Transcript for:
Comment lutter contre le chômage ?

Salut c'est Perrine de la boîte à bac, bienvenue dans cette nouvelle vidéo de SES dans laquelle on va tenter de répondre à une des grandes questions existentielles du 21e siècle, comment lutter contre le chômage. Je dis 21e siècle mais en vérité la lutte contre le chômage de masse a réellement commencé à partir des années 70 car c'est là que la situation est devenue vraiment inquiétante. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est que si on s'intéresse à ce phénomène d'un point de vue historique, on peut constater un changement de mentalité assez interpellant.

En 1974, Valéry Giscard d'Ista disait Le gouvernement fera le nécessaire à temps pour vous protéger du chômage. Il en a la volonté et il en a les moyens. En 1988, c'était Mitterrand qui s'est interrogé.

Peut-on laisser ces nouveaux pauvres ? Le chômage était donc encore considéré comme un risque social et non un risque individuel. 30 ans plus tard, le poids de vue a manifestement changé.

Je traverse la rue, je vous en trouve, il y a simplement des gens qui sont prêts à travailler, avec les contraintes du métier. Tu commences à me connaître, je ne peux pas m'empêcher de faire un peu d'humour. Mais ceci dit, ces extraits sont particulièrement parlants pour illustrer l'esprit de ce chapitre, dans lequel nous allons aborder les causes du chômage et les politiques mises en œuvre pour lutter contre celui-ci.

En effet, si on estime que le chômeur est responsable de sa situation, on ne va pas proposer les mêmes politiques que si on estime que le chômage vient d'un déséquilibre sur le marché du travail par exemple, et que donc ce n'est pas la faute du chômeur. Les politiques d'emploi doivent donc s'attaquer à un problème qui peut avoir des causes bien différentes, d'où la difficulté de les mettre en place et le fait qu'elles sont parfois contradictoires. Mais je ne voudrais pas te spoiler, il va falloir regarder toute la vidéo pour comprendre ça. Petit rappel, au cas où tu n'aurais pas encore regardé la vidéo sur les mutations du travail et de l'emploi, tu peux trouver toutes les notions et les savoir-faire relatifs au chapitre sur le chômage dans notre application La Boîte à Bac. J'y aborde les notions de chômage, de sous-emploi et d'inactivité.

ainsi que les divers indicateurs utiles pour ce chapitre. L'appli contient également des fiches, plus de 1000 questions, réponses en terminale pour apprendre et tester tes connaissances, un super algorithme qui adapte les questions à ton niveau et du contenu dans plein d'autres matières. Bref, je te conseille vraiment de laisser... D'autant plus que tu as droit à 5 contenus gratuits par matière pour te faire une idée.

Dans cette vidéo, je vais t'expliquer les spécificités du marché du travail, puis on va aborder les différentes causes du chômage, et terminer par les politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre celui-ci, qu'on appelle également les politiques d'emploi. Quelles sont les spécificités du marché du travail ? Pour rappel, il ne faut pas confondre un travail qui est l'activité humaine qui a pour but de produire des biens et des services, et un emploi, qui est une activité professionnelle donnant le droit à une rémunération et qui ouvre le droit à la protection sociale. C'est important de bien noter cette différence pour que tu comprennes la suite des explications.

A l'époque des premières théories sur le travail, au XIXe siècle environ, les économistes classiques ont considéré que le travail s'échangeait sur un marché entre offreurs et demandeurs. Oui, oui ! exactement comme tu as vu en première avec le marché des biens et des services. Enfin, pas exactement la même chose, car sur le marché du travail, on n'échange pas des biens et des services à un certain prix, mais bien du travail en échange d'un salaire.

Sur ce marché, les offreurs sont les travailleurs qui offrent leur force de travail à des employeurs qui sont, eux, demandeurs de travail pour réaliser telle ou telle tâche. Par contre, si on parle du marché de l'emploi, l'offre représente les emplois proposés par les employeurs aux travailleurs qui sont donc demandeurs d'emploi. J'espère que tu suis toujours.

