Bonsoir. L'Agora des savoirs, ce soir, reçoit Arnaud Fontané. Bonsoir, Arnaud Fontané.
Je vais vous présenter en quelques mots. Arnaud Fontané est médecin, diplômé de l'Université de Paris V, et médecin-docteur en sciences de la santé. santé publique également de l'université de Harvard.
Vos travaux portent sur l'épidémiologie des maladies infectieuses et ça vous a amené à travailler dans divers contextes institutionnels, géographiques et sur diverses maladies. Donc vous avez commencé votre carrière à l'OMS où vous avez travaillé sur le sida et puis vous avez poursuivi en Éthiopie dans un programme de coopération entre l'Éthiopie et les Pays-Bas. Vous avez continué à travailler sur le sida.
Avant de rejoindre, il y a une quinzaine d'années, en 2002, l'Institut Pasteur, vous avez créé une nouvelle unité, l'unité des maladies infectieuses émergentes. Et là, vous avez travaillé, vous travaillez toujours sur plusieurs maladies, l'hépatite C, le SARS, le syndrome aiguë respiratoire sévère, et puis le MERS, des virus dont j'imagine que vous allez nous parler ce soir. Donc actuellement vous êtes professeur titulaire de la chaire santé et développement du CNAM, le conservatoire national des arts et métiers.
Vous êtes également directeur et fondateur de l'école de santé publique qui est commune à l'institut Pasteur et au CNAM. Et puis depuis juillet 2014 vous êtes le directeur du nouveau centre de santé globale de l'institut Pasteur. Alors j'espère aussi que vous allez nous expliquer ce que c'est que la santé globale. Donc aujourd'hui vous allez nous parler de la conférence... s'intitule de façon peut-être un peu provocante, faut-il avoir peur des pandémies ?
Alors un peu provocateur parce que si on se rappelle, dans les années 60, on avait l'impression que les maladies infectieuses, c'était terminé, enfin terminé non, mais maîtrisable, c'était connu, c'était de la routine. Et puis là, depuis les années 2000 et un petit peu avant... On a les médias qui nous annoncent régulièrement des nouvelles maladies avec des noms un peu curieux, le H7N9, le MERS, le Zika. Et puis on nous annonce aussi des maladies dont on avait entendu parler, mais dont on voit qu'elles prennent une ampleur nouvelle, comme le virus Ebola. et puis ces maladies qui émergent on nous annonce qu'elles sont porteuses de potentielles catastrophes des catastrophes à venir donc on apprend qu'il faut se mobiliser pour les maîtriser et puis d'un autre côté des fois une maladie, on apprend qu'il y a toujours des victimes mais les médias n'en parlent plus, on a l'impression qu'une maladie en chasse une autre et qu'il y a une certaine fatigue pandémique qui s'installe Tout cela nous perturbe un petit peu.
Alors on comprend bien qu'avec le développement scientifique, on repère davantage de pathogènes. On comprend aussi que nos sociétés ont l'ambition d'anticiper le futur, d'agir avant que la catastrophe n'arrive et qu'on devient très sensible à des signaux très faibles. Mais bon, jusqu'où est-ce qu'on peut aller là-dedans ?
Entre les maladies infectieuses tropicales et les maladies infectieuses émergentes aujourd'hui ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose de nouveau ? Dans quelle mesure il faut avoir peur ?
Est-ce qu'on en fait trop ou est-ce qu'on n'en fait pas assez ? Est-ce qu'on peut maintenir un état de vigilance permanent ? Est-ce que c'est tenable ?
Voilà, toutes ces questions, on les a résumées dans la question Faut-il avoir peur des pandémies ? et je pense que vous allez nous apporter des éléments de réponse. Je vous laisse la parole. Merci. Merci beaucoup pour ces quelques mots de présentation.
Je voudrais aussi remercier les organisateurs de ces forums, de la Grâce des Savoirs de m'avoir invité. Je vais effectivement vous parler aujourd'hui des pandémies. Et commencer peut-être par des définitions. Sur les termes, qu'on soit tous un peu d'accord sur quoi on parle, les agents infectieux, comme vous le savez, sont des agents biologiques responsables d'une maladie infectieuse, d'une maladie transmissible. Le plus souvent, il s'agit d'un micro-organisme.
Il peut s'agir de bactéries, de virus, de parasites, de champignons. Il y a une exception, une espèce un peu particulière qui est le prion. Ce sont finalement des protéines qui ont une conformation anormale, qui peuvent être responsables de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, qu'on avait aussi appelée la maladie de la vache folle.
Cette déformabilité est transmissible, on la met dans cette catégorie, même si le prion n'est pas un micro-organisme à proprement parler, pour beaucoup de raisons. Les épidémies, c'est un nombre anormal de cas pour une maladie. Vous le voyez tous avec la grippe, chaque année, on sait qu'à partir d'un certain seuil, on commence à parler d'une épidémie, ça va durer en général trois mois, et puis les choses rentrent dans l'ordre. On parle de pandémie, quand vous avez une épidémie qui touche...
plus d'un continent. Donc voilà juste quelques distinctions que je voulais faire en préambule. Je débute très bon exposé en vous faisant un bref rappel historique, parlant de deux grandes pandémies qui ont vraiment marqué l'histoire.
La première, c'est la peste noire. Ça nous emmène au Moyen-Âge. Au XIVe siècle, cette deuxième pandémie de peste est partie de Chine, amenée par les Mongols en Crimée, où ils faisaient le siège de Kaffa, qui était un port génois. Et quand les hostilités sont terminées, les bateaux génois sont repartis en Méditerranée et ont emmené avec eux les hommes, les rats et les puces qui permettaient la transmission de la peste noire. La peste, en effet, elle est due à un bacille, le bacille Yersin, Yersinia pestis, qui est donc une bactérie.
Elle est dans des rats et c'est les puces des rats qui vont les transmettre à l'homme. Et quelquefois, les puces des hommes vont s'assurer de la transmission interhumaine. On a cette peste noire, je vous en parle, parce qu'elle a été absolument dévastatrice.
Il est difficile d'avoir des chiffres fiables sur la mortalité qu'elle a pu avoir à l'époque, mais on estime quand même qu'un tiers... De la population des villes touchées en Europe a disparu du fait de la peste noire. Donc une mortalité vraiment considérable et les données dont on dispose en France et en Angleterre notamment sont vraisemblablement assez fiables.
En zone rurale, l'impact a probablement été un petit peu plus faible. Donc le bacille de la peste Yersinia pestis a été identifié par Yersin, que vous voyez aussi sur cette diapositive. Yersin était un des disciples de Pasteur qui est parti vivre au Vietnam. et qui, lors de la troisième pandémie de peste, se trouvait en Asie du Sud-Est, a rejoint Hong Kong au moment où l'épidémie faisait rage à Hong Kong.
Et là, c'était un peu la guerre d'ailleurs avec un Japonais qui était soutenu par les Anglais, un scientifique japonais, et qui lui aussi voulait découvrir quel était le bacille responsable, ou du moins l'agent microbien responsable de la peste, CIR5, qui a identifié le bacille qui porte son nom aujourd'hui. Une deuxième pandémie qui a vraiment marqué l'histoire est celle de la grippe espagnole. On est en 1918-1919.
Ce virus de la grippe nous vient probablement de la faune aviaire. Les premières traces, on les a dans les camps militaires américains, sur le territoire des Etats-Unis. Avec les soldats qui viennent en Europe, le virus de la grippe espagnole est amené. Il a ensuite fait le tour du monde.
On estime que 25 à 40 millions de personnes sont décédées de la grippe espagnole, plus que... On a tué la Première Guerre mondiale. Vous avez ici, en haut à gauche, les courbes de mortalité sur les villes européennes.
Donc on a Londres, Paris, Berlin. Et vous voyez quand même l'impact considérable. La mortalité mutilée par 6 en octobre-novembre, au moment où est passée l'épidémie.
Et donc cette pandémie, la grippe espagnole, a marqué les esprits. Et nous a vraiment alertés sur le potentiel qu'avaient de telles épidémies de grippe. en termes de mortalité. Il y a eu deux autres grandes pandémies grippales au XXe siècle, en 57-58, la grippe asiatique, en 69-70, la grippe de Hong Kong, et puis plus récemment, en 2009, le virus AHA1, vous vous souvenez certainement, qui heureusement était lié à un virus qui lui était beaucoup moins virulent, capable de tuer, que ne l'étaient ses prédécesseurs.
Alors on va maintenant parler du concept des maladies émergentes. Je vais vous donner un petit peu une typologie de que sont ces fameuses maladies émergentes en distinguant trois cas de figure. Vous avez les infections qui passent de l'animal à l'homme, ça ce sont les vraies émergences. Le plus souvent il s'agit de virus, ils nous viennent des animaux et après être passés chez l'homme, ils deviennent transmissibles entre les hommes et sont responsables d'épidémies voire de grandes pandémies. Les exemples récents sont le sida, à l'échelle de l'histoire de l'humanité.
Le sida est arrivé au début du XXe siècle en population humaine et s'est transmis depuis. Il vient du chimpanzé, on reviendra là-dessus un peu plus tard, et est passé chez l'homme et est parti d'Afrique centrale à diffuser sur l'ensemble de la planète. Plus récemment, vous vous souvenez peut-être du SRAS, le syndrome respiratoire aigu sévère, sud-est de la Chine, fin 2002, début 2003, des restaurants qui... Vendaient de nourriture exotique, et notamment des fameuses petites civettes palmistes masquées. Ces civettes étaient infectées par ce coronavirus du SRAS, et finalement infectent les clients, les cuisiniers qui travaillent dans ces restaurants, et on retrouve une nouvelle pandémie mondiale.
Et puis un troisième exemple, là encore plus récent, si on part de l'épidémie de 2013-2014, Ebola, qui est un virus qui vraisemblablement vient des chauves-souris, passe par les grands primates, peut-être d'autres réservoirs animaux possibles. et enfin abouti chez l'homme. Donc ça, ce sont vraiment les vraies émergences, c'est probablement les deux tiers de ces nouveaux agents infectieux nous viennent d'animaux, ce sont souvent des virus, et passent chez l'homme.
Il y a également des infections qui sont dues à des microbes ou des pathogènes qui vont muter et de fait échapper soit à notre réponse immunitaire, soit devenir... résistant à des traitements qu'on utilise contre eux. L'exemple typique de la grippe, quand il s'agit d'un virus qui change et échappe à notre système immunitaire, le virus de la grippe est composé de huit segments et ces segments peuvent se réassortir.
Ils circulent dans la faune aviaire, ils circulent dans la faune porcine et là, des mélanges peuvent se faire entre les virus, réassortiment de gènes, un nouveau virus s'émerge et on n'a pas de protection immunitaire contre ce nouveau virus. Et dès lors, une pandémie est possible. Quand un nouveau virus de la grippe transmissible à l'homme émerge, on a un tiers de la population mondiale qui est infectée à chaque fois.
C'est ce qui s'est passé en 2009. Encore une fois, heureusement, un virus qui était bénin. Et même si 2 milliards de personnes autour de la planète ont été infectées en 2009, la mortalité est restée faible. Il y a d'autres émergences possibles qui sont des agents pathogènes qui deviennent résistants au traitement qu'on utilise contre eux. Donc il peut s'agir de parasites, notamment le...
Parasite responsable du paludisme, un plasmodium. Il peut s'agir de bactéries, les fameuses bactéries multirésistantes dont on parle de plus en plus. Il peut s'agir de virus dans le traitement du sida. Vous avez beaucoup d'émergences de résistance au traitement qu'on utilise. Comment surviennent ces émergences ?
Finalement, les virus, notamment, en se multipliant, leur génome se copie. Et dans ces copies de génome, il peut y avoir des erreurs. Une de toutes les mille bases dans les copies, une erreur, une petite mutation. La plupart du temps, ces mutations sont sans effet.
Quelquefois, le virus d'ailleurs ne survit pas à cette mutation. Mais parfois, et c'est le fruit du hasard, la mutation rend ce virus plus résistant à l'environnement dans lequel il se trouve et notamment peut être résistant aux traitements qui sont utilisés contre lui au même moment. Du coup, la souche qui est résistante va avoir un avantage sélectif par rapport aux autres et va se développer et va vite remplacer les autres souches qui habitaient l'individu qui est infecté et soumis à ce traitement anti-infectieux. Et dès lors, vous avez un remplacement par des souches résistantes, des souches qui étaient initialement sensibles au traitement, notamment quand les traitements ne sont pas suivis de façon régulière par les patients. Donc ça, ce sont des phénomènes d'émergence qui deviennent importants, et les bactéries multirésistantes sont certainement un sujet dont vous allez de plus en plus entendre parler dans les années à venir.
Et enfin, troisième cas de figure, des infections qui vont gagner de nouvelles zones géographiques. La fièvre du Nil occidental, qui est bien connue dans le bassin méditerranéen en Camargue. et est arrivé à New York, dans Central Park, en août 1999. C'était la première fois que ce virus arrivait sur le continent américain. En quatre ans, le virus de la fièvre nidale occidentale est passé de l'est à l'ouest des Etats-Unis.
Et donc on avait un exemple d'un virus qui avait quitté son terrain de jeu habituel. On ne sait pas d'ailleurs comment ce virus-là est arrivé aux Etats-Unis. Est-ce que c'est les oiseaux migrateurs ? Est-ce qu'il a voyagé avec un... Personne qui était infectée dans un avion, on n'a pas de bonne réponse à cette question.
