Voilà, les bonnes petites crêpes ! Voilà, vous avez tout ce qu'il faut, le caramel, la confiture ? Oh là là là là là là ! C'est la commande là, vraiment ! Je déplie ma crêpe de froment.
Pourquoi ça vous fait penser ? Soleil ! Ah oui ! Ça représente le soleil, parce que le 2 février, qui est la date invariable de la chandeleur, c'est pour célébrer la fin de l'hiver.
Le proverbe, il dit, à la chandeleur... L'hiver se meurt ou prend vigueur. Ah oui, c'est juste, oui. Chaque année, la chandeleur fait saliver les gourmands.
Cette fête religieuse, vieille de milliers d'années, se fête dans le monde entier. Au Mexique, le 2 février, on mange des tortillas. En Russie, des blinis. Au Canada, des pancakes. Et en France, les traditionnelles crêpes.
Mais avant de les déguster, il faut les préparer. Nous nous sommes donc rendus en Bretagne, là où la crêpe est reine depuis le Moyen-Âge à la rencontre de nos amis. entre de Gislaine, 58 ans, et combien d'années à faire des crêpes ?
Depuis quand je fais des crêpes ? Depuis... Disons, depuis 40 ans. Combien de crêpes j'ai fait dans ma vie ?
Je ne sais pas. C'est incalculable. Incalculable, forcément. Gislaine, les crêpes, elle en a fait son métier.
Sa crêperie se trouve à Sainte-Brigitte, dans le Morbihan, en plein centre-Bretagne, à une heure au sud de Saint-Brieuc. Les hivers peuvent... être assez frais ici. Du coup, à la chandeleur, Ghislaine préfère rester au coin du feu. Pour réussir les crêpes, il faut des bons produits.
Beaucoup de patience, beaucoup d'amour et vraiment aimer ce qu'on fait. La première crêpe. Crêpes, oula, ça n'a pas été facile.
Trouver la bonne température des plaques, s'énerver, laisser tomber, recommencer. J'en ai raté plein. Oui, ça a l'air simple.
Vous l'essayez tout à l'heure ? Il existe en Bretagne autant de recettes de crêpes que de personnes qui en font. Chacun a ses petites astuces pour préparer la pâte. Ghislaine, elle, rajoute du beurre fondu, mais aussi... Maintenant, je rajoute un petit peu de rhum pour parfumer.
parfumée. Voilà, la pâte à crêpes, elle est prête. Maintenant, il n'y a plus qu'à la laisser reposer un petit peu et puis, ben, cure les crêpes.
Voilà. Pour sa pâte, Ghislaine utilise de la farine de blé noir. En Bretagne, le blé noir, c'est une institution.
Il se plante au mois de mai, récolté fin septembre. Il a besoin d'été à la fois humide et ensoleillé pour se développer. Le climat breton est donc idéal.
Appelé aussi Sarazin, cette culture relancée il y a 20 ans permet de faire vivre de nombreux professionnels, des agriculteurs, aux crépiers en passant par les meuniers. Dans la famille de Jean, on est meunier de père en fils. Lui possède trois meuneries réapprovisionnées en partie par les agriculteurs locaux.
L'autre partie, il est obligé de l'importer. La France est importatrice de Sarrazin. Nous ne produisons pas suffisamment, c'est pourquoi on est obligé aujourd'hui de se tourner vers la Chine, les pays de l'Est, voire le Canada, pour compléter nos besoins en Sarrazin. Donc il est absolument nécessaire qu'aujourd'hui en France, on demande aux agriculteurs de produire du sarrasin, parce que nous, nous consommons de plus en plus de sarrasin. Seulement, il ne faut pas qu'on dépende de l'importation.
Jean fabrique chaque année plus de 2500 tonnes de farine, avec un pic d'activité en février. D'après un récent sondage, 91% des Français qui fêtent la chandeleur dégustent des crêpes sucrées. Seulement 21% les mangent salées.
A l'origine, la chandeleur célèbre la présentation de l'enfant Jésus 40 jours après sa naissance. Martine, elle, a une autre explication, beaucoup plus météo. La chandeleur, ça vient de la fête des chandelles, la festa candelarum, mais c'est aussi le chant de l'ours, parce que l'ours a été le symbole aussi du renouveau de l'année, et que l'ours, quand il pointait son nez à la chandeleur, à la chandeleur, s'il voyait que le temps était trop beau, il retournait se coucher pour 40 jours.
Il peut faire très beau à la chandeleur, auquel cas l'hiver n'est pas fini. Mais s'il fait ce temps-là, on a plus de chances de voir l'hiver se terminer. Mais enfin, avec tous les dérèglements climatiques dont on parle, c'est un peu chamboulé quand même.
Martine est une bretonne pure beurre. Comme pour beaucoup de bretons, les crêpes font partie de son histoire familiale. J'ai toujours vu ma grand-mère le faire, ça se passe de génération en génération. Je n'envisage pas une semaine sans manger mes galettes de blé noir ou mes crêpes de blé noir.
Ce matin j'en ai pris au petit déjeuner. Alors comment dire en breton, au stall, à table. Bonjour Guilaine ! Ça va Martine ? Ah, il fait froid, froid, froid !
Tu vas bien ? Tu te bolais pour te réchauffer ? Ouais, ouais, je vais bien. Je t'ai apporté mon dernier livre.
Et Martine adore tellement les crêpes qu'elle a aussi fait un petit déjeuner. elle a écrit plusieurs livres qui retracent toute l'histoire de cette tradition bretonne. Voilà comment c'était fait avant dans le temps, dans les cheminées, avec des petites bûchettes de bois sur un trépied. Et c'est vrai que plus on va vers l'ouest, plus les crêpes sont fines et croustillantes.
Il y a une époque où les gens amenaient à la crêperie avec leurs œufs, leur beurre, leur lait, leur lait ribot, et la personne ne faisait que la crêpe et mettait les produits que les gens avaient amenés de chez eux. Moi aussi, j'ai connu ça. C'est pas si loin que ça, finalement. Heureusement, aujourd'hui, plus besoin d'apporter ces ingrédients pour manger les crêpes de Gislaine. Vous n'avez qu'à pousser la porte et elle vous régalera.
Et à la chandeleur, certains viennent même de loin pour les déguster. Je viens de Belgique, Bruxelles. Effectivement, les crêpes, nous en faisons ici.
J'ai appris à déguster les crêpes telles que le caramel au beurre salé. C'est très, très bon aussi. J'aime bien les flambées aussi.
C'est pas difficile, j'aime tout. La chandeleur est synonyme de partage et surtout le seul moment où l'on peut commencer à manger avant les autres pour ne surtout pas que les crêpes refroidissent