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Affaire criminelle complexe

Générique Deux crimes commis à 40 kilomètres de distance, à 24 heures d'intervalle. Deux morts, deux hommes qui ne se connaissaient pas. Les victimes, José Barère, 47 ans, un homme qui ne passait pas inaperçu. C'est sûr que quand je disais mon frère, il a un tatouage sur la figure, ceux qui l'avaient déjà rencontré le reconnaissaient en fait. Dominique Laplace, 47 ans. 25 ans. Un dingue de la poêle à frire et des pièces antiques. C'est quelqu'un qui appréciait de tout son entourage. Personne ne lui connaît des liens. Et pour commencer l'enquête, trois petites lettres écrites sur une ardoise à la craie EML. Comment faire le lien entre les deux crimes ? José le tatoueur et Dominique le chasseur ont pourtant eu affaire au même tueur. Une affaire dans laquelle on découvre qu'un criminel peut en cacher un autre. Et même... Un autre encore. 16 mars 2013, la neige a fait un retour surprise dans l'Aisne et à Lens en ce début de soirée. La circulation devient difficile. A 1h du matin, le commissariat reçoit une alerte. Un homme de 47 ans, José Barère, gît sur un trottoir après une altercation avec un automobiliste. Quand les secours arrivent rue de Thierry, la victime est inanimée, seule avec sa compagne, et l'agresseur a disparu. Les sueurs apparentes, aucune, à part un saignement, mais c'est tout ce qu'on pouvait voir. Monsieur Barère n'est pas conscient. La seule personne à qui on peut poser des questions cette nuit-là, c'est à sa concubine, Laura. Mais Laura n'a rien vu. Elle regardait la télé bien au chaud avec José, quand tout à coup... Quelqu'un est venu frapper à la porte, stipulant qu'ils avaient accroché son véhicule. Laura dit, elle ne bouge pas, je sors. José dit non, non, non, tu restes là, donc José est sorti. Laura est restée dans le domicile. Quelques minutes plus tard, elle a entendu une voiture démarrer à toute allure. Et c'est là qu'elle sort et elle retrouve José allongé, inconscient, au sol. Donc dans une mare de sang. Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de fou ? Cet automobiliste qui sonne pour s'excuser d'avoir accroché une voiture et frappe sans discuter. Les pompiers évacuent en urgence José Barère à l'hôpital. Et là, surprise. Au scanner, on s'aperçoit qu'il y a une petite balle. de style 22 longs rifles, qui s'est logé au niveau de sa narine, qui a terminé sa course, entre guillemets, au niveau du rocher. Il a une balle dans la tête. Dominique, une balle dans la tête pour une histoire de bagnole ? En fait, Christophe, il n'y a jamais eu d'accrochage. La voiture de José est intacte. C'était un guet-apens. On a voulu le faire sortir de chez lui. Un tireur l'attendait à l'extérieur. La balle s'est logée dans son cerveau. Il a fait... Une hémorragie, un œdème cérébral, autant vous dire que son pronostic vital est engagé quand il arrive à l'hôpital comme artificiel. Que disent les balisticiens sur la trajectoire du tir ? Alors regardez, la balle elle est entrée par l'aile droite du nez, ici, et elle est allée se loger dans le cerveau. Un seul tir, pour l'instant, il est évidemment impossible d'aller chercher le projectile à cet endroit-là et de dire de quel type de munition il s'agit. Donc de face ? De face, les experts parlent d'un tir à une distance. D'au moins 80 cm, pour eux, un tir à courte distance est exclu parce que la proximité du canon, la poudre brûlante qui sort, aurait provoqué des tatouages sur sa peau. Il n'y a eu qu'un seul tir. Le ou les auteurs n'ont laissé aucun élément sur place, pas de douille, pas d'étui. Laura l'accompagne, elle a vu quelque chose ? Laura n'a rien vu. Elle parle d'une voiture de couleur sombre qu'elle a vue partir. Elle est incapable de dire si la voix qu'elle a entendue est celle d'un homme ou d'une femme. Elle n'a même pas entendu la détonation. Alors autant vous dire que c'est une enquête pas facile qui démarre. J'étais chez moi et ma mère me téléphone en me disant que mon frère s'est fait agresser. Une balle, je me dis mince, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui s'est passé, quoi ? À l'an, tout le monde connaît José. Parce qu'il est tatoueur, mais aussi tatoué. Il a un tatouage sur le visage, donc il passe pas inaperçu. C'est sûr que... Quand je disais mon frère c'est le tatoueur de l'an, il a un tatouage sur la figure, ceux qui l'avaient déjà rencontré le reconnaissaient en fait. Une figure de la ville, mais aussi un père de famille nombreuse, qui vient d'être papa pour la quatrième fois. Il vivait une vie tranquille, rangée, c'était son tatouage, ses persignes. Son nouveau bébé, son petit bébé, ses enfants, c'est tout pour lui. C'est sa vie. Un homme rangé que la police a quand même déjà croisé un peu. La victime, on la connaît, nous, de par plusieurs dossiers à son encontre. Il sait ses propres cultures de cannabis. Donc il avait une culture aussi bien dans son jardin que sous son faux plafond. En fait, il a eu un accident de moto et il avait très mal à une jambe. Donc des périodes de changement de temps ou des choses comme ça, c'est là où les antidouleurs ne faisaient plus effet. Donc en fait, c'était là qu'il consommait. Et qu'il vendait aussi. La première idée était de penser problème de cannabis. Une dette ou autre chose. On fait une visite domiciliaire et on récupère tout ce qui est carnet d'adresse, son téléphone pour exploiter, carte de visite au niveau du salon, les textos, etc. On n'a strictement rien comme indice nous permettant de dire règlement de compte ou pas. Mais quelques jours plus tard, l'hôpital a de bonnes nouvelles pour la famille de José. Ça avait l'air d'aller un peu mieux, donc du coup ils l'ont sorti du coma, ils l'ont remonté dans une chambre. Et moi je me disais oui, c'est un battant, il va s'en sortir. On a la chance que M. Barère se réveille au bout de 3-4 jours. M. Barère... ne s'exprime quasiment pas. Je lui demande qu'il me réponde en me serrant la main. Je lui demande déjà s'il me reconnaît. Là, il a serré la main une fois, donc il me reconnaissait. Après, je lui demande s'il connaissait l'auteur. Et là, il s'énerve. Il me serre la main très, très fort. Je lui ai demandé s'il pouvait écrire. On lui a tendu une ardoise et un stylo et je lui ai demandé d'écrire le nom de l'auteur, des faits. Il écrit tant bien que mal trois lettres E.M.L. sur l'ardoise. Mais quid de ces trois lettres ? E.M.L. Tout de suite on pense à Émilie Wieser. Émilie Wieser, l'ex-femme d'un mon frère. Émilie Wieser, 26 ans. Elle a quitté José deux ans plus tôt et depuis, c'est la guerre. Entre José Barère et Émilie Wieser, c'était des plaintes réciproques. Des plaintes pour des violences, des plaintes pour du harcèlement. C'était évidemment très très conflictuel. Un sujet en particulier cristallise le conflit, c'est leur fils, âgé de 5 ans. Il y a eu un gros gros problème de garde d'enfants. Madame Viseur avait interdit catégoriquement M. Barère d'approcher de près ou de loin son fils. Mon frère voulait voir son fils, donc il allait à l'école pour essayer de le voir. Mais elle, elle faisait une crise, elle faisait des crises, elle pleurait, elle se mettait dans tous ses étapes. Les policiers convoquent