Vous écoutez Radio Air Libre. Dans la série Les Maudits, l'émission d'aujourd'hui sera consacrée à un problème essentiel de l'Antiquité classique, qui est celui de l'esclavage. Le problème posé sera celui des esclaves grecs en tant que classe sociale. Je me base sur un article de Pierre Vidal-Naquet, le grand héléniste français, qui s'est interrogé sur ce sujet dans Raison Présente en 1968. Dans la société grecque, les esclaves étaient-ils une classe ? La question est moins triviale qu'il n'y paraît peut-être, et la poser sous cette forme exige de la part de l'historien de la Grèce quelques éclaircissements.
Notre conception moderne de la classe sociale paraît liée à trois ordres de phénomènes bien distincts qui seront énumérés ici tout à fait empiriquement et sans choisir. 1. Une classe, c'est un groupe d'hommes qui occupe une place bien définie dans l'échelle sociale. C'est ce que nous exprimons en langage commun quand nous parlons de la grande bourgeoisie ou de la petite bourgeoisie, de la prétendue classe moyenne ou des classes inférieures.
On sait avec quelle subtilité empirique les auteurs anglo-saxons ont utilisé ce vocabulaire. Alors, ce n'est évidemment pas un hasard si c'est l'historien anglais Hill qui est l'auteur d'un livre intitulé La vie de l'homme intitulé The Modern Middle Class, consacré à ces chevaliers romains, dont Claude Nicolet a démontré que jusqu'à l'époque d'Auguste, ils ont constitué non une classe, mais un ordre. Deux.
Une classe sociale occupe une place définie dans les rapports de production. C'est là l'apport principal du marxisme et il est inutile d'insister là-dessus. 3. Enfin, une classe sociale suppose la prise de conscience, d'intérêt commun, l'emploi d'un langage commun, une action commune dans le jeu politique et social. cela aussi nous le devons à marx et on rappellera simplement la page célèbre du brumaire de louis bonaparte sur les petits paysans parcellaires français énorme, dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports complexes. Fin de citation.
Et chacun connaît la conclusion de Marx, jouant sur les deux sens possibles du mot classe. Je cite Marx Dans la mesure où des millions de familles paysannes vivent dans des conditions économiques qui les séparent les unes des autres et opposent leur genre de vie, leurs intérêts, leur culture à ceux des autres classes de la société, Elle constitue une classe. Mais, dans la mesure où, entre paysans parcellaires, il n'existe qu'une solidarité locale et où l'identité de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communauté, aucune liaison nationale, ni aucune organisation politique, elle ne constitue pas une classe. Fin de citation. Il serait évidemment facile de prendre ces trois notions de niveau, de rapport de production et de conscience, et de chercher à les appliquer à l'antiquité grecque classique et aux esclaves, mais avant de se livrer à ce petit jeu, et peut-être pour le rendre inutile, il convient de faire un détour.
Le premier point peut être résumé ainsi. Nous sommes habitués à nous représenter la société antique comme composée de maîtres et d'esclaves. Et c'est ce que dit Marx lui-même dans l'ouverture du Manifeste communiste.
Mais il faut bien voir, un, qu'il n'en a pas été toujours ainsi, deux, que même à l'époque classique, deux types de sociétés s'affrontent, dont une seule peut être considérée comme esclave. au sens précis qu'il faut donner à ce terme. En grec, l'esclave c'est le doulos, et ce mot apparaît dès les tabettes mycéniennes sous la forme doero.
Mais la présence du mot ne signifie pas que dans les faits, la société mycénienne a connu une opposition nette, décisive, entre hommes libres et esclaves. En fait, le mot doero semble avoir quantité de sens. On distinguera le doero tout court, le doero des dieux. On introduira des subtiles différences.
Par exemple, on dira d'une femme qu'elle est la fille d'un dohéro et d'une femme appartenant à la classe des potiers. Les faits sont si confus que l'historien soviétique Lenkman, tenant tout à fait convaincu de la réalité, convaincu de l'explication esclavagiste de la société mycénienne et par conséquent de la distinction radicale à cette époque entre homme libre et esclave, a pu écrire à propos du dohéro que, n'était le terme lui-même, nous n'aurions aucune raison sérieuse de considérer le dohéro comme esclave. Pourquoi, dans ces conditions, ne peut passer autre ?
