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Stratégies d'investissement de William Higons

Pourtant le cash permet de saisir des opportunités quand les marchés baissent fortement par exemple ? C'est une catastrophe le cash. Toutes les études démontrent que les gérants et les particuliers perdent facilement 2%, mais c'est probablement 3% parce qu'ils font du market timing. L'impression qu'un titre qui a perdu 50% ne peut plus baisser, la réponse non. Tout titre peut perdre 100% de sa valeur, ça c'est la règle. Donc effectivement si vous payez le rapport annuel, Une fois ou même plusieurs fois, vous serez entre parenthèses le spécialiste de la valeur. Bonjour et bienvenue dans un nouveau Finari Talk. Aujourd'hui, je reçois William Higons, le Warren Buffett français. Depuis qu'il gère son fonds chez Indépendance Amf, il fait plus 3800% de performance. C'est tout simplement du jamais vu. On est sur une performance annualisée de 13%, de plus de 13%. Bonjour William Bonjour Bonnet. C'est quoi votre secret ? On est très simple et relativement modeste. On est fier d'être modeste. C'est-à-dire, nous savons que nous sommes incapables de prévoir les résultats par action dans 3, 4 ou 5 ans. Donc nous ne payons jamais très cher les sociétés. Nous essayons de prévoir, mais nous savons en plus qu'il n'y a pas de théorie de la croissance. C'est quelque chose que les investisseurs ont tendance à oublier. Il y a des théories de la croissance des états, ça marche relativement bien, mais il n'y a pas de théorie de la croissance des entreprises. Donc si vous dites pour croître rapidement il faut par exemple investir dans la formation, dépenser dans le marketing, faire de la R&D, oui, mais vous n'avez pas de formule qui fonctionne. Donc à partir du moment où il n'y a pas de théorie de la croissance, aucun gérant n'est capable de prévoir à l'avance les sociétés qui vont croître rapidement. Et nous faisons partie de cette population qui est incapable de prévoir ce qui va croître très rapidement. Donc, que pouvons-nous faire ? Nous regardons les sociétés qui ont une forte rentabilité des capitaux engagés et nous espérons que ça va durer. De temps en temps, ça ne dure pas. C'est pour ça qu'on n'a que 13% par an. Mais statistiquement, ça marche. En plus, vous regardez un segment de sociétés particulières puisque vous regardez les small and mid-cap. C'est quoi en gros une société qui vous intéresse ? C'est quoi les caractéristiques ? Alors pour être clair, c'est toutes les sociétés qui ne sont pas dans le CAC 40. En France. En France. Pour le Fonds France. Pour le Fonds France. Et on a aussi un fonds européen et qui lui est Pea-Pme-PME, donc c'est toutes les sociétés dont la capille est inférieure à 10 milliards d'euros en Europe. Et donc en France, c'est quoi les grosses lignes de votre portefeuille en ce moment ? Alors la plus grosse ligne c'est S2I qui est une ligne que nous détenons depuis 2012, que nous avions acheté vers 5 euros et qui cote 50 euros. C'est assez amusant S2I car globalement ça sous-performe plus souvent que ça ne surperforme, mais à la fin de l'année ça finit par surperformer, donc c'est douloureux d'avoir ça comme première ligne mais finalement ça marche plutôt bien. Deuxième ligne doit être Veradia aujourd'hui. C'est une société qu'on connaît relativement mal. Il faut savoir que la moitié des lignes du portefeuille ont été détenues à peu près 10 ans au cours des 30 dernières années. Ce qui ne veut pas dire qu'on les a depuis 10 ans. Ça veut dire que simplement, sur l'historique, on les a eues, puis on les a vendues, etc. Donc on les connaît relativement bien. Donc les sociétés qui viennent d'être cotées, personnellement je ne suis pas très à l'aise, mais je suis impressionné par le résultat. Donc c'est devenu la deuxième ligne. Mersenne c'est relativement facile, je dirais ils ont des gros contrats, ils investissent beaucoup. Nous aimons beaucoup les sociétés qui investissent énormément parce que nous pensons que... Nous savons que nous ne sommes pas capables d'analyser les sociétés. Ça, c'est la base de notre croyance. Et donc, si les sociétés investissent énormément, c'est que, quelque part, elles pensent que leur marché va croître. Et donc, pour nous, c'est un très bon signe. Donc, Mersenne fait partie de cette population-là. En plus, elle n'est pas très bien valorisée par rapport à la façon dont elle était valorisée dans le temps. C'est-à-dire, avant, elle avait plutôt un price-to-earning de 14 qui pouvait même dépasser le 15 les bonnes années. Là... Pour nous, on considère que tout va bien et qu'elle est plutôt valorisée 12 fois. La troisième... alors non, ça c'est la troisième, donc on va parler de la quatrième. La quatrième... Ligne, ça doit être Katana, qui fait des catamarans, comme son nom l'indique pratiquement, qui accrue 30% par an pendant deux ans, qui annonce un ralentissement l'année prochaine, probable. Ce qui nous amuse, c'est que c'est une société de luxe, parce qu'un catamaran, ça monte assez rapidement à 400 000 euros, mais ce n'est pas considéré comme une valeur de luxe, c'est plutôt considéré comme une valeur de plaisance mal valorisée. parce qu'un jour ou l'autre ça va se retourner. Mais il n'est pas sûr que le luxe se retourne aussi vite que ça. Après on doit être actionnaire de Publicis. Ce qui m'amuse c'est que Publicis pendant pratiquement 30 ans, je n'avais jamais regardé le dossier, et grâce au Covid ça s'est effondré notamment au mois de mai 2020, et nous sommes devenus actionnaires de cette valeur-là qui valait 8 fois le résultat net, c'est à dire presque un retrait. Une marge d'exploitation de 17%, une rentabilité de fonds propres de 17% aussi, donc une sous-valorisation qui sautait aux yeux. Et la dernière grosse ligne, c'est Rheinmetall, où la société allemande, dans le fonds français, on peut investir 10% dans l'Europe. Et quand l'Ukraine a été envahie, j'ai voulu avoir une valeur d'armement et c'était Rheinmetall. Petite pause pour parler de Finari. Le patrimoine et la gestion, c'est un sujet qui me passionne. Du coup, j'ai créé une app qui permet de tout centraliser. Vous pouvez connecter votre assurance vie, votre Pea-Pme, vos comptes bancaires. On gère plus de 20 mises d'établissement. Vous pouvez aussi suivre l'immobilier, la crypto, les métaux précieux. Bref, vous avez tout au même endroit. On vous aide à économiser de l'argent en débusquant vos frais cachés. On vous permet de suivre vos dividendes et de prévoir vos cash flows à venir. On vous permet aussi de gérer votre budget avec l'accès à toutes vos transactions bancaires. 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Donc normalement, on achète des sociétés qui sont entre 5 et 7 fois. mais ce critère est fortement relié au price turning et l'expérience a montré que je pourrais dire que je suis un faible price turning et je pourrais garder les mêmes valeurs. Donc normalement price turning, ce qui est plus facile pour les gens parce que c'est ce qui se fait tous les jours, on est rarement sur des price turnings, en moyenne pour le portefeuille on a rarement des price turning supérieurs à 12 et on est entre 10 et 12. Après, on a une rentabilité des fonds propres qui est d'à peu près 13%. Le marché est à 7%. Qui d'ailleurs est votre performance annuelle. Oui, en plus, c'est ça. Si on veut chercher une logique dans les résultats, on peut dire que la rentabilité des fonds propres du portefeuille est égale à la progression de la valeur de l'action. Mais c'est peut-être simplement un accident. Donc, ça c'est vos critères. Est-ce que vous vous autorisez des exceptions ? C'est-à-dire acheter peut-être plus cher ? Ou alors, est-ce que vous gardez aussi des valeurs qui vont excéder largement le price earning ? Alors... Qui vont par exemple aller à 20, 25 ? Est-ce que vous les vendez à ce moment-là ? Alors, j'aurais dit, mais... Enfin, j'aurais dit avant 2021 que nous n'avons jamais de valeurs