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Évolutions du journalisme et défis contemporains

Eh Fred, ça y est, la page d'accueil de notre site d'information est prête. Y'a plus qu'à la remplir maintenant. Ça devrait pas être un problème, Jamy.

T'as vu la quantité d'informations aujourd'hui ? Elles arrivent de partout. Il suffit de choisir un premier sujet.

Tiens ben, t'as qu'à aller à l'Assemblée Nationale, y'a toujours de l'actualité là-bas. Excellente idée, ça nous fera un premier article pour notre site. Allez Marcel, en route pour l'info ! Ah dis donc, tu sais, Jamy, que le métier de journaliste a énormément évolué ces dernières années. Autrefois, il suffisait d'un carnet et d'un crayon.

Eh bien aujourd'hui, il faut savoir tout faire. Faire des images, du son, écrire des articles, les transmettre le plus vite possible par Internet. Bref, c'est un nouveau métier. Et à mon avis, on devrait commencer par s'adresser à une agence de presse.

Je connais le correspondant de l'agence France Presse ici. On va aller le voir. Oh là là, il y a de l'ambiance, je l'ai découvert. Bonjour Frédéric.

Bonjour Fred. Alors explique-moi, en quoi consiste le travail d'un journaliste d'agence ? Alors nous en fait notre boulot c'est pas compliqué, on est là pour...

On va suivre un projet de loi de A à Z. On est vraiment les journalistes qui sommes là pour informer les autres journalistes sur ce qu'est un texte de loi déposé par le gouvernement et voté par l'Assemblée. On envoie ce qu'on appelle une dépêche.

On va ensuite l'écrire. Dès que c'est important, on envoie une dépêche et on l'envoie au service public. politique qui ensuite la répercute à tous les médias en France, que ce soit les télévisions, les radios, les journaux. Et combien de dépêches tu peux envoyer chaque jour ? C'est très variable.

Il y a des jours où c'est vraiment très chargé, comme aujourd'hui par exemple, et on peut en envoyer quarantaines, cinquantaines par jour. Plus ou moins importantes. Je te laisse travailler.

Merci Frédéric. Je vais laisser Frédéric écrire son article, sa dépêche, et je vais aller voir où elle arrive. C'est ça. Et en attendant, je vais m'abonner au fil AFP. C'est plus sûr.

Bon ben moi je vais voir où en est l'écriture de la dépêche. L'AFP a un petit bureau juste au-dessus de l'hémicycle. Voilà, c'est terminé, la dépêche est partie. Ça y est Jamy, je suis au siège de l'AFP.

J'ai fait aussi vite que j'ai pu mais à mon avis la dépêche est arrivée avant moi. J'y vais. Première étape Jamy, le service politique de l'AFP. Bonjour. Bonjour.

Vous avez reçu la dépêche de l'Assemblée Nationale ? Alors elle arrive à l'instant. Alors qu'est-ce que vous faites maintenant ici ? C'est un premier travail de relecture dans le service. On éventuellement rajoute un peu de ponctuation.

On vérifie qu'il n'y a pas de faute d'orthographe surtout. Et que c'est compréhensible. Et vous signez ? Et voilà, et on signe.

Donc chaque journaliste de l'AFP a une signature de deux ou trois lettres. Et là, on envoie ça rapidement au desk. Voilà, dernier maillon de la chaîne. D'accord.

Ça continue, Jamy. On y va. Maintenant, nous allons au Desk France. C'est le bureau qui traite toute l'information française. Au même titre qu'il y a aussi ici un desk Afrique, un desk Europe, un desk anglophone et un desk hispanophone.

Alors voyons voir. Eh bien regarde Jamy, notre dépêche en provenance de l'Assemblée Nationale est arrivée ici au Desco France où elle a été vérifiée, contrôlée et signée une dernière fois par un autre journaliste. Bref, on peut dire que c'est le dernier filtre avant le client. Eh oui, car à partir de là, les dépêches partent directement sur ce que l'on appelle le fil de l'AFP qui adresse chaque jour. aux abonnés, c'est-à-dire les chaînes de télévision, les journaux, les radios ou d'autres médias, environ un millier de dépêches.

