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Langues autochtones du Canada : défis et initiatives

Bonjour, bonsoir à tout le monde. Ravi de vous voir aussi nombreux pour cette conférence de ce soir de Franck Mirou. Donc, en tant que présidente de l'Institut de Recherche Langage, je voulais juste vous présenter en deux mots ce que c'est que notre institut. Notre institut, il est vraiment orienté recherche. En fait, l'Université de Mons...

Elles s'organisent en facultés. Les facultés sont des éléments d'organisation de l'enseignement. Et puis transversalement à ça, orthogonalement à ça, on a les instituts. Et donc les instituts, ils fédèrent des chercheurs qui peuvent être de plusieurs facultés.

Et notre institut est vraiment fédéré autour de la thématique de langage. Et donc vous allez avoir dans notre institut des gens qui sont logopèdes, des gens qui sont traducteurs. et ou interprète, mais également des médecins, par exemple des médecins ORL ou des médecins neurologues, des ingénieurs qui vont s'intéresser au traitement du signal, des informaticiens, des philosophes, des phonéticiens, moi-même je suis phonéticienne, des physiciens-acousticiens, des didacticiens des langues, etc. L'intérêt de toutes ces personnes qui font de la recherche, c'est de faire de la recherche sur l'objet langage, du point de vue qui est le leur, et donc de se mettre ensemble. pour développer des recherches pluridisciplinaires.

L'objectif de notre institut, c'est vraiment d'essayer de faciliter ces différents contacts, donc de promouvoir les actions de recherche déjà existantes des différents éléments de l'institut, mais aussi de faire en sorte que ces différentes composantes se parlent entre elles, travaillent, collaborent, mettent en commun leurs ressources, et aussi développent des projets nouveaux, parce qu'on a atteint une masse critique. Et donc on va s'intéresser à tout ça. tous les aspects du langage, le langage oral, le langage écrit, les langues, des langages formels, la diversité des langues humaines, ce dont on va parler aujourd'hui, des aspects plus paroles, voix, donc c'est vraiment très diversifié.

Alors je n'ai pas encore reconté juste avant ce soir, nous avions l'année dernière environ 110 chercheurs, dont 35 doctorants. Ça doit sans doute bouger. Et puis nous essayons d'avoir le plus de projets et de publications en lien avec tout ça. Alors l'Institut a organisé donc ce cycle de conférences, cette année 2022-2023, que nous avons appelé Conversations Parce qu'il s'agit de conférences autour du langage et on a envie qu'il y ait quand même une dimension d'interaction, de conversation entre vous, le public, et nous, et le conférencier. Donc on a commencé le mois dernier par une conférence sur les fonctions de la parole et du langage en médecine.

Et puis aujourd'hui, on a le plaisir d'accueillir le professeur Franck Mirou à propos des langues autochtones du Canada. Et vous voyez peut-être derrière moi avec ce slideshow qui n'arrête pas de bouger, on essaie de vérifier ce qui se passe, que nous avons encore deux conférences prévues d'ici la fin de l'année académique. Une concernant les paysages de la mémoire traumatique et le rôle du langage dans la mémoire traumatique, notamment autour des camps de concentration. Et une dernière conférence qui concernera la voix, donc voix parlée, voix chantée.

Donc si ça vous intéresse, n'hésitez pas à venir aux autres conférences. Puis n'hésitez pas à en parler autour de vous. Donc c'est un cycle de conférences qui s'appelle Grand Public, où l'idée c'est quand même d'avoir un temps un petit peu plus long que des conférences rapides et orientées uniquement recherche. pour qu'un public plus large, intéressé, puisse venir échanger à la fin de la conférence avec le conférencier. Et donc parce qu'on échange mieux autour d'un petit verre, il y a un petit verre de l'amitié qui est prévu à la fin de la conférence, donc vous êtes toutes et tous invités à rester pour cet échange convivial après la conférence.

Mais donc je laisse la parole maintenant à Madame Catherine Gravé et au conférencier. Oui, moi je suis chargée de vous présenter Franck Mirou. Peut-être d'abord pour vous dire comment j'ai rencontré Franck Mirou et quelle peur il m'a faite, parce que c'était à l'université de Zwickau. En fait, je l'avais déjà rencontré avant, mais bon. À l'université de Zwickau, j'avais préparé une communication sur la traduction du premier roman en inoctitut, c'est une langue des autochtones du Canada.

Et je m'étais penchée sur la traduction en français de ce texte. Il y a trois traductions en français. C'était très intéressant de comparer les trois traductions.

Et puis, Franck n'était pas du tout d'accord, enfin, je crois qu'il n'était pas d'accord avec ce que j'avais dit sur les traductions en français du texte en Inuctitude. Et je crois que c'est la première fois que ça m'arrivait de rencontrer quelqu'un qui connaissait le sujet dont je parlais à un colloque et puis qui n'était pas d'accord avec moi. Et donc, ça a été vraiment très, très fructueux comme échange parce qu'en fait, Franck Mirou a écrit une thèse de doctorat sur un sujet qui est vraiment passionnant.

C'est une thèse de doctorat et une étude, une recherche vraiment engagée. Il s'est penché sur les pensionnats au Canada, les pensionnats dans lesquels on envoyait les Indiens pour les acculturer, comme on dit, pour les transformer en bons. petits citoyens canadiens et en leur faisant perdre complètement leur identité, leur langue, leur identité, leur culture, complètement annihilée par l'action des pensionnats. Donc le sujet de sa thèse, c'est ça.

Quel a été le caractère juridique et politique de cette acculturation ? et puis comment ça se retrouve cette acculturation dans la littérature, dans les textes écrits par les autochtones et pourquoi il faut vraiment traduire et retraduire en français, en anglais, les textes écrits par des autochtones. Donc le sujet qu'il va présenter, c'est plus sa thèse qu'il défend ici, C'est vraiment un sujet assez subversif.

Il va montrer quelle est la résistance des langues et littératures autochtones vis-à-vis de cette acculturation. On a parfois parlé d'enculturation, mais je vous passe les détails. Il me reste à dire qu'il vient de l'université de Pau. En tout cas, il enseigne à l'université de Pau. Mais pour sa recherche, il est rattaché à l'université.

de Toulouse. Je ne dirai pas à quelle conclusion on en est arrivé et je lirai simplement le titre de sa conférence, Les langues autochtones du Canada, des politiques d'effacement aux stratégies de la surveillance Merci Franck, je te laisse le micro en espérant que le powerpoint ne va plus bouger constamment. Alors il faudrait que, ouais c'est peut-être ça, c'est peut-être moi en pliant le câble. Tac, tac, tac, alors.

Essayez de mettre le mien. Allez-y, allez-y bien sûr. Je remercie Véronique, Catherine et l'Institut. Je suis vraiment très content d'être à Mons parmi vous et je vous remercie beaucoup pour votre présence aujourd'hui, pour m'écouter parmi vous.

d'un sujet qui me tient vraiment à coeur c'est la survivance des langues autochtones du canada je vais peut-être procéder en quatre étapes je vais faire un panorama des langues autochtones au canada pour vous donner une idée un état des lieux où on en est aujourd'hui on va identifier quelques Quelques difficultés et quelques obstacles. Et ensuite, dans une quatrième partie, peut-être les stratégies de survie, de survivance et de redynamisation des langues autochtones. Pour qu'on sache bien de quoi on parle, les peuples autochtones du Canada, tous les chiffres que je vais vous donner datent de 2021, qui sont les derniers chiffres publiés par Statistique Canada, qui est l'organisme fédéral de recensement au Canada. En 2021, la population autochtone représente 5% de la population canadienne, soit 1,8 million d'individus, répartis en trois sous-groupes, les Premières Nations, les États-Unis et les États-Unis. qui sont le groupe majoritaire parmi les autochtones.

Les métisses, qui sont un groupe distinct au Canada, ce qui n'est pas le cas aux États-Unis, parce qu'il y a une histoire des métisses très particulière au Canada, qui représente le deuxième sous-groupe. Et le troisième sous-groupe, ce sont les Inuits, qui sont les moins nombreux, mais on va voir qui sont peut-être les plus dynamiques en matière de préservation et de redynamisation de leur langue. Les langues autochtones du Canada, c'est huit grandes familles linguistiques. C'est une carte qui représente un peu la distribution géographique. cette distribution des langues sur le plan géographique n'a pas beaucoup varié depuis la colonisation du Canada, contrairement aux États-Unis.

Aux États-Unis, il y a eu des déplacements de population indienne assez importants, ça n'a pas été le cas au Canada. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de déplacements de population, mais à moindre échelle et sur des périmètres géographiques plus restreints. Donc, peu ou prou, cette répartition linguistique était celle avant l'arrivée des Européens au Canada.

On distingue huit grandes familles linguistiques au Canada. La première grande famille, ce sont les langues qui sont parlées dans l'Arctique canadien, qui sont également parlées, vous le voyez, en Alaska et au Groenland, mais on va se concentrer sur le Canada. Ce sont les langues Inuit-Aleut, on en compte deux au Canada, l'Inuktitut, qui est la langue majoritaire des Inuits, notamment dans le Nunavut et le Nunavik, et l'Inuktun, qui est l'Inuktitut qui est parlé dans l'Ouest canadien, c'est-à-dire les Inuits qui vivent plutôt dans les territoires du Nord-Ouest et le Yukon. Pour que les langues existent, il faut les entendre. Donc je vous propose pour chaque famille linguistique d'écouter, d'habituer votre oreille à un locuteur de langue maternelle, Inuktitut ici en l'occurrence.

L'inuktitut, comme les quatre autres familles linguistiques que je vais présenter en premier, est une langue qu'on appelle polysynthétique. C'est-à-dire que vous avez quatre grandes familles linguistiques de langues polysynthétiques. Ce sont des langues qui fonctionnent par concaténation de l'exem.

C'est-à-dire qu'en fait, un seul mot est traduit, puisque vous faites de la traduction en français ou en anglais ou dans les langues indo-européennes, par une phraseologie. Par exemple, je pense en langue, en Ehigawewin, la langue cri, le mot wikshilowu. se traduit, c'est un seul mot, et ça se traduit par le vent tourne ou le vent se lève.

Vous voyez, c'est carrément une phraseologie qui est utilisée. Donc ces langues concatènent des lexèmes et en un seul mot expriment, ce qui n'est pas possible d'exprimer en un seul mot, donc, dans les langues indo-européennes notamment. C'est également le cas des langues atapascan, qui est la deuxième grande famille linguistique. On les appelle les langues nadénées.

Elles sont parlées dans l'Ouest canadien, essentiellement la Colombie-Britannique et les territoires du Nord-Ouest. Le guichin, le slavé, le dénesoulin ou le tlichor parmi... Parmi d'autres, il y en a plus que ça.

Et je vous propose d'écouter en locuteur de la langue Téné. Vous voyez, on ne comprend pas ce que dit cette personne parce qu'on ne parle pas le Téné. Mais votre oreille a déjà fait la différence entre les sons de l'Inuktitut.

et les sons des langues nadénées, qui sont un des auteurs sur lesquels je travaille, dit entre le déné, l'inuktitut et le nehiyawéwin, il y a autant de points communs qu'entre le japonais et le français par exemple, ou le japonais et l'anglais. Ce sont vraiment des langues qui présentent des divergences sur le plan linguistique, sur le plan morphologique, mais également sur le plan phonétique. Les langues algonquiennes sont le groupe majoritaire, ce sont les langues qu'on va retrouver dans tout l'Est canadien, le Québec, l'Ontario.

et toutes les plaines, ce qu'on appelle les prairies au Canada, la région des prairies, qui est cette région ici centrale du Canada, la Saskatchewan, l'Alberta et le Manitoba, le Nehiyawewin, qui est la langue autochtone la plus parlée au Canada, c'est la langue cri, l'Anishinaabemowin, qui est la langue Ojibwe, l'Inuaimun, au Québec essentiellement et au Labrador, le Mi'kmaq, que les Français avaient surnommé et rebaptisé les Mi'kmaq, mais qui s'appelle Mi'kmaq dans leur langue, et... une seule langue algonquienne dans la région des Prairies, le Siksikaipo-Washin, qui est la langue des Indiens pieds noirs, qui est parlée, vous voyez, à la frontière avec les Etats-Unis, ici dans les Prairies. Et je vous propose d'écouter en locuteur de Nehiyawewin, du cri. Donc on est encore dans des langues polysynthétiques, on verra si on a le temps que ça a une influence dans la traduction ou dans la résurgence de ces langues dans les textes en anglais ou en français.

