Transcript for:
Exploration des Origines Humaines en Afrique

Le genre humain est apparu en Afrique il y a plus de 2 millions d'années. Depuis des décennies, les scientifiques... Le scientifique cherche et étudie les vestiges des premiers hommes afin de reconstituer l'histoire de notre évolution. Mais une grande question demeure. Où nos ancêtres ont-ils précisément émergé sur cet immense continent ?

Aujourd'hui, l'idée d'un berceau unique dans un périmètre restreint s'éloigne. C'est dorénavant à l'échelle de toute l'Afrique qu'il faut chercher nos origines, en suivant les traces laissées par les ancêtres directs des humains, les Australopithèques. Un seul morceau d'australopithèque, une dent, un fémur, une mandibule, peu importe, que ce soit au Botswana, en Namibie, au Malawi, et on peut prouver que les australopithèques sont bien passés par ici.

Une équipe de chercheurs de haut niveau, composée notamment d'archéologues, et de paléontologues, et menée par le chercheur Laurent Bruxelles, s'est donnée pour objectif de débusquer ces fossiles anciens, y compris dans des pays où on n'en a encore jamais retrouvé. C'est le projet Human Origins. Année après année, ces spécialistes passent au peigne fin des régions entières, au fil d'expéditions exceptionnelles et parfois périlleuses, au sud et à l'est de l'Afrique. Pour sa nouvelle exploration, Laurent embarque avec lui un spéléologue exceptionnel, Frédéric Zierzinski, un homme poisson capable de plonger à plus de 250 mètres dans les gouffres les plus dangereux du monde. Un atout majeur pour l'équipe qui, voyage après voyage, poursuit une quête vaste et minutieuse pour trouver de nouveaux ossements d'Australopithèque sur le continent africain.

Avant d'entamer leur mission en Namibie, Laurent Bruxelles conduit Frédéric Zierzinski en Afrique du Sud. Avec la vallée du Grand Rift bien plus au nord, c'est ici, non loin de Johannesburg, qu'a été découverte une grande partie des fossiles d'Australopithèque connus à ce jour. Là, on est dans la pêche période où il y a de l'eau, il pleut en ce moment. Cela fait une vingtaine d'années que Laurent Bruxelles sillonne et analyse ces paysages.

C'est très vert, c'est beau là, tous ces bosquets. Oui, c'est magnifique. Chacun de ces bosquets cache une grotte. Musique Un tiers de tous les fossiles d'Hominine, justement de nos ancêtres, sont concentrés ici dans cette petite surface. Et en plus, ça couvre une période clé entre moins 4 et moins 1 million d'années, justement la période où nous on apparaît.

Tu me parles d'Hominine. Ah oui, oui. Développe parce que je ne suis pas spécialiste. Hominines, c'est vrai que c'est un terme. En fait, ça regroupe l'homme et ses ancêtres directs.

Donc, on va avoir les australopithèques, on en a beaucoup ici, qui vont ensuite donner naissance aux paranthropes, qui est un groupe qui était des hominines massifs, mais qui ont disparu. Et de l'autre côté, qui vont donner naissance au genre homo, notre genre. Donc, ça veut dire qu'on a là, sous les yeux, non seulement tous les sites qui permettent de documenter l'apparition de notre genre, mais aussi les paysages qui vont avec.

Nous, aux géomorphologues, on sait lire les paysages et donc on va partir dans d'autres contextes, mais avec ces repères clés. Donc tu utilises les protocoles expérimentés ici pour les autres pays. Voilà, on les a définis ici et maintenant ça nous sert de cible ailleurs.

repérer des paysages identiques à celui-ci, à l'évolution très lente, typique des hauts plateaux du continent africain et ponctué de mini-collines et de dépressions fermées, spécifiques des régions calcaires. C'est ce type de paysage qui est le plus important. qui abrite généralement des grottes et ce sont ces grottes que laurent cherche à découvrir depuis des années et dans plusieurs pays car elles sont susceptibles de conserver des traces humaines très anciennes c'est un vrai labyrinthe ça part dans tous les sens je vois c'est les 15 mètres à des galeries qui se croisent moi je trouve qu'il ya du caractère dans cette grotte complètement par contre c'est vide bah oui c'est vite là en fait si c'est encore dans cet état là c'est parce que ça n'a pas de connexion avec la surface tu vois les pas d'entrée le jeu Le jour où la voûte s'effondre, tu as des cailloux, tu as de la terre et évidemment des animaux qui vont tomber dedans, qui vont remplir entièrement la grotte comme un sablier. C'est le principe des sites autour de nous.

De tous les sites autour de nous, donc ça c'est un piège à fossiles. C'est le site fossilifère du futur. C'est un vide qui attend d'être connecté à la surface pour absorber tout ce qui tombera dans la grotte. Ça sera pour nos restes maintenant. Oui, c'est à nous de devenir fossiles.

Un peu plus loin, une formation caractéristique révèle ce processus de piégeage au fil des années. Ah ben voilà, tu vois, on voit parfaitement ici la forme. On a cette accumulation de cailloux, de terre, d'ossements qui sont tombés depuis la surface, qui se sont accumulés pierre par pierre et qui ont formé ce tas. Et on voit très très bien la forme ici en talus.

On dirait qu'on est à la base de la terre. un sablier, où pareil, où chaque grain de sable s'est récumulé l'un après l'autre, jusqu'à former cette forme en cône. Donc on est sur ce qui est tombé depuis la surface. Depuis la surface. Donc ça, ça montre qu'on a une connexion avec la surface.

Regarde, si je mets ma lumière, là-haut, Tu vois qu'il y a un orifice là-bas derrière ? Eh bien ça, c'est l'ancienne entrée. D'accord. Les grottes, lorsqu'elles sont ouvertes sur l'extérieur, constituent de véritables pièges. Des animaux, des cailloux, des débris végétaux et même des hommes tombent accidentellement dedans au fil du temps.