Et tu sais, Jamy, qu'entre le moment où l'information est partie de l'Assemblée nationale et le moment où elle est arrivée chez le client, il s'est écoulé environ 5 minutes. Mais en cas d'info extrêmement urgente, en cas d'alerte, comme on dit, ce délai peut être réduit à une minute. Il a raison, la dépêche est déjà arrivée sur notre site.

Alors pour savoir tout ce qui se passe aux quatre coins du monde, l'AFP dispose d'un vaste réseau de correspondants. Chaque collaborateur, il y en a 2900, suit tout ce qui se déroule sur le secteur géographique où il se trouve, puis transmet ses dépêches à un bureau régional. En effet, pour éviter de noyer la rédaction parisienne, la planète a été divisée en cinq grandes régions qui ont chacune leur bureau, leur desk, comme l'a dit Fred.

Le bureau de Washington centralise toutes les informations qui viennent d'Amérique du Nord, du Canada. des Etats-Unis, mais également des îles anglophones des Caraïbes. Montevideo couvre toute l'Amérique latine et remonte jusqu'au Mexique.

Nicosie, à Chypre, reçoit toutes les informations qui viennent du Proche et du Moyen-Orient. Hong Kong, celle d'Asie et d'Océanie. Enfin, Paris reçoit toutes les dépêches qui viennent d'Europe et d'Afrique.

Alors l'AFP n'est pas la seule agence de presse internationale. Deux autres agences sont également implantées un peu partout dans le monde. Reuters, une agence anglaise, et Associated Press, une agence américaine, on dit aussi AP.

Seule différence entre ces trois agences, en fonction de leur origine, elles sont plus ou moins bien implantées dans tel ou tel secteur géographique. Ainsi, AP par exemple est très présente en Amérique du Nord et l'AFP en France. en Afrique, dans les pays francophones notamment, c'est logique. Et vous savez qu'à l'AFP, on n'en voit pas que des dépêches.

C'est aussi une des plus grandes agences de photos. Il y a 500 photographes de l'AFP répartis dans le monde entier. Ils couvrent toutes sortes d'actualités et envoient quasiment en temps réel leurs photos dès qu'un événement se déroule devant leur objectif. Bilan, l'AFP met en ligne sur son fil 2000 photos chaque jour. Il faut dire que la photo d'actualité occupe une place primordiale dans la presse.

... Au même titre qu'un article, une photo raconte aussi une histoire. Les agences de presse font également de la vidéo et certaines produisent elles-mêmes des pages toutes faites pour des portails internet.

C'est un condensé de leurs fils, actualisé plusieurs fois par jour. Dis donc Jamy, on va aller faire un tour au journal Le Monde, ça devrait nous donner des idées pour créer notre site d'information. Enfin Fred, Le Monde c'est un journal papier.

Je sais, mais tu oublies qu'aujourd'hui, la plupart des journaux de la presse écrite ont aussi développé leur site d'information sur Internet. Et oui, car Internet est devenu la deuxième source d'information des Français après les journaux télévisés. Alors ici, nous sommes à la rédaction dumonde.fr.

C'est une rédaction qui est composée d'une trentaine de journalistes dont le travail consiste à mettre en ligne un flux continu d'informations. Bonjour Nabil. Bonjour. Alors est-ce que tu peux nous expliquer comment vous faites ici pour être informé de tout ? Tout est en permanence.

On a plusieurs sources d'informations. Alors, bien sûr, il y a les dépêches d'agences. Il y a aussi tous les autres sites d'informations. Et puis, en plus de ça, il y a tout le reste de l'information sur Internet. Les blogs, les sites de partage de vidéos, des blogs professionnels, des blogs personnels.

Alors, comment vous faites ? Quels blogs vous suivez, par exemple ? Alors, ce qu'on fait, c'est qu'en fonction de l'actualité du jour, on se dit, tiens, là, il y a une actualité politique importante.

