Et c'est le moment d'attaquer le modèle post-Kennésien, alors accrochez-vous à vos slibards, je sens que ça va pas être du gâteau. De la tarte, ça va pas être de la tarte. Mais non, ça c'est quand c'est trop facile.
Oh non non, comment c'était trop de la tarte. Mais non, c'est l'inverse. La vache c'était pas de la tarte et, oh ben disons que c'était du gâteau.
N'importe quoi, c'était pas du gâteau mais c'est trop de la tarte. Mais puisque je te dis que si, c'est évident. Je ne ferais pas ça. Oh vraiment ? Tu ne ferais pas ?
C'est ça, je ne ferais pas. Ce n'est pas un pile de chute là-bas. Nous ne savons pas ce que c'est.
Au moins, c'est très large. Il a un point de vue. Je vais envoyer un pod, un pod inhumain. Je n'agis pas. Je voudrais y aller.
Dumb. Un morceau de pain. Un pièce de pain. Un pièce de pain. Un pièce de pain, oui.
Dumb. C'est ce qu'il est. Juste essayez de ne pas le faire mal. Comment le faire mal ?
Dumb. Le plus facile, le pain. Pain. Easy as pie.
Hum...... Donc, on commence par tracer deux axes. Sur l'axe des ordonnées, on représente le pouvoir d'achat moyen des travailleurs permis par leur salaire.
On a donc des valeurs qui se mesurent en euros. Sur l'axe des abscisses, on représente la quantité de travailleurs employés. L'idée de cette surface est de trouver le salaire qui permet à tous les travailleurs d'être employés. Je positionne donc sur mon schéma une ligne qui montre la limite au-delà de laquelle il n'y a plus de travailleurs employés. Donc là, ça veut dire qu'il y a 50 mecs qui peuvent bosser mais pas un de plus.
Exactement. Si le nombre de travailleurs est borné, le pouvoir d'achat... d'achat des travailleurs doit l'être également. En effet, si pour mon exemple je dis que la productivité de mes travailleurs correspond à c'est-à-dire que sur une journée un travailleur ne peut produire que une certaine quantité de richesse dont la valeur totale est de alors il est logique que les entreprises ne rémunèrent jamais les travailleurs plus que 10€ la journée. Ok, donc si mon travail rapporte 10€ à l'entreprise, elle va forcément me payer moins que sinon elle ne peut pas faire de bénéfice.
C'est ça. Du coup ici, on part du principe que la productivité des travailleurs reste toujours la même. Oui, dans ce modèle, on n'a pas besoin de postuler que la productivité des travailleurs est décroissante.
On va donc considérer qu'elle reste constante. Ok, je suis chaud. Parfait. Donc, on sait qu'il y a 50 travailleurs dans cette économie fictive, et qu'étant donné leur productivité, leur salaire ne peut pas dépasser cette valeur.
La suite de l'exercice, c'est de faire en sorte que l'offre soit égale à la demande. L'offre, le niveau de la production, est donnée par le nombre de travailleurs employés multiplié par leur productivité. La demande, le niveau de consommation, est donnée par le salaire des travailleurs multiplié par le nombre d'entre eux qui sont employés.
Mais il faut aussi rajouter à cela la consommation des actionnaires dont les revenus sont élevés. proviennent des bénéfices de l'année précédente, ainsi que la consommation et l'investissement financés par la création monétaire et par l'épargne. Alors ouais...
Rappelle-toi, les bénéfices de 2019 sont payés aux actionnaires uniquement en 2020. De plus, les agents économiques, ménages, entreprises et états peuvent choisir de dépenser en 2020 de l'argent qu'ils ont épargné au cours des années précédentes ou de s'endetter via la création monétaire ou via l'épargne. Toutes ces formes consommation s'ajoute à celle permise par les salaires. On va donc découper la demande en deux parties, celle permise par les salaires et celle qui correspond à ce qu'on va appeler les dépenses autonomes.