donc Emily, histoire de vérifier ce qu'elle faisait cette nuit-là. Et elle raconte. Son dîner au fast-food, avant de rentrer se mettre au chaud à la maison. Sa carte bleue et son téléphone le confirment. Emily Viseur n'était pas sur la scène de crime. Mais quand même, ces trois petites lettres... E.M.L. À part Émilie Wieser, on n'a strictement rien qui permet d'accrocher un auteur ou des auteurs. On est vraiment dans un flou complet, on n'a aucun élément. Donc là, on a demandé au magistrat de mettre Madame Wieser sur écoute. Et là, grosse surprise, l'opérateur téléphonique nous dit « ce n'est pas possible » . Comment ça, c'est pas possible ? On apprend que Mme Wieser est donc sur écoute dans le cadre d'un meurtre commis deux jours auparavant sur le village de Caumont. Un autre crime, 48 heures plus tôt à 40 km de Lens. Et une femme liée de près ou de loin à ces deux affaires criminelles, les policiers n'en reviennent pas. Ça n'arrive pas tous les jours. Ce sont les gendarmes d'Amiens qui travaillent sur le crime de la veille, le meurtre de Combes. Un crime qui a donc eu lieu le vendredi 15 mars 2013. Comme tous les vendredis, Myriam est venue finir la semaine chez son chéri, Dominique Laplace. Elle est d'abord surprise de voir que la porte d'entrée n'est pas verrouillée, comme à l'habitude. Et quand elle entre dans la maison, qu'elle voit tout de suite dans le hall, Dominique Laplace face contre terre, gisant dans une marbre de sang. Myriam se jette sur le téléphone, mais il n'y a plus rien à faire pour Dominique. On se rend compte qu'il a pris un coup de couteau au niveau du cœur. Le corps est tout de suite dans le hall, donc on présume que peu de temps après avoir rencontré son agresseur, ouvert son agresseur, l'empoignade ou l'échange a eu lieu. Ça s'est fait dans les secondes poursuivies de l'entrée du meurtrier dans la maison. Dominique avait 45 ans. Visiblement, il a été surpris et tué en plein repas. Sans enfants, cet éducateur spécialisé vivait seul, dans une maison modeste. Ça sent pas l'argent, ça sent pas... Y'a pas un train de vie énorme, elle est isolée de tout. C'est de la poids du gain, il paraît peu probable dans cette affaire. Enfin, il sent pas avoir de richesse dans cette habitation. L'auteur du crime n'a laissé aucune trace derrière lui. Du beau boulot. Pas d'empreintes, pas de traces de pas, pas d'ADN. Rien, franchement, rien. La seule chose, c'est qu'on sait qu'il y a un téléphone qui est volé, le téléphone de la victime. Donc cette absence d'éléments matériels montre une certaine organisation du ou des auteurs. Ils sont au moins venus déjà avec une arme et ils sont venus équipés de telle façon qu'on ne trouve rien en empreintes et en ADN. Dominique, un coup de couteau en plein cœur, mais comme ça ou à la suite d'une bagarre ? Alors, la plaie thoracique est profonde, c'est un coup de couteau, un seul, fatal. On parle d'une plaie transfixiante, ce qui veut dire que le cœur de Dominique Laplace a été traversé de part en part. Son corps présente des contusions multiples, le front, les homoplates, les deux homoplates, l'avant-bras droit, l'aile gauche du nez. Il a des plaies sur le cuir chevelu. un hématome au sommet du crâne. Et pour répondre à votre question, oui, il y a eu bagarre parce qu'il a des traces de défense, des lésions de défense sur les mains. La mort remonte à quand ? On sait que Dominique Laplace parle pour la dernière fois au téléphone avec sa copine Myriam. Le 14 mars 2013, il est 17h49. Il est en train de bricoler, il lui dit « Je te rappelle » . Mais il ne la rappellera pas. Il coupe son ordinateur à 18h55. Myriam découvre son corps le lendemain à 18h, donc pour les gendarmes. Il est mort soit le soir du 14, soit dans la nuit du 14 au 15, en tout cas avant le matin, parce que le matin, il a l'habitude de rallumer et son ordinateur, qu'il a coupé, et son téléphone, et ce matin-là, il ne les a pas rallumés. Donc, dans cette affaire non plus, on n'a ni arme du crime, ni crache due ou découpable ? Non, rien. En revanche, on sait que Dominique Laplace a des armes. qu'il possède. des fusils, des carabines et chez lui, on a volé une carabine. Nicolas Plasse était éducateur spécialisé, il était très investi dans son travail. C'est quelqu'un qui est apprécié de tout son entourage. Il a un cercle d'amis assez restreint. Voilà, personne ne lui connaît d'ennemi. Pourquoi on lui a fait ça ? Il ne méritait pas. Pas Dominique. Il ne faisait de mal à personne. Ecotecker, une idylle sans accrocs avec Myriam, son amour de jeunesse. Myriam, un peu le même style de Dominique, tranquille, elle est sur le bord de la mer, il était heureux. On avait même établi un code avec une pierre sur le bord de la fenêtre, comme ça quand il voulait être tranquille, il mettait la pierre. Bon, il fallait pas que j'y aille. On a travaillé sur elle, on a regardé, on a exploité tout ce qu'on pouvait exploiter et on s'est rendu compte qu'il n'y avait aucun souci entre eux, au contraire. Voilà, la relation était très bonne et on a vite compris que l'assassin n'était pas là. Alors qui a tranché le cœur d'un homme qui présente si peu d'aspérité et fouillé sa maison de front en comble ? Car la maison, elle, elle a bien été retournée. Est-ce pour simuler un cambriolage ? Est-ce que le tueur cherchait quelque chose ? Cette fouille aurait-elle un lien avec la passion originale de Dominique Laplace ? La prospection L'homme passait tout son temps à arpenter les champs de Picardie avec sa poêle à métaux. Son dada, c'était des objets antiques, les vieilles pièces de monnaie. Il y a des qui rentraient du travail, ils prenaient sa moto, ils partaient pendant des heures. Le soir, des fois, il m'appelait, il me dit tu peux passer à la maison, j'ai découvert quelques trucs. La loupe, c'était son troisième œil. On passait nos soirées à essayer de trouver ce que c'était, quand ça datait, c'était nos trucs. Du coup, les gendarmes se lancent aussi dans la prospection. Mais chez Dominique. On découvre un nombre très important de vieilles pièces, de vieux morceaux de fer qui datent de l'Antiquité, voire même de plus loin. On peut supposer qu'il ait trouvé quelque chose qui ait pu attirer la convoitise. Quand on étudie les contacts qu'il avait, les gens avec qui il faisait la prospection, ses amis, ses connaissances, on apprend rapidement que Dominique a fait une très belle découverte, notamment ce qu'il annonçait comme un trésor. Un trésor dont les gendarmes n'ont qu'une photo. Une parure antique évaluée à 4000 euros. La pièce la plus chère que Dominique ait jamais trouvée. Collier rigide, un torc, bracelet et boucle d'oreille en or. C'est une pièce de musée. C'est rare de tomber sur des choses comme ça. Seulement voilà, la parure, elle n'est plus là. On essaie de se renseigner où est cette parure, ce qu'elle est devenue. Et on fait compte, on a du mal à remonter et on apprend bien plus tard qu'elle a été vendue. Vendue deux ans plus tôt par Dominique. Si l'assassin cherchait la parure, il a fait chou blanc. En creusant dans l'entourage de Dominique, les gendarmes ont quand même déterré une autre pépite. Finalement, il y a bien quelqu'un avec lequel Dominique n'était plus en très bons termes. C'est son