Dans la société homérique, ou plus exactement dans ce que nous appelons assez improprement de ce nom, dans la société qu'évoquent et imaginent les poèmes homériques, il y a certes des esclaves, femmes rasiées, prisonniers de guerre, esclaves de la guerre, par un embryon de commerce mais l'esclave n'est pas seul au bas de l'échelle sociale et il n'est pas le plus mal situé le misérable par excellence on l'a souvent dit est moses Finlay l'a montré mieux que personne, ce n'est pas l'esclave. C'est l'ouvrier agricole, ne disposant que de ses bras, n'ayant aucun lien permanent avec le domaine. L'oikos, c'est le tête. En bref, dans la société homérique comme dans la société mycénienne, il y a toute une gamme de statuts entre l'homme libre et l'esclave. Sautons maintenant par-dessus les siècles et venons-en à l'époque classique.
Nous avons là deux modèles antagonistes qui s'affrontent publiquement et qui s'affrontent aussi socialement. Disons le modèle athénien et le modèle spartiate. Approximation grossière, certes, car il y a à Sparte des traits tout à fait exceptionnels qui ne permettent pas d'en faire un état oligarchique. Mais tout de même, ce qui est vrai pour Sparte est souvent vrai, en gros, pour la Thessalie ou pour la Crète. A Athènes règne une grande simplicité qui nous était familière depuis la classe de sixième.
Il y a le citoyen, le métèque, l'esclave, avec bien sûr des distinctions selon les niveaux de fortune, des distinctions entre la ville et la campagne, des distinctions aussi selon les âges, puisque la constitution athénienne oppose les jeunes et les vieux. Il est évident qu'à l'intérieur du monde des esclaves, il y a des différences énormes. Ce n'est pas la même chose d'être gendarme, fonctionnaire ou mineur, de tenir une échoppe ou d'être ouvrier agricole.
Mais juridiquement, au point de vue du statut personnel, ces distinctions sont, au Vème siècle du moins, assez petites. chose. La meilleure preuve, on la trouvera dans une expérience qui a été faite par Pudin-Natinien.
Soit un homme qui se déclare citoyen et dont le statut est contesté. Il passera d'abord à la question de la vie. Il est alors en jugement devant l'assemblée de son dème. Si celui-ci déclare qu'il n'est pas citoyen, il sera réduit au statut de métèque, gardant ainsi sa liberté personnelle.
Mais il peut ne pas accepter cette sentence et, par la procédure de l'éphésis, transférer le débat devant le tribunal populaire de l'élié. Là, s'il perd son procès, il sera vendu comme esclave. un esclave affranchi, avant de pouvoir même aspirer au titre de citoyen, se contentera, sort normal d'un affranchi, du statut de métèque.
Bref, c'est net, simple et radical. Et cela montre du même coup que les trois catégories de la société athénienne, citoyen, étranger, résident et esclave, cet étranger absolu, cet outsider, comme dit Finlay, sont effectivement vécues comme telle à telle. Il est à peine besoin d'insister sur le fait qu'en aucun cas ces trois catégories ne constituent une classe sur aucun des plans que nous avons définis, et cela même si l'on admet avec Claude Mossé qu'il se constitue au IVe siècle un groupe de riches rassemblant tout à la fois des citoyens et des étrangers, y compris d'anciens esclaves, naturalisés. Nos manuels nous parlent aussi d'une division tripartite de la société asparte. Les Pères, les Homoioi, les Périeques, les Hilotes.
