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Pourquoi on n’observe jamais un arc-en-ciel de côté

Pourquoi on n’observe jamais un arc en ciel vu  de côté ? Un truc dans ce genre par exemple. Et   pourquoi ça a toujours une forme d’arc ? Pourtant,  quand la pluie tombe, elle tombe partout, pourquoi   l’arc en ciel ne se forme qu’à un endroit bien  localisé dans le ciel, avec cette forme là ? J’imagine que vous connaissez en partie le  phénomène à l’origine des arcs en ciel. C’est la   dispersion de la lumière du soleil par les gouttes  d’eau, de la même manière qu’un prisme permet   de disperser les couleurs qui composent  la lumière blanche. Mais entre ce qu’on   obtient avec une prisme et un arc en ciel,  il y a quand même pas mal de différences. Déjà quand on utilise un prisme,  les couleurs de la décomposition   se forment sur une surface donnée. Je peux  m’approcher de cette surface, la toucher,   la regarder de côté. Et si on est plusieurs à la  regarder, on voit tous exactement la même chose. A côté de ça, un arc en ciel, on ne peut  pas s’en rapprocher, en faire le tour   ou le regarder de côté. On ne peut jamais passer  dessous ou atteindre son pied. Et en fait,   chacun de nous, suivant sa propre position, voit  un arc situé différemment. L’arc en ciel n’est   pas localisé quelque part en particulier,  c’est plutôt un phénomène optique apparent. Rien que ça c’est déjà bizarre. Mais en plus  il faut ajouter d’autres particularités,   comme le fait qu’on voit parfois un  deuxième arc, qui a les couleurs inversées,   et qui séparé du premier par une bande plus  sombre. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Pour essayer de comprendre d’où viennent  toutes ces spécificités de l’arc en ciel,   aujourd’hui on va s’intéresser à la  physique qui se cache derrière. Et   qui est plus subtile que ce qu’on  peut imaginer au premier abord. [jingle] Pour faire un arc en ciel, il nous  faut deux ingrédients : du soleil,   et des gouttes d’eau, le plus souvent de la pluie. [MUR DE PLUIE Pour représenter le  phénomène, on va imaginer qu’on   se tient face à une sorte de mur de pluie,  dans lequel on trouve des petites gouttes   d’eau. On va supposer que ces gouttes sont  parfaitement sphériques, et leur taille ne   nous importe pas vraiment à ce stade. D’ailleurs  mon dessin n’est pas franchement à l’échelle. Et aussi, on va imaginer que  ces gouttes sont immobiles,   en suspension dans l’air. En  vrai elles ne le sont pas,   puisque la pluie tombe. Mais leur vitesse n’a pas  grande importance : vu la vitesse de la lumière,   même si les gouttes tombent en réalité à quelques  mètres par seconde, ça ne change pas grand chose. En ce qui concerne le soleil, on va supposer  pour commencer qu’il est assez bas sur l’horizon,   de sorte que ses rayons arrivent de cette façon.  On n’a pas besoin de cette hypothèse en réalité,   mais ça va me simplifier les dessins au début.] Maintenant, faisons un zoom  sur une des gouttes d’eau. [RAYON Et imaginons un rayon lumineux qui vient  frapper la goutte. Je vais le dessiner en blanc,   et pour l’instant, ne nous soucions pas de la  couleur de la lumière. Dans un premier temps,   oubliez cette histoire de dispersion, de  prisme. C’est juste un rayon lumineux. En arrivant à la surface de la goutte,  une petite partie va être réfléchie   sur la surface. Mais la majorité va  entrer dans la goutte et subir une   déviation de sa trajectoire. C’est le  phénomène de réfraction de la lumière,   qui se produit quand un rayon lumineux passe  d’un milieu à un autre, ici de l’air vers l’eau.] Puisque ce phénomène de réfraction est essentiel,  attardons nous un peu dessus. Je suis sûr   que vous êtes familier des déformations  apparentes d’un objet plongé dans l’eau,   par exemple une paille dans un verre ou un corps  dans une piscine. C’est à cause de la réfraction. [SNELL Plus précisément, quand un rayon  passe d’un milieu 1 à un milieu 2,   il ne poursuit pas sa trajectoire tout droit,   mais l’angle qu’il forme avec la surface va  varier, il change légèrement de direction. Si on trace la perpendiculaire au point d’impact,  le rayon va se rapprocher de cet axe s’il arrive   dans un milieu d’indice plus élevé, par  exemple quand il passe de l’air à l’eau.   