Dans cette vidéo, on va parler du marché du travail et non de l'emploi. Donc, quand je dis demande je parle des employeurs et quand je dis offre je parle des actifs, c'est-à-dire les personnes qui ont un travail et celles qui en cherchent un. Autrement dit, les personnes qui ont une force de travail à proposer sur le marché.

Sur ce marché, le salaire varie, tout comme le prix sur le marché des biens. L'équilibre est la confrontation entre l'offre et la demande. C'est la situation pour laquelle il n'y a ni chômage ni pénurie de main-d'œuvre. Pour autant que tous les acteurs du marché acceptent le salaire d'équilibre.

Dès lors, selon les économistes classiques, le chômage n'existe pas. En effet, le salaire s'ajustant sur le marché en fonction de l'offre et de la demande, il y aura toujours du travail pour tout le monde. Ceux qui ne travaillent pas, c'est parce qu'ils refusent le salaire d'équilibre.

Les économistes classiques les considèrent donc comme des chômeurs volontaires. Ça, c'est donc la théorie classique du marché du travail. Très certainement pertinente et avant-gardiste il y a quelques centaines d'années, mais aujourd'hui, elle aurait bien besoin d'un petit lifting.

Voyons à présent les explications qui ont été données par d'autres économistes pour expliquer le chômage. Quelles sont les causes du chômage ? Au troisième top, le taux de chômage en France au sens du BIT était de 7,3%. Mais que se cache-t-il derrière ce taux ? Ou, autrement dit, comment expliquer qu'entre 2 et 5 millions de personnes, sans la façon de compter, ne trouvent pas de travail ?

Keynes est l'un des premiers à établir un lien entre activité économique et niveau de l'emploi en 1929. Il est aussi le premier à analyser le chômage comme étant un phénomène involontaire. Comme tu le sais, car tu as évidemment regardé les vidéos sur la croissance économique, les variations de l'activité économique sont mesurées par le PIB. En période de croissance, on va avoir besoin d'un volume d'heures de travail plus important qu'en période de récession.

Cela nous semble assez logique aujourd'hui, mais à l'époque de Keynes, cette découverte fut révolutionnaire. Si l'activité économique ralentit, la demande globale diminue. Du coup, les entreprises vont réduire leur volume de production et licencier des travailleurs.

Bim, le chômage augmente. Quelques dizaines d'années plus tard, Arthur O'Koon, un économiste américain, a analysé le taux de croissance du PIB et l'évolution du taux de chômage de plusieurs pays et a mis en lumière un lien de corrélation entre ces deux variables. Très humblement, il a nommé cette découverte la loi d'O'Koon. Mais il voit aussi que la corrélation n'est pas parfaite, constante et immédiate. Voyons ça.

Avec la loi d'O'Koon, on voit que les théories de Keynes sont toujours d'actualité aujourd'hui, bien que le seuil de déclenchement, c'est-à-dire le moment à partir duquel une hausse de la croissance économique a des effets sur l'emploi évolue au cours du temps n'est pas le même d'un pays à l'autre, tout comme l'impact de la croissance sur le chômage. Par exemple, dans les années 80, il fallait une hausse du PIB de presque 5% pour pouvoir voir des effets sur le chômage. Alors qu'aujourd'hui, une hausse de la croissance économique de 1% a déjà des effets. De plus, il faut garder à l'esprit que l'effet de la croissance sur une baisse du taux de chômage n'est pas immédiat.

Pas besoin d'un doctorat en économie pour comprendre ça. Mets-toi à la place d'un chef d'entreprise qui vient de subir 3 années de ralentissement de son activité. Ce n'est pas parce que ton activité repart à la hausse pendant un trimestre que tu vas embaucher 10 personnes. Ben non, toi, tu gères ton entreprise en bon père de famille.

Et donc tu vas attendre quelques mois afin de t'assurer qu'il s'agit bien d'une réelle reprise économique et pas d'un petit rebond avant d'emboucher. Si on transpose ce raisonnement à toutes les entreprises, et qu'on fait une analyse macroéconomique, cela explique pourquoi, avant de voir des effets sur la baisse du taux de chômage suite à une reprise de l'activité économique, il faut être un peu patient. Ce chômage causé par les fluctuations de l'activité économique est appelé chômage conjoncturel. Et pendant très longtemps, c'était la seule cause de chômage qui existait selon les économistes.

