Bonjour, nous poursuivons aujourd'hui notre étude complète de la philosophie de Spinoza et nous allons consacrer cet épisode à la question Qui est Dieu selon Spinoza ? Et pour que vous saisissiez dans quelle mesure la conception que Spinoza propose de Dieu est radicalement différente de celle que nous en avons traditionnellement et à quel point elle fut considérée comme dangereuse, voire redoutable, par les autorités religieuses de son temps, Je vais commencer par vous lire le décret prononcé en 1656 par les chefs de la synagogue d'Amsterdam, décret qui condamne à Spinoza au bannissement à vie de la communauté juive. Je cite A l'aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté en présence de nos saints livres.
Qu'il soit maudit le jour, qu'il soit maudit la nuit, qu'il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu'il veille. Veuille l'Éternel ne jamais lui pardonner. Veuille l'Éternel allumer contre cet homme toute sa colère et déverser sur lui tous les malheurs mentionnés dans le livre de la loi. Que son nom soit effacé dans ce monde et à tout jamais, et qu'il plaise à Dieu de le séparer de toutes les tribus d'Israël en l'affligeant de tout.
toutes les malédictions que contient la loi. Sachez que vous ne devez avoir avec Spinoza aucune relation ni écrite ni verbale, qu'il ne lui soit rendu aucun service et que personne ne l'approche à moins de quatre coudées, que personne ne demeure sous le même toit que lui et que personne ne lise aucun de ses écrits. Fin de citation.
Bon, vous l'avez compris, une telle condamnation... équivalait à une véritable mise à mort sociale. Et pas seulement sociale d'ailleurs, puisque Spinoza fut en outre victime d'une tentative d'assassinat par un fanatique. Et pour la petite anecdote, sachez que le bannissement prononcé contre Spinoza, que je viens de vous lire, n'a jamais été levé et qu'il est donc aujourd'hui encore toujours en vigueur.
Alors, si j'ai choisi de commencer cet épisode par la lecture de ce texte, c'est parce qu'il est intéressant à double titre. Premièrement, nous l'avons dit, il montre la haine que la philosophie de Spinoza provoqua chez les autorités religieuses de son temps. Mais surtout, et c'est ça qui est le plus important, si nous reprenons les termes du texte, nous voyons que ceux qui l'ont rédigé implorent Dieu d'allumer toute sa colère contre Spinoza et de déverser sur lui tous les malheurs. Autrement dit, ceux qui ont écrit ce texte supposent que Dieu est capable de les entendre. et d'éprouver de la colère.
Donc, que Dieu est capable d'éprouver des émotions. Et cela n'a rien d'étonnant. Toute la Bible est un véritable catalogue des émotions que ressent Dieu.
Il est tour à tour joyeux, satisfait, triste, jaloux, rancunier, colérique, vengeur. Il a besoin qu'on l'aime, il a besoin qu'on le respecte, qu'on lui obéisse, qu'on cherche à comprendre sa volonté, etc. Autant d'émotions et de besoins qui sont, évidemment, des...
transposition d'émotions humaines. Si bien qu'on pourrait dire, pour être un peu facétieux, que ce n'est pas vraiment Dieu qui a fait l'homme à son image, mais que c'est plutôt l'homme qui a fait Dieu à son image. Et c'est pourquoi les religieux qui ont rédigé le texte de bannissement de Spinoza s'adressent à Dieu comme on s'adresserait à un être humain.
Bon, pas n'importe quel être humain, mais comme on s'adresserait à un être humain qui a du pouvoir. Un roi, par exemple. S'il vous plaît, majesté, nous vous implorons de maudire Spinoza et de lui faire le plus de mal possible.
Donc, non seulement pour ces religieux, Dieu ressent des émotions, mais en outre, Dieu est une personne. Et comme toute personne, Dieu est capable d'écouter, de parler, d'agir dans le monde, de sauver, de punir, etc. Et les lecteurs de la Bible savent que les passages ne manquent pas où l'on décrit le corps de Dieu. Par exemple, dans la Genèse, dans les psaumes, ou encore dans l'Exode, Dieu est dit avoir des yeux, des oreilles, des mains, un visage.