Dépenses autonomes, donc toute la partie de la demande qui ne vient pas des salaires, ce sont des dépenses autonomes ? Exactement ! Donc imaginons que les dépenses autonomes soient égales à 100. Puisque la productivité des travailleurs est de 10, il faudrait 10 travailleurs pour produire 100 euros. Donc si mes 10 travailleurs sont payés 0 euros, alors l'offre est bien égale à la demande. Tu paies tes travailleurs 0€ toi ?
Ça s'appelle de l'esclavage. Bah le problème c'est que si on paye les travailleurs 5€ par exemple, la production reste à 100, mais la demande passe à 150, puisque la composante salariale n'est plus nulle. Ah ouais ? Bah il suffit de recruter 5 travailleurs de plus pour pouvoir produire 150. Oui, mais puisque ces travailleurs sont rémunérés la demande monte à 175. Ah merde.
Bon, j'imagine que ça converge. A force d'augmenter le nombre de travailleurs et d'employés, l'offre et la demande vont bien finir par s'équilibrer, non ? Oui, pour un salaire de 5 euros, une productivité de 10 euros et des dépenses autonomes à 100 euros, il faut employer 20 travailleurs pour que l'offre soit égale à la demande. Maintenant, à ton avis, combien faut-il employer de travailleurs pour que l'offre soit égale à la demande si on baisse le salaire à 4 euros au lieu de 5 ?
Moins de salaire, donc moins de demande, donc moins de production, donc moins d'embauche. Moi, je dirais que si on baisse les salaires, on aura moins de travailleurs employés. Exact. Toute chose égale par ailleurs, c'est-à-dire... si les dépenses autonomes restent à 100 euros et que la productivité des travailleurs reste à 10 euros alors pour que l'offre soit égale à la demande et pour un salaire de 4 euros et bien il faut employer 17 travailleurs au lieu de 20 mais du coup La question devient, est-ce que c'est logique de raisonner toutes choses égales par ailleurs ?
Est-ce qu'une baisse de salaire ne risque pas de faire varier les dépenses autonomes et la productivité ? Effectivement, c'est une très bonne question, mais on y reviendra plus tard. Pour le moment, continuons en ne faisant varier que les salaires.
Puisqu'il y a 50 travailleurs dans mon économie, le chômage est représenté sur ce schéma par l'écart entre le plein emploi, 50 travailleurs embauchés, et le nombre actuel de postes à pourvoir. Pour ne plus avoir de chômage, il faudra embaucher l'ensemble des 50 travailleurs. Oh !
Si les 50 travailleurs étaient embauchés, la production totale serait de 500 euros. Puisque les dépenses autonomes sont de 100 euros, il faut donc que les 400 euros restants soient comblés par les revenus des travailleurs. 400 euros divisé par 50 travailleurs égale 8 euros. Le salaire de plein emploi est donc, dans cet exemple, de 8 euros. On est passé de 20 travailleurs embauchés à un salaire de 5 euros, donc avec 30 travailleurs au chômage, à 50 travailleurs embauchés, un salaire de 8 euros, avec désormais zéro chômeur.
Voilà donc un modèle qui nous conseille d'augmenter les salaires. pour éviter le chômage. Ah ouais j'avoue, c'est assez mortel.
On obtient une courbe qui, pour un niveau de salaire, de productivité, de consommation des actionnaires, de consommation et d'investissement privé ou public par le crédit ou par l'épargne donnée, nous donne le nombre de travailleurs à embaucher pour que l'offre soit toujours égale à la demande. Il y a ici une différence primordiale avec le modèle néoclassique de la première vidéo. Le modèle actuel suppose que pour n'importe quel salaire donné inférieur à il existe une situation d'équilibre dans laquelle l'offre est égale à la demande.
Chaque point de la courbe est une situation d'équilibre que l'économie d'un pays peut adopter pour une durée indéterminée. Autrement dit, pour les postes keynésiens, il n'y a aucune incompatibilité entre chômage extrêmement élevé et équilibre entre offre et demande. Ici par exemple, pour un salaire de 5 euros, 30 travailleurs n'ont pas d'emploi et pourtant l'offre est bien égale à la demande. Pour les néoclassiques en revanche, il existe un point d'équilibre unique, un salaire unique qui permet à l'offre d'être égal à la demande. Et selon eux, cet unique point d'équilibre s'avère aussi être celui qui garantit l'absence totale de chômage involontaire.