Plus récemment, vous avez entendu parler du chikungunya, très certainement, qui était un virus établi dans l'Est de l'Afrique, en Inde, et qui est arrivé dans les îles de l'océan Indien en 2005. Et puis le virus Zika, virus qui circulait à bas bruit en Afrique centrale et en Asie du Sud-Est, et qui l'année dernière a fait le tour du monde. Donc cette diapositive vous montre... Toutes les maladies émergentes et réémergentes récentes, réémergentes, ce seraient des maladies comme la tuberculose qui ont pu à des moments disparaître progressivement et puis revenir.
Quand je dis disparaître pour la tuberculose, ce n'est pas très vrai, elle a toujours été très présente, mais à la faveur par exemple de la co-infection avec le virus du sida, la tuberculose a eu un nouvel essor, notamment en Afrique subsaharienne où le sida est très présent. Et cette carte a juste pour vocation de vous montrer l'ampleur du phénomène. virus ou des maladies émergentes et réémergentes. On ne va bien sûr pas s'attarder à tous les exemples qui sont cités sur cette diapositive.
Pour être plus clair, je dirais que quand on regarde les grandes crises sanitaires récentes, j'ai listé ici Ebola, Sida, la maladie de la vache folle, grippe aviaire, etc. On peut dire qu'on a à peu près tous les cinq ans une crise grave qui est liée à un de ces pathogènes émergents. Et comme je le citais plus tôt, le plus souvent, il s'agira d'un virus. et le plus souvent, il sera d'origine animale.
Donc on va maintenant s'attarder un petit peu plus à l'origine de ces virus et de leur éruption en population humaine. Vous avez ici un schéma un peu simpliste qui vous montre sur la gauche un virus qui vit dans un réservoir animal. Alors ce réservoir animal, ça peut être une chauve-souris, ça peut être un oiseau migrateur, ça peut être un rongeur. Un animal qui ne vit pas forcément directement au contact de l'homme et de façon très surprenante, le virus et l'animal... cohabitent très bien, ils sont en symbiose, il y a eu un équilibre naturel qui s'est fait entre le système immunitaire de cet animal et ce virus, si bien que dans certaines populations animales, vous trouverez un tiers des animaux infectés, et en même temps, les animaux ne montrent aucun symptôme, ils s'en portent très bien.
Pour arriver vers l'homme, vous aurez souvent ce qu'on appelle un hôte intermédiaire ou amplificateur, qui est un animal qui, lui, n'est pas habitué à ce virus. Quand il sera infecté, il va volontiers tomber malade. Il aura des charges virales élevées parce que, justement, son système immunitaire n'est pas capable de contrôler le virus. Et parce qu'il vit plus au contact de l'homme et qu'il y aura des concentrations de virus très importantes dans le sang de ses animaux ou dans d'autres fluides corporels de ses animaux, il pourrait éventuellement y avoir passage de l'animal vers l'homme. Donc vous avez ici figuré des singes, des volailles, des porcins, qui sont des autres intermédiaires amplificateurs fréquemment retrouvés dans ces scénarios.
Et puis vous avez enfin les hommes qui, au contact de ces animaux, vont être infectés. Le grand enjeu sera après, une fois que le virus est arrivé chez l'homme, est-ce qu'il va être capable de se transmettre entre les hommes. Vous pouvez arriver à ce stade de l'homme, il y a même beaucoup de virus qui essayent de rentrer régulièrement chaque jour chez les hommes et qui éventuellement pourront infecter un individu, mais ne seront pas s'adapter et ne seront pas en mesure d'être transmis d'homme à homme.
En revanche, si la transmission, l'adaptation se fait, et que la transmission inter-humaine démarre, c'est le début possible d'une épidémie, et avec les moyens de communication qu'on connaît aujourd'hui, un virus peut se retrouver aux quatre coins du globe en très peu de temps. J'ai également mentionné le vecteur moustique, qui quelquefois permet de faire le passage de l'animal à l'homme. On en a beaucoup d'exemples, l'encephalite japonaise, mais on verra aussi... Aujourd'hui, ensemble, beaucoup de ces fameux arbovirus ou arthropod-borne viruses qui sont transmis par des moustiques type Aedes, et là on parle de la fièvre jaune, de la dengue, du chikungunya, du zika.
Pour illustrer quelques exemples, on reprend Ebola. Ebola, c'est un virus dont on pense que le réservoir animal est la chauve-souris. On a en Afrique centrale, en République démocratique du Congo, très régulièrement des épidémies d'Ebola. A chaque fois, avant qu'une épidémie... épidémie d'Ebola soit détectée chez l'homme, on retrouve chez les grands primates une mortalité importante parce que ce virus est arrivé chez les grands primates.
Ces primates sont chassés par les hommes. Comme ils sont malades parce qu'eux sont des hôtes intermédiaires, ne sont pas habitués au virus Ebola, eh bien ils vont courir moins vite. Ou quelquefois, ils seront même retrouvés morts sur les sentiers ou dans la forêt et les chasseurs vont les récupérer ainsi. Et au moment du dépeçage, les chasseurs vont éventuellement s'infecter et ramener dans leur village le virus Ebola.
Si on prend l'exemple de la grippe, l'hôte intermédiaire, par exemple la fameuse H5N1, ce sont des oiseaux migrateurs, des oiseaux aquatiques. Les volailles domestiques pour H5N1 vont jouer le rôle d'hôte amplificateur, elles vont être malades. H5N1, la grippe aviaire, c'est d'abord une grande épizootie, une épidémie chez les animaux.
Et puis là, il y a des hommes qui vivent au contact de ces volailles et qui vont éventuellement s'infecter. La bonne nouvelle avec H5N1, c'est que... Des hommes peuvent être infectés, mais pour l'instant, il n'y a pas encore eu de transmission interhumaine, ou alors ce sont des cas absolument exceptionnels.
Il y a peut-être, je n'ai pas regardé récemment les chiffres, mais je dirais peut-être environ 800 à 1000 personnes qui ont été infectées par le virus de la grippe aviaire depuis qu'il circule, ça fait maintenant 10-15 ans. Parmi ces 800 à 1000 personnes, vous avez la moitié d'entre eux qui sont décédés. Donc un virus qui est capable de tuer.
Quand on est infecté par le virus de la grippe aviaire, la mortalité est très forte. Et ça nous rappelle que les virus de la grippe peuvent avoir une mortalité très importante. Mais comme il n'y a pas de transmission interhumaine, heureusement, on n'a pas eu d'épidémie pour l'instant qui soit liée au virus de la grippe aviaire. Donc ce scénario, et on le reverra dans d'autres exemples, les virus dans le réservoir animaux cohabitent très bien.
Un autre intermédiaire, un autre animal, souvent, qui fait le lien avec l'homme, Et puis après, chez l'homme, l'adaptation du virus qui va éventuellement mener à une épidémie si la transmission interhumaine se fait. Alors vous comprendrez aujourd'hui que la genèse de ces épidémies, elle dépend bien sûr de la nature des contacts entre les animaux et les hommes. C'est tout un pan de la santé qui se développe, qu'on appelle la santé globale, One Health en anglais, où on se rend compte aujourd'hui que la maîtrise de ces épidémies passera forcément par une bien meilleure connaissance des épidémies animales, de l'environnement et des atteintes humaines, et que les trois vont de concert. On pense que la déforestation, en réduisant l'habitat des animaux sauvages et donc en augmentant la densité des espèces sauvages qui y vivent, favorise le contact des animaux et des hommes et à ce titre pourrait contribuer à la transmission de virus des animaux vers les hommes. Vous avez ici figuré les singes qui, effectivement, en Afrique, sont chassés pour leur viande et qui, de fait, contribuent à la transmission des animaux vers les hommes.
à un certain nombre de maladies, Ebola certainement, et on a vu également avec le sida que les chimpanzés étaient à l'origine de l'introduction chez l'homme de ce virus. Et ce n'est pas un hasard si la plupart des grandes pandémies grippales nous viennent d'Asie. Pourquoi ? Parce que l'Asie est l'endroit du monde où vous aurez la plus grande densité humaine, mais également la plus grande densité d'élevage, que ce soit des volailles ou des porcins. Et ce sont des grands élevages industriels, comme sur ces photos, pas simplement l'image qu'on a d'une basse-cour avec trois canards et deux poulets qui se courent après.
Donc là, vraiment des concentrations qui vont favoriser ces émergences. Je voudrais maintenant passer un petit peu de temps sur l'origine du sida, car elle a été extrêmement bien décrite et que c'est un véritable cas d'école. Donc le sida, on sait aujourd'hui qu'il nous vient du singe, particulièrement du chimpanzé, mais également pour d'autres sous-types du virus responsable du sida, du gorille ou d'un autre singe, les soutimangabés.
qu'on trouve en Afrique de l'Ouest. Mais vraiment le VIH qui lui a fait le tour du monde et s'est imposé partout, le VIH1, nous vient du chimpanzé. Alors comment est-ce qu'on le sait ?
C'est qu'on a pu récupérer des échantillons qui contenaient du virus chez les chimpanzés et les comparer aux échantillons des hommes. Ce que vous voyez ici, c'est ce qu'on appelle un arbre phylogénétique et il traduit finalement la distance qui existe entre différentes souches virales. Et pour mesurer cette distance... Il faut savoir qu'elle est proportionnelle à la distance que vous avez quand vous faites le plus court chemin entre deux souches qui sont représentées ici.
Donc le plus court chemin entre ces deux souches, c'est celui que je trace ici avec ma flèche, et montre qu'il y a finalement très peu de mutations qui séparent ces deux virus. Si vous cherchez à relier ce virus avec celui-là, vous devez faire un chemin plus complexe qui vous amènera par ici. Vous voyez bien que les distances sont beaucoup plus longues quand vous parcourez comme ça ce chemin. Et cette distance est proportionnelle au nombre de mutations qui existent entre les deux virus.
De là, on se rend compte que pour les quatre sous-types du VIH1 qui ont circulé à la surface et qui sont maintenant en population humaine et responsables de la grande pandémie de sida aujourd'hui, vous avez à chaque fois, pour chaque type de virus humain, un virus de singe qui lui est très étroitement associé et qui a été retrouvé chez un chimpanzé, sauf pour un sous-type, on l'a retrouvé chez un gorille. Donc là, on sait maintenant aujourd'hui que ces singes avaient un virus qu'on appelle simian. immunodeficiency virus, par rapport au human immunodeficiency virus, le HIV, et que ce virus, très vraisemblablement, est passé à l'homme et est responsable aujourd'hui de la pandémie mondiale qu'on connaît. Alors où et quand s'est fait ce passage ? Les enquêtes ont montré que c'était en Afrique centrale, notamment dans le sud du Cameroun ici, dans le nord de la République démocratique du Congo, ce qui était le Zahir à l'époque, qu'on retrouve chez les singes les virus qui sont les plus proches des virus...
du sida humain. Et on arrive même, d'une certaine façon, à dater l'introduction du virus qui a été responsable de la pandémie actuelle de sida, en regardant justement les distances génétiques qui existent entre les différents virus que vous pouvez capturer chez l'homme dans une période donnée, recueillir chez l'homme dans une période donnée. Et on connaît les taux de mutation, ce qu'on appelle l'horloge moléculaire de ces virus. Et selon la diversité que vous avez dans une population à un moment donné, Et en faisant jouer cette horloge moléculaire, on peut retracer et estimer la date d'introduction chez l'homme de l'ancêtre qui est commun à toute la population qu'on voit à un temps donné. Donc ici, on pense que c'est dans les années 1920-1930 que le passage d'un virus de singe s'est fait vers l'homme.
Ce virus qui après s'est multiplié et est responsable de la pandémie qu'on connaît aujourd'hui. Ça coïncide d'ailleurs, et c'est ce qu'on voit ici, avec le développement des grandes villes africaines. Et Kinshasa, qui était Léopoldville, est une de celles qui a connu la plus grande dynamique en termes de population. Et là encore, on voit que c'est à peu près dans ces années 1930-1950 que ces villes africaines se sont constituées. Donc vous avez eu très vraisemblablement un passage d'un virus dans le sud du Cameroun ou le nord de ce qui était le Zahir à l'époque, ou même le Congo beige, qui s'est fait du singe vers l'homme.
Puis après, un peu de transmission interhumaine, suffisamment pour que le virus s'établisse dans cette zone d'Afrique centrale. Puis l'expansion des villes, puis l'émigration des populations entre les villes, et un virus qui s'est répandu d'abord en Afrique centrale, et puis après dans le reste de la planète. On sait qu'à Kinshasa, les premières personnes qui ont eu des manifestations cliniques très évocatrices du sida...
C'était la fin des années 70. Donc avec la durée d'incubation du virus, etc. On peut maintenant savoir à peu près quand était la première souche qui a été introduite, un développement à bas bruit et une véritable expansion dans les années 70 en Afrique centrale. Et puis après, l'arrivée et le diagnostic des premiers cas en 1981 sur la côte ouest des Etats-Unis, qui nous faisait savoir dans le monde occidental que le virus était présent et son identification deux ans plus tard, d'ailleurs à l'Institut Pasteur. Donc voilà un petit peu très bien retracé l'émergence d'un virus qui est aujourd'hui responsable d'une des pandémies les plus graves, puisqu'il y a, je ne connais pas les chiffres exacts, mais je dirais 33 millions de personnes infectées par le VIH.
