur Azure, sur Microsoft, sur AWS ?
Elles se battent toutes en ayant des outils d'analytics un peu différents, des prix un peu compétitifs, en étant très proches des startups. pour les aider, mais clairement la guerre des clouds, c'est vraiment la guerre qui va régir le domaine de la santé dans le futur et il n'y aura pas forcément beaucoup de vainqueurs. Mais l'univers de la santé n'est pas réservé aux géants de la tech.
Ces dernières années, une galaxie de start-ups s'est développée dans le domaine médical, notamment en Europe. Un de ses jeunes champions, Hawking, est une entreprise franco-américaine soutenue entre autres par le fonds d'investissement de Google, Google Ventures. Son but ? Analyser des données médicales pour développer une meilleure prise en charge des pathologies. Thomas Closel, son cofondateur, est médecin, spécialiste du cancer, et il participe activement à la révolution en cours.
Il est convaincu que l'avenir de la santé se jouera avec les mastodontes de la technologie. Aujourd'hui, toute l'économie de la medtech, la médecine et la technologie, s'articule autour des data, en anglais, et ce qu'on appelle les données médicales en français. Les données médicales, c'est tout ce qui est produit à partir d'une analyse du corps humain. Ça peut être un scanner pulmonaire, ou une prise de sang, ou un test génomique.
Et donc ces données médicales, c'est en fait le nerf de la guerre, c'est le nouveau pétrole d'aujourd'hui, parce que ça a probablement autant de valeur, sinon plus. L'analyse des données médicales par l'intelligence artificielle est en train de transformer la médecine et va changer en profondeur la place et le rôle du médecin. La médecine est restée, à bien des égards, figée pendant des décennies. Et la grande disruption des entreprises technologiques va bouleverser les fondamentaux de la médecine tels que nous les connaissons.
Le docteur Lopez-Rimenez travaille au sein de la Clinique Mayo à Rochester aux Etats-Unis, considérée comme le meilleur hôpital au monde. Nichée au milieu des prairies américaines, la Clinique Mayo a été fondée à partir d'une collaboration originale entre deux frères médecins et les religieuses du couvent local. L'alliance de leur savoir-faire et d'une vision éthique au service des malades a fait naître une ville entièrement consacrée à la médecine. Dès le début, les frères Mayo adoptent les pratiques des médecins du monde entier. Ils voyagent partout dans le monde pour apprendre des techniques, acquérir des compétences et les rapporter à la clinique pour s'améliorer.
Ce qui nous amène à ce deuxième principe qui est que nous pouvons toujours nous perfectionner. À condition d'essayer, nous pouvons toujours faire mieux qu'hier. Cette institution à but non lucratif est devenue le modèle à suivre. La clinique veut conserver son éthique humaniste tout en étant à la pointe de la révolution numérique.
Pour cela, Mayo a besoin de gérer et d'analyser le faramineux stock de données médicales qu'elle a accumulées depuis sa création, un patrimoine rare et précieux. Il y a tellement de données qu'elles ne sont tout simplement pas exploitables, compréhensibles, intelligibles sans aide. Google fait la une ce matin avec l'annonce d'un partenariat prestigieux. Google Cloud va désormais sécuriser, stocker et gérer les données de la Mayo Clinic.
Dans un entretien exclusif, j'ai demandé à Thomas Kourian, PDG de Google Cloud, comment ce partenariat allait renforcer sa position face à ses grands rivaux Amazon et Microsoft. Ce sont des entreprises formidables, mais nous avons un ensemble d'atouts uniques. Nous disposons de la meilleure plateforme de traitement et d'analyse de l'information au monde.
Nous avons un avantage matériel dans la façon dont les algorithmes d'IA sont développés à partir des données. Notre plateforme permet au personnel de santé de saisir des données cliniques, des données génomiques et d'autres données patients, et de créer un workflow adapté à leurs besoins. La mission de Google est d'organiser l'information du monde entier, et certaines des informations sont en train de se faire. Les informations les plus complexes concernent les soins de santé, la biologie, la médecine et ces domaines connexes. Notre partenariat avec Google s'inscrit dans une démarche que nous poursuivons depuis des années.
Utiliser une plus grande puissance de calcul afin d'analyser nos données avec plus de clairvoyance. Le Big Data peut nous aider à soigner nos patients de façon bien plus précise. Prenons par exemple le cas des rappels d'examens pour le dépistage du cancer.
Non seulement une équipe va déterminer à quelle périodicité les femmes doivent effectuer leur mammographie, mais en cumulant des millions d'années de données sur la santé de plusieurs millions de femmes, le résultat sera différent au Royaume-Uni ou en Amérique. Les résultats seront différents selon qu'on étudie une population de femmes afro-américaines, de couleur ou blanche. Cela doit nous permettre une approche bien plus individualisée qui nous aidera à déterminer si une mammographie est recommandée à 40, 50 ou 60 ans.
Dès 2014, pour asseoir sa domination dans le domaine de l'intelligence artificielle, Google a racheté la société britannique DeepMind. Ensemble, ils ont créé l'événement en inventant un algorithme capable de battre les meilleurs joueurs de Go. Depuis, leurs équipes se sont attaquées aux diagnostics médicaux, dans le but cette fois de rivaliser avec les plus grands médecins et chercheurs. CanUse coordonne leurs travaux avec les équipes d'hôpitaux prestigieux à Londres et aux États-Unis.
J'ai rejoint DeepMind peu après son rachat par Google. Notre tout premier projet de recherche a été avec le Moorfields Eye Hospital, ici à Londres. Moorfields est le plus grand hôpital de l'Union Européenne.
ophtalmologique d'Europe. On y soigne un très grand nombre de patients atteints de pathologies oculaires pouvant provoquer une perte partielle ou totale de la vision. Le Dr Peer Skin de Moorfields est venu nous voir il y a quelques années et nous a aidé. a expliqué qu'il disposait d'un scanner de très haute qualité, appelé scanner OCT, scanner de tomographie par cohérence optique, qui montre la rétine, le fond de l'œil, avec la précision d'un microscope cellulaire. Mais il a expliqué que les experts capables de lire et de poser ces diagnostics à partir de ces scanners prennent beaucoup, beaucoup plus de temps à être formés.
Chaque semaine, nous effectuons plusieurs milliers de scanners OCT. L'OCT donne des images à très haute résolution de l'œil, de manière très peu invasive. Malheureusement, certains patients doivent attendre longtemps avant de consulter un spécialiste qui peut analyser ces scanners, et courent donc des risques de perdre la vue entre temps.
Il nous a donc mis au défi de produire un algorithme qui permettrait d'identifier les patients dont le scanner présentait les caractéristiques, suggérant une pathologie oculaire pouvant provoquer une perte de vision. Avec un scanner OCT, un algorithme d'apprentissage automatique pourra déterminer s'il s'agit d'un problème urgent ou d'un problème pas si urgent que ça. Le bénéfice potentiel pour les patients est immense.
Cet outil nous permettra de détecter beaucoup plus tôt les pathologies qui rendent aveugles, ce qui, selon moi, nous permettra d'intervenir et de traiter ces patients beaucoup plus tôt. Avec sa capacité à découvrir une myriade de symptômes que les médecins ont longtemps ignorés, Google va-t-il progressivement les remplacer ? Pourquoi c'est magique ? On a pris une stagiaire de Google.
Ces gens sont super intelligents. La stagiaire de Google arrive et nous lui enseignons le machine learning. Parmi les données à tester, il y a des images de la rétine. Et on lui dit, fais le test sur des variables qui n'ont aucun rapport pour comprendre comment ça fonctionne. Elle revient et nous explique, la machine prédit le sexe de l'individu dans 75% des cas, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme.
On lui répond, tu as dû te tromper, recommence. Il n'y a pas de différence entre l'œil d'un homme et celui d'une femme. d'une femme. Elle revient, elle ne s'était pas trompée, maintenant c'est à 90%.
Quelles autres informations avons-nous trouvé dans l'œil ? On a trouvé les antécédents de tabagisme. Nous pouvons prédire votre âge, votre hémoglobine A1c, votre tension artérielle, votre sexe.
