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Conférence sur Bergson et l'élan vital

Vous êtes entrepreneur, chef d'entreprise, cadre ou manager, retrouvez mon offre d'accompagnement, qui vous est destinée, sur la page d'accueil de ma chaîne. Bonjour à tous et bienvenue sur Cosmos. Bergson occupe une place particulière dans mon horizon philosophique. Il fait partie de ma constellation de philosophes parce qu'il est un philosophe de la vie. Au même titre que Spinoza et Nietzsche.

Un philosophe de la vie, c'est un philosophe qui pense la vie, non pas du point de vue de l'être, mais de celui du devenir. C'est-à-dire non pas comme un manque, mais comme une plénitude. Non pas comme une imperfection, mais comme une puissance.

Bergson, lui, dirait un élan vital. Mais qu'est-ce que cet élan vital exactement ? Et plus largement, qu'est-ce que la vie en elle-même ? En l'occurrence, c'est dans le troisième de ses quatre livres majeurs, L'évolution créatrice que Henri Bergson développe le concept d'élan vital.

Publié en 1907, il vient après l'essai sur les données immédiates de la conscience, en 1889, matière et mémoire, en 1896, et avant. les deux sources de la morale et de la religion, qui lui sera publié en 1932. L'évolution créatrice est considérée comme son livre le plus important en raison des problèmes qu'il aborde et des concepts nouveaux qu'il fait apparaître. Et pour bien comprendre de quoi il s'agit, il faut d'abord rappeler que toute l'œuvre de Bergson s'organise autour d'une seule et même idée, une idée simple, qu'il a d'ailleurs résumé lui-même quand, à la fin d'un cours au Collège de France, une dame lui posa la question. Mais enfin, monsieur Bergson, si vous deviez résumer votre pensée, que diriez-vous ? C'est très simple, madame, lui dit-il.

De toute ma vie, je n'ai jamais dit qu'une seule chose. C'est que le temps existe et qu'il n'est pas de l'espace. Mais que veut-il dire exactement ?

Car c'est en comprenant cette phrase que l'on pourra entrer dans son livre L'évolution créatrice et surtout dans sa pensée. Pour le dire très simplement, dès ses premiers écrits de philosophe, et donc délaissé sur les données immédiates de la conscience, qui en réalité, avant d'être un livre, a été sa thèse de doctorat, Bergson explique qu'il faut distinguer le temps mesurable des horloges à celui de notre vie intérieure et de notre conscience. Le temps qui est mesuré par les horloges est homogène, c'est-à-dire qu'il est toujours le même, une seconde étant toujours égale à une seconde et une minute à une minute. C'est ce qui explique qu'on peut donc le mesurer de façon toujours plus précise, au millième de seconde près, et donc le diviser à l'infini, en une infinité de stations dont chacune est séparée des autres, comme si chaque seconde était un espace.

Un espace-temps distinct de celui qui l'a précédé et de celui qui va suivre. Et en effet, c'est très pratique de pouvoir diviser le temps de cette façon parce que cela nous permet d'organiser notre temps, durant une journée par exemple, ou pendant une semaine, afin de le maîtriser. De telle heure à telle heure, ce créneau est destiné à telle activité.

Et quand celle-ci est terminée, alors on passe à une autre. et ainsi de suite. Simplement, cette compréhension du temps, ce temps des horloges, quantitative et extensive, ne résume pas ce qu'est le temps en lui-même du point de vue de notre propre conscience, c'est-à-dire du point de vue intérieur, qui lui est qualitatif et intensif.

Deux heures seront toujours deux heures du point de vue de l'horloge, mais vous... Vous aurez vécu ces deux heures d'une manière bien différente, selon l'intérêt que vous aurez porté à ce que vous faisiez pendant ce laps de temps. Soit elles seront passées comme deux minutes, ou au contraire, comme si cela vous avait semblé une éternité. Comprenons donc bien que ce dont parle Bergson, c'est précisément le temps dans sa dimension la plus concrète, c'est-à-dire celle qui correspond au vécu de la conscience. C'est le temps tel que vous le vivez, autrement dit, du point de vue de la conscience.

Le temps n'est pas mesurable, il échappe à toute mesure. Mais surtout, si la trotteuse d'une horloge fait une pause entre chaque seconde, votre conscience, elle, ne s'arrête pas, elle y continue. Et c'est là que repose le grand apport de Bergson, à savoir que le temps véritable n'est pas celui des horloges, lequel est discontinu, mais celui de la conscience.

qui, lui, est continue. C'est ce qu'il appelle la durée. Or, si cette durée pure de notre conscience ne marque pas de pause, ne s'arrête pas, alors c'est qu'elle n'est pas saisissable à la manière d'un espace-temps, et donc d'un espace.