ex, Véronique Pierret, une femme avec qui les pots de fleurs vaut les bas. C'était un de ses premiers amours. C'est vrai que c'était une jolie femme à être plus âgée que lui. Dominique, il en était fier. Il était encore étudiant quand il a flashé sur Véronique, une infirmière qui avait 14 ans de plus que lui, et un tempérament volcanique. Elle était gentille. Mais des fois elle avait des trucs bizarres, elle se mettait facilement en colère. Il y avait des sujets de conversation qu'on ne pouvait pas avoir. Parler de femmes, ça fallait pas aborder du tout. Elle était très jalouse. On se rend compte que c'était fusionnel, passionnel, ils étaient fous amoureux l'un de l'autre. Ils ont vécu 13 ans ensemble et au cours de ces 13 ans, il y a eu entre 8 et 9 ruptures. Une fois, il m'a raconté qu'elle lui a acheté un pot de fleurs en pleine tête. Il a eu les deux dents en devant cassées. Au fond de moi-même, je le plaignais. Ça me faisait mal au cœur pour lui. Après le coup du pot de fleurs... Véronique Pierret se serait-elle mise à jouer du couteau ? Les gendarmes qui découvrent son tempérament jaloux apprennent aussi qu'elle partageait la même passion que Dominique. On prospectait ensemble, mais elle était plus, on va dire, vénale. Dominique, il trouvait un objet, lui, c'était pour... c'était de l'histoire. Mais elle, c'est l'argent. Je me rappellerai toujours, je partais travailler et sur ma barrière il y avait un sac avec plein de monnaie dedans. Oh, j'ai dit Dominique il y a eu quelque chose. Puis en fin de compte il m'a appelé plus tard dans la journée, puis il m'a expliqué qu'il y avait une grosse engueulade. Donc il avait peur pour ses objets et du coup il les avait mis sur ma barrière. Donc je les ai gardés, puis après je les ai ramenés. C'est là que la fameuse parure fait son retour dans l'enquête des gendarmes. C'est Dominique Laplace qui a découvert les premiers bijoux de la parure en 2011 dans un bois. Véronique Pierret l'a alors aidée à fouiller le coin et ils ont retrouvé les pièces manquantes. Mais elle a tout voulu garder pour elle. Véronique a tout fait, a voulu absolument récupérer la parure. Elle a eu un certain processus en même période. Dominique a réussi à la récupérer, mais force qu'elle l'embête, qu'il lui a cédé un bracelet parce qu'elle n'arrêtait pas. Elle voulait vraiment récupérer cette parure. Elle a revendiqué la découverte, donc c'était à elle, c'était pour elle, c'était quasiment une idée fixe. Un énième conflit qui a précipité la fin du couple. Après leur séparation, je sais que... Dominique, il m'avait appelé et il m'a montré son portable. Elle l'a menacé. Elle envoyait des photos, des messages mais elle le menaçait carrément. Il avait peur d'elle, elle avait peur des personnes qu'elle côtoyait. Parce qu'à la fin des contacts qu'elle avait dans le sud de la France, elle a réussi à ce que ces personnes contactent Dominique, le menacent pour qu'il rende... Le trésor, sinon ils allaient monter. C'est la GIA 2000, maintenant tu fermes ta porte. Ferme ta porte à clé, parce qu'il ne fermait pas sa porte à clé. Dominique Laplace a fini par vendre la parure. Pour 3000 euros. Mais il n'a visiblement jamais fermé sa porte à clé. Deux jours après le meurtre, les gendarmes convoquent donc la fameuse... Véronique. C'est une personne qui était assez excentrique. Elle est très sûre d'elle. Et voire même un peu arrogante. Le fait qu'il soit décédé ne la dérange pas. On a l'impression qu'elle n'est pas mécontente que Dominique Lapin soit décédée. En tout cas, ce n'est pas parce qu'il est mort qu'elle l'épargne. C'était un coureur de femmes. Il était narcissique, imbuvable. Elle s'explique la relation qu'elle a eue. Tout ce qui est arrivé dans le couple, c'est de la faute à Dominique, pas de sa faute à elle. La parure ? Elle ne sait pas ce qu'elle est devenue. À part ça, vous faisiez quoi le 14 mars 2013 au soir, Madame Pierret ? Elle explique qu'elle a mangé une pizza avec Malorie Kubel, son neveu, à son domicile. Son neveu était venu chez elle pour lui réparer sa baignoire. Et ce soir-là, son neveu lui a même présenté sa petite copine. Je peux vous donner le numéro de Malorie si vous voulez l'appeler ? Dominique, j'imagine que les gendarmes ont vérifié l'alibi de Véronique Pierret. Oui, ils ont fait leur boulot. Elle dit que son neveu est venu pour réparer sa baignoire dans l'après-midi, qu'il est resté le soir, sa copine était là, ils ont mangé une pizza tous les trois. Les deux jeunes sont repartis vers 20-21 heures. Alors, les gendarmes reprennent la téléphonie de Véronique Pierret. 14 mars 2013, entre 16h12 et 17h55, elle échange 11 SMS avec son neveu Malory. C'est bizarre, il est chez elle, mais bon, continuons. à ce moment-là. Le téléphone de Véronique Pierret borne bien chez elle, elle est à Saint-Gobain puis... Plus rien. Son téléphone cesse d'émettre jusqu'au lendemain matin. Ok. Et le Malory, il dit quoi ? Malory dit qu'effectivement, il est allé bricoler chez sa tante. Il est arrivé dans l'après-midi, fin d'après-midi, mais il n'avait pas les outils nécessaires. Donc il est rentré chez lui à Lens. Il a dîné avec sa femme et son fils. Et ensuite, il a pris ses outils. Il est revenu chez sa tante vers 22h, dit-il. Et il en est reparti vers 23h minuit. Son téléphone est raccord ou pas ? Alors ce soir-là, le téléphone de Malorie Bornebien, chez lui, à Lens, il échange d'ailleurs une trentaine de SMS avec une amie. Donc ils ne disent pas exactement la même chose sur le repas, sur les horaires. Ce sont des erreurs ou ce sont des petits mensonges ? En tout cas, ce sont des trucs qui vont intriguer les gendarmes. Et comme les gendarmes n'ont pas la vérité, eh bien ils décident de perquisitionner. Chez Véronique Pierret, on ne trouve rien. Ils passent la maison au Blue Star, pas d'ADN, pas d'empreinte, rien du tout. d'intéressant pour l'enquête. Donc, dans les faits, rien ne la relie au meurtre de son ex, Dominique Laplace. Non, mais comme il y a des discordances dans les versions des uns et des autres, les gendarmes décident de placer tout le monde sur écoute. La tante, Véronique Pierret, le neveu, Malorie, et la petite copine du neveu. Et la petite copine du neveu, elle s'appelle Émilie Viseur, c'est la fameuse Émilie, qui est l'ex-compagne de José Barère, José le tatoueur, qui va faire l'objet d'une tentative de meurtre. 