Et d'ailleurs, le Dieu des religions monothéistes se comporte exactement comme un roi. Il est assis sur un trône, il exige une obéissance et une adoration de sa personne, il dicte des lois et des commandements, et il décide du sort de ses sujets selon son bon vouloir. Alors certes, Dieu n'est pas un roi comme les autres, parce que Dieu, s'il existe, ne vit pas dans le monde, mais nécessairement hors du monde, puisqu'il a créé le monde. Comment aurait-il pu créer le monde s'il était dedans ? Donc, résumons.
Dans ce que l'on appelle les religions du livre, c'est-à-dire les trois grands monothéismes, à savoir le judaïsme, le christianisme et l'islam, Dieu est une personne. Une personne qui existait avant le monde et qui a créé le monde, un monde différent de lui, extérieur à lui, mais un monde avec lequel il interagit. Et ce Dieu ressent les mêmes émotions que ressentent les êtres humains. C'est pourquoi lorsque nous essayons de comprendre, de connaître Dieu, nous nous posons la question Qui est Dieu ?
et c'est d'ailleurs le titre de cet épisode. Et bien justement, pour comprendre qui est Dieu selon Spinoza, il va falloir changer les termes de la question et remplacer la question immémoriale Qui est Dieu ? par une autre question, la question Qu'est-ce que Dieu ? Parce que la première chose que Spinoza nous dit, c'est que Dieu n'est pas Dieu. pas une personne.
Dieu n'est pas une personne, mais Dieu est une chose. Et cette chose, c'est ce que Spinoza appelle une substance. Dieu est une substance. Alors, même si ça peut sembler un peu étrange de le formuler comme ça, vous allez très vite comprendre pourquoi Spinoza affirme que Dieu est une substance.
Mais d'abord, nous allons définir ce qu'est une substance. Une substance, c'est la matière avec laquelle une chose est formée. Par exemple, le bois, c'est la substance avec laquelle on fabrique des meubles, des maisons, des instruments de musique, etc. Et avec une autre substance, par exemple de l'eau, on peut remplir une piscine, fabriquer des glaçons, faire de la vapeur, et ainsi de suite. Eh bien, ce que nous dit Spinoza, c'est que toutes les choses qui constituent le monde, l'univers, sont fabriquées à partir de la matière.
d'une seule et unique substance. Chaque chose qui existe dans la réalité est un morceau, plus précisément une modification d'une substance unique. Et Spinoza ajoute que cette substance unique, infinie et éternelle, est la seule cause d'elle-même.
Et donc la substance unique, la substance divine, qui contient toutes les choses qui existent dans l'univers, non seulement à la puissance de se créer elle-même, mais surtout de se produire en permanence, en continu, depuis toujours et pour toujours. Alors, comment Spinoza peut-il prouver que tout est contenu dans une seule et unique substance ? C'est assez compliqué à résumer car c'est l'objet de toute la première partie de l'éthique qui est sans doute la partie la plus difficile du livre.
Mais disons pour simplifier à l'extrême que cela peut se démontrer par la logique. Si toutes les choses que nous percevons existent, il faut bien qu'elles soient contenues dans quelque chose de plus grand. Rien ne peut exister en dehors de quelque chose.
Rien, à l'exception de la plus grande chose qui soit et qui les contient toutes. Et cette chose, c'est la substance divine. Donc, retenez bien ceci, si toutes les choses que nous percevons existent, elles doivent nécessairement être contenues dans une substance infinie qui les englobe.
Mais alors, vous pourriez me dire, pourquoi Spinoza affirme-t-il qu'il n'y a qu'une seule substance divine ? Pourquoi n'y aurait-il pas plusieurs substances divines ? Et bien là encore, c'est très logique.
Il ne peut pas y avoir plusieurs substances infinies, tout simplement parce que s'il y avait plusieurs substances infinies, Elles seraient nécessairement limitées les unes par les autres et elles ne pourraient donc pas être infinies, ce qui est absurde. C'est pourquoi Spinoza déclare que cette substance unique et infinie est Dieu. Dieu n'est donc pas séparé du monde, comme le prétendent les religions monothéistes.
Dieu n'est pas hors du monde, mais au contraire, Dieu est le monde lui-même. Il est présent. en partie dans chaque chose qui compose le monde. Et la totalité des choses qui composent le monde, la somme des choses qu'il y a dans le monde, c'est donc Dieu lui-même.