Et c'est pourquoi on ne peut pas la mesurer. En réalité, ce qui constitue la durée, c'est l'ensemble des états psychologiques que vous traversez, des émotions et des sentiments que vous éprouvez de manière continue. Vous passez sans cesse d'un état à un autre, comme par exemple de la joie à la tristesse, à travers d'infimes variations qui sont autant de traits d'union entre ces états psychologiques et qui se fondent les uns dans les autres sans jamais qu'aucun d'entre eux ne se distingue totalement.

Chacun de ces états est lié aux autres et se fond en eux. Pour le dire très simplement, votre vie intérieure est comme un fondu enchaîné qui passe sans faire de pause d'un état à un autre, et ainsi de suite. Il y a donc une succession d'états psychologiques, mais sans séparation entre eux, à la différence encore une fois du temps des horloges, lequel marque des...

entre les heures, les minutes, les secondes, les dixièmes et ainsi de suite. Le résultat, c'est que la durée de votre conscience tient tout entière d'un seul tenant. On ne peut pas la couper, la diviser.

Si vous voulez en avoir une image très concrète et faire une expérience, vous pouvez prendre un morceau de sucre et le faire fondre dans un verre d'eau. Vous allez observer que le sucre va passer d'un état à un autre par une infinité de variations, lesquelles s'inscrivent les unes dans les autres, comme dans un fondu enchaîné encore une fois. Or, si la durée de la conscience tient d'un seul tenant, si elle est insécable, alors cela veut dire que les différents états qui la composent sont secondaires par rapport au tout qu'elle représente.

La durée de la conscience est en elle-même une totalité, que l'on ne peut pas reconstituer à la manière d'un pulse avec des pièces qu'on assemblerait les unes aux autres pour fabriquer un tout. Pour bien comprendre cette idée-là, prenons un exemple. Si vous prenez n'importe quel objet autour de vous, vous allez toujours retrouver le même schéma de construction, c'est-à-dire des pièces indépendantes les unes des autres que l'on a assemblée pour donner naissance ensuite à un tout, une totalité qui est l'objet lui-même.

Or, la conscience, c'est exactement l'inverse, c'est-à-dire une totalité qui se donne tout de suite, tout entière, et en dépassant les parties qui la composent. Et en ce sens, elle n'est pas une fabrication, au sens où l'on fabrique un objet, elle est création création non pas au sens divin du terme avec un dieu créateur qui agirait de l'extérieur mais au sens où elle se crée elle-même en permanence bergson dit qu'elle est création continue d'imprévisibles nouveautés elle se crée sans savoir exactement où elle va et tout ce à quoi elle donne naissance chaque nouvel état est une nouveauté qui jusque-là n'était pas prévisible. Et si rien n'est prévisible, alors cela veut dire que la durée de notre conscience, c'est la liberté même. Être libre pour Bergson, ce n'est pas délibérer entre des possibles et faire ensuite un choix de façon à orienter notre volonté. Être libre, c'est beaucoup plus simplement agir en...

conformité avec soi-même et de telle sorte que notre acte soit le reflet de notre caractère. et de notre personnalité. Être libre, c'est donc agir comme si on n'avait pas le choix d'agir de cette manière. C'est agir comme sous l'impulsion d'un élan qui est celui de tout notre être. Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité tout entière, de notre moi profond, dit Bergson, et donc pas simplement d'un affect passager, comme la colère par exemple.

qui emporterait tout sur son passage, et nous avec. De ce point de vue, selon Bergson, la liberté, comme à peu près toutes les notions philosophiques, ont été mal pensées. Les philosophes se sont demandé par exemple si la liberté existait alors qu'il s'agissait non de la connaître grâce à l'outil de l'intelligence, laquelle est impuissante à répondre à une question aussi difficile, mais de la ressentir en soi par l'intuition. Le problème de la liberté comme de toutes les autres notions, c'est qu'on a tenté de la définir comme un espace, et donc comme une quantité, et non pas du point de vue du temps, c'est-à-dire comme une durée.

Mais qu'est-ce que l'intuition exactement ? Pour le dire comme Vladimir Yankelevitch, qui fut le plus grand disciple de Bergson, l'intuition... C'est une sorte d'art acrobatique de penser les choses au plus près, c'est-à-dire comprenons bien 100 mètres de mots et donc de concepts entre soi et la chose.

L'intuition, c'est une manière de considérer la chose que l'on cherche à comprendre, non pas de l'extérieur et donc comme un espace, mais de l'intérieur, c'est-à-dire encore une fois comme une durée. Ainsi, selon Bergson, Tant que les philosophes ont persisté à vouloir comprendre les choses à travers des concepts, ils s'en sont tenus à l'extérieur, et même, ils ont créé ce qu'ils appellent des faux problèmes. Ou si vous préférez, ils ont posé des questions qui n'avaient pas à être posées, et cela parce qu'ils étaient, sans le savoir, prisonniers de leurs propres présupposés.