Ça représente encore un million de morts chaque année, c'est 3000 morts chaque jour. On oublie un petit peu le VIH, je reprends l'expression que vous donniez tout à l'heure d'un virus remplace un autre, mais quand on réalise le poids que représente encore aujourd'hui cette maladie, il est absolument considérable. Alors maintenant une diapositive. Pour les âmes sensibles, vous pouvez tourner la tête, mais simplement pour illustrer comment un virus peut passer du singe à l'homme, il y a plusieurs hypothèses, mais une qui est assez vraisemblable, c'est encore la chasse aux primates, le dépossage de la viande sur les marchés, et comme vous le voyez, c'est une activité où l'échange de sang est facile, et qui pourrait expliquer comment un virus de VIH, enfin le SIV a pu passer chez l'homme, et après, un peu d'adaptation, être responsable. de la pandémie aujourd'hui.
Maintenant qu'on a vu quels sont les facteurs d'émergence, le contact animal-homme et le passage d'un virus chez l'homme, quels sont les facteurs qui expliquent leur diffusion et leur propagation à la surface de la planète ? Indéniablement, l'augmentation de la population humaine joue un rôle majeur dans la diffusion de ces virus. La population mondiale a été multipliée par 4 au XXe siècle. On est passé d'un milliard et demi à 6 milliards.
On est déjà 7 milliards aujourd'hui. Vous avez la constitution de grandes mégapoles qui, pour certaines maladies, on en reparlera notamment avec ces maladies à transmission vectorielle, un par des moustiques urbaines, les mégapoles jouent un rôle important. Et puis le trafic aérien qui est symbolisé ici et qui vous montre, ce que vous savez tous, c'est qu'aujourd'hui, un virus qui infecterait une personne peut se retrouver à l'autre bout de la planète en quelque temps. C'est d'ailleurs ce que l'exemple du SRAS illustre très bien.
Donc le SRAS, je vous remène 2003. Sud-est de la Chine, canton, les restaurants de nourriture exotiques, des clients qui viennent et qui veulent consommer de la sylvette palmiste masquée, qui est un mets un petit peu, très apprécié mais un peu cher. Maintenant les Chinois gagnent beaucoup mieux leur vie aujourd'hui, il y en a beaucoup plus qui peuvent s'offrir des sylvettes palmistes masquées. Des élevages de sylvettes sont donc mis en... établie en Chine et alimente ses restaurants de canton.
Là, les clients rentrent dans le restaurant, ils voient des cages avec les civettes, ils vont pouvoir choisir eux-mêmes la civette vivante parce qu'ils veulent un produit frais, puis éventuellement ils en prendront une qui est un peu plus dodue qu'une autre. Quand le cuisinier va chercher la civette dans sa cage, la civette se débat. Si elle est infectée par le coronavirus du SRAS, au moment où elle se débat, probablement par voie respiratoire, elle va infecter le cuisinier, les clients, et on a eu ainsi un coronavirus. qui était initialement dans des chauves-souris, qui est passé à la civette, on ne sait pas trop comment, qui va infecter les clients et qui après va être responsable d'une pandémie mondiale. Donc on a eu des alertes, j'ai envie de dire, de novembre 2002 à janvier 2003. On savait qu'il se passait quelque chose en sud-est de la Chine.
Le consulat français à Canton nous a alertés d'un stupasteur, nous disant Attention, on sait que dans les hôpitaux chinois, ces temps-ci, il y a des cas... d'infections respiratoires étranges qui ne répondent pas aux antibiotiques, qui sont responsables d'une mortalité importante, à peu près 10% des personnes décèdent. Et nous, bien sûr, on pensait tous à la grippe aviaire, parce qu'il y avait déjà eu une alerte à Hong Kong quelques années plus tôt, mais ça n'était pas la grippe aviaire, c'était ce nouveau virus, le coronavirus du SRAS, qui faisait parler de lui-même. Simplement, les autorités chinoises n'ont pas voulu communiquer sur le sujet.
Il y a eu d'ailleurs a posteriori un mea culpa, plusieurs têtes sont tombées en Chine sur la crise du SRAS, mais il a fallu attendre que le virus dissémine au reste de la planète pour qu'on puisse l'étudier et comprendre d'où venaient ces infections respiratoires étranges. Qu'est-ce qui a permis la diffusion du virus assez brutale ? Vous l'avez ici, dans un hôtel de Hong Kong qu'on appelle l'hôtel Métropole, le 21 février 2003, un clinicien qui traitait les patients à Canton. vient faire du shopping avec son beau-frère à Hong Kong.
Lui se sentait malade, mais ne pensait pas pouvoir avoir le SRAS parce qu'il se protégeait quand il examinait les patients. Il pensait qu'il avait une infection respiratoire banale. Et puis, voilà que dans cet hôtel, en 48 heures, il va infecter 10 personnes qui vont se retrouver dans la semaine qui suivait, dans 6 pays différents à la surface du globe.
Et ça, ce sont les avions, c'est la rapidité avec laquelle maintenant ces virus peuvent se transmettre. Si on sait tout ça, C'est qu'on a pu récupérer les souches, les séquencer et se rendre compte qu'elles étaient toutes absolument identiques et provenaient de ce médecin chinois qui était venu faire du shopping à Hong Kong le 21 février 2003. Quand vous regardez cette courbe qui a été faite rétrospectivement, ici vous avez l'épidémie du sud-est de la Chine de Canton et puis là l'incident de l'hôtel Métropole et l'épidémie mondiale qui démarre et quelque part en mars, je ne me souviens plus exactement, le 12 mars. l'OMS qui déclare une alerte mondiale parce que le virus était absolument partout. Donc là vous avez le prototype de l'épidémie du 21e siècle avec tous ses ingrédients et une diffusion extrêmement rapide du SRAS.
Si on reprend l'exemple de la peste noire, on revient au milieu du 14e siècle, il avait fallu six mois pour les bateaux génois pour amener la peste de Crimée jusqu'à Marseille. Donc vous voyez que les échelles de temps n'étaient absolument pas les mêmes que celles qu'on vit aujourd'hui. Un autre facteur de...
D'émergence, puisque là on est en train de parler de quels sont tous ces facteurs qui favorisent la dissémination des agents pathogènes et notamment des virus. C'est ce que j'appellerais la colonisation vectorielle, avec ces fameux moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus. Aedes albopictus, c'est le moustique tigre dont vous avez tous entendu parler et qui est dans le sud-est de la France, plutôt le sud-est de la France, mais qui remonte d'ailleurs et qu'on retrouve de plus en plus sur des latitudes nord.
Et Aedes aegypti, c'est son cousin qui vit dans les zones... tropicale. Donc vous avez ici une carte du monde avec Aedes aegypti en zone tropicale et Aedes albopictus dans les zones tempérées.
Ces moustiques Aedes, ils sont des moustiques que j'appellerais domestiqués, particulièrement Aedes aegypti. Qu'est-ce qui est particulier avec Aedes aegypti ? C'est qu'il ne se nourrit plus que sur l'homme. Les Aedes, ils se sont nourris sur les animaux pendant longtemps. Il y en a qui vivent dans les forêts, Aedes africanus.
C'est lui qui se nourrit d'ailleurs sur les primates et va chercher les virus chez les primates. Et puis, vous avez des hommes qui vont dans les forêts, peuvent éventuellement rencontrer le Aedes africanus, et être infectés, retournés en ville. Et quand ils sont en ville, le relais est pris par les moustiques qui se sont adaptés aux villes et adaptés à l'homme.
Et Aedes aegypti en est un parfait exemple. Alors Aedes aegypti, il ne se nourrit plus que sur l'homme. Lui, il va donc vivre au contact de l'homme, près des maisons. Et comme pour Aedes albopictus, le moustique tigre, vous savez tous qu'il vit dans les petits récipients d'eau, enfin les larves en tout cas.
qui se retrouvent près des maisons. Ça peut être les petites coupelles sous les plantes, ça peut être des bois de conserve, ça peut être des pneus. On le retrouve beaucoup dans les bidonvilles, dans ces grandes mégalopoles africaines et asiatiques ou d'Amérique latine.
Et Hades aegypti, maintenant, se nourrissant sur l'homme, c'est un moustique d'ailleurs très agressif qui va piquer plusieurs fois. Une fois qu'une femelle est infectée, elle va piquer jusqu'à la fin de ses jours et transmettre le virus qu'elle contient. Et elle est responsable maintenant d'un nombre croissant Deux maladies transmises par des moustiques sont la dengue, le chikungunya, le zika, la fièvre jaune, et on se demande un peu qu'elle sera la prochaine.
L'histoire de la diffusion de ces moustiques est intéressante. Aedes aegypti était un moustique qui vivait d'abord en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest, et qui est parti vers le continent américain avec les bateaux qui transportaient les esclaves. Pour survivre pendant la transversée, Ce moustique à Edesse-Égyptie avait les grands récipients d'eau qu'on utilisait dans les bateaux qui transportaient les esclaves, et les esclaves sur lesquels ils pouvaient se nourrir. Donc tout était réuni pour que ces moustiques puissent faire la traversée, arrivent dans le sud des États-Unis, et ainsi amener, d'ailleurs, la fièvre jaune, qui a beaucoup tué aux États-Unis dans les décennies et siècles qui ont suivi leur introduction au moment de la traite des esclaves.
Donc ça, c'était à Edesse-Égyptie. Aedes albopictus, il est arrivé du Japon, il est parti il y a à peu près 50 ans et il voyage avec les... bateaux qui transportent les pneus. Ces bateaux qui partaient du Japon font le tour du monde. Quand ils arrivent dans des ports où le climat est approprié pour ces moustiques, les moustiques vont descendre et s'installer.
Et ainsi, de proche en proche, sur 50 ans, a aidé Salbopictus à coloniser toutes les régions tempérées de la surface du globe. Et maintenant vous avez ces deux vecteurs qui sont là et qui attendent les virus. L'exemple le plus récent, ça a été le virus Zika, qui est un virus qui est arrivé d'Afrique centrale, qu'on a découvert il y a à peu près 60 ans en Ouganda, qui a circulé à bas bruit entre l'Afrique et l'Asie du Sud-Est.
Et puis, et on ne sait pas pourquoi, c'est emballé dans les années 2000, avec une première épidémie en Micronésie, qui est une île du Pacifique, puis après en Polynésie française 2013-2014, et est arrivé en Amérique latine plus récemment. et est responsable, comme vous le savez, de complications neurologiques particulièrement graves chez les enfants nés de mères infectées pendant la grossesse, qui en fait toute la gravité. Donc la question qui se pose aujourd'hui, c'est vraiment quel sera le prochain ?
Et il y a un candidat déjà qui n'est pas un nouveau virus, mais qui est un virus en fait connu, mais qui est en train de gagner en puissance et qui risque vraiment de nous poser des problèmes, c'est le virus de la fièvre jaune. Donc le virus de la fièvre jaune, il est présent en Afrique subsaharienne, mais également en Amérique latine. Il a, comme tous ces virus... un cycle qu'on appelle forestier, où il se balade entre des primates infectés et puis des moustiques Aedes africanus. Et comme je le disais tout à l'heure, à la faveur d'une personne qui va aller en forêt être infectée et revenir en ville, il peut être transmis aux Aedes aegypti qui vont assurer sa diffusion en ville.
Il y a eu l'année dernière une crise importante en Angola et en République démocratique du Congo autour de la fièvre jaune, avec une épidémie pour laquelle on s'est rendu compte que les stocks de vaccins dont on dispose ne sont pas suffisants. On est en train de parler de... diviser par 5 les doses de vaccins pour pouvoir vacciner avec les stocks disponibles. Et là, actuellement, il est en train d'une épidémie inquiétante, qui est en train de se développer en Amérique latine. Elle se rapproche de Rio de Janeiro.
On espère qu'elle ne va pas arriver sur Rio de Janeiro, mais là, on aurait un vrai souci. Et pour reprendre l'épidémie qui avait lieu en Afrique récemment, vous savez qu'il y a de plus en plus de Chinois qui travaillent aujourd'hui en Afrique. Il y a déjà eu 9 patients chinois diagnostiqués avec la fièvre jaune en Chine.
Or, jusqu'à présent, le virus de la fièvre jaune n'avait pas mis les pieds sur le continent asiatique. Sur ces 9 patients, 7 vivaient dans des régions du nord de la Chine où les moustiques ne sont pas capables de le transmettre. Mais 2 étaient dans le sud de la Chine où il y a des Aïdès égyptiques qui pourraient tout à fait le transmettre.
Si, par chance, rien ne s'est passé, si à la faveur des échanges entre l'Afrique et la Chine, des Chinois sont infectés en Afrique, reviennent en Chine, développent la fièvre jaune en Chine, et que là, le passage se fait, on aurait une crise sanitaire mondiale particulièrement grave, car aujourd'hui, les stocks de vaccins disponibles ne sont pas suffisants pour l'Asie du Sud-Est. Donc je ne veux pas trop remuer des inquiétudes qui seraient déplacées, mais si je devais dire aujourd'hui quel est le virus qui nous inquiète le plus, c'est certainement le virus de la fièvre jaune. On se rend compte qu'il est en train de gagner vraiment en importance. D'autres modes de diffusion des microbes, ça peut être aussi le commerce mondial des aliments. Je ne sais pas si vous vous souvenez d'une crise qui a eu lieu en 2011, où il y a eu en Allemagne et en France des personnes qui ont développé un syndrome clinique un peu complexe, avec une atteinte rénale notamment, et qui était liée à une bactérie, Echerichia coli.
On a d'abord imputé l'origine de l'arrivée de cette bactérie aux concombres fabriquées en Espagne, et ça n'était pas vrai. C'était une erreur. Les épidémiologistes se trompent.
J'en fais partie. Le vrai coupable, c'était le phénugrec égyptien, qui sont ces petites graines que vous voyez ici et qui, en fait, étaient dans les mêmes salades. C'est-à-dire que quand, dans les restaurants de...