Ok, donc d'un côté les post-kénésiens pour qu'il existe de multiples équilibres offre-demande avec de multiples niveaux de salaire et taux de chômage associés, à nous de bien gérer pour trouver celui qui convient le mieux, de l'autre les néoclassiques pour qu'il n'existe qu'un seul équilibre offre-demande possible, celui que l'économie trouve naturellement, celui qui garantit automatiquement le plus faible taux de chômage. Ok, bon bah du coup on comprend mieux les points de vue des uns et des autres là. Bien, maintenant que tu as en tête cette histoire d'équilibre multiple, et qu'on s'est intéressé aux variations de salaire, voyons voir comment le modèle réagit si on fait bouger les deux autres variables. La hausse de la productivité des travailleurs, que l'on constate aujourd'hui en partie au travers du phénomène d'automatisation, si on maintient les deux autres variables au même niveau, provoque bien une augmentation du chômage.
La hausse de la productivité permet une hausse de la production, mais la demande reste inchangée puisque ni les salaires ni les dépenses autonomes n'ont varié.... Les entreprises choisissent donc de licencier des travailleurs pour rétablir l'égalité offre égale demande. Sauf qu'en licenciant, la demande chute. Puisque la demande chute, les entreprises doivent s'adapter et produire moins, ce qui provoque davantage de licenciements et donc une nouvelle chute de la demande. Le processus se poursuit jusqu'à ce qu'un nouvel équilibre offre-demande s'établisse.
Ici, 33 travailleurs employés pour un salaire de 8 euros et 17 travailleurs au chômage. On peut ainsi tracer une nouvelle courbe d'équilibre multiple qui nous montre que pour revenir au plein emploi, il faut soit augmenter le salaire à 9 euros, soit augmenter les dépenses autonomes à 150 euros, soit faire une combinaison entre hausse des salaires et hausse des dépenses autonomes. Autrement dit, il faut faire augmenter la demande. Donc la hausse de la productivité transforme la courbe d'équilibre multiple offre-demande et ce faisant provoque du chômage. Et à chaque fois, la solution pour sortir du chômage, c'est la hausse de la demande.
Soit par les dépenses autonomes, soit par les salaires. C'est ça. C'est pourquoi il faut pour les post-kénésiens que les salaires augmentent à peu près au même rythme que la productivité.
Si ce n'est pas le cas, comme par exemple aux Etats-Unis depuis 50 ans où on constate un découplage entre salaire et productivité, alors il peut y avoir une demande trop faible. À moins bien sûr que les dépenses autonomes augmentent pour compenser. Donc j'en reviens à ce que je disais tout à l'heure. Le problème, c'est qu'on ne peut pas étudier les variables indépendamment. Si l'État augmente le SMIC, par exemple, pour essayer d'augmenter la variable salariale de la demande, les entreprises vont sûrement le prendre mal et moins investir.
Donc, hausse de la demande par les salaires, mais baisse de cette même demande par la baisse des dépenses autonomes. Et donc, pas d'amélioration, voire même détérioration de la situation. Oui, c'est un bon raisonnement, mais tu oublies des paramètres. Peut-être qu'en plus qu'une baisse de l'investissement, une hausse des salaires provoquerait une moins forte consommation de la part des actionnaires, ce qui irait aussi dans le mauvais sens. Mais cela pourrait aussi entraîner une plus forte consommation par la dette de la part des travailleurs, qui, suite à une hausse de leur salaire, auraient davantage confiance en leur avenir. Donc difficile de dire si une hausse des salaires provoquerait réellement une baisse des dépenses autonomes.
C'est d'ailleurs parce que cette variable est très imprévisible que les post-kenésiens jugent le rôle de la dépense publique comme fondamental. Ah mais oui, dans les dépenses autonomes, il y a l'investissement public. L'investissement public, oui, mais pris dans le sens du déficit.