Cela a ouvert la voie à un nouveau domaine de recherche que les experts ont appelé oculomix, où l'œil est utilisé comme une fenêtre sur la santé d'un patient dans son ensemble. Leuil montrerait les signes précoces d'un diabète, d'une maladie cardiaque en train de se développer, ou même ceux d'un risque accru d'AVC ou d'Alzheimer. En traitant d'immenses quantités d'informations médicales, l'intelligence artificielle est capable de grandes avancées dans la santé.
Or, pour continuer à progresser, elle exige d'être constamment alimentée en nouvelles données médicales. Mais à qui appartiennent ces précieuses données ? Alors quel est le problème des données médicales ? Le problème c'est à qui ça appartient ? Si je fais un scanner pulmonaire à la Pitié-Salpêtrière à Paris, est-ce que ça appartient à l'hôpital public, qui est subventionné par le gouvernement français et par les impôts, ou est-ce que ça appartient à moi-même ?
Parce que finalement c'est mon poumon, c'est mon corps, il n'y a pas de raison que ça appartienne à quelqu'un d'autre. Et aujourd'hui en fait le problème c'est à qui appartient ces données-là ? Donc en fait aux Etats-Unis, il y a une data economy, une économie de données, un marché de données, où les données ont le droit d'être extraites des hôpitaux et vendues.
Et ce sont les médecins et leurs patients, pourtant les plus concernés, qui subissent les effets secondaires de ce marché à la régulation approximative. Rien n'oblige à les informer que leurs données extrêmement sensibles passent de main en main, ou plutôt de cloud en cloud. Une absence de protection qui fait froid dans le dos. Qui aimerait que son cancer, sa dépression ou son diabète puissent un jour se retrouver à portée de clic de son employeur, de son banquier ou de ses contacts sur les applications de rencontre ? Le journal télévisé CBS révèle justement un scandale qui serait passé inaperçu sans le courage d'un employé de Google.
Un lanceur d'alerte affirme qu'il était impératif de révéler que Google recueille les dossiers médicaux d'environ 50 millions d'Américains sans les en informer ou prévenir leurs médecins. Il tire la sonnette d'alarme, affirmant que le projet Nightingale présente notamment un risque de sécurité lié au fait de placer des données médicales dans le cloud. Dans le cadre de ce projet, Google a obtenu des millions de dollars.
de dossiers médicaux d'Ascension, un prestataire de soins les a téléchargés sur Google Cloud. Google utiliserait ces informations pour améliorer les soins de santé et réduire les coûts médicaux dans le respect des normes de confidentialité et de sécurité. Dans les pays qui échangent et vendent les données médicales, ils le font sous un prétexte qui est le prétexte de l'anonymisation. Pourquoi je dis que c'est un prétexte ? Parce que l'anonymisation n'existe pas.
Et ça, c'est notamment plus vrai aux Etats-Unis parce qu'aux Etats-Unis, il y a un phénomène qui a... qui a vraiment changé le monde de la donnée médicale, c'est ce qu'on appelle les tests de généalogie. C'est des tests en général salivaires, où on crache dans un tube, et ensuite on analyse les cellules de la bouche, qu'on appelle les cellules épithédiales, pour voir quelles sont les mutations que les gens portent, des mutations qui sont des prédispositions à différentes maladies, inclus des cancers.
Mais pourquoi c'est important ? Parce qu'on peut accepter que ces données, ces résultats, sont en partie publiques. Et du coup, si on a un test...
Après avoir un cancer, on a un test génomique, c'est-à-dire qu'on analyse l'ADN de la tumeur et de la personne qui porte ce cancer. On peut les croiser avec ces bases de données génomiques publiques, issues de ces tests de généalogie. Et du coup, on peut se dire que n'importe quel test qui contient des données génomiques ne peut plus être anonyme. Donc ce n'est pas possible.
Je pense qu'il faut arrêter de parler d'anonymisation parce que c'est juste impossible. Aujourd'hui, ça reste un prétexte et pas une réalité. Ces tests génomiques, ils sont assez répandus. C'était le premier cadeau fait sur Amazon, d'ailleurs, il y a quelques années.
Donc, Twenty-Six-Huit-et-Mille, c'était le... Franchement, moi, je préfère qu'on m'offre une PlayStation 5, mais bon, il y a quand même vraiment aussi des gens qui sauvent des Twenty-Six-Huit-et-Mille tests. En quelques années, 23andMe est devenu le leader des tests génétiques.
Cette société, créée avec le concours de Sergei Brin, cofondateur de Google, est dirigée par son ex-femme, Anne Wojcicki. Côté consommateur, le produit a fait fureur. Pour une somme modique, on reçoit une multitude d'informations médicales issues de notre génome.
Comme par exemple, notre probabilité de contracter telle ou telle maladie héréditaire. Ceci, sans jamais avoir besoin de consulter un médecin. et 23andMe peut disposer de cette manne de données librement concédée. Les découvertes sont possibles grâce aux données et c'est ce qui nous freine pour l'instant. D'un côté, il y a Facebook et Google et toutes ces grandes entreprises, il y a le ciblage.
Tout le monde dispose de toutes sortes de données sur vous et ils utilisent ces données pour vous comprendre. Et maintenant, nous savons qu'on peut vous comprendre grâce aux données. Malheureusement, nous avons peu de données dans le domaine de la santé.
Donc, si vous voulez aider à faire avancer la recherche, 23andMe vous propose de contribuer à sa plateforme. Avec les informations de nos 10 millions de clients et toute l'information autodéclarée, on progresse énormément dans la recherche pharmaceutique. Et la meilleure façon d'aider mes clients à profiter du génome humain est de trouver un remède de façon préventive. Jusqu'à maintenant, la recherche de nouveaux traitements est le domaine réservé des grands groupes pharmaceutiques. En possédant une quantité pharaonique de données médicales, les GAFA deviennent à leur tour de sérieux concurrents pour les labos.
Les GAFA, c'est probablement la pharma de demain, l'industrie pharmaceutique de demain. Si on veut faire des essais cliniques avec 20 000, 30 000 personnes, qui mieux que Google va pouvoir faire ça, qui aura les bonnes données pour recruter les patients ? Il faut voir que Google, par exemple, a un projet qui s'appelle... Verilai, qui est une structure à l'intérieur de Google, qui crée un registre mondial de données de santé, qui s'appelle Baseline, pour pouvoir dans le futur permettre aux industries pharmaceutiques, mais aussi à Google même, de trouver les bons patients avec les bons critères. Et à la fin, si on veut faire une étude avec des dizaines de milliers de patients, Google aura les bonnes données personnelles pour pouvoir faire ça.
Le monde médical s'occupe essentiellement de patients malades et n'a que peu de données sur la population dite bien portante. En récoltant et en croisant des données sur ces deux grands ensembles, les GAFA auront une vision de notre santé que personne n'a jamais eue avant eux. Une forme d'omniscience que certains tentent de limiter.
Il faut voir que l'Europe, c'est vraiment une limite aujourd'hui, une claire limite sur la carte pour tous les GAFA et toutes les sociétés de data américaines. Elles ont toutes envie de venir en Europe. Pourquoi il faut venir en Europe ? Parce que si on veut faire une étude clinique, il faut aussi des données européennes, si on veut que ce soit accepté par les autorités européennes. Ensuite, si on veut faire de l'intelligence artificielle qui puisse aussi se globaliser sur des données européennes et même asiatiques dans le futur, il faut entraîner ces modèles aussi sur des données européennes.
Donc en fait, aujourd'hui, ces boîtes qui sont quand même des boîtes américaines, si elles veulent devenir globales, elles doivent avoir accès aux données européennes. Les entreprises de la Silicon Valley, lorsqu'elles arriveront en Europe avec leurs innovations, devront nécessairement négocier avec les gouvernements. Ce n'est pas le cas aux États-Unis, puisque 60% du marché de la santé appartient au secteur privé.
Ces entreprises sont donc habituées à opérer dans une économie de marché. Les entreprises de la Silicon Valley qui ont jeté leur dévolu sur le secteur de la santé seront confrontées à une réalité complètement différente lorsqu'elles s'implanteront en Europe. Il y aura inévitablement des tensions à cause des innovations, du cloud et des dossiers médicaux électroniques d'un côté et de l'impératif de maintenir les informations confidentielles des pays. patients de l'autre. Avec le règlement général sur la protection des données, le RGPD, l'Europe a établi un cadre légal pour protéger nos données, entre autres médicales.