Je crois que c'était Hambourg, mais je ne suis pas sûr. Mais les restaurants en Allemagne où étaient consommées des salades qui contenaient des concombres qu'on a accusées à tort, vous aviez à côté, amenées avec la salade, ces petites soucoupes qui contenaient des graines que vous pouviez picorer. C'était les graines qui étaient en fait les responsables et qui venaient d'Égypte.
Et là, vous avez eu une crise qui a touché l'Europe et qui a été responsable quand même de dizaines de morts. Vous vous souvenez probablement de cet épisode qui date maintenant d'il y a six ans. D'autres vecteurs d'épidémie et de diffusion, le commerce des animaux et éventuellement le commerce illégal. Je vous donne ici un exemple avec la variole du singe, qui est une variété de variole qui est heureusement moins sévère que celle qui a été éradiquée grâce aux campagnes de vaccination menées dans les années 70. Mais à la faveur de l'importation clandestine de rats de Gambie qui étaient infectés, qui ont joué dans les cages avec les petits chiens de prairie dans les magasins qui vendaient des animaux aux Etats-Unis, ont infecté ces chiens de prairie.
Et quand des personnes ont acheté ces chiens de prairie pour les avoir comme animaux domestiques, ils ont développé des variolles de singes. Donc il y a eu entre 30 et 50 cas humains de variolles de singes au moment de cet épisode. Un autre facteur de diffusion d'épidémie, là c'est vraiment l'homme qui en est responsable, c'est les soins médicaux et le fait qu'on a donné aujourd'hui les instruments qui permettent à chacun d'entre nous de se retrouver au contact du sang d'une autre personne.
C'est quoi ces instruments ? C'est d'abord l'aiguille ou les transfusions sanguines. Et vous savez maintenant qu'il y a un certain nombre de virus qui peuvent être transmis par le sang et c'est vraiment la diffusion, l'utilisation des aiguilles, des seringues. qui ont permis la diffusion de ces épidémies sur le globe. La plus exemplaire, c'est probablement l'épidémie d'hépatite C et l'exemple de la plus grande épidémie liée aux soins médicaux connus au monde aujourd'hui est celle d'hépatite C en Égypte.
Dans les années 70-70, la grande préoccupation en Égypte était une maladie qu'on appelle la bilharziose, qui est une maladie parasitaire qu'on attrape en marchant les pieds nus dans l'eau. Et vous savez bien que l'Égypte, tout le monde vit autour d'une île. Et les enfants particulièrement s'infectent très tôt en marchant dans les eaux du Nil avec cette bilharziose.
Il existait à l'époque un traitement des selles d'antimoine qu'on administrait par injection intraveineuse. Le gouvernement égyptien a finalement été victime du fait qu'ils étaient suffisamment avancés pour organiser des campagnes de traitement de masse structurées des populations, mais malheureusement pas assez attentifs aux conditions d'hygiène dans lesquelles ces campagnes de traitement de masse auraient lieu. Ce qui s'est passé, c'est qu'il fallait faire...
16 injections intraveineuses, espacées d'une semaine pour guérir un enfant qui était touché par la bilharziose. Le gouvernement égyptien a voulu éradiquer ou éliminer la bilharziose. Et pour ce faire, on a vraiment organisé cette campagne de traitement de masse.
Donc un petit camion arrivait dans un village un jour de la semaine, on va dire le mercredi. Tous les enfants sortaient de l'école, étaient mis en ligne et on leur faisait des injections de celles d'antimoine. Les aiguilles et les seringues qui étaient utilisées étaient malheureusement... mal stérilisé entre chaque injection.
Il y avait probablement une espèce de marmite avec de l'eau, on l'espère, chaude, bouillante, mais était-ce vraiment le cas ? 4-5 seringues, 4-5 aiguilles. Et finalement, à chaque fois qu'un enfant arrivait, on prenait une seringue, une aiguille, on allait prendre dans le flacon les selles d'antimoine et on injectait en intraveineuse. Un observateur de l'OMS, si on a pu lire son rapport, expliquait qu'il fallait 5 secondes pour faire une injection à un enfant. Déjà, trouver une veine chez un enfant, ce n'est pas facile.
Donc vous imaginez que la rapidité avec laquelle ils opéraient voulait dire qu'ils étaient plusieurs et qu'il y en a un qui préparait la seringue, l'autre qui allait chercher les sels d'antimoine, qui la donnait à un infirmier ou à un médecin qui injectait. Tout ça se faisait vraiment à la chaîne, mais malheureusement le temps de stérilisation n'était pas suffisant. Donc assez vite, vraisemblablement les flacons de sels d'antimoine étaient contaminés par le virus de l'hépatite C. Après, les seringues, les aiguilles étaient contaminées invariablement. Et les enfants se sont retrouvés infectés de façon massive.
Ce qui était en plus vraiment tragique dans cette séquence, c'est qu'il fallait 16 injections pour un traitement complet qui était espacé d'une semaine. Un enfant qui était injecté à sa troisième injection allait revenir la semaine suivante pour avoir sa quatrième injection. À ce moment-là, il avait une concentration de virus dans le sang qui était extrêmement élevée. Et c'était à ce moment-là justement qu'on l'injectait et que du coup il contaminait la seringue et il était extrêmement contagieux pour tous les enfants qui le suivaient.
immédiatement parce qu'il avait une quantité de virus dans le sang très élevée. Donc ça fonctionnait malheureusement incroyablement bien. Et vous avez ici une enquête qu'on a réalisée en Égypte, où on travaille beaucoup sur l'hépatite C depuis maintenant 15 ans, et qui vous montre le taux de personnes infectées dans un village typique du Nil. Donc là, on est à 1h30 du Caire, et tous les villages du Delta sont dans le même état. Ce que vous voyez ici, c'est la proportion.
de personnes infectées dans ce village. J'ai un peu de mal avec ma flèche, mais ça arrive. Vous voyez que chez les hommes, on atteint 50% des hommes des classes d'âge de 45 à 55 ans qui sont infectés. Chez les femmes, on redescend à peu près à 30%.
Le groupe que vous voyez ici, avec les prévalences les plus élevées, les proportions de personnes infectées les plus élevées, c'était ceux qui, il y a 35 ans, avaient entre 5 et 20 ans et ont été infectés pendant ces campagnes de masques. de traitement de masse de la bilharziose. L'hépatite C est une incubation très lente, il faut à peu près 30 ans avant que vous développez les cirrhoses et les cancers du foie.
Ces personnes se retrouvent aujourd'hui toujours infectées et sont en train de développer les complications d'hépatite C. Et si vous avez plus d'hommes que de femmes qui sont infectés, c'est parce qu'en fait on allait dans les écoles et qu'à l'époque, il y a 35 ans, il y avait plus de garçons que de filles scolarisées. Et après, de ce groupe de personnes qui ont été infectées en Égypte, vous avez une diffusion qui s'est faite.
Voilà. vers les classes d'âge plus âgées et plus jeunes, toujours par les soins médicaux. Donc un exemple d'une épidémie massive qui est vraiment créée par l'homme, par les soins médicaux, et l'Égypte aujourd'hui y fait face grâce à des nouveaux traitements, mais ça c'est une autre histoire que je ne vais pas avoir le temps de développer maintenant.
Pour terminer avec l'homme et sa capacité finalement à créer des épidémies, l'exemple le plus extrême serait le bioterrorisme. Alors il y a peu de cas recensés de bioterrorisme, où vraiment on a pu prendre les coupables la main dans le sac. Mais là, on est dans l'Oural, en 1979, à Sverdlovsk, c'était le bon temps de la guerre froide.
Et les Russes étaient en train, dans un laboratoire, d'essayer de fabriquer des spores d'anthrax. L'anthrax est responsable de la maladie du charbon, c'est des infections respiratoires. Vous vous souvenez peut-être que juste après le 11 septembre, il y avait eu des enveloppes qui avaient circulé, qui contenaient des...
des sports d'anthrax qui avaient été envoyés à des sénateurs et des journalistes avec quelques décès aux Etats-Unis. Là, c'était un scientifique américain qui avait un peu perdu les pédales. Mais dans le cas dont je vous parle maintenant, en Oural en 1979, c'était les Russes qui cherchaient à fabriquer des sports d'un diamètre suffisamment petit pour que les sports aillent au fond des poumons et du coup créer des infections respiratoires qui soient les plus sévères possibles. dans un épisode de manutention malheureux, le filtre n'a pas été remplacé dans un flux laminaire, et du coup les spores ont commencé à diffuser selon la direction du vent, et vous avez eu 66 décès humains suite à cet incident.
Les Russes à l'époque ont évidemment nié, et il a fallu attendre la fin de la guerre froide pour qu'Américains et Russes aillent ensemble réexaminer les lames d'histologie qui restaient des patients qui avaient été infectés et qui étaient décédés, pour pouvoir reconstituer complètement cette histoire. Donc maintenant, je vais vous dire quelques mots sur l'impact de ces, maintenant qu'on a vu les facteurs d'émergence et la diffusion de ces épidémies, quel est leur impact ? En fait, on peut le lire sur deux niveaux différents.
Vous avez ici une échelle de mortalité, ici l'impact des épidémies qui sont liées à des virus. Vous avez ici le virus du sida, les virus des hépatites, vous avez la grippe ici. Et puis, ceux dont on vient de parler, le SRAS, l'Ebola, sont plutôt vers le bas. Là, vous avez d'autres causes de décès, vous avez le tabac, le paludisme, les accidents de la route, etc.
Attention, l'échelle est ce qu'on appelle logarithmique. Donc, en fait, ici, vous avez 10 puissance 2, ça fait 100 morts par an. Ici, vous êtes 10 puissance 3, c'est 1000 morts par an.
Si vous arrivez ici, vous êtes à 100 000, 1 million, 10 puissance 6, et ici, 10 millions. Donc, vous voyez que les échelles sont en fait très très différentes. Les virus qui nous font presque le plus peur, le SRAS, l'Ebola, sont des virus qui, en fait, tuent relativement peu.
Pendant l'épidémie de SRAS, il y a eu 777 morts en 2003. L'épidémie d'Ebola de 1976 avait tué quelques centaines de personnes. Même l'épidémie tragique de 2013-2014, qui a duré 18 mois, a tué à peu près 15-20 000 personnes. Ce que je vous disais tout à l'heure, c'est que le sida, chaque jour, tue 3 000 personnes. En une semaine, le sida tue 20 000. Ces épidémies sont caractérisées par des virus à incubation courte, mais les personnes qui sont atteintes sont contagieuses après le début des symptômes. Ça, c'est absolument essentiel parce que qu'est-ce que ça veut dire ?
Que les gens vont d'abord montrer des symptômes de la maladie avant de pouvoir infecter d'autres personnes et que donc on aura un moyen d'agir, qui est de les identifier quand ils sont malades pour les mettre en isolement et mettre en quarantaine leurs contacts. En revanche, d'autres virus... comme le virus du sida ou le virus des hépatites, dont je viens de vous parler avec l'exemple de l'Egypte, sont des virus qui ont des incubations très longues. Pour le virus du sida, il faut 10 ans entre le moment où vous êtes infecté et le moment où vous allez développer le sida, la maladie.
Pour le virus de l'hépatite C, je vous le disais, il faut 30 ans entre l'infection et le moment où vous allez développer une cirrhose, un hépatocarcinome. C'est 30 ans pendant lesquels vous êtes contagieux et vous n'avez pas de symptômes. Et donc vous allez infecter votre entourage.
Et le bilan à la fin est beaucoup plus lourd pour des virus qui diffusent finalement à bas bruit, avec des incubations très longues, alors que les virus qui nous effraient, qui font la une des médias, sont des virus finalement qui donnent des flambées très brèves, mais qui vont s'arrêter assez vite dans leurs épidémies et qui vont tuer finalement beaucoup moins. Alors le contrôle de l'épidémie va reposer sur des mesures d'isolement et de quarantaine. Le SRAS nous a amené à réintroduire... Ces mesures d'isolement et de quarantaine qui n'avaient plus été utilisées depuis des décennies dans beaucoup de pays.
Il a fallu changer la législation dans les pays pour lesquels on avait des mesures de quarantaine par exemple pour 3 ou 4 maladies identifiées. Et maintenant, on a partout rajouté et pour toute autre maladie qui, par décret du ministère de la Santé, demanderait que tac, tac, tac. Parce qu'on se rend compte qu'on peut avoir maintenant des nouvelles maladies qui justifieraient des isolements, des quarantaines et que légalement, il faut pouvoir prendre les mesures nécessaires. Vous avez ici une photo quand j'étais en Chine, ils avaient mis partout des portiques qui prenaient votre température quand vous rentriez dans les bâtiments.
Et si vous aviez de la fièvre, on vous emmenait dans un hôpital pour être testé pour le SRAS, qui faisait que si vous n'aviez pas le SRAS, vous vous alliez attraper en allant dans cet hôpital. Et ce qui explique pourquoi j'étais réjoui d'avoir 37,2 à ce moment-là, puisque ça m'évitait évidemment de prendre le circuit vers l'hôpital. Juste pour vous donner un exemple, un autre coronavirus, comme le SRAS, mais qu'on appelle celui du MERS, Middle East Respiratory Syndrome, qui est transmis par les chameaux à l'homme et qui donne des infections respiratoires, il y a eu deux cas en France.
Pour ces deux cas, il a fallu faire la liste de tous leurs contacts pendant la période des étés contagieux pour les mettre en quarantaine. Le premier patient, évidemment, avait eu un goûter d'anniversaire chez lui le dimanche qui précédait son hospitalisation, avec toute la famille, 163 contacts qu'il a fallu pister. Le deuxième patient... 39 contacts.