Le polysynthétisme de ces langues font qu'elles ont un rythme assez rapide lorsqu'elles sont parlées. L'auteur sur lequel je travaille, Thomson Highway, même quand il... Il parle anglais, il parle à la vitesse d'une mitraillette et il joue de ça dans son texte exactement.

Avec un staccato, il est musicien, en plus il est pianiste, donc tout ça compte énormément pour lui. Mais c'est juste pour vous donner une idée au départ. Toujours dans ces langues... polysynthétiques, les langues Iroquoiennes, ce sont des langues qui sont parlées essentiellement dans l'est de l'Ontario, l'ouest du Québec, le sud-ouest du Québec et le sud-est de l'Ontario. Le Haudenosaunee, c'est le nom que les Iroquois se donnent dans leur propre langue et le Huron-Wendat qui est parlé aux alentours de la ville de Québec et dans la région de Montréal.

Et c'est un locuteur Mohawk que je vous propose d'écouter. Le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de la France, le roi de on voit bien que on voit bien les différents on perçoit les différences à l'oreille très nettement je trouve on sort de ces langues polysynthétiques la cinquième grande famille linguistique ce sont les langues siouan donc les langues siou, siou c'est le nom que les français leur avaient donné dans leur propre langue, ils s'appellent Lakota, Dakota, ça c'est aux Etats-Unis, et Nakoda et Nakota ou à Sinebogne-Estonie au Canada. Il y en a très peu au Canada, dans le sud des prairies, mais il y a quand même des langues siouanes parlées. Et c'est en locuteur du Nakoda que j'ai choisi comme exemple.

Le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie, le maître de la vie Si je continue mon panorama, on arrive à la sixième grande famille linguistique. Alors là, ce sont des langues qui sont parlées sur la côte ouest de la Colombie-Britannique, la côte pacifique. Ce sont les langues salichiennes, le salich, le nuxac, le squamish, le séquepensin. Et c'est un locuteur de salich. Il y a des sons consonantiques très particuliers dans les langues salichiennes qui les rendent difficilement transcriptibles par l'alphabet latin.

On a inventé donc des caractères pour pouvoir retranscrire ces langues à l'écrit. Vous avez vu d'autres caractères qui sont les syllabaires, je n'aurai pas le temps d'en parler là, mais si vous voulez en savoir plus, vous pouvez me poser des questions à la fin. Je vous parlerai du travail des missionnaires, puisque ce sont les missionnaires qui ont encodé à l'écrit ces langues autochtones.

Les langues wakashas. donc sont des langues assez minoritaires, parlées également en Colombie-Britannique, essentiellement sur l'île de Vancouver. L'île de Vancouver, c'est cette immense île qui fait face à la ville de Vancouver.

Le Kwak'yut'ol, le Nutschanult, et c'est en locuteur, une locutrice de Kwak'yut'ol que j'ai choisi. La famille suivante donc, et la dernière famille, c'est les langues de Tsmichianik, le Nishka, le Tsmichian, et c'est un locuteur du Tsmichian. Ce sont des langues, vous voyez, vous avez pas mal de locuteurs aux Etats-Unis, au Canada, assez peu.

On voit bien que le rythme n'est pas le même. Et vous rajoutez à ces familles linguistiques deux isolats, on appelle ça des langues orphelines ou des isolats dans un lexique plus spécialisé, le Haïda et le Koutounaï, tous les deux parlés en Colombie-Britannique. Et vous avez un panorama des grandes familles linguistiques de langues autochtones.

Je vous ai dit qu'on ferait en état des lieux. Je me suis appuyé. 2019, vous le savez certainement, a été déclaré année internationale des langues autochtones par l'UNESCO.

A l'occasion de cette année internationale des langues autochtones, l'UNESCO a financé des travaux d'horizon. de recherche et des cycles de conférences sur les langues autochtones. Et l'UNESCO a estimé, les chercheurs ont estimé qu'il y avait environ 6700 langues parlées dans le monde, 6700 langues connues environ dans le monde, dont 4000 sont des langues parlées par des peuples autochtones. L'UNESCO a estimé qu'en l'absence de politique linguistique efficace, la moitié de ces 6700 langues auront disparu d'ici la fin du XXIe siècle. Et forcément, l'immense majorité des langues qui vont disparaître, ce sont des langues autochtones, notamment les langues autochtones.

dans les pays qui n'ont pas été décolonisés, parce que, soyons clairs, le Canada est un pays qui n'a jamais été décolonisé, comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande. Si vous prenez, par exemple, je ne sais pas, l'Afrique du Sud, depuis la fin de l'apartheid, est un pays décolonisé, c'est-à-dire que ce sont les descendants des peuples premiers qui sont aux commandes, politiquement, sur le plan législatif. Au Canada, ce n'est pas le cas, aux États-Unis, ce n'est pas le cas, en Australie, ce n'est pas le cas non plus. Au contraire, les autochtones sont largement sous-représentés dans les institutions. Au Canada, pour revenir donc à notre sujet, il y a plus de 70 langues autochtones qui sont parlées aujourd'hui, qui ont survécu à la colonisation.

Très peu de langues autochtones étaient au Canada, beaucoup moins qu'aux États-Unis. C'est pareil, je n'ai pas trop le temps de m'étendre sur ça maintenant, mais si vous voulez en savoir plus sur les États-Unis, je serais ravi de vous expliquer pourquoi il y a cette différence. Pourquoi il y a plus de langues qui ont disparu aux États-Unis qu'au Canada ? Parce qu'il y a des raisons.

Et selon les catégories définies par l'UNESCO, environ la moitié des langues autochtones parlées au Canada sont en danger critique d'extinction. Attention ! Un quart en danger d'extinction et un quart reste vulnérable. Donc vous voyez, on est sur la moitié en danger critique d'extinction, la moitié en danger d'extinction, un quart en danger d'extinction et un dernier quart vulnérable. Le Statistique Canada estime qu'il n'y a que trois langues autochtones viables au Canada, le CRI, le Nehiyawewin, l'Anishinaabemowin, la langue djibwe et l'Inuktitut.

Le Statistique Canada estime que les autres langues, par manque de locuteurs de langue maternelle, sont vouées à disparaître. Le recensement de 2021 montre que les langues autochtones viables au Canada sont vouées à disparaître. Je vous donne quelques chiffres pour vous donner une idée. Ce n'est pas retenir les chiffres, c'est avoir une idée de ce qui se passe. 10,5% des personnes qui s'identifient comme autochtones au Canada s'identifient comme locuteurs d'une langue maternelle autochtone.

C'est une minorité des autochtones qui s'identifient comme locuteurs de langue maternelle autochtone. A peine 10%. C'est un chiffre qui est en baisse de 8,1% par rapport en 2016. En 5 ans, les langues autochtones ont perdu 8% de leurs locuteurs.

C'est énorme. Ça montre également que la population de langue maternelle autochtone au Canada est une population plus âgée. D'ailleurs, on pourrait parler du rôle, j'ai lu un article très intéressant récemment, pas au Canada, mais aux États-Unis, sur l'impact du Covid, de la pandémie du Covid, sur la disparition des langues siouanes, c'est-à-dire que les premières personnes à décéder ont été les personnes âgées, les aînés, les anciens, qui étaient les plus à même de transmettre des éléments culturels et linguistiques.

Et avec leur disparition, sachant que les populations autochtones aux États-Unis et au Canada, on ne va pas se mentir, ont été plus touchées par le Covid que les... populations non autochtones parce que l'accès aux soins n'est pas le même souvent. Quant aux personnes qui s'identifient non pas comme locuteur de langue maternelle autochtone mais capable de parler une langue autochtone ce qui n'est pas la même chose il est en baisse également le chiffre de 4,3 par rapport à 2016 donc on est vraiment sur une pente descendante au niveau du nombre de locuteurs c'est ce que les spécialistes appellent un phénomène de perte accélérée en fait des langues de disparition accélérée alors aux Etats-Unis c'est encore c'est encore pire au Canada c'est quand même mon phénomène phénomène qui est largement enclenché.

Si on identifie les problèmes auxquels font face les autochtones pour préserver leur culture et la langue, le premier problème est d'ordre démographique. On pense au choc bactériologique, c'est-à-dire le fait que les populations autochtones d'Amérique du Nord n'étaient pas immunisées contre des maladies que les Européens ont emmenées lors de la colonisation, des maladies aussi bêtes que la grippe, la variole a fait des ravages, la tuberculose au début du XXe siècle a fait des ravages dans toute la population canadienne, mais particulièrement dans les pensionnats indiens d'ailleurs, et parmi les peuples autochtones. Et ce long déclin démographique en fait s'ajoute au choc bactériologique des famines, des famines provoquées souvent par le gouvernement canadien pour des raisons politiques. C'est par exemple la stratégie d'extermination des bisons dans les prairies ou dans les grandes plaines aux Etats-Unis faisait partie d'une stratégie politique visant à affaiblir les Indiens et à les forcer à signer des traités qu'ils n'avaient plus la force de négocier.

Parce que on sait très bien que quand on meurt de faim, on se laisse faire plus facilement, on résiste beaucoup moins. Donc pour vous donner une idée, on estime, on n'a pas de chiffre exact parce que personne n'a fait de recensement avant la colonisation, mais les spécialistes estiment qu'avant la colonisation du Canada, au début du 16e siècle, il y avait entre 400 et 500 000 autochtones au Canada. Entre 400 et 500 000, les estimations les plus basses, 2 millions les plus hautes.

On va se dire qu'on va situer au milieu, on peut dire qu'à On doit avoir un nombre à peu près fiable. On est à 800-900 000 autochtones au début du XVIe siècle. En 1867, quand le Canada devient une confédération, cesse d'être une colonie britannique, il en reste 100 à 125 000. Cela vous donne une idée de l'ampleur du déclin démographique.

Les populations autochtones du Canada enregistrent un solde démographique négatif jusqu'aux années 1920. C'est-à-dire que leur démographie est décroissante jusqu'aux années 1920. Elle se stabilise jusqu'aux années 1950 et elle recommence à croître. que depuis les années 50 de manière assez progressive. Donc on est sur ce premier facteur qui est démographique. Le deuxième facteur, c'est l'influence des pensionnats indiens qui ont déjà été évoqués par Catherine. Je ne sais pas si ça fonctionne.

Voilà, ça revient, ça s'en va et ça revient. Voyons. Voilà. Je vais vous montrer quelques images des pensionnats indiens, vous en trouverez plein sur internet.

Je vous explique brièvement, les pensionnats indiens c'est un système qui a été mis en place dans les années 1880 par le gouvernement canadien qui a imité le gouvernement américain parce qu'il y en a eu aux Etats-Unis également. La différence c'est qu'aux Etats-Unis le système n'a pas été aussi institutionnalisé qu'au Canada. Au Canada le gouvernement a imaginé un partenariat avec les églises, l'église catholique qui a géré 60% des pensionnats et les églises protestantes et anglicanes.

qui ont géré les 40% restants. Le financement était assuré par le gouvernement fédéral canadien, mais les petites mains, si je puis m'exprimer ainsi, qui géraient les pensionnats, qui administraient les pensionnats, c'était les prêtres pour les catholiques et les sœurs, et les religieux protestants, dans le cas de pensionnats presbytériens ou méthodistes. Avec une véritable guerre des religions, une course à l'ouverture aux pensionnats, c'était à quelle confession on ouvrirait le plus de pensionnats pour convertir le plus d'Indiens, et cette guerre des religions, elle était aussi linguistique, parce qu'elle sous-tendait la...

la guerre entre la francophonie et l'anglophonie. Forcément, la francophonie au Québec plutôt catholique et l'anglophonie plutôt anglicane, presbytérienne ou méthodiste. Quoi qu'il en soit, les premiers pensionnats ouvrent dans les années 1870 et en 1880, il y a une explosion du nombre de pensionnats jusqu'au début du XXe siècle. On a trois pensionnats en 1883 et au début du XXe siècle, il y en avait plus de 125. Donc vous voyez, en une quinzaine d'années, l'expansion de ce système.

des conditions d'accueil des élèves parfois effroyables, pas tout le temps, on ne peut pas dire que tous les pensionnats se valaient, ça serait faux, mais une stratégie de la contention de l'indien, c'est-à-dire on enferme l'indien dans la réserve, l'adulte, et on enferme l'enfant dans des pensionnats. Vous vous doutez bien que ce n'est pas un hasard si ce sont des pensionnats. L'idée c'était d'éloigner les enfants autant que possible de leur communauté et de leur famille en les plaçant dans des internats. Certains revenaient pour les... les grandes vacances, les vacances d'été, certains, Joséphine Bacon dont je vais vous parler après, pendant 15 ans elle n'est jamais revenue dans sa famille, on l'a extrait à 5 ans de force de sa famille et elle est revenue, elle avait 19 ans je crois ou 20 ans.