supérieures, qui ont un price earning supérieur à 20. Il se trouve qu'en mai 2021, on avait ça. Et honnêtement, je ne sais pas pourquoi, je pense simplement que le marché avait fait 100% de mai 2020 à mai 2021 et qu'effectivement, on a comme stratégie de ne pas céder les actions qui montent rapidement. Enfin, on les cède, mais relativement lentement. Donc ça explique probablement pourquoi on avait les price signings supérieurs à 20 cette période-là. Mais normalement, à 20, il faut vendre. Donc ça, c'est un des critères. Donc vous n'autorisez pas à tomber amoureux d'une valeur et à la garder ? C'est le gros danger des gérants value. Je fais partie de la famille des gérants value. Petite famille ? Oui, on est à peu près 5% et encore. Non, parce qu'au point de vue marketing, il est beaucoup plus facile de dire j'investis dans les sociétés qui vont croître très rapidement et comme leur bénéfice va croître très rapidement, le cours va suivre. Est-ce que ça, c'est la famille grosse ? C'est la famille grosse. La famille value, elle, elle va dire ? La famille value, oui, c'est pour ça qu'on est très minoritaire. On dit globalement, je ne suis pas capable de prévoir l'avenir, mais donnez-moi quand même votre argent. et comme c'est stressant de donner l'argent à un gérant, vous préférez le donner à quelqu'un qui est capable de prévoir l'avenir, et je comprends cette logique. Donc vous n'avez pas la boule de cristal, et... Et pour revenir en fait, le problème des gérants value, et c'est pour ça que globalement les performances des gérants value sont moins bonnes qu'elles ne devraient l'être, c'est qu'il y a deux écueils. Le premier écueil, c'est de tomber amoureux des valeurs du portefeuille. Donc vous avez acheté des titres pas chers, ça a très bien marché, et vous vous retrouvez avec des titres chers, sinon ça n'aurait pas marché. Et au lieu de se dire... C'est parce que j'achète des titres pas chers et que je les vends quand ils sont chers que ça marche. Vous dites, c'est parce que j'ai acheté des superbes valeurs et je vais les garder. Donc vous finissez par avoir une valorisation moyenne du portefeuille élevée. Donc vous n'êtes plus value et vos performances s'aggravent. Le deuxième écueil, c'est au lieu de dire j'ai acheté n'importe quoi mais c'était pas cher et ça montait, vous dites je suis très intelligent et donc au lieu d'acheter tout ce qui n'est pas cher, vous commencez à acheter des trucs chers parce que votre intelligence vous permet de déterminer que ça va croître rapidement ou que globalement c'est quand même sous-évalué. Donc là, vous n'êtes plus value et vos performances se dégradent. Qu'est-ce que vous faites quand vous vous trompez sur une valeur ? Vous achetez une valeur et au bout d'un an ou au bout de six mois, vous vous rendez compte qu'en fait, le management ne met pas en place la stratégie que vous anticipiez. Ça ne se déploie pas comme vous anticipez. Alors, j'ai des doutes sur connaître la stratégie des sociétés. Vous rencontrez le management d'ailleurs des sociétés ? On rencontre le management, mais bon, je rencontre le management parce que je suis quelqu'un de stressé et que je n'aimerais pas que quelqu'un connaisse mieux les sociétés du portefeuille que moi-même ou que mon équipe. Donc ça, c'est le premier point. Néanmoins, il y a James Montier, que j'aime beaucoup, qui a écrit un gros bouquin qui s'appelle Be a Verbal Finance et dans lequel il explique qu'il ne faut pas aller voir les managers. Et ces arguments me séduisent. Alors, il explique pour plusieurs raisons. La première raison, c'est que quand vous allez voir les managers, vous allez retenir uniquement ce qu'ils vont dire qui va dans votre sens. Donc, biais de confirmation. Biais de confirmation. Deuxièmement, les managers sont trop optimistes. Là, il y a des tas d'études qui le démontrent. Donc, de toute façon, ils vont vous dire que ça va bien. Troisième problème, globalement, ça c'est une des grandes théories de James Montier, c'est si on vous donne de l'information. notamment si vous voulez jouer sur les chevaux de course, c'est plus simple que la bourse, au bout de 10 informations, vous allez être relativement bon dans vos prévisions. Pour les gens qui font ça toute la journée, vous allez peut-être battre une chance sur deux. Mais si on vous donne beaucoup d'informations, vous resterez à une chance sur deux. En revanche, vous allez être beaucoup plus sûr que vous. Donc si vous allez voir les sociétés, il faut faire attention. Si vous la mettez dans votre portefeuille, vous allez penser que c'est une belle société. Et si vous allez parler avec les managers, vous allez être sûr à 100% que vous ne pouvez pas vous tromper. Et en fait, non, il faut toujours se dire qu'on peut se tromper. Et donc quand on se trompe, vous sortez la valeur du portefeuille. C'est quoi votre politique de vente ? En fait, on vend la société la plus chère du portefeuille. Et de temps en temps, c'est-à-dire à peu près tous les six mois... On vend la société qui a le plus mal marché sur les six derniers mois. Plus mal marché, c'est le développement du cours ? Baisse du cours. Il faut se dire, celle-là, il y a quelque chose qui m'échappe. Non, parce que c'est encore James Montier dans The Little Book of Averagel Investor. On mettra le lien dans la description. Qui démontre, enfin qui ne démontre pas. Il y a une étude statistique sur un broker, mais on a démontré la même chose pour les gérants, que si on vendait systématiquement le titre qui a le plus sous-performé, On a amélioré la performance et qu'en fait les investisseurs vendent des titres qui surperforment. Donc l'idée stupide, enfin l'idée simple de se dire j'abandonne ce qui ne marche pas, enfin mon pire placement quoi, ça améliore la performance. Mais par contre quand on va en se disant je vends ce qui marche le moins bien, il ne faut plus regarder la valorisation. Parce que souvent, c'est une valorisation qui nous semble particulièrement basse. Bien sûr, oui. Donc c'est une autre logique que la logique normale que je suis. Et du coup, aujourd'hui, vous surperformez le marché depuis 30 ans, enfin votre indice. Pourtant, sur cette chaîne, on a beaucoup parlé de la gestion indicielle et on a beaucoup parlé des études Spiva qui montrent que la majorité des gérants américains large cap, je crois que c'est plus de 90%, n'arrivent pas à battre le marché. On a à peu près le même phénomène sur les large cap Europe. Oui. Pourquoi sur les small caps, vous y arrivez ? Et qu'est-ce qu'un particulier peut aussi mettre en place de son côté pour essayer de faire la même chose ? Alors, un particulier, d'abord, il connaît très bien un secteur, qu'il investisse dans ce secteur-là. Parce que pour moi, le momentum marche parce qu'il n'y a pas que des investisseurs professionnels en bourse. Il y a des gens qui connaissent remarquablement. les sociétés, soit parce qu'ils travaillent dedans. Et à titre anecdotique, je dirais l'AmfF, pour le moment, d'après ce que je connais, n'a jamais reproché à un salarié d'utiliser de l'information privilégiée. les administrateurs peuvent être ont été poursuivis, jamais les salariés donc si jamais un cours s'effondrait, les salariés auraient tendance à acheter, sans aucune raison, les salariés l'achèteraient Est-ce que vous regardez ça ces mouvements là ? Non enfin, les administrateurs il y a des études aux Etats-Unis ils sont pas si bons que ça donc ça sert à rien de regarder s'ils vendent ou ils achètent puisque puisque globalement, ils n'arrivent pas à battre le marché. Mais, disons, le marché est rationnel parce que les clients, les concurrents, les salariés peuvent acheter des titres, et si jamais un titre baisse de 20% par rapport à l'indice, normalement, il y a une raison. Il y a une raison qui fait que le business n'est fondamentalement pas bon ? Il y a un problème, au moins, il y a un problème à court terme, ou peut-être un problème définitif. Est-ce que