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Analyse des marchés : Monopole et Oligopole

Dans cette vidéo, nous aurons deux objectifs. Comprendre, à l'aide de représentations graphiques, que l'équilibre du monopole n'est pas efficace. Ensuite... comprendre ce qu'est un oligopole et, à l'aide du dilemme du prisonnier, pourquoi les firmes en oligopole ont intérêt à former des ententes. Le monopole est une situation de marché où un seul offreur fait face à un grand nombre de demandeurs. Dans cette situation d'absence de concurrence, l'entreprise a un pouvoir de marché maximal. Elle peut imposer ses prix de vente. On dit alors que le monopole est faiseur de prix ou « price maker » en anglais. En situation de concurrence parfaite, ici pour un prix de 6 euros et une quantité échangée de 6, on peut remarquer que le surplus du consommateur, le triangle orange, et celui du producteur, le triangle bleu, sont les plus élevés possibles. Le surplus total, en rouge, est ici aussi le plus élevé possible. C'est la raison pour laquelle cette situation est supposée optimale. En situation de monopole, l'entreprise augmente son prix de 6 à 8 euros car elle est « price maker » . C'est dans son intérêt car elle veut maximiser son profit. Soulignons tout de même qu'elle ne peut pas augmenter ses prix indéfiniment car elle risquerait de perdre tous ses clients. Par conséquent, la quantité demandée, décroissante en fonction du prix, diminue de 6 à 4 et le point d'équilibre se déplace de E1 vers E2. On constate une diminution du surplus du consommateur. Le surplus total, la zone rouge, qui correspond à la somme des surplus du consommateur et du producteur, lui aussi a diminué, donc le 2. Gains et échanges également. Les économistes nomment cette baisse la perte sèche. Elle est matérialisée par le triangle noir. L'équilibre de monopole n'est pas efficace par rapport à celui de concurrence parfaite, car le consommateur va payer son produit à un prix supérieur à celui de concurrence parfaite. De plus, la quantité échangée diminue, tout comme le surplus du consommateur et celui de la société dans son ensemble. L'oligopole est une situation de marché où un petit nombre d'offreurs rencontrent une multitude de demandeurs. La condition d'atomicité n'est donc pas respectée. Ces offreurs ont deux solutions, se faire concurrence ou bien former un cartel, c'est-à-dire s'entendre entre eux. L'entendre peut porter sur les prix, les quantités échangées, les produits vendus ou la répartition géographique des marchés. Un mathématicien américain, Albert Tucker, en 1950, formula le dilemme du prisonnier. Cet exemple célèbre de la théorie mathématique des jeux permet de comprendre pourquoi les ententes entre entreprises sont justifiées dans le cas de l'oligopole. Deux individus A et B sont arrêtés par la police et suspectés d'avoir commis un crime. Les preuves sont insuffisantes pour les condamner et la police compte sur leurs aveux. Ils sont donc interrogés séparément et ne peuvent communiquer. Chacun des deux suspects a deux possibilités, dénoncer son complice ou se taire. Les deux complices ont conclu un accord secret avant d'être arrêtés, ne rien avouer. Mais vont-ils respecter cet accord sachant que la police promet de libérer chacun d'eux s'ils dénoncent son complice ? Le tableau représente la durée des peines encourues selon le comportement de chacun. Chacun des prisonniers réfléchit de son côté en considérant les deux cas possibles de réaction de son complice. Si je suis le suspect A, dans le cas où B me dénoncerait, si je me tais, je ferai 10 ans de prison, mais si je le dénonce, je ne ferai que 5 ans. Dans le cas où il ne me dénoncerait pas, si je me tais, je ferai 6 mois de prison, mais si je le dénonce, je serai libre. Quel que soit son choix, j'ai donc intérêt à le dénoncer. Si le suspect B fait également ce raisonnement, les deux vont probablement choisir de se dénoncer mutuellement, ce choix étant le plus rationnel. Conformément à l'énoncé, ils écoperont dès lors de 5 ans de prison chacun. Or, s'ils étaient tous deux restés silencieux, ils n'auraient écopé que de 6 mois chacun. Ainsi, lorsque chacun poursuit son intérêt individuel, le résultat obtenu n'est pas optimal. Quel rapport avec l'économie et l'oligopole ? Le dilemme du prisonnier fournit un cadre général pour penser les situations où deux ou plusieurs acteurs ont un intérêt à coopérer, mais un intérêt encore plus fort à ne pas le faire si l'autre le fait. Imaginons un oligopole sur lequel il n'existe que deux producteurs. On appelle ça un duopole. Prenons l'exemple de l'aéronautique avec Boeing et Airbus qui se partagent la quasi-totalité des parts de marché. Chacun d'eux peut décider soit de baisser ses prix, soit de les maintenir. Si les deux maintiennent des prix élevés, ils empochent chacun 3 milliards de profits. Si un seul baisse les prix, il rafle tous les clients de l'autre et empoche 5 milliards. Enfin, si les deux baissent leurs prix, ils se livrent à une guerre des prix dommageable pour les deux et gagnent chacun seulement 1 milliard de bénéfices. Pour les producteurs, l'entente est donc préférable à la concurrence. La coopération est préférable à la guerre des prix. Souvent, cette entente est illicite car contraire aux intérêts du consommateur et punie sévèrement par les autorités de la concurrence. La coopération est donc bénéfique pour les entreprises, mais elle est instable. En effet, chaque entreprise a intérêt à ne pas respecter l'accord. Si chacune réalise le même calcul, l'entente est très précaire. De plus, les autorités de la concurrence incitent les entreprises à dénoncer les ententes pour éviter de lourdes amendes. Musique Musique