L'eau qui ruisselle transporte un minéral, la calcite. La calcite permet non seulement de former les stalactites, mais aussi de former les stélactites. un véritable ciment protecteur.

Ainsi, les ossements piégés par le gouffre sont progressivement ensevelis et scellés dans cette gangue qu'on appelle la brèche. Un terme trompeur qui ne définit pas une ouverture mais bien la roche qui se forme au fil des millions d'années par l'accumulation de ce ciment naturel. C'est donc dans de la brèche, une roche fossilifère comme celle-ci, que Laurent espère trouver de nouveaux restes d'Australopithèque. Tu m'amènes où là Laurent ?

On va dans le tombeau de Littlefoot, la porte magistrale. C'est un lieu presque sacré, en tout cas historiquement, au point de vue scientifique, c'est un lieu majeur. Sa dernière demeure ?

Plus exactement, son avant-dernière demeure, puisque depuis il a été extrait, il est à l'université de Johannesburg. Mais tu vas voir le lieu où il a passé 3,7 millions d'années. C'est ici qu'en 1994, un squelette entier d'Australopithèque, baptisé Littlefoot, a été retrouvé.

C'est Laurent qui, en 2015, a permis de dater précisément ce fossile qu'on croyait plus récent. Dominique Stratford, le directeur des fouilles du site de Sterkfontein, les attend dans ce lieu devenu mythique. Bonjour Dominique, comment vas-tu ? Je vais très bien, ça fait plaisir de te voir. Ça fait longtemps, ça fait longtemps.

Oui, ça fait longtemps. Fred ! Bonjour Frédéric. Ravi de vous rencontrer.

Expert en plongée spéléo. Fantastique. Bienvenue dans la grotte de Sterkfontein. Bienvenue à Silver Grotto.

Bienvenue à Laurent. Je suis très content d'être là. Nous voici dans la partie orientale de Silver Grotto. L'un des gisements les plus profonds de Sterkfontein.

Où nous avons trouvé Littlefoot. Littlefoot est l'australopithèque le plus complet jamais découvert. Et le plus ancien d'Afrique australe.

A Jepaint. Elle est âgée de 3,67 millions d'années. C'est grâce au travail de Laurent et à celui des équipes que l'on a pu repousser son âge jusqu'à 3,67 millions d'années.

Nous nous trouvons ici sous l'entrée. Il s'agit d'une ouverture très haute dans le plafond, à environ 30 mètres de l'endroit où nous nous trouvons. Littlefoot est tombée sur ce cône de débris. Elle est en sueur.

Ensuite morte, ou s'est brisée suffisamment d'os pour mourir rapidement, puis elle a été enterrée progressivement par de plus en plus de saletés, de morceaux d'os et d'autres roches, pendant des millions d'années, jusqu'à ce qu'elle soit découverte par le professeur Clark en 1997. C'est le dynamitage du sous-sol par des mineurs qui a permis d'accéder à cette couche de brèche où un squelette entier d'Australopithèque a été découvert. C'est complètement... que tu me disais, en fait, ce cône, c'est ce sablier ?

C'est ça, tu es sous une entrée, donc on est encore sous un sablier. Si ce n'est qu'ici, il n'a pas arrêté de croître comme celui qu'on a vu avant, parce que l'entrée est restée ouverte, et la grotte s'est entièrement bouchée petit à petit, donc on est dans le sablier, là. Et donc là, on a plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur de brèche avec des fossiles à l'intérieur. Mais tu peux imaginer aussi que c'est le Graal. Jamais personne n'aurait pensé qu'on puisse un jour trouver un Graal.

On a trouvé un australopithèque en connexion, c'est-à-dire que les eaux encore associées et complets à 95% puisqu'en général il se passe tellement de choses qu'on perd la moitié des eaux, voire plus. Et là il était là, il gisait et il a attendu pendant 3,7 millions d'années. Il va falloir être bon pour trouver quelque chose. à la hauteur de little foot certes mais bon on aime bien les défis assez haut on a du temps on a des compétences sont si les territoires immenses et des territoires immenses et moi je suis sûr que ça y est et puis tout d'ailleurs on n'est pas obligé de trouver tout de suite un autre métal complet une seule dent un solos et ça répond à la question des berceaux d'humanité et de l'hypothèse de l'idée que ça se passe à l'échelle de l'afrique entière Little Foot reste un cas exceptionnel. Laurent n'imagine pas retrouver de squelettes aussi bien préservées, mais il espère découvrir des ossements d'Australopithèque dans un autre pays, quelque part entre le sud du continent et la vallée du Grand Rift.

Cet immense territoire, qu'on appelle l'Afrique australe, comprend notamment le Malawi, le Mozambique, le Botswana et la Namibie. Maintenant que Frédéric est initié, c'est justement dans ce dernier pays que l'expédition va démarrer. A 1200 km au nord de Sterkfontein, la Namibie couvre un immense territoire, très peu peuplé. Là-bas, les paysages ont évolué lentement et leur géologie, comparable à celle de l'Afrique du Sud, abrite de nombreuses grottes. Laurent et son équipe y ont déjà repéré quelques cavités susceptibles d'abriter de la brèche, qui pourrait avoir préservé des fossiles très anciens pendant des millions d'années.

Ils doivent évaluer ces sites. et ne fouiller que les plus prometteurs. Cette quête s'apparente à chercher une aiguille dans une meule de foin. Là, c'est pas mal.

T'as ton descendeur qui est prêt ? Ouais, regarde, je peux l'ouvrir. D'accord, ça roule. Alors, remonte un peu. L'idée, c'est que tu vas positionner ton descendeur.

Entre Namibie et Botswana, ils retrouvent deux chercheurs, membres de l'équipe d'exploration de Laurent depuis de nombreuses années. Oh bah, ils arrivent. Impeccable. Voilà, tu défais ça.