vous pensez que vous pourriez reproduire la même chose sur les large caps, sur les grandes capitalisations boursières, battre l'indice avec autant d'alpha ? Non, l'alpha, c'est aberrant. Un alpha supérieur à 5%, c'est... Bon, quelque part, il y a une partie rationnelle, parce que la stratégie est bonne, puis il y a eu de la chance, puis voilà. Vous dites qu'il y a eu de la chance, mais il y a quand même, année après année, une répétition... Ça veut dire que j'ai beaucoup de chance. Voilà, ça veut dire que vous avez beaucoup de chance. Non, mais avoir un alpha de 2-3%, ça me paraît raisonnable. Oui, parce qu'en fait, il faut réfléchir. Quand vous analysez à fond une société, pourquoi vous le faites ? La réponse, parce que vous voulez que le bénéfice par action monte plus rapidement que la moyenne. bêtement la rentabilité des fonds propres vous c'est quasiment un coup un short cut des 1 comme on pourrait dire en français je vais raccourcir raccourci merci un raccourci et ça vous évite de perdre trop de temps à analyser toute la société les produits les concurrents etc et en plus c'est assez compliqué d'analyser les sociétés ça c'est mon côté joueurs d'échecs c'est qu'en fait quand vous analysez une société, vous ne connaissez pas le résultat de la stratégie suivie. Parce que ça dépend essentiellement de ce que vont faire les concurrents. Si vous avez un concurrent qui est aussi bon que vous, il va faire la même chose, ou il va se débrouiller pour que vous n'arriviez pas à vous décoller. Et donc, en dépit des qualités de votre stratégie, les résultats ne seront pas géniaux. Si vos concurrents s'endorment, vous aurez peut-être une stratégie moyenne, mais qui marchera très bien. Aujourd'hui, vous avez 250 millions d'euros d'encours sur le fonds France. Oui. Est-ce que demain, si on monte à 1 milliard, 2 milliards, 3 milliards d'encours, vous arriverez encore à appliquer votre stratégie ? Sur la France, on devrait pouvoir monter à 400 parce que... 400 millions ? Oui, 400 millions d'euros, sachant qu'on est... ça dépend des conjonctures de marché. Aujourd'hui, les valeurs moyennes ne sont pas très chères. Il y a eu un changement dans le portefeuille. On va sur des capilles plus importantes que nous allions dans le temps. Parce qu'avant, il n'y avait que les sociétés petites qui n'étaient pas chères. Aujourd'hui, une société comme Rexel est valorisée à peu près 4 ou 7 fois. Et donc si on ne fait que des moyennes, on peut avoir un portefeuille beaucoup plus important. Donc bon, 400 millions paraît faisable. L'Europe, la limite serait beaucoup plus élevée. Et ça marche sur les grandes valeurs, mais sur les alphas de 2%. Comment vous expliquez le désamour général des investisseurs pour les petites valeurs, qui sous-performent quand même ? Alors d'abord parce qu'elles sous-performent. Personne n'a envie d'acheter quelque chose qui sous-performe et ça fait 5 ans que ça dure. Donc là, la sous-performance explique le désamour. Par ailleurs, le CAC 40 est un indice luxe et le luxe marche très bien. Donc si vous voulez faire de luxe, vous faites du CAC 40, ce qui me paraît légitime. Faire des petites valeurs, c'est quelque part se dire, ça ne va pas durer éternellement le luxe. Ça, c'est le premier point. Deuxième point, en fait, les petites valeurs, pour moi, n'ont pas comme concurrent les grandes valeurs. Le vrai concurrent, c'est tout le reste. les produits structurés, le private equity. Et le private equity a fait un effort marketing remarquable depuis quelques années et globalement il a pompé toutes les liquidités qui auraient pu aller sur les petites valeurs. Et dernier point en France, le fait que beaucoup de sociétés ont abandonné les marchés réglementés pour aller sur Euronext Ghost est quelque part catastrophique parce que c'est... C'est un refuge pour les dirigeants qui ont la flemme de communiquer correctement. Vous pouvez peut-être expliquer la différence entre le marché réglementé et l'autre marché ? Compliqué. Mais disons, le marché réglementé offre de nombreuses protections à l'actionnaire minoritaire, le marché non réglementé offre moins de protections et offre moins d'informations. Donc il est logique que le marché non réglementé subisse une décote par rapport au marché réglementé. et c'est ce qui est en train de se passer d'après moi sur le marché français. En plus, il y a un autre facteur, c'est que les fonds nationaux ne sont pas à la mode. La preuve, c'est que notre fonds européen marche très bien, notamment en matière de souscription, alors que le fonds France, je dirais, vivote un peu. Et donc, si les Français vont en Europe, il faudrait que les Européens aillent en France. Mais si vous ne faites pas une présentation chaque trimestre, la plupart des investisseurs européens ne regarderont pas votre valeur. Et il y a peu de sociétés moyennes françaises qui font l'effort de faire une réunion au moins par Zoom chaque trimestre. Parce que ça coûte cher ? Ça coûte rien. Mais la communication investisseur, ça a un certain prix aussi. Oui, mais faire une réunion Zoom, Tesla... Google, je ne sais pas quoi, le truc, ça vous prend une demi-journée et ça fait partie actuellement des standards de ce qu'une société moyenne doit faire pour avoir des investisseurs étrangers. Et donc quand vous regardez les autres sociétés de taille moyenne dans d'autres pays, vous voyez qu'elles sont plus professionnelles à ce niveau-là, en Allemagne, en Suède, en Angleterre, etc. La Suède, c'est remarquable. L'Angleterre, on ne fait pas d'Angleterre. Plus maintenant ? Plus maintenant. L'Italie, ils ont des petits problèmes parce qu'ils ont du mal à parler anglais. Ça paraît fou quand même. Oui, et puis en plus, il y a aussi le facteur langue. C'est-à-dire, il ne faut pas se faire d'illusions. Si vous voulez avoir des investisseurs étrangers, il faut faire des présentations en anglais. A priori. C'est dingue quand même. Et vous regardez le marché américain ? Le marché des small cap américains ? Non. Non, ça ne vous intéresse pas ? Non, pas le temps. Vous n'avez pas le temps. Si vous deviez repartir de zéro aujourd'hui et construire un portefeuille de vos valeurs préférées, qu'est-ce que vous y mettriez ? C'est compliqué. C'est compliqué parce qu'en fait on a découvert que les valeurs les moins chères ne marchaient pas très bien. Mais on a obligatoirement des valeurs les moins chères dans le portefeuille. Mais notre stratégie c'est quand même d'acheter les moins chères. Donc après on regarde, il faudrait refaire la totalité du portefeuille, qu'est-ce qui est pas cher aujourd'hui, Rexel est pas cher, Morel et Prom et... moi j'aime bien le pétrole parce que personne ne veut investir dans les énergies fossiles ce qui me paraît hyper dangereux parce que si personne n'investit dans les énergies fossiles, il n'y aura plus que l'Arabie Saoudite et la Russie qui investiront dedans, ou probablement les Américains mais ça fera un prix du baril à 200 dollars ce qui quelque part serait inquiétant euh... et ramède pour les gens sportifs parce que avec ce qui se passe actuellement le gabon c'est un faux problème c'est un faux problème mais ils ont des résultats pour Cette année, probablement les pires résultats, enfin, le très mauvais résultat compte tenu du fait qu'ils ont vendu des activités qui ont toujours été déficitaires et que leurs résultats sont plutôt au plus bas de ce qu'ils faisaient en période historiquement. Moyennant quoi, à l'air à mettre, ça monte et ça descend. Moyennant quoi, il ne faut pas désespérer, parce que si vous désespérez, vous vendrez au plus bas. Bon, pour être à l'air à mettre, ça ne fait pas partie de notre stratégie. Normalement, on n'achète pas des titres qui ont des problèmes. Morel et Prom, Rexel, S2I, parce que c'est la moins chère du secteur et que leur filiale polonaise marche remarquablement bien. obé relativement cher katana et bien ben eto et bien Oui, après il faudrait que j'utilise mon