Et on va voir sur les blogs des hommes politiques, par exemple, si c'est une actualité qui concerne la droite, sur les blogs des hommes politiques de droite, qu'est-ce qu'ils en pensent, comment ils réagissent. Et ça peut donner lieu, par exemple, chez nous, à une revue de blog, comme on ferait une revue de presse. Bon, mais alors, chez vous, vous changez la une en permanence, contrairement à votre frère de la presse écrite. Et il faut sortir l'information le plus vite possible. C'est ça, le but ?

Alors, c'est un des buts. L'idée, c'est qu'effectivement, comme le journal papier, on a une une, sauf que notre une, elle change en permanence, toute la journée. On hiérarchise l'information en permanence. Tout le temps, on se dit, ça c'est plus important, ça devient moins important.

Ce classement-là, entre guillemets, de l'actualité, il change tout le temps, en fonction effectivement de ce qui est le plus chaud, donc ce qui vient d'arriver, mais aussi de ce qu'on juge le plus important. D'accord. Ici, les journalistes, souvent jeunes, ont des compétences adaptées à leur terrain d'enquête. Les journalistes sont des experts de l'information telle qu'elle circule aujourd'hui sur Internet.

C'est-à-dire, ils savent où la chercher, ils savent la recouper, la vérifier, et puis la publier dans des formes qui peuvent être le texte, mais aussi l'image, le son, avec une vraie souplesse sur la façon dont on raconte l'info. Et oui, contrairement à ce qu'on pourra imaginer, on ne se contente pas de reproduire des dépêches, non, on les enrichit et on les met en forme. Alors Hélène, est-ce qu'on peut prendre un exemple ? Oui, alors là par exemple le sommet de Copenhague, donc on a rassemblé tous les articles dans ce qu'on appelle une séquence, et après dans cette séquence on va trouver plusieurs types d'articles, de médias, on a des interviews avec juste du son par exemple.

Donc là on a un député européen qui nous parle. Voilà. On va avoir des reportages avec des envoyés spéciaux du Monde.fr qui étaient sur place.

Ce sont les journalistes du Monde qui ont fait les images ? Qui ont fait les images, les vidéos, oui, oui, tout. D'accord.

Et on a aussi des choses plus techniques comme des infographies qui sont réalisées par les journalistes du Monde.fr ici, sur place. Et tout ça, c'est ce que l'on appelle une écriture multimédia. Et quelques étages plus haut, à la rédaction du journal quotidien Le Monde, le rythme est bien différent.

Ici, on boucle une édition tous les matins pour un journal qui sort en kiosque à 13h. Le Monde Papier, c'est 280 personnes, des journalistes qui travaillent sur des dossiers, qui sont experts dans leur domaine. Nous réagissons et nous faisons une synthèse, une expertise, une fois toutes les 24h, donc approfondie.

Et c'est justement cette expertise que viennent chercher les lecteurs du journal, souvent déjà au courant de l'essentiel de l'actualité, grâce aux radios, télés et sites d'infos sur le web. Dis donc Jamy, pour alimenter notre site d'information, il va falloir qu'on se mette à tweeter. Twister ?

Oh, ça va pas être facile, hein ! J'ai pas dit twister, j'ai dit tweeter. Twitter, tu connais, c'est une plateforme d'échange qui permet d'envoyer de courts messages. Et de plus en plus de journalistes et de personnalités politiques l'utilisent pour diffuser ou désinformer.

ou des commentaires. Qu'est-ce que tu suis, là, par exemple, en ce moment ? Par exemple, la secrétaire d'État à l'économie numérique, Nathalie Cochus-Comorizet, c'était une des premières femmes politiques à utiliser Twitter pour donner de l'information, raconter ce qu'elle fait dans son ministère.

Mais on y trouve vraiment de l'information ou c'est de la communication ? Ça dépend, c'est bien sûr forcément un mélange des deux. Il faut savoir séparer le bon grain de livret.

D'accord, donc c'est à vous de faire le tri. Oui, tout à fait. En tout cas, Jamy, je te signale que moi, je me suis inscrit à Twitter et tu vas bientôt recevoir une information. Pas de problème, mon téléphone est chargé, mon ordinateur branché. Twitter est un système de diffusion d'informations qui repose sur ce que l'on appelle les réseaux sociaux.