Inversement s’il repasse de l’eau à l’air, sa  trajectoire va s’éloigner de la perpendiculaire. Au XVIIe siècle, un physicien néerlandais,  Willebrord Snellius, ou Snell pour les intimes,   a mis au point une formule permettant de  calculer exactement l’angle de réfraction.   On l’appelle la loi de Snell. Sauf en France,  où l’on appelle loi de Snell-Descartes,   puisque Descartes l’aurait également  énoncée une quinzaine d’année plus tard. La loi s’énonce ainsi : n1 sinus i  = n2 sinus r. Dans cette formule,   n1 et n2 désignent les indices optiques des  deux milieux, i c’est l’angle du rayon incident,   mesuré par rapport à la perpendiculaire, et  r l’angle du rayon réfracté. Pour de l’air,   l’indice optique vaut quasiment 1,  et pour de l’eau, c’est environ 1.33. Comme l’indice de l’air est 1, on peut  simplifier la formule en appelant simplement   n l’indice de l’eau. On a donc sin i = n  sin r. Et avec ça, pour ceux que ça amuse,   vous pouvez même en déduire l’angle r en fonction  de l’angle incident. Il y a une formule explicite,   qui fait intervenir l’arcsinus,  qui permet d’inverser le sinus.] Bien, maintenant appliquons ça à notre  goutte d’eau frappé par son rayon lumineux. [GOUTTE Dans le cas d’une  goutte, la surface est sphérique,   mais on peut quand même tracer la  perpendiculaire au point d’impact,   simplement en prolongeant le rayon. Ca va  évidemment dépendre de la position exact du   rayon par rapport à la goutte, à quel endroit il  vient la frapper, mais prenons un cas générique. L’angle d’incidence est donc noté i, et la loi  de Snell-Descartes permet de calculer l’angle   réfracté r, qui va être plus petit. En arrivant  dans l’eau, on se rapproche de la perpendiculaire. Ensuite le rayon se prolonge  en ligne droite dans la goutte,   et atteint la surface opposée. Et là que  se passe-t-il ? Eh bien la majorité de   la lumière franchit l’interface, passe  de l’autre côté, et poursuit sa route. Mais il y en a une petite fraction, quelque %, qui  va être réfléchie à l’interface. La réflexion se   fait comme pour un miroir, avec le même angle,  et le rayon repart alors dans la goutte. Il va   finir par atteindre à nouveau la surface, et  là, la majorité va être réfracté en sortie. Sur ce dessin, on peut faire un peu de géométrie,   et donner les valeurs des différents angles  impliqués, rien de très compliqué. Même   si les valeurs numériques exactes vont  dépendre de l’incidence du rayon initial,   suivant qu’il arrive sur la goutte proche  de son axe, ou au contraire plus éloigné.] Ce schéma est très bien, car il nous permet de  voir le détail de ce qu’il se passe dans une   goutte, mais pour ce qui nous intéresse, on s’en  fiche un peu car quand on observe un arc en ciel,   on est situé très loin des gouttes  d’eau, qui en plus sont minuscules. [DEZOOM Si on dézoome ce schéma avec  toutes ces trajectoires compliquées,   on se rend compte que finalement la seule  chose qui compte, vu de loin, c’est l’angle   entre le rayon incident et le rayon qui ressort.  