Salut ! Ça va ? Ouais, très bien.

Sur les cordes ? Oui, on se révisait deux, trois trucs. Ça, c'est bien. Vous, l'Afrique du Sud, ça a été ?

C'était, oui, vraiment, on a vu de belles choses. Le cadre est posé. Donc, je vous présente Frédéric Zarzinski, plongeur, spéléo.

Une des rares personnes au monde qui est capable de plonger plusieurs centaines de mètres sous l'eau et sous terre. Donc, il va nous permettre de voir des choses que personne d'autre peut voir. Oui, super.

Grégory Dandurand, spéléologue, karstologue. Donc, lui, tout ce que tu vas voir, il va t'aider à le comprendre et à l'interpréter, que ce soit sur l'eau ou sous l'eau. On pourra échanger des infos.

Et, parfaitement complémentaire, Jean-Baptiste Frevel, qui lui est paléontologue. qui sait déterminer n'importe quel animal à partir de n'importe quel bout d'os donc ça veut dire que là il y a une équipe qui est capable de déchiffrer quand même pas mal de choses donc l'idéal c'est que Fred, toi, tu peux aller avec Greg comme ça tu plonges, vous pouvez interpréter ce que vous allez voir en forme entre la surface et sous terre donc dans ce cas ce serait Aracib d'accord on fait Aracib, tu vides et nous on part à Waxou et ce soir on se retrouve et on rediscute de tout ça comme ça on bêtise d'ici tous les quatre de l'ensemble des informations d'accord ok matériel à préparer à ce soir à ce soir la grotte d'aracib que frédéric et grégory s'apprête à examiner a été identifié lors d'une précédente campagne par l'équipe de laurent les géologues et autres paléontologues n'avait pas pu en évaluer le potentiel parce qu'elle se trouve en grande partie inondée Les compétences de Frédéric sont particulièrement utiles pour permettre aux chercheurs de progresser dans leur connaissance de cette cavité. Là on va balancer 70 kg à peu près.

D'accord. Donc c'est bien sécurisé, vu que la limite c'est à peu près 100 kg par charge. On est juste comme il faut là.

On va le faire en combien de fois là du coup ? Je pense en trois fois c'est bon. D'accord.

Hop ! Et là, dépouille jusqu'au sol. Il y a 120 mètres là. Là il n'y a rien qui s'accroche, on est bien ? On est bon.

Parfait. Ok. C'est parti, descend là.

Attention là, tu touches des branches. Là c'est bon, ça passe. Comment t'expliquer que les bouteilles à 300 bar, s'il y a le robinet qui touche, on risque de la voir remonter. Tu te pousses si tu vois remonter la bouteille.

C'est la partie délicate de la plongée sous terre. Je te suis. Alors nous on est sur la corde mais t'as vu, il y a une vieille échelle là.

Tout est forgé. Je sais pas si de nos jours je me ferais moi la montée et la descente là-dessus. Ouais, c'était quoi ?

C'était les allemands qui avaient installé ça là ? Ouais, il y a une vieille pompe en haut là. Pour aller chercher la flotte en bas ? Ils ont tout transporté à dos d'homme. Ici, ils n'utilisent pas trop les chevaux.

Entre la fin du 19e et le début du 20e siècle, la Namibie était une colonie allemande. Certaines infrastructures, comme ici, datent de cette époque. Les Allemands avaient notamment installé cette échelle pour descendre puiser de l'eau potable dans cette immense cavité, en grande partie immergée. Fais un peu gaffe, parce que là, il y a le P-70.

Oui, superbe. Là, on est plein pot jusqu'au lac. Et du coup, ça te fait quoi d'aller plonger dans cette eau ?

C'est complètement fou, c'est vraiment un vieux rêve. C'est incroyable, pénétrer sous terre pour ensuite aller plonger. Oui, et puis c'est dire que tu as plus de sous que de suie. Oui, oui, oui.

En fait, la hauteur en mer, elle est vraiment infime par rapport à la hauteur dans l'eau. Ah ouais. C'est complètement fou. Bon, on y va là ?

Allez, vas-y. Celui qui te regarde descendre te salue. Ok ! Allez je te rejoins ! Voilà !

Oh là là c'est le but ! Oh là quand je regarde en bas là... Ho ho ! Tu es tout petit ! C'est une ambiance de bout du monde.

Ça ressemble un peu à ce que tu imagines quand tu lis tes premiers bouquins gamins de Jules Verne. Ouais, c'est exactement ça. Hop !

Bon, là, on arrive dans mon domaine. Hop ! T'as l'air ça.

Wow ! C'est phénoménal, hein ? Est-ce que tu as déjà vu dans ta vie une eau aussi claire ?

Non, ça n'existe pas en fait. Le phare il se perd, c'est incroyable. Complètement fou, les parois elles sont vertigineuses, c'est vertical. Donc l'idée pour nous, c'est de voir non seulement les formes, mais aussi si tu vois de la brèche.

Parce qu'on est archéo, on est spéléo, on est géologue. Donc nous, on connaît les grottes. Mais la question pour nous, c'est de savoir si notre modèle y tient.

C'est-à-dire, est-ce que ces grottes, elles en font ? comme des pièges, des pièges à Australopithèque notamment. Et c'est-à-dire, est-ce que c'est venu capturer, collecter depuis la surface toute la faune, l'environnement ? Il faut vraiment que je fouille sur l'ensemble des parois avant d'aller vraiment sur les fonds.

Et toi, il faut vraiment que tu ramènes le plus d'images possibles de ces parois, des morphologies, des formes que tu peux observer sous l'eau. C'est là où tu es vraiment essentiel pour nous. Allez, c'est parti.

Pour Frédéric, la plongée démarre enfin. Il lui faut documenter le site au maximum. Filmer les différentes formations, de la surface aux plus grandes profondeurs, grâce à une petite caméra fixée sur son casque.