Grâce à Twitter, je peux émettre de courts messages comme celui-ci, pas plus de 140 signes et des photos. Et je peux également en recevoir. Seulement, Twitter n'est pas un site d'échange classique, au sens où on l'entend habituellement, avec des allers-retours systématiques. Vous allez comprendre. Quand j'envoie un message, ne le reçoivent...

que ceux qui ont décidé de me suivre, les followers, comme on dit dans le jargon. Mais ce n'est pas moi qui les ai choisis. C'est la grande différence avec l'autre réseau à succès, Facebook, dont la philosophie repose sur l'échange réciproque. Je suis ton ami.

situé mon ami. Sur Twitter, n'importe qui peut décider de me suivre. Et moi, je choisis de suivre qui je veux. Du coup, Twitter est devenu un instrument très utile pour les personnes publiques.

Une sorte de porte-voix pour les femmes et les hommes politiques, les sportifs également, qui via ce canal, peuvent diffuser des informations les concernant vers des personnes qui suivent leur actualité. Les journalistes, par exemple. Mais ce n'est pas tout. Grâce à Twitter, une information peut également être relayée très rapidement.

C'est très utile en cas de catastrophe. Les témoins peuvent, par exemple, envoyer des photos ou des commentaires qui vont alerter le... On l'a vu lors du tremblement de terre à Haïti en janvier 2010. Des photos prises avec un téléphone portable par un journaliste haïtien étaient mises en ligne sur Twitter, alors même qu'aucun envoyé spécial n'était encore arrivé sur place. ... Autre exemple, lors des manifestations en Iran en juin 2009. Ce sont les étudiants qui postaient leurs commentaires et leurs propres photos sur Twitter pour témoigner des violences policières.

Alors même que les journalistes ne pouvaient pas travailler librement dans le pays. Qu'est-ce que c'est que ce tweet ? Il n'y a personne sur cette photo ? Normal, Jamy, c'est une photo de la petite voix. Ah bon ?

Oui, mais je te signale que c'est une grande première dans l'histoire de C'est Pas Sorcier. Du coup, la photo va être relayée très vite par plein d'internautes, elle va circuler partout, bref, on va faire un buzz. Un buzz, c'est une information qui se répand sur Internet grâce aux réseaux sociaux et qui est finie par toucher plus de monde qu'un journal télévisé, par exemple. Concrètement, le journal de France 2 est regardé par environ 6 millions de téléspectateurs.

Ce qui est déjà pas mal. Maintenant, imaginez. Je découvre une vidéo sur Internet que je trouve drôle ou insolite.

Je décide de la partager avec des amis. Je l'envoie à cinq d'entre eux qui font la même chose. Lesquels l'envoient aussi à cinq de leurs amis, etc. En dix étapes, cette vidéo va toucher plus de 12 millions de personnes, deux fois plus que le JT. A tel point que parfois, une information qui a fait un buzz sur Internet est reprise.

par les médias classiques. Ce fut le cas avec cette vidéo où le ministre Brice Hortefeux tenait des propos désobligeants sur les Arabes. Elle a été vue des millions de fois sur le web avant que les médias classiques finissent par en parler.

C'est la grande force de l'internet, c'est un vaste espace de liberté où tout circule, mais dans lequel les informations fausses sont vite repérées et dénoncées. Sur Internet, on peut lancer des rumeurs, mais sur Internet, c'est aussi le meilleur endroit pour contrer une rumeur. C'est-à-dire que c'est le meilleur endroit pour que, de façon accélérée, parce que collectif, parce qu'il va y avoir plus de personnes pour s'occuper de l'information, on va vérifier, on va recouper, on va retourner à la source, on va essayer d'enquêter sur un processus et puis dire, ben non, c'est pas ça.