Mais cette division ne recouvre en rien celle d'Athènes. L'Hilote et le Moïos sont deux extrêmes. Sans que l'on puisse dire que la catégorie de la liberté s'applique parfaitement au père, ni celle de l'esclave au hilote. Laissons de côté les périèques, sur lesquels on ne sait d'ailleurs à peu près rien, et qui sont citoyens des cités incluses dans les pays de l'Egypte.
l'état lacédémonien. Malgré leur nom, les homoioï ne forment nullement, même au Vème siècle, un groupe social homogène. Il faut insister sur l'existence de groupes spécialisés, Réinitialisés à l'intérieur des homoioi, comme les cryptes, ces jeunes gens qui se livrent à des exploits dans la campagne, comme les 300 hippeis, cavaliers, commandés par les hippagrètes, et qui, du reste, malgré leur nom, vont à pied, comme les agathos-hergoïs dont nous parle Hérodote, recrutés parmi les cavaliers à raison de cinq parents. pour remplir des missions secrètes. Par ailleurs, tout jeune spartiate ayant subi la goguée, l'éducation spartiate, peut devenir homoïos.
Mais tous ne le deviennent pas et l'on constate au Vème siècle une multiplication des intermédiaires, un foisonnement de l'éducation. de catégories dont certaines peuvent remonter à une époque très ancienne. Il y a le cas des hippoméonèses, des spartiates qui n'ont pas de tenue héréditaire, de cléros. Il y a ceux qui ont été dégradés pour des raisons militaires et qui forment une catégorie spéciale, ceux qu'on appelle les trésantes, c'est-à-dire les trembleurs. Du côté des hilotes, la simplicité ne règne pas non plus.
Un hilote peut être un motax. Et les sources anciennes expliquent ce mot tantôt comme désignant l'esclave né à la maison, tantôt comme l'hilote et le... Il va se réveiller avec les Spartiates et subissant l'agogée des futurs pères. Affranchi, il deviendra néodamode, nouveau membre du Damos, sans pour autant devenir un homoïos. Bref, la société spartiate se caractérise par une gamme de statuts sans qu'on puisse définir très clairement où commence la liberté et où finit l'esclavage puisque même les égaux, au fond, ne sont pas des hommes libres au sens athénien du terme Avec quantité de nuances, cela semble vrai d'autres sociétés rurales, notamment de la société crétoise Là encore, nous avons une prodigieuse...
multiplicité de termes pour définir les groupes serviles et aussi parfois les groupes de citoyens de plein exercice. Il ne faut donc pas se laisser duper par le fait qu'un même mot, douleia, l'agent servile, désigne à la fois dans un traité du 5e siècle, le livre 5 de Thucydide, les esclaves d'Athènes et les lois de Sparte. Mettons maintenant nos groupes sociaux en mouvement.
Quel rôle vont jouer les esclaves dans les conflits sociaux extrêmement violents, surtout au IVe siècle, qui animent ces deux types de sociétés ? La description la plus étonnante de la lutte des classes dans la Grèce classique est probablement celle que nous donne Platon au livre VII, au livre VIII et au début du livre IX de la République. Admirateur prétendu de Sparte, Platon a cependant une information essentiellement athénienne et sicilienne.
Il a observé en Sicile le fonctionnement d'une tyrannie militaire, et sous le masque du passage de la république idéale à la timocratie, à l'oligarchie, à la démocratie et à la tyrannie, il emprunte son matériel à l'histoire, revu et corrigé, aussi bien du Vème siècle que du IVème. Quel rôle jouent les esclaves dans tous ces événements ? Un rôle faible, pour ne pas dire nul. Au moment essentiel à nos yeux, celui qui est censé expliquer l'avènement de la démocratie, comment procède Platon ?
Son analyse est avant tout militaire. Il invoque l'impossibilité presque certaine où seront les oligarques de faire la guerre. Ou bien ils seront forcés d'armer le peuple et devront le craindre plus que l'ennemi, ou bien, s'ils ne le font pas, ils laisseront voir dans la bataille qu'ils sont bien des oligoïes, des gens peu nombreux. Et Platon dévoquait dans un texte saisissant, le livre VIII de la République, la présence côte à côte sur la ligne de bataille d'un côté du riche, nourri à l'ombre et chargé d'une graisse surabondante, de l'autre du pauvre, maigre, brûlé par le soleil et se disant, ces gens-là ne doivent leur richesse qu'à la lâcheté des autres. La démocratie, nous dit Platon, s'établit, je cite, quand les pauvres victorieux de leurs ennemis massacrent les uns, bannissent les autres et partagent également avec ceux qui restent le gouvernement et les magistratures.