Au printemps 2020, quand le Covid a frappé, la plupart de nos gouvernements se sont rendus compte qu'il leur manquait des moyens technologiques pour contenir la pandémie. La France a préféré s'appuyer sur des prestataires nationaux dans un souci de souveraineté. Allez, c'est le cerf, bien, bien, fort maman ! Mais une bonne partie des pays européens a cédé la gestion de ces précieuses données médicales au GAFA, la Grande-Bretagne en tête. Le système de santé universel en Angleterre couvre l'intégralité de la population.
Tout citoyen britannique a libre accès aux soins dispensés par le Service National de Santé, le fameux NHS, qui est directement financé par les impôts. De ce fait, la Grande-Bretagne dispose d'une banque de données médicale parmi les plus convoitées au monde. Les gouvernements britanniques successifs ont été tentés de la monétiser.
Le NHS, c'est un peu le joyau de la couronne britannique. Les hommes politiques et tous les premiers ministres déclarent tous vouloir le protéger. C'est un sujet qui unit les gens de tous bords politiques, une institution dont nous sommes très fiers. fière et qui nous rend très patriotes.
La réalité, c'est qu'elle a été érodée pendant des décennies par les gouvernements successifs, les travaillistes comme les conservateurs. Et pendant la pandémie du Covid, la situation s'est encore aggravée. Marie Fitzgerald dirige Open Democracy, un collectif de journalistes qui surveille l'incursion du secteur privé dans le NHS. Ces dernières années, des pans entiers de la gestion des services de santé ont été progressivement pris en main par les entreprises de haute technologie. Le manque de transparence dans l'attribution de ces contrats a poussé Open Democracy à s'associer à Foxglove, un groupe d'avocats militants.
Ensemble, ils assignent le gouvernement britannique en justice pour exiger que les détails de ces transactions soient rendus publics. Martha Dark est l'une des plus pugnaces. Avec Open Democracy, nous avons travaillé sur la mise en place par le gouvernement du service appelé le Datastore Covid-19, une source unique d'informations vérifiées à disposition des décideurs politiques sur tout ce qui concernait le Covid-19. L'application COVID-19 du NHS est un élément essentiel de la lutte contre le coronavirus. Grâce à la technologie de préservation de la confidentialité d'Apple et de Google, l'application nous aidera à vivre en toute sécurité en vous protégeant, vous et les autres.
Notre préoccupation n'était pas nécessairement l'existence du Datastore en tant que tel, mais le rôle prépondérant de grandes entreprises technologiques dans sa mise en place, Palantir, Amazon Web Services, Microsoft, Google. Par ailleurs, l'implication de ces sociétés n'était pas du tout transparente. C'est fou.
C'est nous qui payons. En tant que contribuables, c'est nous qui payons. Mais nous n'avons aucune idée du service qui est fourni, de ce que les citoyens ont en échange. Mais surtout, ce sera comme ça maintenant ?
Cette mesure est censée répondre à l'urgence du Covid. Mais est-ce que ça ne va pas devenir la nouvelle façon de faire ? Caroline Molloy est une journaliste d'économie.
d'investigation spécialisée dans la santé. Il y a deux problèmes avec ce genre de contrat. Il y a d'une part la valeur des données elles-mêmes. Celle des données du NHS est estimée à 10 milliards de livres.
Nous disposons d'une base de données extrêmement complète, unique en son genre, unique au monde, grâce à notre système de santé universelle. Il y a donc la valeur des données elles-mêmes d'une part, et d'autre part, la valeur de la propriété intellectuelle générée par le travail d'apprentissage automatique effectuées sur ce type de données. Il s'agit d'un très large éventail de données, pas seulement liées au Covid. Cette base de données contient toutes sortes d'informations, comme l'origine ethnoraciale des gens, s'ils sont en prison ou non, toutes sortes de données extrêmement privées et sensibles. Nous avons notamment été alertés par une information selon laquelle Palantir, une grande entreprise technologique américaine controversée, est fondée par le milliardaire...
Peter Thiel, un partisan de Trump, avait accepté le marché en échange du montant symbolique d'une livre sterling. Tout le monde s'est demandé qu'est-ce que Palantir va obtenir en échange ? Quel est l'objectif à long terme ?
Qu'est-ce qu'ils ont à y gagner ? Peut-être qu'ils font simplement ça par bonne conscience citoyenne. Quoi qu'il en soit, ils ont accepté ce contrat pour une livre symbolique. Depuis, le contrat a été prolongé et ils sont payés un million de livres pour la deuxième phase, ce qui reste une bagatelle pour ce genre de contrat. Palantir se présente comme une entreprise fournissant des logiciels spécialisés dans le big data.
Mais concrètement, ces logiciels ont surtout servi à traquer les terroristes, les immigrés clandestins et les criminels pour le compte de la police et de l'armée américaine. En matière d'ingénierie liberticide, son seul concurrent est l'état chinois. Le nom Palantir est une référence au cristal indestructible du Seigneur des Anneaux, le livre de Tolkien. Les qualités omniscientes de cette boule de cristal permettent aux hobbits de contrôler leur territoire, appelé la Comté.
La mission principale de notre entreprise a toujours été de faire en sorte que l'Occident et l'Amérique en particulier soient les plus forts du monde, au nom de la paix et de la prospérité mondiale. Est-il naturel qu'une entreprise liée à la surveillance s'intéresse à notre santé ? La guerre fait-elle progresser la médecine ?
Un grand nombre d'avancées majeures ont été initiées par la recherche militaire. Une population doit être bien portante pour résister ou guerroyer. Et loin de toute polémique, c'est vital pour le maintien de nos sociétés. Dans son interview avec la chaîne CNBC, Le PDG de Palantir parle sans retenue.
C'est le pays avec l'intelligence artificielle la plus puissante qui décidera les règles. Si vous dites aux gens, voici Palantir, une société impliquée dans des programmes de contre-insurrection en Irak et en Afghanistan et qui a géré les expulsions des migrants aux Etats-Unis, pensez-vous qu'elles doivent fournir ces services pour la gestion des données du NHS ? Je pense que la majorité des Anglais diraient non.
Palantir aurait également cherché à protéger les Français de la pandémie. Mais le marché de la surveillance épidémiologique est resté entre les mains d'acteurs nationaux. Ancienne gloire de la technologie à la française, la maquette de la Tour Eiffel trône à Las Vegas.
C'est ici qu'a lieu chaque année le CES, le plus grand salon dédié à l'univers numérique. Le gouvernement français y finance une représentation conséquente pour promouvoir les meilleurs acteurs de la French Tech. Bonjour à tous et bienvenue à notre fête.
Je m'appelle Kat, je suis la directrice de la French Tech. Pour ceux qui ne le savent pas, c'est un mouvement mondial, principalement des Français, mais pas tous, qui essaie de faire de la France l'un des meilleurs endroits du monde pour commencer et escaler les champions de la technologie mondiale qui vraiment importent. On a beaucoup dit et on dit beaucoup que les grandes entreprises de la tech sont américaines.
Nous sommes en train de créer, on l'espère, des grandes entreprises du domaine de la santé, en particulier numérique, qui sont françaises. Et puis c'est évidemment une opportunité d'agir. accélérer la transformation de notre secteur de la santé, de le rendre plus efficace. Salut Philippe Cat de la French Tech. Bonjour, enchanté.
Enchanté. Merci de nous avoir. Avec grand plaisir.
On va raconter tout du coup. il suffit de la capacité de pouvoir mettre la santé de toute la famille dans la poche. D'accord.
Meiko, c'est ce petit bonhomme bleu. C'est un dispositif de rappel de traitement pour les enfants atteints de maladies chroniques. Donc en fait, l'objectif, c'est de les aider à prendre leurs médicaments et que l'enfant vive son traitement moins comme une contrainte, mais plus comme un rituel de l'ordre du jeu.
Ceux-là, ils sont de l'autre côté. De l'autre côté. Allez, on y va.
Aujourd'hui, la technologie est devenue un peu comme la Nouvelle Guerre froide. Quand on regarde le poids que les boîtes comme Google et Amazon et la difficulté de la France parfois à faire face à ces géants, le seul... manière pour nous d'avancer en réalité, et moi j'y crois fermement, c'est pas seul, et c'est avec toute l'Europe.