24 heures après, à Lens. Il y a des hasards dans la vie quand même. On est énormément surpris. Pourquoi une telle personne est sûre à un premier meurtre et une tentative de meurtre à 40 kilomètres de distance ? Une mère de famille de 26 ans, haute comme trois pommes, mêlée de près ou de loin à deux homicides différents en 24 heures ? Je me rapproche des gendarmes pour voir un petit peu les similitudes entre les deux dossiers. À part Émilie Viseur, on n'a aucun élément qui permet de rapprocher les deux enquêtes. Chacun reprend donc son bâton de pèlerin. Les policiers de Lens sur le dossier du tatoueur et les gendarmes d'Amiens sur celui du chercheur de trésors. Mais côté gendarmerie, cet étrange concours de circonstances donne du baume au cœur à ceux qui ne croient pas au concours de circonstances. C'est ce qu'on pourrait dire une coïncidence, mais deux homicides à 24 heures d'intervalle, franchement, là, nous on dit on est dans le vrai, le trio est ciblé. Voilà qui leur donne raison d'avoir mis sur écoute la tante, le neveu et sa copine. Et tandis que les gendarmes se branchent sur le trio, à l'an, les policiers réentendent tous les proches de José le tatoueur. C'est là que sa sœur leur rapporte une drôle d'histoire. Une histoire que José lui a racontée, et qui date du temps où il était encore avec... la fameuse Émilie. J'habitais pas très loin de chez lui, il était venu, il m'avait dit, bah tu sais pas, Émilie... Dans les débuts qu'on s'est mis ensemble, elle m'avait demandé d'agresser, même de supprimer son ex-compagnon. Alors elle m'a dit « tu vois pas, heureusement que j'ai pas fait ça » . Ben j'ai dit « oui, j'imagine » . Liquider un ex, en voilà une idée étrange. Une idée intéressante pour des policiers quand l'ex d'après, José Barère, est laissé pour mort. Et si elle avait des idées fixes, Émilie ? Ça nous met quand même la puce à l'oreille. Madame Viseur est capable de tuer quelqu'un, ou de faire tuer quelqu'un. Mais une semaine après son agression, José Barère ne peut toujours pas en dire plus aux policiers. Et soudain, son état s'aggrave. Ça s'est dégradé, et puis ma maman m'a téléphoné pour me dire... On va voir José pour une dernière fois. Est-ce que tu veux venir avec nous ? Et moi, j'ai dit non. Je ne me sentais pas capable, je n'avais pas la force. Je ne pouvais pas, je n'y arrivais pas, ce n'était pas possible. Et ils l'ont débranché. Vous perdez un morceau de votre cœur. Il y a... Pour moi, j'ai perdu un morceau de mon cœur. C'était notre grand frère. Les policiers tâtonnés sur une tentative d'homicide, les voilà chargés de résoudre un meurtre. Dominique, cette Émilie dont tout le monde parle maintenant, est-ce qu'on peut la replacer dans l'organigramme des deux affaires ? Parce que ça commence à faire du monde là. Oui, alors, c'est simple en fait. Émilie vivait avec José, le tatoueur, c'est la deuxième victime. Ils ont un fils ensemble. Elle l'a quittée pour s'installer avec Malorie. Malorie, il a une tante. Véronique, il a présenté sa tante à Émilie. Et Véronique, elle a un ex qui est Dominique. Et Dominique, c'est la première victime. Les deux victimes, Dominique et José, ne se connaissent pas. Donc si je comprends bien, c'est pas Émilie qui fait le lien entre les deux affaires, c'est Malorie. Absolument. Parce que Malorie connaît un proche de chacune des deux victimes. Il connaît Émilie qui est l'ex de José, il connaît Véronique qui est l'ex de Dominique. Ça, ça intéresse les gendarmes qui se disent, on va s'intéresser à lui. Perquisition chez Malorie et chez Émilie, puisqu'ils vivent ensemble, et on trouve ça. Vous savez ce que c'est ? Un plan. C'est le plan du domicile de José, le tatoueur. Le plan de son domicile avec la cachette où il met sa drogue et la cachette où il planque son argent à l'intérieur de son salon de tatouage. D'accord, mais c'est peut-être Émilie qui l'a dessiné ce plan, puisqu'elle vivait avec lui. Ça aurait été une bonne explication à donner aux gendarmes, mais c'est Malorie qui a dessiné ce plan. Il leur dit... Il leur dit « je l'ai dessiné parce que je voulais balancer José à la police, avec son trafic de stupes et puis son pognon, et finalement j'ai renoncé à le faire, donc le plan, je l'ai rangé chez moi, et c'est pour ça que vous venez de le trouver. » Mais ça pue ça, non ? Ça pue un peu le mensonge, non ? Bien sûr ! Et c'est finalement l'enquête des gendarmes sur le meurtre de Dominique qui va, en novembre 2013, on est huit mois après les crimes, permettre d'y voir plus clair Christophe, très clair même, grâce à un indice. Une loupe, le voilà l'indice qui va faire basculer toute l'affaire. Après que le domicile de M. Dominique Laplace soit restitué, la famille s'aperçoit qu'il manque une loupe. La loupe de Dominique Laplace, son troisième oeil, celui qui ne quittait jamais son bureau, dont il se servait tous les jours, et qui n'a donc pu disparaître qu'au moment du crime. Une loupe bien particulière avec une inscription publicitaire dessus. Elle n'est pas unique mais il y a très peu de modèles. Donc on retourne sur place et en cherchant partout on ne la découvre pas. Elle n'est plus dans la maison. Donc on peut prétendre qu'elle a également disparu le soir des faits. Si le vol de carabine peut encore s'expliquer, pourquoi voler une simple loupe ? A moins, à moins. Ça nous remet le pied à l'étrier sur la prospection, parce que cette loupe n'est utilisée que pour l'analyse des pièces. Donc on revient sur cette découverte, cette parure, on revient dans ce monde de la prospection, en fin de compte. Et la seule personne pour qui cet objet a de la valeur, c'est Véronique Pierret. Les conflits familiaux, on n'en avait pas. Le cambriolage, il n'y avait pas d'équipe de conveilleurs. En activité dans ce secteur à la période des faits, il reste la piste Véronique-Piré. On sent qu'on est sur la bonne piste, qu'on a le bon bout de ficelle comme on dit. Le bon bout de ficelle, mais pas la queue d'une preuve. Les gendarmes vont donc y aller au bluff. Il faut bien abattre notre jeu et y aller avec ce qu'on a, et puis déclencher les opérations. Déclencher les gardes à vue, mener, interpeller tout le monde au même moment, et puis voir à ce que ça donne. Le 20 novembre 2013 à 9h du matin, c'est le coup de filet. Trois suspects d'un coup, avec une nouvelle perquise chez Véronique Pierret en prime. On espère tout trouver, le téléphone, la carte SIM, les vêtements qu'on a utilisés pour commettre l'homicide et puis bien sûr la loupe. Je vous reçois, elle ouvre, et là, moi j'ai un premier choc visuel. Elle a pris 10 ans en 6 mois, et elle est complètement handicapée. Elle marche péniblement avec des béquilles, et tout de suite ça frappe. Une Véronique Pierret diminuée, mais la tête haute. Elle est très sereine, quand on commence à évoquer certaines choses, elle a dû répondre, a répondu à contact. Les gendarmes farfouillent. Sans lui dire évidemment ce qu'il cherche. Pas de téléphone, pas de vêtements tachés de sang, toujours rien qui ne rattache Véronique Pierret au crime. Quant à la loupe... C'est peut-être un souvenir qu'elle aurait gardé de Dominique, la vie qu'ils ont eue ensemble. Comme un trophée. Le majeur essaye donc d'imaginer où elle aurait pu bien la garder. J'essayais de déterminer quelle était sa position habituelle. Et en la regardant, on s'est rendu compte que c'était sur le canapé dans la salle à manger, le salon. Du coup, à un moment, je me suis mis à sa place. J'ai fait un 360 degrés. Et c'est en faisant ce 360 degrés que j'ai vu sur la nettagère, derrière le canapé, il y avait cette loupe qui était entre deux objets. La loupe de Dominique. La preuve qui rattache Véronique Pierret à la scène de crime. Je le montre à madame Pierret Véronique et je lui dis vous savez pourquoi on a saisi madame Pierret et là pour la première fois et la seule fois d'ailleurs elle a pas pu répondre. Elle est restée sans voix. Vous imaginez vous c'est quasiment si vous aviez le mobile de l'affaire c'est le seul élément qu'on ait besoin et on le découvre chez Véronique Pierret. On a gagné, on a des bons