ordinateur. Il faudrait que vous sortiez le screener. Vous m'avez parlé avant qu'on commence l'enregistrement d'une stratégie qui vous paraît être intéressante et qu'on pourrait mettre en place, mais pour laquelle vous n'avez pas encore lancé de fond. Est-ce que vous pouvez dire quelques mots sur cette fameuse stratégie ? Alors dans le livre What works on William Street ? qui est un peu pour moi la bible de ce qu'on a envie de se dire, quelle est la stratégie que je pourrais suivre et que je ne connais pas. Ils expliquent que la meilleure stratégie, c'est d'investir dans les sociétés qui ont la plus faible capitalisation boursière divisé par chiffre d'affaires. Le problème, c'est que personne ne sait pourquoi ça marche. Donc résultat, les investisseurs sérieux refusent de suivre cette stratégie-là. Donc je n'arrive pas à créer un fonds. sachant qu'un fonds, ça coûte une fortune. Il faut vraiment des montants élevés maintenant pour lancer un fonds. Mais pour un particulier, ça me paraît une stratégie... assez facile à appliquer et qui devrait marcher. Je ne dis pas de faire que ça comme stratégie, sauf si ça marche très bien pendant quelques années, mais une partie du portefeuille pourrait être gérée sur ce critère-là. D'ailleurs, est-ce que vous vous recommandez de façon générale à un particulier de faire plutôt du stock picking ou d'aller sur l'ETF ? Alors les ETF... Globalement, statistiquement, on marche mieux que la gestion active, il faut être lucide. Néanmoins, on ne sait pas très bien qu'est-ce que c'est qu'un ETF, j'ai toujours pas compris. J'ai un intellect limité. Je soupçonne qu'un jour, on va découvrir qu'un détail des ETF fait que ça présente un certain risque. C'est bien beau de faire des portefeuilles synthétiques, mais le synthétique, comment est-ce que ça a été réalisé ? Point d'interrogation. Néanmoins, on voit que ça marche relativement bien. Mais il y a des stratégies relativement simples qui devraient marcher mieux que les ETF. Si vous prenez les 40 valeurs du CAC 40 et que vous les équipondérez, vous ferez mieux qu'un ETF CAC 40. Pourquoi vous ferez mieux ? Parce que statistiquement, ça marche mieux que le CAC 40. Donc ça, c'est un point. Et sinon, nous, ce qui marche très bien, c'est d'acheter pas cher des sociétés qui ont une forte rentabilité des fonds propres. Et tout le monde est capable de faire ça. Est-ce que, ouais, c'est... Tout le monde est capable de le faire, mais ça demande aussi un certain temps. Je pense que vous passez toutes vos journées, probablement une partie de vos nuits, à réfléchir à ça. Il y a aussi la notion d'expertise. Oui, mais nous, c'est difficile, parce que j'ai un marketing pack, quand j'achète des titres, ils montent, quand je les vends, ils baissent. Bon, si vous êtes un particulier, vous achetez des titres, le cours, il bouge pas. Bon, vous êtes... Vous n'avez pas des souscriptions et des rachats. Vous avez aussi des obligations en termes de détention. Vous ne pouvez pas aller au-delà d'un certain pourcentage par ligne dans le portefeuille. Oui, mais globalement, le particulier... Lui, il fait ce qu'il veut. Il fait ce qu'il veut. Lui, il aura 25 lignes, ce qui est beaucoup plus reposant. Parce que la volatilité ne descend pas après 25 lignes. Mais nous, on est obligé, parce qu'il y a la règle des 5 courses. que les lignes qui représentent 5% du portefeuille ne doivent pas représenter plus de 40% du portefeuille, ce qui fait qu'au total vous avez 40 lignes. C'est juste plus simple. Non, parce qu'il faut pouvoir laisser les actions monter. Donc si vous avez, disons, 8 lignes à 5% et que dès qu'elles montent vous êtes obligé de la vendre, c'est pas très bon. C'est un peu dommage. Donc c'est pas une stratégie possible. Mais... Bon, disons que c'est faisable. D'ailleurs, vous avez dit que vous avez 40 lignes. J'en ai entre 40 et 50. Une cinquantaine de lignes. Plutôt, je n'aime pas en avoir 50. Donc plutôt 40, 44, ça me paraît un bon chiffre. Mais vous n'avez pas de cash ou quasiment pas de cash. Je regardais votre dernier rapport mensuel. 99% des encours sont investis dans des actions. Je n'ai jamais de cash. Je ne suis pas payé pour avoir du cash. Je suis payé pour gérer un portefeuille action. Pourtant le cash permet de saisir des opportunités quand les marchés baissent fortement par exemple ? Non, c'est une catastrophe le cash. Toutes les études démontrent que les gérants et les particuliers perdent facilement 2%, mais c'est probablement 3% parce qu'ils font du market timing, c'est-à-dire qu'en d'autres termes ils ont du cash. il faudrait acheter et ils n'en vont pas de cash quand il faudrait vendre. Donc il faut se dire je ne suis pas capable de faire du market timing donc je n'en fais pas. Donc vous votre politique c'est vous investissez tout le temps ? Oui je suis toujours investi tout le temps puis généralement j'ai plus d'idées que de cash, que de fonds à investir et en plus c'est une bonne discipline, c'est à dire globalement l'idée c'est j'ai une idée d'achat, est-ce que j'ai une idée de vente, si je n'ai pas d'idée de vente ça va. Peut-être que je ne vais pas acheter. Et sinon, il faut absolument trouver une idée de vente. Donc ça oblige à travailler un peu. Est-ce qu'il y a des valeurs, des grandes capitalisations qui vous intéressent ? Que vous ne pouvez pas acheter, mais que vous trouvez intéressantes comme société parce qu'elles pourraient théoriquement répondre à vos critères ? Total, pour moi, Total est vraiment une société que je mettrais dans mon portefeuille. Parce que ? Parce que c'est pas cher et... Non mais bon, il se trouve que j'étais analyse pétrolière, il se trouve que j'ai travaillé chez Total. Vous avez un biais. En plus j'ai fait les comptes de Total, donc les comptes d'une pétrolière ça veut rien dire accessoirement. Néanmoins, de temps en temps, les gens estiment que... que le pétrole vous avez des réserves et qu'au bout de sept ans vous allez les exploiter et vous n'aurez plus rien, bon ça fait quand même 45 ans qu'on dit ça de temps en temps et ce n'est pas vrai, point final. Et que l'idéologie dominante qui est de dire on ne va pas investir dans les énergies fossiles qui garantit entre parenthèses... un avenir radieux à ceux qui ont du pétrole ou du gaz au cours des prochaines années. Et vous pensez que Total va réussir la transition vers les énergies renouvelables ? Qu'est-ce qui se passera quand il n'y aura plus de... Il y aura toujours ! L'émergence du pétrole ? Non, mais l'idée de dire... Ça fait partie du rêve et de toute façon c'est un rêve absurde. Non parce que, vous n'avez pas dû me lancer là-dedans. Non mais, par exemple, le fait de dire il faut que toutes les voitures soient électriques en 2030 ou 2035, oui mais, avec quoi vous fabriquez l'électricité ? une Polo qui consomme 3 litres de diesel. Donc on peut penser, mais ça fait peut-être preuve d'optimisme, que d'ici 2030, on arrêtera de dire que les véhicules électriques, c'est génial, même si ça consomme une énergie folle. Mais on va dire qu'il faut que les voitures consomment peu d'énergie, quelle que soit l'énergie consommée. Parce que fondamentalement, l'électricité, en plus c'est comique. L'électricité en Allemagne, c'est du charbon. Donc dire qu'une voiture électrique, ça ne pollue pas, honnêtement, je ne vois pas le raisonnement qui permet de dire ça. En plus, il y a la problématique de la production de la batterie, qui est assez intense aussi. Oui, et puis après la batterie, il va falloir la recycler. Il va falloir la recycler. C'est compliqué tout ça. Et puis, il se peut que dans 10 ans, on découvre que le diesel, l'Apollo, au lieu de consommer 3 litres au 100, consommera 2 litres au 100. et que peut-être que le diesel sera, entre parenthèses, la solution, la meilleure pour le gaz à effet de serre. Si on prend un peu de recul, on a parlé des sociétés et de leur qualité intrinsèque. Est-ce que le contexte global, l'environnement des