Si dans les prochaines années, on ne fait pas quelque chose qui est assez drastique et assez ambitieuse, on fait en sorte qu'il y ait une vraie Europe qui est capable de tenir tête. Aux Etats-Unis, à la Chine, on ne va pas vraiment s'en sortir comme ça chacun dans son coin. Si on arrive à créer un consortium d'accès à la data européen global, l'Europe peut être numéro un devant la Chine, devant les Etats-Unis, et faire de l'AI de façon collaborative entre tous les pays, où chacun collabore en travaillant ensemble, je pense que c'est vraiment possible.
Et moi je mettrais la question de la data médicale, souveraine oui ou non, en haut des priorités de l'Assemblée. La France veille à l'avenir de ses données médicales. Son gouvernement a nommé au ministère de la Santé un ingénieur pour défendre sa souveraineté et moderniser son système de santé.
En fait, on s'est fait laver le cerveau. C'est-à-dire qu'on est focalisé sur les GAFAM en se disant on a peur, on est à moitié effrayé, à moitié... fasciné.
Dominique Pont, ingénieur informatique, a mis en place l'infrastructure numérique de la clinique Pasteur à Toulouse. Sa réussite dans ce domaine l'a conduit à en être nommé directeur. Aujourd'hui, il est responsable du numérique au ministère de la santé. Quand j'ai démarré dans cette clinique, donc j'arrivais du monde de l'industrie, on me dit qu'il faut informatiser le dossier patient, c'est-à-dire le dossier médical de l'hôpital.
Et on me présente une étude faite par un grand cabinet conseil. américain qui dit ben y'a pas le choix il faut aller acheter un système soit chez ibm soit chez bull donc moi je dis moi je le sens pas ça je sens pas j'ai envie de faire un peu voilà des petites choses toutes simples avec les gens de terrain avec les médecins d'ici on va construire notre propre modèle, notre propre start-up. Trois ans après, en fait, notre système s'est installé partout en France, humblement, parce qu'il correspondait au terrain, parce qu'il correspondait à une vision très centrée humaine.
Et au bout d'un moment, qu'est-ce qui s'est passé ? Eh bien, globalement, la part de marché, elle a été prise dans le marché français, sur le dossier passé informatisé, à de très gros opérateurs. Après ce succès, Dominique Pont a été chargé par le gouvernement français d'un plan à 2 milliards d'euros pour numériser la santé. On nous fait croire que le numérique c'est des choses big, qu'il n'y a pas d'autre solution, qu'il n'y a pas d'autre voie possible que des choses énormes, que des choses big. C'est un petit peu comme si on nous faisait croire qu'il n'y avait que des forêts de Baobab.
Moi je dis non mais c'est fou. il y a des forêts avec des chaînes, il y a des forêts avec des bouleaux, il y a des forêts avec des buissons. Donc construisons notre écosystème et notre vision des choses.
Si on ne se saisit pas de la souveraineté numérique, c'est nos enfants qui pleureront dans 10 ans parce que notre génération n'aura pas été capable de construire un début de souveraineté. Et le numérique, pour moi, en fait, on y joue notre système de santé. En Allemagne, au cœur de la forêt noire, la vallée de la Kinzig a été pionnière dans la création d'une communauté de santé digitale baptisée Gesundes Kinzigtal.
Avec l'accord des patients, toutes les informations pertinentes sont... partagés entre les services sociaux et les intervenants de la chaîne de soins. A leur petite échelle, ils ont un temps d'avance sur les ambitions globales des GAFA.
Tout d'abord, il y a une réglementation qui encadre le type d'informations que nous pouvons collecter. Cela va du nom de l'adresse, la date de naissance jusqu'au diagnostic, les médicaments prescrits, etc. Mais là où nous avons fait un véritable saut quantique, c'est lorsque nous avons décidé de partager les informations obtenues sur les patients avec l'ensemble des soignants. La sécurité des données est assurée et le patient doit donner son accord au partage des données.
Nous avons une plateforme électronique pour le partage des informations sous la forme d'un dossier médical dématérialisé. de façon à ce que mon collègue spécialiste puisse voir et utiliser mon travail. De la même manière, je vois en temps réel quels traitements sont prescrits par mes collègues. Ça, c'est un réel progrès. Nous ne dépendons pas d'un système imposé par un opérateur, mais nous choisissons nous-mêmes quelles informations sont nécessaires.
Tout n'est pas noté, seulement ce qui est important pour le traitement. Enfin, cela ne demande pas d'investissement financier de la part des médecins pour acquérir un logiciel en particulier ou une technologie particulière. Chacun peut se connecter rapidement et simplement à ce système. Ce qui est important, c'est de savoir à quelle échelle se situe notre analyse. De notre point de vue, il faut que l'entité soit régionale, car les soins se déroulent sur place, au sein de la région.
Quand une population de 30 à 100 000 assurés est prise en charge par un tel modèle, alors le nombre de partenaires qui travaillent ensemble reste gérable. Ils se connaissent, se rencontrent sur la place du village. C'est un rapport personnel. avec un ancrage régional car ils habitent là, sont peut-être eux-mêmes patients. Évidemment, c'est totalement différent si 3 à 4 000 médecins opèrent dans un tel système.
Pour nous, l'entité doit être régionale et pas trop grande. Cette solution locale pourra-t-elle résister encore longtemps à la déferlante des GAFA ? Car pour être rentable, les géants de la tech doivent... poser leur solution à l'échelle mondiale. Et dans le secteur médical, l'activité la plus lucrative est l'assurance santé, ce qu'en France on appelle une mutuelle.
Certaines grandes entreprises technologiques investissent déjà ce domaine. Avec Care, Amazon est probablement la plus avancée. Et après avoir testé ses services d'assurance santé auprès de ses employés, elle les propose déjà en un clic à ses clients américains. Et bientôt, à ceux du monde entier.
Amazon sera probablement le plus grand assureur en santé, vous donnera accès à tous vos médicaments dans le futur, faut pas croire ! Dans le futur ce sera Amazon qui vous donnera votre petit pilulier, commandé à l'avance, tous les outils qui iront avec, le brassard pour l'attention, il vous connaîtra parfaitement, il sait que vous avez commandé aussi trop de sel via vos chips Doritos et du coup vous empêchera de les commander directement, enfin c'est extraordinaire ce qu'il connaît sur vous Amazon ! Depuis 2016, une start-up française, Alan, est déterminée à bâtir une assurance santé si adaptée aux besoins des utilisateurs européens, qu'elle espère pouvoir faire face à la concurrence étrangère.
Charles Gorantin a fait ses débuts comme expert en données numériques chez Facebook, Instagram et Twitter dans la Silicon Valley. Il est revenu en France pour défendre sa vision d'une Europe numérique souveraine et a cofondé Alan avec Jean-Charles Samuelian. La seule manière de se battre, c'est d'avoir des technologies qui sont supérieures, aller plus vite.
Parce que si ils arrivent avec des meilleurs produits et des meilleures technologies, on va perdre. Et ça s'est reproduit trop de fois dans l'histoire. Pour nous, c'est indispensable de rester indépendant, de construire cet acteur européen qui pourra tenir tête à tous ces acteurs américains.
Et du coup, nous notre enjeu en tant que boîte, c'est d'arriver à faire en sorte que Amazon investisse très bien mais ce qu'on fait soit dix fois mieux qu'Amazon, dix fois mieux que les autres GAFA. Nous c'est une question de vie ou de mort. Si on n'arrive pas à résoudre ça, à l'âne existant.
Pour Amazon, c'est qu'une petite partie de leur business. Le deuxième élément, je pense, c'est la compréhension de l'écosystème européen. Il faut avoir grandi dedans, il faut avoir vécu dans ce système. Et il y a des données éthiques et de valeur qui sont très différentes des États-Unis. Experte dans le domaine de la santé, Nabomita Dutta a travaillé pour plusieurs entreprises technologiques, dont la branche santé d'Uber et Oscar Health, une mutuelle tout digitale financée par Google.
La santé aux Etats-Unis, c'est un secteur qui représente 3 600 milliards de dollars par an et c'est en constante augmentation. C'est presque 18% du PIB américain et chaque année, cette charge financière continue d'augmenter. Ces dernières années, malgré le pourcentage du PIB consacré à la santé, c'est la première fois dans l'histoire des États-Unis que l'espérance de vie diminue année après année.