Poser la question de savoir si la liberté existe, comme je le disais à l'instant, C'est un faux problème qui tombe de lui-même dès que l'on cesse de se poser la question et qu'on commence à la ressentir en soi-même. De la même manière, dès qu'on cesse de vouloir enfermer les choses dans des concepts et de les soumettre à des démonstrations, alors on cesse de les voir comme de simples espaces pour s'intéresser enfin à ce qu'elles sont vraiment en elles-mêmes, de l'intérieur, c'est-à-dire du point de vue de leur durée. Par exemple, dire que la liberté existe à partir du moment où on a les moyens d'être libre, des moyens politiques par exemple ou financiers, c'est réduire la liberté à du quantitatif et donc à de l'espace. Mais si on se débarrasse de ces présupposés, les problèmes tombent d'eux-mêmes. La liberté ne pose plus de problème puisqu'on la ressent en soi.

De même que le bonheur et toutes les autres notions dont la philosophie s'était jusque-là emparée. Toutes ces notions ne se définissent pas sous l'angle d'une quantité, mais sous celui d'une qualité. Or, pour saisir cette qualité des choses, il faut passer par l'intuition. L'intuition, c'est donc une démarche qui consiste à se débarrasser de tous les critères extérieurs à la chose, qu'on cherche à comprendre.

C'est pourquoi c'est une démarche simple et dans le même temps extrêmement difficile à mettre en œuvre car elle consiste à se débarrasser soi-même de tous ses propres présupposés et de tous ses réflexes. Or, pour Bergson, il s'agit d'ériger l'intuition en méthode pour saisir la durée, pour saisir ce courant indivisible qui constitue tout être mais aussi toute chose. C'est là que la méthode bergsonienne de l'intuition va trouver une dimension nouvelle, notamment avec l'évolution créatrice.

Pourquoi ? Eh bien parce que l'idée de la durée n'exprime pas simplement la réalité d'une conscience individuelle et subjective. Elle n'est pas que la réalité de votre monde intérieur ou du mien, comme celle de n'importe quel individu.

La durée C'est aussi la réalité de toute chose extérieure à nous, et plus largement encore, de la vie elle-même. Comprenons bien que l'époque de Bergson, c'est-à-dire pour ce qui est de l'évolution créatrice le tout début du XXe siècle, est celle d'une extraordinaire effervescence dans le domaine des sciences de la vie. La médecine et la biologie ont depuis peu fait leur révolution méthodologique et expérimental. Et l'on se demande alors, qu'est-ce que la vie ?

La vie est-elle réductible à de la matière soumise à un mécanisme qui la met en mouvement ? Et si c'est le cas, alors comment rendre compte du mouvement lui-même de manière scientifique et donc autrement qu'à travers l'explication religieuse, c'est-à-dire Dieu ? Ou si vous préférez, deux grandes thèses s'affrontent alors.

pour expliquer la vie et le vivant. D'un côté, le mécanisme, c'est-à-dire une théorie qui renvoie la vie à la matière. Et d'un autre côté, le finalisme qui explique la vie par l'idée d'un plan divin et donc d'un but à atteindre, d'une finalité, d'une fin. L'originalité de Bergson, c'est de renvoyer dos à dos ces deux explications de la vie en utilisant la méthode de l'intuition. Il s'agit pour lui de saisir le mouvement de la vie, sa durée, ou du moins de s'en approcher, afin de rendre compte de ce qu'elle est en se plaçant non à l'extérieur d'elle, mais encore une fois à l'intérieur.

Il ne s'agit donc pas d'élaborer une nouvelle théorie scientifique, déconnectée du vivant lui-même, et il est encore moins question de s'en remettre aux explications théologiques qui relèvent de la croyance. Alors, demandons-nous comment Bergson s'y prend exactement, car nous allons voir que c'est une démarche à la fois géniale et passionnante. L'idée de Bergson, c'est que l'univers tout entier est traversé par un élan vital, c'est-à-dire une exigence de création qui est continue et qui donne naissance en permanent. à de nouvelles formes de vie et à des réalités du vivant qui sont toujours imprévisibles et de plus en plus complexes. La vie, comme la conscience dont je parlais tout à l'heure, est un dynamisme de création, une durée.

On voit donc pourquoi il est si important de garder à l'esprit ce que j'ai dit juste avant, sur la durée et sur le temps de la conscience, pour bien comprendre ce qui va suivre. Bergson compare le mouvement évolutif de la vie à un boulet lancé en l'air et qui éclate en plusieurs fragments, lesquels éclatent à leur tour, et ainsi de suite. Ce mouvement trouve son origine dans un élan vital qui est simple et qui est irréductible aux parties qu'il fait naître.

Ou si vous préférez, ce mouvement en lui-même. est quelque chose de plus que l'ensemble des formes de vie qui en sont issues. Les végétaux, les animaux et les êtres humains ne sont que des manifestations de ce mouvement.

Mais aucun d'entre eux ne permet de résumer à lui seul l'élan vital en lui-même. De plus, celui-ci est aveugle et ne poursuit aucun but précis. Il ne s'accompagne pas d'un plan qui serait établi par avance avec un point d'arrivée.

