Sais-tu que la langue française que nous parlons aujourd'hui était bien différente auparavant ? Elle s'est en fait formée au fil des siècles à partir de plusieurs langues parlées sur tout ce territoire. Beaucoup de mots français proviennent également des langues parlées par les peuples voisins que côtoyaient nos ancêtres.
Si tu connais bien les aventures d'Astérix et Obélix, tu sais peut-être que nos irréductibles Gaulois parlent d'une langue celte, le gaulois. Ce langage très ancien nous a laissé quelques mots courants. Mais à l'époque, la langue celte s'écrit rarement.
Et nous n'avons gardé que quelques mots de cette culture orale. En effet, au premier siècle avant Jésus-Christ, les Romains envahissent la Gaule. Ils apportent naturellement leur langue, le latin, avec eux.
Le peuple gaulois adopte rapidement le latin populaire parlé par les soldats et les marchands romains. Ils transforment certains mots et les adaptent à leurs habitudes de prononciation. « Cabalum » Certains Gaulois cultivés étudient le latin classique qui est parlé et écrit par les Romains érudits.
« Écus » La plupart des mots français que tu connais aujourd'hui proviennent de ces deux types de latin. Le latin populaire « cabalum » a donné « cheval » . Le latin classique « Écoute ! » n'est à l'époque pas directement adopté par le peuple gaulois. Il entrera plus tard dans la langue française pour former les mots « équitation » ou encore « équestre » .
Entre le IIIe et le VIe siècle après Jésus-Christ, les Francs envahissent progressivement le territoire de la Belgique et d'une grande moitié nord de la France actuelle. Ces peuples germaniques parlent le francique et adoptent le latin populaire en deuxième langue. Leur accent transforme encore la langue.
Rosa, muri, muri. Les francs introduisent également de nombreux mots de langue franque qui se mêlent au vocabulaire du latin populaire. Marcon, marcher, dingian, dingare. Au fil des ans et des influences, la langue parlée en Gaulle se transforme tellement qu'au IXe siècle, elle ne ressemble ni aux Gaulois, ni aux langues germaniques et se différencie bien du latin populaire.
Une nouvelle langue est née, le roman. L'un des textes les plus anciens que nous connaissons dans cette langue s'appelle les serments de Strasbourg. C'est une promesse faite en 842 entre deux des petits-fils de Charlemagne et leurs soldats.
Le roman est alors parlé de nombreuses manières différentes. Il continue à évoluer et se différencie en plusieurs langues régionales parlées sur tout le territoire. A la fin du Xe siècle, un dialecte roman particulier, le françois, se développe dans le bassin parisien.
Cet ancien français est parlé par le roi Hugues Capet et les gens de sa cour. A partir de cette époque, les personnes cultivées l'apprennent dans toutes les régions de France. Une belle littérature se développe dans cette langue devenue prestigieuse.
Au XVIe siècle, c'est le début de la Renaissance en France et de l'explosion des savoirs. Les sciences sont en plein essor. Nos savants ont besoin de vocabulaire pour décrire leur nouvelle discipline. Ils créent alors des mots à partir de bases grecques ou latines, ou en empruntent à l'italien.
Géographie, par exemple, provient des mots grecs « gaia » « la terre » devenus « g » et « graphene » « écrire » . La géographie est donc la science qui a pour objet de décrire la Terre. En 1539, François Ier signe l'ordonnance de Villers-Cotterêts et impose le françouais comme langue administrative en remplacement du latin.
Nous ordonnons que d'ores en avant, tous arêtes soient prononcés, enregistrés et délivrés en langage maternel françouais. On appelle aujourd'hui cette langue le moyen français. Mais de nombreuses langues régionales sont toujours utilisées. Elle continue à enrichir et à modifier le françois.
Au fil des siècles d'ailleurs, beaucoup d'autres langues ont fait de même. Au XIe siècle, les flamands et les vikings nous apportent quelques mots. Au XIe et XIIe siècles, nos savants apprennent beaucoup des arabes dans les domaines scientifiques.
Au XVIe siècle, les Italiens nous apportent beaucoup de vocabulaire militaire. Au XVIIe, la mode est plutôt homo-espagnol. En 1635, Richelieu, premier ministre de Louis XIII, fonde l'Académie française pour fixer la langue et l'unifier.
Aujourd'hui, on appelle la langue de cette époque le français classique. C'est l'âge d'or des dictionnaires, des grammaires françaises et des ouvrages sur la langue. Même s'ils restent minoritaires, de plus en plus de français parlent le français. Ils l'apprennent souvent en complément de leur propre langue régionale. Le français classique brille par nos grands auteurs de l'époque.
Il est également parlé dans de nombreuses cours d'Europe. Il devient une langue internationale pratiquée par les élites. A la même période, le français se répand dans les pays colonisés par la France.
Dans ces colonies esclavagistes, les peuples autochtones la prononcent à leur manière et la modifient. Ils créent les différents créoles. Bonjour, ça vous fait ? Pas ni problème, merci ! Au 19e et 20e siècle, l'école républicaine enseigne le français sur tout le territoire.
Les médias achèvent de répandre et d'unifier la langue. Ils font également connaître de nouvelles techniques et des modes venus d'ailleurs. Aujourd'hui, interview d'une star internationale de rock'n'roll.
Aujourd'hui, nous continuons à adopter de nombreux mots anglais. T'as checké tes mails ? Ouais, on ira jouer au basketball ce week-end.
Nous formons aussi des mots nouveaux pour désigner les objets issus de nouvelles technologies. Logiciel, méga-optèques. Eux aussi proviennent d'ailleurs du latin et du grec ancien.
Tous les jours, les jeunes générations jouent avec les langues, renversent les syllabes et donnent de nouveaux sens aux mots. On a fait une teuf chanmée avec un kebla, il a même la kématophe. Tu vois, le français est et a toujours été une langue bien vivante.