Les esclaves, pas un mot. Platon se contentera de parler métaphoriquement de l'esclavage en définissant les trois classes de la personne. La raison, le courage, les désirs bas.
En disant que dans ce type de société, la première et la seconde sont les esclaves de la troisième. Et lorsqu'il définira le démos, il le définira comme composé des paysans propriétaires, auto-ourgoïes, des oisifs. A pragmones, des possédants. A aucun moment, évidemment, il n'y inclura les esclaves.
Ceux-ci interviendront plus tard au moment de l'avènement de la tyrannie. Là, effectivement, Platon admet que le tyran enlève les esclaves à leur maître, les affranchit pour en faire des égaux, des égaux des citoyens, lesquels, dit Platon, prennent ainsi la livrée de l'esclavage. Référence ici au livre 8 de la République.
Il s'agit là en effet d'un moyen politique qui était parfois employé. La description platonicienne est pleinement confirmée par ce que nous savons de l'histoire d'Athènes. Sauf, peut-être, au tout début de la démocratie au VIe siècle.
les hommes libres et les esclaves n'étaient pas vraiment tranchés comme le fut à partir disons de la fin du VIe siècle Y a-t-il ensuite une revendication collective des esclaves qui en feraient une classe dans le troisième sens qu'on évoquait au début de cet exposé. Non, même pas dans les épisodes les plus dramatiques, quand vingt mille esclaves, qui sont principalement des artisans, des kéraux, des knaïs, des hommes qui travaillent de leurs mains, et parmi eux, sans doute, nombre de mineurs, sont fuits en profitant de l'occupation par les spartiates de décélions. Ces esclaves ne revendiquent rien, ni le gouvernement d'Athènes, ni l'accès collectif à la citoyenneté. Ceux qui étaient grecs revendiquent certainement la citoyenneté.
leur citoyenneté d'origine. Tous revendiquent leur liberté, c'est bien naturel, mais aucun n'a l'ambition de devenir stratège à Athènes ou à Arconte. Dans certains cas précis, au IVe siècle, certains esclaves ont pu avoir cette ambition.
Il ne s'agit en aucun cas d'une revendication collective du groupe des esclaves. Et ça dire que l'esclave ne joue pas un rôle important. C'est lui, au fond, qui rend possible le statut clair et défini de citoyen.
L'exemple classique, dès le VIe siècle, est celui de Chios, la cité où apparaissent pour la première fois des institutions démocratiques et où, vous dites, on pompe, pour la première fois, on a acquis des esclaves à l'étranger. Suivant la formule bien connue de Finlay, un aspect de l'histoire grecque est, en bref, l'avance main dans la main de la liberté et de l'esclavage. L'esclave rend possible le jeu social.
Non parce qu'il assure la totalité du travail matériel, cela ne sera jamais vrai, mais parce que son statut d'anti-citoyen, d'étranger absolu, permet au statut du citoyen de se développer. Parce que le commerce des esclaves et le commerce tout court, l'économie monétaire, permettent à un nombre tout à fait exceptionnel d'Athéniens d'être des citoyens. C'est dire que le point de vue qu'on a défendu ici est exactement opposé à celui qu'ont défendu au XIXe siècle Henri Vallon et Fussel de Coulanges. Encore au XXe siècle, le grand historien Corrado Barbagallo expliquait que l'existence de l'esclavage corrompait, empoisonnait même les rapports sociaux entre les diverses classes.
L'opposition entre maître et esclave est bien la contradiction fondamentale du monde antique. Mais à aucun moment ces maîtres et ces esclaves ne s'affrontent directement dans la pratique sociale courante. Prenons, pour mieux se faire comprendre, un exemple hors du monde antique. Dans la Florence du XIVe siècle, et en général dans les cités italiennes du Moyen-Âge, la contradiction fondamentale est celle qui oppose la ville et le contado. Dans la mesure où l'on franchit les portes de Florence, on entre dans un espace tout à fait différent de celui de la ville.