À part les fameux chômeurs volontaires des classiques, évidemment. Mais ça, c'était avant que l'on constate que même dans les périodes de forte croissance économique,... il semblait persister un taux de chômage incompressible.

C'est le cas en France depuis la fin des années 70, où, malgré une reprise après le second choc pétrolier, le plein emploi ne semble plus qu'un lointain souvenir. C'est depuis cette époque que l'on parle d'un chômage structurel, c'est-à-dire un chômage qui n'est pas lié aux variations de l'activité économique, mais bien à des évolutions démographiques, sociales, qui obligent les acteurs à s'adapter. Tant qu'on est dans les définitions, j'en profite pour en placer une petite dernière. Celle du chômage frictionnel, qui est un chômage temporaire de courte durée, lorsqu'une personne est entre deux emplois par exemple. Si tu ne trouves pas immédiatement du travail après tes études, ce sera aussi considéré comme du chômage frictionnel.

Mais, pour les économistes classiques, c'est lié au fonctionnement normal du marché du travail. On ne doit donc pas trop s'en inquiéter. Tu me diras dans 5 ans, hein ?

Pour l'instant, occupons-nous de la part du chômage structurel qui est inquiétante et qui peut s'expliquer par plusieurs facteurs. La première, est l'inadéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail. En 2023, il y avait plus de 350 000 emplois vacants en France.

Je sais déjà ce que tu vas me dire. Pourquoi est-ce qu'on ne donne pas ces emplois aux millions de chômeurs qui n'attendent que ça ? J'aimerais que cela soit si simple, mais le bac serait trop facile.

Le problème d'appariement, c'est la difficulté de faire correspondre les compétences, la localisation et les préférences des travailleurs avec les emplois disponibles chez les employeurs. Par exemple, on manque... cruellement d'ingénieur ou de prof d'économie.

Au mois de septembre, j'ai été harcelée de coups de téléphone d'établissements scolaires qui cherchaient désespérément un prof d'éco. Pourquoi ? Eh bien parce que malgré l'attrait incroyable de la profession, il y a une pénurie de profs d'éco.

Vous vous rendez compte que j'ai quand même dû aller chercher quelqu'un en Belgique pour tourner ces vidéos ? Tu vas peut-être me dire que c'est lié au diplôme. C'est vrai pour une partie des emplois vacants.

Les employeurs n'arrivent pas à trouver des personnes qui ont les qualifications nécessaires pour le job. Quand je dis qualifications, cela ne veut pas nécessairement dire un niveau de diplôme élevé. Parce qu'on manque aussi cruellement de personnel dans des métiers qui n'exigent pas un master mais via des compétences très spécifiques que l'on n'acquiert pas en traversant la rue. Mais ce n'est pas la seule explication, car il y a aussi pénurie de métiers très peu qualifiés. Dans les secteurs de la construction, de l'hôtellerie ou de la restauration par exemple, ce sont des métiers qui sont a priori accessibles à tout le monde.

Mais dans ces secteurs, la main d'œuvre travaille dans des conditions très difficiles pour un salaire peu attractif. Dès lors, il y a un gros turnover et les travailleurs délaissent ces postes dès qu'ils en trouvent un autre. Les problèmes d'appariement s'expliquent aussi par la taille de votre beau pays. Par exemple, le taux de chômage est plus élevé dans le Nord que dans la capitale.

Mais on ne peut honnêtement pas demander à Lillois de se taper 7 heures de voiture par jour pour aller travailler à Paris. Oui, enfin c'est juste 2 heures aller-retour en TGV et il pourrait très bien déménager à Paris si vraiment il voulait travailler. Quel paresseux !

