Dans le cadre du thème d'AGGSP première sur la démocratie, Et de l'axe 1, pensée, la démocratie, démocratie directe et démocratie représentative, nous abordons maintenant un jalon consacré à Benjamin Constant et à son discours Liberté des anciens, liberté des anciens des modernes dans le cadre d'une étude sur la participation et la représentation démocratique. Alors ce discours a lieu au début du 19e siècle en France. dans le contexte d'une période ayant été bouleversée par les luttes révolutionnaires qui démarrent, comme vous le savez, à la fin du XVIIIe siècle et qui se poursuivent finalement pendant tout ce long XIXe siècle. Et cette France est donc marquée par les luttes politiques, ce discours étant prononcé dans le cadre de la restauration monarchique de Louis XVIII qui est commencée en 1864. C'est donc dès 1814, même s'il y a l'épisode des 100 jours que nous rementionnerons ultérieurement.
Et donc cette restauration monarchique a pour ambition de concilier les traditions monarchiques, mais aussi un certain nombre d'héritages révolutionnaires. Des héritages révolutionnaires dont Benjamin Constant de Rebec, puisque c'est comme ça qu'il faut l'appeler, est porteur. Alors Benjamin Constant... Il naît donc en 1767, non pas en France mais en Suisse, à Lausanne. Il est en effet issu d'une famille française qui vient de l'Artois, au nord de la France, mais une famille huguenote, c'est-à-dire protestante.
famille qui, du fait de sa confession, va préférer quitter la France, qui va souffrir, comme vous le savez, à l'époque moderne, d'un certain nombre de guerres de religion. Il mène une vie qui va le conduire à séjourner dans un certain nombre de pays à l'étranger, puisqu'il étudie à la fois à Bruxelles, aux Pays-Bas, et puis en Bavière, et enfin au Royaume-Uni. à Edimbourg, et c'est dans ce voyage qu'il se familiarise avec un modèle britannique qu'il soutient par bien des aspects, comme on va le voir dans l'examen de sa pensée politique.
Alors il arrive en France, Benjamin Constant, en 1795, donc en pleine révolution, en compagnie de Germaine de Staël, avec qui il entretient une relation, Germaine de Staël qui est elle-même impliquée politiquement et qui est la fille de Necker. l'ancien ministre réformateur de Louis XVI. Alors Benjamin Constant, que l'on peut décrire avec un peu d'anachronisme comme une sorte d'intellectuel engagé, va dès lors s'impliquer dans les luttes révolutionnaires, soutenant notamment le coup d'État. de Napoléon Bonaparte, le 18 Brumaire, donc 1799, avant finalement de s'opposer au régime napoléonien dont il estime l'évolution problématique, puisque celle-ci tend de plus en plus vers un régime tyrannique qui ne respecte pas, en outre, les libertés individuelles, qui...
on va le voir, est pour Benjamin Constant quelque chose qu'il place au cœur de sa pensée politique. Néanmoins, il croit à la volonté réformatrice de l'empereur, qui tente un retour après la première restauration, donc en 1814, lors des 100 jours, retour auquel il participe, puisque l'empereur affiche une volonté de libéralisation du régime à travers des textes constitutionnels, auxquels Benjamin... Constant prête sa plume, à côté bien sûr d'autres participants, mais cette expérience est éphémère puisque Napoléon, vous le savez, va être vaincu, notamment lors de cette bataille de Waterloo. Benjamin Constant s'intègre néanmoins à la vie politique sous le régime de Louis XVIII, dans lequel il intègre finalement une opposition libérale, une opposition qui affronte le gouvernement des ultras, des monarchistes... convaincus et finalement réactionnaires qui veulent revenir finalement sur un certain nombre d'acquis révolutionnaires que Benjamin Constant et les libéraux défendent.
Alors il expose notamment ses idées politiques lors d'un discours resté fameux prononcé à l'Athénée royale en 1819, après qu'il ait été élu député de la Sarthe. L'Athénée royale étant une société d'enseignement libre à destination... du grand public.
Et ce discours s'intitule ainsi De la liberté des anciens comparée à celle des modernes Dans ce discours, Benjamin Constant défend à la fois un modèle libéral, mais aussi un régime représentatif, et il le fait à travers une comparaison des sociétés antiques et de la société moderne à laquelle il appartient. Il présente ainsi une liberté des anciens, à comprendre liberté des peuples de l'Antiquité, grec et romaine, qu'il construit à partir de différents modèles antiques, et en l'occurrence, en particulier la démocratie athénienne, mais aussi la cité de Sparte et le modèle de citoyenneté qui s'exerce à Rome au sein de la République puis de l'Empire. Alors, dans cette construction intellectuelle, il présente ainsi des systèmes où une citoyenneté se construit, une citoyenneté au sein de laquelle les citoyens exercent véritablement le pouvoir. Il participe pleinement à la construction des lois comme à Athènes, mais en contrepartie, ils sont soumis à des normes collectives qui limitent leur liberté individuelle.