Le secteur de la santé aux États-Unis s'est développé avec une multitude d'acteurs privés, tous guidés par le profit. Ce qui incite l'ensemble du corps médical à multiplier les actes parfois évitables. Le système américain se trouve ainsi dans l'incapacité de ramener l'ensemble des acteurs à une politique de santé moins dispendieuse et plus efficace.
La plupart des systèmes de santé fonctionnent sur le modèle du paiement à l'acte, ce qui signifie que les médecins sont payés en fonction du nombre de procédures qu'ils pratiquent. La conséquence, c'est que les médecins ne sont pas incités à assurer la meilleure issue possible pour votre parcours de soins. Couteux et peu efficace, le système de santé des Américains est un sujet trop explosif pour que les hommes politiques, tous bords confondus, envisagent la moindre réforme. Cet immobilisme a motivé les GAFA à intervenir là où les gouvernements successifs s'étaient montrés impuissants. En Europe, la plupart des systèmes de santé sont fondés sur la solidarité.
Cette couverture universelle a notamment permis un allongement de notre espérance de vie. Mais aujourd'hui, nos systèmes de santé publics sont menacés par l'augmentation des coûts et la diminution des ressources. En soignant tout le monde gratuitement, nous avons aussi négligé les vertus de la prévention. Le système de santé allemand, comme beaucoup d'autres, n'encourage pas vraiment la prévention et l'éducation sanitaire.
C'est-à-dire que plus il y a d'opérations effectuées, plus cela rapporte à l'hôpital. Et plus le médecin fait de consultations, plus il est rémunéré, en résumé. Notre société est une société de la santé.
de la maladie. Elle se concentre sur la maladie plutôt que de se concentrer sur le bien-être. Je appelle cela la philosophie de Superman. C'est le super-héros qui vient vous secourir du mal.
méchant monstre et vous sauve. Vous subissez une opération, vous étiez sur le point de mourir et voilà le chirurgien vous a épargné une mort atroce. C'est génial. Nous sommes impressionnés et nous admirons le pompier qui a sauvé l'enfant de l'incendie au cinquième étage de l'immeuble et a mis en place cette pièce. née en lieu sûr.
Mais très peu de gens pensent à l'inventeur du détecteur de fumée qui a probablement évité des milliers de situations similaires. Pour moi, c'est le point décisif. Comment inverser la tendance ?
Comment parvenir à ce que tout ce système, avec ses acteurs, soit bénéfique aux patients et à la société dans son ensemble ? En coulisses, cette révolution a déjà eu lieu. La conjonction du big data et de l'intelligence artificielle a déjà donné naissance à une autre médecine.
Une médecine où il est moins question du nombre de lits d'hôpitaux que de diagnostics individuels et précoces. Une médecine dont l'objectif n'est plus d'attendre que les gens tombent malades pour les soigner, et où il s'agit avant tout de prévenir plutôt que de guérir. Le problème, c'est que le principe de prévention n'est pas encore suffisamment appliqué.
Les hospitalisations sont un échec des soins ambulatoires. Les soins ambulatoires sont un échec des soins à domicile. Et les soins à domicile sont un échec de la prise en charge des communautés. Nous voulons réparer la communauté du monde. Ces belles promesses ont de quoi nous séduire et appâter nos gouvernants.
Mais sur un sujet aussi vital que la santé, peut-on raisonnablement croire aux professions de foi des GAFA ? Leur intrusion dans les moindres recoins de notre vie quotidienne s'est déjà installée sans mandat politique. Comment cette fois-ci tenter de contrôler leurs agissements ? Y a-t-il encore des alternatives possibles ?
Il est certain que nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle et il est très enthousiasmant de voir des entreprises technologiques s'implanter de façon significative dans ce domaine. Elles ont beaucoup à apporter en termes d'expérience et de savoir-faire dans la recherche, dans la personnalisation des services. Mais fournir des services de santé reste beaucoup plus complexe que de gérer la livraison de votre lessive. Les GAFA s'infiltrent donc à tous les étages.
Après l'aide au diagnostic et la guérison, ils investissent très logiquement le champ de la prévention. Ils martèlent un message. Prendre soin de sa santé est indissociable d'une activité physique régulière.
Avides d'informations sur leur performance, les sportifs en herbe s'équipent avec leurs outils connectés de plus en plus sophistiqués. Et les GAFA récupèrent ces précieuses données. Mais ce qui devient encore plus inquiétant, c'est qu'ils vont jusqu'à sceller des partenariats avec de grandes sociétés d'assurance aux États-Unis. Bien plus qu'Apple, Amazon et Google en savent un maximum sur nous. Sans surprise, ils proposent eux aussi des bracelets connectés pour réguler nos fonctions vitales et nos comportements quotidiens.
Aujourd'hui, certains assureurs en collaboration avec Amazon, avec les GAFA, proposent des récompenses à leurs clients parmi les plus dociles. Mais demain, nous imposeront-ils des contraintes ? Ce qui est extrêmement important, c'est la confiance. Si on pénalise quelqu'un pour l'utilisation ou la non-utilisation d'un objet connecté, pénaliser par exemple un fumeur parce qu'il a décidé de fumer, On casse la confiance parce que le fumeur ne va plus nous dire qu'il fume, parce qu'il n'aura plus intérêt à nous le dire.
Nous, on pense que c'est en créant cette confiance, en établissant ce lien entre l'assuré et l'assureur, qu'on va pouvoir offrir les meilleurs outils pour pouvoir lutter contre cette addiction. ou bien complètement différemment lui permettre d'être en meilleure santé parce que cette personne est libre de choisir son mode de vie. C'est pour ça qu'on n'a pas du tout lié la prévention à nos primes d'assurance. On voit ça vraiment de deux manières indépendantes.
C'est un service qu'on aide pour aider, mais en revanche, on ne le lira jamais à l'argent et aux finances. Parce que ça, on trouve que c'est assez grave. Et ce n'est pas parce que quelqu'un ne fait pas 10 000 pas par jour que c'est quelqu'un de mauvais ou qui mériterait de payer plus. Aussi insistants que les messages gouvernementaux et sous couvert de prévention, nos applications nous rappellent sans cesse de manger bouger. Mais cette carotte technologique est-elle réellement en passe de devenir plus efficace que le bâton du médecin ?
Beaucoup de gens sont au courant des risques pour leur santé et des moyens de l'améliorer, mais ils ne changent pas pour autant leurs habitudes. Le défi est de savoir quels outils et solutions changeront véritablement les comportements. Il y a eu beaucoup d'outils qui vont de la santé comportementale au programme de bien-être.
Par exemple, je vérifie mon nombre de pas. mais pas régulièrement. Comment créer des solutions qui ont un réel impact et produisent les résultats dont nous avons besoin ?
Tant que nous n'aurons pas développé des programmes qui ont prouvé leur rentabilité et leur efficacité, nous serons bloqués. Il faut en effet essayer de résoudre le problème de la prévention. C'est là où les réseaux sociaux pensent pouvoir intervenir. en utilisant leur savoir acquis grâce à nos données personnelles pour transformer le comportement des consommateurs.
Parlons des expériences de contagion à grande échelle de Facebook. Facebook a testé, en intégrant des indices subliminaux dans ses pages, ce qui pourrait réellement influencer les comportements et les émotions dans la vraie vie. Nous savons maintenant comment manipuler ces indices subliminaux en ligne pour qu'ils aient un impact sur un comportement ou une émotion dans la vraie vie.
Nous savons que nous pouvons y arriver. Nous pouvons exercer ce pouvoir, ces méthodes, tout en contournant la conscience des utilisateurs. Nous sommes peu à peu tombés à la merci des expérimentations des géants du Web, aussi discrètes soient-elles.
À l'avenir, comment protéger notre libre arbitre face aux assauts de leurs algorithmes ? Nos États ont-ils encore la moindre marge de manœuvre ? Si le destin de nos démocraties a déjà pu basculer et se jouer sur les réseaux sociaux, quel pourrait être leur impact sur notre santé ? Si vous connaissez suffisamment bien la biologie et que vous avez assez de puissance de calcul et de données, vous pouvez pirater mon corps, mon cerveau et ma vie.