Vous imaginez le degré d'aliénation de ces enfants autochtones, de leur langue, de leur culture, ce sont des machines à désindianiser en fait, même pas à acculturer, à déculturer l'enfant indien parce que si ça avait été de l'acculturation, on aurait fourni aux enfants indiens les outils pour s'insérer dans la société canadienne, notamment les outils linguistiques. Or, on s'aperçoit très vite que l'apprentissage de la langue anglaise ou du français, dans une moindre mesure, il y avait peu de pensionnats francophones, la plupart étaient anglophones, l'apprentissage de la langue anglaise était réduit assez rudiment, simplement pour permettre aux enfants, en gros, de lire la Bible et de comprendre les ordres qu'on leur donnait. Et à la fin du pensionnat, on les renvoyait sur leur réserve, il n'y avait aucune place pour ces enfants ensuite, ou ces jeunes adultes, dans la société canadienne.

L'idée, c'était de faire des études. c'est d'éduquer l'Indien mais de ne pas l'éduquer au-delà de ce que sa race, je reprends le terme sciemment, lui permettait de comprendre. Ce n'était pas la peine de dépenser trop d'argent, c'est la fameuse théorie des couleurs et la théorie des races en fait qui prévalait. Il ne faut pas croire que le système des pensionnats indiens est un système uniquement racialiste, ce sont des politiques racialistes mais il y a une logique politico-économique derrière. Le gouvernement canadien voulait se débarrasser du statut d'Indien, c'est-à-dire voulait forcer l'émancipation des Indiens, ils appelaient émancipation le fait de ne plus...

plus bénéficier du statut d'Indien, parce que plus d'Indien, plus de traités, plus d'obligation de faire respecter les traités. Et dans les traités que le gouvernement canadien avait conclu avec les peuples autochtones, il avait des obligations, notamment l'obligation de pourvoir à l'éducation des enfants indiens. Donc l'idée c'était extinction du statut d'Indien, comme ça il n'y a plus de problème, plus de politique indienne, plus d'argent public dépensé pour les peuples autochtones. Donc...

Au-delà, si vous voulez, de la déculturation, il faut bien comprendre que les pensionnats indiens, ce sont des politiques, ce sont la trace de politique linguistique et culturelle extrêmement hostile et agressive. Il s'agissait aussi d'inculquer à l'enfant la honte de son indianité. J'insiste sur ça, c'était des systèmes extrêmement coercifs, c'était des systèmes extrêmement humiliants, fondés sur l'humiliation, et qui dégoûtaient l'enfant de son indianité. Avec toutes les conséquences que ça a pu avoir sur les jeunes adultes ensuite, c'est-à-dire le rapport à son identité tribale était... complètement perturbé et je vous parlerai d'un phénomène lié à ces politiques dans quelques instants.

Pour vous donner une idée, vous avez quelques photos des pensionnats indiens, vous remarquerez que pas un seul de ces enfants ne sourit sur les photos prises aux pensionnats et ça pour vous donner une idée c'était les photos qu'on appelait before after. Elles étaient très populaires, elles étaient vendues sous forme de cartes postales. Celle-là n'est pas canadienne, elle est étatsunienne.

C'est un jeune indien navaro, c'est la plus connue. On prenait souvent une photo de l'enfant indien le jour de son entrée au pensionnat et un an ou deux ans après. Quand vous voyez ce jeune navaro au bout d'un an, vous comprenez l'ampleur du programme de transformation, de désindianisation. Et lui était dans un pensionnat modèle, c'est-à-dire un pensionnat où on poussait l'éducation des enfants autochtones. Dans la plupart des pensionnats, les conditions étaient beaucoup moins bonnes.

Ces pensionnats indiens ont... ont fait l'objet d'une commission de vérité et réconciliation entre 2008 et 2015. On a nommé trois commissaires, vous les voyez ici, donc deux commissaires autochtones et Marie Wilson qui n'est pas autochtone mais qui est mariée en chef autochtone. Et ils ont mené les travaux de cette commission pendant sept ans, publié un rapport de plus de 4000 pages en six volumes qui est un travail...

considérable de mémoire sur les pensionnats indiens, auditionner plus de 1500 survivants des pensionnats qui ont souhaité s'exprimer publiquement ou pas, enregistrer les témoignages, créer un centre de la mémoire des pensionnats à Winnipeg où sont stockés, où sont enregistrés tous ces témoignages. où il y a une base de données maintenant, qui sert notamment aux historiens spécialisés en histoire orale sur l'histoire des pensionnats du Canada. Pour vous donner une idée sur le plan linguistique de l'ampleur de ces politiques dans les pensionnats ou de ces mesures répressives, j'ai choisi le témoignage de Pierrette Benjamin.

Pierrette Benjamin, elle a fréquenté le pensionnat de Latuc. dans les années 1960. Ils ont duré jusqu'à les années 70, les pensionnats. Ils ont fermé beaucoup au début des années 70 parce que le partenariat entre l'Église et l'État a cessé, donc plus d'argent, plus de pensionnats.

Mais les derniers n'ont fermé qu'en 1996, donc on parle de choses très récentes encore. Pierre-Edouard Jamin témoignait à la TUG devant la commission de vérité et réconciliation sur ce qui lui est arrivé au pensionnat de la TUG dans les années 60. Ils ont pris un gros morceau et ils me l'ont mis dans la bouche. Et la directrice, elle me l'a mis dans la bouche et elle a dit mange-le mange le et elle m'a juste montré quoi faire elle m'a dit de l'avaler elle a mis la main devant ma bouche alors je mâchais et je mâchais et j'ai dû l'avaler alors je l'ai avalé après j'ai dû ouvrir la bouche pour montrer que je l'avais avalé et à la fin j'ai compris et elle m'a dit c'est une langue sale c'est le diable qui parle par ta bouche c'est pour ça qu'il fallait la laver parce qu'elle était sale c'est le châtiment donc la sanction dont elle a écopé pour avoir utilisé sa langue autochtone dans l'enceinte du pensionnat parce que les langues autochtones étaient absolument proscrites ou alors quand elles étaient tolérées c'était ne m'a pas fait manière très folklorique par certains prêtres qui avaient une fascination un peu morbide pour les langues et les cultures autochtones très stéréotypé en tout cas inculqué donc à l'enfant la honte de son identité tribale la honte de son indianité alors on pourrait et on pourrait penser que les populations autochtones au canada enregistre une forte croissance démographique depuis quelques années vous voyez après ce après ce déclin et cette stagnation ce sont Ils enregistrent un accroissement démographique de 9,4% contre 5,3% pour le reste de la population canadienne.

Donc on pourrait se dire qu'il y a des facteurs encourageants d'essor démographique. C'est une population jeune, 25% des autochtones au Canada ont moins de cas. de 25 ans. Le problème, c'est que ces facteurs facilitants sont tempérés ou même neutralisés par un facteur de taille, c'est la surreprésentation des autochtones dans le système carcéral au Canada, des jeunes autochtones, et la surreprésentation des autochtones dans les services d'aide à l'enfance et dans les foyers de placement.

J'ai pris quelques chiffres. Au Canada, les autochtones représentent 10% des enfants de moins de 14 ans. 10% des enfants de moins de 14 ans.

Ils représentent 54% des enfants placés en foyer d'accueil ou en famille d'accueil. accueil non autochtone. Donc vous voyez l'ampleur de cette surreprésentation et le placement en famille d'accueil ou en foyer d'accueil non autochtone de ces enfants n'est qu'un prolongement des politiques d'éloignement, d'aliénation des enfants autochtones de leur culture et de leur langue.

Il faut également évoquer ce qu'on appelle les conséquences intergénérationnelles des pensionnats indiens. Vous comprenez bien que quand on a fréquenté les pensionnats indiens, quand on a vécu ce qu'a vécu Pierrette, quand on a vécu des abus sexuels pour certains enfants, des violences sexuelles... des violences physiques, quand on vous a humilié, et bien, quand vous n'avez pas eu l'amour de vos parents, puisqu'on vous a arraché à votre famille, qu'il n'y a eu aucun tissu émotionnel ou affectif autour de vous, enfant, quand vous devenez vous-même parent, c'est compliqué d'assumer cette parentalité.

Et beaucoup de parents autochtones sont devenus des parents dysfonctionnels, avec des problèmes d'alcoolisme. Tous les autochtones ne sont pas alcooliques, ne sont pas toxicomanes. Il y a quand même beaucoup de problèmes d'addiction, et beaucoup de problèmes de violence, notamment de violence, je vais faire en anglais, de violence domestique, intrafamiliale. familiale, on va dire, en meilleur français, parmi les familles autochtones. Donc, ces pensionnats indiens, il ne faut pas croire que quand ça s'est arrêté, tout s'est arrêté.

Elles se transmettent de génération en génération et elles sont toujours très très prégnantes aujourd'hui au Canada. Je vous parlais donc de cette honte de son indianité et ça m'amène à un autre facteur qui est important, une autre difficulté de taille, c'est ce qu'on appelle la notion de suicide linguistique. La notion de suicide linguistique.

linguistique c'est l'idée qu'on a tellement honte de son identité et de sa langue qu'on préfère ne pas la parler et la transmettre parce qu'on pense que ça va être un facteur handicapant dans la vie. Par exemple il y a des parents, je discutais avec une amie qui est anthropologue à l'université d'Ottawa qui travaille avec les IUS et les IUS et les cris de la baie de James dans le nord du Québec et elle me disait tous les parents IUS ne veulent pas que la langue IUS soit enseignée dans les écoles. Certains le veulent, d'autres pensent que ça va handicaper leurs enfants, que ça va entraver leur apprentissage de l'anglais et donc ne pas faciliter leur...

insertion dans la société canadienne non autochtone à l'octone donc en fait vous voyez il ya cette notion de suicide linguistique qui fait qu'on ne transmet pas la langue parce qu'on pense qu'on va nuire à ses enfants qu'on va qu'on va leur fermer des portes en fait sur le plan social et professionnel que ça sera un handicap et non pas un atout la non décolonisation des structures et des systèmes au canada des de tous les systèmes et toutes les structures est également à prendre en compte tous les tous les systèmes d'où s'exerce le pouvoir et la la langue est quand même un lieu d'exercice du pouvoir par excellence, n'ont pas été décolonisés. On peut parler d'une domination textuelle et discursive des Amériques, de l'Amérique du Nord en tout cas, par l'anglais en l'occurrence et par le français dans les communautés francophones du Canada. Il ne faut pas croire que les Québécois ont été plus avancés que les anglophones par rapport aux relations qu'ils ont eues avec les peuples autochtones. Donc la question c'est quelle place quand on est autochtone au Canada pour sa voix, comment se faire entendre, comment placer sa voix, comment la positionner.

Et la question du bilinguisme, parce que le Canada quand même est un pays dont l'identité est fondée sur le bilinguisme avec les deux langues officielles, le français et l'anglais. Cette question du bilinguisme qui se pose aux Canadiens ne se pose pas dans les mêmes termes pour les autochtones. Pour les autochtones, elle va... Il va être question de bilinguisme entre soit l'anglais, soit le français en fonction de l'ère géographique où ils vivent et leur langue autochtone et non pas de bilinguisme entre les deux langues dites dominantes ou en tout cas les deux langues officielles du Canada. Les autochtones qui vivent au Québec sont triplement marginalisés.

Ils sont marginalisés parce qu'ils sont francophones. au Canada, ils sont marginalisés parce qu'ils sont autochtones au Canada et ils sont marginalisés parmi les autochtones parce qu'ils sont autochtones francophones parmi des peuples autochtones qui à majorité maîtrisent l'anglais et non pas le français en plus, ou pas de leur langue autochtone. On assiste au développement parfois d'une véritable schizophrénie linguistique et en tout cas de phénomènes de diglossie.