En dehors des revenus des actionnaires, les composants des dépenses autonomes représentent des dépenses qui sont supérieures au montant des revenus perçus. Parce qu'on n'a pas gagné assez cette année-là, soit on tape dans les réserves accumulées, l'épargne, soit on se tourne vers la création monétaire, le crédit bancaire. Qu'il s'agisse des ménages, des entreprises ou de l'État, on parle bien ici d'une dépense supérieure aux revenus perçus sur la période observée. Donc, dans le cas de l'État, d'un déficit budgétaire.
Le modèle recommande donc à l'Etat de garder un œil sur ces différentes variables et d'accentuer ou de réduire son déficit budgétaire en fonction de la situation pour maintenir les dépenses autonomes à un niveau suffisant. Donc on augmente le SMIC et si les dépenses autonomes réagissent mal, on augmente le déficit public. C'est l'idée.
Evidemment, cela suppose que l'Etat ait accès à une source de financement suffisante. Ok, bon là je te vois venir. Le modèle nous dit que la règle de déficit public maximal fixée à 3% du PIB, c'est de la merde.
Pareil pour cette histoire de banque centrale européenne qui ne prête pas aux États membres. Ça ne veut pas dire que le modèle suppose qu'il faille faire n'importe quoi sans aucun contrôle. Le déficit public doit évidemment être dirigé vers l'économie réelle, et même plus précisément vers des activités qui sont utiles pour le plus grand nombre. Et une limite à ce déficit doit même être définie, mais dans le cadre de cette analyse, dans le cadre d'une évaluation du niveau opportun des dépenses autonomes, et pas dans le cadre d'un dogme stipulant que tout déficit public est toujours mauvais, particulièrement s'il dépasse 3% du PIB.
Ok, alors je reprends. Les entreprises cherchent constamment à faire augmenter la productivité des travailleurs, ce qui décale la courbe d'équilibre offre-demande, et provoque du chômage. Pour résoudre le problème, il faut augmenter la demande. On peut y arriver par exemple en augmentant les salaires.
Donc on peut imaginer une hausse... hausse du SMIC. Mais cette décision pourrait être mal interprétée par les entreprises, qui investiraient moins. Cela dit, ça pourrait aussi être compensé par les salariés qui s'endetteraient plus.
Dans le doute, l'État doit garder un œil sur les dépenses autonomes et se tenir prêt à augmenter son déficit public si nécessaire. Avec ce modèle, on capture déjà une bonne partie de la complexité du problème du chômage. Mais il manque plusieurs éléments qui le complexifient encore davantage.
Premièrement, on est parti du principe que une hausse de la productivité des travailleurs provoque nécessairement du chômage. La hausse de la productivité provoque une hausse de la production qui ne trouve pas preneur car, sans hausse des salaires, la demande n'a pas augmenté, ce qui force les entreprises à diminuer la production, donc à licencier.... Sauf qu'en réalité, les entreprises peuvent se tourner vers les autres pays pour écouler le surplus de production.
En réalité, l'offre est toujours égale à la demande au niveau mondial, mais... pays par pays, ça n'a pas besoin d'être le cas. En effet, les pays exportateurs nets produisent plus que ce qu'ils consomment.
Et c'est l'inverse pour les pays importateurs nets. Ils produisent moins que ce qu'ils consomment. Le cas le plus iconique est celui de l'Allemagne, qui, au regard de sa balance commerciale, ne consomme que l'équivalent en valeur de 94% de ce qu'elle produit.
Sur notre graphique, l'utilisation de la demande d'un autre pays provoque l'apparition de nouvelles courbes d'équilibre. La logique est la suivante. Pour reprendre l'exemple de l'Allemagne, disons que 6% de la production...
est achetée par les pays voisins. Cela signifie que la demande allemande peut être 6% plus faible que l'offre sans que les entreprises n'aient de problème pour écouler leurs stocks, ce qui suppose l'apparition d'une courbe d'équilibre légèrement décalée. Dans la situation actuelle, avec une productivité des travailleurs et des dépenses autonomes inchangées, on obtient une courbe qui permet le plein emploi avec un salaire de 7,4 euros au lieu de 8. Ah ouais, l'exportation permet de payer moins cher les travailleurs.
Eh oui ! puisqu'ils participent moins à la consommation de ce qu'ils produisent, on peut se permettre de moins les payer. Mais on pourrait aussi envisager une courbe d'équilibre minimisant les dépenses autonomes plutôt que les salaires.