éléments pour continuer. Les gendarmes embarquent une femme qui a visiblement encore du mal à comprendre que cette loupe peut les mener loin. Dans la voiture, elle m'a dit texto, vous avez de beaux yeux, je vais vous présenter ma fille. Voilà, c'est une joueuse, elle joue. À 14h, son avocate est là. La première audition de Garde à vue peut commencer. Elle me dit que Dominique Laplace, c'est l'amour de sa vie, qu'elle l'a aimée, qu'elle l'aime toujours, et d'ailleurs qu'elle n'a jamais pu réaliser qu'il ne soit plus de ce monde. Ça a été très difficile pour elle quand elle a appris la mort de Dominique Laplace. Elle nie toute implication dans les faits qui lui sont reprochés et elle se demande pourquoi elle est là. À part la loupe, dont les gendarmes sont persuadés qu'elle a été dérobée le soir du crime, les enquêteurs n'ont rien contre Véronique Pierret. Et elle le sait. Ce qu'elle ignore en revanche, c'est que son neveu et sa petite amie sont aussi en garde à vue, et qu'ils seront peut-être moins coriaces. Dans le bureau voisin, Malorie Kubel continue à torpiller la libide sa tante. Il maintient que le soir du crime, il a dîné chez lui, à l'an, avec Émilie. Et pas chez Véronique. Est-ce que c'est un scénario qui a été mal ficelé ? Un alibi qui a été mal fait ? Est-ce que, voilà, qui dit vrai ? Certaines de toutes les versions peuvent être fausses. Dans un troisième bureau, Émilie Viseur est en pleurs. On comprend que ça va être le maillon faible du trio, sachant qu'elle risque gros. Elle a un enfant, donc avoir sa mère en prison c'est pas la meilleure des choses. On joue dans l'affect en fin de compte, du coup elle comprend rapidement où est son intérêt, et son intérêt c'est de dire la vérité. Les gendarmes ont vu juste... Elle commence à dire qu'elle a peur d'un homme et d'une femme parce qu'elle savait des choses sur le meurtre de Dominique Laplace. Elle y vient progressivement, tranquillement. Et en fin d'après-midi... Elle nous dit que c'est Malorie Cribel et sa tante qui ont tué Dominique Laplace. Je sais que Malorie et sa tante ont tué Dominique. Ils m'ont dit qu'ils avaient fait cela comme des professionnels. Émilie, pendant ce temps-là, elle était chez elle, avec le portable de Malorie. C'est là qu'on apprend à ce qui s'est passé, les doutes qu'on avait sur cette téléphonie. C'est elle qui se faisait passer pour Malorie et qui a échangé des SMS pour lui procurer un alibi pour le soir des fêtes. Voilà donc pourquoi le téléphone de Malorie Kubel a borné toute la soirée à 40 km de la scène de crime. Mais on garde à l'avance. vu le menteur sans tête. Il est formel, il n'a rien à voir avec ça. C'est de la pure invention, il n'y a pas de... Lui, il n'a rien à voir avec ça. C'est le moment de savoir si Véronique Pierret sera déstabilisée par les premières déclarations d'Emilie. Elle continue dans sa version des faits, elle continue à faire du Véronique Pierret. On lui pose carrément les questions. On lui dit est-ce que vous avez commis le meurtre ? Elle dit non et toutes les questions répondent non. Donc on se rend compte qu'on a affaire à un mur, elle ne parlera pas. Sauf qu'à ses côtés, son avocate a bien compris que les aveux d'Emilie Wieser changeaient la donne. Elle demande à rester seule avec sa cliente. Je lui demande de jouer carte sur table. C'est-à-dire que si je veux assurer correctement la défense... il est important que j'ai tous les éléments en ma possession. Et de femme à femme ? Elle reconnaît dans le cadre de cette audition qu'on a toutes les deux, qu'effectivement elle s'est présentée avec Malorie au domicile de Dominique, parce qu'elle avait besoin de lui parler. Elle me dit « oui j'y suis allée, il n'y avait pas du tout d'intention de tuer Dominique, j'avais besoin de lui parler, savoir s'il m'aimait encore » . L'audition reprend à l'issue de cet entretien, on décide de faire des déclarations spontanées et de dire réellement ce qui s'est passé ce soir-là. Véronique Pierret raconte. D'abord la préparation. La perruque pour elle et les gants qu'elle et Malorie portaient tous les deux ce soir-là. Mais aussi une arme de poing. Au cas où, puis l'arrivée chez Dominique Laplace à Caumont, le neveu qui frappe à la porte, la tante qui le suit en béquille et Malorie qui se jette sur Dominique. J'ai dit à Malorie, lâche-le, lâche-le ! Dominique Laplace s'est effondré. Victime d'un coup de couteau en plein cœur. Elle dit qu'elle ne voulait pas ça, elle a essayé de l'empêcher, elle lui a demandé d'arrêter, voilà. Sur les faits, elle minimise sa participation, elle va reconnaître vraiment le minimum. Il est 21h, deux suspects sur trois ont déjà craqué. Mais Malorie Kubel, lui, il tient bon. Après le soir, ça joue quand même en notre faveur. Le soir c'est quand même bon. Il y a la fatigue de la journée, il y a la pression qui retombe un peu. C'est une atmosphère indifférente la nuit. Ce jeune homme, en fait, on a l'impression qu'il est perdu. Il résiste dans un premier temps. Malorie est à bout, et à 22h, il se libère. Il décrit la soirée sous forme de flash. Il dit qu'il est rentré, qu'il se voit s'empoigner avec Dominique Laplace, qu'il voit tomber, qu'il voit du sang, qu'il voit sa tante hurler et la frapper sur la tête de Dominique Laplace. On a plus l'impression qu'il subit les événements qu'en étant l'acteur principal. Les gendarmes ont ce qu'ils voulaient, ils s'apprêtent à lever la garde à vue, quand Émilie Wieser demande à leur reparler. Elle nous dit, j'ai aussi des choses à vous dire sur la mort de José Barère. Malorie Kubel et sa tante Véronique Piré sont aussi impliqués dans la mort de José Barère. Et elle balance encore, Émilie, deux fois dans la même journée. Sa garde à vue reprend le lendemain matin, mais cette fois, ce sont les policiers chargés de l'enquête sur le meurtre de José Barère qui vont l'interroger. Émilie Viseur poursuit donc son récit, et c'est en fait un feuilleton policier qu'elle raconte. Un feuilleton dont le premier épisode commence le 13 mars 2013. Ce soir-là, Émilie dînait avec Malorie et Véronique. Et elle s'est lancée dans le long récit des misères que lui faisait José. Elle n'en pouvait plus de son ex. Et la solution ? Elle n'en voyait qu'une. Elle a évoqué auprès de Malorie le fait de faire tuer José Barin. Le retour de la mauvaise idée. La première fois qu'elle a voulu tuer un ex, José, son copain suivant, l'a envoyé balader. Mais Malory... Malory, donc, accepte. Il est novice, il n'a jamais tué quelqu'un, il n'est pas violent, et donc il demande de l'aide à sa tante. Sa tante qui a accepté, mais qui a posé une condition. Ok, je veux bien aller t'aider pour tuer José Barère, mais il faut aller tuer M. Laplace à Comont, avant. Un meurtre contre un autre, donnant-donnant. Au final, c'est un deal. C'est je tue, mais c'est pas forcément grave. Ce qui est hallucinant, c'est la réunion de ces trois personnes qui, a priori, sont pratiquement sans histoire. On peut, autour d'une table, dresser la liste de courses à faire pour le week-end, et là, de la même manière, et avec peut-être autant de chaleur, on décide de tuer deux hommes. Deux assassinats et un plan minutieusement élaboré, c'est l'épisode 2 qu'Emilie Wieser raconte en détail à