Le phénomène de diglossie qui fait que dans les deux langues, entre les deux langues, on ne les utilise pas pour les mêmes raisons, dans les mêmes contextes. Il y a des choses dont on peut parler dans la langue. langue autochtone et qu'on ne peut pas exprimer en anglais on va le voir si j'ai le temps avec joséphine bacon dans des exemples plus concret on pourrait parler du rôle des nouvelles technologies également c'est j'ai lu un article assez intéressant récemment aussi sûr c'est pas un article c'est joséphine bacon qui disait que elle pensait que le développement de l'internet et des nouvelles technologies isoler les enfants inou elle et inou joséphine isoler les enfants inou des anciens des aînés et que quand il voulait trouver des réponses au lieu d'aller voir les aînés et bien il allume et plutôt internet ils allaient plutôt chercher sur internet et que ça entravait ces phénomènes de transmission des cultures et des langues. Elle évoque aussi le phénomène de mondialisation et je pense qu'elle a raison. Le phénomène de mondialisation nous encourage à l'homogénéisation des langues et des cultures plus qu'à la diversité.

Et je pense que les langues autochtones, je pense qu'au Canada, on a tendance encore à sous-estimer l'importance. de ces langues et leur diversité. Vous avez entendu des locuteurs, vous avez perçu ces diversités.

La première négation des identités tribales, elle a été la négation de la diversité des cultures et des langues autochtones au Canada et aux États-Unis. Résumer les autochtones à l'indien, voyez, comme s'il y avait un indien, une culture indienne, une langue indienne. On ne peut pas être plus dans le faux que ça. L'indien est une création de l'homme blanc, en fait, est une projection d'une image sur les autochtones qui ne correspond pas du tout à ce que l'on voit. ce que sont ces identités en réalité.

Je vous ai parlé des difficultés, on va essayer maintenant d'être plus positif et de voir ce qui se fait au Canada pour redynamiser ces langues. Sur le plan fédéral, le chef de l'Assemblée des Premières Nations en 2015, ce n'est plus lui maintenant, c'est une femme pour la première fois, elle s'appelle Rosane Archibald. mais c'était Perry Bellegarde, c'est un homme qui est très important Perry Bellegarde parce que c'est le premier à avoir parlé publiquement des violences sexuelles qu'il avait subi au pensionnat.

Il l'a fait sur Radio-Canada en 1991 et sa prise de parole publique a déclaré que c'était un homme qui avait subi des violences sexuelles. déclenché un flot de témoignages spontanés d'autochtones, d'anciens pensionnaires, de survivants des pensionnats qui ont dit moi aussi j'ai vécu ça, moi aussi Et ça a vraiment fait boule de neige et c'est ce qui a permis la commission vérité et réconciliation. Les autochtones se sont organisés, ils ont attaqué le gouvernement canadien devant les tribunaux et ils ont fait des recours collectifs. Et le gouvernement et les églises ont pris peur et se sont dit on va être condamnés à payer des sommes astronomiques, on va proposer un accord un settlement en fait et c'est ce qui s'est passé et dans cet accord il y avait le financement de la CVRC de la commission de vérité et réconciliation et Péry-Belgarde en 2015 quand la commission de vérité et réconciliation a rendu ses conclusions son rapport final a demandé officiellement à ce que les langues autochtones les plus de 70 langues autochtones parlées au Canada soient reconnues comme langues officielles au même titre que le français et l'anglais vous vous doutez que sa demande est restée lettre morte il n'a même pas eu de réponse à l'heure actuelle elle a été formulée en 2015 2015. Ça ne veut pas dire que le gouvernement fédéral n'a rien fait.

Le gouvernement de Justin Trudeau, Justin Trudeau venait d'être élu quand la CVRC a tenu sa cérémonie de clôture. Ça ne faisait même pas deux mois qu'il était élu. Il a pleuré. Tout le monde, on a vu les photos de Justin Trudeau, la larme à l'œil parce que ce sont des témoignages extrêmes. C'est bouleversant quand vous disiez les témoignages de survivants.

C'est quand même des choses extrêmement violentes, extrêmement humiliantes que ces gens ont vécues. Et il s'est engagé à mettre en œuvre les 94 appels appel à l'action que les trois commissaires ont formulé dans le volume 6. Les 94 en 2015, on est en 2022, 14 appels à l'action ont été mis en oeuvre. Les autres, rien n'a été entamé. Mais le gouvernement Trudeau a quand même déposé un projet de loi en 2019, le projet de loi C91 sur les langues autochtones qui a été adopté en juin 2019, qui a reçu ce qu'on appelle la sanction royale, c'est-à-dire la signature de la reine Elisabeth à l'époque, qui est le chef de l'état du Canada.

Ce texte est assez essentiel puisqu'il reconnaît pour la première fois le lien fondamental entre trois choses dont on va reparler, langue, identité et territoire. Indissociable quand on parle des peuples autochtones du Canada. La langue elle est dans le territoire et elle est le lieu où l'identité se fonde, elle est dans la terre et c'est là que l'identité se fonde. Vous allez le comprendre je pense avec Joséphine Bacon avec quelques exemples dans quelques minutes. La reconnaissance de la contribution des autochtones à la richesse culturelle et linguistique du Canada, dont le texte s'est inscrit.

La reconnaissance de la diversité des cultures et des langues autochtones, pour la première fois. Et l'affirmation du droit à la langue et du droit à la traduction et à l'interprétation. Ça c'est quand même extrêmement intéressant.

Ce n'est ni plus ni moins qu'une mise en conformité avec la loi constitutionnelle de 1982, la nouvelle constitution du Canada de 1982. Inscrivez le droit à la traduction et à l'interprétation, notamment dans le domaine administratif ou de la justice. pour les autochtones et ce n'est ni plus ni moins qu'une mise en conformité avec l'UNDRIP. L'UNDRIP, c'est la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones.

Elle a été adoptée en 2007. Quatre pays ont voté contre. Lesquels ? Les États-Unis, le Canada, l'Australie.

et la Nouvelle-Zélande. Ce sont les quatre pays qui ont voté contre la déclaration sur les droits des peuples autochtones. Parce qu'ils se sentaient pas en conformité ou pas en mesure ou qu'ils n'avaient pas de volonté à l'époque.

Mais le Canada a quand même fini par la signer en 2021, enfin 14 ans après quand même. Oui. Donc voilà, cette loi est une avancée.

Elle est quand même assez critiquée par les communautés autochtones. Parmi les critiques, j'ai relevé le fait qu'ils reprochent à cette loi d'être trop vague, notamment sur les systèmes de financement. Et c'est vrai que quand on la lit, il n'y a rien de précis sur les modalités de financement de ces stratégies de redynamisation des langues autochtones au Canada. Qui va payer ? Combien ?

Qui va décider de l'attribution des crédits ? Comment va-t-on harmoniser les politiques entre les différentes provinces ? Vous savez que le Canada est un pays fédéral, un état fédéral. fédérale et que l'éducation est très décentralisée au Canada, elle est à la charge des provinces, des gouvernements provinciaux et territoriaux, des dix provinces et des trois territoires, plus que des autorités fédérales.

Donc qu'est-ce qui garantit qu'un autochtone dans l'Alberta va avoir les mêmes opportunités qu'un autochtone au Québec ou en Terre-Neuve-Labrador, vous voyez, etc. La question du droit à l'autodétermination, c'est la deuxième grande critique qui a été mise contre cette loi, c'est-à-dire le gouvernement canadien a créé un commissariat aux langues autochtones. Ce commissariat est une émanation du pouvoir fédéral. C'est une agence fédérale nommée par le gouvernement, financée par le gouvernement. C'est-à-dire qu'encore une fois, les autochtones se disent on va décider pour nous ce qui est mieux pour nos langues et nos cultures.

C'est-à-dire on ne va pas nous impliquer. Ce n'est pas nous qui allons mettre en place et décider des programmes, notamment des programmes scolaires en langue autochtone ou autochtone. Mais c'est encore une fois des non autochtones qui vont nous expliquer ce qui est plus intéressant et ce qui est mieux pour nous. Merci.

Le dernier problème, c'est que cette loi est trop récente pour qu'on puisse en mesurer les effets 2021. On ne sait pas encore quels effets ça va avoir. Au niveau provincial et territorial, il faut quand même savoir qu'il y a une grosse exception au Canada. Ce sont les territoires du Nord-Ouest.

Dans les territoires du Nord-Ouest, il y a 11 langues officielles. Le français, l'anglais et 9 langues autochtones. C'est le seul territoire province du Canada où il y a autant de langues officielles. Il y a 9 langues d'ADN plus l'inuctitude.

et plus le Nehiyawewin, la langue écrite. La deuxième exception, c'est le Nunavut. Le Nunavut qui a été créé en 99. Il a trois langues officielles, français, anglais, et l'Inuktitut et l'Inuvialuktun. En fait, il y en a quatre, les deux variantes d'Inuktitut. La Nouvelle-Écosse récemment, j'ai noté en 2022, il y a quelques mois, la Nouvelle-Écosse a inscrit dans sa constitution provinciale le Mi'kmaq comme langue originelle de la province.

Ce n'est pas une langue officielle, mais il est enfin reconnu de la province c'est là c'est pas l'anglais mais c'est la langue micpa On voit également une multiplication des programmes d'enseignement dans les universités et les établissements secondaires de langue autochtone. Mais très souvent, on constate qu'il s'agit d'un saupoudrage de langue autochtone ou de culture autochtone et qu'on ne va pas vraiment vers ce qui serait vraiment une véritable décolonisation de l'éducation au Canada, c'est-à-dire la prise en compte de modes de transmission aux élèves et aux étudiants qui soient fondés sur les modes de transmission autochtones. On n'enseigne pas, on ne transmet pas de la même manière.

On a plaqué des modèles européens de transmission, des modèles scolaires. scolaire en privilégiant le savoir empirique notamment, le savoir scientifique ce n'est pas dans les communautés autochtones, quand on s'intéresse à l'éducation des enfants, l'éducation traditionnelle ça passe par, c'est beaucoup plus complexe que ça en fait, la transmission du savoir la transmission de la langue, elle passe par tout un tas de choses et elle passe beaucoup par le faire en fait, et non pas forcément par le dire tout le temps ou pas uniquement en tout cas, donc il faudrait que ça soit vraiment pris en compte, que ce soit soit beaucoup plus globale comme approche que simplement enseigner quelques langues autochtones dans quelques universités canadiennes ou dans quelques écoles. Mais enfin, sur les réserves, il y a un développement de programmes de transmission des langues autochtones quand même au Canada. Le problème, c'est les enfants qui ne vivent pas sur réserve, les autochtones qui grandissent en contexte urbain, dans la banlieue des grandes villes, notamment la banlieue de Winnipeg, il y a beaucoup de ghettos autochtones dans la ville de Winnipeg notamment. Et cette aliénation par rapport au territoire, c'est-à-dire la langue...

la langue se fonde dans le territoire quand on n'a jamais été sur le territoire c'est ce que dit Joséphine Bacon on ne peut pas maîtriser la langue complètement la langue de la réserve n'est pas la langue du territoire la langue de la réserve c'est très intéressant comme concept aussi la langue de la réserve est une langue qu'on a figé dans un espace confiné la réserve il faut savoir que les Indiens au Canada les premières nations devaient avoir un permis de se déplacer jusque dans les années 20 c'est à dire ils ne pouvaient pas quitter la réserve sans permis délivré par les autorités canadiennes il y a aussi des initiatives Tribal, au niveau tribal. Je pense à l'application de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en matière de décolonisation de l'éducation et la création. Aux Etats-Unis, c'est beaucoup plus développé parce qu'aux Etats-Unis, il y a eu le mouvement des droits civiques dont bénéficiaient les peuples autochtones.

Ils se sont énormément investis dans ce mouvement. Et il y a eu aux Etats-Unis la politique de Roosevelt dans les années 30. Le New Deal, vous avez tous entendu parler du New Deal. Il y a eu ce qu'on appelait Indian New Deal, c'est-à-dire le développement des conseils tribaux, qui sont les conseils qui décident pour chaque tribu comment l'éducation va être gérée, comment l'enseignement, la police, etc., les lois tribales, etc.

Le principe de souveraineté tribale, il est inscrit aux États-Unis dans la loi. Au Canada, les Indiens sont toujours régis par la loi de 1876 sur les Indiens. Et cette loi dit que les Indiens sont des pupilles de la couronne britannique. Pupilles, pupilles, vous voyez le degré d'infantilisation et de paternalisme encore dans cette vision des relations entre autochtones et non autochtones. Donc il n'y a pas de tribal colleges, il n'y a pas d'université tribale comme aux États-Unis.