Et évidemment, on pourrait aussi imaginer tout un tas de combinaisons intermédiaires en fonction de si on fait peser le poids de l'utilisation d'une demande extérieure sur les salaires ou sur les dépenses autonomes. La finalité, c'est qu'un pays exportateur net possède une demande interne plus faible que ce qu'il est capable de produire. Donc quand on entend dire qu'il n'y a pas assez d'investissement en Allemagne ou que les salaires sont trop bas, c'est parce que le pays est exportateur net.
C'est ça. C'est en partie grâce à sa balance commerciale positive que l'Allemagne réussit à maintenir un faible niveau de chômage malgré la faiblesse des salaires, de la consommation par le crédit et de certains investissements. Donc malgré la faiblesse de la demande. Mais alors du coup ça veut dire que l'inverse, une balance commerciale trop négative, le fait de consommer plus que ce qu'on produit, ça veut dire que...
Les salaires ou les dépenses autonomes sont trop élevés par rapport à la production de richesse du pays. Exactement. Si on garde toujours un différentiel de 6% entre offre et demande, mais qu'on se place cette fois du point de vue d'un pays importateur net, soit les salaires doivent augmenter à soit ce sont les dépenses autonomes qui doivent augmenter à 130€. Cela dit, c'est souvent du côté des dépenses autonomes qu'il faut aller chercher quand on est face à une situation où la demande est supérieure à l'offre. Car il est beaucoup plus facile d'utiliser la création monétaire, la dette, pour augmenter la demande d'un pays, plutôt que de convaincre les entreprises d'augmenter les salaires.
Pourquoi ce serait plus facile de passer par la dette que par les salaires ? Parce que convaincre les banques, De prêter à des ménages pour qu'ils achètent un logement, un canapé ou une télé à crédit est beaucoup plus facile que de contraindre les entreprises à augmenter les salaires. Donc tu veux dire qu'il y a quand même plus de chances d'avoir une population qui s'endette pour surconsommer plutôt qu'une population qui serait surpayée ? Exactement, c'est d'ailleurs une des explications qui permet d'expliquer les crises. L'augmentation de la demande par le biais de la dette finit par provoquer une situation insoutenable.
Quand la dette ne peut plus augmenter parce que les agents économiques refusent de s'endetter davantage ou que les banques refusent de prêter, la demande devient... inférieurs à l'offre et les entreprises licencie pour ajuster la production. Ce qui nous amène aux autres éléments de complexité qui eux ne peuvent pas vraiment être ajoutés au modèle mais dont il faut tenir compte et dont le premier s'appelle délocalisation.
Là où avec un accroissement de l'endettement les banques s'attendent à une augmentation de leurs revenus parce qu'elles touchent plus d'intérêt quand la quantité de dette est importante, ce qui de leur point de vue est plutôt positif, la solution de l'augmentation de la demande par la hausse des salaires, elle, fait peur aux entreprises car elle nuit à leur compétitivité. Les entreprises auront tendance à menacer de délocaliser la production si on les force à augmenter les salaires. Ainsi, la trop forte demande par rapport à l'offre de certains pays vient davantage de la dette que des salaires trop élevés. Mais surtout, même en partant du principe que l'offre d'un pays soit exactement au même niveau que sa demande, la solution de l'augmentation de la demande par les salaires pour résoudre un problème de chômage devient très difficile à mettre en place, car si on force les entreprises à augmenter les salaires, celles-ci peuvent choisir de délocaliser plutôt que de payer les travailleurs plus cher. Ah mais putain, oui, c'est carrément évident.
A la limite, si tu augmentes le SMIC et que les entreprises investissent moins, tu peux compenser avec du déficit public, mais si les entreprises se barrent carrément du pays, ben là ça devient chaud de compenser. Mais est-ce qu'on pourrait pas expliquer aux entreprises que l'augmentation des salaires va leur bénéficier ? Si elles jouent le jeu, l'augmentation de la demande va leur permettre de vendre plus de marchandises. Et non, c'est un autre élément de complexité.