Il n'y aurait donc pas un, mais plusieurs marchés du travail, selon les qualifications recherchées et la localisation. Ce qui explique... que coexistent au niveau national des employeurs qui ne trouvent pas de candidats et des demandeurs d'emploi qui restent sur le carreau. On peut également expliquer le chômage structurel par les asymétries d'information.

Comme tu as été très attentif en première, tu sais que les asymétries d'information sont une défaillance de marché. Une asymétrie d'information est une situation dans laquelle les offreurs et les demandeurs ne disposent pas des mêmes informations, ce qui impacte le bon fonctionnement du marché. Joseph Stiglitz ancien économiste de la Banque mondiale, rien que ça, a appliqué cette théorie au marché du travail. Il a d'ailleurs reçu un prix Nobel pour ces théories, avec ses BFF Akerlof et Spence. Remettons-nous dans la peau de notre employeur.

On est début 2024. Il fait polaire. L'ONU annonce un nouveau ralentissement de la croissance, mais moi, je suis dans un secteur d'activité en plein boom. Disons l'intelligence artificielle, par exemple. Je suis à la recherche d'informaticiens. Je mets donc une petite annonce et je reçois les candidats.

Sur papier, c'est-à-dire sur CV, ils ont tous l'air super, mais en vérité, j'ai assez peu d'éléments pour évaluer leur réelle productivité et motivation. Comment choisir ? La théorie de notre ami Joseph est que, du coup, les employeurs vont proposer un salaire au-dessus du salaire d'équilibre, appelé salaire d'efficience. Grâce à ce salaire alléchant, je vais donc attirer les meilleurs candidats.

Et, comme ils seront très reconnaissants, ils vont donner le meilleur d'eux-mêmes. et surtout rester dans mon entreprise. Tu te demandes quel est le rapport avec le chômage ?

Je t'explique. Bien que ce raisonnement ait du sens au niveau individuel, au niveau macroéconomique, il pose problème. En effet, ce salaire étant plus élevé que le salaire d'équilibre, il diminue la demande de travail, car tous les employeurs ne peuvent pas se permettre de proposer autant. Et il augmente l'offre, car ces salaires élevés attirent des personnes qui étaient jusqu'ici inactives, les fameux chômeurs volontaires des économistes classiques.

Sur le marché du travail, comme sur tous les marchés, si l'offre augmente et que la demande diminue, eh bien cela augmente le chômage. Enfin, une partie du chômage structurel peut s'expliquer par les institutions, c'est-à-dire les règles et les organismes qui encadrent le fonctionnement du marché du travail et qui seraient trop rigides. Premièrement, le salaire minimum. Instauré en France en 1950 afin de lutter contre la pauvreté, il aurait, selon certains économistes, des effets pervers. Comme nous l'avons vu dans la première partie, D'après l'analyse classique, le marché du travail doit s'autoréguler.

Or, l'existence d'un salaire minimum empêche cette autorégulation, car le salaire ne peut pas baisser en dessous du SMIC, ce qui expliquerait une partie du chômage. La réalité du marché du travail aujourd'hui est un peu plus complexe. En effet, tout dépend du niveau auquel on fixe ce salaire minimum. Rejeter l'idée en bloc comme ça, par principe, n'a pas vraiment de sens. Surtout que le salaire minimum a aussi des effets positifs sur la réduction des inégalités.

ou sur la croissance économique en tant que soutien à la consommation. J'essaye de te présenter tous les points de vue, mais nous ne trancherons pas ce débat aujourd'hui. Cela fait des décennies que les économistes se déchirent sur la question du salaire minimum.

Les règles de protection de l'emploi sont aussi dans le viseur de ceux qui dénoncent un manque de souplesse du marché du travail. Cela englobe les protections des travailleurs face au licenciement et les garanties d'assurance chômage. Régulièrement, Les employeurs se plaignent de la rigidité du marché du travail.

Ils aimeraient pouvoir embaucher, et surtout licencier, plus facilement, afin de s'adapter aux mutations technologiques, mais également faire face à la pression concurrentielle dans notre monde globalisé. L'idée est qu'en réduisant certaines protections des travailleurs, on va faciliter l'embauche des candidats lorsque la conjoncture est bonne, parce que les employeurs vont avoir moins peur de se retrouver bloqués lorsque la conjoncture est mauvaise. Enfilons une dernière fois notre costume d'employeur qui est dans un secteur particulièrement volatile.