Il n'y a pas de wananga comme en Nouvelle-Zélande où les Maoris ont un système autogéré. de transmission des langues maoris et des cultures maoris dans ce qu'on appelle ces universités qu'on appelle les Wananga. Mais il y a l'université des Premières Nations dans la Saskatchewan, c'est assez intéressant, mais elle a été créée en 1976, elle a changé de nom en 2003. Le problème c'est qu'il y a eu un scandale financier, il y a eu des soucis de malversation, des suspicions de malversation financière. Et aujourd'hui l'université des Premières Nations de la Saskatchewan, elle est rattachée à l'université de Regina qui est une université non autochtone, c'est-à-dire que le budget est géré. par une université non autochtone mais elle accueille quand même 3000 étudiants essentiellement autochtones du Canada qui viennent de partout au Canada pour étudier les langues et les cultures autochtones, les programmes de langues et cultures autochtones.

Le deuxième exemple c'est au Québec il y a une institution qui s'appelle Kayuna qui a été créée en 2011 elle est financée essentiellement par les autorités québécoises. par le gouvernement provincial et non pas par l'état fédéral mais c'est assez limité elle n'offre que deux programmes d'enseignement au niveau licence et elle accueille j'ai noté une cinquantaine d'étudiants par an donc une cinquantaine d'étudiants autochtones sur l'ensemble du canada c'est quand même ça reste assez marginal Et elle est très axée sur une approche qu'on appelle porn indienne c'est-à-dire on va développer une identité qui serait une identité collective indienne plus que l'identité propre à chaque tribu ou à chaque groupe culturel ou linguistique. Je vais terminer sur ce qui est le plus mon dada.

Je vais essayer de vous parler en plus de ces initiatives politiques qui sont des initiatives de redynamisation et de survie des langues autochtones. Moi, je vais vous parler de la survivance et je vais vous expliquer que ce n'est pas la même chose que la survie, la survivance. Et je vais vous expliquer ça, je vais essayer de vous expliquer ça.

Et ça à travers deux artistes qui me sont particulièrement chers parce que je les trouve particulièrement efficaces dans la perpétuation et la survivance des langues autochtones. Le premier s'appelle Thompson Highway. Thompson Highway, il est né en 1951. Il est néhéot, c'est-à-dire il écrit.

Il est né dans le nord du Manitoba, dans une réserve qui s'appelle Brochet. C'est pas une ville. Brochet, aujourd'hui, la route la plus proche est à 500 km encore. Donc ça vous donne une idée de l'isolement géographique de ces communautés dans le subarctique et l'arctique canadien. Il est né en plein hiver sur une petite île, dans la tente de son père qui était chasseur de caribous, qui était chasseur semi-nomade de caribous.

Donc la vie de Thompson Ayoé, elle commence dans ce monde. Et quand il avait 5 ans, on l'a enlevé à sa famille et on l'a envoyé à... 600 km de là, dans le pensionnat de Guy Hill, dans le Manitoba, avec son petit frère René.

Et ils étaient brillants tous les deux. Donc, ils font partie des rares enfants indiens qui ont poursuivi des études secondaires, niveau lycée et universitaire. Il a étudié, vous savez ce qu'il a étudié ?

La littérature anglaise. Il a étudié Thomson-Hawai. Et ce n'est pas un hasard, vous allez voir, c'était très malin.

Il est devenu le premier concertiste, il est pianiste aussi. Il est devenu le premier concertiste autochtone au Canada de piano classique. Il est devenu un dramaturge. très reconnu et il a publié un unique roman il n'en publiera plus je pense il l'a dit, c'est Kiss of the Fair Queen que je vous engage à lire qui a été traduit par Le baiser de la Reine Blanche en français. Kiss of the Fair Queen c'est une autobiographie à la troisième personne c'est à dire qu'il raconte l'histoire de René, son frère René et lui mais à travers deux personnages fictifs qui sont deux petits enfants cris qui sont enlevés à leur famille à la même époque, dans les mêmes circonstances l'un devient pianiste et l'autre devient danseur parce que René Highway, le frère de Thompson est devenu le premier danseur de l'opéra le prédanceur autochtone de l'opéra de Toronto, du ballet de Toronto.

D'ailleurs, sur la couverture de l'édition originale, c'est une photo de René. Il est mort en 1990 du sida, parce qu'ils sont devenus tous les deux homosexuels. Thompson Highway identifie l'homosexualité qu'ils ont développée aux abus sexuels qu'ils ont subis, aux violences sexuelles qu'ils ont subies dans les griffes d'un prêtre dans le pensionnat catholique qu'ils fréquentaient.

Et il a écrit ce roman sous l'effet de la colère immense quand il a perdu son frère. Il dit... Il dit, si je n'avais pas écrit Kiss of the Fat Queen, je serais mort, je ne serais plus là.

Et il a exorcisé sa colère, pas tant par rapport au gouvernement canadien que par rapport à l'église catholique. Et c'est un roman sur la guerre des religions, la guerre des religions animistes et des croyances animistes, qui sont celles du peuple de Thompson Highway, et la guerre de la rhétorique chrétienne, de la doctrine chrétienne, extrêmement punitive, extrêmement coercive, qu'il a vécue au pensionnat. Il a étudié la littérature anglaise, c'est un grand admirateur de Joyce notamment. notamment, vous voyez, et... La virtuosité avec laquelle il manie l'anglais lui permet de faire ressurgir sa langue autochtone dans le texte en anglais.

Le problème des auteurs autochtones au Canada, c'est que s'ils publient dans leur langue autochtone, ils ont un lectorat extrêmement limité. Donc ils sont quand même plus ou moins obligés de passer soit par l'anglais, soit par le français pour avoir un lectorat, pour toucher un lectorat plus large. Dans Kiss of the Fur Queen, il y a un passage où le... Le petit frère, le plus jeune des deux frères, c'est sa première soirée au pensionnat.

Il est dans ce monde complètement étranger, il ne comprend pas l'anglais et on les force à réciter le Je vous salue Marie Ils sont agenouillés, donc les petits enfants indiens sont agenouillés devant le lit et il ne comprend pas cette prière. mais il comprend très bien que s'il ne la récite pas, il va être puni, et que la punition sera terrible. Donc, en anglais, il fait ce qu'on appelle une traduction.

Vous savez, Jeunet a appelé ça la traduction, c'est-à-dire la restitution par une bouillie sonore de son. qui ne font pas forcément sens. Donc, Hello Mary, Mother of God, Plea for us in this, now and at the hour of death. Amen.

La traduction est brillante, le traducteur s'en est très bien tiré. Sainte-Mairie, Mare de Dune, pliée pour nous, simpasteurs, maintenant et à nos lords, amen. Gabriel débita à toute allure les syllabes dénuées de sens en faisant semblant de les comprendre.

Mais il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il y avait dans la prière le mot en cri, nous simp. Pourquoi cette Mare de Dune avait-elle besoin d'un filleul ? C'est assez brillant.

Ce qui se passe dans le texte en anglais, c'est que c'est que Mother of God, Mère de Dieu, Sainte Marie, Mère de Dieu, devient Mutter of God, qui veut dire murmure de morue. Donc on a un détournement du sacré au profit du profane, on a l'utilisation du comique qui est récurrent chez Thomson Highway, le comique et le tragique se côtoient en permanence, et on a aussi une résurgence de la langue de cri. Il faut savoir qu'en langue de cri, en Ehiyawéwin, il n'y a pas de différence entre le son que et le son gue, il y a un son intermédiaire.

Il n'est donc pas surprenant que God, que le petit enfant cri comprenne God au lieu de God. le th imprononçable pour une langue criée, mother, mother, mother of god, logiquement, mother of god, donc il y a quand même une résurgence de la langue du Nehiyawewin dans cette traduction, ensuite le petit enfant indien croit comprendre, il croit identifier un mot dans sa langue autochtone qui est le mot, j'aimerais bien que vous le voyez, a sinis, et le traducteur vous voyez, il a été cherché en mots criés, nous sim, nous simple pêcheur, nous simpasteur, vous voyez, nous simpasteur, sim veut dire filleul, donc effectivement il se demande pourquoi un filleul, pourquoi la mare de dune avait-elle besoin d'un filleul dans la version originale ça va plus loin a sinis veut dire un caillou et il dit, pourquoi ce murmure de morue avait-elle besoin d'un caillou, il dit en anglais sauf que le mot a sinis en langue de cri ça désigne également les testicules, donc il y a un troisième degré de lecture qui est extrêmement malin et qui n'est accessible qu'au locuteur d'une hiawéwin ou au non locuteur qui s'intéresse suffisamment au Nehi Yahwehwin pour aller déchiffrer le jeu extrêmement subversif auquel se livre Thompson Highway faire intervenir les testicules dans un passage qui parle du viol des petits-enfants par les prêtres dans le dortoir du pensionnat ce n'est pas rien ce phénomène se produit également dans les patronymes les prénoms et les toponymes par exemple il y a un personnage qui s'appelle Chuck Seas et le traducteur d'ailleurs a décodé Chuck Chuck est un prénom assez courant il s'est dit bon Chuck Seas, Charles Oui, très bien, très bonne traduction. Sauf que chuxys la sonorité en langue écrite, ça évoque le mot qu'on utilise pour dire le pénis, pour désigner le pénis également.

Il y a beaucoup de scatologiques et d'images à caractère sexuel, mais qui est lié à l'humour, la conception d'humour qu'ont les Indiens algonquiens auxquels appartiennent les cris. Les toponymes imanipitipitat c'est le nom de la réserve sur laquelle vivent les deux enfants, c'est une réserve fictive, c'est un toponyme inventé. il y a une euphonie qui prête à rire, Imanipitipitat, et il crée le gentilet Imanipitipitaits, qui sont les habitants d'Imanipitipitat.

Sauf qu'en langue crie, ça veut dire il ou elle s'arrache les dents. Donc vous voyez, il y a une image. Wuchuskuschisk, qui est un autre toponyme, ça veut dire, oh mince, j'ai perdu mon diaporama, ça veut dire anus de ramusqué, vous voyez, Wuchuskuschisk. Donc on a une subversion du texte en anglais, et on a...

Au passage, une redéfinition de la carte du Canada, une décolonisation de la carte du Canada en redonnant soit aux toponymes leur nom originel avant qu'ils soient débaptisés ou rebaptisés par les anglophones ou les francophones ou en créant des toponymes qui créent des jeux de mots subversifs ou des images subversives et qui invitent le lecteur à s'intéresser à la langue autochtone. Donc ils la font vivre, qui sont perceptibles pour le locuteur de la langue autochtone et qui la font vivre également pour ceux qui ne sont pas locuteurs des langues autochtones. autochtones. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans mon diaporama.

Voilà. Deux personnages centraux dans le roman, c'est Wissaki Shaq, c'est le trickster, je ne sais pas si vous voyez ce qu'est un trickster, le trickster chez beaucoup de peuples de tradition orale, de transmission orale, c'est à la fois un héros, un anti-héros, c'est ce que les... Strauss avait appelé le décepteur en fait, c'est le fripon ou le décepteur, il sauve l'humanité mais il crée aussi la misère de l'humanité en commettant des erreurs, en transgressant des tabous, donc c'est la reine blanche, le baiser de la reine blanche, elle surveille les deux petits enfants, elle est tout rassurante. tour à tour bienveillante et tour à tour moqueuse, en fait elle leur joue aussi des tours. Et il y a le personnage du Windigo, le Windigo c'est l'esprit cannibale des légendes des cultures algonquiennes, et c'est un esprit qui rappelle aux algonquiens l'interdit absolu du cannibalisme, même en temps de famine.

Et ce qui est intéressant c'est que dans le texte de Thompson Highway, il se superpose à l'image du prêtre qui viole des petits-enfants, le père devient le Windigo. Et vous avez, voyez, dans cet extrait à la fin du roman, Gabriel est en train de mourir du sida dans une chambre d'opinion. prêtre ne t'éloigne pas brandissant un crucifix la créature fut un mouvement brusque en direction de gabriel éloigne toi de moi cria gabriel en se tortillant éloigne toi house et vous voyez c'est une véritable guerre des langues avait des langues qui se darde l'une vers l'autre vers le sexe du prêtre parce que parce que parce que l'enfant est à la fois la victime et à la fois il vient il en vient à aimer son agresseur son bourreau avoir une fascination pour ce prêtre qui le violent dans le dortoir mais c'est la langue autochtone qui a le dernier mot le dernier mot dans le texte il est en cri à vous ce qui peut dire dire va-t'en ou éloigne-toi dans cette guerre des langues.