Les entreprises sont libres de délocaliser et les consommateurs sont libres de consommer ce qu'ils veulent. Si on convainc les entreprises de rester malgré une augmentation des salaires, encore faut-il convaincre les consommateurs d'acheter les marchandises produites par les entreprises qui ont joué le jeu. Parce que si les consommateurs utilisent leur augmentation de salaire pour acheter des produits étrangers, alors les entreprises nationales auront payé des salaires plus élevés sans bénéficier de l'augmentation de la demande.
Ah ouais, fait chier. Donc il faut empêcher les entreprises de délocaliser et forcer les consommateurs à acheter du made in chez eux. Donc on pourrait empêcher l'entrée sur le territoire de produits étrangers.
Ou plutôt de mettre en place des droits de douane qui font que les prix des produits étrangers deviennent équivalents aux produits nationaux. Ce qui permet aux entreprises qu'on a forcé à augmenter les salaires sur le territoire national de rester compétitives par rapport à celles qui produisent à l'étranger. Ouais mais sauf que si tu mets des droits de douane aux produits qui arrivent de Chine, la Chine va te mettre des droits de douane sur tes produits à toi. Et du coup tes entreprises exportatrices seront bien niquées.
Eh oui, c'est un autre point de complexité. Aucun pays ne peut produire pile poil ce dont il a besoin. Il est normal que certains pays produisent beaucoup d'une marchandise A et l'exportent, et que d'autres produisent trop d'une marchandise B et l'exportent également.
La mise en place de droits de douane dans le but d'éviter le chômage et de garantir la juste rémunération des travailleurs ne fonctionne que si ces droits de douane s'appliquent uniquement aux pays fortement exportateurs, ce qui profite de la demande des autres pour maintenir de faibles niveaux de salaire chez eux. Sauf que, dans le monde réel, personne ne peut imposer des droits de douane aux allemands ou aux chinois sans que ceux-ci ne répliquent de la même manière. Délocalisation, liberté de mouvement des marchandises et des capitaux et impossibilité de mise en place de droits de douane sans risquer une guerre des tarifs douaniers forment ce qu'on appelle le triangle d'incompatibilité de Roderick dont on parlera dans une prochaine vidéo. Donc, je résume, le chômage est dû à une économie qui s'est retrouvée plantée sur un équilibre offre-demande bien moisi, le long de la courbe de tous les équilibres possibles, sûrement à cause d'une augmentation continue de la productivité des travailleurs sans augmentation des salaires, oui, ou d'une crise qui a engendré une baisse de la demande par le biais des salaires ou des dépenses autonomes, ce qui a provoqué un saut vers un équilibre offre-demande avec plus de chômage. Ah oui, effectivement, ok.
Donc, quoi qu'il en soit, pour trouver un meilleur équilibre le long de la courbe, il faut augmenter la demande. Pour y arriver, il faudrait augmenter les salaires et mettre en place des tarifs douaniers pour que les produits nationaux restent compétitifs et que les consommateurs les achètent. Et aussi éviter une guerre de tarifs avec le reste du monde.
Et aussi empêcher les délocalisations. Et à ce moment-là, parce que la demande augmente, le carnet de commandes se remplit, donc les entreprises se motivent, elles embauchent, le chômage se réduit. Mais pendant tout ce processus, si on veut vraiment voir un impact sur le chômage, il faut aussi faire gaffe à ce que les dépenses autonomes ne faiblissent pas.
D'où l'idée d'avoir un État qui peut augmenter son déficit public si nécessaire, ce qui implique d'avoir une source de financement qui soit pérenne, genre un accès direct à la planche à billets de la Banque Centrale. Ce qui est le cas pour tous les pays du monde, sauf ceux de la zone euro. Cool.
Et évidemment, il faut constamment répéter ce procès. au fur et à mesure que la productivité des travailleurs augmente et il faut faire tout ça en même temps sinon pas moyen de résoudre le problème du chômage bon bah du coup je crois que on comprend bien pourquoi on ne résout pas ce problème bon c'est plutôt bien résumé moi quand même tout reprendre point par point selon les postes keynésien, la production des entreprises est avant tout déterminée par la demande, car les entreprises ajustent leur production en fonction du remplissage du carnet de commandes. Cette demande dépend de deux variables, ce qu'on a appelé les dépenses autonomes, qui regroupent les revenus des actionnaires issus des bénéfices de l'année précédente, les dépenses de consommation ou d'investissement issus de la création monétaire et celles issues de l'utilisation de l'épargne.