taux, la macroéconomie, c'est quelque chose que vous regardez quand vous investissez ? Alors quand j'étais jeune gérant, c'est-à-dire que j'étais déjà vieux, c'était en 90, Je faisais de la macro. parce que d'abord par formation, c'était ma formation, et j'ai découvert assez rapidement que ça ne servait strictement à rien. Donc en plus, non mais ça ne sert strictement à rien, parce que si vous avez vu la révision du PIB anglais, d'un seul coup ils ont découvert qu'ils avaient sous-estimé leur PIB de 5%, et que tous les chiffres de croissance depuis le PECSI c'était faux. Là où... vaguement on croit de 1% par an en Europe. Maintenant, grâce aux Anglais qui de ce côté-là nous ont ouvert les yeux, on n'en sait rien. Donc si c'est 1%, c'est peut-être 0, c'est peut-être 1-1 ou peut-être plus 2. Et globalement, on ne le saura jamais. Donc ce n'est pas la peine de faire de la macro. Donc le contexte économique global ne vous intéresse pas ? Si, ça intéresse, mais peu. C'est-à-dire que là, on voit qu'il y a une hausse des taux, on voit que tout ce qui... qui est liée à l'immobilier, c'est la crise. Et donc, il vaut mieux ne pas avoir d'immobilier dans un portefeuille aujourd'hui, sauf à très long terme et en espérant que ça remonte un jour. Voilà. En plus, il y a une illusion monétaire aujourd'hui, c'est-à-dire les taux ne sont pas particulièrement élevés en réel, mais tout le monde pense que la flèche... Enfin, pas moi, mais... Disons, on a l'impression que la plupart des agents... pensent que l'inflation va redescendre à 2% et que donc des taux à 3% paraissent élevés. Bon, si on estime que l'inflation va rester entre 3 et 4% pendant quelques années, pas pendant relativement longtemps, les taux à 3% ne sont pas si élevés que ça. Donc la situation actuelle vous paraît plutôt normale ou c'est le nouveau normal auquel il faut s'attendre ? Oui, c'est-à-dire on a de l'inflation. Alors là, bon, en fait, moi, j'étais monétariste quand j'étais jeune. Plus personne ne se rappelle ce que c'était, mais vous regarderez ça sur Wikipédia. Et notamment, quelque chose que tout le monde semble avoir oublié, c'est qu'il y avait quelque chose qui s'appelait la vélocité de la monnaie. C'est-à-dire, en d'autres termes, les banques centrales, quand elles haussent les taux, la masse monétaire décroît ou ne croît pas rapidement. Mais les agents économiques... peuvent faire tourner leur cash plus ou moins vite. Comme on a eu 10 ans sans inflation, le cash ne tournait pas du tout. Et là, les gens sont en train de découvrir qu'ils ont perdu en France 5% sur ce qu'ils avaient en banque et qu'ils ont intérêt à se débarrasser du cash. Donc pour moi, la vélocité de la monnaie va bouger énormément, va s'accroître fortement. Et ça, ça va diminuer l'efficacité de la politique monétaire. Donc vous attendez à quoi comme mouvement sur cette politique monétaire ? Je m'attends à une inflation qui dure. Que si la Banque Centrale croit que la... La petite hausse des taux qu'on a eue va suffire pour diminuer l'inflation. Moi, je n'y crois pas. Vous n'y croyez pas. Est-ce que vous voyez aussi un mouvement du marché actions vers le marché de taux ? Ou est-ce que la prime de risque des marchés actions est encore justifiée vis-à-vis des... Un marché des taux qui est redoublié. Pour moi, il n'y a pas de prime de risque. C'est un article lumineux que j'ai écrit que personne n'a jamais lu. On va mettre le lien, vous nous en verrez, on mettra le lien. C'était dans la revue de l'analyse financière. Je crois que de 1985, en France en tout cas, de 1985 à 2003, je crois que j'ai refait une mise à jour en 2013, mais je n'en suis même pas sûr. où j'avais démontré, en fait c'est relativement facile, que la rentabilité des actions et des obligues avait été la même sur longue période. D'où la question, y a-t-il une prime de risque ? Et donc ça, ça sous-entendrait qu'il faut plutôt faire quoi dans ce cas-là ? Non, le risque n'est pas le même. Si vous avez des obligations, s'il y a de l'inflation, vous allez perdre de l'argent. Si vous avez des actions et qu'il y a une grosse récession, vous allez perdre de l'argent. Pourquoi ça serait le même risque ? Je ne vois pas. Est-ce que vous avez déjà changé votre politique d'investissement, votre stratégie d'investissement durant les 30 années de gestion du fonds ? Jamais, parce qu'on savait dès le départ qu'on pourrait avoir deux ans de suite, ou même trois, mais on n'a pas eu trois ans. ça viendra peut-être, de sous-performance, mais que de toute façon c'était la stratégie qui marchait le mieux. Donc quand on a eu des mauvaises périodes, nous n'avons pas été des gérants qui disaient, bon globalement j'étais value, finalement j'ai fait une erreur, je suis grosse aujourd'hui, et comme grosse est à la mode, donnez-moi votre argent. Nous on est value, les années où la value ne marche pas, on marche mal. mais on garde la même stratégie. Et peut-être pour aller un peu dans le quotidien de votre gestion, comment ça se passe concrètement ? Sur quoi vous allez passer votre temps pour le fonds ? Vous allez analyser plutôt des sociétés ? Vous allez aller voir des gérants ? Vous allez passer du temps à regarder les marchés ? Comment vous investissez votre temps ? On regarde les marchés, mais ça, c'est de la perte de temps. Non, mais c'est... C'est stupide, mais on le fait quand même. Peut-être parce que ça nous rassure. C'est-à-dire, tant que vous avez l'œil sur le marché, vous savez que les titres de votre portefeuille ne s'effondrent pas. Peut-être qu'on est vraiment stressé. C'est la seule justification que je trouve à regarder le marché. Après, on espère qu'en regardant fixement l'évolution des cours, on va se dire, celle-là monte, et je vais pouvoir en acheter parce qu'elle monte. Mais comme on ne fait pas du tout d'analyse graphique, c'est absurde de croire ça. Vous y croyez à l'analyse technique ou graphique ? Non, mais c'est absurde, ça ne marche pas du tout. Là, je ne regarde jamais les graphiques. Même pour trouver un bon point d'entrée sur une valeur qui vous intéresse ? Non, en fait, je suis momentum. C'est-à-dire, je préfère acheter un titre qui monte qu'un titre qui baisse, et je refuse d'acheter un titre qui baisse significativement avant une publication de résultats semestriels ou annuels. Parce que statistiquement, j'ai découvert qu'une forte baisse... annoncer des mauvais résultats. Les fameux insiders, peut-être, qui commencent à... Oui, et puis là, je reviens, il y a les salariés, les concurrents, les fournisseurs, les clients, ils connaissent assez bien ce qui se passe dans une société, et donc, quelque part, ils empêchent les aberrations de marché. Donc, je préfère acheter des titres qui montent, de ce côté-là, je suis Momentum, et quand j'ai un titre surévalué et qui baisse, je le vends rapidement. Il y a une société que... que j'ai vu en portefeuille c'était trigano et je pense que c'est une société qui est similaire à beaucoup d'autres portefeuilles la famille et c'est plus la famille trigano mais la famille toujours c'est la face et feuillet voilà c'est fait la famille feuillet majoritaire dont beaucoup de sociétés que vous avez en portefeuille c'est la famille c'est une famille qui est majoritaire à l'actionnaire majoritaire est ce que ça c'est une bonne chose c'est une mauvaise chose qu'est ce que ça a un impact sur le ya des études qui démontrent que les sociétés familiales sont mieux gérées que les autres Personnellement, j'ai une théorie propre, c'est de dire que les dirigeants qui font partie d'une famille ont une meilleure information que les dirigeants qui sont de simples salariés. Dans la mesure où souvent dans les sociétés du portefeuille, maintenant, c'est les enfants qui sont à la tête de la boîte. Le père... plus ou moins à abandonner, parce que généralement c'est pas les mères, à abandonner, néanmoins il a son réseau dans la boîte et il est capable de faire remonter l'information. Et