Les objectifs de cette vidéo sont de comprendre que le travail est une source d'intégration sociale, mais que certaines évolutions de l'emploi, précarisation, taux persistant de chômage élevé, polarisation de la qualité des emplois, peuvent affaiblir ce pouvoir intégrateur. L'intégration sociale est un processus permettant à l'individu de devenir membre d'un groupe social ou d'une société en adoptant les valeurs et les normes qui lui sont spécifiques. C'est le fruit du processus de socialisation.
Le travail constitue, parmi d'autres, un facteur important de l'intégration sociale des individus, et ce, de multiples façons. Le travail est tout d'abord un lieu de socialisation secondaire. On y intègre des valeurs et des normes qui sont notamment celles de l'organisation productive dans laquelle on travaille, ainsi que celles de ses collègues de travail. Goût de l'innovation, loyauté envers les clients et les collègues, utilité sociale de l'activité. Le travail permet de définir notre statut social, c'est-à-dire notre position dans la hiérarchie sociale.
Cela contribue à notre identité sociale. Le travail est une source de revenus. Il permet donc notre intégration à la société de consommation lorsque nous sommes en activité. Il nous permet de subvenir aux besoins de notre famille, voire est essentiel à la fondation d'une famille. Le travail est également l'origine d'une partie importante de la protection de la santé.
social dont nous bénéficions, nous permettant ainsi de maintenir notre revenu, notre statut même lorsque nous ne travaillons plus . Le travail est également l'occasion de voir se développer des formes de solidarité organique par exemple chez Durkheim, conscience de classe chez Marx dans le cadre de conflits du travail. Enfin, le travail est l'occasion de nouer des relations sociales professionnelles et ou amicales. avec ses collègues. Si le travail est donc un facteur essentiel de l'intégration sociale, ce qui nuit à la qualité de l'emploi ou à son existence, ne pourrait donc avoir que des effets négatifs sur cette intégration sociale.
Le développement des emplois précaires, le développement d'un chômage de masse et de longue durée rendent difficile pour les individus qui subissent ces évolutions leur intégration dans la société. Ces situations provoquent en effet Un éloignement des valeurs et des normes du monde du travail. Un abaissement du statut social. Une dégradation de leurs revenus pouvant conduire à la pauvreté. Une réduction de leur niveau de protection sociale, droit à leur retour.
retraite, couverture par les mutuelles, un éloignement du collectif de travail et les formes de solidarité qu'il peut induire, une réduction, voire une disparition des relations professionnelles. Dans ces conditions, les risques d'exclusion sociale, inverse de l'intégration sociale, s'accroissent. Le processus conduisant de l'intégration sociale à l'exclusion sociale a été analysé par Robert Castel. sociologue français 1933-2013 comme un processus de désaffiliation.
Son raisonnement est construit à partir du croisement de deux critères permettant de situer les individus. Le travail Celui-ci peut être stable, précaire ou absent, chômage. L'intensité relationnelle, forte, fragile ou faible, isolement. Plus l'intégration par le travail est faible et plus l'intensité relationnelle se réduit, plus on s'éloigne de l'intégration sociale. La désaffiliation sociale, terme utilisé par Robert Castel plus tôt que celui d'exclusion sociale, correspond donc à la dégradation des conditions d'emploi et à la perte des relations professionnelles, mais également familiales et amicales.
D'autres critères de la qualité des emplois exercent également une influence sur le rôle intégrateur du travail. Les conditions de travail, le niveau de salaire, l'horizon de carrière, le potentiel de formation, la variété des tâches. Certains individus cumulent les critères d'une bonne qualité des emplois. tandis que d'autres vont cumuler les critères d'une mauvaise qualité des emplois. Pour certains, de bonnes conditions de travail, un salaire élevé, des perspectives de promotion importantes, des possibilités élevées de formation et une bonne variété des tâches.
Leur travail est donc épanouissant, il est le gage d'une bonne intégration sociale. Pour d'autres, les conditions de travail sont dégradées, les salaires modestes, les perspectives de promotion inexistantes, les possibilités de formation faibles et les tâches peu variées et répétitives. Leur travail est aliénant. Il n'est pas le gage d'une bonne intégration sociale. Serge Pogam, sociologue français né en 1960, proposera d'analyser l'influence du travail sur l'intégration sociale en fonction de la qualité de l'emploi.
Il retient deux critères pour mener son analyse. Le niveau de satisfaction au travail, qui peut être élevé ou faible. La stabilité de l'emploi, qui peut être également élevé ou faible.
Le croisement de ces deux critères fait apparaître, selon lui, quatre situations différentes. L'intégration assurée, lorsque la satisfaction au travail est forte et la stabilité de l'emploi importante. L'intégration incertaine, lorsque la satisfaction au travail est forte, mais que le travail est instable. L'intégration laborieuse, lorsque le travail est peu satisfaisant, mais stable.
Et enfin, l'intégration disqualifiante, lorsque le travail n'est pas satisfaisant et instable. Cette dernière situation conduit donc à la disqualification sociale avant même que l'individu soit frappé par le chômage. La faiblesse de la qualité des emplois réduit donc fortement leur capacité intégrative.
de disqualification sociale diffère de la notion de désaffiliation sociale de Robert Castel. Il intègre notamment l'idée d'un rejet de l'individu par la société, d'une stigmatisation par celle-ci de celui qui recourt aux aides sociales et une dévalorisation de soi qui naisse de la faiblesse de la qualité des emplois.