la juge d'instruction. Elle savait ce qui allait se passer. Elle a une phrase à un moment donné, il me semble concernant l'assassinat de Dominique Laplace, où elle dit « on est sortis, on savait tous chacun ce qu'on avait à faire » , c'est-à-dire que les rôles, selon elle, étaient bien répartis, que Dominique Laplace allait être tuée par Madame Pierret. Malorie et que elle, son rôle était de faire croire que Malorie n'était pas sur les lieux de commission des faits. Et le lendemain du meurtre de Dominique Laplace rebelote. Épisode 3. Pendant qu'Émilie reste à la maison, Véronique Pierret et Malorie Kubel reprennent la route, malgré les mauvaises conditions météo. Et ils foncent chez José Barère. Les faits à l'origine devaient être commis la même nuit, mais Malory était vraisemblablement pas en état de commettre le deuxième meurtre, il était en état de choc, il a vomi. Et en fin de compte, du coup, il décide de le faire le lendemain soir. 24 heures seulement après avoir tué Dominique Laplace. Véronique va frapper à la porte de José Barrière. Elle dit j'ai accroché votre voiture. Avec ce prétexte, elle l'emmène à l'extérieur et quand il arrive à l'angle, Malorie l'attendait avec une arme, il fait feu et le touche en pleine tête. José Barère a été tué avec la carabine volée la veille chez Dominique Laplace. Éliminer deux personnes comme ça en 24 heures de temps, il faut le faire, il faut avoir les tripes en fin de compte. C'est pas facile d'être quelqu'un. Et notamment repasser à l'acte après avoir tué un premier. Et là, on se dit vraiment là, c'est horrible. À aucun moment, quelqu'un parmi les trois dit stop. À aucun moment dans les propos recueillis, Mme Viseur, Mme Pierret ou M. Kubel dit, j'ai dit stop, ou j'ai été voir la police, ou j'ai dénoncé les faits. C'est très hermétique, il reste tous les trois, du début à la fin, on va se clôt. Et sur les trois, il n'y en a pas un qui met un coup d'arrêt. à l'exécution de ce pacte. Malorie Kubel est mise en examen pour assassinat, sa tante Véronique Pierret et sa compagne Émilie Wieser pour complicité d'assassinat. Ils risquent la même peine. Mais qui a le plus de responsabilité dans cette double affaire ? Celui qui a porté les coups ou celles qui en ont eu l'idée ? Il y a trois hypothèses. Malorie a tué de sa propre initiative, sous l'influence de sa fiancée ou à la demande d'une tante qui l'impressionnait beaucoup. Ils ont une relation qui est fusionnelle parce qu'en fin de compte, on se rend compte que c'est quasiment sa deuxième mère. Une relation forte qui remonte à la naissance de Malorie en 1982. Bébé, il souffrait d'une malformation de l'intestin. Comme elle était infirmière, elle a été là à temps pour pouvoir le soigner. De fait, je pense qu'il y a une relation particulière qui s'est liée entre eux. Je pense qu'il a peut-être toujours été reconnaissant près de sa tante de lui avoir sauvé la vie. Et puis, il y avait une relation qui était compliquée, une malorie avec ses parents. Donc, il trouvait un petit peu du réconfort, je pense, dans sa plus tendre enfance, de venir en vacances chez sa tante, d'où le surnom de Tati Véro, parce que c'était un petit peu comme ça qu'il l'appelait quand il était gamin, tout simplement. Les années ont passé. A 20 ans, le fragile Mallory a connu un drame. La mort accidentelle de son petit frère, renversé par une voiture sur une route de campagne. Mais Tati Véro était toujours là pour lui. Ils arrivaient à se comprendre forcément, sans parfois se parler. Le regard faisait qu'ils se comprenaient. Des années plus tard, a-t-il aussi suffi d'un regard de Tati Véro ? Pour que Malorie Kubel comprenne qu'il devait tuer Dominique Laplace. Malorie Kubel, il n'a aucun compte à régler avec Dominique Laplace, contrairement à Véronique Pierret, ça c'est clair et net. Lui, cet homme, il ne le connaît pas, il n'a pas du tout de conflit avec lui, et contrairement à Madame Pierret. Elle a un mobile et il n'en a pas. Véronique Pierret n'a jamais digéré que Dominique Laplace refasse sa vie et lui pique la parure. Elle disait à tout le monde, haut et fort, qu'elle avait une aide contre lui, que c'était un voleur, qu'il avait tout volé, qu'il était à l'origine de tous les maux dont elle est victime. Malorie, qu'une belle a été bénie dans cette atmosphère. Elle a réussi à le convaincre que Dominique Laplace, c'est quelqu'un qui lui fait du mal, qui lui fait si mal qu'il faut qu'il s'en prenne à lui pour mettre un terme à tout ça, pour protéger sa tante. C'est vrai que c'est très malin de sa part parce que finalement, c'est pas elle qui tue, c'est son neveu. Donc c'est très intelligent parce que finalement, ça lui permet, elle, de rester en arrière-plan. Alors, sous emprise Malorie Kubel, pas si simple. C'est loin d'être une personnalité manipulable, Malorie Kubel. C'est un jeune homme qui... Il n'a pas hésité du fond de sa prison à menacer ceux qui approchaient son ami. C'est quelqu'un qui avait été en Suisse de très nombreuses années, qui avait dû être rapatrié précipitamment à la suite d'affaires un peu louches. Il avait son libre-arbitre, c'est-à-dire que c'est lui qui est rentré en premier au domicile de Dominique Laplace. C'est lui qui a porté le coup de couteau au niveau du cœur. Tout ça, c'est pas ma cliente qui lui a demandé. S'il n'a pas obéi à sa tante, il a peut-être agi à la demande pressante de sa fiancée. Ce serait encore plus facile pour Émilie d'influencer Malorie parce qu'elle, elle l'avait tous les jours sous la main. Pour lui raconter encore et encore le calvaire que José lui avait fait subir. Ce calvaire, elle le raconte aussi aux policiers pour expliquer sa passivité et sa rancœur. Elle nous explique que le meurtre de José Barère était dû à un viol qui aurait été commis il y a quelques années. Émilie Wieser aurait été violée par José Barère alors que le couple traversait la pire des épreuves. En 2009, le couple a eu un deuxième enfant. Un garçon chez lequel les médecins ont décelé une tumeur rarissime. Le petit, il a passé son année à l'hôpital. Il était branché pour être nourri. C'était lourd. Ça les a détruits tous les deux. Leur couple, il a explosé en fait. La maison est devenue un terrain de dispute où José s'en prenait à Émilie. Elle a relaté notamment... Une scène au cours de laquelle elle se serait retrouvée avec des amis de José Barère. José Barère lui avait demandé de porter une jupe courte et avait accepté que tous ses copains touchent Émilie Viseur. Ça a été une période extrêmement difficile pour elle, alors qu'elle était aux côtés de son enfant malade. Émilie finit par quitter José. Et elle lui interdit d'approcher les enfants. José, il n'avait pas le droit d'approcher Émilie à l'hôpital. Donc il a dit, moi je veux aller voir mon fils. Je veux voir mon fils, j'irai le voir jusqu'à la fin. Parce qu'il savait très bien que... Il ne pourrait pas survivre, le petit. L'enfant meurt début 2012, à l'âge de 14 mois. Au clin, José l'a été anéanti. Il avait même perdu 30 kilos. Émilie explique aux policiers et aux juges que c'est à l'hôpital, entre deux visites au bébé malade, que José l'a violé. D'après elle, c'est la première fois qu'elle réussit à évoquer cette agression. Mais faut-il la