On l’appelle la déviation, notée D. Et le détail   de la trajectoire dans la goutte d’eau, vu de  loin, on s’en fiche un peu. Seul D nous importe.] [GOUTTE Si je reviens sur mon schéma zoomé,   cet angle D on peut le voir ici. En faisant à  nouveau un peu de géométrie dans le triangle,   on peut montrer qu’il vaut 4r - 2i. 4 fois  l’angle réfracté moins 2 fois l’angle incident. Mais on sait que l’angle réfracté r dépend de   l’angle incident i du fait de la relation de  Snell-Descartes. On l’a dit tout à l’heure,   on peut en sortir une expression  explicite pour r en fonction de i. Donc dans ma formule de déviation, je peux  simplement tout exprimer en fonction de i. Alors   rassurez-vous si les équations vous effraient,  la formule exacte, on s’en fiche un peu. La première chose remarquable à noter, c’est que  tout ça ne dépend pas du tout de la taille des   gouttes d’eau, le rayon de la goutte n’intervient  pas dans le calcul. Donc que j’aie des grosses   gouttes ou de la bruine, c’est pareil, les rayons  du soleil seront renvoyés de la même manière. Ensuite, ce qui est intéressant, c’est de  comprendre comment ça varie quand je fais changer   l’angle d’incidence, c’est-à-dire la position  du rayon initial par rapport à la goutte.] Je me suis amusé à coder une  petite simulation pour voir ce   qu’il se passe quand on fait varier  le rayon incident. Pour les curieux,   c’est fait avec Godot, je vous mettrais  la simulation en partage quelquepart. [SIMULATION Ici je vois la trajectoire d’un rayon,   et je peux faire varier différents paramètres.  Notamment, je peux changer l’endroit où vient   taper le rayon incident, ce qui  revient à changer l’angle i. Vous pouvez visualiser ici la valeur de la  déviation. Quand on fait varier le rayon   incident, on voit une chose intéressante  : pour des faibles angles d’incidence,   quand on est proche de l’axe, la déviation est  faible, puis quand on s’éloigne elle augmente. Mais quand on arrive sur le bord de la  goutte, regardez, elle redescend. C’est   à dire qu’il y a une valeur maximum de  la déviation, à peu près dans ce coin là. Sur les valeurs numériques, on  voit que le maximum de déviation   est autour de 41 degrés, et  d’ailleurs pour les matheux,   on aurait pu trouver cette valeur en faisant  des calculs sur la formule analytique. Puisqu’en pratique la goutte est  complètement illuminée par le soleil,   ce qui est intéressant, c’est de tracer  plein de rayons incidents sur la goutte. Ici j’augmente le nombre de rayons incidents dans  la simulation, et ça nous permet de constater   deux choses : premièrement la réflexion de  l’ensemble des rayons dans la goutte a une   forme de cône. Et l’angle de ce cône c’est le  maximum de déviation, donc autour de 41 degrés. Mais on voit également un truc intéressant, il  y a une accumulation de rayons sortant autour   de l’angle maximum. Ici j’ai pris des rayons  incidents qui sont régulièrement espacés. Et   on voit qu’ils ressortent de façon régulièrement  espacée…sauf sur les bords du cône. On constate   qu’il y en a plein qui se concentrent sur  les bords du cône, autour de 41 degrés.] Essayons de comprendre ce que ça signifie du  point de vue de l’observateur qui est au sol   et regarde le rideau de pluie. Chacune  des gouttes du rideau va donc en quelque   sorte réfléchir légèrement la lumière du soleil  qu’elle reçoit. Et cette réflexion va avoir une   forme de cône, avec une concentration  de lumière sur les bords de ce cône. [LOIN Prenons la vue de loin. Si mon  observateur regarde dans cette direction,   que verra-t-il ? Eh bien il recevra des rayons  en provenance de cette goutte-ci. Cette goutte   renvoie un cône de lumière qui est comme  ça. Et donc les rayons qui atteindront   mon observateur seront en provenance du  milieu du cône, donc modérément intenses. Pareil, si il regarde un peu plus bas sur  l’horizon, il reçoit des rayons en provenance   de l’intérieur du cône de réflexion. Mais si  l’observateur lève complètement la tête et   regarde cette zone là, tout en haut.  