Révéler aux scientifiques tous les indices possibles sur la formation et l'évolution de cette grotte. Pendant ce temps, Grégory, lui, en profite pour dessiner la cavité. ...hors d'eau. Ainsi, grâce aux deux expertises, les scientifiques auront une vision globale du gouffre et pourront savoir si la grotte s'est formée par le dessus, via le ruissellement des eaux de pluie, ou par le dessous, grâce à une remontée d'eau chaude. Des indices pour savoir si elle a pu agir ou non comme un piège à fossiles au cours des derniers millions d'années.

Frédéric va descendre jusqu'au fond du lac, à plus de 120 mètres de profondeur, et passer plus de 3 heures sous l'eau. Aujourd'hui alors qu'est ce que vous avez fait ? Nous on est allé faire Waxoo North qui est cette avene qui s'ouvre dans les sables du Cala Ritz Alors le problème c'est que d'abord la cavité est super instable t'as des blocs qui dévalent, t'as du sable, les parois, tout est pourri très altérée. En bas, on n'a même pas pu trouver un endroit pour amarrer la corde.

Ah oui, donc vous n'êtes pas allé jusqu'en bas. On n'est pas allé jusqu'en bas. Mais de toute façon, dès les deux premiers puits, on a compris que l'ouverture de cette cavité vers la surface est récente.

D'accord. Il y avait zéro élément de brèche. à aucun endroit et donc du coup on s'est dit bon c'est pas la peine de pousser plus loin si en haut on n'a pas ces vieux vestiges quelques on a laissé tomber nous je pense que c'était un peu plus grand qu'à on a des volumes c'est énorme il ya un tuyau qui fait 50 m et rien de visible en termes de vieux sédiments de brèche sur la surface sur la partie exondée rien moi j'ai rien repéré bon qu'est ce qu'on fait on passe la surface de ce lac entre nous là on n'ira jamais Bon là on est déjà sous le niveau d'eau. Et là tu vas déjà à une dizaine de mètres là. Oh les stalactites sous l'eau.

T'as vu ? Mais jusqu'au... Oh la stalagmite ! Ouh ! Ça tu peux retrouver ça jusqu'à à moins 30 mètres.

Ah oui attends, stop, stop. Donc là oui on a plusieurs générations de pousses et de repousses de la concrétion. Bon alors là on est plus loin, on est à au moins 100 mètres.

Donc là t'as vu c'est le noir absolu. Là par contre dans ces zones là t'as plus de concrétion. C'est ton sol.

qui plonge là, ta paroi ? C'est juste la paroi qui continue. Grâce aux images de Frédéric, qui permettent de découvrir en détail la géologie de la partie noyée de la cavité, Laurent et ses collègues comprennent que cette grotte s'est formée par le dessous, par l'effet des remontées d'eau chaude souterraine. Comme le niveau du lac a beaucoup varié au cours du temps, stalactites et stalagmites se sont formées pendant les périodes de sécheresse, y compris sous le niveau actuel du lac.

Ensuite, cette grotte fascinante s'est connecté à la surface grâce à l'érosion. C'est complètement fou quoi. Oh ! C'est pour toi JV ça ! C'est quoi ça ?

Vous avez de l'os. Tu l'avais caché ça ? Là pour le coup moi personnellement ça m'intéresse. Bon c'est pas un australopithèque.

Mais c'est un primate. A priori oui. A priori ce sont essentiellement des babouins. Les babouins ils vont nicher dans des arbres qui sont vers l'entrée du puits. Les vieux individus vont mourir, ils vont chuter.

Au fond ça c'est... C'est peut-être une mandibule. Je ne sais pas si c'est une mandibule ou du végétal. C'est une drôle de forme. Là, tu as un tibia.

Là, tu as un bassin. Mais ils ont un aspect quand même super bien préservé, très frais. Ils ont un aspect frais, oui. Tu penses quoi en termes d'âge ? À mon avis, c'est tout à fait récent.

Tu peux très bien imaginer. Allez, peut-être que ça pourrait avoir 50 ans. En fait, déjà, tu as en partie réalisé le rêve qu'on avait. C'était d'aller chercher dans ces endroits sous l'eau, des eaux. En fait, on voit bien l'intérêt de cette approche.

puisque c'est la première fois que ces ossements sont signalés dans cette cavité. À Waksou, on n'avait rien, mais on a vu un piège actif qui peut piéger à l'avenir. Là, on est déjà en cours de piégeage.

Donc finalement, on est toujours dans cette dynamique de site paléontologique en devenir. Une vraie promesse. Dans la grotte inondée, les eaux de primates confirment que cette cavité a agi comme un piège.

Mais contrairement à Sterkfontein, en Afrique du Sud, elle est beaucoup trop récente et n'a donc pas pu piéger des... des fossiles très anciens de l'époque des Australopithèques. Les chercheurs du projet Human Origins sont régulièrement confrontés à ce type de difficultés. Ils identifient des régions à fort potentiel, explorent de nouvelles grottes, mais après étude, il s'avère que toutes les conditions ne sont pas réunies. Ils doivent dès lors chercher d'autres sites plus favorables.

La suite de la mission se déroule dans le pays voisin, au Bot... Des précédents voyages ont permis d'identifier plusieurs cavités dont l'ouverture est bien plus ancienne. Des fouilles ont même commencé dans certaines d'entre elles. Pour s'y rendre, il faut d'abord franchir le fameux delta de Loka Vango et ses territoires riche en faune. Cette zone unique, le second plus grand delta intérieur du monde, est le point de rencontre de plus de 480 espèces d'oiseaux, 130 de mammifères ou encore 70 de poissons.

Générique Tu vois ça souffle, on entend encore des hippos. Il faudra faire attention de ne pas rester trop près des berges parce que quand même c'est relativement agressif. Il vaut mieux aussi de respecter les distances.