croire ? Non, c'est pas grand-chose. C'est elle qui vient dire qu'il aurait tenté de la violer. Elle a toujours essayé de façon de se dédouaner, de passer pour une victime, d'expliquer que finalement les faits avaient eu lieu parce qu'elle avait beaucoup souffert de sa relation avec M. Barère. Ce qui est sûr, c'est qu'elle en a fait part à Malorie et que cet élément-là a pu... Le convaincre qu'il fallait s'en prendre à M. Barrière. Émilie venait d'apprendre que José allait récupérer la garde alternée de leur fils aîné. Malorie a-t-il voulu protéger la mère, la mère et l'enfant ? C'est un élément qui est, je pense, très anxiogène. Si M. Barrière n'est plus là, elle n'a plus de problème sur la garde de son enfant. Je me dis que c'est un gros gâchis. Parce que c'est... Qu'est-ce que ça lui coûtait de laisser en garde alternée leur fils ? Comme ça se passe dans beaucoup de foyers, en fait. C'était la normalité, on va dire. Alors que là, il a fallu qu'elle aille en prison pour pouvoir avoir son fils à elle. C'est grave, quand même. Malorie Kubel aurait donc été le bras armé de deux femmes en conflit avec leur axe. Deux femmes qui ont scellé le sort de deux hommes en une soirée. La juge doit organiser la reconstitution des deux crimes. Mais un nouveau drame vient rebattre les cartes. Il est 9h ce 15 août 2014 quand un surveillant entame sa ronde à la maison d'arrêt de Lens. La prison où Mallory Kubel est incarcérée depuis maintenant 8 mois. Mais quand le gardien ouvre la cellule, il découvre le corps pendu du jeune prisonnier. Sa vie a été détruite par ce qu'il a commis, il s'est rendu compte qu'il a été instrumentalisé. C'est sûr que c'est difficile de s'en sortir quand on a commis deux homicides. C'est pas un assassin dans l'âme, c'est Malorie Kubel. Malorie Kubel avait 32 ans. Dans la lettre qu'il laisse à sa mère, il explique qu'il ne pouvait plus vivre avec ses crimes. On lui a mis un costume trop grand. Il n'a pas supporté la mort de deux hommes. Je pense que c'est peut-être le seul qui a peut-être eu dans cette affaire de l'empathie à l'égard des victimes, ce qui fait qu'on n'est plus dans une affaire où il y a deux morts, il y en a trois. Mes soeurs et ma mère, elles ont mal vécu ça. Elles disaient, il ne sera pas dans le box des accusés. Moi aussi je pensais ça, mais d'un autre sens, je me disais, le jugement qu'il s'est donné lui-même... C'est un jugement capital, je veux dire. Là, on ne peut pas le juger pire que ce qu'il a fait, en fait. C'est un sentiment de gâchis, déjà une vie gâchée, mais pour l'enquête, c'est énorme l'impact qu'il va avoir sur les assises, enfin, oui, bien sûr. Il ne pourra plus s'expliquer de ses faits, il ne pourra pas donner la vraie version, donc on s'en tiendra aux versions des deux autres femmes. Les reconstitutions se feront donc sans Malorie Kubel, uniquement avec Véronique Piré, puisqu'Émile Yves Zer n'était pas sur les scènes de crime. Deux absences dont l'attente compte bien profiter pour convaincre la juge qu'il n'y a jamais eu de pacte. Ces deux crimes, Véronique Pierret prétend qu'elle n'en voulait pas. Que c'est Malorie qui s'est jetée tout seule sur Dominique, pendant qu'elle le suivait péniblement avec ses béquilles. Et elle ne peut d'ailleurs même pas mimer ce coup pendant la reconstitution, puisqu'elle ne l'a pas vue venir. Elle était derrière son neveu. Cette mort est survenue à son corps défendant, puisque c'est une initiative purement personnelle de Malorie. Elle en était profondément affligée, oui. Mais les coups sur la tête de Dominique. Malorie a toujours dit qu'après le coup de couteau, sa tante s'est acharnée sur son ex en le frappant avec la crosse d'une arme de poing. La juge se tourne vers Véronique, qui s'en défend. C'était rigoureusement impossible. Elle a ses deux béquilles, elle est incapable de tenir debout. On s'imagine Dominique au sol, ça semble difficile au niveau des membres. Elle a une béquille dans une main, elle aurait une arme de l'autre et elle porterait des coups tout en étant accroupie. Surprise par l'initiative de son neveu Véronique Pierret ? Pourquoi pas ? Mais alors, comment t'expliquer qu'elle ne se soit pas méfiée d'un homme aussi impulsif le lendemain ? Et puis cette fois, il n'est pas venu avec un couteau dans la poche, Malory, mais avec la carabine qu'il avait volée la veille chez Dominique Laplace. Ça se voit une carabine ! Mais non, Véronique ne s'attendait pas non plus à ce second crime, comme elle l'explique à la juge devant la maison de José Barère. Elle a été véritablement sidérée par la mort de Dominique Laplace. Et à partir de là... Elle était un peu dans l'irréel et le lendemain, les choses se sont faites machinalement. Le toc-toc au volet, le problème de voiture pour faire sortir José dans la rue, une idée de malheur. Et là encore, elle n'a pas vu le coup venir. Elle aurait même pu être blessée par le tir. Elle était vraiment à côté de José Barère quand il va tirer. Il faut resituer les faits, on est dans la Pénon, il fait nuit, il y a très peu d'éclairage et Malorie aurait pu aussi tirer à l'encontre de Madame Pierret. Ça raconte bien que Madame Pierret ignorait tout de l'intention de Malorie. Mais dans ce cas, pourquoi s'accouterait de cette manière ? Un bonnet ? Une perruque ? Pour aller demander à son ex s'il vous aime toujours ? Vraiment ? Si elle avait voulu avoir des explications, la question est de savoir pourquoi elle y va déguisée. Parce qu'il n'y a pas d'autre terme, elle met une perruque, elle met des gants, elle met des bottes. Tous ces éléments-là laissent clairement penser que quand cette nuit-là, elle va chez Dominique Laplace, ce n'est pas du tout pour aller discuter, c'est plutôt pour régler les comptes. C'est la nuit, il fait froid, il a neigé. On démontre facilement que tout un chacun peut être équipé de bonnets et de gants sur cette période de l'année. Les gants d'accord, mais la perruque ? C'est une femme qui aime plaire. Elle expliquera qu'elle perdait ses cheveux, qu'elle ne se supportait pas. Et elle expliquera que ces perruques, c'était justement pour combler cette perte de cheveux. Il n'y avait pas d'intention de se dissimuler en se présentant au domicile de Dominique. Son alopécie, la neige, le froid. Véronique Pierret aura tout tenté pour convaincre la juge de l'impulsivité de son neveu. Mais les absents n'ont pas toujours tort. Et si la juge est convaincue d'une chose après les deux reconstitutions, c'est que Véronique Pierret est bien complice de deux assassinats. Le 14 novembre 2016, Véronique Pierret comparaît donc aux côtés d'Émilie Wieser devant la cour d'assises de Lens. Les deux femmes risquent la perpétuité. Vont-elles suivre une stratégie commune maintenant que Malorie Kubel n'est plus là et tout lui mettre sur le dos ? Où vont-elles s'accuser mutuellement ? Moi, je me souviens de Véronique Pierret dans le box envoyant des baisers à son entourage. C'était surréaliste. Dans une cour d'assises, alors qu'elle encourait une réclusion criminelle pour des faits de complicité d'assassinat. Elle nous regardait, elle mettait sa main sur son cœur. C'était... c'était lourd. Véronique Pierret fait le show, tandis qu'Émilie Wieser, elle, se fait toute petite. On