C'est quelques exemples parmi un texte qui est d'une richesse absolument extraordinaire. Et si j'ai encore le temps, je voulais vous parler un peu de Joséphine Bacon. Joséphine Bacon, elle est Innu.

Les Innu, ils habitent la région qu'on appelle Côte-Nord, c'est-à-dire la rive nord du Saint-Laurent, le Labrador et Saguenay-Lac-Saint-Jean au Québec. Ils parlent une langue qui est l'Innu-Aïmoun et la deuxième langue qu'ils parlent, c'est le français. puisque ceux qui ont été scolarisés dans des pensionnats étaient scolarisés dans des pensionnats francophones du Canada. Au Québec, ça a été très tardif, c'est dans les années 50. Jusque dans les années 50, les Inuits vivaient encore comme des nomades. Ils ont été sédentarisés extrêmement tardivement.

Il ne faut pas croire que l'Est canadien a été colonisé plus vite que l'Ouest. En fait, les régions du Québec sont restées extrêmement vierges jusque dans les années 50. Dans les années 50, on s'est aperçu qu'elles avaient des ressources naturelles. très intéressantes et hélas pour profiter de ces ressources naturelles on a créé des pensionnats, on a créé des réserves indiennes et on a œuvré à sédentariser les indiens notamment les Innu. Joséphine Bacon elle écrit des recueils de poèmes que je vous encourage à lire. La page de gauche est en français et la page de droite est en Inuaïmoun.

Elle ne se traduit pas, elle écrit le poème souvent d'abord en Inuaïmoun puis elle l'écrit en français ou quand le poème se passe dans un paysage urbain c'est un intéressant elle écrit d'abord en français et ensuite en inouïmoun mais elle ne le traduit pas d'ailleurs je trouvais ce qu'elle dit sur la traduction très intéressant elle a dit lors d'un entretien à la sur radio canada puis je l'écris le poème en français pour que les gens comprennent un peu ce que j'écris dans ma langue ce n'est pas une traduction pour une traduction c'est un feeling avec des mots qui sonnent bien en français mais qui traduisent un peu ce que je dis dans ma langue pour qu'il voit un peu quand j'écris en inouïmoun ce que je vois quand j'écris ce qui me touche ce qui m'inspire c'est ça la traduction donc vous voyez c'est C'est une conception de la traduction qui consiste à faire entendre, à permettre à l'autre d'entendre ce qu'elle, elle entend en Innu-Aïmoun quand elle écrit. Je vous ai mis quelques exemples. Par exemple, regardez ce poème du premier recueil, Bâton à message.

Les bâtons à message, ce sont des bâtons que les Innu plaçaient quand ils étaient sur le territoire de chasse, à la trappe, l'hiver, la trappe aux animaux en fait, le piégeage. Pour que les personnes qui suivent se repèrent, ils plaçaient des bâtons qu'on appelait les bâtons à message pour que les gens trouvent leur chemin, pour que ceux qui suivent trouvent leur chemin. Et le fait qu'elle intitule son premier recueil Bâton à message montre bien qu'elle se positionne comme gardienne de la langue Innu, et comme vecteur passeuse de la langue et de la culture Innu. Et quand elle pense à la religion catholique, elle dit J'ai su écrire en lisant le Tshishé Manitou des Mistels.

Tshishé Manitou, c'est le grand esprit en Innu à Imoun. Je n'étais pas esclave, Dieu a fait de moi son esclave. J'ai cru, j'ai chanté ses louanges.

Indien, donc indigne, je crois en Dieu. Dieu appartient aux Blancs, je suis sédentaire. Et donc, vous voyez cette fixation de la langue Innu, la sédentarisation des Innu, c'est la mort de la langue Innu. L'Innu, c'est la langue mobile, l'Innu, c'est la langue en marche, dit Joséphine Bacon. Et si la langue Innu n'est pas en marche, si elle n'est pas dynamique, si elle est cantonnée à la réserve, elle meurt parce qu'elle se développe sur le territoire.

Vous remarquez ce qu'on appelle l'hétéro-linguisme, c'est-à-dire que dans les recueils de Joséphine Bacon, il y a une migration qui a toujours lieu de la droite vers la gauche, c'est-à-dire les termes en Innu-Aïmoun migrent dans le texte en français. ne se produit jamais, les termes en français ne migrent jamais dans le texte en Inuaimun le terme qui migre c'est le terme le seul terme en Inuaimun pour exprimer Dieu, Chishimanitu le grand esprit, sauf que dans le poème si vous lisez le poème en Inuaimun il apparaît plusieurs fois et il veut dire grand esprit il ne veut pas dire le dieu des chrétiens donc ça c'est assez intéressant aussi vous remarquez comme elle utilise les propriétés allitératives du français pour dénoncer la désindianisation des enfants les politiques de désindianisation déculturation indienne, donc indigne. Elle utilise le jeu de mots et l'allitération, elle utilise les propriétés de la langue dite dominante, de la langue colonisatrice, pour dénoncer, pour se positionner contre ces politiques de déculturation et d'assimilation. Et je suis sédentaire, la conclusion, donc ma langue disparaît. Mais en Inuaïmoun, elle écrit Apuai-Tian, ça veut dire, il n'y a pas de mot pour exprimer la sédentarité en Inuaïmoun parce que ça n'existe pas.

Quand on est Inu, on ne peut pas être sédentaire. Donc elle écrit en Inuaïmoun, je ne bouge pas. C'est une forme négative en fait, elle compense l'absence de... Donc ça c'est assez intéressant. Dans cet autre poème, vous voyez tous ces mots en Inuaimu dans le texte en français, Papakasikou, Messinakou, Upachanaou, ce sont les esprits des animaux.

Elle invoque, elle fait apparaître dans le texte en français les maîtres des animaux. Les maîtres des animaux, ce sont les maîtres que les Inus remerciaient quand ils attrapaient un animal à fourrure, ils remerciaient le maître des caribous, des animaux à fourrure, qui est Papakasikou. Un animal aquatique. Il y avait le maître des animaux aquatiques.

Ce sont les esprits tutélaires des animaux. Ils apparaissent dans le poème en français. Donc sur le plan culturel et sur le plan spirituel, c'est intéressant.

Mais sur le plan linguistique également, vous remarquez un U exposant qui suit certains de ces mots, papakasikou. C'est un phénomène de labialisation de la langue inou. Voilà, donc c'est ce souffle qui, après la voyelle que, la consonne que, pardon, en Inuaimun, quand elle est finale, il y a une labialisation, il y a un léger son soufflé.

Donc on peut dire que le souffle de l'Inuaimun se propage dans le texte en français vraiment, véritablement. quand elle lit les poèmes à voix haute ou quand on les lit à voix haute en respectant ce phénomène de labialisation. Et quand vous voyez ce deuxième poème qui est du deuxième recueil, un recueil plus tardif, vous remarquez que les esprits des animaux apparaissent encore, Papa Kassikou apparaît.

mais ils n'apparaissent plus en italique. Et je pense que la suppression des italiques dans les recueils plus récents montre qu'elle intègre ces mots en innoimum dans le texte en français de manière plus affirmée, en caractère droit, et pas en utilisant les caractères couchés de l'italique qui montrent le xénisme, ce qu'on appelle le xénisme, mais qui ici est en autoctonisme parce qu'en fait ce mot n'est pas étranger à Joséphine, c'est celui qui est le plus familier. Elle parle de sa langue en disant que c'est une langue de rivière, de caribou, de montagne, de lichens et de mousse. Donc vous voyez le lien au territoire et ce territoire c'est la toundra en fait. D'ailleurs l'avant-dernier recueil de Joséphine Bacon, Nipi chapu n'était mouchouate veut dire un thé dans la toundra Je vous encourage à le lire, vous allez vraiment comprendre à quel point la toundra, à quel point ce paysage est fondamental pour la perpétuation de la langue et de la culture inu et des identités inu.

Regardez la conclusion, je suis libre là où je te ressemble, je suis libre dans la toundra, je suis libre là où tu es l'esprit du caribou, un papa cacico. Ce qu'elle écrit sur le pensionnat, je vous lis le poème et je commande brièvement. Je m'attarde à mon rêve, je suis au pensionnat.

Septembre, je pars avec mes parents sur le territoire, je suis le saumon qui remonte les chutes et frais les eaux pour la pondaison. Cette fois impossible, car je dois... apprendre à lire et à écrire mon savoir devra apprendre à prendre le temps je dois être absente de l'enseignement de mon identité au pensionnat je suis absente de l'enseignement de mon identité je ne suis pas avec mes parents sur le territoire à suivre le saumon je ne peux pas être inondé je ne peux pas pas parler la langue du territoire, l'inou, pas de la réserve, mais de la toundra. J'existe dans les mots que j'écris, je me bats dans une colère tranquille, ma douleur ne se raconte pas, ma bataille succombe, je vais au bout de la nuit pour trouver la meilleure version de moi, m'atteindre où je me compte, tu ignores que j'existe, je meurs dans un mot. Si tu ne tiens pas compte de ma langue, je meurs dans un mot.

C'est quand même, voyez, c'est quand même d'une force, c'est une poésie extrêmement simple au niveau des mots, mais qui a une force et qui est... et qui fait résonner quand même cette identité inu et la langue inu de manière assez intéressante. Et je voulais terminer, puisqu'on parle de Joséphine Bacon, quand elle dit qu'elle est gardienne de la langue, en fait elle essaie de faire vivre dans la poésie, y compris dans les poèmes en français, des mots qui vont disparaître en inu-aimun, parce qu'ils décrivent des pratiques ou des actions qui disparaissent parce qu'elles n'étaient pratiquées que sur le territoire, que dans la toundra.

Et quand on ne va plus dans la toundra, par exemple, exemple elle arrivait dans mon coi pitch ou quoi pitch ou ça veut dire puiser de l'eau c'est l'action qu'on fait quand on puisse de l'eau et elle s'est réveillée en matin elle s'est dit plus personne ne puisse de l'eau sur la toundra donc le mot quoi pitch ou il va disparaître il faut que j'écrive un poème qui fasse vivre le mot quoi pitch ou ou alors dans ce mot dans ce dans ce poème le caribou déserte nos sentiers le souffle de nous tine et où puissant du temps nous emprisonne papa cassicou effacé ces eaux sont éparpillés il ne répond plus aux rêves papa cassicou nous prive de sa moelle et de sa graisse nos sanglots se meurent au nord de la nuit dans les incantations du tambour dans les incantations du tambour vous voyez comme le tambour inu, le tewekan qui est le tambour des inus, résonne dans le texte en français, à la fois de manière allitérative, avec des teubeux et à la fois parce que au niveau de la versification le nombre de pieds est décroissant et on entend vraiment le tambour se propager le tewekan, le tambour inu, se propager dans le texte nomade de la taiga, j'entends ton souffle pareil au son du tambour pareil au son du tambour on voit bien comme l'inuaimun et comme le tambour comme la culture Innu, le tambour, le Tehuacan et la langue Innu se propagent dans le texte en français. Au passage, le monoutinéou. Elle lui permet de vivre.

Noutineu, ça désigne un phénomène climatologique propre à la toundra. C'est un type de brouillard très particulier. C'est un mot très spécifique à un type de brouillard sur la toundra. Et c'est pareil, elle s'est dit, si on ne va plus sur la toundra, il n'y aura plus de raison d'utiliser le mot Noutineu, ce qui est l'esprit du brouillard en fait. Donc elle le fait vivre également dans ce poème, en même temps qu'elle fait résonner le tambour, le tewekan, le tambour des Inus.

Le tambour, il y a toute une symbolique. Si vous avez des questions, j'y répondrai. Donc vous voyez, pour conclure, la situation des langues autochtones au Canada, elle est loin d'être rassurante, elle est même alarmante.

On l'a vu en termes de chiffres. Des politiques émergent timidement afin d'assurer la redynamisation de ces langues, leur survie qui ne tient qu'à un fil. Mais leur extinction quand même semble quand même ou en tout cas est actée comme programmée par le gouvernement canadien, ce qui est quand même assez problématique.

Les dégâts de... 150 ans, voire 200 ans de politique d'assimilation et de déculturation sont conséquents. Mais au-delà de ces phénomènes de survie des langues et de redénovation des langues, les auteurs dont nous venons de parler, Joséphine, Bacon et Thompson-Haiway, et bien d'autres auteurs autochtones, participent à ce qu'on appelle la survivance des langues autochtones.