De la même manière que la conscience, mais cette fois élargie à l'ensemble du réel, ce mouvement est donc liberté. Il n'est orienté par rien qui lui soit extérieur et qui viendrait influencer son cours. Il est pour ainsi dire créateur de lui-même. Comprenons donc que c'est la vie qui est créatrice d'elle-même, et cela sans répondre à aucune loi.

ni physique ni divine. L'idée selon laquelle la vie se serait soumise aux circonstances extérieures, idée chère au darwinisme, n'a pas de sens pour Bergson. Pour lui, c'est au contraire la vie elle-même qui se sert de la matière pour poursuivre son mouvement. En clair, la vie se confronte à un obstacle qui est la matière et s'en sert pour... créer de nouvelles espèces.

Elle s'adapte certes à ce que la matière lui oppose, mais tout en la façonnant. Et ainsi, il n'y a plus de différence entre la liberté et la nécessité. C'est donc l'élan vital lui-même qui donne sa forme à la matière et non l'inverse.

On ne peut donc pas comprendre la vie comme un simple mécanisme et comme un assemblage d'éléments. Elle n'est pas une fabrication laquelle implique un rapport d'extériorité. autorité comme si elle dépendait de quelque chose d'extérieur, par exemple des lois scientifiques ou religieuses qui en détermineraient le cours.

Elle est au contraire création, c'est-à-dire que c'est elle qui crée des formes nouvelles de vie tout en s'appuyant sur les obstacles qu'elle rencontre, c'est-à-dire la matière encore une fois. Elle traverse la matière en lui donnant des formes nouvelles. Autrement dit...

Elle ne crée pas à partir de rien, mais en fonction de la tension que la matière lui oppose, très concrètement. On voit comment Bergson pense ainsi la vie de l'intérieur et non de l'extérieur, et élimine les faux problèmes qui étaient jusque-là posés par toutes les théories de la vie. Ce mouvement n'a donc plus rien de complexe. Il est même extrêmement simple, c'est-à-dire non décomposable.

Il tient tout entier en une unité, en une durée. L'intuition nous permet de saisir ce mouvement mieux que l'intelligence parce qu'elle est une manière de saisir l'unité des choses sans avoir à les expliquer. L'intuition permet de ressentir l'unité d'une chose quand l'intelligence, au contraire, cherche à la décomposer.

Comment illustrer cette idée ? Par exemple, quand vous ressentez un sentiment, Disons de l'amour, vous savez intuitivement que vous aimez sans avoir à l'expliquer. Le sentiment vous apparaît dans toute son évidence et s'impose à vous dans toute son unité et sa force comme une sorte de courant électrique qui vous traverse.

Ce courant est indécomposable et en ce sens, il est simple. C'est-à-dire que vous le connaissez sans avoir à l'expliquer. L'intuition, c'est donc cette faculté qui vous fait saisir une chose sans rien avoir à y ajouter.

Et ainsi, l'intuition, c'est la connaissance véritable d'une chose, dans la mesure où on la comprend sans avoir à la déconstruire pièce par pièce, et donc à la perdre. L'intuition permet donc de comprendre, non pas au sens de l'intelligence, c'est-à-dire d'un point de vue extérieur, mais plutôt au sens où l'on coïncide avec la chose de l'intérieur. A l'inverse, l'intelligence est la faculté qui consiste à décomposer les choses.

Un amoureux qui se pose des questions, par exemple, va chercher à décomposer ce qu'il ressent pour trouver des explications à ce qui lui arrive. Il va passer par l'intelligence pour décomposer un événement où la psychologie de sa bien-aimée. Et ainsi, Il va transformer la durée du sentiment en espace et donc faire naître un faux problème.

Bergson lui répondrait sûrement que s'il commence à se poser des questions, c'est que le sentiment a déjà disparu. L'intelligence, c'est donc la faculté qui déconstruit un mouvement et qui le réduit à une multitude de parties pour tenter d'en comprendre le fonctionnement. Elle est donc apte à comprendre la matière inerte, mais pas le mouvement. Et cela, simplement, parce que dès qu'il y a du mouvement, l'intelligence ne peut se fixer sur quelque chose de précis. Elle est toujours dépassée, comme prise de vitesse, devant cette création continue d'imprévisibles nouveautés qu'est la vie.

Et en effet, il est impossible de comprendre le mouvement de la vie en le décomposant, si celui-ci réside tout entier dans un élan vital, en lui-même indécomposable. Il faut donc cesser de chercher à expliquer la vie en lui appliquant les méthodes et les réflexes liés à l'intelligence, sans quoi on ne peut que passer à côté de ce qu'elle est. L'intelligence humaine peut éventuellement comprendre l'apparition de certaines formes de vie, pas de l'élan vital lui-même. C'est donc par l'intuition que l'on peut se donner une idée de ce qu'est cet élan.

et approcher au plus près de ce qu'est la vie en elle-même. Pour savoir ce qu'est la vie, on ne peut plus se contenter ni de la science, ni de la religion. Il faut inventer une méthode nouvelle, et c'est pourquoi dans l'esprit de Bergson, une théorie de la vie s'accompagne forcément d'une théorie de la connaissance. Le grand problème, estime Bergson, c'est que les scientifiques étudient la vie comme un phénomène que l'on peut déconstruire morceau par morceau, partie par partie, pour ensuite tenter d'en reconstituer le mouvement. Partant, sitôt que ce mouvement est décomposé, ils le perdent.