Au profil Facebook de Nicolas Sarkozy, son équipe de communication a affirmé qu'il était présent à Berlin le jour de la chute du mur. L'information était fausse, ce qui a été révélé en quelques minutes sur Internet. Tu sais, Jamy, pour illustrer notre site avec des photos, j'ai entendu parler d'une petite agence assez originale.

Elle s'appelle CitizenSide. Citizen comme citoyen. Ça veut dire qu'elle ne diffuse que des photos prises par des amateurs comme toi et moi et non pas par des professionnels. En créant cette agence en 2006, les fondateurs sont partis d'un constat très simple. C'est qu'avec la multiplication des téléphones portables qui intègrent un appareil photo, eh bien un certain nombre d'événements, par exemple le tsunami de 2004 en Asie du Sud-Est, ont été couverts par des amateurs avant de l'être par des professionnels.

Bonjour Nicolas. Bonjour Fred. Alors explique-moi, il y a combien de photographes amateurs qui travaillent avec vous aujourd'hui ? Alors, chez nous on a 50 000 personnes qui se sont inscrites sur notre site et on en a 10 000 qui nous envoient régulièrement des photos ou des vidéos d'actualité.

D'accord. Alors, quels gens... de photos ou de vidéos ?

Alors on a généralement des photos d'actualité donc des manifestations, des intempéries, des faits divers, incendies, accidents, du sport un peu aussi et pas mal de locales. Bon alors dis moi je me pose une question quand même moi je pourrais très bien vous envoyer une photo que j'ai piqué sur internet comment vous faites pour vérifier la photo savoir si elle est juste si elle n'a pas été falsifiée ? Alors c'est là où justement on apporte notre valeur ajoutée on a des informations sur la personne qui nous les envoie, le contributeur.

Donc on a déjà l'identité du photographe. Exact. Donc on peut savoir ce qu'il nous a envoyé avant, on peut savoir plus ou moins si c'est quelqu'un de fiable ou pas. Mais si c'est la première fois qu'il nous envoie quelque chose, on va aller regarder les informations qui sont liées à la photo. En fait, c'est l'appareil qui donne ces informations.

Quel genre d'infos ? Alors, on va avoir une première information qui est la taille de la photo. C'est très important parce que c'est souvent là que ça pêche quand on a des photos qui sont prises sur Internet.

Il va y avoir des tailles qui vont varier et qui vont souvent être très petites. On a aussi le logiciel qui permet de les transférer sur l'ordinateur. Là, en l'occurrence, c'est un logiciel de retouche, donc on va être un peu méfiant.

Ce n'est pas forcément une mauvaise chose parce que ça peut être un logiciel qui sert juste pour transférer les images. On a un dernier élément de contrôle qui est l'adresse d'envoi de la photo. C'est l'adresse de l'ordinateur qui a envoyé la photo. L'adresse IP ? Voilà, exactement.

Donc ça, c'est très intéressant parce que, par exemple, si on a une manifestation qui a lieu à Paris et que les photos nous parviennent 30 minutes après de Marseille, grosse méfiance. Bon bah ça me paraît très bien tout ça Jamy, je négocie un petit abonnement. T'as raison Fred, d'autant que pour multiplier les chances d'obtenir un scoop, Citizenside a mis au point des appels à témoins. Le principe, l'agence envoie une alerte aux abonnés qui se trouvent à proximité d'un événement Tout le monde peut donc devenir un témoin de l'actualité. Et si la photo est vendue à la presse, l'agence reverse les deux tiers du prix de vente aux photographes amateurs.

Ce type de photo intéresse même les grandes agences. La FP s'est d'ailleurs associée à CitizenSide. Ce journalisme participatif est une nouvelle tendance sur le marché de l'information et pas seulement pour l'image. Certains journaux en ligne comme Rue89 font aussi appel aux internautes qui peuvent suivre à distance la conférence de rédaction.

Comme Fred est déjà là, elle va nous expliquer comment ça se passe. Voilà, est-ce que j'ai oublié ? Alors Sophie, toi, tu as des choses à annoncer ou pas ? En fait, ils sont très argent public, trou de la sécu. C'est dans la suite de tout ça.