C'est le mammifère qui fait le plus de morts en Afrique. A la fois aussi parce que l'eau c'est le point d'eau, donc l'homme vient aussi sur le point d'eau. Et donc c'est un endroit où on rencontre l'hippopotame.

C'est plein de vies de partout. Il faut imaginer que d'ailleurs, c'est le cas depuis très longtemps. Ces centres-là attiraient toute la faune. Donc on peut imaginer qu'autour, ici, on avait aussi une grande population de vies anciennes, comme ceux que l'on cherche dans les grottes actuellement.

Ici, c'était tellement lavé par le fleuve, qu'on était obligé d'aller chercher des indices beaucoup plus loin, sur les hauteurs. C'est pas le meilleur milieu de préservation. Les ossements vont être emportés, alors que dans les grottes, on est sûr qu'elles sont bien enregistrées. Oh regarde un éléphant !

Il y a un croco juste sous les tigeaux en bas. C'est cette île, c'est là que nous allons marcher. On a la chance, hein ? Là, comme ça. Hippo, croco, éléphant.

Bon, on va pouvoir s'installer. C'est fait, non, non, on ne s'installe pas. Maintenant, on va avoir des beaux cailloux, on monte sur les collines de Guyaba, et on va faire des grottes.

C'est bien resté proche de l'eau, là, tu vois. Ça y est, moi, il faut que je sorte de l'eau, maintenant. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, les deux explorateurs arrivent sur les premiers affleurements rocheux botsouanais. Laurent et son équipe avaient repéré ces collines par images satellites, quelques mois plus tôt. Donc là c'est vraiment ce qu'on est venu chercher.

des calcaires et des dolomites. Ces deux roches sont des roches qui sont solubles d'en haut. C'est donc là où les grottes peuvent se former.

Et donc, on vient chercher cette île-eau de calcaire, dans laquelle une ancienne grotte existe. Donc, elles peuvent recéler les fossiles, etc. On continue ? Et là, il faudra faire gaffe, parce que c'est super coupant.

C'est très fragile, donc souvent, les roches s'éboulent. Et quand on sera là-haut, on sera sur de vraies lames de rasoir. C'est une phylose totalement. Ça c'est ce qu'on appelle un lapiaze, ce sont des formes de dissolution de la surface du calcaire.

Mais là il y a tellement d'agressivité de l'eau que c'est arrivé à dissoudre la roche jusqu'à en faire une lame et une succession de lames. Ouais parce qu'il n'y a rien de rond là. Non, il n'y a rien de rond parce qu'on est vraiment en contact direct avec la pluie qui le dissout.

C'est comme si tu avais eu de l'acide qui avait coulé dessus et tu vois, ça c'est une espèce de lame. On a de belles roches qui chantent. Bon, on va y aller, c'est le sommet là.

Une paire de chaussures par mission. Il faut ouvrir l'oeil. Ça c'est un figuier, c'est un figuier et ça pousse les pieds dans les grottes. Donc on sait à chaque fois qu'il y a cet arbre là, c'est que quelque part dessous, les racines, elles plongent dans les grottes très très loin sous terre.

Donc c'est un bon indice, tu vois. On n'est plus dans les lames comme on a au saut. C'est complètement différent.

Regarde ce que c'est. Ce sont des cailloux qui sont tombés dans des grottes, qui ont été cimentés par de la calcite, c'est-à-dire l'eau qui tombait des stalactites, et qui ont du coup été emprisonnés tels quels. Là, tu vois ces tout petits points blancs, là, c'est des eaux de micro-fondes de rongeurs.

T'es en train de me dire qu'on va trouver des eaux de rongeurs sur le haut d'une colline. On n'est pas dans une grotte, là. Et oui, c'est ça qui est difficile à imaginer, et pourtant, c'est vraiment le cas.

On est dans une grotte, mais il n'y a plus de plafond. C'est une grotte où on peut attraper des coups de soleil. Oui, c'est ça, exactement.

Et donc, on est vraiment dans des dépôts de grottes très, très anciens, puisque depuis... L'érosion, elle a eu le temps d'évacuer la grotte, tout le dessus, un parquet des sédiments. Et on a finalement ce que la grotte avait à l'intérieur.

Et c'est exactement ce qu'on cherche. Allez, on continue ? On continue.

Tu sais ce qu'on pourrait faire en fait, c'est maintenant descendre directement. On va retrouver l'équipe qui est là-bas en bas. D'accord. Hey !

Hello ! Ça va ? Ça fait plaisir de te voir !

Un groupe de chercheurs fouille depuis plusieurs jours le sol d'une ancienne grotte, dont le plafond s'est complètement dissous par effet de l'érosion. Un travail long qui permet de mettre au jour de premiers ossements. Ces fouilles en extérieur, menées en collaboration avec une équipe de chercheurs botsouanais, dureront un mois et se répéteront chaque année pendant au moins cinq ans. Convaincu de l'intérêt de la zone, Laurent poursuit ses recherches dans les environs.

Il vise cette fois une cavité connue des bouchemaines que les scientifiques n'ont encore jamais visitée. Elle pourrait regorger de trésors. Les locaux l'appellent d'ailleurs.

bones cave la grotte aux eaux c'est déjà la brèche là donc c'est la bonne route mais la question reste entière peut-elle abriter des fossiles d'australopithèque c'est là ouais Ah d'accord, c'est peut-être l'entrée de la grotte là. Ok. Ah mais ça y est, l'entrée de Bonnkeil.

Oh oui. Il y a un bout de nounours là. Très beau d'ailleurs. Ça c'est de l'orix. T'as vu les blocs de brèche avec le matos à fleurons ?

Il y a de la macronfonde dès l'entrée. Oui, et puis de la belle. Et ce qui est bien, c'est que d'après ce que je vois, on sera suffisamment prêts pour voir les eaux.

C'est notre chance. Bon, c'est très poussiéreux, donc là il faut des masques. Ça va rajouter à l'atmosphère au pressant. Attention, il y a un puits derrière toi.