Et puis il reste aussi la variable salariale, qui dépend du nombre de travailleurs embauchés et de leur salaire. L'offre, dépend de la productivité des travailleurs que l'on considère ici comme constante et du nombre de travailleurs embauchés. Selon les postes keynésiens, une économie capitaliste va naturellement chercher un équilibre pour que l'offre soit égale à la demande. Et celui-ci peut s'obtenir à tous les niveaux de salaire. Contrairement aux néoclassiques qui ne perçoivent qu'un seul salaire permettant à l'offre et à la demande d'être égaux, les postes keynésiens tracent une courbe qui représente tous les équilibres possibles à tous les niveaux de salaire.
L'idée est donc de tenter d'influencer les agents économiques afin que... le bon équilibre, celui qui permet le plein emploi, soit bien obtenu. Contrairement au modèle néoclassique, l'automatisation de la production qui permet une meilleure productivité des travailleurs provoque du chômage car elle augmente l'offre sans augmenter la demande, ce qui provoque l'apparition d'une nouvelle courbe d'équilibre. Dans le but de revenir au plein emploi, l'Etat doit alors agir sur la demande en forçant les entreprises à augmenter les salaires, en encourageant l'investissement dans l'économie réelle et ou en augmentant son déficit public. On peut rajouter au modèle une notion supplémentaire de complexité en intégrant une variable de balance commerciale.
En effet, il est toujours possible pour les entreprises, si la demande est inférieure à l'offre, de tenter de vendre les marchandises en excès à d'autres pays. On obtient alors la relation suivante. Plus la balance commerciale d'un pays est excédentaire, c'est-à-dire plus la production d'un pays est supérieure à sa demande, plus les dépenses autonomes et les salaires risquent d'y être faibles sans que cela ne se voit au niveau du chômage.
A l'inverse, plus la balance commerciale d'un pays est déficitaire, c'est-à-dire plus la consommation d'un pays est supérieure à ce qu'il produit, plus le risque d'une crise de la dette est importante, car il est peu probable que l'excès de demande soit lié à des salaires trop élevés. Pour finir, la liberté des consommateurs qui peuvent acheter sans surcoût des produits fabriqués dans des conditions très éloignées des critères nationaux, ainsi que la liberté des entreprises de délocaliser la production comme bon leur semble, viennent considérablement complexifier les choses. En effet, une hausse des salaires et une hausse du déficit public pourraient n'avoir aucun effet sur le chômage si les entreprises décidaient de délocaliser, ou les consommateurs ne cherchaient pas en priorité à consommer ce qui est produit localement. La solution pourrait être alors d'interdire les délocalisations et de mettre en place des tarifs douaniers pour encourager la production et la consommation nationale des pays qui se soucient réellement de résoudre le problème du chômage tout en maintenant la juste rémunération des travailleurs. Le problème c'est que cela suppose de réaliser un arbitrage entre les pays dans lesquels on veut encourager la production, qui ne verraient pas du coup leur exportation taxée par des tarifs douaniers, et les autres que l'on chercherait via des tarifs douaniers à contraindre de mieux traiter leurs travailleurs.
Ainsi, la mise en place de tarifs douaniers ne peut être envisagée qu'à l'issue d'une négociation internationale, sans quoi elle risquerait de mener à une guerre commerciale, plutôt qu'à une amélioration de la situation des travailleurs en termes de création d'emplois et de pouvoir d'achat. Merci à tous d'avoir regardé, j'espère que cette petite série de vidéos sur les théories du chômage vous ont plu. Comme d'habitude, je vous encourage à liker, commenter, partager la vidéo, voire même considérer un petit pourboire sur Tipeee, qui n'est pas un pourboire d'ailleurs, c'est un pourvivre, parce que toutes mes vidéos sont essentiellement financées grâce à vos dons.
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