Si je sais que ça va être la croix et la bannière pour le licencier, mais que je ne suis pas sûre d'avoir besoin de lui à court ou moyen terme, qu'est-ce que je vais faire ? C'est très simple, je ne vais pas embaucher. Le lien entre niveau de protection d'emploi et niveau d'emploi n'a été prouvé par aucune étude.

C'est donc plutôt une sensation des employeurs qu'une réelle observation statistique. Par contre, ce qui a été prouvé et qui va dans le sens de cette théorie, c'est que dans les pays où il y a un niveau de protection de l'emploi plus important, il y a également un chômage de longue durée plus important. Cette frilosité à l'embauche peut donc expliquer une partie du chômage. Concernant les allocations de chômage qui seraient trop généreuses, je te renvoie à la deuxième vidéo de la justice sociale afin de découvrir ou rafraîchir la notion de trapeau chômage Que retenir de tout ceci ?

Que l'on peut expliquer le chômage par plusieurs théories. La variation de l'activité économique, la transition entre deux emplois ou entre les études et le premier emploi, les problèmes d'appariement, la théorie du salaire d'efficience, l'existence d'un salaire minimum, des règles de protection de l'emploi trop rigides. Toutes ces causes coexistent dans tous les pays à un moment ou à un autre.

Et, évidemment, une hausse du taux de chômage ne nous dit pas si c'est lié à telle ou telle cause. D'où la difficulté de trouver des solutions pour le réduire. Quelles sont les politiques qui permettent de lutter contre le chômage ? Pour lutter contre le chômage conjoncturel, Keynes recommandait de soutenir la demande anticipée afin de relancer la croissance économique et donc l'emploi.

Pour lui, le salaire n'est pas qu'un coût pour les employeurs, c'est aussi un revenu pour les travailleurs. Revenu qui lui permet d'acheter des biens et des services et donc de soutenir la demande de consommation. Si les ménages consomment, les entreprises vont devoir produire davantage pour répondre à cette demande.

Et pour produire davantage, les employeurs vont devoir engager du personnel, ce qui va donc réduire le chômage. Il n'y a pas que les ménages qui peuvent soutenir la demande globale. Les entreprises, par leurs investissements, peuvent également participer au processus de relance de l'activité économique Mais il faut qu'elle soit soutenue par l'État.

Je te renvoie à ton cours de première sur les politiques monétaires et budgétaires afin de te rafraîchir la mémoire sur les politiques de relance. Ces politiques de relance permettent de réduire le chômage conjoncturel. Mais malheureusement, elles n'ont aucun effet sur le chômage structurel. Du coup, certains économistes recommandent de s'attaquer à une autre cause du chômage selon eux, les salaires astronomiques. Pour les économistes néoclassiques, le chômage est dû en partie au salaire qui serait trop élevé.

Raison pour laquelle les employeurs rechignent à embaucher. Il est vrai que le salaire d'un ouvrier français est bien plus élevé que dans d'autres pays. Cela explique d'ailleurs une partie des délocalisations.

Néanmoins, il est évident qu'on ne peut pas survivre en France avec le salaire moyen d'un ouvrier d'un pays en développement. Réduire le chômage, c'est bien. Mais si ça signifie diminuer le salaire des travailleurs et donc leur pouvoir d'achat, est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

Et surtout, est-ce que c'est efficace ? Parce que si on suit le raisonnement de Keynes, s'ils perdent leur pouvoir d'achat, Ils vont consommer moins, ce qui va créer du chômage conjoncturel. Heureusement, le salaire n'est pas composé que du salaire net, celui que l'on reçoit sur notre compte en banque, mais également de cotisations sociales et patronales. L'idée est donc de réduire le coût du travail pour les employeurs sans réduire le salaire net des travailleurs, surtout celui des travailleurs moins qualifiés, qui sont déjà particulièrement fragilisés sur le marché du travail. Dès le début des années 90, les gouvernants ont mis en place plusieurs politiques de réduction des cotisations patronales sur les bas salaires.