De plus, Bergson remarque que l'intelligence est un outil strictement humain et qu'en ce sens, il ne permet à l'homme de comprendre les choses seulement du point de vue qui est le sien. Le mécanisme et le finalisme ne sont en ce sens que des constructions de l'esprit humain. Or, l'intelligence, ce n'est rien d'autre que l'une des manifestations de la vie dans son évolution, et en l'occurrence à partir de l'apparition de l'humanité. Elle ne peut donc pas l'embrasser totalement, la comprendre tout entière.

Il faut donc replacer l'intelligence dans une évolution générale de la vie depuis les origines en passant par différents stades où la vie s'est peu à peu transformée. En clair, Bergson se pose deux grandes questions. D'abord, comment le monde animal est-il apparu dans l'évolution de la vie ? Et ensuite, comment l'homme lui-même s'est-il distingué de l'ensemble du règne animal ?

Ou si vous préférez, il faut montrer comment l'intelligence humaine est apparue. Ces questions sont essentielles et elles peuvent trouver des réponses dans les théories de l'évolution. Mais Bergson n'adhère pas à ces théories car il considère qu'elles développent une conception trop mécaniste de la vie. Elles sont beaucoup trop statiques pour définir ce qui relève en réalité d'un mouvement. Certes, il y a bien une adaptation du biologique aux circonstances extérieures, mais celle-ci n'aurait aucun sens, dit Bergson.

s'il n'y avait pas d'abord un élan créateur de la vie. Il considère que la vie relève d'abord d'un mouvement qui transforme la matière. Bergson explique que la vie, dans son évolution, s'est divisée en trois grandes lignes distinctes.

Il s'agit de ce qu'il appelle la torpeur, qui caractérise le monde végétal, l'instinct, pour le monde animal, lequel va lui-même donner naissance, à une troisième ligne d'évolution, l'intelligence, qui est le propre de l'humanité. Simplement, et c'est le grand apport de Bergson par rapport aux théories de l'évolution, il explique que ces trois tendances sont déjà présentes dès l'origine, dans l'élan vital, lequel se développe dans trois directions différentes. En réalité, la conscience est déjà là, dès l'origine. La conscience...

et coextensive à la vie, dit-il par ailleurs. Qu'est-ce que cela veut dire exactement ? Et pourquoi est-ce si important ? Eh bien tout simplement parce qu'en toile de fond, la question est de savoir si l'homme représente l'aboutissement de la chaîne, voire le sommet de l'évolution de la vie, et donc de savoir si la conscience humaine est le fruit d'une évolution progressive permise par l'apparition d'espèces de plus en plus évoluées. Or, pour Bergson, ce n'est pas l'évolution des espèces qui a créé la conscience.

Et par conséquent, celle-ci n'est pas le produit de la matière. En réalité, pour Bergson, la conscience est déjà présente dans le règne végétal, mais à un niveau de très faible intensité. Il observe qu'un végétal n'a pas à aller chercher sa nourriture à distance, et donc sa mobilité est nulle. Mais dans le règne animal, la nécessité d'aller chercher de quoi se nourrit va conduire à l'apparition d'un système nerveux central et des fonctions cérébrales qui donnent à l'animal la possibilité de choisir ses mouvements. Cette évolution de la vie ne crée pas la conscience, encore une fois, mais la fait passer à un plus haut niveau d'intensité.

Pour Bergson, l'important, c'est que la mobilité et la conscience se développent de concert. Et ainsi, il faut comprendre que la vie dans son développement insère au sein de la matière de plus en plus d'indétermination et donc de plus en plus de liberté. La poussée vitale au sein de la matière est cette liberté même, et celle-ci est mobilité. Simplement, cette liberté n'est jamais totalement acquise, de façon définitive. Elle est toujours comme menacée par l'automatisme.

La fatigue ou l'inertie, et donc le niveau de conscience des animaux, peut s'affaiblir. Et ensuite, cette mobilité est encore marquée par l'instinct, c'est-à-dire que l'animal se borne à reproduire les gestes que la nature lui dicte. Pour Bergson, la mobilité permise à l'animal grâce à son cerveau devient véritablement complète chez l'homme dans le cadre de l'intelligence.

L'intelligence et l'instinct ne s'opposent pas complètement. Ils se complètent, de sorte qu'il y a dans chacun d'entre eux une part de l'autre. Ils restent chez l'homme, et donc dans l'intelligence, quelque chose de l'instinct, comme il peut y avoir une part d'intelligence chez certains animaux, même si le plus haut degré de l'intelligence appartient à l'homme. Celle-ci témoigne d'une pensée de fabrication.