L'institut de veille sanitaire, qui aujourd'hui s'appelle Santé publique France, qui était responsable de la lutte contre ces épidémies en France, a été intégralement mobilisé pour le suivi de ces 200 personnes pendant les 15 jours qui ont été nécessaires pour les mises en quarantaine, etc. Donc très vite, vous voyez que nos ressources sont complètement dépassées, dès qu'il s'agit de s'assurer que les bonnes personnes sont mises en isolement, que les autres sont en quarantaine et qu'on fasse le suivi de ces personnes en quarantaine. Deux coups de fil par jour, est-ce que vous avez eu de la fièvre, etc.
Donc on est quand même très très vite dépassé dans nos capacités. Les déplacements peuvent être interdits. C'est d'ailleurs ce qui est responsable de grande partie du coût de ces épidémies parce qu'à partir du moment où vous interdisez les déplacements, les réunions, les meetings, les conférences, etc., l'économie va en souffrir. Vous avez ici le déficit en passagers de la...
Cathay Pacific, qui est la compagnie de Hong Kong, une excellente compagnie aérienne, qui a failli déposer le bilan suite à l'épidémie de SRAS. Et quand j'étais en Chine, dans les hôpitaux où on travaillait... Du jour au lendemain, même pas du jour au lendemain, le même jour, les médecins, infirmiers, aides-soignants qui étaient venus le matin travailler pour la journée ont appris qu'ils ne pouvaient plus sortir de l'hôpital et ça a duré 45 jours.
Le gouvernement chinois les a gardés dans les hôpitaux pendant 45 jours. pour les empêcher d'avoir des contacts avec la population. L'université de Pékin également, ils ont fermé le campus et interdit aux étudiants de sortir.
Je ne sais pas comment ces mesures auraient été possibles en France, mais en Chine, elles ont été appliquées et elles peuvent effectivement avoir un impact. Le SRAS et l'Ebola sont des virus qui, en plus, ont un tropisme pour les personnels de santé. multiplie la gravité.
Ce que j'entends par là, c'est que vont être très à risque les médecins, infirmiers, aides-soignants qui vont s'occuper de ces patients. Ça va poser énormément de difficultés. Déjà, je me souviens pour l'épidémie de SRAS, les médecins disaient, nous on peut courir un risque à titre personnel, c'est notre métier, mais après on ne veut pas ramener un virus chez nous et infecter nos familles.
Qu'est-ce qu'on fait ? Et puis ensuite, très vite, dans les grandes villes qui ont été touchées par le SRAS, un tiers des patients... étaient du personnel hospitalier.
Qu'est-ce que ça voulait dire ? C'est qu'ils allaient occuper des lits, qu'on allait fermer les hôpitaux, qu'on ne pouvait plus accueillir les autres urgences. Donc des patients qui arrivent avec un infarctus du myocarde ne vont pas pouvoir être accueillis aux urgences.
Et Toronto, qui est quand même une ville extrêmement développée au Canada, a vu ces 5 principaux hôpitaux fermés en une semaine. Et là, tout le système s'est grippé, enrayé, parce qu'on ne pouvait plus accueillir les patients graves. Les 5 plus gros hôpitaux de Toronto étaient fermés et les patients étaient envoyés dans d'autres villes canadiennes ou aux États-Unis. Ça va très très vite. Ebola pose exactement la même difficulté.
Le personnel de santé des pays Guinée, Libéria, Sierra Leone, qui étaient déjà très peu nombreux, ont été les premiers touchés. Vous avez vu comment l'organisation des soins a été complexe. Et par cette capacité à finalement à la fois toucher le personnel de santé et obliger la fermeture des centres de soins, l'impact secondaire de ces épidémies, est terrible.
Au Libéria, il y a eu plus de morts de paludisme, de gens qui avaient le paludisme et n'ont pas voulu aller dans les centres de soins parce qu'ils savaient qu'il y avait Ebola et qui, du coup, n'ont pas été traités, qu'il y a eu de morts d'Ebola. Dans tout ça, évidemment, les médias vont s'en mêler. Pour chacune de ces alertes, vous avez des titres qui vont faire la une des journaux, qui vont...
Pour entretenir à la fois l'information et la communication pour les populations, mais également leur anxiété, il est extrêmement difficile aujourd'hui d'arriver à avoir un dialogue sain et simple avec les médias en crise épidémique. Il y a des très bons journalistes qui font extrêmement bien leur travail et avec lesquels on collabore volontiers, puis il y en a d'autres qui vont toujours tirer vers l'exceptionnel, le sensationnel, et avec lesquels ce sera très dur d'avoir une approche rationnelle. Toujours sur l'impact de ces épidémies, l'impact économique du SRAS, simplement pour vous citer que lors de l'épidémie de Hong Kong, on avait estimé à 40 milliards de dollars la baisse de productivité.
Ça, c'est l'impact sur le produit national brut pour Hong Kong du SRAS. Alors maintenant, quelques mots et on s'approche de la fin vers quelle est la plus grande menace. De tout ce qui pourrait nous arriver, celui qui nous fait le plus peur serait un virus.
Transmis par voie respiratoire, parce que là, très difficile de se protéger, on n'a pas une culture de mettre des masques, que ce soit quand on est malade ou quand on est au contact de malades, que j'appellerais hautement contagieux, on a un indicateur qu'on appelle le nombre de reproductions, qui s'appelle R0, qui ici, je le mets, s'il est supérieur à 2, on est vers une épidémie potentiellement grave. Qu'est-ce que ça veut dire 2 ? Ça veut dire que chaque patient va infecter 2 personnes dans une population où les gens n'ont pas encore été infectés. Donc c'est un phénomène exponentiel, on commence avec 1, 2, 4, 8, 16, etc.
Taux de létalité, c'est la proportion des malades qui vont mourir de leur infection. Au-delà de 1 pour 1000, c'est énorme. Il faut savoir qu'heureusement, la plupart de ces maladies ne tuent pas autant, mais à partir de 1 pour 1000, avec une épidémie contagieuse, ça va aller vite et on fera le calcul ensemble. Et le temps de génération, c'est le temps qu'il y a entre le moment où une personne est malade et le moment où les personnes qu'elle a infectées seront malades elles-mêmes. S'il est inférieur à 3 jours, la progression que je vous citais tout à l'heure du 2, 4, 8, 16, 32, vous l'appliquez tous les 3 jours, puis vous regardez ce qui se passe 3 mois plus tard, et vous verrez que vous êtes dans les millions.
Et donc, les temps de génération très courts vont permettre une diffusion extrêmement rapide de ces pandémies. Et enfin, si les patients sont contagieux avant le début des symptômes, les mesures d'isolement et de quarantaine ne vont pas être utiles, puisque les personnes auront déjà... infecter leur entourage avant même que vous ayez pu les isoler. Et si je mets tout ça ensemble, c'est la grippe.
La grippe est vraiment ce qui nous fait très peur parce qu'il est plausible de se retrouver avec un virus de la grippe. Dans les grandes pandémies, ils ont tous des R0 de l'ordre de 2-3 et le taux de létalité est vraiment la variable qui aujourd'hui déterminera l'impact de la prochaine pandémie grippale. Si on est à 1 pour 1000, c'est une catastrophe.
Un tiers de la population mondiale est touchée. On va dire 2 milliards de personnes et si vous aviez 1% de ces 2 milliards qui allaient décéder de leur infection, à ce moment-là, ça vous fait 20 millions de décès. Donc on aurait vraiment une véritable catastrophe. Pour l'instant, on a eu la chance avec le virus de 2009. On ne sait pas du tout quel sera le prochain virus de la grippe et quelle sera sa létalité.
Rappelez-vous que le virus de la grippe aviaire, qui infecte quand même l'homme, même s'il n'est pas transmissible entre les hommes, tue 50% des personnes qui l'infectent. Donc les scénarios noirs, c'est celui d'une pandémie grippale et une pandémie sévère, selon la Banque mondiale, pourrait tuer jusqu'à 70 millions de personnes et avoir un coût estimé à 3 000 milliards de dollars. Alors pour terminer, que faire ? Il y a plusieurs initiatives qui sont en cours. Une qui est menée par l'espèce de rouleau compresseur bulldozer américain, USAID, qui se dit qu'on va faire l'inventaire de tous les virus de la planète chez les animaux et comme ça on saura ce qui nous attend.
Le coût estimé est de l'ordre de 3,5 milliards de dollars. On va y participer, l'Asse du Pasteur, on va contribuer. Je ne suis pas absolument enthousiaste de cette initiative parce que les virus qui nous ont causé beaucoup de problèmes récemment sont des virus qu'on connaissait déjà.
Ebola, on le connaissait, les virus de la grippe, on les connaît, etc. Donc avoir tout le catalogue disponible n'est pas aujourd'hui ce qui nous permettra de réagir plus vite et c'est pourtant la réaction plus rapide qui est importante. Ce qu'il faut réaliser, c'est que ces émergences de nouvelles maladies, aujourd'hui, c'est totalement imprévisible. On est incapable de vous dire quel sera le prochain virus, où et quand il va émerger.
On a été, dans les dix dernières années, pris par surprise. Personne n'avait imaginé le SRAS, ni le cousin du Golfe, le MERS. Ebola, qu'on connaissait en Afrique centrale, est arrivé en Afrique de l'Ouest.
Le virus Zika, qui circulait à bas bruit en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est, C'est retrouvé partout, en tout cas en Amérique latine, très rapidement. Et la grippe qui traditionnellement vient d'Asie est arrivée du Mexique pour le dernier exemple. Donc on ne sait pas d'où arrivent ces émergences.
Et il faut comprendre que la multiplicité des événements qui font qu'un virus va tout d'un coup devenir adapté à l'homme et se transmettre, on ne peut pas encore les anticiper. Je reprends l'exemple du SRAS que j'avais détaillé avec vous tout à l'heure par rapport au... à ces restaurants du sud-est de la Chine, qui auraient pu imaginer la séquence d'événements qui a fait qu'un coronavirus qui était dans les chauves-souris soit passé chez les civettes palmistes masquées et qu'elle passe après chez l'homme et enfin dans une pandémie. Qu'est-ce qui fait que la civette était le bon animal pour finalement transmettre à l'homme un virus qui pouvait se transmettre ensuite entre les hommes ?
C'est que les récepteurs des cellules respiratoires, des muqueuses de l'oropharynx de la civette, sont très proches de ceux des hommes. Et un virus... du SRAS qui était adapté au récepteur de la civette n'avait que deux mutations à faire pour être adapté au récepteur de l'homme. Donc c'est ça qui a fait que la civette était un très bon haut intermédiaire pour nous transmettre le coronavirus du SRAS et après avoir une pandémie.
Mais cette séquence d'événements, qui pouvait la prédire ? On ne sait pas. Donc aujourd'hui, ce qui est important, c'est de pouvoir réagir vite.
Et la surveillance mondiale aujourd'hui est coordonnée par l'OMS. Elle implique un organisme qu'on appelle le GORN, le Global Outbreak Alert Research Network. Il y a un mode de fonctionnement formel qui est le règlement sanitaire international qui a été mis en place après l'épidémie de Sras et qui oblige les pays à déclarer des épidémies quand elles ont lieu chez eux. Simplement, les gouvernements n'aiment pas déclarer des épidémies. parce qu'il y a l'impact économique, il y a le tourisme, il y a l'image du pays.
Donc on a toujours besoin d'aller un petit peu tirer les verres du nez des ministres de la Santé et des gouvernements des pays concernés. Et il y a d'autres modes d'information. Un qui marche bien, c'est une surveillance qui se fait sur Internet avec des moteurs qui recherchent des mots-clés qui sont liés à des maladies, donc infections respiratoires, toux, pneumonie, etc. Vous avez la même chose pour les gastro-entérites, pour les encéphalites.
Et on surveille en fait la planète. avec ces moteurs sur tous les termes médicaux possibles, dans des langues très variées. Et ces signaux remontent et après font qu'à l'OMS, on se dit, tiens, dans telle province de je ne sais où, beaucoup de gens échangent sur les réseaux sociaux, sur Internet, autour de telle maladie, il se passe quelque chose.
Et là, on va chercher des informateurs sur place et après, on retourne vers les gouvernements en leur disant il y a un truc qui se passe chez vous Et ces moteurs, notamment GFIN, fonctionnent très bien. Je vous montre ici la carte mondiale des émergences récentes et je fais un petit peu de pub pour mon institution, l'Institut Pasteur. On a un réseau, 33 instituts dans 26 pays, avec des centres de référence, des centres de surveillance et des laboratoires équipés, qui nous permettent finalement de contribuer à la résistance mondiale.
et d'intervenir quand il y a des épidémies. Donc on fait partie de beaucoup d'organisations qui contribuent à ce réseau de surveillance mondiale des épidémies. Lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, on est notamment intervenu pour mettre en place des laboratoires de diagnostic virologique du virus Ebola en Guinée, à Conakry, et puis aussi dans des endroits très reculés comme à Sainte-Anne, comme vous le voyez avec l'hélicoptère qui est ici.
Dans les bonnes nouvelles, c'est qu'on a quand même aujourd'hui des outils d'identification des agents pathogènes, notamment des virus, qui sont beaucoup plus performants que dans le passé. Avant, en fait, on avait un échantillon, on le mettait sur des cultures cellulaires ou dans un animal, très volontiers une souris, on regardait si on reproduisait les symptômes chez la souris, et puis après on faisait une autopsie de la souris, on récupérait en microscopie électronique, on découvrait des formes qui ressemblaient à des virus, et on se disait, tiens, ça c'est la famille de tel virus. et on allait détecter le génome viral avec des outils qui permettaient d'amplifier le génome, mais quand on savait, qu'est-ce qu'on recherchait ? Aujourd'hui, on n'a plus trop besoin, même si on continue à le faire, des cultures cellulaires et des souris.