Et vous pouvez me comprendre mieux que je ne me comprends moi-même. Un système qui nous comprend mieux que nous ne nous comprenons nous-mêmes peut prédire nos émotions et nos décisions, peut manipuler nos émotions et nos décisions et peut finalement prendre des décisions à notre place. Mais ces techniques, conçues pour engranger des bénéfices sur des milliards d'individus, sont peu démocratiques et sont déployées sans mandat politique. Alors que des alternatives plus humaines existent pour maintenir notre santé et notre bien-être social.
Au cœur de la forêt noire... Ghezoundos Kinsiktal conduit depuis 10 ans une expérience mettant en avant la prévention. A travers des centres dédiés et un programme d'information, les médecins, écoles, commerces et entreprises de la région travaillent de concert pour améliorer la santé de la population locale.
Ça devrait pas te faire mal. Ça va ? Ok. Alors on reste encore un petit peu, maintenant tu peux te relever tout doucement, lentement, super.
On regarde ce que ça donne. Colle bien tes pieds au mur. Là, c'est bien.
Ensuite, tu dois lever les bras en arrière. Ce modèle de santé intégré a démontré ses bienfaits pour les individus et pour la communauté. Exact. Donc c'est tout bon. Parfait.
Je suis responsable des opérations de la santé au sein de Gesundes Kinsiktal. Je m'occupe de 30 entreprises de la région, ce qui représente 4300 employés. Aujourd'hui, à Strasbourg, je suis en train de faire des opérations de la santé.
Nous avons organisé une journée de la santé. Nous essayons d'encourager les gens à avoir une meilleure hygiène de vie au sein de l'entreprise. Nous proposons un flex check, un test de souplesse, un entraînement pour le dos, une mobilisation de la tête.
des pieds et aussi un atelier de cuisine. Oui, environ 20 minutes, il faut que ça gonfle. Ça peut prendre beaucoup de temps.
Oui, c'est vrai, mais moi je ne sais jamais si je rentre à la maison, si je reçois des amis, si je dois cuisiner. Les médecins de Ghezoundos-Kinziktal ont mis en place des programmes de soins préventifs individualisés. Chaque personne au sein de la communauté bénéficie d'un suivi personnalisé. Son activité physique est recentrée et évaluée en s'appuyant notamment sur l'enregistrement des équipements sportifs du programme.
Avec notre programme Starkes Herz, qui veut dire cœur fort, nous avons réalisé des économies, car nous avons proposé un programme ciblé aux patients et ainsi éviter des hospitalisations. Nous avons observé une baisse effective de 60% des hospitalisations. Alors, comment ça va ?
Bien, maintenant du concret, vos taux de sucre. D'abord, il faut que je vous dise un grand bravo, car vous n'êtes plus dans le rouge et vous vous êtes stabilisé. Sur le long terme, les taux sont très bons, c'est un excellent résultat.
Vous avez perdu combien ? A peu près 13 kilos. 13 kilos ?
C'est vraiment bien. Vous prenez encore des médicaments ? Non, plus aucun.
C'est un résultat formidable. Lorsque nous avons fixé la maladie, et les objectifs il y a six mois, il était très sceptique. Il a dit, bon, on peut essayer, mais il n'était pas très convaincu.
L'obésité, une pression sanguine élevée, des troubles lipométaboliques, le diabète, au début, ça ne fait pas mal, c'est supportable. Je vais bien, ça m'est égal si j'ai 30 kilos de trop. Mais il a vu qu'en appliquant les règles établies avec son médecin, les résultats sont au rendez-vous. Je peux affirmer que la prévention est utile.
Le temps que je consacre à mes patients, les efforts que je fais pour eux en valent la peine. J'ai à nouveau le sentiment que cela vaut le coup d'être médecin. J'aime exercer mon métier et j'ai retrouvé ma motivation, car avec deux ou deux skins in tal, je ne me contente plus de sauver les meubles, si vous voyez ce que je veux dire, mais je peux réellement prévenir les maladies. Un, deux...
Le modèle Kinzigtal a été soumis dès le départ à un audit externe. Et ces études ont démontré l'amélioration de la situation sanitaire au fil des années. Les gens vivent plus longtemps...
et sans pour autant être malade plus longtemps. Une série d'indicateurs montrent également qu'il y a une baisse des abus thérapeutiques, que les gens sont davantage soignés en ambulatoire, que le niveau de satisfaction des patients est très élevé. et que tout en atteignant ces objectifs, les dépenses ont pu être réduites.
Je crains qu'il y ait de plus en plus de grands groupes dans le domaine de la santé qui mettent en place un système de gestion à un niveau plus haut que la région. C'est ma crainte. Personnellement, j'espère que mes collègues, pas seulement en Allemagne ou dans la vallée du Kinzigtal, mais aussi au niveau européen et mondial, réfléchissent à ce qu'ils savent faire en tant que... que bons médecins.
Car nous savons travailler en équipe. C'est ainsi que nous sommes formés. Et si nous nous remettons à travailler en équipe, nous serons toujours en mesure de jouer un rôle dans la santé de nos patients.
Mais si c'est un grand groupe qui décide de ce qui est possible de faire dans le domaine de la santé, alors il est évident qu'à un moment donné, il va aussi décider des limites de ce qu'il juge impossible de faire pour les patients. Et c'est précisément ce que je crains, que des limites très réductrices soient définies. Aussi vertueux et efficace soit-il, le modèle humaniste de cette petite vallée allemande paraît bien fragile face à la déferlante d'une médecine ultra-technologique, hyper-individualisée et totalement inégalitaire venue d'une autre vallée en Californie, cette Silicon Valley, où on avance vite et on casse les codes.
Nous devons l'expression avancer vite et casser les codes à Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. Les jeunes entrepreneurs dont regorge la Silicon Valley et qui tentent de disrupter le secteur de la santé ont presque intériorisé cette éthique selon laquelle il est bon de perturber les systèmes en place. et de ne pas prêter attention aux règles. Mais dans le domaine de la santé, cela devient très dangereux. Cette course à la surenchère technologique est alimentée par la frénésie des investisseurs.
Tant que les levées de fonds s'enchaînent, peu importe que les... remèdes miracles soient survalorisées. En 2010, la start-up Terranos assure à ses investisseurs que la nouvelle technique qu'elle développe permettra de diagnostiquer plus de 200 pathologies à partir d'une simple goutte de sang.
C'est le mirage d'une révolution. technologique dans la prévention. Plus rapide, plus efficace et moins cher. Jim Cramer, le présentateur vedette de Mad Money sur CNBC, est fasciné par Elisabeth Holmes, la fondatrice de Theranos. Theranos, une société de diagnostics révolutionnaires qui menace de changer la santé, comme Amazon a changé le commerce de proximité, ou qu'Apple a changé le téléphone portable.
Cela pourrait être aussi énorme que ça. Vous pourrez d'ailleurs bientôt en faire l'expérience près de chez vous, car une gigantesque chaîne de pharmacie a investi dans les solutions Theranos. Est-ce l'avenir de la médecine préventive ? Voyons cela de plus près avec Elisabeth Holmes, fondatrice et PDG de Theranos, la plus jeune femme milliardaire américaine. Bienvenue dans Mad Money.
Merci, c'est un plaisir d'être ici. Merci. Elisabeth Holmes doit sa réussite au mythe selon lequel des jeunes gens, sans formation sérieuse dans les domaines qu'ils veulent transformer, peuvent être à la hauteur de la confiance et du pouvoir qui leur sont accordés.
Et je pense que c'est allé trop loin. Convaincu que les promesses de Theranos étaient mensongères, John Carreyrou a enquêté sur les coulisses de la société pour le Wall Street Journal. La publication de son livre, Bad Blood, a conduit à l'inculpation en juin 2018 d'Elizabeth Holmes pour fraude et conspiration. Les centaines de millions de dollars investis dans son entreprise par les cadors de Wall Street sont partis en fumée.
Elizabeth Holmes a depuis été jugée et condamnée pour escroquerie en janvier 2022. Il y a une bonne raison pour laquelle la santé est l'industrie la plus réglementée au monde. Et cette raison, c'est qu'il s'agit du bien-être et de la vie des gens. Si le scandale Theranos n'est pas la seule escroquerie dans l'univers des start-up, son ampleur et le fait qu'elle touche au domaine de la santé ont profondément ébranlé la Silicon Valley.