c'est un énorme avantage. C'est-à-dire, quand vous êtes patron d'une boîte, il y a beaucoup de choses que les gens ne vous diront pas et le fait d'avoir une autre source d'information est pas mal. Et si vous avez d'autres membres de la famille, qui sont dans la société, là aussi c'est de l'information qui circule, c'est une bonne chose. Par ailleurs, bon, c'est des gens qui investissent plutôt à moyen terme, par ailleurs les intérêts de la famille et des investisseurs extérieurs sont alignés, donc c'est plutôt favorable, et surtout... Les sociétés familiales font moins de marketing financier. C'est-à-dire, eux, ils ne font pas de Zoom en anglais. Ça, c'est le problème. C'est pour ça qu'ils sont sous-évalués. Ça, c'est votre opportunité, du coup. C'est une opportunité. Et donc, c'est probablement pour ça qu'en dépit de bons résultats, ils sont mal valorisés. Les small caps, sur le long terme, ça surperforme les large caps. C'est quoi, à votre avis, la place ? Que devraient avoir les small caps dans l'allocation ? Au moins 10% du portefeuille, ou 100% personnellement. Je ne vais pas dire que c'est ça. Non, parce que j'ai ma seule ligne qui n'est pas small, c'est Total Energy. Mais ça représente 1% de mes placements. Pour vous, 10% ? 10% des small caps, c'est la part des small caps dans le marché. Et d'après moi, ce n'est pas le cas depuis 5 ans. sur très longue période, les smalls battent les grandes. Donc normalement, on ne devrait faire que des smalls. Surtout là, dans un marché qui, a priori, paye très mal. Oui, mais ce qui se passe, c'est que depuis 5 ans, les petites sociétés surperforment les grandes, même si les courts sous-performent. Donc quelque part, les valeurs relatives se sont améliorées pour les petites. Donc normalement on ne devrait faire que des petites, mais personne ne dit ça parce que tout le monde pense que les petites sont plus risquées que les grandes. Voyons quoi, je pense que si on faisait 50-50, le degré risque serait supportable et par contre on bénéficierait de la surperformance normale des petites. Est-ce que quand on regarde le… risque. Il y a aussi une chose qui est assez intéressante sur les gros marchés, c'est que la performance, elle est quand même principalement faite par quelques sociétés. Vous avez dit le luxe en France, aux Etats-Unis, ça va être surtout la tech. Ça, c'est un risque que vous... Ça a toujours été le cas. Il y a 80% des valeurs font le marché monétaire. Donc il y a 20% des valeurs qui font autre chose. Mais, donc voilà, c'est pas... Donc c'est la norme en fait. C'est la norme, oui, c'est toujours... Non mais j'ai découvert ça l'année dernière, parce qu'il y a une étude qui est sortie. et très très longtemps j'avais des gens qui analysaient mes performances qui disaient oui il a eu une bonne performance l'année dernière mais il y a deux valeurs qui ont monté quelque part c'est toujours le cas c'est une espèce de loi de puissance qui fait que quelques sociétés vont sortir très fortement quelques lignes qui vont faire des années de rêve 100% mais c'est très rare Quand je regarde mon portefeuille, je ne regarde plus parce que ça me déprime, mais à un moment je regardais mon portefeuille cinq ans après et je n'ai pas l'impression que c'était des trucs géniaux. Simplement il y a une ou deux lignes qui ont très bien marché. Est-ce qu'après avec le recul il y a des choses que vous feriez différemment sur des décisions de gestion que vous avez prises que vous ne preneriez plus aujourd'hui ? Le gros changement c'est le momentum. C'est-à-dire qu'à un moment, plus un titre baissait, plus j'en achetais, et ça, c'est fini. Vous pouvez peut-être redéfinir le momentum ? Le momentum, c'est simplement regarder si le cours fait mieux ou moins bien que l'indice. Disons, dans les années 90, j'achetais une action, je la trouvais pas chère, elle baissait, j'en achetais plus. Maintenant, je fais relativement attention. Quand je dis qu'elle baissait, une baisse significative, ce n'est pas 2-3%, disons inférieure à 10, bon, ça passe inaperçu. Mais quand vraiment il y a un mouvement, maintenant, je fais attention. Vous faites attention à ça. Et ça, c'est basé sur des études, le momentum ? Momentum, oui, il y a pas mal d'études. Alors, il y a les études qui démontrent qu'un titre qui a marché bien l'année dernière, marchera encore bien cette année. Et qu'un titre qui a eu une performance pourrie l'année dernière aura une performance pourrie, enfin, sous-performera cette année. Donc vous n'avez pas des dossiers comme Orpea, c'est des choses que ça ne vous surprend pas qu'en fait ça ne fait que tomber sans fin. Parce que pendant longtemps, c'était un peu la société où tout le monde disait ça a tellement baissé que ça ne peut pas aller plus bas. Oui, alors là, c'est naïf. Non, mais ça, j'ai perdu cette idée il y a très très longtemps. Globalement, c'est simple. Tout titre. peut encore perdre 100% de sa valeur. Non, mais on a tous, au début en tout cas, l'impression qu'un titre qui a perdu 50% ne peut plus baisser. La réponse, non. Tout titre peut perdre 100% de sa valeur. Ça, c'est la règle. Ça vous est déjà arrivé d'avoir une société qui a fait faillite ? Oui, ça, j'ai honte. Par contre, je ne me rappelle plus du nom. En fait, c'était une convertible. et je savais que je prenais des risques mais le rendement était fabuleux et par contre ce que je ne savais pas à l'époque c'est que quand l'action est réservée à la baisse la convertible ne cote pas mais le résultat c'est quand l'action cote la convertible est réservée à la baisse donc résultat la convertible n'est jamais cotée donc effectivement j'aurais pu enfin J'aurais dû sortir de la convertible, à la limite, si j'avais eu de l'action, je serais sorti. Mais comme elle n'a pratiquement jamais coté, le marché n'était évidemment pas liquide, je me suis trimballé cette honte pendant quelques années, parce qu'en plus la boîte avait déposé le bilan, mais j'avais le titre dans le portefeuille. Vous ne pouviez pas vous en débarrasser ? Je ne pouvais pas m'en débarrasser, c'était très douloureux pour moi. Et à contrario, c'est quoi vos plus beaux succès, les achats dont vous êtes le plus fier ? Le plus beau, c'est... des Valorec. C'était au début des années 2000. Ça a été impressionnant. Les plus belles, c'est x10, à peu près. Mais je me demande si c'était pas... Enfin, il faudrait vérifier sur un graphique, mais je pense que c'était nettement plus que 10. Après, j'ai Montupé. Montupé, de temps en temps, en réfléchissant, on arrive à faire des choses bien. Montupé avait un concurrent italien qui achetait tout ce qui bougeait, cassait les prix, fabriquait des culasses en aluminium. Et Montupé arrivait à gagner de l'argent dans un contexte de marché catastrophique, notamment parce qu'il y avait un gros concurrent qui cassait les prix et qui perdait de l'argent. Donc moi, j'étais relativement respectueux de ce que faisait mon tupé, et qui valait une fois le cash flow. Évidemment, le concurrent italien a fini par sauter, et donc probablement le cash flow a dû doubler. Et donc nous, on avait acheté une fois le cash flow, et on l'a revendu à... Oui, probablement. Oui, probablement, si cette fois le cashflow, avec un cashflow qui avait doublé, donc on a très bien gagné notre vie sans m'en tuer. Les sociétés que vous avez citées, c'est quand même très varié. Il y a des gens qui font des joints de culasse, il y en a d'autres qui font du pétrole, il y en a encore d'autres qui font des catamarans. Comment on devient... Est-ce qu'on a besoin d'être expert des secteurs ? Et si on ne l'est pas, comment on acquiert l'expertise pour derrière se faire une conviction ? Alors si vous êtes l'expert du secteur, etc., investissez dans le secteur dans lequel vous connaissez tout. C'est sûr. Dans ce cas-là, on est très monosecteur. Dans ce cas-là, vous êtes monosecteur, mais votre connaissance du secteur vous permettra, entre parenthèses, de gérer