On a des méthodes de détection directes, d'amplification, de tout le matériel génomique qui est disponible dans des échantillons, sans avoir même besoin d'avoir une idée a priori de ce qu'on recherche. Et après, on amplifie tout ce qu'il y a, on filtre. On jette tout ce qui est le bruit de fond et puis on récupère les souches qui nous intéressent. Un mot sur une initiative importante qui fait suite à la crise d'Ebola.
On s'est rendu compte, pour la crise d'Ebola, et c'est vrai pour beaucoup d'autres crises, que par rapport à nos méthodes de riposte, notamment en termes de traitement et de vaccins, le temps d'une épidémie est trop court pour le développement d'un traitement spécifique ou d'un vaccin. Avec Ebola, les Canadiens avaient un vaccin qu'ils avaient développé alors que... Peu de gens s'intéressaient par Ebola parce que c'était une maladie de l'Afrique centrale et que finalement, pour les compagnies pharmaceutiques, il n'y avait pas de marché par rapport à un vaccin Ebola.
Donc c'était des académiques canadiens qui avaient développé leur vaccin, il était resté sur les étagères. Et puis quand l'épidémie est arrivée, on est allé le ressortir et puis on a commencé à faire les essais chez l'homme. La phase 1 pour voir si le vaccin est bien toléré, la phase 2 pour voir s'il stimule une réponse immunitaire.
On fait la même chose aussi chez les singes. Et puis après, on part sur la phase 3, qui est le moment où vous voyez vraiment si votre vaccin est efficace, s'il protège. Et ça, on a réussi pour Ebola à le faire in extremis. Et on a des résultats assez convaincants pour un vaccin, mais qu'on a vraiment eu dans les toutes dernières semaines de l'épidémie.
Aujourd'hui, on voudrait que ce scénario ne se reproduise pas. C'est le même qui est en train d'arriver avec Zika, d'ailleurs. Zika, il y a 30 vaccins qui sont actuellement en cours d'expérimentation.
L'épidémie, je ne serais pas surpris, va s'arrêter fin 2017. 2018, probablement, le virus continuera à circuler de façon endémique, mais plus de façon épidémique, et on n'aura plus la possibilité de tester ces vaccins Zika, alors qu'il faut une épidémie pour pouvoir les tester. Donc la coalition dont je vous parle, CEPI, Coalition for Epidemic Preparedness Innovations, vise à développer pour 11 maladies listées, les vaccins, déjà avec tout ce que vous avez besoin de faire in vitro, chez l'animal. Chez l'homme, la tolérance, est-ce que ces vaccins sont bien tolérés ? Est-ce qu'ils stimulent une réponse immunitaire qui serait protectrice si les personnes étaient vaccinées et exposées au virus ? Et finalement, avoir des vaccins prêts pour, si une épidémie se déclenche, qu'on puisse immédiatement passer à cette fameuse phase 3, qui est la phase où vous testez à large échelle si votre vaccin protège.
Donc pour 11 maladies qui ont été listées, on va préparer des vaccins et les amener à la phase que j'appelle... 2-3, qui est vraiment la phase d'expérimentation, avec des partenariats publics-privés pour que les compagnies y retrouvent leur compte, c'est-à-dire qu'elles vont recevoir de l'argent, Gates, Wellcome Trust, etc., pour le développement vaccinal, même si il n'y a pas un marché garanti derrière, et on leur promet d'acheter mettons 100 000 doses qui seront stockées à l'OMS pour répondre à une épidémie ici, épidémie il y a, et donc leur donner des motivations financières de se lancer dans le développement des vaccins. Les plans de préparation, exercices de simulation visent aussi à voir si nos sociétés sont prêtes à répondre si une épidémie se déclenchait. Tous ces plans qui ont été testés ont à chaque fois montré qu'on n'est absolument pas prêts, que c'est le chaos.
Le plus ancien, c'est l'opération Dark Winter en juin 2001, où ils avaient mis des membres du gouvernement américain et des journalistes pendant 48 heures et simulé une épidémie de variole. Et on s'était rendu compte que ce serait le foutoir complet aux Etats-Unis si une épidémie arrivait avec une... Une guerre civile quasiment, et l'armée qui intervient s'il y allait y avoir des stocks de vaccins qui ne seraient pas suffisants pour l'ensemble de la population. Donc ça, il faut continuer ces exercices.
Ils sont très formateurs, mais ils nous montrent qu'on doit rester encore aujourd'hui très humbles. Et je terminerai sur une diapo qui nous rappelle que finalement, on n'avait pas du tout la même sensibilité. Il y a 40 ans à peu près, voire 50 ans, vis-à-vis des épidémies qu'on a aujourd'hui.
Ça, c'est le passage de la grippe de Hong Kong en 69-70. Et Pierre Delamonica, qui était externe à l'époque, mais qui d'ailleurs est devenu un grand chef de service d'infectiologie à Nice, était à Lyon comme externe et raconte que pendant le week-end... Il entassait les morts.
Les gens arrivaient, mouraient d'hémorragie pulmonaire, les lèvres s'y annosaient. Il y en avait de tous les âges, 20, 30, 40. Ça durait 10, 15 jours, puis ça s'est calmé. Et puis on les a oubliés. Ça, c'était dans Libération, 8e page. Donc c'est vraiment une petite...
un petit entrefilet et vous montre qu'à l'époque on parlait peu finalement de ces épidémies. Aujourd'hui vous imaginez que si vous aviez une crise de la sorte, elle aurait un retentissement beaucoup plus important. Je vous remercie. Merci beaucoup pour cette très riche présentation qui je pense va susciter de très nombreuses questions.
Pour lancer le débat, je vais poser la première question. On a compris qu'il fallait, si on voulait surveiller, regarder ce qui se passait chez les animaux, parce que c'est souvent de là que ça a émergé. J'aurais une question qui est sur le rôle de l'évolution des systèmes de production en élevage, le rôle de l'intensification de l'élevage.
Parce que finalement, on entend à la fois que les petits élevages, surtout dans les pays du Sud, ne sont pas capables de respecter les mesures de biosécurité et que donc ils représentent un risque. Et puis en même temps que les gros élevages intensifs, du fait de l'homogénéisation, de l'âge des animaux, de leur patrimoine génétique, sont aussi un réservoir, une des usines à virus, on a même dit. Donc finalement, entre ces deux systèmes d'élevage, lequel est le plus à risque ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? C'est bien de devoir répondre à une question posée par quelqu'un qui connaît beaucoup mieux le sujet que moi.
Mais non, la seule réflexion que je peux faire toujours sur cette... Sur la crainte qu'on a, qui est vraiment celle de la grippe, et Webster, qui est vraiment le grand spécialiste de la grippe américain, insiste depuis très longtemps sur la nécessité de séparer les élevages de volailles et de porcins. Il pense que le... La façon avec laquelle ces élevages sont aujourd'hui conçus, et là ils parlent pas mal de la Chine, mais je pense que ça s'applique à d'autres endroits du monde, est telle que les échanges de virus entre les deux sont...
se produisent beaucoup plus facilement et que justement le virus de la grippe est un peu particulier parce que comme je le disais son génome est en plusieurs segments et que ces segments peuvent s'échanger entre des virus donc les réassortiments sont assez dramatiques mais que là il y a toutes les conditions réunies pour l'émergence d'un nouveau virus de grippe et donc après un risque pour la population humaine. Je connais trop peu le sujet pour pouvoir vous répondre par rapport à votre question d'ensemble sur comment devrait-on construire les élevages. Je pense que simplement, et vous avez raison de le souligner, il faut être parfaitement conscient que les virus, puisque c'est de eux qu'on parle, nous viennent pour beaucoup des animaux. Dans ce qui est de l'élevage, être extrêmement vigilant sur la façon de l'élevage est fait, et également sur la surveillance chez les animaux.
Assez paradoxalement, les animaux ont un coût économique important qui fait que les ministères se mobilisent assez vite sur une épidémie qui se développe chez les animaux, et quelquefois avec plus de vigueur même que chez les hommes, curieusement. Mais on a... réalisé, qu'on arrivait à sensibiliser ou alors qu'on avait des tensions un peu plus fortes quand les ministères réagissent en se disant attention, avec les mesures que vous prenez, vous allez avoir un impact sur l'élevage qui va... Donc les sensibilités existent, il faut savoir les utiliser de la meilleure façon.
Mais bon, voilà. Merci pour votre exposé qui était très intéressant. J'ai deux petites questions qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre. La première est... Oui, aux États-Unis, vous avez parlé du rôle des médias et aussi des réseaux sociaux.
Et aux États-Unis, récemment, il y a eu des réémergences de maladies contre lesquelles normalement les gens sont vaccinés, à cause des anti-vaxxers, des gens qui ne croient plus dans l'efficacité des vaccins et qui pensent que c'est un moyen de contrôle des populations, tout ça. Est-ce que vous pensez que c'est un phénomène qui peut être quantifiable, et des conséquences réelles sur le monde occidental notamment ? Et la deuxième question, comme ça j'ai fini, c'est vraiment de l'opportunisme, parce que je pense que vous êtes la meilleure personne à qui il a posé. D'où vient le fait qu'il n'y ait plus de vaccins contre l'hépatite B en France ? Actuellement, c'est impossible de trouver des vaccins contre l'hépatite B en France.
Vos deux questions sont liées, peut-être que vous ne l'avez pas réalisé, mais elles le sont en partie. Alors, vaccins, sujet essentiel. Les vaccins, c'est ce qui marche le mieux en santé publique.
Pour la santé des populations, on n'a rien inventé. de mieux que les vaccins pour protéger les populations contre les maladies infectieuses. Les vaccins ont des risques, mais vraiment faibles. Faibles et...
C'est vrai que malheureusement, il y a aujourd'hui des lobbies contre les vaccins qui utilisent efficacement les réseaux sociaux et qui ont un pouvoir de nuisance considérable. L'histoire a démarré avec un chercheur anglais qui s'appelle Wakefield qui avait fait des expériences sur des souris et qui en avait conclu que le virus de la rougeole pouvait provoquer l'autisme. Son papier a été publié dans une revue très prestigieuse, le Lancet.
Il a dû le rétracter par la suite parce qu'on s'est rendu compte que personne ne pouvait reproduire ses expériences, mais le mal était fait. Évidemment, les enfants sont vaccinés avant l'âge de 3 ans, et du coup... Pour des enfants qui sont diagnostiqués avec l'autisme, ils auront tous reçu des vaccins. Et une fois que la rumeur était partie, les parents qui se retrouvaient avec des enfants autistes et qui étaient très désarmés face à ces enfants, tout de suite se disaient, c'est les vaccins. Mais ce qu'on racontait est vrai.
Pour la petite histoire, toujours sur les réseaux sociaux, un grand utilisateur de réseaux sociaux aux États-Unis, aujourd'hui, Donald Trump, a proposé à Wakefield de venir s'installer au Texas dans une université américaine pour y travailler. Pour vous dire qu'il n'est pas simplement climato-sceptique, notre cher Donald Trump. Voilà. Donc, maintenant, ce qui est important avec les vaccins, c'est aussi d'avoir un langage très transparent. Je vais prendre l'exemple...
Exemple du vaccin contre le papillomavirus. Vous savez que ce papillomavirus est responsable du cancer du col du utérus chez les femmes. Il existe un vaccin, deux vaccins même, qui sont disponibles depuis une bonne dizaine d'années et pour lesquels, sur les réseaux sociaux, vous trouverez beaucoup de rumeurs par rapport à leur possibilité d'induire des maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques ou d'autres maladies.
Ce vaccin a été très surveillé. Aujourd'hui... Pour tout ce qui est maladie auto-immune, il n'y a aucune démonstration d'augmentation de ces maladies chez les jeunes filles qui ont été vaccinées pour la protection contre le papillomavirus. La seule complication qui a été documentée est une augmentation du risque de ce qu'on appelle le syndrome de Guillain-Barré, qui sont des formes de paralysie, qui surviennent pour une jeune fille vaccinée pour 100 000. Donc une vaccinée pour 100 000 va avoir cette complication. C'est une complication grave, mais qui est extrêmement rare.
Le cancer du col du utérus, je n'ai pas besoin de vous l'expliquer, est également une maladie très grave. Donc maintenant, il est très dur de lutter contre les réseaux sociaux et contre quelques personnes qui les animent, parce que eux, si vous voulez, dans leur discours, n'ont aucune limite dans les affirmations qu'ils font. Alors que nous, scientifiques, on est toujours à se remettre en question.
Ça fait partie de notre culture scientifique de se dire tout le temps, et si... C'était vrai. Et si je me trompais ? Donc, quand vous me demandez la question immédiatement, pouvez-vous nous garantir que les vaccins sont sans danger ? Tout de suite, je me mets à réciter la liste de toutes les complications que je connais, mais qui restent des choses absolument rarissimes.
Et face à quelqu'un qui sera très péremptoire et dira, mais voilà, il y a tout ça, je peux vous citer tant d'exemples de jeunes filles qui ont développé des sclérose en plaques après avoir été vaccinées par le vaccin contre le HPV. On est assez démuni. Donc le seul message que je pourrais vous donner, c'est qu'aujourd'hui, les vaccins sont quand même très sûrs, qu'ils comportent des risques, oui, mais que ces risques sont très inférieurs par rapport aux maladies dont ils nous protègent et que d'ailleurs, les victimes du fait qu'on ne se vaccine pas nécessairement tous, sont des gens qui auraient bien aimé se vacciner s'ils avaient pu. Je vais prendre l'exemple de la rougeole. Vous savez qu'aujourd'hui, beaucoup de gens remettent en question le vaccin de la rougeole.
