Les françaises au XIXe et XXe siècle vivent une situation paradoxale. Elles assument très tôt une part importante de la production, mais vivent au quotidien comme d'éternels mineurs. Elles vivent dans l'un des premiers pays à établir un suffrage dit universel, mais celui-ci reste le plus longtemps qu'ailleurs réservé aux hommes. Active lors des révolutions, en 1789, 1830 ou 1848, et promue au rang d'allégorie de la République, Elles sont pourtant tenues à l'écart de celles-ci par crainte de leur prétendu conservatisme. Alors, quelle est la place de la femme dans la société du XXe siècle ?
Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps une femme idéalisée au début du XXe siècle, puis dans un second temps, s'émanciper, un combat long et toujours d'actualité. En effet, depuis le Code civil de 1804, Les françaises vivent dans une situation d'infériorité juridique. L'épouse doit obéissance à son mari, elle n'a aucune autorité parentale, ne peut choisir son domicile, ne peut ouvrir un compte en banque ou encore travailler sans l'accord de son époux. Elle est cantonnée au statut d'éternelle mineure.
Seuls les veuves et les célibataires échappent à cette situation. Pour autant, le mariage ayant encore un poids de... très fort dans les valeurs traditionnelles et familiales des Français, les célibataires peuvent subir d'autres difficultés d'ordre moral. Alors, quel est le rôle de la femme en ce début du XXe siècle ?
La femme est vouée au foyer. Si l'on regarde les différentes publicités, Seb, Mouinex ou encore Blédine, on remarque que la femme est d'abord une épouse. Elle doit, dans un premier temps, effectivement effectuer... Les tâches ménagères en tout genre à l'intérieur du foyer. Puis, grâce à la pub Blédina, on remarque que la femme est aussi une mère.
Elle s'attache à l'éducation de ses enfants. D'après Alexandre Bérard en 1919, Séduire et être mère, c'est pour cela qu'est faite la femme Cette déclaration reflète l'opinion de l'immense majorité des hommes au début de ce siècle. La société du début du XXe siècle dans sa...
majorité, voit la femme comme la mère de famille, cantonnée dans ce rôle bien particulier. Enfermée dans la sphère privée avec un rôle moindre dans la sphère publique, elle est donc définie par nature comme inférieure à l'homme. L'accès à l'éducation est quant à lui encore limité dans cette première partie du XXe siècle. En effet, les lois férides de 1880 ont rendu obligatoire l'école pour les filles de 6 à 13 ans.
Mais en plus des matières générales, On leur enseigne la couture, la cuisine et les travaux domestiques. Une préparation à leur vie de femme épouse, mère au sein du foyer. Passons désormais à notre deuxième partie.
S'émanciper, un combat long et toujours d'actualité. Dans un premier temps, nous allons aborder le rôle politique de la femme. Les femmes sont en effet exclues de l'exercice de la citoyenneté.
Au motif qu'elles ne peuvent pas comprendre les enjeux politiques, qu'elles sont guidées par leurs émotions, qu'elles sont sous l'influence du clergé et qu'elles ne sont pas faites, de façon générale, pour le combat politique. Pourtant, les premières revendications féministes remontent à la Révolution française. Olympe de Gouges est parfois considérée comme la première féministe pour sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1792. Elle sera par ailleurs guillotinée pour cette prise de position. Dans les années 1920, Des suffragettes réclament le droit de vote.
Conduite entre autres par Louise Weiss, elles revendiquent leur droit à participer à travers l'élection et le vote à la vie politique de la France. Bien que la première guerre mondiale ait bousculé la vision patriarcale de la société, il faudra attendre 1936 pour voir une femme au gouvernement, Léon Blum en nommant trois, et la fin de la seconde guerre mondiale pour que les femmes françaises puissent avoir le droit de voter. En effet, grâce à leur implication dans la résistance, L'ordonnance du 21 avril 1944 donne aux femmes françaises enfin ce droit au suffrage qu'elles exercent dès 1945. Bien qu'aujourd'hui l'égalité des droits politiques est un fait en France, il existe tout de même une inégalité dans les représentations.