Les êtres intelligents sont donc ceux qui fabriquent et qui, en ce sens, utilisent des outils afin d'effectuer une opération. Il s'agit donc d'une faculté d'adaptation au monde en séparant celui-ci, en le divisant, comme je le disais tout à l'heure, en segments ou en étapes pour parvenir à un but. Bergson parle d'homophabe, c'est-à-dire littéralement en latin homme qui fabrique Entre intelligence et instinct, le niveau de conscience varie.

Plus on va vers l'instinct, c'est-à-dire vers l'automatisme, moins la conscience est forte. A l'inverse, plus on va vers l'intelligence, plus la conscience est présente. Mais si l'intelligence et l'instinct se complètent, alors cela veut dire que même un être intelligent comme l'homme peut se laisser aller à l'instinct et retomber dans l'automatisme. Comprenons donc que la conscience est la plus forte quand il y a hésitation ou choix, c'est-à-dire là où les actions ne vont pas de soi. Quand vous hésitez et que vous avez un choix à faire, votre niveau de conscience est au plus haut.

Mais quand vous n'avez pas à prendre de décision, alors votre niveau de conscience, et donc d'attention au réel, diminue. Bien sûr, il est impossible de fournir un effort permanent et d'être conscient de tout, tout le temps. Il est donc inévitable de revenir par moment à une forme d'automatisme dans votre vie quotidienne, c'est-à-dire là où vous n'avez pas de choix à faire et quand vous pouvez vous reposer sur l'habitude.

Autrement dit, l'intelligence est la faculté qui s'oriente vers l'action. Elle calcule pour permettre à l'individu de s'insérer dans le monde et d'y agir. elle cherche à rendre le réel plus pratique, c'est-à-dire qu'elle répond à un critère d'utilité et d'efficacité.

Simplement, comme elle ne se représente clairement que la matière immobile, la mobilité des choses lui échappe toujours. Elle ne comprend le mouvement, c'est-à-dire la réalité elle-même, que d'un point de vue statique, comme si le réel était figé précisément parce que le mouvement de la vie ne peut pas être décomposé. C'est ainsi qu'on va penser les questions philosophiques du point de vue de l'être, ce qui est caractéristique des faux problèmes, encore une fois, puisque le réel, c'est un mouvement permanent.

Pour Bergson, l'être et le devenir ne sont donc pas à opposer. Au contraire, ils ne font qu'un. En clair, il n'y a pas d'être en dehors du devenir.

L'erreur est donc d'utiliser pour la connaissance un outil qui n'est valable que pour l'action, c'est-à-dire l'intelligence. C'est en ce sens que Bergson développe une théorie, dite des deux ordres. La théorie des deux ordres, c'est tout simplement l'idée qu'à force d'utiliser les mauvais outils pour comprendre la vie, celle-ci nous échappe, et que nous finissons par en être déçus. La vie dans sa réalité concrète, nous déçoit parce que nous cherchons toujours autre chose que ce qu'elle nous offre. Le risque est de ne voir en elle qu'un manque, une absence de ce qu'elle aurait pu être, plutôt que la présence de ce qui est et qui s'offre à nous.

C'est ainsi que Bergson prend l'exemple du livre dans la bibliothèque. Si je prends un livre et que j'y trouve de la prose alors que je cherchais des vers, je serais déçu. Et plutôt que de voir une présence, celle de la prose qui s'offre à moi, Je ne verrai qu'une absence, celle des vers, que j'aurais voulu trouver. Écoutons-le ici, car c'est l'un des exemples les plus célèbres de toute la philosophie.

Nous sommes au chapitre 3 de l'évolution créatrice, page 222, aux presses universitaires de France. Si je choisis au hasard un volume dans ma bibliothèque, je puis, après y avoir jeté un coup d'œil, le remettre sur les rayons en disant Ce ne sont pas des vers. Est-ce bien ce que j'ai aperçu en feuilletant le livre ? Non, évidemment.

Je n'ai pas vu, je ne verrai jamais, une absence de vers. J'ai vu de la prose. Mais comme c'est de la poésie que je désire, j'exprime ce que je trouve en fonction de ce que je cherche. Et au lieu de dire voilà de la prose je dis ce ne sont pas des vers Inversement, S'il me prend fantaisie de lire de la prose et que je tombe sur un volume de vers, je m'écrirai ce n'est pas de la prose traduisant ainsi les données de ma perception qui me montrent des vers dans la langue de mon attente et de mon attention qui sont fixés sur l'idée de prose et ne veulent entendre parler que d'elle.