Une fois de plus, c'est les histoires de Wexfield. Il y a eu une épidémie de rougeole en France assez importante il y a 3-4 ans, dans le sud-est de la France d'ailleurs. Le taux de couverture vaccinale était très insuffisant par rapport à ce dont on a besoin pour protéger contre la rougeole.
Mais qui sont les personnes qui sont mortes de la rougeole ? Ce sont des gens qui ont des contre-indications à la vaccination pour la rougeole, qui sont des personnes qui ont des immunosuppressions, des gens sous chimiothérapie, des gens qui suivent des traitements immunosuppresseurs, qui n'ont pas de problème. pas le droit d'être vaccinés parce qu'ils suivent des traitements immunosuppresseurs, qui attrapent la rougeole et qui en meurent, et qui auraient bien aimé se vacciner s'ils pouvaient.
Donc, il faut aussi réaliser quand même que les conséquences de ces campagnes anti-vaccins peuvent être très graves. Par rapport au vaccin d'hépatite B, lui aussi a été victime de ces inquiétudes. Il y a eu une étude malheureuse, j'ai envie de dire, sur un nombre très limité de sujets qui avait laissé entendre que le vaccin de l'hépatite B pouvait être vacciné.
pouvait être associé à la sclérose en plaques, qui avait fait qu'on avait arrêté de vacciner à l'adolescence en France, et qu'on a perdu énormément de temps par rapport à nos collègues européens qui nous enviaient tous pour notre programme de vaccination de l'hépatite B, et que le nombre de nouveaux cas, l'incidence de l'hépatite B, a beaucoup augmenté en France pendant une période. Maintenant, on est en train de rattraper le chemin. Votre question quant au fait qu'on ne trouve pas de vaccin à l'hépatite B, là, en revanche, je ne serais pas compétent pour vous répondre.
Je ne sais pas s'il y a un problème de pénurie de production de vaccins. Il y a des difficultés par rapport à certains vaccins de production, mais je n'étais pas au courant que l'hépatite B pouvait poser problème. Combien y a-t-il eu en gros de bord de la peste noire au XIVe siècle ?
Et deuxième question, est-ce qu'une épidémie de peste est-elle possible aujourd'hui ? Merci. Donc sur la mortalité de la peste noire, les chiffres sont ceux de l'époque et pas forcément fiables.
On pense qu'un tiers, alors suivant les estimations que vous verrez, on vous dira qu'un tiers de la population de l'Europe a décédé de la peste noire, d'autres vous diront un tiers des populations urbaines et que la diffusion était moins importante dans les zones rurales. Je ne... Voilà, bon. Il y a quelques registres qui étaient disponibles, qui ont pu être étudiés de façon extrêmement détaillée. Ce que je ne sais pas, c'est si ces registres ne venaient pas d'endroits qui avaient été plus touchés que les autres.
Donc je crois qu'on extrapole beaucoup à partir de quelques cas. Mais ça a été certainement la pandémie la plus sévère. qu'on ait connue, je pourrais presque dire de tous les temps, relative à la population existante.
Une épidémie de peste aujourd'hui. Alors il faut savoir que la peste circule aujourd'hui. Quand je dis circule, j'exagère. Elle est présente aujourd'hui. Il y a des foyers connus.
Madagascar est probablement le pays qui a chaque année des épidémies récurrentes de peste qui sont prévisibles et sur lesquelles on intervient et qu'on peut contenir assez bien. Il y a des... cas de peste dans l'ouest des Etats-Unis. Je ne sais pas si vous savez, dans les grands parcs, chaque année, vous verrez dans les journaux qu'il y a eu 3-4 cas de peste chez les campeurs, etc.
Donc là, ça reste très limité, mais c'est pour vous dire que c'est possible aussi dans un pays comme les Etats-Unis. Maintenant, le risque de diffusion, quand même, est relativement faible parce que il vous faut les rats, il vous faut les puces, il vous faut la proximité qui n'existe plus aujourd'hui comme elle pouvait exister au temps médiévo. Le seul Le seul scénario qui ferait peur avec la peste, c'est que sa forme clinique classique est une peste qu'on appelle bubonique, sur l'endroit de la piqûre de la puce, il y a un bubon qui se crée, et ça en fait est relativement peu contagieux, ce qui est contagieux ce sont les puces qui sont autour. En revanche, la peste peut devenir ce qu'on appelle pulmonaire, il y a des localisations secondaires dans le poumon, et à partir du moment où elle est pulmonaire, elle peut être transmise par voie respiratoire. Et il y a eu alors...
Demandez pas les dates, on va dire 96-97, mais je peux me tromper de quelques années. En Inde, un foyer de peste pulmonaire qui avait démarré et qui là avait requis... beaucoup d'attention pour le contrôler parce que à partir du moment où la peste est pulmonaire et où vous avez donc une transmission par voie respiratoire, les choses pourraient aller beaucoup plus vite. Néanmoins, ce n'est pas un des agents qui nous inquiète le plus aujourd'hui.
Oui, allo ? Oui c'est bon ça marche. Oui donc moi j'ai été un petit peu choqué, donc je vais juste partir d'un petit constat concernant l'Afrique, parce qu'il y a beaucoup de maladies qui ont émergé de ce perso-là dû à la proxime.
avec beaucoup d'animaux comme les primates ou les chauves-souris. On n'est pas censé ignorer que les prochaines mégalopoles qui vont arriver seront en Afrique, avec une explosion démographique. qui va être multiplié par beaucoup. Donc je voudrais savoir si on risque pas d'être un peu dépassé quand on voit par exemple avec Ebola en 2013-2014 qui n'a fait que 15 000 morts, mais le bordel que ça a un peu impliqué au niveau de l'organisation, le manque d'informations, la rapidité d'informations qui se passe en Afrique par un manque de développement informatique. Est-ce que tout ça...
C'est pris en compte. Est-ce qu'il y a un plan quand on voit la simulation qui se passait aux USA, qui a été un échec ? Qu'est-ce qu'on peut espérer pour un continent comme l'Afrique ?
Merci. Pour rester sur l'exemple d'Ebola, ce qui a fait la gravité de la crise de 2013-2014, c'était l'impréparation des pays concernés et l'état de délabrement majeur des systèmes de santé dans lesquels l'épidémie s'est répandue. Il y a eu plusieurs facteurs.
D'abord, le... le virus est sorti au carrefour entre la Guinée, Sierra Leone et l'Iberia, région qu'on appelle Gekédou, dans un grand marché, avec beaucoup de passages entre les trois pays dans cette région. Assez vite, le virus s'est retrouvé en capitale, à Conakry, à Freetown et à Morovia. Et donc là, effectivement, une transmission en zone urbaine qui est beaucoup plus difficile à contrôler.
Mais c'était aussi des pays comme l'Iberia et Sierra Leone qui sortaient de la région. C'était de X années de guerre civile, dans un état de pauvreté majeur. Le nombre de médecins ou infirmiers par habitant était un des plus bas d'Afrique. fonctionnait absolument pas, des populations d'ailleurs qui ont eu beaucoup de défiance par rapport au gouvernement pour beaucoup de bonnes raisons. Et donc on avait vraiment tous les ingrédients pour que l'épidémie puisse se développer.
Si vous prenez l'exemple de la RDC, la République démocratique du Congo, vous avez encore aujourd'hui des épidémies d'Ebola. Eux connaissent Ebola et arrivent à le contenir bien. Et il y a eu une épidémie en août 2014, quasi inaperçue, parce qu'il y avait la grande épidémie. d'épidémies en Afrique de l'Ouest en même temps.
En août 2014, une épidémie d'Ebola en RDC qui a été contenue immédiatement parce qu'ils savent comment faire. Ils en ont l'expérience. Après, les circonstances sont très différentes.
Ce sont des petits villages très reculés en forêt tropicale. Vous coupez la route, un barrage, vous envoyez les équipes et l'épidémie est contenue. Le message pour moi, c'est de dire que l'effort à faire aujourd'hui, c'est dans la restructuration du système de santé de ces pays. C'est vraiment dans le développement qui va accompagner l'expansion que vous citiez dans votre question, que ce développement se fasse aussi sur les structures sanitaires, les systèmes de surveillance, et pour permettre à ces pays de réagir. Je sais que c'est un travail titanesque, parce que beaucoup de ces pays partent de très loin, mais c'est vraiment là-dessus qu'il faut s'orienter, parce que c'est vraiment le tas de délabrement des systèmes de santé des trois pays.
trois pays d'Afrique de l'Ouest qui a permis l'épidémie 2013-2014. Mais on partage votre inquiétude et je crois que la meilleure chose qu'on peut faire, c'est aider ces pays dans le développement de leur structure sanitaire, même si c'est une tâche considérable. Je peux ? Oui, deux petites questions simples, vraiment de praticien. D'une part, on parle régulièrement de risques épidémiques.
dans le sud de la France, dans la partie méditerranéenne, existe-t-il réellement, notamment pour les herboviroses dont vous avez parlé ? Et puis, deuxièmement, vous l'avez évoqué pour le vaccin contre l'hépatite B. Je voulais juste savoir, justement, en tant que praticien, si on peut vraiment rassurer les patients, leur dire, bon, voilà, même en gardant les...
l'esprit du doute scientifique, franchement, il n'y a pas de problème. Pour la première question, qui était dans le sud de la France, le risque épidémique, on va parler des arbovirus, qui est peut-être celui qui est le plus d'actualité. Ce qui est particulier, c'est la présence de Aedes albopictus, qui est un des moustiques capables de transmettre un certain nombre des agents que je citais.
La dengue, Chikungunya, maintenant le Zika. Des cas importés, on en a régulièrement pour ces maladies-là. Des transmissions autochtones sur le territoire français liées à des moustiques. Il y a eu quelques foyers décrits très vite circonscrits dans les étés précédents pour la dengue et le chikungunya. Mais on parle à chaque fois au maximum 5 cas pour le chikungunya.
Sinon, c'est le plus souvent 2-3 cas maximum. Et des mesures immédiates qui sont prises autour des domiciles de ces cas pour éliminer les Aedes albopictus. Pour Zika, on pense que Aedes albopictus n'est pas un bon vecteur. On sait en laboratoire qu'il peut transmettre le virus Zika, mais il ne le fait pas de façon efficace. Et l'été dernier, quand l'épidémie battait son plein en Amérique latine, il y a eu en France, je ne saurais pas dire de mémoire le chiffre exact, mais je dirais que c'est dans l'ordre de 1000 patients.
patient revenu en France avec un Zika acquis aux Antilles ou en Amérique latine, et il n'y a pas eu de transmission secondaire en France liée à des moustiques pour le virus Zika. Il y a eu des transmissions par voie sexuelle. Je n'ai pas eu le temps de parler du virus Zika, mais outre la transmission par les moustiques, il est possible pour des hommes infectés de transmettre sexuellement le virus à leur partenaire sexuel. Ça reste relativement rare, mais c'est possible. En France, en tout cas, sur les arbres viraux et...
et Zika, on n'est pas très inquiet par rapport à Adesalvopictus. Il faut savoir que la période où Adesalvopictus est active, c'est août-septembre, qu'en revanche, même en période active, les densités de moustiques qu'on a en France sont très inférieures à celles qu'on retrouve en Amérique latine. Et que donc, on n'est pas inquiet sur une propagation majeure.
Maintenant, avec le réchauffement climatique, et si vous vous projetez dans 10 à 20 ans, il se pourrait que les densités de moustiques deviennent plus importantes, voire que d'autres espèces de moustiques soient importées et qu'on puisse, que ces maladies puissent nous... poser des difficultés mais je pense qu'elles seront des vraies... Vous, dans votre quotidien de généraliste ou de praticien, ces maladies vous poseront réellement des problèmes. Vaccin d'hépatite B, il y avait une première étude qui portait sur très peu de cas, qui laissait entendre qu'il pourrait y avoir une association avec la sclérose en plaques. Il y a eu de très nombreux...
études qui ont été refaites depuis. Je citerai la plus large qui est l'accord des infirmières américaines. 250 000 femmes suivies depuis 30 ans qui ont toutes, enfin, beaucoup d'entre elles, été vaccinées par le vaccin d'hépatite B parce qu'elles sont... infirmières et que c'est important pour le personnel de santé d'être vacciné et aucune association trouvée entre hépatite B et sclérose en plaques et là on parle de 250 000 femmes suivies 30 ans donc toutes les études qui ont été faites depuis ont écarté un risque et je pense que vous pouvez être totalement rassuré par rapport au vaccin hépatite B ce que je cite toujours dans ces cas là c'est que je vaccine mes enfants pour toutes ces maladies là et que en tant que père de famille et qu'on se pose la question pour ses proches, on y réfléchit toujours évidemment à deux fois.
Bonsoir. Arnaud, tu as focalisé cette présentation exclusivement sur les maladies et les épidémies à transmission aérienne, respiratoire et un peu sanguine avec le sida. Et pourquoi on ne peut pas trouver d'épidémie comme ça à transmission hydrique ?
Le choléra, c'est le plus emblématique et ça me paraît une menace de plus en plus importante, surtout par les temps. temps qui courent avec les réfugiés, avec les mouvements de population, etc. Pourquoi ? C'est une question de temps. Sur une heure, j'ai mis une heure quatre minutes.