Frédéric, grand spéléologue, vient épauler Laurent dans la mise en sécurité de la cavité. C'est bon Laurent ? Il leur permet de se rendre dans certaines zones isolées et très difficiles d'accès. Je remonte le temps dans la brèche là. Plus je descends, plus je remonte le temps.

Il y a pas les eaux qui sortent là ? Ouais. Oh !

Oh là là ! Oh c'est magnifique ! Ça va aller le coup de descendre, hein ! C'est un beau volume !

Incroyable ! Quel contraste avec l'entrée ! Ah ouais, la petite étroiture de l'entrée et le volume de cette salle, c'est incomparable !

Comme quoi, on peut jamais plus juger de ce qu'il va y avoir, hein, en fonction de l'entrée, de l'allure qu'avait le puits, un peu glauque... C'est là que le spectacle ! Donc on a de la brèche partout autour là.

Ce qu'on peut faire, on se dispatche et chacun regarde un affleurement de brèche. Parce qu'apparemment la salle était remplie entièrement. Et on essaie de faire un petit inventaire des eaux qu'on trouve. Très bien.

Ok ? Allez, c'est parti. Moi j'ai un peu de singe a priori là, 30 babouins au plus petit.

Ah et là aussi il y a quelque chose, on est sur une partie proximale du mérus. Bingo ! Et c'est un petit prédateur a priori. Une idée ?

Ah oui ouais. Pour le coup, il n'y a pas de soucis, c'est un carnivore. A priori, quand tu vois comme ça... C'est un félin.

Il y a pas mal d'éléments qui te donnent en faveur. Et dans ces félins, pour l'instant, on est sur des félins de petite taille, caracales ou cervelles. On n'espère pas trouver du plus gros.

Et pour toi, la présence de ce prédateur ? Ça serait un indice sur une future présence d'australopithèques dans ces fouilles ? Les prédateurs, ils sont fondamentaux.

C'est des mangeurs de viande. Et leur régime alimentaire est diversifié. Ils vont manger des antilopes, mais de temps en temps, ils vont manger des primates. Et dans ces primates... Il peut y avoir l'homme.

Lui ne va pas le faire, c'est un carnivore qui est trop petit. Mais si on trouve un carnivore plus gros, type léopard ou hyène, ils sont très abondants dans ces sites anciens, tu peux envisager de retrouver des restes d'homininés anciens pour deux raisons. Nos homininés anciens sont des proies, mais c'est aussi des compétiteurs de ces carnivores. Comme les carnivores, ils vont manger de la viande. Toutes ces espèces vont se retrouver à un moment donné sur des carcasses, des éléphants, des peaux.

Donc il y a du conflit. Et des grands prédateurs vont parfois tuer et consommer des Australopithèques ou des espèces du genre. Si d'autres ossements provenant de plus gros prédateurs sont aussi découverts, alors il existe une forte probabilité que des fossiles de spécimens du genre homo ou de l'un de ses ancêtres soient également présents dans la cavité. Tiens Fred, tu peux me tenir la mire s'il te plaît ? Une grotte propice que l'équipe de Laurent doit vite inventorier.

Car la cavité est menacée par un phénomène naturel récemment découvert, et les fossiles qu'elle renferme pourraient disparaître. disparaître à tout jamais. Grégory d'Andurand est l'un des premiers chercheurs à avoir documenté scientifiquement ce phénomène qui ronge les cavités et détruit les fossiles présents à l'intérieur.

Il veut aujourd'hui l'expliquer à Frédéric et pour cela le conduit dans une grotte voisine fortement attaquée. Regarde ces volumes. C'est impressionnant.

Quand on a vu ces coups de pôle, etc., on s'est dit, c'est pas des volumes. qu'on observe généralement il ya quelque chose et quand on a continué dans la grotte on a compris que tout ça c'était en fait ce qu'on appelle la biocorrosion et on commence à comprendre le phénomène donc là on sort complètement de l'érosion de l'eau et autres à passer sur autre chose on passe contre des biocorrosions il ya l'animal sous tout ça il ya de la vie il ya beaucoup de vie on va voir allez on descend Là c'est bon tu crois ? Ouais c'est bon. On va suivre le talus.

Alors faut faire un petit peu attention où on met les pieds, les mains, parce qu'en parlant de vie... Ouais y'a de la vie ici. Y'a de la vie, y'a des serpents, y'a des porcs épiques, y'a des petits scorpions...

Et même, ça sent ouais. Ouais. C'est habité ça. Ouais ouais. Tu sens déjà l'odeur un peu, ça pique un peu les yeux là.

Oui et puis je m'enfonce là, c'est plus du tout le même terrain. Ouais, un peu de poussière mais pas que. T'es rire. Ah, une chauve-souris. Et ces chauves-souris, c'est elles qui vont être responsables de la biocorrosion.

Ah oui ? C'est fou. Oh là là, regarde. Elle est complètement bouffée celle-là.

Elle a perdu tout son volume. Mais c'est complètement rongé depuis le bas là. T'as vu un peu ?

Tu vois ce que c'est ça ? Là, le parti gluant. C'est des bactéries. Ça vit là.

Ouais, ça vit. C'est des bactéries qui bouffent la concrétion. Jusqu'au trognon. C'est celle qu'on connaît d'habitude qui aurait fait ce diamètre-là, qui est rendue là.

Exactement. avec ces petites bactéries. Produites par le guano au sol.

Le guano, c'est un amas de déjections de chauves-souris. Impressionnant, hein ? Le guano, c'est un pH 2. C'est hyper acide. Donc l'achat... Tout ça va fermenter petit à petit.

En fermentant, il va dégager des acides. Et ces acides vont, avec la chaleur, circuler dans la grotte et redissoudre les parois. T'imagines que ta grotte, tu as peut-être le creusement initial par l'eau, mais tu vas doubler son volume par l'attaque de cette biocorrosion. On ne retrouvera jamais un os. On va trouver un os maintenant.