Eh bien il ne verra rien de spécial. Les gouttes situées ici renvoient  elle aussi de la lumière dans un cône,   et vous voyez qu’aucun des rayons en provenance du  cône ne ne va atteindre l’oeil de l’observateur. Et maintenant s’il regarde  pile dans cette direction,   il va regarder des gouttes qui lui envoient  leurs rayons les plus concentrés, ceux qui   sortent sur le bord du cône, souvenez vous, là  où on a une accumulation de rayons réfléchis. Donc en provenance de cette  direction en particulier,   l’observateur verra pas mal de  luminosité. Et cette direction,   c’est celle qui est située dans la direction  à 41°, puisque c’est l’angle du cône. Je résume tout ça. Vu d’en bas,  on a un peu de lumière réfléchie   par les gouttes situées en face, puis on passe par  un maximum de luminosité autour de 41°. Et puis   au dessus plus du tout de lumière réfléchie par  les gouttes qui parvienne jusqu’à l’observateur.] Juste avec cette description on pourrait  penser que ce qu’on devrait voir dans le   ciel c’est des bandes horizontales. Ici peu  brillant, une fine bande très brillante,   et au-dessus rien du tout. Mais c’est trompeur,  en fait la direction verticale ne joue aucun   rôle particulier ici. Souvenez vous qu’on  a parlé de cône pour la lumière réfléchie.  
Evidemment mes dessins sont en 2 dimensions,  mais la traduction en 3 dimensions ce serait   vraiment un cône de lumière. Et du point de  vue de l’observateur c’est pareil. Si vous   avez une zone brillante à 41° à la verticale,  eh bien elle va se retrouver dans n’importe   quelle autre orientation située à 41°. Et donc  la zone de surbrillance va en fait former un arc. [SURBRILLANCE Ce que je suis en train de  vous dire, c’est que d’après les calculs   qu’on vient de faire, si l’observateur  a en face de lui ce genre de paysage.   Eh bien du fait du phénomène de réflexion de  la lumière du soleil dans les gouttes d’eau,   il devrait voir ça : en superposition de sa vue  normale, il verra une surbrillance en forme d’arc. La surbrillance sera légère au centre,  intense sur les bords de l’arc,   et pas de surbrillance du tout au-dessus de  l’arc. Evidemment je dis depuis le début que   mon rayon est blanc, et donc j’ai dessiné  ce phénomène de surbrillance en blanc. Mais je pense que maintenant vous  commencez à voir où je veux en   venir. J’ai pour l’instant totalement  ignoré le phénomène de dispersion,   celui qu’on peut le voir avec le prisme  de Newton. Alors voyons ce que ça change.] [jingle] L’origine de la dispersion de la lumière,  c’est le fait que l’indice de réfraction   d’un milieu peut dépendre très légèrement  de la longueur d’onde. Dans le cas de l’eau,   ça se balade en gros entre 1.33 pour  le rouge et 1.345 pour le violet. [PRISME Ca veut dire que les  rayons violets ou bleu sont   réfractés légèrement plus fortement que  les rayons orange ou rouge. Avec un prisme,   c’est ce qui redonne la fameuse  dispersion qu’avait observé Newton.] Et dans le cas de notre goutte  d’eau, voyons ce que ça donne. [SIMULATION Ici dans ma simulation, je peux  faire varier légèrement la longueur d’onde,   et donc l’indice de réfraction de l’eau de  la goutte. Si je prends qu’un seul rayon   et que je change sa couleur, on peut voir  un petit impact sur l’angle de déviation. Mais si je trace plein de rayons, et  que je fais varier la longueur d’onde,   c’est plus visible. Observez les bords du cône,   là où les rayons réfléchis sont concentrés. On  voit que le cône change subtilement de forme. L’angle est légèrement plus faible pour  le violet, légèrement plus élevé pour   le rouge. Donc contrairement à ce que je disais  initialement, la valeur de l’angle critique n’est   pas exactement 41°, mais se situe entre un peu  plus de 40° pour le violet et 42° pour le rouge.] Et donc à cause de la dispersion, chaque goutte  va émettre des cônes de réflexion qui vont être   légèrement différents