Un campagnard, un cantadino, n'est pas normalement citoyen de Florence. Il n'y a aucun doute sur le fait que Florence a vécu en partie de l'exploitation de sa campagne et de la domination qu'elle exerçait sur elle. Mais cette opposition fondamentale n'empêche pas que les luttes sociales à Florence au XIVe siècle, siècle ont opposé essentiellement des groupes urbains.
Venons-en maintenant aux sociétés rurales de type spartiate, thessaliens ou crétois. Le contraste est saisissant. Il s'exprime dans un simple fait.
Athènes et Sparte ont opposé essentiellement des groupes au moment de la seconde guerre médique, ont mobilisé l'une et l'autre la totalité de leurs ressources en hommes. Athènes mobilise dans sa flotte plus de 30 000 citoyens. Sparte présente à Platée 5 000 hoplites recrutés parmi les homoïoïs, autant de périèques et 35 000 hilotes.
Ce seul fait crée entre les deux systèmes une différence fondamentale. Sauf cas tout à fait exceptionnel, il n'est pas question de mobiliser à Athènes les esclaves et, si on les utilise dans l'armée, on les affranchira. Il en résulte que, si éloigné que soit l'îlotte du citoyen de plein exercice, il en joue pas moins un rôle, et un rôle capital dans le jeu politique. Une revendication politique des îlottes est possible à Sparte, alors qu'une revendication politique des esclaves à Athènes est proprement inconcevable.
À Sparte ? Cette revendication s'orientera dans deux directions possibles. L'une est la sécession. La rêve des Hilotes de Messénie, qui se réalisera lorsque la campagne des Paminondas aura ouvert la voie à la reconstruction de Messène.
L'autre est tout simplement l'intégration à Sparte. Elle n'est pas moins importante. Les épisodes du IVe siècle sont bien connus.
On insistera seulement sur un épisode qui date, lui, de la guerre du Péloponnèse et qui nous est raconté par Thucydide. Les efforts font un jour une proclamation solennelle. pour inciter ceux des hilotes qui estiment avoir rendu le plus de service à Sparte à se faire connaître afin d'être affranchis. Les valeureux, les plus dignes se font effectivement connaître comme les espéraient les forts. On en choisit deux mille qui, affranchis, joyeux, se couronnent la tête.
Après quoi, ils disparaissent purement et simplement. Cet épisode montre bien, semble-t-il, à la fois la force de la revendication et aussi la violence de la répression, car Sparte jouait son existence dans les révoltes d'Hilote. Un esclave évadé Athènes, ce n'est pas grave.
Vingt mille esclaves évadés Athènes, ce n'est pas grave. Evader au moment de la guerre de Décélie, c'est bien sûr une catastrophe. Mais 20 000 esclaves se remplacent par l'achat d'autres esclaves.
Il n'est pas question à Sparte d'acheter d'autres hilotes, car un hilote n'est pas un objet qui s'acquiert sur le marché. C'est pourquoi le mouvement de Lude et Hilote remettent totalement en cause l'ordre spartiate. Encore, à la fin du IIIe siècle et au début du IIe siècle, le tyran Nabis tenta de résoudre le problème spartiate.
Il se donna même le luxe d'expliquer à Flaminus, dans un discours que reproduit à sa façon Titlive, que, et je cite, notre législateur n'a pas voulu que la cité fût aux mains de quelques citoyens, ce que vous appelez le Sénat, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu'un, ni qu où deux ordres dominent dans la cité. Il a cru au contraire qu'en égalisant les fortunes et les honneurs, on aurait beaucoup d'hommes qui prendraient les armes pour la patrie. Fin de citation.
L'affirmation est proprement énorme. Le programme que développe Nabie sous le masque de Licurgue n'est pas autre chose en réalité que le programme qu'avait réalisé Athènes au VIe siècle. Il était évidemment un peu tard et il n'y manquait, si on ose dire, que ce qui avait rendu possible le développement athénien et d'abord les esclaves.