Alors aujourd'hui, pour cette conférence de rédaction, c'est Sophie qui est en communication avec les internautes, tout simplement par le biais d'un chat. Il y a combien d'internautes, Sophie, en liaison avec toi ? Une quinzaine ont été connectés, une dizaine sont actifs. Mais ils suivent la conférence de rédaction. Toi, tu les tiens informés de ce qui se dit ici et eux font des propositions ?

Absolument. Qu'est-ce qu'ils apportent précisément au site Rufi ? 1989, les internautes, pendant les conférences de rédaction, ils proposent des sujets, ils font des remarques ?

Déjà, ils donnent leur avis. À la fin, je leur ferai un petit sondage pour savoir ce qu'ils ont pensé des sujets de la semaine. Comme il y a plusieurs avis, on se rend compte qu'il y a des sujets, il y a des choses qu'ils ont particulièrement aimées.

Par contre, ils disent qu'ils ont été frustrés du traitement de certains autres sujets, qu'ils ont envie qu'on y revienne. Donc on leur dit, bah oui, mais comment ? D'accord, avec des témoignages.

Ah oui, tel angle, on n'avait pas vu, effectivement. C'est intéressant, nous aussi. On pourrait faire appel aux internautes.

Bonne idée, je m'en occupe. Rue 89 est édité uniquement sur internet. On appelle ça un pure player.

Et c'est un journal gratuit. La rédaction se finance pour moitié par la publicité et complète ses revenus en proposant des formations. web payante. D'autres sites ont fait le choix de n'être accessibles que sur abonnement. Quoi qu'il en soit, la situation financière de cette presse reste précaire et les rédactions n'ont pas beaucoup de moyens.

On n'a pas les moyens des grands médias. On ne peut pas, par exemple, financer des grands reportages, avoir des correspondants dans le monde et ce genre de choses. Mais d'un autre côté, on est un peu la petite bête qui monte.

On peut mettre le poil à dans ce système médiatique. En effet, Rue89 appartient aux journalistes qui l'ont créée, ce qui garantit une totale indépendance. Alors que la plupart des sites d'information en ligne sont associés à des journaux papiers qui dépendent eux-mêmes de grands groupes de presse derrière lesquels il y a souvent de gros industriels, ce n'est pas forcément idéal pour la liberté d'expression.

Grâce à Internet, on pourrait penser que l'information n'a plus de frontières. Il suffit en effet de se mettre devant son ordinateur... pour avoir accès à tous les journaux du monde, pour savoir ce qui se passe partout sur la planète.

Seulement voilà, ce n'est pas le cas dans tous les pays. C'est d'ailleurs ce que l'on constate quotidiennement ici à Reporters sans frontières, cette association, vous le savez, qui est une sorte d'observatoire de la liberté de la presse dans le monde. Jean-François, quels sont les pays dans le monde où l'accès à l'information est difficile ? Il y en a malheureusement beaucoup, mais les pays qui sont en noir sur la carte, par exemple la Tunisie, qu'on connaît bien en France parce que beaucoup de Français vont passer leurs vacances en Tunisie, l'information, notamment sur Internet, n'est pas libre en Tunisie. Tunisie.

L'Arabie Saoudite, pareil, un pays où il y a un taux de censure extrêmement fort. L'Iran, dont on parle beaucoup en ce moment, avec toute la crise, les manifestations, etc., on ne peut pas savoir ce qui se passe réellement en Iran, parce que le degré de censure est extrêmement important. Et puis la Chine, dont on a beaucoup parlé au moment des Jeux Olympiques notamment, où là aussi, être journaliste indépendant en Chine, ce n'est pas possible. Mais alors, dans tous ces pays, on peut quand même recevoir techniquement Internet. Alors qu'est-ce qu'on reçoit sur Internet ?

On reçoit un Internet filtré, censuré par les autorités. C'est-à-dire que les autorités mettent en place des moyens techniques qui permettent de limiter les informations qu'on a sur Internet. Le site de Reporters sans frontières est inaccessible en Chine, par exemple.