Et puisqu'il y a un nombre infini de choses dans le monde, cela montre bien que Dieu est infini. Donc, résumons ce que nous devons retenir avant d'aller plus loin. Chaque chose qui compose le monde est une partie de Dieu.
Nous sommes... tous fabriqués avec cette pâte fondamentale, la substance divine. Vous, moi, l'écran sur lequel vous regardez cette vidéo, la pièce dans laquelle vous êtes, l'air que vous respirez, le sol sur lequel vous marchez, les constellations d'étoiles que vous voyez la nuit dans le ciel, les galaxies, tout, absolument tout, est une partie d'une seule et unique substance. D'où la célèbre formule de Spinoza, Deus siue natura, que l'on peut traduire ainsi, Dieu, c'est-à-dire la nature. Alors ici, on pourrait faire une remarque à Spinoza.
Si tout n'est que substance, pourquoi parler de Dieu ? Si Dieu n'est rien d'autre que la nature qui se produit elle-même, pourquoi Spinoza a-t-il gardé ce nom de Dieu pour la désigner ? C'est d'autant plus étrange qu'en désignant la nature du nom de Dieu, Spinoza sème le trouble. Il utilise un nom qui était, pour ainsi dire, déjà pris.
Et comme il lui donne une définition très différente de la définition que lui ont donné les religions, non seulement il s'attire des ennuis, mais en plus il complique la façon dont on peut comprendre sa philosophie, car il nous oblige à renoncer à une conception de Dieu que nous avions assimilée depuis des millénaires. Et bien, si Spinoza tient à garder le nom de Dieu, c'est justement parce que cette substance a toutes les facultés que l'on reconnaissait jusque-là à Dieu. Elle est capable de se produire elle-même, autrement dit, elle n'a besoin d'aucune autre cause qu'elle-même pour exister. Elle englobe et manifeste toutes les lois de la nature.
Elle est la seule substance infinie et éternelle et elle est la source de toute réalité. En ce sens, le nom de Dieu devait être conservé par Spinoza. Cependant, gardons bien à l'esprit que la substance divine possède toutes les qualités du dieu traditionnel, à l'exception de trois qualités, et non des moindres.
Premièrement, elle n'est pas anthropomorphique, c'est-à-dire qu'elle n'est pas à l'image de l'homme, elle n'a pas un corps d'être humain. Deuxièmement, elle n'éprouve pas d'émotions humaines comme de la colère ou de la jalousie par exemple. Et troisièmement, contrairement au dieu traditionnel, la substance n'est pas située en dehors du monde. Elle est le monde lui-même.
Elle n'est donc pas transcendante mais immanente, pour le dire avec un vocabulaire philosophique. Rappelons qu'en philosophie, l'immanence désigne une chose qui a son principe en elle-même, contrairement à la transcendance qui indique une cause extérieure, surnaturelle pour ainsi dire. Bon, alors à présent qu'on a bien compris ce qu'est la substance divine, on va aller un peu plus loin. Et ce que je vais dire maintenant va peut-être vous sembler...
un peu compliqué au début, mais surtout, même si vous ne comprenez pas tout, ne décrochez pas, car ensuite je vais vous donner un exemple très simple qui vous permettra de comprendre parfaitement tout ce que vous aurez entendu. Donc un peu de patience et commençons par le plus difficile. Nous avons dit que tout ce qui existe dans l'univers est une partie de la substance divine, bien, mais maintenant il faut ajouter que lorsque nous disons cela, Nous ne parlons pas seulement des choses matérielles, comme un arbre, une pierre, un être humain ou une galaxie. Nous parlons aussi des choses qui ne sont pas matérielles, comme les pensées, les émotions, les souvenirs, les idées, les lois mathématiques, etc. Toutes ces choses qui sont impalpables, qui sont immatérielles, font aussi partie de la substance.
Elles sont aussi des morceaux de la substance divine. Comment est-ce possible ? Parce que...
nous dit Spinoza, la substance possède une infinité d'attributs. Dieu est une substance constituée d'une infinité d'attributs. Qu'est-ce que ça veut dire ? Et qu'est-ce qu'un attribut ? Selon Spinoza, un attribut est une manière particulière dont la substance s'exprime ou se manifeste.