pour chacune des longueurs  d’onde. Vu de loin, notre arc de surbrillance sera   en fait constitué de plusieurs arcs légèrement  décalés les uns par rapport aux autres. [ARCS COLORES Un tout petit peu plus grand pour  le rouge, un tout petit peu plus petit pour le   violet. Et ce qu’on va voir au total, c’est la  superposition de toutes ces arcs en surbrillance. Et voici le résultat, dans la zone centrale,  toutes les longueurs d’onde sont présentes   en faible intensité, il en résulte une  légère surbrillance, mais qui nous apparait   toujours comme blanche, puisque c’est le  mélange de toutes les longueurs d’onde. Mais aux abord de la limite, les  arcs de surbrillance de chacune   des couleurs sont légèrement décalés,  et donc on observe : un arc en ciel. Et notez que ça permet d’expliquer deux  choses qu’on constate souvent. Premièrement,   le fait que l’intérieur de l’arc en ciel soit  plus lumineux que son extérieur. C’est normal,   c’est parce qu’il y a un peu de lumière blanche  réfléchie que l’on capte en provenance des   gouttes situées à l’interieur, mais  rien en provenance de l’extérieur.] [DOUBLE Et aussi, ça explique pourquoi  le rouge est souvent plus contrasté   que par exemple le bleu ou le violet. A  l’angle critique où se trouve le rouge,   il n’y a vraiment que lui comme couleur.  Alors que dans la zone du violet,   on a déjà une superposition de toutes les  couleurs du dessus, même si elles y sont en   plus faible intensité. Ce qui a tendance  à délaver un peu le bleu et le violet.] Enfin un point important à comprendre  concernant cet arc : il n’est localisé   nulle part en particulier. Chacun voit  le sien en fonction de sa position. [DEUX OBSERVATEURS Ici si je place un deuxième  observateur plus proche du rideau de pluie,   il verra l’arc en ciel lui aussi  à 41° dans la même direction,   mais en provenance de gouttes qui sont  différentes de celles du premier observateur. Ca signifie que même si le premier  observateur se déplace, et avance,   il continuera de voir l’arc en ciel en provenance  du même angle, à la même position apparente,   même si ce seront en fait des gouttes  différentes qui seront la source des couleurs.] Tout à l’heure je faisais la  comparaison avec les couleurs   créées par le prisme de Newton.  Voyons exactement la différence. [COMPARAISON Dans le cas de la dispersion créée  par un prisme sur disons une feuille de papier,   chaque point de la feuille réfléchit une  couleur différente, mais la réfléchit dans   toutes les directions, donc pour tous  les observateurs où qu’ils se situent. Donc tout le monde voit le  même rouge, le même vert,   le même bleu, et localisés aux  même endroit de la feuille. Mais dans le cas de l’arc en ciel, chaque goutte  émet l’ensemble des longueurs d’onde, le rouge,   le vert, le bleu, mais dans des directions qui  sont légèrement différentes pour chaque couleur.] Bien maintenant, que tout cela est clair,   j’espère, on peut passer à la dernière  pièce du puzzle : le double arc-en-ciel. [jingle] [DOUBLE Je suis sûr que vous avez  déjà vu un double arc-en-ciel : le   second arc apparait parfois un peu  au-dessus du premier. Et vous avez   peut-être noté une bizarrerie : il  est inversé. Le rouge à l’intérieur,   le bleu à l’extérieur. Et pour le comprendre,  il faut revenir au schéma de ma goutte.] [GOUTTE Je vous ai dit qu’à la fin, le  rayon qui resortait de la goutte était   réfracté. C’est vrai pour la majorité  de la lumière, mais comme toujours,   un petit pourcentage de l’intensité lumineuse  va à nouveau être réfléchi à l’interface,   et repartir pour un trajet dans la  goutte avant de finalement ressortir. Donc chaque rayon entrant va en réalité  donner lieu à deux rayons sortants,   dirigés différemment. Le deuxième  étant moins intense du fait de la   réflexion supplémentaire qu’il a  subi à l’intérieur de la goutte.] [SIMU Je peux activer dans ma simulation  la visualisation de ces rayons secondaires.   