Je traduis ce que j'ai vu dans la langue de mon attente. dit bergson comme on vient de l'entendre mais qu'est-ce que cela veut dire exactement eh bien simplement que nous attendons toujours que la vie se présente d'une certaine manière qui serait conforme à notre désir et de telle sorte qu'elle réponde à ce que nous souhaitons mais comme ce n'est presque jamais le cas nous voyons en elle du désordre je m'attendais à quelque chose de précis mais comme la réalité m'a offert autre chose Je ne vois qu'un manque, un vide, comme si la prose n'était rien en elle-même. Pourtant, ce n'est pas du désordre que j'ai vu, mais simplement un ordre qui n'est pas celui que je voulais.

C'est simplement que la vie crée un ordre, de manière aveugle, et qui n'est pas forcément celui que nous attendons. D'où le décalage qui est le nôtre par rapport à elle. Il y a donc bien deux ordres. D'un côté, celui du vital ou du voulu, voulu dans le sens où il est le produit d'un choix et donc d'une liberté, ce qui est toujours imprévisibilité et création, et d'un autre côté, celui de l'inertie, c'est-à-dire de la matière brute et de l'automatisme, ce qui est le contraire de la liberté. Mais comprenons bien qu'entre l'ordre du vital et celui de l'automatisme, L'un n'est pas forcément supérieur à l'autre.

La vie est faite des deux. Et la réalité de l'existence, c'est que nous passons continuellement de l'un à l'autre. Simplement, l'erreur est de déplorer de voir l'un quand on attendait l'autre, et donc de croire en un désordre au sein de la vie. L'erreur, c'est de croire que la réalité n'est ordonnée que si elle nous satisfait. on se crée ainsi un faux problème car on persiste à ne pas voir la réalité telle qu'elle est mais telle qu'on veut la voir pourtant c'est toujours la réalité que l'on a en face de nous qu'elle nous plaise ou non bergson donne en ce sens un autre exemple celui de la chambre quand j'entre dans une chambre et que je la trouve en désordre il ne faut pas entendre que les objets qui s'y trouvent ont cessé d'obéir aux lois de la nature.

Il y a donc bien toujours un ordre. C'est simplement que ce n'est pas celui auquel je m'attendais en entrant dans la chambre. Et c'est cela qui provoque ma déception.

C'est donc toujours un ordre qui se propose à nous et il nous appartient d'éduquer notre regard pour voir les choses telles qu'elles sont dans toute la force de leur présence, sans quoi... le risque est de passer à côté de la vie. Derrière ça se profile donc l'idée que la vie que nous avons, n'est pas à la hauteur de celle qu'on aurait pu avoir ou de celle qu'on aurait souhaité.

D'une certaine manière, la vie nous prend toujours de court. Comme elle est mouvement et création continue d'imprévisibles nouveautés, elle nous met sans cesse, mais de manière aveugle encore une fois, face à de l'inattendu. Et c'est précisément cet inattendu que nous considérons comme une rupture. rupture non seulement dans le mouvement de la vie mais surtout dans celui de notre vie à nous les choses se produisent toujours de manière différente de ce à quoi nous nous attendions et ainsi nous sommes toujours débordés par elle après coup nous nous disons toujours mais oui c'est ça que j'aurais dû dire sur le moment c'est ça que j'aurais dû lui répondre ou que j'aurais dû faire, mais il est trop tard.

Le moment est passé et il ne reviendra pas. Même quand on s'attendait aux choses et qu'on s'y était préparé, les événements dans leur réalisation concrète prennent toujours un tour différent, comme s'ils étaient dessinés par une main d'artiste, dira Bergson dans un autre texte, c'est-à-dire qu'ils sont toujours imprévisibles. Et en ce sens, la réalité de la vie est toujours surprenante, même si les choses ne pouvaient pas se passer autrement. Et là est tout le paradoxe. La vie, d'une manière générale, répond toujours à un ordre, c'est-à-dire que les choses nous apparaissent sous une forme précise et répondent à des causes, par exemple.

Et pourtant, cet ordre nous apparaît toujours comme contingent. C'est-à-dire que devant les choses telles qu'elles sont, on se dit que tout aurait pu être différent. Et c'est pourquoi on regrette qu'elles ne le soient pas.

C'est comme ça qu'on passe à côté de ce qui est devant nous et qui n'est pourtant rien d'autre que la réalité de la vie elle-même. Mais la réalité ne peut tout simplement pas être différente. Elle n'est que ce qu'elle est et c'est déjà beaucoup.

puisque c'est la vie elle-même qui se déploie. Et quoi de plus précieux, quoi de plus désirable. On comprend donc que l'enjeu est ici de voir la vie comme une présence et non comme une absence de quelque chose.

Bergson nous explique que la vie est pleine, qu'elle est plénitude et non ment. Simplement, comme nous cherchons à comprendre la vie par les moyens qui ne sont pas les bons, c'est-à-dire ceux de l'intelligence et du langage, nous sommes débordés par son élan. Nous cherchons à transposer dans le langage un élan qui, en lui-même, relève de quelque chose d'insaisissable.