Et dans cette infinité d'attributs qui constituent la substance, les êtres humains peuvent en percevoir seulement deux. L'étendue et la pensée. L'étendue, c'est l'espace, c'est le monde que vous observez autour de vous. L'étendue concerne donc tout ce qui est matériel, tangible, comme les objets physiques, les corps, etc.
Et la pensée, quant à elle, englobe les idées, les émotions et tout ce qui relève du domaine mental. Alors là, attention à ne pas commettre une erreur fatale qui consisterait à dire, bon... Tout ce qui est tangible, un corps, un arbre, une galaxie, je le range dans l'attribut étendu. Et tout ce qui est immatériel, par exemple un souvenir ou une loi mathématique, je le range dans l'attribut pensé.
Parce que, pour Spinoza, ça ne marche pas du tout comme ça. Chaque chose qui est contenue dans la substance se manifeste simultanément dans les deux attributs, donc à la fois dans l'étendue et dans la pensée. Ce qui signifie que chaque chose possède une existence à la fois physique et mentale.
Par exemple, votre corps est quelque chose de physique, mais c'est aussi quelque chose de mental dans la mesure où vous avez l'idée de votre corps. Et il en va de même pour absolument tout. Ces deux aspects, l'aspect matériel, donc tout ce qui se passe dans l'étendue, et l'aspect mental, donc tout ce qui se passe dans la pensée, sont en fait les deux aspects d'une même réalité. Et c'est ça qu'il faut bien comprendre.
L'attribut étendu et l'attribut pensée sont comme les deux angles sous lesquels vous considérez les mêmes objets. Et donc... ces deux ongles sont aussi inséparables que les deux faces d'une même pièce de monnaie.
Ils sont les deux aspects d'une seule et même chose, d'une seule et même partie de la substance. Alors, si vous n'avez rien compris, souvenez-vous que je vous avais promis de vous donner un exemple qui va rendre tout cela très clair. Et cet exemple, c'est celui d'une partie d'échec. Lorsque vous jouez aux échecs, la partie que vous jouez se déroule à la fois dans la tribu étendue et dans la tribu pensée.
Dans la tribu étendue, on trouve l'échiquier, les pièces de l'échiquier, la dame, le roi, le cavalier, la tour, qui sont des objets tangibles. Dans l'étendue, on trouve aussi les deux personnes qui jouent la partie d'échec, vous et votre adversaire. Et chaque fois que vous déplacez un pion, vous le déplacez dans l'étendue. Bon, là vous me suivez, c'est très simple. Eh bien, tout ce que je viens de dire, c'est valable aussi et simultanément dans l'attribut pensée.
Dans l'attribut pensée, on retrouve l'idée de l'échiquier que vous avez dans votre esprit et l'idée des pièces de l'échiquier qui ne sont pas seulement des objets tangibles mais qui représentent aussi pour vous des possibilités abstraites de mouvement. Par exemple, vous savez mentalement que le fou, ce n'est pas seulement une pièce qui a la forme du fou. C'est d'abord pour vous dans votre pensée une pièce qui se déplace en diagonale sur l'échiquier.
Et quand je dis dans votre pensée ce n'est pas tout à fait exact, parce que votre adversaire le sait aussi. Il a lui aussi l'idée du fou, c'est-à-dire l'idée d'une pièce qui peut se déplacer en diagonale. Et puis, vous avez aussi l'idée de votre corps qui est en train de jouer cette partie.
Et vous avez aussi l'idée du corps de votre adversaire. Mais ça ne s'arrête pas là. Chaque fois que vous déplacez une pièce sur l'échiquier, vous avez en tête l'idée de toute la partie que vous êtes en train de jouer, et votre adversaire aussi.
La partie se déroule donc simultanément dans les deux attributs, dans l'étendue, c'est-à-dire sur l'échiquier, et dans la pensée, c'est-à-dire dans votre esprit et dans l'esprit de votre adversaire. Mais attention, ce ne sont pas deux pensées différentes. Vous et votre adversaire, vous êtes en train de penser à la même partie au même moment. Et là, vous voyez bien que l'attribut pensée n'est pas quelque chose de personnel, mais quelque chose de commun à tous les entendements, exactement comme la réalité physique est la même pour tous.