Mais elle n'empêche pas ces géants de poursuivre leurs rêves, que les patients deviennent des clients, prenant eux-mêmes en main la gestion de leur santé. Grâce aux nouveaux outils qu'ils développent, leurs utilisateurs pourront se passer au maximum d'un contact avec les médecins. Jusqu'à présent, les médecins étaient aux commandes, mais les acteurs de la Silicon Valley les voient parfois comme un frein à tout progrès.
Pourrait-il à terme se retrouver ubérisé ? par l'invasion du numérique. Avant le Covid, la télémédecine était utilisée de façon limitée. Les médecins n'étaient pas à l'aise avec cette méthode.
Si on demandait aux patients, en revanche, ils étaient très intéressés, mais ne savaient pas si le service était disponible et si c'était couvert par leur assurance. Le COVID-19 a transformé notre façon de penser la prestation médicale et a démystifié la télémédecine, en particulier la consultation médicale à domicile. Nous ne ferons pas machine arrière, cela deviendra une exigence des consommateurs.
Le génie est sorti de sa lampe. Les gens, aussi bien les prestataires que les patients, ont compris que de nombreux services pouvaient être fournis virtuellement. Cela diminue le temps d'attente.
C'est bien plus pratique à plein de niveaux. Et la technologie va devenir un élément central de ce changement, qu'il s'agisse des visites virtuelles, de l'utilisation de l'intelligence artificielle, de la personnalisation. et, in fine, de l'accès aux soins et des bénéfices sur la santé. Bonjour, je suis Docteur Lee.
Comment vous appelez-vous ? Face à ces nouvelles pratiques, la journaliste d'investigation Caroline Molloy se montre sceptique. Je vis dans une région plutôt rurale, où les hôpitaux et les centres médicaux ont été fermés, et où les gens ont dû aller de plus en plus loin pour se faire soigner.
Les réformes semblaient toutes aller dans le même sens. Rendre l'accès aux soins en personne, plus difficiles. On nous vantait les alternatives numériques et on nous disait Peu importe que nous fermions votre clinique, puisque vous pourrez accéder aux services en ligne. On imagine bien le potentiel phénoménal de Big Data offert par la dématérialisation progressive des services du NHS.
Ce qui apparaît clairement en lisant les rapports, les audits de PWC et autres, c'est qu'il s'agit d'une véritable ruée vers l'or. Pour ces entreprises, c'était la partie la plus rentable, peut-être même la plus rentable de toutes les activités de la tech. Comment gagnent-ils de l'argent avec nos services de santé ? En siphonnant les secteurs qui sont rentables, en identifiant quels services ils peuvent fournir à qui et en en tirant un profit. Est-ce que le reste les intéresse ?
Est-ce qu'ils s'intéressent aux domaines qui sont coûteux et complexes et qui sont l'essence même de ce que doit être un service public ? Non. Pourquoi le serait-il ?
Comment faire de l'argent avec ça ? une pénurie de médecins a conduit à la création de cabines de télémédecine espaces privatifs équipés d'instruments certifiés qui commencent à s'installer dans le monde rural et m m Bonjour et bienvenue. Je suis là pour vous accompagner tout au long de cette séance de prise de mesure qui ne durera que quelques minutes.
Pendant la crise des gilets jaunes et notamment avec les cailles d'oléance qu'on a mis en place dans nos mairies, l'une des premières, si ce n'est la première question ou la première demande qui est faite, c'était l'accès aux soins. Veuillez patienter pendant que le professionnel de santé se connecte. Bonne consultation ! Le médecin de campagne qui fait 70 à 80 heures par semaine, qui va chez tous ses patients, qui connaît tout le monde, c'est fini, ce temps-là il est terminé. Donc si on a les médecins qui ne souhaitent plus venir dans nos campagnes, on doit pouvoir répondre à...
besoin de concitoyens et le numérique a ce site positif, c'est qu'il permet aujourd'hui de faire de la téléconsultation, donc de la consultation à distance. C'est pour ça que je crois beaucoup à la télémédecine, non pas pour remplacer les médecins, c'est absolument pas fait pour ça, mais pour répondre... on a un besoin avec les nouvelles technologies qui existent aujourd'hui. Ce qu'on ne pouvait pas faire hier, c'est ce qu'on peut faire aujourd'hui.
Vos mesures sont terminées. Veillez à récupérer vos effets personnels, ainsi que les tickets récapitulatifs de vos résultats. Tout s'est bien passé ? Oui, madame. Impeccable.
Charmant docteur qui m'a consulté depuis quand ? Très bien. Ça fait des kilomètres quand même.
Cette cabine, quand je l'ai vue, j'étais... J'ai été un petit peu ébloui par cet appareil qui est un très bel appareil de fabrication française, il faut bien le dire. C'est vraiment du top.
Nécessité faisant loi, la politique du tout-écran réduit progressivement les contacts humains. Mais si la télémédecine tente de combler un vide, n'est-elle pas en train d'en créer un autre plus insidieux ? L'un des principaux facteurs de longévité est la relation établie avec un même professionnel de santé, la construction d'une relation sur le long terme avec votre médecin généraliste.
Et c'est le genre de choses qui est balayée par le modèle économique de ces acteurs du numérique. Quelles que soient les évolutions de technologie, quelles que soient les difficultés économiques, À la fin, quand vous avez un cancer, quand vous avez peur de mourir, la seule chose qui va compter, c'est d'avoir un être humain qui connaît un peu et qui va être dans une relation d'humanité avec vous. Le fondamental, c'est ça. Même si vous avez Google Analytics, qui vous permet de savoir plein de choses sur la façon dont vous allez mourir, en combien de temps, vos pourcentages de chance, etc.
Le seul truc qui va compter, et c'est ça être un être humain, c'est qu'à un moment donné, vous aurez besoin de quelqu'un qui traduise une... une forme d'humanité dans la relation de soins avec vous. C'est tellement évident, n'est-ce pas ? Cela remet en question la relation thérapeutique. C'est quelque chose dont nous avons tous pris conscience au cours de la pandémie.
Peu importe la quantité d'interactions que nous avons avec les gens en ligne, il y a quelque chose qui nous manque quand nous ne sommes pas dans la même pièce. S'il ne s'agit pas ouvertement de se soigner soi-même, les dérives possibles de cette hyper-individualisation sont vertigineuses. Il n'y a qu'à voir ce que les incertitudes autour du Covid-19 ont pu susciter au sein de nos sociétés pour s'interroger sur la validité de telles promesses.
Je veux inciter les gens à prendre possession de leurs informations génétiques. Et la beauté de la génétique, c'est qu'elle vous donne l'occasion de savoir quels sont vos risques et de réfléchir à la façon dont vous pourriez potentiellement les prévenir. Et franchement, les seules personnes qui se soucient de la prévention, c'est vous et votre famille. Cela ne fait pas partie du système médical. Mais si les médecins ne sont plus aux commandes, comment prendre la bonne décision face au flot d'informations médicales détenues et diffusées par les GAFA ?
Les patients vont-ils être contraints de décider eux-mêmes de leurs grandes orientations thérapeutiques ? Tout le vivant, pendant 4 milliards d'années, les dinosaures, les amibes, les tomates, les humains, tout le vivant était soumis aux lois de la sélection naturelle et aux lois de la biochimie organique. Mais tout ça est sur le point de changer. La science est en train de remplacer l'évolution via la sélection naturelle par l'évolution via l'intelligent design, le dessin intelligent. Pas le dessin intelligent d'un dieu au-dessus des nuages, mais notre propre dessin intelligent.
Et le dessin intelligent de nos clouds, les clouds d'IBM, de Microsoft, ce sont eux les nouveaux moteurs de l'évolution. Nous sommes aujourd'hui à l'aube d'un monde nouveau. Nous assistons à la rencontre inédite du Big Data, de l'intelligence artificielle et des dernières découvertes en matière de recherche génétique.
Un mariage, pour le meilleur ou pour le pire ? Chercheur à l'université de Harvard et au MIT, le docteur George Church est une sommité mondiale de la recherche génétique. Il a été le premier à effectuer le séquençage complet de son génome, ce qui ne l'empêche pas d'être attentif aux potentielles dérives de cette nouvelle médecine prédictive. La principale étant l'éradication des déficiences génériques et la sélection génétique des futurs êtres humains, ce qui au siècle dernier était qualifié de génisme. La grande différence entre la génétique moderne et l'eugénisme, qui a eu cours entre les années 1920 et les années 1970, au Royaume-Uni, aux États-Unis et malheureusement en Allemagne, pendant une partie de cette période.