le risque. Sinon, vous faites tous les secteurs et donc le vrai critère d'analyse, c'est quand même les comptes. Si vous avez une rentabilité des capitaux engagés de 20%, a priori, vous êtes bon. Si vous avez une rentabilité des capitaux engagés de 3%, a priori, vous êtes mauvais. Vous regardez quand même le business sous-jacent. Si demain, quelqu'un fait de l'imprimerie papier et qu'il a une super rentabilité sur les capitaux propres engagés, vous n'allez pas vous dire que ça ne va probablement pas durer. Ou alors, ils vont en un minitel. Mais c'est des dernières années avant la chute. Ça peut arriver, bon je me rappelle qu'il y avait une société cotée qui vendait des CD et je m'étais dit on va faire du téléchargement, ils sont mal barrés. Donc là effectivement j'en ai pas fait. Ça peut arriver, mais je dirais, je me rappelle pas, mais j'ai dû faire ce genre de raisonnement qui ne s'est pas arrivé les justes à peu près la même nombre de fois. Si... Si, effectivement, sur les CD, c'était quand même assez facile à voir. Sur les jeux vidéo, là, c'est un truc qui m'amuse. C'est un secteur qui fait rêver, à part que la vraie histoire du jeu vidéo en France, c'est la boîte qui dépose son bilan au bout de quelques années. Donc, des valorisations très élevées et des histoires atroces, mais les investisseurs ne veulent pas en tirer les conséquences. Donc, ça, c'est clair. Mais si on entend des raisonnements intelligents, mais je ne suis pas sûr que ça soit bon, l'arrivée des constructeurs automobiles chinois sur le marché européen, surtout si on s'obstine à faire que des voitures électriques, ça va faire très mal. Donc il y a des secteurs que vous interdisez ? Là, je me suis interdit. Ça, c'est un peu la révolution, parce que c'est un secteur que j'aimais bien. C'est les équipes anti-automobiles cette année. Parce que vous avez peur de l'arrivée des Chinois ? Alors d'une part, le fait que la plupart des constructeurs européens décident de faire du premium et d'abandonner l'entrée de gamme. Bon, et le problème, c'est que si vous avez votre première voiture chez BID, vous risquez d'avoir votre deuxième voiture aussi chez BID plus tard. Ils internalisent toute la chaîne de production en plus. Tesla, vous resterez fidèle de chez Tesla, etc. Donc globalement, le client d'un constructeur européen, il a 55 ans aujourd'hui, il finira par mourir, et le jeune, il aura une autre voiture et ne jettera jamais la vôtre. Donc, baisse des volumes, ce qui n'est pas bon pour les équipementiers, plus le fait qu'il y ait de l'inflation, et que globalement les équipementiers prenaient des contrats qui étaient... perte au début mais ils améliorer leur productivité avec le temps et gagner l'argent sur les derniers produits avec de l'inflation ça marche plus ils sont obligés de revoir les acheteurs les acheteurs sont durs donc je ne suis pas sûr qu'ils arrivent à gagner de l'argent équipement automobile ça ne vous intéresse plus c'est sorti il y en a d'autres promotion immobilière ça c'est cata aussi en ce moment actuellement Non, ce sont probablement les deux secteurs qu'il faut éviter aujourd'hui. Il faudrait quoi pour que vous reconsidériez les promoteurs immobiliers ? Il faudrait que les taux baissent significativement ? En fait, il y a des tas de facteurs qui jouent. C'est la baisse des permis de construire qui, quelque part, et bon, ils ont eu de la chance, c'est-à-dire grâce à la baisse des permis de construire, ils n'ont pas de programme en blanc. sans clients et comme il n'y a rien comme pratiquement n'a rien construit ils arrivent à vendre tout ce qu'ils ont produit tout ce qu'ils produisent aujourd'hui bon en plus c'est à la hausse des taux et comme on est arrivé à des aberrations du genre des taux à 1 1% sur 15 ans, à la limite, on avait permis à des gens d'acheter, mais globalement à 3%, ça diminue énormément la demande. Donc bon, quelque part, la demande... de logements, disons, crédibles, est en train de s'effondrer. Donc ça, ça va durer quand même quelques années. Après, il y a le zéro artificialisation des sols. Enfin, tout est fait pour qu'on ne construise pas de logements en France. Ce qui paraît une stratégie, disons, étrange, parce que c'est quand même un gros fournisseur d'emplois. Après, là, c'est mon expérience personnelle. je ne crois pas du tout à la rénovation énergétique. Disons, globalement, refaire un logement ancien et le mettre aux normes, ça coûte une fortune. Et le seul moyen de faire de la rénovation énergétique, c'est de faire des logements neufs. Donc il ne faut pas raser Paris. Oui, mais économiquement, ça ne fait aucun sens de dire je veux faire du zéro des logements à zéro. zéro émission en faisant de la rénovation. C'est quasiment impossible dans la majorité des bâtiments anciens. C'est très difficile. D'une part, c'est impossible. Enfin, tout est possible. Mais ça coûte une fortune. Ça coûterait une fortune, donc personne ne le fera. Non, mais qu'on arrête les plaisanteries. Donc, non, mais, enfin, bon, je ne suis pas un ingénieur dans le bâtiment, etc. Mais on a l'impression que le gouvernement se dit, plutôt que de faire des logements neufs, on va tout rénover le parc ancien. et on va avoir un bilan carbone fabuleux. Moi, je pense que le logement ancien aura toujours un bilan carbone pourri et que le seul espoir de la... Il y aurait une bilan carbone, c'est de remplacer le logement ancien par du logement neuf. Ok. Il y a un secteur que vous avez évoqué, sur lequel j'aimerais bien revenir, c'est le private equity. Vous disiez qu'ils sont très bons en marketing, en private equity, et donc ils ont réussi à attirer une grosse partie des volumes. Et il y a eu une énorme vague de démocratisation de l'accès au private equity. On appelle ça du marketing génial. Ils ont obtenu toutes les autorités qu'on... On donne la chance aux investisseurs privés de faire du private equity, sachant que ce qui est comique, c'est que la partie cotée, on exige une transparence totale. sur tout, et que dans le private equity, il y a une opacité totale, et que ça gêne personne. Et une illiquidité pendant des années. Oui, c'est illiquide. Mais surtout, pour moi, c'est l'opacité. C'est soit la transparence est bonne, Et dans ces cas-là, on l'impose à tout le monde. Soit la transparence est inutile, ce qui, pour moi, si je dis ça, je vais faire peur à tout le monde. Mais globalement, c'est la performance du fonds qui est importante. Si les frais sont élevés, mais que la performance le permet, tant mieux. Si la performance est pourrie et les frais sont élevés, effectivement, il vaut mieux ne pas être là. Et qu'en plus, la transparence a un coût. On fait quand même énormément d'administratifs. et que globalement, la transparence a un coût qui se traduit par une baisse de la performance. Justement, les frais, c'est l'un des arguments de vente des ETF qui, grâce à leurs frais bas et juste leur fonctionnement structurel, arrivent à faire la performance du benchmark. C'est quoi votre avis sur ce sujet qui explique comme en grosse partie la sous-performance de la plupart des fonds actifs ? Oui, mais il faut avoir des stratégies qui marchent. Dans vous, on peut payer... Enfin, les frais sont justifiables si on surperforme. Si on surperforme, oui. Et j'ai vu dans vos frais, vous avez des frais de gestion et vous avez une commission de surperformance. Oui, auquel je tiens. Ce qui me fait rire, c'est qu'il y a certains investisseurs qui veulent faire sauter ma commission de performance. Et je leur explique que mes concurrents qui ont abandonné généreusement les commissions de performance, ils n'en avaient jamais. Alors que nous, ça représente sur longue période à peu près 0,5% des fonds gérés, donc c'est énorme, puisque sachant qu'on... On doit toucher aujourd'hui à peu près à 1,40, 1,60. Et donc 0,5, ça améliore quand même fortement notre rémunération. Mais il vaut mieux avoir des fonds qui surperforment que des fonds