La notion de survivance, c'est une notion qui a été développée par Gérald Weisenhorst. Gérald Weisenhorst, il est à Nishinabe, mais pas au Canada, il vit aux côtés états-uniens. C'est un universitaire et romancier, Anishinabe, et il a théorisé le concept de survivance et il dit que la survivance c'est le refus de ce qu'il appelle victimry c'est-à-dire le statut de victime, le refus de victimry mais c'est aussi le refus de se laisser imposer la domination et la dominance des discours coloniaux et des langues coloniales.

Donc c'est une stratégie de la résistance et c'est une stratégie ici qui est encore... Vous voyez, on est vraiment dans de la survivance et... Et en plus, on est dans une stratégie, je m'intéresse de plus en plus à ce qu'on appelle les études décoloniales, c'est-à-dire l'idée par rapport au post-colonial.

On ne peut pas dire que le Canada, vous l'avez bien compris, soit dans une situation post-coloniale, puisqu'il n'a pas été décolonisé. Mais les études décoloniales qui se sont développées en Amérique du Sud, elles montrent bien la résurgence des langues et des cultures autochtones à l'intérieur. des systèmes dominants depuis le centre et quel est un des centres du pouvoir colonial ou de la colonialité ?

La langue. Et on voit bien dans ces textes que c'est de la langue et que c'est par leur maîtrise intime et profonde de la langue française ou de la langue anglaise qui sont les deux langues dominantes et les deux outils de domination qu'ils parviennent à assurer la survivance de leur langue et de leur culture. Je vous remercie beaucoup pour votre attention.

Et si vous avez des questions, je serai ravi d'y répondre. On n'a pas de micro baladeur je crois mais si il y en avait un les messieurs il y a ça ah oui alors on va pouvoir passer dans la salle si voilà merci. Donc n'hésitez pas à m'appeler là je vous amène le micro pour qu'on vous entende bien poser votre question. Merci beaucoup pour cette conférence très très stimulante, très intéressante.

J'ai beaucoup de questions mais je vais commencer par une. Au début j'ai constaté qu'il y avait un recouvrement des territoires entre les différentes familles de langues et je me demandais d'où ça venait. historiquement ces gens cohabitaient donc ces différentes cultures cohabitaient ou est-ce que c'est le fait plutôt de de mouvements qu'on a imposé à ces populations par la suite et qu'est-ce que ça nous apprend sur le coup du fonctionnement à l'époque ou plus récent de l'interaction entre toutes ces cultures dont il faut bien parler au pluriel comme vous l'avez bien rappelé la question est d'autant plus intéressante qu'elle me fait penser à Thompson Highway dont j'ai parlé en fait il y a une confluence de certaines cultures et de certaines familles linguistiques différentes il y avait bien sûr des contacts par exemple les Inuits avaient des contacts avec les Inuits parce que les Inus Naskapi vont jusqu'au Labrador et du Labrador au Nunavik le Nunavik et le Nunatsiavut, ce sont les zones inuites du Québec et du Labrador. Il y avait forcément des contacts qui ont été parfois tardifs, mais qui ont quand même existé.

Et dans les prairies, dans la région des prairies également, dans le subarctique. Thompson Highway, il est né là. Je vous remets la carte du Canada.

Brochet, c'est par là. Et il dit, je suis né... On voit, je ne sais pas si on voit le...

Non on ne voit pas, bon c'est pas grave. Il est né, vous avez le Québec, vous avez l'Ontario et le Manitoba. Il est né presque à la limite du Manitoba et du Nunavut, ce qui est maintenant le Nunavut. Et là où il est né à Brochet, on parlait le Nadéné, on parlait le Nehiyawewe.

la langue de cri et l'inuctitude et il dit je suis né aux four corners et four corners aux états unis vous savez c'est un endroit c'est très subversif ça aussi c'est l'endroit où quatre états l'intersection à angle droit de quatre états aux états unis c'est le colorado l'utah la rive et le Nouveau-Mexique et lui c'est ses four corners dans le Grand Nord canadien et c'est le four corners culturel c'est à dire que c'est très intéressant Thompson Aiwe il est locuteur du Nehi Aiwin mais il parle également le Nadené parce que sa mère le parlait il comprend l'Inuktitut il ne le parle pas mais il le comprend donc le multilinguisme et le plurilinguisme chez lui il est inscrit dans le fait qu'il a côtoyé enfants et que ses familles se côtoyaient bien sûr et échangaient Vous voyez, elles veulent s'exprimer ces langues. Quelque chose que je ne vous ai pas dit aussi, j'y pensais. Je vous disais, en Innu-Aïmoun, il n'y a pas de terme pour dire sédentaire, donc elle est obligée de dire, je ne bouge pas. Il n'y a pas de terme pour dire indien, vous vous doutez bien. Indien, donc indigne.

Comment elle l'exprime dans le poème ? Elle dit tout simplement, je suis Innu. le seul mot c'est Inu. Et Inu, vous savez ce que ça veut dire ?

Ça veut dire humain. En fait, les ethnonymes, très souvent nord-américains, veulent dire nous les humains ou nous les hommes. Inuit, ça veut dire les hommes.

Le singulier c'est Inuk, mais ça veut dire l'homme. D'ailleurs, je vous encourage, si vous avez été sensible à ce que dit Joséphine Bacon, il y a un documentaire sur elle qui est sorti l'an dernier, il y a deux ans, qu'il faut absolument voir, ça s'appelle Je m'appelle humain Mais en fait, la traduction, c'est Je suis inou, je suis inou, je suis humaine Donc, ces questions autochtones, elles dépassent l'autochtonie. En fait, ils se positionnent, ce sont des auteurs qui se positionnent en tant qu'humains dans un monde, dans un monde humain, dans une humanité. C'est aussi la reconquête d'une humanité, en fait. Ce n'est pas juste la reconquête d'identité tribale.

Une autre question, puisque la salle est très timide. Ça correspond à l'écrit. Donc, j'ai vu ces syllabaires, je dois avouer que je ne connaissais pas.

Donc, qui a eu l'idée de transcrire de cette façon ? Et pourquoi ? Est-ce qu'il y a un statut particulier de la syllabe dans certaines de ces langues ?

Voilà, c'est vraiment intéressant. Alors, vous voyez, le premier syllabaire, c'est celui-là. là c'est le cinéabère qui a été utilisé pour retranscrire les langues criées, le Nehiyawewin, et ce sont, vous vous en doutez, ce sont les missionnaires en fait qui ont entrepris de le faire.

En fait, notamment les... j'ai pas parlé, j'avais prévu de parler au départ de la colonisation du Canada, je me suis dit, bon je vais pas les bassiner avec l'histoire de la colonisation du Canada, mais tout a commencé avec la présence française, en Nouvelle-France en fait. Et la grande différence c'est que les britanniques, quand ils ont colonisé l'Amérique du Nord, ce qui était les 13 colonies qui vont de... du Massachusetts, en fait la Nouvelle-Angleterre, jusqu'en Georgie, ils voulaient faire des colonies de peuplement, c'est-à-dire qu'ils voulaient installer des populations. Et quand vous voulez faire une colonie de peuplement, vous chassez les populations autochtones parce que vous avez besoin de place.

Les Français ne voulaient pas du tout faire ça au Canada. Ils voulaient une colonie d'exploitation sur le commerce de la fourrure, en fait. Et ce qui les intéressait, c'était d'acheter des fourrures aux Indiens et de revendre très cher en Europe, notamment les fourrures de castor.

Et pour que l'Indien fournisse des fourrures, il fallait qu'il continue de vivre comme un semi-nomade et qu'il perpétue son mode de vie traditionnel. plus ou moins. Donc il y a eu toute une tension entre franciser les Indiens, les termes ont varié, civiliser les Indiens, évangéliser les Indiens en Nouvelle-France.

Alors on a envoyé des jésuites, on a envoyé des récollés et on a envoyé des ursulines pour créer des écoles indiennes à Québec mais ça n'a pas marché du tout, ça n'a pas fonctionné du tout. Les seuls qui ont été malins c'est les jésuites parce qu'ils ont compris que les parents indiens, les parents autochtones étaient très réticents à envoyer leurs enfants dans des internats chez des non autochtones donc les jésuites ils sont allés... dans les communautés autochtones du Québec et ils ont créé des écoles sur place. Et ils ont accepté, c'était des fins linguistes en plus les jésuites, donc ils ont accepté d'apprendre les langues autochtones parce qu'ils ont compris que c'était comme ça qu'ils allaient arriver à faire passer la religion, à évangéliser les indiens.

Donc l'idée au départ c'est de traduire les textes sacrés en fait, notamment la Bible, de retranscrire la Bible dans des signes compréhensibles pour les autochtones. Et comme ce sont des traductions orales en fait et que ces langues... Comme ce sont des traditions orales et que ces langues ne connaissaient pas l'écrit, il faut comprendre qu'en Amérique du Nord, contrairement à l'Amérique du Sud, en Méso-Amérique, on connaissait l'écriture. En Amérique du Nord, il n'y avait pas du tout de système d'écriture.

C'était des langues essentiellement orales avec des pétroglyphes et des peintures sur peau d'animaux, mais pas d'alphabet, pas d'écriture. Donc il a fallu inventer, et par rapport aux spécificités phonétiques de certaines langues, il a fallu inventer des signes qui pouvaient représenter des phonèmes, ou des groupes de phonèmes ou des syllabes. et le premier syllabaire c'est 1830, c'est les années 1830, c'est celui qui a été utilisé pour retranscrire le cri des plaines en fait, et dans les années 1870 il a été adapté, je vous l'ai montré tout à l'heure, pour retranscrire les langues nadénées et surtout pour l'inuctitude en fait.

Et il y a d'ailleurs aujourd'hui un débat au sein des communautés autochtones, est-ce qu'il vaut mieux utiliser le syllabaire ou est-ce qu'il vaut mieux utiliser l'alphabet latin pour retranscrire la langue, et il y en a certains qui pensent que l'alphabet latin c'est quand même une trace supplémentaire de colonisation parce que l'alphabet latin est un peu plus long, parce que l'Europe... Mais bon, le syllabaire, c'est les missionnaires qui l'ont développé. Bonjour, d'abord merci. C'était super intéressant, très clair. Et du coup, ma question, elle est vraiment plus par curiosité.

J'aimerais savoir comment est né votre intérêt pour les langues autochtones du Canada ? Eh bien, à l'université. en fait quand j'étais en maîtrise j'étais à l'université de Bordeaux j'ai pas du tout travaillé sur ça au départ je travaillais sur la poésie nord-irlandaise vraiment je travaillais sur un poète nord-irlandais qui s'appelle Shemusini et quand j'ai suivi mon séminaire de maîtrise à l'époque il n'y avait pas beaucoup de cours on faisait on sait son ter son travail de recherche on rédigeait son mémoire en anglais donc j'étais en études anglophones et on suivait juste un séminaire et le séminaire que faisait ma directrice de recherche était sur les littératures et minorités aux états unis et il était complémenté par un séminaire sur les littératures indiennes et j'ai découvert les littératures indiennes ça m'a fasciné sauf que j'ai pas du tout travaillé sur ça j'ai travaillé sur l'irlande et puis et puis puis j'ai rencontré ma directrice de thèse qui un jour m'a dit mais c'est une évidence franck votre sujet c'est c'est les littéraires autochtone et elle avait raison c'était sur ça que j'avais envie de travailler merci mais après c'est pas si éloigné sont des littératures de la résistance on avait parlé une fois des catherine le poète sur lequel je travaille en irlande du nord c'est un poète de la minorité catholique qui a eu des discriminations donc en irlande du nord vous le savez par la communauté protestante sur les catholiques et Et en fait, c'est une poésie de la résistance.

Et ces littératures sont des littératures extrêmement transgressives, extrêmement subversives et de résistance. Alors résistance, elle le dit, Joséphine Bacon, qu'elle résiste tranquillement, mais quand même. Le cinéma, les séries sont des vecteurs de certaines connaissances.