la voit pas, elle parle très bas, elle fait des phrases courtes, y'a aucune émotion. J'avais qu'une envie, c'était d'aller la voir, et puis de la secouer, quoi. Je veux dire, pourquoi t'as fait ça, pourquoi ? Ça contraste d'autant plus avec Véronique Pierret qui, elle, quand elle parle, tout le monde se tait, on l'écoute, elle occupe l'espace. L'impression qui en ressort, c'est que s'il y en a une qui domine tout le monde, c'est Véronique Pierret. C'est une femme décidée qui fait face à la cour, mais la force avec laquelle la tante se défend peut jouer contre elle, prouver qu'elle seule peut être l'instigatrice de ses crimes, et au moins de celui de Dominique, comme l'a déclaré Malorie Kubel avant de se suicider. Il faut démontrer qu'il n'y a pas eu cette manipulation, et c'est la ligne de défense que je veux avoir. Aux côtés de Véronique Pierret, la timide Émilie s'y met elle aussi. Tu es José ? Elle ne se souvient pas en avoir parlé à Malory. Selon elle, c'est Malory qui a pris cette initiative. Malory a-t-il réagi sous la panique ? A-t-il réagi parce qu'il s'était mis en tête d'agir comme un justicier ? Ça, on ne le sait pas. La stratégie de défense commune, elle est assez évidente. C'est-à-dire, on va tout mettre sur le dos de celui qui matériellement, effectivement, indiscutablement, a donné la mort à ces deux personnes, et puis qui surtout ne sera pas là pour nous contredire à l'audience. Croyez pas que ça nous arrange la mort de Mallory, loin s'en faut. On aurait préféré qu'il soit là, à nos côtés, dans le box, et qu'on puisse s'expliquer de manière contradictoire. On ne pouvait plus combattre des déclarations qui sont sacralisées par la mort de ce garçon. Ma tante m'a dit, Emily m'a demandé, toute l'accusation s'appuie sur les propos d'un mort, quand la défense tente de faire oublier le fameux pacte. Les deux accusés s'emportent. Comment aurait-elle pu sceller un marché pareil, alors qu'elle venait de faire connaissance ? L'avocat de la partie civile leur réserve alors une surprise. Il présente à la cour une photo des deux accusés, prise... au moment de leur rencontre, quelques jours seulement avant les crimes. Ce que je cherche à démontrer, c'est qu'on est loin de la comédie qui se joue pendant le procès. On se connaît très bien, on sourit, on a rigolé ensemble, on a mangé ensemble, et puis on a pactisé ensemble, on a fait un pacte du diable. Cette photographie, c'était une excellente chose pour la défense. J'ai trouvé que ça illustrait parfaitement cette forme d'influence qu'avait... Véronique Pierret sur Émilie Viseur, qui encore une fois s'est très vite comportée comme une amie, comme la meilleure amie, comme la deuxième maman d'Émilie Viseur, alors qu'elle se connaissait à peine. Dominique, que disent les experts psychiatres et psychologues à la barre ? Est-ce que cette Véronique Pierret est aussi manipulatrice que tout le monde le dit ? Alors en détention, elle raconte son parcours, elle pleure beaucoup. Elle n'éprouve pas d'empathie pour les victimes, elle s'intéresse beaucoup à elle, elle se sent responsable, mais elle dit qu'elle n'est pas coupable. Détroit, c'est elle que les experts pensent être la plus intelligente et la plus mature. On parle d'une personnalité structurée sur un mode névrotique, avec un fort besoin de reconnaissance, une intolérance à la frustration, notamment dans sa vie amoureuse et dans sa vie sentimentale. Mais sur la question de la manipulation, L'expert psychologue va un peu à contre-courant parce qu'il relativise le côté manipulateur de Véronique Pierret et il l'écrit, elle ne nous est pas apparue foncièrement manipulatrice. Et Émilie Wieser ? Alors, elle éprouve un gros sentiment de culpabilité, elle est présentée par les experts comme une personne immature, avec une personnalité psychologiquement fragile et de ce fait facilement influençable. Est-ce que les experts ont pu rencontrer Malorie avant son suicide ? Oui. Pour eux... c'est aussi un jeune homme qui est immature, mais qui n'est pas influençable. Ils l'écrivent. pas apparu particulièrement influençable ni impressionnable. Et ça, c'est très important pour la défense de Véronique Pierret. Donc si je comprends bien, tous les trois n'ont pas de pathologie mentale, ce ne sont pas des pros du crime, mais qu'est-ce qui leur passe dans la tête ? L'effet de groupe, l'effet de groupe, Christophe. Ils se sont montés le bourrichon tous ensemble. En fait, ils se connaissent depuis peu, mais ils ont monté un scénario et hop, ils y sont allés. Et l'expert psy va dire... Il aurait suffi que l'un d'entre eux, un seul d'entre eux dise stop et tout se serait arrêté. Mais ça n'a pas été le cas. Ni la déposition de l'expert psychologue, ni les accusations contre Malory ne convainquent l'avocat général que le neveu a dérapé tout seul. La seule personne qui ne connaît ni José Barère ni Dominique Laplace, c'est Malorie Kubel. Et pourtant c'est lui qui tue. C'est une bonne définition de ce que l'on peut appeler un contrat. Un contrat préparé de main de maître par la plus âgée des trois, celle qui incarnait l'autorité et l'expérience. L'avocat général requiert 30 ans contre la tante, et une peine plus légère contre Émilie Viseur, mais tout de même. d'au moins 12 à 15 ans. Je suis obsédé par le fait que c'est elle qui demande la mort de José Barère. Que si elle ne le demande pas, Véronique Pierret ne profite pas de cet effet d'aubaine et Malorie Kubel n'est pas associée à cela. Mais je ne peux pas occulter non plus qu'elle a un enfant et que ce fils, il n'attend qu'une seule chose, c'est de retrouver maman. Des réquisitions sévères, tandis que la défense de la mère de famille plaide désespérément l'acquittement. Ce que j'ai demandé au juré, c'est de se mettre à la place d'Émilie Wieser dans cette affaire. Compte tenu de ce qu'elle a fait, des seules choses qu'elle a faites, à savoir envoyer des SMS depuis le téléphone portable de Malorie Kubel. Je leur ai dit avec ce degré d'information-là, est-ce que Émilie Wieser... et complice d'un double assassinat. C'était pas à elle de pleurer. C'était mon frère qui était la victime. C'était nous qui avions le droit de pleurer. Elle n'avait qu'à subir. C'était elle qui avait les cartes en main. C'est elle qui avait choisi son destin. Du côté de Véronique Pierret, c'est aussi l'acquittement qui est plaidé. Par une défense qui, dans un dernier élan, tente encore d'instiller le doute sur les accusations de Malorie Kubel. Où est le vrai ? Où est le faux ? Si vous avez un doute, est-ce que pour autant, ça veut dire que Véronique Pierret est coupable de tous les mots dont on l'accuse ? Après dix jours de débat, la Cour rend son verdict. Le temps s'est couvert, asseyez-vous. Vingt ans. Pour Véronique Pierret. Elle est assommée par le prononcé de la peine et elle ne réagit pas. C'est une peine qui est lourde, mais qui est acceptable. Dix ans pour Émilie Wieser et là, ce fut, je dois le dire, le soulagement. C'est une décision qui lui permettait de penser à l'après. Ni le parquet, ni les accusés n'ont fait appel du verdict. Émilie Wieser, qui avait quasiment fait trois ans de prison et sorti quelques mois plus tard, elle a retrouvé son petit garçon, le fils de José Barère.