C'est sûr que t'es plus rien. C'est bon. La population de chauves-souris est aujourd'hui estimée à plus de 400 000 individus, tous concentrés dans un espace restreint.

On va être obligés de mettre un masque, ça devient irrespirable. Là on est dans ce qu'on appelle la main chamber, c'est-à-dire la chambre principale. Un énorme tas de guano, je ne sais pas combien ça fait, peut-être 5-10 mètres d'épaisseur, on peut avoir plus dans certains endroits.

Et tu as bien compris le lien entre les formes qu'on a vues, toute la corrosion, et puis ces chauves-souris. Les grandes colonies de chauves-souris et leur déjection constituent donc un obstacle supplémentaire dans la quête des scientifiques. On est arrivé à la fin ?

Non, on va poursuivre et puis on va aller voir un endroit que je n'ai jamais vu. C'est la nurserie. C'est vraiment... On est dans le point le plus chaud de la cavité, on passe de 29 à 32 degrés à peu près.

La zone la plus extrême quoi. Là c'est extrême, c'est l'enfer, l'enfer sous terre. Toi qui es habitué à plonger, si tu y vas, tu vas plonger dans le CO2.

Oh la vache ! Allez c'est parti ! Voilà, ça pique hein ? On suffoque un peu.

Ouais. Allez je rentre. Allez. Oh la vache ! Oh y'a une odeur !

Oh ça déboîte hein ! Oh la vache ! En fait c'est les oiseaux d'Hitchcock mais version chauve-souris quoi !

Non mais c'est dantesque ! La pression ! On est à 5-6% de CO2, plus cette odeur d'ammoniaque là ! En fait on a tenu maximum 30 minutes.

C'est une de tes plus courtes plongées, non ? Ça dépote. S'il est difficile pour l'équipe de Laurent de débusquer des fossiles d'Australopithèque, c'est que leur démarche rigoureuse est sans cesse confrontée à la réalité. de terrain.

Mais maintenant qu'un gisement a été découvert, les équipes françaises et botsouanaise vont s'y consacrer durant des années. Car ils en sont convaincus, le Botswana est un des territoires les plus encourageants. Avant de se séparer, Laurent embarque Frédéric vers une dernière destination, le Malawi, et plus particulièrement dans la vallée du Grand Rift, une route de transhumance parcourue il y a des millions d'années par les ancêtres de l'homme et les premiers représentants du genre homo.

C'est impressionnant ! Ça c'est un point de vue ! Regarde ça !

La Grande Bleue ! On ne voit même pas l'autre bord. Je ne vois rien, j'ai l'impression d'être face à un océan.

Et de l'autre côté, si on pouvait voir, on verrait le Mozambique là-bas. On verrait la Tanzanie au nord et à l'est. Et tout ce côté-là, c'est le Malawi. D'accord. Donc on est dans ce qu'on appelle la vallée du Grand Rift.

Cet escarpement, il s'étire sur 3000 kilomètres. Alors ce qui est intéressant, c'est que ce paysage, il a plusieurs millions d'années. Même s'il évolue très vite.

Si on avait été là, il y a 3 millions d'années. mais on aurait peut-être vu passer nos ancêtres, les Australopithèques, les Paranthropes ou peut-être les Ominines qui transitaient au fond du rift. On se voit vers le nord. Donc ce couloir, cette possibilité qu'il soit passé là, des traces peut-être déjà existantes. On va découvrir ensemble.

Je te propose d'emprunter ce pont traditionnel en bambou qui permet aux communautés locales d'exploiter des champs de part et d'autre de la vallée. Ok. Là, il y a un beau trou là quand même.

Oui, tu fais attention parce qu'il n'y a pas beaucoup de bambou pour poser les pieds. Ok. Bonjour, comment allez-vous ? Bien, merci. Merci.

Par contre, la couleur, c'est chargé en sédiments, non ? Oui, il y a plein de sédiments. Donc l'eau va remplir le lac.

Les sédiments, on peut un peu s'accumuler au fond du lac. C'est tout ce qui arrive du bassin versant. Bonjour, bonjour. Bonjour.

Désolé. Merci. Et là on va aller voir Othmar avec ses collègues dans un des découverts de fossiles. Nous devons être très prudents lorsque nous allons creuser.

Othmar Kuhlmer est chef de la division de paléo-anthropologie du musée d'histoire naturelle de Francfort. Ça fait 30 ans. Et ils ont découvert des fossiles de très grande importance.

Salut les gars. Bonjour, comment allez-vous ? C'est un plaisir de vous voir.

C'est Frédéric, un plongeur spéléo. Bienvenue à Malema. Malema est l'un des rares sites de Shibundabad. Il y a une grande densité de fossiles dans cette région, pour une raison particulière. La formation d'un lac a produit un drôle de phénomène.

Des eaux et des matériaux ont été piégés puis fossilisés dans le dépôt. Par la suite, dans cette partie du rift, on a eu beaucoup d'activités tectoniques. Ce qui a fortement contribué à soulever ces anciens dépôts lacustres. C'est la raison pour laquelle ici, à Flandre-Collines, on peut trouver des fossiles. Oui, ça devrait être enfoui.

Oui, il devrait être beaucoup plus profond. Et l'érosion nous aide, nous les paléontologues et les paléo-anthropologues, à trouver des choses. Cela signifie que l'érosion creuse pour nous. En tant que paléontologue, vous devez toujours être au bon endroit et au bon moment. Plusieurs découvertes exceptionnelles ont été réalisées dans ce secteur.

