Est-ce que vous aimez le chocolat ? Ne répondez pas, c'est rhétorique. Bien entendu, vous aimez le chocolat. Je vous présente donc votre nouveau meilleur ami, Franz Messerly. Franz est né à Schwartenburg, un charmant petit village suisse connu pour son joli château, ses fermes pittoresques, et...
ses chanteurs de métal. Franz, lui, a choisi une autre voie, puisqu'il est devenu un éminent scientifique spécialisé en cardiologie. S'il nous intéresse, c'est parce qu'il a publié, le 18 octobre 2012, un article scientifique intitulé Consommation de chocolat, fonctions cognitives et prix Nobel Il y explique avoir découvert que plus un pays mange de chocolat, plus il a de prix Nobel. Figurez-vous qu'il y a un rapport entre le chocolat et la capacité à obtenir un prix Nobel. C'est très sérieux, c'est une étude réalisée par la revue médicale New England Journal of Medicine.
Plus la population d'un pays mange de chocolat, plus il compte de prix Nobel. Adepte du journalisme total, j'ai donc suivi les conclusions de France, qui estime qu'un pays compterait un prix Nobel supplémentaire si tous ses habitants augmentaient leur consommation annuelle de chocolat de 400 grammes. Bilan.
La France n'a pas gagné plus de prix Nobel, mais moi j'ai gagné 3 kilos. Parce que Franz Messerly a fait exprès de mélanger corrélation et causalité. Pour faire une blague. Lorsque deux variables évoluent de façon similaire, on dit qu'il y a corrélation.
Mais cela ne veut pas dire qu'elles sont liées d'une quelconque manière. Pourtant, face à des courbes bien corrélées, on a facilement tendance à imaginer une causalité, c'est-à-dire déduire qu'une courbe a causé l'autre. Sauf qu'on ne peut pas conclure qu'il y a causalité seulement parce qu'il y a corrélation. L'exemple des chocolats et des prix Nobel en est un exemple évident.
Des corrélations farfelues comme celle-ci, qui ne sont rien d'autre que des coïncidences, il y en a des tonnes. D'ailleurs, voici mon collègue Pierre. Bonjour ! Dans la vie, Pierre a deux centres d'intérêt principaux. Les casquettes de cycliste et les corrélations bizarres.
Ça le passionne tellement qu'il fabrique lui-même ses casquettes et qu'il a créé des générateurs aléatoires de corrélations dont vous trouverez les liens dans la description. Il s'est par exemple beaucoup amusé avec des cartes. Bonsoir, bienvenue dans votre météo des corrélations foireuses.
Tout d'abord, nous allons commencer avec de fortes pluies sur la façade est du territoire, mais aussi en Corse et sur la pointe bretonne. Et comme on le voit sur cette autre carte qui présente le taux de réussite au bac, c'est bien là où les élèves n'ont pas séché. les résultats sont les meilleurs. Restons encore un petit peu sur cette façade est si vous voulez bien, où vous constatez une importante consommation de viagra de la Lorraine à la Méditerranée, précisément dans cette zone où les dépôts de césium-137 issus de Tchernobyl sont les plus importants.
Je vous laisse en tirer les conclusions qui s'imposent. Pour finir, revenons au massif armoricain où le beurre salé a le vent en poupe. Cela aura pour conséquence d'attirer la famille Bourdais puisque comme chacun sait, chez les Bourdais on n'est pas très très beurre doux. Aujourd'hui nous fêtons les oliviers et le soleil s'est levé deux minutes plus tard à 6h52, comme mon chat qui s'était déjà levé en même temps que le soleil hier. et à ventiller, ce qui veut dire que mon chat contrôle le son de ma parole.
Alors bien sûr, ces exemples sont grossiers. Il n'y a pas besoin d'avoir un prix Nobel, ou d'avoir mangé du chocolat, ou même les deux, pour comprendre qu'on ne peut pas tirer de conclusion sur la seule base de l'implantation des familles Bourdais et la consommation de beurre salé. Par exemple, certaines personnes auraient constaté chez les enfants un lien entre l'exposition aux écrans et l'autisme. Elles en ont donc déduit que téléphone et télévision étaient la cause de ce trouble. De la même manière, des opposants aux éoliennes ont pointé des liens entre la construction de ces édifices et des problèmes de santé dans leur voisinage proche.
Ils en ont donc là aussi déduit que les éoliennes causaient ces soucis sanitaires. Dans ces deux cas, comme dans bien d'autres, montrer qu'il y a une corrélation est une chose, démontrer scientifiquement qu'il y a une causalité en est une autre, qui demande des études approfondies. En fait, pour établir un lien de causalité entre deux cartes ou deux courbes, il faut mener un travail assez scientifique.
Ce n'est pas quelque chose, hélas, qu'on peut faire simplement en collant deux cartes ou deux courbes l'une à côté de l'autre. C'est-à-dire que si on a deux événements qui se ressemblent, en fait, ça peut être tout à fait lié à l'un qui influence l'autre, ou l'autre qui influence l'un, ou ça peut être le hasard, ou ça peut être encore une fois un facteur qui est différent, qui influence les deux. Donc en fait, on n'a aucun moyen de le savoir en regardant simplement les courbes. Pour déduire avec fiabilité des liens de causalité à partir de corrélations, la science a généralement recours à des protocoles très minutieux.
Cela passe par des échantillons de populations correctement constituées, des expériences reproductibles ou bien des tests en aveugle. Par exemple, si vous avez du temps à perdre et que vous voulez vraiment prouver l'existence d'un lien de causalité entre chocolat et prix Nobel, voilà comment vous pourriez faire. D'abord, divisez la population d'un pays en deux parties représentatives de son ensemble.
Ensuite, donnez à une moitié du chocolat, et à l'autre, quelque chose qui ne serait pas du chocolat, mais qui ressemblerait tellement qu'on ne pourrait pas faire la différence. Et bien sûr, les cobayes ne doivent pas savoir ce que vous cherchez à prouver, car un effet placebo pourrait fausser l'expérience. Il faudra évidemment que les prises se fassent en quantité et intervalles bien déterminés à l'avance.
Puis, une fois que l'expérience est lancée, laissez-la mijoter pendant quelques années. Et si après tout ça, vous constatez que le groupe qui mangeait du vrai chocolat a effectivement produit plus de prix Nobel que l'autre, alors on pourra effectivement commencer à parler d'un lien de causalité entre chocolat et prix Nobel. Puis, il faudra que d'autres personnes refassent l'expérience pour vérifier, et surtout, il restera à trouver un mécanisme qui explique cette causalité.
Bref, c'est quand même beaucoup d'efforts uniquement pour avoir une bonne excuse pour manger du chocolat comme un gorée à 23h devant YouTube.