Mais alors, pourrions-nous nous demander comment une philosophie comme celle de Bergson est-elle possible, car c'est bien ce qu'il essaye de faire. Une philosophie, c'est-à-dire un discours pour décrire l'élan. Tous les critiques de Bergson, et ils furent nombreux à son époque, n'ont d'ailleurs pas manqué l'occasion de le souligner. Il ne fait pas de la science, et s'il fait de la philosophie, ce n'est pas non plus d'une manière très conventionnelle. Mais lui-même n'avait pas la prétention de décrire avec exactitude ce qu'était l'élan vital, mais plutôt d'en donner une image, qui nous permette de l'approcher.

Une image... Et c'est aussi pourquoi il a été couronné du prix Nobel de littérature, mais aussi une méthode, celle de l'intuition, comme je le disais tout à l'heure. L'intuition, c'est une image, mais une image vivante, une image qui se ressent et qui n'est donc pas comparable à celle du cinématographe, dont Bergson est le contemporain, et qui ne fait que placer des images fixes les unes à la suite des autres, pour donner l'illusion du mouvement. Mais alors, comment donner naissance à cette image vivante ?

Comment la faire apparaître s'il ne dispose que des mots ? Il sait que ce qu'il essaye d'exprimer est en un sens indicible et qu'il ne peut que tourner autour. Il sait cela. Il sait que tout philosophe cherche à restituer une intuition qu'il a eue au départ, mais qui était si sain qu'il n'a pas réussi. à la saisir complètement avec les mots.

C'est pourquoi tout philosophe est toujours obligé d'aller toujours plus loin dans des explications de plus en plus compliquées lesquelles l'éloignent de la simplicité, de son intuition originelle. Bergson est conscient qu'il pourrait parler pendant des heures de l'intuition elle-même sans jamais vraiment la saisir et même en la rendant toujours plus loin. plus obscur en tentant de le faire.

Il lui faut donc trouver la bonne distance entre lui et la chose, en l'occurrence la vie, dans son impulsion originelle. Il lui faut se placer ni trop loin, car sans ça il ne la verrait plus, ni trop près, car s'il avait les yeux dessus, il ne pourrait pas l'exprimer du tout. Il lui faut à la fois se placer dans le savoir, et dans l'être, dans l'intelligence et dans l'instinct. C'est pourquoi Bergson dira plus tard, dans une conférence intitulée L'intuition philosophique donnée en 1911, que la pensée de tout philosophe part toujours d'une intuition tellement simple qu'elle pourrait être résumée en un seul point.

Et que c'est précisément pourquoi tout philosophe cherche toute sa vie à l'exprimer sans jamais y parvenir. Il dit, à mesure que nous cherchons davantage à nous installer dans la pensée du philosophe, au lieu d'en faire le tour, nous voyons sa doctrine se transfigurer. D'abord, la complication diminue, puis les parties entrent les unes dans les autres.

Enfin, tout se ramasse en un point unique. dont nous sentons qu'on pourrait se rapprocher de plus en plus, quoi qu'il faille désespérer d'y atteindre. Et ce point est quelque chose de simple, d'infiniment simple, de si extraordinairement simple que le philosophe n'a jamais réussi à le dire. Et c'est pourquoi il a parlé toute sa vie. Il ne pouvait formuler ce qu'il avait dans l'esprit sans se sentir obligé de corriger sa formule puis de corriger sa correction.

Ainsi, de théorie en théorie, se rectifiant alors qu'il croyait se compléter, il n'a fait autre chose par une complication qui est appelée la complication et par des développements juxtaposés à des développements que rendre avec une approximation croissant la simplicité de son intuition originelle. Fin de citation. L'intuition de l'élan vital est donc à ce point simple qu'elle en est indicible. À mesure que nous avançons vers elle, elle s'échappe et se refuse à nous, car elle est la liberté même. Aucun mot, ni aucune formule, ne pourra jamais la contenir, ni la résumer tout à fait, tant elle déborde sans cesse notre intelligence.

C'est un jaillissement ininterrompu, Un dynamisme, un devenir, bref, une durée, qui transcende toutes les oppositions, intelligence et instinct, conscience et matière, liberté et nécessité, et qui fait apparaître toutes les questions à son sujet comme dérisoires et sans fondement. Les contradictions apparentes tombent d'elles-mêmes face à la réalité des choses quand elles sont vécues dans leur dimension concrète. Mais peut-être que, dès lors, nous faut-il simplement rééduquer notre regard sur ce qui est là, devant nous, et que jusque-là nous prenions pour des problèmes insolubles.

Peut-être que la leçon à retenir se trouve dans la nécessité de reconquérir un regard simple sur le réel, c'est-à-dire sur la vie, pour la voir non plus comme une série de problèmes métaphysiques lancés à l'intelligence, mais comme un mouvement qui va de soi. Or, tout est là, rien n'est plus difficile, rien n'est plus complexe que de penser cette simplicité. Merci à tous et à très bientôt sur Cosmos.