Cette fois ce sont plutôt les rayons qui  arrivent sur la partie inférieure de la   goutte qui vont être renvoyés vers le  bas, dans la direction de l’observateur. Et pour avoir l’image complète, on peut là aussi  tracer plein de rayon incidents. On constate alors   que l’ensemble va former un motif bien particulier  qu’on peut appeler disons un anti-cône. Tous les rayons secondaires qui ressortent  le font à l’extérieur d’un cône, dont on   peut estimer l’angle, ici environ 53°. Et  comme dans le cas des rayons primaires,   on voit une accumulation sur les  bords du cône, une surbrillance. Et si je fais varier la longueur d’onde,  on voit que l’angle limite est plus élevé   pour bleu-violet, environ 54°, et plus  faible pour le rouge, autour de 50°.] [DOUBLE SURBRILLANCE Et si on trace ce  motif pour les différentes couleurs,   voici ce qu’on obtient. On retrouve bien un  dégradé de couleurs, car l’angle critique   dépend toujours de la longueur d’onde, mais  comme on le voit en quelque sorte à l’envers,   c’est inversé. Et la surbrillance blanche  légère est située cette fois au-dessus de l’arc. Au total, quand le phénomène d’arc en  ciel est vraiment intense, on peut donc   observer une surbrillance blanche entre 0  et 42°, qui se termine par un arc en ciel,   et une autre sur-brillance à partir de 53°,  qui commence par un arc en ciel inversé. Et entre les deux, on n’a aucune surbrillance.  Et donc on a ce qui se manifeste parfois comme   une bande sombre située entre les deux  arcs, on l’appelle la bande d’Alexander. Mais notez que si cette zone est sombre, ça  n’est pas parce qu’il s’y passe quelque chose   de particulier qui l’assombrit. C’est  plutôt le contraire, c’est le reste des   directions qui subit des surbrillances dues  aux réflexions du soleil dans les gouttes.] Pour finir, un petit commentaire sur la  géométrie de la situation. Au tout début,   je vous ai dit qu’on prenait des rayons  du soleil qui arrivaient d’assez bas sur   l’horizon histoire de se simplifier les dessins. Tout ce que je vous ai raconté ici reste valide si  ça n’est pas le cas, la seule différence c’est la   référence des angles, on doit les prendre par  rapport à la direction des rayons du soleil. [SIMULATION Quand je vous ai dit que  l’arc était à un angle d’environ 41°,   dans le cas général il faut compter 41°  à partir de la direction des rayons. Je peux jouer avec ça dans ma simulation.  Plus le soleil va être haut dans le ciel,   derrière l’observateur, plus les rayons  incidents arrivent avec un angle élevé,   plus la zone de surbrillance aura un angle faible,  et donc plus l’arc apparaitra bas sur l’horizon. C’est pour ça que les arcs en ciel  ne s’observent pas en général en   milieu de journée, mais assez  souvent en fin d’après-midi.] Détail amusant, puisque l’arc apparait à un  angle fixe de l’axe des rayons du soleil,   le centre apparent de l’arc, c’est l’ombre de  votre tête, si vous en avez une. Ca n’est pas   facile à voir mais sur certaines photos comme  celle-ci, quand le soleil est suffisamment bas,   on le voit bien. Ou bien encore si  on voit un arc en ciel vu d’avion. Voilà c’est tout ce qu’on pouvait  dire sur l’arc-en-ciel en utilisant   uniquement les lois de l’optique géométrique,   on pourrait aussi évoquer d’autres phénomènes  plus rares qui surviennent parfois. Mais si   vous voulez en savoir plus je vous renvoie  au billet de blog qui accompagne l’épisode. Merci d’avoir suivi la vidéo,  pour prolonger la discussion   retrouvez moi sur le serveur Discord  de la communauté Science étonnante,   le lien est en description, et je vous dit à  très vite pour une nouvelle vidéo. A bientôt.