Je ne vous ai pas parlé d'Ebola, par exemple, qui est un sujet sur lequel on a évidemment beaucoup travaillé très récemment. Je vous ai très peu parlé d'Ika. Non, non, vous avez parfaitement raison de citer le choléra, qui est une des grandes maladies.
grandes maladies épidémiques du moment et qui posent beaucoup de difficultés dans les camps de réfugiés et les personnes déplacées. Sur d'autres, j'essaie de faire un petit peu le tour de ce que je n'ai pas cité d'important. Ce que j'ai envie de dire, c'est plutôt que chacune des épidémies que j'ai évoquées aurait pu faire l'objet d'une conférence d'une heure, une heure et demie sans difficulté.
Vous avez parfaitement raison. rappeler le colérage, j'essaie de voir je ne sais pas s'il y a d'autres on est passé à côté de grandes maladies épidémiques du moment alors il faut savoir qu'on est on est constamment sollicité pour des alertes épidémiques aussi qui heureusement s'avèrent le plus souvent être des fausses alertes et c'est mais on a tendance à dire que le plus grand bioterroriste finalement pour nous c'est la nature qui a eu qui constamment donnent des opportunités à des nouveaux pathogènes pour arriver en population humaine et qui les bloquent. Un des sujets qui nous préoccupe beaucoup, que je n'ai pas abordé, et qui est une mode d'émergence un peu particulière, c'est la résistance aux antibiotiques, qui est, je pense, à un moment, on va atteindre un moment, je connais le mot en anglais, turning point.
point, mais en français, je ne saurais plus trop dire. Charnière, merci. Un moment charnière.
Aujourd'hui, ça reste un problème pour des infections touchant des sujets qui ont des systèmes immunitaires déficients, en réanimation, en chimiothérapie. C'est là où ces pathogènes résistants posent le plus de difficultés. Il n'est pas exclu que dans des années à venir, on commence à avoir des pathogènes très classiques.
qui posent des vrais problèmes de prise en charge. L'infection urinaire chez la femme à Echer et chez Acoli pourrait devenir un véritable... Je ne vais pas utiliser le terme de calvaire, il serait peut-être trop fort, mais on commence à avoir des case reports des Etats-Unis de femmes qui ont des infections urinaires, elles sont en parfaite santé autrement et elles ont énormément de difficultés à s'en débarrasser.
Et là, je crois qu'on risque d'avoir des vrais soucis dans les... 20 ans à venir, et peut-être plus loin. Bonsoir.
Merci pour cette conférence débat. Je voulais vous parler de ce qui s'est passé, donc à peu près, je crois que c'était à Shainan en 2009, faisant partie du corps médical. J'ai eu l'expérience sur le terrain. Et ce qui continue à me profondément choquer, c'est que vous avez parlé de ce corps médical qui avait été en Chine en quarantaine. et qu'elle s'était laissée enfermée dans l'hôpital pour soigner, très bien.
Alors nous, on a été un peu confrontés à ça sur le terrain, et on nous a dit, mesdames, messieurs, s'il se passe quelque chose à Montpellier, vous avez une zone plan blanc, voilà, et puis vous ne quittez plus l'hôpital, point. Et il faut savoir que quand même le corps médical se reproduit généralement avec le corps médical. Et donc on se retrouvait, ben, parents, en se disant, mais n'importe quand, j'aurai mon enfant dehors et moi dedans.
Et comment je fais ? Et ça peut arriver n'importe quand. Déjà on se dit mais et les vêtements on fait quoi ? Et on se change comment ? Parce qu'il faut savoir que l'organisation des fois ça pêche un peu.
Et surtout à l'heure actuelle avec l'état des hôpitaux. Et alors là on est toutes venues avec nos petites culottes. notre déo, toujours ça dans notre petit vestiaire rikiki. Et puis après, on a regardé le temps de vie des masques, parce qu'aériens.
Et là, on s'est dit, oula, mais où est-ce qu'on va aller se changer ? Comment ils vont nous organiser ça ? Parce que le parcours du patient, très bien d'organiser. Ça, il n'y a pas un souci, bien que des fois, ça laissait à désirer. Parce qu'entre le moment où ils arrivaient à l'accueil, où on les orientait un peu n'importe comment, et qu'ils montaient, qu'ils avaient craché partout avant d'arriver.
Alors je dis, franchement, est-ce qu'on est vraiment prêts ? Parce que moi, personnellement, je n'y crois pas du tout. Voilà. Alors... Non, mais vous avez parfaitement raison.
C'est pour ça que... Est-ce qu'une cellule a pris en charge de prévenir les familles, récupérer les enfants à la crèche ? Enfin, voilà, c'est du B.A.B. Mais je pense que c'est bien de s'organiser. Mais je pense qu'à un moment, il faudrait peut-être prévoir, je ne sais pas, une zone déjà prête de change. et que c'était pas, pas attendre le dernier moment pour avoir les fameux sacs noirs à zip savoir où chercher les masques canards, puis avoir un stock un peu suffisant pas travailler en flux tendu parce qu'à l'heure actuelle on est vraiment en flux tendu voilà je pense que la problématique hospitalière à l'heure actuelle elle est telle que en cas de crise, bonjour les dégâts non non mais je pense qu'on est pas prêt du tout je suis, alors après c'est c'est également C'est un métier extrêmement difficile que de pouvoir organiser la logistique d'une crise comme celle qu'on pourrait imaginer.
Ce qui était révélateur en 2009 pour moi, mais à un autre niveau, je n'ai pas votre pratique hospitalière, c'était de voir qu'il y a un plan qui existait. La France était citée parce qu'elle avait probablement en Europe le meilleur plan de préparation pour la grippe sur le papier. Et en même temps, on s'est rendu compte assez vite, il y avait une graduation du niveau d'alerte qui suivait les recommandations de l'OMS et qui faisait que quand on passait en phase, je ne sais plus comment c'était le terme exact, mais c'était 3, 4, 5, etc., telle mesure devait être prise.
Et vous avez, au niveau du gouvernement français, cela se reflétait par un passage des responsabilités d'abord au ministre de la Santé. Puis après, on arrive au ministre de l'Intérieur. Après, c'est intérieur et défense, et puis Premier ministre.
Et selon la graduation qui nous était donnée par l'OMS. Le seul problème, c'est que le plan de préparation de la grippe avait été fait pour une émergence de la grippe aviaire, donc un virus qui tue réellement et où il y aurait eu une crise sanitaire en France majeure. Or là, on se retrouvait avec un virus qui était transmissible et qui, de ce fait, franchissait toutes les étapes de la graduation de l'OMS. OMS pour devenir pandémique, etc. Mais qui, heureusement, ne tuait pas.
Et du coup, on n'a pas vécu du tout les conséquences qu'on aurait pu craindre. Néanmoins, les échelons, on voyait qu'on grimpait les échelons. Et au nouvel gouvernement, on arrive dans des situations de crispation où, un jour, le ministère de l'Intérieur dit Ah ben aujourd'hui, c'est moi qui suis en charge. C'est écrit là.
Et puis, il parle aux préfets qui mettent en route toutes leurs... toutes les directives et les corps de métier, les politiques. policiers, les gendarmes, les pompiers, etc. sont saisis et ils ont des ordres. Et c'est des ordres qui viennent du préfet. Et vous pouvez être là en train de leur dire Mais attendez, on s'est complètement trompé.
Le plan, il était fait pour un virus qui était potentiellement dangereux. Et on se retrouve avec un virus tout à fait bénin. Donc on va pas appliquer des trucs à la lettre. Ça n'a aucun sens. Et les personnes qui ne sont plus du corps médical vous répondent Moi, j'ai mon ordre du préfet.
Ça vient du ministre de l'Intérieur. Je fais ce qu'on m'a dit de faire. Et c'est là où on se rend compte qu'effectivement, un, la complexité de ces plans, parce que quand même, je pense que ça doit être extrêmement difficile d'organiser la réaction à des crises majeures.
Mais deux, on voit aussi qu'on arrive dans des systèmes qui, forcément, deviendront très autoritaires dans leur fonctionnement, avec des corps de métier qui ne sont plus du domaine de la santé, et qui vont appliquer à la lettre des directives qu'ils ont reçues, parce qu'eux vont pouvoir dire, moi, tant que je fais ce qu'on m'a dit de faire... Je fais bien, mais nous ne voudrons plus du tout réfléchir par rapport à la situation réelle. La leçon qu'on en tire, quand je regarde un petit peu les pays européens, ceux qui ont l'air de s'organiser aujourd'hui le mieux sont les Anglais, avec un groupe qu'ils appellent Cobra, qui est au sein de chacun des ministères. Alors là, vous prenez la Défense de l'Intérieur, la Santé, l'Agriculture, tous les ministères potentiellement concernés.
Ils ont un point focal, et c'est le même. qui restent d'une crise sur l'autre, donc les gens se connaissent et se réunissent régulièrement. Et quand une nouvelle crise arrive, vous vous retrouvez avec des interlocuteurs que vous connaissiez, avec qui vous aviez géré la crise précédente, avec qui vous avez des liens, éventuellement d'amitié qui se sont créés, etc.
Et leur système, aujourd'hui, semble quand même mieux huilé que le nôtre, où quand on se retrouve sur des crises, alors moi j'y participerai accessoirement, il m'arrive d'être appelé par le ministère de la Santé pour... sur le MERS notamment, quand il y avait eu des cas en France, etc. Mais je pense que nous, on doit refaire à chaque fois, recréer des liens, recréer une dynamique. Et je suis très inquiet d'une crise sanitaire majeure qui surviendrait en France. Je suis d'accord avec vous, on n'est pas prêts.
On va prendre une dernière question derrière. Oui, bonsoir. D'abord, merci beaucoup.
C'est une chance d'avoir votre bilan. J'ai deux questions, je pense, courtes. La première, c'est un petit rappel en biologie. Il me semble avoir entendu, peut-être que je me trompe, symbiose virus et espèce réservoir.
Un virus, est-ce qu'il peut avoir un apport positif ou est-ce qu'il existe uniquement pour nous nuire ? Et deuxième question, je suis un peu étonnée pour les peurs pour la fièvre jaune à Rio, parce que tous les touristes qui vont danser au Brésil, on est tous vaccinés pour rentrer sur le territoire, donc c'est beaucoup, un nombre important de personnes. Il suffit d'une injection pour une protection à vie, ça m'étonne qu'on ne puisse pas protéger une ville comme Rio. par le vaccin.
D'accord. Alors, sur l'utilité des virus, c'est une bonne colle. Je ne peux pas croire qu'il n'est pas une utilité. J'ai du mal à pouvoir vous dire dès maintenant des éléments positifs.
Ce qui est fascinant pour nous, c'est le système immunitaire de la chauve-souris comme modèle de système immunitaire parce qu'elles sont capables de tolérer des virus qui sont extrêmement nocifs pour l'homme. Il y a quelques spécialistes au monde, mais ils sont très peu nombreux, qui travaillent sur le système immunitaire de la chauve-souris, en espérant pouvoir en retirer des informations qui nous seraient utiles par rapport à comment optimiser nos défenses immunitaires, nos vaccins, etc. Parce qu'il y a vraiment, chez la chauve-souris, quelque chose d'extrêmement particulier. Il y a des virus qui ont la capacité d'intégrer le génome humain et qui ont laissé des traces. Maintenant, d'être capable de vous dire comme ça, à chaud, un exemple d'un...
d'un bénéfice des virus. Je sèche un peu là-dessus, mais il y a peut-être quelqu'un qui saurait. Des bioterroristes, peut-être, pourraient répondre à ça.
J'aurais pas, mais ça doit sûrement exister. Je ne peux pas croire que ça n'existerait pas. Votre deuxième question était sur Rio de Janeiro et la fièvre jaune. Alors, ce qui nous inquiète aujourd'hui, c'est les populations locales au Brésil, qui sont, pour l'instant, l'épidémie est d'abord...
décimer les singes hurleurs d'une région du Brésil où elle se répand. Dans les cas humains, on a déjà plusieurs centaines de morts, ce qui n'est quand même pas rien sur une région. Et on se rapproche de Rio.
Les difficultés qu'on a aujourd'hui, c'est les stocks de vaccins de fièvre jaune, qui sont vraiment très insuffisants à l'échelle de la population mondiale. Et on n'a pas de laboratoire pour les produire dans les quantités suffisantes qui seraient requises si on devait se mettre à vacciner des grandes mégalopoles comme les mégalopoles brésiliennes. Je ne sais pas quels sont les producteurs de vaccins au Brésil.
Ils ont une très bonne industrie de production de vaccins de Généry-Tram. Mais je crois qu'actuellement, si l'épidémie devait gagner... ville de la taille de Rio de Janeiro, on n'aurait vraiment, on ne serait pas en mesure de vacciner rapidement comme on devrait le faire.
Maintenant, ils connaissent bien la fièvre jaune au Brésil. Ils ont eu à faire face à la fièvre jaune pendant très longtemps. Ils avaient réussi à la stopper dans les années 60 grâce au contrôle des moustiques, contrôle vectoriel. On s'interroge aujourd'hui pour savoir pourquoi est-ce qu'on n'a pas été capable de, à nouveau, contrôler les moustiques quand il a fallu le faire contre la dengue. Est-ce que c'est les densités de moustiques qui étaient plus fortes ou est-ce que c'est que que les mesures qu'ils avaient prises dans les années 60, qui étaient assez volontiers punitives, n'ont pas été reprises de la même façon, on ne le sait pas.
Heureusement, de tout ce que je raconte, rien ne se passera. Mais je mets juste l'accent sur ces points-là, parce que c'est, je pense, ceux qui sont aujourd'hui les plus préoccupants. Merci. Merci beaucoup, Arnaud Fontané.
Merci également à Muriel Figuier d'avoir accepté de vous présenter ce soir.