On voit donc comment un même mot, celui de doulos, peut désigner des réalités sociales profondément différentes. Mais le plus singulier peut-être est de voir combien tardivement on prit conscience de cette différence. Quand ? La réponse est claire. Au IVe siècle, quand les sociétés de type spartiate crétois ou thessaliens se défont, alors apparaissent les théoriciens, Platon, l'école d'Aristote, qui raisonnent.
sur ces statuts bizarres qui placent l'homme, je cite, entre les libres et les esclaves. Mais ce moment, celui où triomphe en apparence la forme classique de l'esclavage, l'esclavage marchandise, est aussi celui où des problèmes entièrement nouveaux vont se poser dans la mesure où, dans le monde hellénistique, les forces de travail dont dépend le sort aussi bien des cités grecques que des monarchies ne seront plus essentiellement l'esclavage, tel que l'avait connu la société. cité classique mais l'immense masse des paysans dépendants de l'égypte ou de l'orient cela même dont aristote des esclaves naturels on n'abordera pas ici ces problèmes on se limitera à une brève remarque le phénomène des révoltes serviles au deuxième et au début du premier siècle ne doit pas faire croire qu'il existe désormais une classe d'esclaves au sens moderne du mot regroupant tout ou la majorité de la gens serviles une révolte comme celle de sicile en est d'abord un soulèvement de bergers de bergers armés dans un pays dominé de longues dates conflit traditionnel entre agriculteurs et éleveurs, où la propriété latifondière avait pris la forme d'énormes entreprises d'élevage. Une telle révolte ne se distingue pas essentiellement de celle qu'a analysée Eric Habsbaum dans ses Primitives de la Révolte.
Aucun moment n'est esquissé, sérieusement, l'idéal d'une société sans classe. Le L'esclave révolté s'est d'ailleurs fait roi. Il frappe Monet au nom d'Antiochus et sur ses monnaies apparaît une vieille définité de Sicile, la Déméter d'Enna.
Si cela avait duré, il n'y a pas le moindre doute que ces révoltés auraient eu des esclaves. Dans la mesure où les esclaves à l'époque hellénistico-romaine ne sont pas pulvérisés socialement comme ils le sont dans la cité classique, c'est l'organisation d'une cité qui est la limite de leur action. On témoigne assez bien l'anecdote, un peu tragique, que raconte à l'époque hellénistique l'historien Nymphodorus de Syracuse et qui fournira la conclusion. La scène a lieu à Chios, la cité qui vit les premiers esclaves achetés.
Il se produit là une fuite d'esclaves, parmi lesquels une sorte de Robin des Bois, nommé Drimacos, qui, après divers épisodes, propose aux gens de Chios de résoudre le problème. Il conclut avec eux une armistice engageant à limiter les récupérations. Tout magasin qui aura été modérément pillé sera orné d'un seau qui lui évitera le renouvellement des faits. Aux esclaves enfouis, il propose de rendre ceux qui seraient partis sans raison valables.
S'ils avaient, dit-il, des raisons décisives de s'en aller, je les garderai, mais dans le cas contraire, je vous les rendrai. Du coup, beaucoup moins d'esclaves s'enfuient. Ceux qu'ils gardaient étaient du reste organisés militairement et en vinrent à le craindre encore plus que leurs maîtres.
Trimacos poussa du reste la bonté quand il devint vieux et que les quiottes eurent mis sa tête à prix jusqu'à demander à son favori de couper la dite tête et de gagner ainsi la forte récompense promise. Les citoyens de l'île finirent par faire de ce rebelle modèle un héros qui leur apparaissait en songe lorsque des remous se produisaient parmi l'agent Servile. L'histoire ne dit pas s'ils ont été enceintes.
l'afficha à la porte de son camp, tel le héros d'Animal Farm de George Howell, une maxime qui aurait pu s'énoncer ainsi Tous les esclaves sont égaux, mais certains esclaves sont plus égaux que d'autres.