Est-ce qu'il y a des représentations au niveau du cinéma canadien par exemple, voire du sous-titrage ? Pour sensibiliser, je dirais, ceux qui ne connaissent pas la problématique des Indiens, voire des Autochtones. Il y a parfois des sous-titrages, mais c'est pareil, ça a un coût. Donc il n'est pas pris en charge par eux.

les gouvernements fédérales, il n'est pas pris en charge par les gouvernements provinciaux ou territoriaux donc c'est soit les communautés financent le sous-titrage ou pas. Après sur les séries sur la représentation des autochtones il y a eu une série dans les années 90 qui a eu beaucoup de succès qui s'appelait The Rez ça veut dire Rez c'est en argot autochtone, c'est la réserve en fait R-E-Z, mais c'est une adaptation d'un roman de Kinsella un roman qui s'appelle Dance Me, un recueil de nouvelles, je dis des bêtises, c'est pas du tout un roman, qui s'appelle Dance Me Out que je vous encourage à lire mais qui est quand même qui ne sait là il n'est pas autochtone c'est à dire il parle des autochtones alors même si les acteurs étaient autochtones la narration elle ne l'est pas c'est les problèmes de narration dont on parlait avait pas de socle en fait et et la littérature inuit traduite en français il ya des modes de narration autochtones qui ne sont pas les modes de narration de nos cultures européennes enfin ou d'inspiration européenne ou d'héritage européen on raconte pas de la même manière on peut pas tout raconter à n'importe qui à n'importe quel moment s'il ya des récits sacrés qui ne peuvent être racontés qu'à d'une certaine manière une certaine période de l'année et il ya une manière de raconter qui n'est pas la même donc ça ça ça joue après il ya des choses qui émergent dans le cinéma inuit si vous voulez bras si vous voulez voir deux excellents films qui vraiment donne une image extrêmement authentique de l'autoctonie il faut voir à tanarjot à tanarjot c'est il est sorti en 2001 c'est zacharias kunuk zacharias que nous qu'il est inuit il a tourné ce film dans le nunavut et avec que des Inuits, des acteurs Inuits et une équipe Inuit. Le travelling, le making of du film, le travelling, ils sont dans un canoë et il y en a un qui pousse le canoë sur la glace et le travelling est fait comme ça dans le canoë.

Donc tout avait les moyens, vous voyez. Et ce qui est beau, c'est que le film a été sélectionné à Cannes et Zacharias Kunuk ne savait même pas que Cannes existait. Il s'est retrouvé sur le tapis rouge avec l'équipe Inuit du film et ils ont eu un prix à Cannes, à Tanarjot. À Tanarjot, l'homme qui court, ça s'appelle.

Et c'est vraiment, c'est à la fois un récit séculaire Inuit avec... avec une identité inuite antérieure à la colonisation du Canada, mais c'est extrêmement moderne aussi en fait, il faut que vous le voyez, et vous allez voir, et il y a une autre, et en fait c'est une trilogie, il y en a un second qui s'appelle Before Tomorrow, qui est en québécois, il est québécois, donc c'est le jour avant le lendemain, et c'est pareil, c'est quelque chose d'assez extraordinaire, c'est la relation d'une grand-mère inuite avec son petit-fils, lors du premier contact avec les européens, c'est-à-dire ils vont sur le camp de pêche l'été, ils laissent le reste de la tribu ou du groupe, et quand ils reviennent, tout le monde est mort de la variole, parce que les premiers Européens sont passés par là, et que la grand-mère et son petit-fils se trouvent dans l'hiver arctique tout seuls. Donc c'est quelque chose, c'est des films très puissants, très authentiques, et qui sont vraiment dans, c'est l'autochtonne qui donne sa représentation de son autochtonie.

Aux Etats-Unis aussi, il y a une série notamment, Reservation Dogs, ça s'appelle. Il y a beaucoup... et si vous voulez, si vous vous intéressez à la représentation de l'autochtonne, il y a un documentaire qui s'appelle Real Engine, avec lequel je travaille beaucoup avec mes étudiants, qui leur plaît beaucoup.

C'est un jeu de mots, un real, R-E-A-L, qui veut dire vrai, mais en fait là c'est deux oeufs, c'est la bobine. de films et c'est un réalisateur indien qui s'appelle Neil Diamond qui part à la recherche du vrai indien dans le cinéma hollywoodien donc il traverse tous les Etats-Unis et le Canada et il s'aperçoit que le vrai indien n'est nulle part, que c'est toujours le blanc même avec des bons sentiments Dans Savez les loups, on parlait de Dans Savez les loups, mais c'est Kevin Costner, la narration c'est Kevin Costner et le personnage central c'est un blanc chez les Sioux, avec souvent le bon indien, le mauvais indien. Vous voyez, le blanc a fait ça aussi, le bon indien et l'indien sauvage. Et donc voilà, il y a des autochtones qui se sont emparés de ces outils.

Les pensionnats indiens, il y a deux cinéastes autochtones qui utilisent le film d'horreur et de zombies pour parler des pensionnats indiens. Ils détournent les codes du film de zombies pour... raconter l'horreur des pensionnats.

Donc c'est intéressant. Tout d'abord, merci beaucoup pour la présentation. C'était très très chouette et beaucoup d'informations. Vous parliez de résistance tout à l'heure.

Est-ce que le militantisme a un rôle à jouer dans... la survivance des langues au Canada ? Par exemple, au rassemblement qui a eu lieu autour des gazoducs, est-ce qu'il y a une convergence des luttes qui se met en place ?

Le gazoduc, c'est aux Etats-Unis, en l'occurrence, c'est sur une réserve Sioux, en fait. Oui, le militantisme a joué un rôle au Canada beaucoup plus tardivement qu'aux États-Unis. La grande différence, je vous l'ai dit, c'est la souveraineté tribale aux États-Unis et Roosevelt dans les années 30 qui permet aux tribus autochtones d'accéder à plus d'autonomie.

et d'autodétermination, alors qu'au Canada, on est loin d'en être là. Et la survivance des pensionnats, aux États-Unis, les pensionnats indiens, ils ont fermé pour la plupart dans les années 30 et 40. Ça ne veut pas dire que les politiques d'assimilation n'ont pas continué. Mais il y a eu une politique terrible dans les années 50 qui s'appelait la termination.

et l'urbanisation, a encouragé les jeunes autochtones à aller dans les grandes villes, à quitter la réserve et ça a été assez catastrophique sur le plan culturel mais en même temps, paradoxalement, ça a permis à des autochtones de différentes tribus de se rencontrer dans les grandes villes, de former des groupes et de monter le mouvement pan-indien aux Etats-Unis qui a été le mouvement des droits civiques, American Indian Movement, l'occupation d'Alcatraz, tous ces gestes extrêmement symboliques mais très efficaces aussi. Au Canada, il n'y a pas eu tout ça mais il y a quand même eu en quand le gouvernement canadien n'a pas renouvelé son partenariat avec les églises et qu'on savait que les pensionnats allaient être démantelés. L'idée c'était d'envoyer les enfants indiens dans les écoles provinciales.

On pensait qu'ils allaient s'assimiler au contact des autres enfants dans les écoles provinciales. Les autochtones ne voulaient pas du tout. Ils ne voulaient plus des pensionnats, mais ils ne voulaient pas des écoles provinciales.

Ils voulaient un système d'éducation géré par eux. Et en fait c'est le père de Justine Trudeau, Pierre Trudeau, qui était premier ministre à l'époque, et son ministre des affaires indiennes, Jean Chrétien, a publié ce qu'on appelle... le livre blanc et le livre blanc c'était l'extinction du statut d'Indien on abroge la loi sur les Indiens, il n'y a plus d'Indiens au Canada on est tous citoyens et les Indiens ont dit on ne veut pas du tout ça, on a cité des traités il y a des choses dans les traités, nous on veut continuer à avoir notre statut, on veut que ce soit appliqué donc ils ont publié le livre rouge par réaction au livre blanc et le livre rouge c'est quelque chose qui a fédéré United Indians of All Tribes vous voyez ce genre de mouvement et ça a été la création des premières assemblées il y a une assemblée qui s'appelle l'Assemblée des Premières Nations au Canada qui est quand même très très dynamique et très écouté, surtout depuis la commission vérité et réconciliation. Et les Inuits, ils ont leur propre organisme qui s'appelle l'Inuit Tapirit, qui est assez dynamique aussi.

D'ailleurs, j'en ai pas trop, j'ai pas insisté sur ça, mais en fait, en terme, vous avez vu que les Inuits sont une minorité parmi les autochtones, mais ce sont ceux qui ont le plus grand nombre de locuteurs de langue maternelle autochtone. Parce que, je crois que, je veux pas vous dire de bêtises, mais je crois que 63% des Inuits habitent dans le Nunavut. Donc, ils sont restés... dans le Grand Nord et n'ont pas migré dans les grandes villes mais il y a un militantisme des femmes autochtones énormément Idle No More c'est un mouvement ça veut dire plus jamais passive ce sont 4 femmes Cree qui ont monté ce mouvement quand le gouvernement canadien, avant Justin Trudeau c'était Stephen Harper, c'était les conservateurs ils ont voulu une nouvelle fois attaquer le statut d'Indien et modifier la loi sur les Indiens de 1976 et ce sont 4 femmes Cree qui ont dit non non, on veut décider maintenant Idle No More et sur les réseaux sociaux elles ont lancé ce mouvement qui a fait boule de neige. Et après la commission vérité et réconciliation il y a eu une deuxième commission sur les femmes autochtones disparues ou assassinées parce que c'est un véritable problème au Canada, le nombre de femmes autochtones qui sont assassinées ou qui disparaissent et des enquêtes qui n'aboutissent jamais, c'est-à-dire on se rend compte que la gendarmerie royale, ce qu'on appelle la police montée, pousse beaucoup plus les enquêtes quand il s'agit de femmes non autochtones en fait.

Donc il y a eu une commission d'enquête. également sur ça. Donc oui, il se passe beaucoup de choses. Merci beaucoup pour votre présentation, c'était enrichissant et passionnant. Vous avez parlé de diglossie.

Est-ce que c'est toujours resté discret ou bien il y a eu des transgressions avec des effets néfastes ? Non, c'est alors... quand je parlais de diglossie, je pense notamment au fait... quand je travaillais pour ma thèse, je me suis intéressé aux travaux d'un... Un ethno-psychiatre qui a travaillé avec les indiens Moravés en...

en Californie, et il s'est aperçu qu'il y avait des choses dont on pouvait parler dans la langue moravée, notamment la sexualité, dont on ne pouvait pas parler en anglais avec les sujets avec lesquels il travaillait. Et Thomson Iway utilise ça dans son roman. Il dit à un moment, il dit, il utilise le mot bum, qui veut dire le cul, en anglais, et il dit, c'est un péché mortel en anglais. C'est-à-dire, le père Lafleur a dit, on n'utilise jamais le mot bum, on n'utilise jamais le mot, il y a le mot shit qui veut dire merde, après, et il n'y a que la langue crie qui perd.

permet de l'exprimer. La langue anglaise est la langue de l'interdit, elle est la langue aussi de l'évangélisation. Et il y a des choses qu'on peut exprimer. L'humour scatologique, par exemple, qui est quand même quelque chose de très propre aux Inuits, aux Indiens, aux Algonquiens, ils s'expriment toujours dans la langue autochtone. Donc la diglossie, elle est là.

Beaucoup. Dans les textes sur lesquels je travaille. Après, dans la pratique des communautés, Oui, la langue n'est pas forcément utilisée dans les mêmes circonstances, la langue anglaise, la langue vernaculaire, la langue véhiculaire, oui, pas dans les mêmes circonstances de vie. Joséphine Bacon, quand elle est à Montréal, elle parle rarement Inuaimun, même si elle est avec des locuteurs. d'Inuaimu.

Elle le parle quand elle revient. Elle va sur le territoire. Si vous voyez le documentaire, vous allez voir, c'est une vieille dame. Elle a 74 ans, mais elle est assez handicapée.

Et vous la voyez sur la toundra avec sa canne. une demi-anche en moins en fait et d'un dynamisme elle va sur le territoire parce que si elle y va pas cette langue elle peut pas d'ailleurs ce qui est intéressant c'est que le fonds Joséphine Bacon a été créé au Canada et le fonds Joséphine Bacon va permettre à des jeunes Inuits qui n'habitent plus ces territoires d'aller une fois par an sur le territoire de faire des camps sur le territoire avec les anciens donc sa poésie vous voyez a abouti à une action concrète de redynamisation de la langue Inoue... bon merci beaucoup franck si les gens s'en vont c'est parce qu'ils ont des trains à prendre mais je pense qu'il faut que nous nous taplons d'ici une dernière fois avant d'aller boire un coup en chambre