Et c'est pourquoi ces deux attributs, l'étendue et la pensée, ne sont pas des attributs humains, mais sont bien des attributs de la substance divine, des attributs divins, les deux faces d'une seule et même réalité. Dans l'exemple présent, c'est la partie d'échec qui est en train de se jouer. Mais la question qui va vraiment nous permettre de comprendre le dieu de Spinoza, c'est qui va gagner cette partie d'échec ? Réponse, écoutez bien, celui qui va gagner la partie entre vous et votre adversaire, c'est celui de vous deux qui aura l'idée la plus adéquate de la partie toute entière. Alors, si vous avez compris ça, Autant dire que vous avez tout compris Aspinoza.
Celui qui va gagner la partie d'échec, c'est celui qui va être capable, intuitivement, de savoir quelle est la partie qui est en train de se jouer parmi toutes les parties d'échec possibles qui existent. Je m'explique. Il n'y a pas un nombre infini de parties d'échec possibles. Le nombre de parties d'échec possibles est fini. Mais il est...
tellement immense qu'il est difficile à concevoir. On l'estime à environ 10 puissance 123, c'est-à-dire 1 suivi de 123 zéros. Pour vous donner une idée de l'immensité de ce nombre, disons qu'il y a plus de parties d'échecs possibles que d'atomes dans l'univers observable. Mais cela dit, même si c'est énorme, c'est quand même un nombre fini. Eh bien, celui qui va gagner la partie, c'est celui qui va être capable de savoir parmi ce nombre immense de parties possibles, laquelle est en train de se jouer.
Alors vous allez me dire, mais c'est impossible ! personne ne peut se représenter un aussi grand nombre de parties possibles. D'accord, alors disons que celui qui va gagner, c'est celui des deux adversaires qui va se rapprocher le plus possible, c'est-à-dire autant qu'un être humain en est capable, de la seule partie qui est en train de se jouer, l'une des une puissance 123 parties possibles. Car s'il arrive à s'en approcher, grâce à ce que Spinoza appelle la connaissance intuitive, Alors il saura comment gagner la partie, puisqu'il saura comment cette partie-là doit nécessairement se dérouler et comment elle doit nécessairement se terminer pour tourner à son avantage. Eh bien, voilà où je veux en venir.
Il n'y a qu'un seul entendement au monde, qu'une seule intelligence au monde qui soit capable de connaître les 10 puissance 123 parties d'échecs possibles. Et cet entendement, c'est bien sûr... l'entendement divin.
L'intelligence totale dont votre intelligence, tout comme l'intelligence de votre adversaire dans cette partie d'échec, n'est qu'une portion. Votre entendement n'est qu'une portion de l'intelligence totale de la substance, tout comme votre corps n'est qu'une portion de la matière totale de la substance. Mais c'est la même portion vue sous deux angles différents.
Votre corps et votre esprit sont la même portion, le même morceau de la substance divine, considéré sous deux attributs différents. L'attribut de l'étendue, votre corps, et l'attribut de la pensée, c'est-à-dire l'idée de votre corps. Bon, alors pour finir, quelle est la différence entre vous et Dieu ?
Eh bien c'est tout simple. Vous pouvez avoir envie de jouer aux échecs, tandis que Dieu ne peut pas. avoir envie de jouer aux échecs.
Et vous avez peut-être déjà compris pourquoi. Personne n'a envie de jouer à un jeu dont il connaîtrait d'avance toutes les combinaisons, toutes les parties possibles. Et j'espère que cet exemple vous permet de comprendre pourquoi Dieu ne peut pas éprouver les mêmes émotions que les humains.
Contrairement à ce qu'affirment les religions et les textes sacrés. Il ne le peut pas parce qu'il n'en a pas besoin. Il n'a pas besoin de jouer une partie qu'il connaît déjà. Puisqu'il les connaît toutes, puisque toutes les parties possibles sont déjà contenues en lui. Dieu, c'est-à-dire la nature, n'a besoin de rien d'autre que d'être.
Mais vous, votre finitude vous donne la possibilité de dire échec et mat Tout en sachant qu'à chaque fois que vous dites échec et mat ce n'est pas vous qui parlez, mais une partie de Dieu qui s'exprime à travers vous. Parole de philosophe