En 1996, un maxillaire appartenant à un parentrop, cousin disparu de l'Australopithèque, a été mis au jour ici même. Non loin de là, six ans plus tôt, une mandibule qui semblait être reliée au premier... représentant du genre homo a elle aussi été retrouvée mais un réexamen récent de ce fossile a livré des secrets encore plus étonnant je vais vous montrer la mandibule c'est un fossile un peu spécial C'est un moulage bien sûr, je n'ai pas apporté l'original. J'imagine. Elle a été trouvée au début des années 90 par Tyson.

Je regardais lentement, lentement, et j'ai trouvé ça. Tous ensemble en train de prospecter. Oui. Oui, j'ai trouvé ça.

Bon, j'appelle mon patron. Venez voir ça. Ah, ça devait être un grand jour.

Oui. Comme le jour de Noël. Nous étions très heureux.

C'est une grande chance d'avoir ces hominines. Ils représentent entre 0,1 et 1% de l'ensemble des fossiles. C'est très difficile à trouver. Et cet individu a 2,4 millions d'années.

Nous le savons parce que nous avons trouvé des fossiles de porc à côté. Et ils sont importants parce que leur race a évolué très rapidement, changeant la morphologie de son crâne et de ses dents au cours de l'évolution. Grâce à eux, nous pouvons donc très bien déterminer l'âge. La datation, c'est donc de la biochronologie, pas de la datation absolue. On parle de datation relative.

Il s'agit de plus ou moins 100 000 ou 150 000 ans. Mais dans ce type d'âge, 2,5 millions d'années, c'est très bien. Bon, là, ça y est, t'as un indice concret, là.

Oui, parce qu'on peut raconter beaucoup de choses à partir des dents. On peut définir les genres à partir des formes, notamment les petites cuspides, les petites pointes qui sont sur les dents. Il y a une méthode qui est beaucoup plus précise, qui permet d'être sûr que ça appartient bien à des parents propres, à de l'homo, à de l'australopithèque. C'est d'aller voir la structure interne de la dent et le contact entre l'émail et la dentine.

Donc là on va rentrer dans la matière ? On va rentrer dans la matière de plus en plus petit. Bon allez on avance. On va aller voir Clément maintenant.

Au moment de sa découverte, ce fossile de plus de 2 millions d'années avait été attribué à l'un des premiers représentants du genre homo, notre genre. Mais à cette époque, vivaient encore des australopithèques. Et aujourd'hui, une étude menée par Clément Zanolli, avec qui Laurent a souvent travaillé, remet en cause l'appartenance de la mandibule au genre homo.

Clément collabore avec l'équipe allemande présente sur ce site. Hello ! Salut Clément ! Tu vois Clément, c'est aussi un plongeur, mais il plonge dans la matière. Oui.

Après, ça fait pas très profond. Donc Clément, toi, t'es le dentiste de la mission en fait. Oui, oui, c'est ça.

L'idée, c'est d'aller voir l'intérieur de la dent sous l'émail. Donc en utilisant des approches un peu nouvelles. Alors on peut faire avec des rayons X, mais sur les fossiles anciens comme ça, c'est très dense, très minéralisé, on a du mal à traverser les rayons X, on voit pas l'intérieur. Donc on utilise une nouvelle approche qu'on appelle la micro-tomographie neutronique. Un terme un peu barbare, mais en fait, c'est très simple.

C'est comme le scanner d'un hôpital. Le même principe, c'est-à-dire qu'on a une source de radiation et ensuite, on fait tourner l'objet. Sauf que là, au lieu d'avoir une source de rayon X, on a un réacteur nucléaire à la place. Donc voilà, il faut un outil un peu plus grand, mais c'est le même principe. C'est beaucoup d'énergie pour remonter dans le temps, quand même.

C'est ça. Et là, justement, sur ce spécimen, ce qui est intéressant, c'est que c'était un des premiers attribués au genre humain, qui est aux alentours d'un peu plus de 2 millions d'années. Et en fait, l'intérieur des dents et aussi la morphologie de la mandibule nous montrent qu'à priori, on est plus sur de l'australopithèque, donc un proche parent des humains. Donc ça veut dire que sur ce fossile-là, qui était considéré comme homo, on passe à de l'australopithèque. En fait, on est exactement dans la période de l'apparition du genre homo.

Oui, oui, tout à fait. Dans cette période de transition, on a du mal à les distinguer. Mais justement, avec ces approches... qui permet de voir l'intérieur de la dent. Là, on y arrive vraiment bien.

Le problème, c'est que ces fossiles d'Afrique de l'Est ou d'Afrique du Sud, ils sont éloignés de plusieurs milliers de kilomètres et on n'a pas justement ce trait d'union. Et là, le Malawi, c'est ce qui fait un peu le lien entre les deux. C'est un très bon jalon, en tout cas. Grâce à la nouvelle étude de Clément, un fossile qu'on croyait appartenir à notre genre vient donc d'être attribué au genre Australopithèque, qui vivait à la même époque que les premiers homos. Une découverte inédite au Malawi, pays situé au sud du Rift, en direction des grottes que Laurent et son équipe fouillent en Afrique australe.

Cette révélation conforte aujourd'hui l'hypothèse d'une circulation des australopithèques sur plus de 4000 km tout le long du Rift, voire au-delà, en direction du Mozambique, du Botswana ou de la Namibie. Pour Laurent et son équipe, il est aujourd'hui plus probable que jamais que l'origine de l'humanité se dessine à l'échelle de tout un continent et non d'une zone restreinte. Les missions Human Origins, qui visent à mieux comprendre les origines de l'humanité, vont se poursuivre sans relâche pendant des années, avec l'aide de nombreux experts.

Les efforts conjugués des chercheurs occidentaux et africains permettront un jour de dresser une nouvelle carte géographique des origines de l'homme. Plus précise, plus vaste et plus rigoureuse, et qui réserve encore de nombreuses surprises. L'un des plus grands défis scientifiques depuis l'avènement de la théorie de l'évolution de Darwin. L'épreuve commence à s'accumuler.

La suite de l'histoire est encore à écrire. Musique