On ne peut absolument pas lire votre site ? Pas du tout. Non, non, si on tape rsf.org, qui est le site de RSF, on tombe sur un message d'erreur qui vous dit que ce site est inaccessible.

D'accord, alors ça c'est grave, mais c'est intéressant en même temps. D'ailleurs, Jamy, j'aimerais bien savoir comment, concrètement, on arrive à contrôler techniquement Internet. Internet est un gigantesque réseau qui relie entre eux des centaines de millions d'ordinateurs et de téléphones portables.

Théoriquement, il leur permet de communiquer entre eux et d'accéder à des données qui sont rassemblées. sur des sites. Ces sites sont hébergés par ce que l'on appelle des serveurs, que l'on peut comparer à de gigantesques bibliothèques numériques. Pour accéder à un site, l'internaute doit absolument passer par un fournisseur d'accès Internet.

Vous en connaissez plein, Orange, Free, SFR, etc. Pour consulter le site de Reporters sans frontières, par exemple, vous commencez par taper l'adresse. Si vous essayez de vous connecter depuis la France... Le fournisseur d'accès va sans aucune difficulté analyser cette adresse, trouver le serveur qui héberge le site, lui adresser votre demande et en retour, le serveur va vous envoyer les pages que vous souhaitez consulter. Quand un internaute essaie de se connecter au site internet depuis la Chine, c'est différent.

En effet, le gouvernement chinois contrôle les fournisseurs d'accès et interdit l'accès à tous les sites qui ne sont pas tendres avec lui. Résultat, quand un internaute... L'internaute chinois essaie de se connecter au site de Reporters sans frontières.

La demande est aussitôt rejetée. Oui, mais à mon avis, Jamy, aujourd'hui, il y a sûrement des façons de contourner les blocages, non ? Absolument. L'internaute peut masquer sa demande en utilisant un site relais, ce que l'on appelle un site proxy. Au début, ce site n'attire pas l'attention des autorités chinoises.

Grâce à lui, l'internaute va pouvoir accéder au site censuré, car c'est lui, le site relais, qui va aller chercher les informations sur le site interdé, qui en retour va les crypter afin qu'elles passent inaperçues. Le problème, c'est que ce sont malgré tout les internautes qui doivent prendre l'initiative d'aller chercher ces sites relais. Et ce n'est pas simple, car en général, les adresses sont fournies par des dissidents qui se trouvent à l'étranger.

Et en plus, les autorités chinoises traquent ces citrelais pour les interdire. Mais le contrôle de l'information ne s'arrête pas là. Le gouvernement chinois, par exemple, utilise aussi le web pour faire de la propagande. ... Prenons un exemple.

Je cherche des images du massacre de Tiananmen. Sur le moteur de recherche Google en France, je tombe sur les célèbres photos des chars chinois en train de réprimer la manifestation étudiante de 1989. Mais sur Baidu, le principal moteur de recherche chinois, voilà ce que j'obtiens. Une carte postale touristique de la place Tiananmen. Et ce n'est pas tout.

Il existe ce qu'on appelle le parti des 50 centimes. Ce sont des gens, des citoyens, des particuliers qui sont payés 50 centimes à chaque fois qu'ils postent, par exemple sur des forums de discussion, des commentaires positifs sur le gouvernement, les autorités, la politique menée par le parti communiste par exemple. Il est donc très difficile de faire la part des choses dans les informations qui nous arrivent de ces pays en dictature. Eh bien tu vois Jamy, on a réussi à le faire notre site d'information, on a même reçu un article de Sabine. Ah oui je vois, mais à ce rythme là, on va sortir une page par mois.

Ah bah tu me fais rire, c'est un métier hein, il faut embaucher des journalistes. Euh, avec quel argent ? Ah bah je sais pas moi... Moi, je m'occupe de l'information, toi, tu t'occupes du reste.

C'est toi le patron. Ah, bah sympa. Marcel, tu sais écrire ?

Si vous voulez revoir cette émission et avoir d'autres informations, vous pouvez nous retrouver sur le site internet de C'est Pas Sorcier à l'adresse www.c'estpasorcier.com C'est pas sorcier.com