Dit ainsi, comme citoyen, il décide de la paix et de la guerre. Comme particulier, il est circonscrit, observé, réprimé dans tous ses mouvements. La liberté des anciens apparaît ainsi être une liberté limitée, notamment par des sociétés qui reposent sur une utilisation très forte de l'esclavage.
Donc il compare cette liberté des anciens à celle des modernes, liberté des modernes qu'il juge plus respectueuse des libertés individuelles, il dit ainsi l'indépendance individuelle est le premier besoin des modernes. Il évoque ainsi un certain nombre de libertés, la liberté de circulation, d'opinion, de culte, la liberté économique à travers le droit à la propriété, la liberté d'association et de réunion, la liberté de la presse aussi, mais également des libertés civiles qui sont liées à l'exercice de droits politiques, comme le droit de vote, de pétition, le droit de contrôler également les gouvernants et les représentants. Donc, Pour Benjamin Constant, les modernes assurent davantage les libertés individuelles, mais cela se fait au détriment de la participation directe des citoyens dans les affaires publiques, puisque les régimes politiques modernes se fondent davantage sur des régimes représentatifs, c'est-à-dire des régimes dans lesquels les citoyens délèguent leur souveraineté à des représentants. Cette nécessité... d'établir des régimes représentatifs.
Benjamin Constant l'explique aussi par la taille des états, plus important que dans l'Antiquité grecque ou même dans l'Antiquité romaine, si on considère l'existence des cités. Il la met aussi en relation avec l'absence d'un système esclavagiste généralisé, système esclavagiste qui permettait aux citoyens de l'Antiquité de dégager du... temps pour s'occuper des affaires publiques, ce qu'il est impossible dans des sociétés modernes dans lesquelles, par contre, il faut travailler pour survivre.
Un travail qui amène aussi au développement d'un commerce, commerce qui peut permettre un épanouissement individuel bien davantage pour lui que la guerre pratiquée dans l'Antiquité notamment, au détriment de la liberté individuelle. individuels, puisqu'impliquant le sacrifice des individus. Alors, peu importe pour Benjamin la nature du régime politique, qu'il soit monarchique, républicain, l'important est que celui-ci garantisse donc ses libertés individuelles et également n'évolue pas vers une forme de tyrannie.
Il estime que chaque homme vote pour ses intérêts et, à l'inverse, il ne défend pas l'idée d'un intérêt général, puisqu'il estime que l'intérêt général, au contraire, est suivi. sceptique d'amener une restriction des libertés individuelles qui prime pour lui. Ce qui nous amène ici à évoquer ce modèle libéral, ce libéralisme que Benjamin Constant défend, aussi bien sur le plan politique qu'économique, puisqu'il a été d'ailleurs mis au contact de la pensée libérale lors de ses voyages, et notamment en... en Écosse, et ce libéralisme donc privilégie la primauté de l'individu sur le collectif. Il est donc partisan d'un régime politique qui garantisse les libertés individuelles et qui s'oppose au despotisme du pouvoir, même si celui-ci est exercé collectivement.
Ainsi, il analyse l'échec de la Révolution française comme étant le résultat de l'application des principes antiques, c'est-à-dire que les individus, finalement, au nom de... Des intérêts collectifs sacrifient leur liberté individuelle. Donc il estime que la souveraineté exercée sans limite par le peuple durant la terreur a conduit à une forme de despotisme comparable finalement à la monarchie absolue.
Il faut ajouter que dans la pensée libérale, l'État a un rôle très important, celui de maintenir l'ordre et ainsi de permettre l'exercice du droit à la propriété et de l'enrichissement individuel, qui pour les économistes libéraux à travers la théorie du... ruissellement va finalement permettre l'enrichissement collectif. Benjamin Constant dans sa pensée met quand même en avant un danger qui guette la liberté des modernes au sens où les individus risquent de renoncer renoncer à leurs droits politiques pour privilégier la défense de leurs intérêts individuels.
Et cela peut donc conduire à des tyrannies plus ou moins acceptées finalement par les citoyens. Et il apparaît d'ailleurs que le respect des libertés individuelles est bien loin d'être une constante dans la France du XIXe siècle. Et c'est d'ailleurs ainsi que le régime de Charles...
10 prend fin en 1830 lors de la révolution des Trois Glorieuses, puisque c'est une atteinte aux libertés individuelles, et notamment la liberté de la presse, qui va mener à une révolution qui permettra l'installation de la monarchie de Juillet. Alors notons enfin que les penseurs libéraux s'accordent sur la nécessité d'une représentation, par contre, ils sont beaucoup plus sceptiques sur la nécessité d'une démocratie pour vous conduire finalement... par les excès populaires à des formes de despotisme.