Bien que les effets positifs de ce type de politique sur le chômage aient été démontrés, elles ont aussi un gros inconvénient. Elles creusent le déficit public. En effet, ces réductions de cotisations représentent un manque à gagner de 50 milliards d'euros pour l'État français. Budget qui n'est donc pas disponible pour d'autres politiques. La politique sociale, regardez, on met un pognon de dingue dans des minima sociaux, les gens ils sont quand même pauvres.

Au lieu de dépenser un fric de dingue, Dans des politiques qui n'ont d'effet que sur les bas salaires, est-ce que ce ne serait pas plus d'intelligent d'améliorer la formation de ces travailleurs peu qualifiés ? Les politiques de formation ont pour but de résoudre les problèmes d'appariement sur le marché du travail. On manque d'ingénieurs ? Rendons les études d'ingénieurs plus attractives.

Les françaises ont des quiches en langue ? Proposons des cours d'arabe, de chinois, d'anglais. On manque de profs ? Non là, il n'y a pas de solution, mais tu as compris le raisonnement. Last but not least, flexibiliser ce marché du travail tellement riche.

La flexibilité renvoie à l'ensemble des moyens dont disposent les entreprises afin de s'adapter aux variations de la demande et d'améliorer leur compétitivité. La flexibilité quantitative est la possibilité de faire varier le nombre d'heures de travail d'un travailleur afin de s'adapter aux besoins de l'employeur. Cela permet de résoudre le problème de notre employeur qui aurait peur d'embaucher. Plusieurs moyens sont à sa disposition. Les contrats flexibles annualisés.

On signe un contrat de 30 heures semaine mais on travaille parfois 20 heures, parfois 40. Par contre, on touche tout le temps le même salaire. Le recours aux heures supplémentaires ou encore le recours aux contrats précaires. Cette dernière solution est évidemment loin d'être idéale pour les travailleurs. Je te renvoie à la vidéo disponible sur l'application pour plus d'informations.

La flexibilité fonctionnelle consiste à améliorer la formation des travailleurs afin de les rendre plus polyvalents. Cela permet à l'employeur, si besoin, de réaffecter le travailleur dans un autre service, par exemple. Enfin, la flexi-sécurité est un modèle qui nous vient du pays des légaux, le Danemark. Ce système combine une grande flexibilité pour les employeurs qui peuvent donc licencier très facilement et une grande protection pour les travailleurs.

Accompagnement de la recherche d'emploi, allocation généreuse, d'où le terme de flexi-sécurité. Sur papier, c'est une super idée. Dans les faits, ils en reviennent un peu, nos amis danois, de ce super modèle.

et la tentative de flexi-sécurité à la française mise en place il y a quelques années n'a pas rempli toutes ses promesses. En résumé, à chaque cause du chômage, sa solution. Le chômage conjoncturel est dû à un ralentissement économique, il faut mettre en place des politiques de soutien de la demande globale pour relancer la croissance et l'emploi. Les employeurs se plaignent que les salaires sont trop élevés ? Réduisons le coût du travail par une baisse des cotisations patronales.

Il y a des centaines de milliers d'emplois non pourvus ? Proposons des formations afin de permettre aux chômeurs d'améliorer leurs qualifications. Le marché du travail est trop rigide ?

Rendons le plus souple en facilitant les licenciements ou en modifiant les règles liées au temps de travail. Comme tu le vois, pas simple de remettre la France au travail. Programme ambitieux de votre gouvernement remanié.

J'en profite pour t'annoncer une des grandes nouveautés de ce début d'année 2024 au cas où tu aurais loupé l'info. Pôle emploi est devenu France Travail. Alors on ne sait pas encore exactement ce que cela implique, mais je m'en vais vite appeler à Akerlof et Keynes pour les rassurer.

Avec cette nouvelle entité... Je suis sûr qu'on a trouvé la solution pour lutter contre le chômage.