qui sous-performent. Ça, c'est sûr. Pour terminer, j'aimerais parler de votre patrimoine personnel. Vous passez votre journée à analyser des valeurs et à investir dans des small caps. À titre personnel, vous faites quoi ? À titre personnel, je ne me fatigue pas trop. C'est-à-dire pratiquement toute ma fortune est investi dans le fonds Europe ou le fonds France ou éventuellement dans deux fonds à horizon qu'on a lancé qui sont Famille 1 et Famille 2. À titre personnel, en dehors du fonds, je fais ce que je ne fais pas dans le fonds, soit du Total parce que j'aime bien sa valeur et que je ne peux pas le faire dans les fonds, soit de l'immobilier parce que j'avais une idée qui n'est pas une bonne idée. c'est de se dire il faut que je diversifie normalement la seule justification d'un investissement c'est la diversification vous allez perdre de l'argent dedans donc à un moment j'ai voulu faire de l'immobilier coté parce que bon tout le monde fait de l'immobilier en France sauf moi et je m'étais dit le coté c'est pas mal ça va diversifier le résultat évidemment j'ai perdu pas mal d'argent et donc c'est assez intéressant parce qu'il y a d'autres, vous avez eu d'autres types d'actifs en portefeuille, peut-être des actifs un peu plus exotiques ou alors des produits de taux ? Non, alors là, j'ai toujours pensé que les actions battaient les obligues, donc j'ai jamais eu d'obligue. Si, j'ai dû faire un... Ouais, enfin, j'ai fait une tontine. Donc ça, c'est de l'obligation déguisée. Non, mais ils ont des actions. Non, c'est même pas ça. Non, mais j'ai jamais fait d'obligue. Pour moi, l'obligue, c'est pas rentable. Deux questions pour finir. Vous avez cité plusieurs livres. Est-ce que vous en avez d'autres qui vous paraissent importants et qui permettraient à des investisseurs de se former et d'investir dans leurs propres connaissances ? Le problème, c'est que tous les livres sont en anglais. Je n'y peux rien. Un bon livre pour examiner les stratégies que l'on peut... qu'un investisseur normal peut suivre, c'est What Works on William Street, où il examine à peu près toutes les stratégies possibles, enfin, les plus évidentes. Dont la fameuse stratégie que vous avez citée tout à l'heure. Aux États-Unis, je crois, de 1953 à 2013. Et bon, ça se lit assez facilement. Le livre que j'aime beaucoup, c'est The Little Book of Behavioral Investor, qui est... Il faut savoir que la pointe de la théorie de la gestion maintenant, c'est la théorie comportementale. Et The Little Book est largement suffisant pour comprendre la théorie comportementale. Et en fait, une de mes ambitions, c'est de le traduire et de le faire publier en France. Mais le jour où je prendrai ma retraite, je ferai ça. Si James Montier accepte que je le traduise. Donc il y a ça. Qu'est-ce qu'il y a encore ? Benjamin Graham, ça fait partie de vos livres de chevet ? Oui, alors après la version 49 que je préfère. Il faut savoir que Benjamin Graham a raconté, je ne vais pas dire n'importe quoi, mais... Il a changé d'avis plusieurs fois. Il a changé d'avis plusieurs fois. Et entre The Intelligent Investor 49 et The Intelligent Investor 66, je crois que c'est 66 le dernier, Ce n'est pas tout à fait le même livre. Dans le premier, de 1949, c'était Je n'achète que les titres que s'il y a une décote de 50% par rapport aux réalisables et disponibles. Et en fait, au bout de quelques années, quand on lui disait, il y a des années où vous n'en trouvez pas, il disait Où est le problème ? Bon, en 1966, ce n'était plus du tout ça. Non, mais c'est amusant. En fait, The Intelligent Investor m'avait permis d'être extrêmement brillant. 2020 parce qu'il y avait un tableau qui expliquait quand est-ce qu'on était au sommet d'une bulle et notamment il y avait marqué des journaux du type le monde qui n'ont jamais parlé de bourse me parle de la bourse en première ligne les chauffeurs de taxi parle de la bourse vos copains dans les dîners parle de la bourse ben voilà et donc il y avait à peu près dix critères comme ça et qui étaient tous respectés en 2020 donc bon D'une part, je voyais bien que c'était une bulle parce que les titres étaient très chers. Et en plus, j'avais relu Benjamin Graham. Et donc, j'ai dit, là, il y a une bulle, il faut que je tienne. Parce qu'évidemment, mes investisseurs voulaient que j'achète les titres qui faisaient l'objet de la bulle. Et à ce moment-là, vous n'avez pas une tentation de vous dire, je repasse en cash, justement, parce que je sais qu'on est au plus haut ? Non, parce qu'en fait, le marché n'était pas cher. Non, non, mais tout le monde a oublié. France Télécom était à 40 fois le résultat net. Et Saint-Gobain était à 7 fois. Et donc nous, on avait un portefeuille qui était plutôt à 7,9. Et en fait, on a eu la période 2020-2003, où en fait, on n'a rien fait et que le marché a baissé 50%. Et donc là, en relatif, on a été très bons. Mais c'était relativement facile parce que le marché, hors l'abus d'Internet, n'était pas particulièrement cher en 2000. Parce que tout le monde disait, il y a les valeurs Internet qui vont écraser tout le monde, et les valeurs non-Internet qui n'intéressaient personne. Ça fait plus de 30 ans que vous êtes sur les marchés, même beaucoup plus longtemps. Pour finir, est-ce que vous avez un dernier conseil ou une recommandation que vous voulez partager avec les auditeurs ? En fait, il faut travailler, oui. Fondamentalement, la chance que les auditeurs ont, c'est que les rapports annuels sont une mine d'informations qu'on n'avait pas avant. Donc effectivement, si vous payez le rapport annuel une fois ou même plusieurs fois, vous serez entre parenthèses le spécialiste de la valeur. Il y a très peu de personnes qui ont le courage de lire un rapport annuel. en fond, à fond. Donc déjà, ça vous donne un avantage compétitif. Par exemple, il y avait la FNAC qui avait un petit problème sur Comet en Angleterre, où ils avaient un procès et des montants relativement élevés. Il y a peu d'études de brokers qui vous disaient qu'il y a un risque Comet sur la FNAC. Néanmoins, il s'est révélé exact. C'était à la page 92. C'était dans le rapport annuel, voilà. Donc, c'est une mine d'informations. Donc, la première chose que vous devez faire, c'est lire les rapports annuels. Ça, c'est... Bon, il faut le faire, voilà. Je vais pas dire que c'est plaisant. C'est la chose à faire. Et une fois que vous faites ça, regardez les chiffres. Parce que si on... Bon, on va parler de Neuven. Tout le monde, j'ai lu pas mal d'études sur Neuven, qui est considéré comme une très belle valeur, etc. avec un avis radieux, disons l'énergie solaire... c'est radieux, comme il se doit. Néanmoins, j'ai été surpris, parce qu'un jour, je suis quand même... Je ne regarde pas Neowen, parce que clairement, c'est trop cher pour moi. Mais un jour, j'ai quand même regardé, et j'ai découvert avec surprise que la rentabilité... capitaux engagés était de 5%. Et là, vous arrêtez. Ce n'est pas une très belle société. Une très belle société, c'est une rentabilité des capitaux engagés supérieure à 10 minimum. Ou alors, vous pouvez acheter une société qui fabrique non pas Bonduelle, je suis en train de faire un... j'ai un trou. Vous pourrez... trouver c'est facile une société qui fabrique du fromage bel non c'est l'autre bon grain merci vous m'avez aidé je vous ai dit ça bourgain c'est d'entabilité des capitaux engagés catastrophique pas catastrophique mais 7% ce qui est quand même relativement bas peut-être entre 5 et 7 je ne sais pas si ça soit celle mais un price turning de 7 moi c'est pas mon type de beauté mais vous pouvez vous dire à cette fois le fait que ce soit pas très rentable, c'est dans les cours, et tout le monde mangera du fromage pendant des années, donc dans 7 ans ils seront encore là, donc c'est un bon placement. C'est très clair. Merci pour votre temps William, c'était hyper intéressant, et je vous dis à très bientôt. Merci de m'avoir accueilli. Musique