La grande différence, c'est la coercition. À l'époque, on a forcé les gens à limiter leurs options en utilisant la stérilisation et, dans certains cas, le meurtre de citoyens. Aujourd'hui, il s'agit davantage d'élargir les options. Maintenant, les choix sont faits principalement par les parents lorsqu'ils prennent des décisions pour leur famille. Il s'agit donc de les éduquer afin qu'ils puissent faire un diagnostic prénatal, un diagnostic pour la fécondation in vitro, faire la recherche d'un partenaire sur des critères génétiques.
Plus vous agissez tôt, moins c'est médical et moins c'est orienté vers les aspects négatifs. Néanmoins, il faut être prudent sur un aspect que pourrait avoir en commun l'ancien eugénisme et la génétique moderne. Le fait que l'humanité pourrait perdre en diversité.
Avant la génétique moderne, la science a cherché par d'autres moyens à influer sur l'évolution de l'être humain. Dans l'entre-deux-guerres, le gouvernement britannique a constaté que seul un tiers des hommes était apte à combattre. De gros investissements ont alors été effectués pour étudier la santé de la population. L'industrie pharmaceutique et l'État se sont notamment penchés sur l'hygiène de vie des bien portants dans le but d'améliorer encore leur santé, plutôt que sur celle des malades. À Pécam, au sud de Londres, une fondation pharmaceutique, la Welcome Trust, a construit avec l'État un centre destiné à étudier les familles de ce quartier.
Les gens ne tuent pas le temps au centre, ils utilisent le temps. Ils acquièrent la santé physique et mentale. Ils peuvent faire ce qu'ils aiment, quand ils aiment, comme ils aiment. Et de cette manière, le centre devient une communauté de familles, et pas juste une masse d'individus. Tout ce qu'ils font au centre est de vrai intérêt scientifique.
Je suis le docteur Scott Williamson. Je suis le docteur Pierce. Nous aimons toujours rencontrer nos familles membres quand elles se rejoignent, parce que nous aimons leur dire ce que nous essayons de faire.
Et ce que nous essayons de faire, c'est d'étudier la santé. D'éclater ce qu'est la santé. Et, étrangement, c'est la première fois que cela a été touché.
Vous voyez, nous avons déjà découvert que la santé n'est pas juste une chose de ne rien avoir de mal avec vous. Ça a à voir avec la vitalité et le développement de la famille en tout. Moins de 20 à 30% des résultats de vos traitements médicaux sont déterminés par des facteurs cliniques. Le reste est environnemental. Avez-vous accès à des aliments nutritifs ?
Pouvez-vous faire de l'exercice ? Avez-vous accès à des services sociaux ? Vous sentez-vous isolé ? Êtes-vous intégré dans la communauté ?
Les médecins de PECAM ont mesuré tous ces paramètres sociaux au sein de la famille. Mais après deux décennies, l'expérience de PECAM s'est arrêtée, entre autres parce que les adhérents du centre ne supportaient plus d'être épiés en permanence par des médecins bienveillants, mais trop intrusifs. Vous pensez beaucoup à ce qu'ils disent, n'est-ce pas ? Oui, je le fais.
Je ne le fais pas et je pense qu'ils sont des cranks. Mais je ne vais plus à ce endroit. Et laissez-moi seule, pour le bon Dieu. plus à risque face au Covid. Nous savons malheureusement, dans le contexte de la pandémie de Covid, que si vous venez d'un milieu pauvre, si vous êtes d'une certaine race ou ethnie, ou si vous êtes âgé et avez des problèmes de santé, vous êtes plus susceptibles, non seulement d'attraper le virus, mais aussi de succomber à ses effets secondaires les plus graves, ou même de mourir.
J'ai trouvé très rassurant de voir que les algorithmes avaient été utilisés ces derniers mois pour détecter les patients les plus à risque et pour les faire avancer dans le calendrier de vaccination de manière... automatisé dans autant de pays. Cela montre le potentiel de l'utilisation des algorithmes, même rudimentaires, dans la lutte contre certains de ces déterminants sociaux de la santé. Ces algorithmes vont permettre aux médecins d'offrir de meilleurs soins, plus rapidement, aux patients vulnérables qui en ont le plus besoin au sein de leur communauté.
Si nous voulons vraiment changer la santé, nous devons nous concentrer sur ce qui compte vraiment. Nous ne devons pas seulement séquencer le code postal de tout le monde, nous devons séquencer votre ADN. Nous devons comprendre tout ce qui se passe dans votre environnement. Cette surveillance systématique ne peut aujourd'hui être effectuée que par les GAFA, Facebook en tête. Mais qui donc endossera la responsabilité politique alors que les GAFA encerclent notre santé en devenant d'incontournables prestataires ?
Nos gouvernements, dépassés par la taille du chantier de la santé, leur ont trop facilement cédé le contrôle. pour organiser un survey à large échelle sur Facebook pour demander aux gens quels sont les symptômes qu'ils ressentent, que ce soit une févre ou un ventre, une faible respiration, un manque de bruit ou rien. Mais nous pouvons aussi travailler avec les chercheurs pour produire un map interactif basé sur les données aggregates qui offre un map quotidien, de ville par ville, des symptômes que les gens ressentent dans le pays.
On va commencer à faire ces surveillements, pas seulement aux Etats-Unis, mais aussi à l'international. C'est presque tous les pays, sauf pour un couple comme la Chine et la Corée du Nord. Donc, c'est un sens de comparaison entre les pays, sur une base de pays par pays, dans tous les pays, où il y a plus de besoins, partout au monde. Même si Facebook a démontré qu'il pouvait être un service d'utilité publique, Avec autant de pouvoir, on peut s'interroger sur les véritables motivations de Mark Zuckerberg. Allons-nous laisser les algorithmes biaisés par une idéologie incontrôlable prendre en main nos destins individuels et collectifs ?
Avez-vous des ambitions politiques ? Non. Est-ce que Mark a des ambitions politiques ?
Non, pas pour notre famille. Vous ne pensez pas qu'il se présentera un jour ? Ces initiatives ont un impact sur le débat public concernant les politiques publiques.
Et à un moment donné, vous êtes suffisamment impliqué pour dire je ne peux plus rien faire avec mon argent, je dois faire changer les lois Nous soutenons certaines causes, mais nous ne pensons pas être les bonnes personnes, ni que notre expérience et notre voix doivent écraser celles des autres. Ceux qui se sont emparés des algorithmes des machines à sous de Las Vegas et les ont injectés dans nos réseaux sociaux pour nous rendre dépendants se rendent compte de leurs erreurs et veulent rendre la technologie plus humaine. Dans sa conférence TED, l'essayiste Douglas Rushkoff se moque des tentatives des géants du web pour rendre leurs machines infernales plus compatibles avec les vrais besoins de l'humanité. Mais quand j'entends l'expression technologie humaine je pense aux poulets élevés au grand air. Nous sommes aussi humains que possible avec eux jusqu'à ce que nous les emmenions à l'abattoir.
Maintenant, ils vont laisser ces technologies être aussi humaines que possible tant qu'elles extraient suffisamment de données et fournissent suffisamment d'argent pour satisfaire leurs actionnaires. Pendant ce temps, les actionnaires pensent simplement j'ai besoin de gagner assez d'argent pour m'isoler du monde que je crée en gagnant de l'argent de cette façon Quelques magnats de la Silicon Valley, les plus riches et les plus puissants, sont en train de chercher comment prolonger la vie, au-delà même des normes de l'espérance de vie. On raconte que des géants de la Silicon Valley financent des expérimentations pour préserver l'âme.
Le célèbre investisseur en capital risque, Peter Thiel, s'intéresse à des expériences de transfusion sanguine. Le danger, c'est de créer un monde inégalitaire. On se dirige vers un monde où certaines de ces innovations seront disponibles pour les plus riches et puissants, sans régulation, et ne seront pas accessibles aux communs des mortels.
Je ne sais pas où tout ça nous mène exactement, c'est presque de la science-fiction, mais nous y sommes déjà.