En effet, les femmes sont souvent sous-représentées dans les assemblées. Nous n'avons, par exemple, pas encore élu de présidente de la République en France. En 2000, la loi sur la parité impose l'élection en nombre égal de femmes et d'hommes. Efficace dans les assemblées locales, elle l'est moins pour les exécutifs, maires, chefs du gouvernement ou de l'État, et au Parlement.
Passons désormais au monde du travail et à l'égalité salariale. Dès le début du siècle, les femmes représentent déjà 30% des actifs. Les femmes de paysans, commerçants ou d'artisans contribuent par exemple à l'activité familiale. Le salaire est toutefois inférieur à ceux des hommes lorsqu'elles sont salariées. L'un des phénomènes les plus importants de l'après-guerre est l'augmentation de la proportion de femmes dans la population.
En effet, Il ne faut pas oublier la part conséquente de femmes actives durant la première guerre mondiale et les bouleversements que cela a induits. Certains métiers sont plus féminisés que d'autres. Les femmes sont massivement représentées dans les fonctions tertiaires d'assistantes maternelles, d'employées administratives ou encore dans l'enseignement.
Elles sont en revanche encore sous-représentées chez les ingénieurs et les chefs d'entreprise, malgré certains parcours emblématiques. En 1964, Pour la première fois, le nombre de bachelières surclasse celui de bacheliers. Pourtant, lorsque l'on aborde les études supérieures, en particulier dans les voies scientifiques, le nombre de garçons continue de l'emporter. Les préjugés et le fait que les jeunes femmes sacrifient encore leurs études pour se consacrer aux enfants font partie des explications de ce phénomène. Malgré le texte Les lois de 1980 et 1883 loi Roudy interdisant toute forme de discrimination entre les hommes et les femmes au travail.
L'émancipation professionnelle est en partie acquise, mais les inégalités subsistent. Aujourd'hui, à diplôme et qualification égale, le salaire moyen des femmes reste de 15% inférieur à celui des hommes dans les entreprises. La loi de 2006 sur le devoir d'égalité salariale entre les hommes et les femmes ne se traduit pas encore dans les faits.
Dès l'après-guerre, le mouvement des femmes reprend pour leur émancipation. En effet, les revendications des femmes ne concernent pas seulement l'égalité salariale ou la représentation plus importante en politique, mais plutôt la place qu'elles ont dans la société. Mon corps m'appartient Un bébé si je veux autant de slogans qui montrent que les femmes entendent occuper une place différente au sein de la cellule familiale. Les mouvements féministes comme le mouvement de libération des femmes, MLF, s'inscrivent dans la lignée du Women's Libre aux Etats-Unis. Elles font entendre leur voix dans les manifestations de mai 68, mais c'est surtout dans les années 70 que le combat émerge pour la santé.
Les lois de la République suivent ce mouvement. En 1967, la loi Neuwirth légalise la contraception et en 1975, la loi Veil autorise l'IVG. qui est remboursé par la Sécurité sociale à partir de 1982 et autorisé par voie médicamenteuse depuis 2004. IVG, interruption volontaire de grossesse. Dans les années 1920 à 1960, il faut savoir que la contraception était interdite et que l'avortement était réprimé, cela suscitant des naissances et mariages non choisis, interrompant études et carrières de certaines femmes.
En conclusion, si toutes les enquêtes montrent que les femmes ont gagné en autonomie, ce sont encore elles qui prennent massivement en charge les tâches ménagères au sein du foyer. Et le problème de la violence conjugale, pourtant punie par la loi, représente encore aujourd'hui un réel problème de société. Au total, les femmes ont obtenu leur émancipation physique, sans que les mentalités n'aient complètement changé.